Analyse de la mortalité en France

Deux types d’approche ont été utilisées pour analyser la mortalité française : une approche démographique et une approche épidémiologique. Dans le premier cas, le critère d’analyse est l’âge au décès, dans le second cas, c’est la cause de décès. Notre réflexion prenant place dans un cadre temporel, nous avons cherché à rendre compte d’évolutions, constatées et projetées.

2.2.1.1. Approche démographique

Trois éléments sont étudiés ici : l’évolution de l’espérance de vie et des taux de mortalité en France, le vieillissement de la population et des projections démographiques à 2.050.

• Evolution de l’espérance de vie et du taux de mortalité - Une espérance de vie qui augmente

Le tableau suivant, issu du bilan démographique publié en janvier 2007 par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), présente l’espérance de vie de la population française à divers âges [Richet-Mastain, 2007]. Elle est de 77,1 ans pour les hommes (+3,5 ans en douze ans) et de 84,0 ans pour les femmes (+2,2 ans en douze ans).

Tableau – Espérance de vie à divers âges (en années), de 1994 à 2006

Hommes Femmes

Année

0 an 1 an 20 ans 40 ans 60 ans 0 an 1 an 20 ans 40 ans 60 ans

1994 73,6 73,1 54,6 36,3 19,7 81,8 81,3 62,6 43,3 25,0 1996 74,1 73,5 54,9 36,4 19,7 82,0 81,4 62,6 43,3 25,0 1998 74,7 74,1 55,5 36,8 20,0 82,4 81,7 63,0 43,6 25,3 2000 75,3 74,6 56,0 37,2 20,4 82,8 82,1 63,3 43,9 25,6 2001 75,4 74,8 56,2 37,4 20,6 82,9 82,2 63,5 44,0 25,7 2002 75,7 75,1 56,4 37,6 20,8 83,0 82,3 63,5 44,1 25,8 2003 75,8 75,2 56,5 37,6 20,8 82,9 82,2 63,4 43,9 25,6 2004 76,7 76,0 57,4 38,4 21,5 83,8 83,1 64,3 44,8 26,5 2005 76,7 76,0 57,4 38,4 21,5 83,7 83,0 64,2 44,7 26,3 2006 (p) 77,1 76,4 57,7 38,7 21,7 84,0 83,3 64,5 45,0 26,6

(p) Résultats provisoires. Champ : France métropolitaine et départements d'outre-mer. Lecture : en 2006, l'espérance de vie des hommes de 60 ans est de 21,7 ans. Ce chiffre représente le nombre moyen d'années restant à vivre aux hommes de 60 ans avec les conditions de mortalité à chaque âge observées en 2006.

Sources : statistiques de l'état civil et « enquête Villes », Insee.

- Une mortalité qui diminue

En 2006, 530.000 personnes sont décédées en France, soit 1,3% de moins qu’en 2005 (cf.

Tableau). L’INSEE souligne que la mortalité française est, pour la troisième fois, inférieure à celle attendue eu égard aux évolutions passées et au vieillissement de la population [Richet- Mastain, 2007].

Tableau – Evolution générale de la situation démographique de 1985 à 2007 (en milliers)

Année Population au 1 er janvier Mariages Naissances vivantes Décès Solde naturel Solde migratoire évalué Ajustement 1985 56 461,2 275,8 796,5 560,5 + 236,0 + 42 0 1990 58 029,4 294,9 793,9 534,5 + 259,4 + 77 – 52 1995 59 315,1 262,0 759,7 540,4 + 219,3 + 42 – 54 1999 60 158,5 293,7 776,5 547,4 + 229,2 + 61 + 89 2000 60 538,0 305,4 808,2 540,7 + 267,5 + 71 + 87 2001 60 963,8 295,9 804,1 541,2 + 262,9 + 87 + 86 2002 61 399,3 286,3 793,6 545,4 + 248,3 + 97 + 87 2003 61 831,8 282,9 793,9 562,6 + 231,3 + 102 + 87 2004 62 251,8 278,6 800,2 519,6 + 280,6 + 105 0 2005 62 637,6 283,2 807,8 538,2 + 269,6 + 92 0 2006 (p) 62 998,8 274,4 830,9 531,1 + 299,8 + 94 0 2007 (p) 63 392,1 … … … …

(p) Résultats provisoires. Champ : France métropolitaine et départements d'Outre-Mer.

• Une population vieillissante

La population française a augmenté de 50% en cinquante ans [Nizard, 2002]. Au 1er janvier 2007, on comptabilise 63,4 millions d’habitants (cf. Tableau ci-dessus) [Richet-Mastain, 2007]. Deux types d’études, présentées ci-dessous, permettent de mettre en évidence le vieillissement de cette population : une étude de la répartition de la population par âge et par sexe («pyramide des âges») et une étude de la répartition de la population par tranche d’âge.

- Etude de la répartition de la population par âge et par sexe («pyramide des âges»)

Le graphique suivant permet de visualiser la répartition française par sexe et âge, au 1er janvier 2007 [Richet-Mastain, 2007]. La forme de cette pyramide, resserrée à la base, reflète d’une part, la faiblesse relative des taux de natalité et d’autre part, le nombre peu élevé de jeunes adultes. Ces deux éléments réunis participent au «vieillissement durable de la population» [Courson, 2000].

Graphique – Répartition de la population totale par sexe et âge au 1er janvier 2007 (en milliers d’habitants)

- Etude de la répartition de la population par tranche d’âge

Nous présentons ici la façon dont se répartit la population française par groupe d’âge (période : 1994-2007) [Richet-Mastain, 2007] (cf. tableau). En douze ans, la proportion de personnes de 65 ans ou plus est passée de 14,6% à 16,2%. Parallèlement, la proportion de personnes de moins de 20 ans a diminué, passant de 26,7% à 25,0%.

Tableau – Répartition de la population totale par groupe d’âge (en milliers d’habitants et en %)

Population au 1er janvier (en milliers) Répartition (en %) Année _{Moins de 20} ans De 20 à 64 ans 65 ans ou plus Moins de 20 ans De 20 à 64 ans 65 ans ou plus 1994 15 756,6 34 707,9 8 639,7 26,7 58,7 14,6 1996 15 638,9 34 900,4 8 983,0 26,3 58,6 15,1 1998 15 612,7 35 024,9 9 297,3 26,0 58,5 15,5 2000 15 643,5 35 331,2 9 563,2 25,8 58,4 15,8 2002 15 679,7 35 905,0 9 814,6 25,5 58,5 16,0 2003 15 694,5 36 207,9 9 929,4 25,4 58,5 16,1 2004 15 753,1 36 472,7 10 025,9 25,3 58,6 16,1 2005 15 781,0 36 705,8 10 150,8 25,2 58,6 16,2 2006 (p) 15 805,7 36 971,1 10 222,0 25,1 58,7 16,2 2007 (p) 15 836,1 37 278,7 10 277,4 25,0 58,8 16,2 (p) Résultats provisoires.

Champ : France métropolitaine et départements d'outre-mer.

Sources : statistiques de l'état civil et « enquête Villes », Insee.

Afin d’avoir une vision plus précise de la population de plus de 65 ans, nous avons traité une base de données complémentaire, disponible sur le site INTERNET de l’INSEE104. Sur les 9,8 millions de personnes que représente cette population en 1999, 46% ont 75 ans ou plus et 14%, 85 ans ou plus (cf. graphique).

Graphique – Répartition de la population de plus de 65 ans (en %)

Tranche d'âge Effectif %

65-74 ans 5 246 991 54%

75-84 ans 3 081 367 32%

85-94 ans 1 312 207 13%

>=95 ans 111 337 1%

Ensemble 9 751 902 100,0%

Sources : INSEE (recensement de 1999)

104

http://www.recensement.insee.fr/RP99/rp99/page_accueil.paccueil, base de données issue du recensement de la population de 1999 (la base relative au recensement de 2004 n’est pas accessible à ce jour (Décembre 2006))

Si la population française a augmenté significativement au cours des cinquante dernières années, Nizard montre que l’accroissement des effectifs est d’autant plus important que l’âge est élevé [Nizard, 2002]. Le graphique suivant, extrait de l’article qu’il a publié, met en évidence ce phénomène.

Graphique – Population tous âges et par tranche d’âge supérieur en France métropolitaine de 1950 à 1997 sur la base d’un effectif égal à 100 en 1950

Sources : INSEE

• Projections de population (horizon 2050)

Selon l’Organisation des Nations-Unies, l’espérance de vie à la naissance devrait continuer à augmenter, jusqu’à atteindre un plafond de 85 ans [Caselli, 2001]. Que ce plafond soit réaliste ou qu’il sous-estime les progrès encore possible en matière de longévité105, les prévisions sont inquiétantes. Nous présentons ici les projections démographiques effectuées par l’INSEE [Brutel, 2001] [Brutel, 2002] [Brutel, 2003] et reprises par l’INED dans deux rapports soumis au Parlement [INED, 2001] [INED, 2003]. Avant de présenter ces résultats, nous fournissons dans l’encadré ci-dessous, adapté de l’article de Brutel de 2003, des éléments méthodologiques [Brutel, 2003].

105

Casseli note qu’il existe une «marge assez grande» entre ce plafond et les âges maximaux observés (120 ans), et que la longévité humaine n’est peut-être pas limitée à 120 années [Caselli, 2001].

Ages Evolution (1950-1997) Tous âges + 50% 65-74 ans + 60% 75-84 ans x 2,0 >= 85 ans x 5,5 85-89 ans x 4,6 90-94 ans x 8,0 >= 95 ans x 15

Hypothèses Fécondité Mortalité Migrations Basse A partir de 2015 : Accélération de la baisse de -

1,5 enfant par femme mortalité des personnes âgées

De 1998 à 2015 : de 75 ans et plus

1,8 à 1,5 enfant par femme (interpolation linéaire)

Centrale Fécondité constante Mortalité tendancielle Solde migratoire constant

1,8 enfant par femme Hypothèse selon laquelle (50.000 personnes en plus

la baisse de la mortalité par an) observée depuis 30 ans

va se poursuivre au même rythme

Haute A partir de 2015 : Décélération de la baisse de A partir de 2005 :

2,1 enfants par femme mortalité, par rapport à ce solde migratoire : 100.000

De 1998 à 2015 : qui est observé depuis 30 ans De 1998 à 2005 :

1,8 à 2,1 enfants par femme solde : 50.000 à 100.000

(interpolation linéaire) (croissance régulière)

Encadré – Projections de population de l’INSEE, éléments méthodologiques

Bases des projections

Recensement de 1999 et bulletins de l’état civil centralisés dans les mairies (naissances et décès en 1998)

Période sur laquelle sont réalisées les projections

Point de départ : 1er janvier 2000 / Horizon : 1er janvier 2050

Principe des projections de population: la méthode des composantes

Estimer les effectifs par sexe et âge, pour chaque année de la période de projection retenue, en fonction de ceux de l’année précédente et des trois composantes de l’évolution de la population (naissances, décès, solde migratoire)

Hypothèses de projection

Les scénarios

- Scénario : combinaison d’hypothèses sur les trois composantes étudiées - Nombre de scénarios possibles : 18 (3 x 3 x 2), dont :

. 1 scénario central (seules les hypothèses centrales sont retenues)

. 5 scénarios principaux (variation d’une seule composante d’évolution, par rapport au scénario central : fécondité basse, fécondité haute, mortalité basse, mortalité haute, solde migratoire à 100.000) - 2 scénarios peu probables (scénarios de travail), mais permettant de mesurer la sensibilité des résultats : . Hypothèse de mortalité constante

Le tableau suivant présente les résultats des projections, obtenus à partir des 5 «scénarios principaux» envisagé par l’INSEE. Il montre que la population française comptera en 2050 entre 58 et 70 millions habitants (64 millions dans le scénario central), et que le processus de vieillissement, déjà engagé, se poursuivra [Brutel, 2001]. Selon le scénario privilégié, la part des plus de 60 ans sera alors comprise dans une fourchette allant de 32% de la population totale à 39% (35% dans le scénario central).

Tableau - Evolution de la population totale et de ses composantes selon les différents scénarios

Sources : Projections démographiques, Insee

Comme le souligne Brutel, le vieillissement de la population française et sa décroissance à partir de 2040 ont été confirmés par les projections réalisées par Eurostat, l’office statistique européen106[Brutel, 2002]. Les résultats publiés par cet organisme montrent, en outre, que ces évolutions ne sont pas spécifiques à la France : les principaux pays européens y sont aussi confrontés (cf. graphique) [Algava, 2001].

106

Eurostat effectue ses propres projections démographiques, à partir des données fournies par les Etats- Membres. Comme l’INSEE, il utilise la méthode des composantes. Les hypothèses d’évolution de population qu’il formule sont relativement proches de celles de l’INSEE, notamment pour la fécondité et les soldes migratoires (pour la mortalité, les hypothèses d’Eurostat sont moins optimistes).

Taux de croissance annuels Scénario Fécondité Fécondité Mortalité Mortalité Solde migratoire

(pour 1 000 habitants) central haute basse basse haute à 100 000

Année 2010 Population totale (1) 3,2 4,4 1,8 3,5 3,1 4,0 dû au solde migratoire 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 1,6 dû au solde naturel 2,4 3,6 1,0 2,6 2,3 2,4 Année 2020 Population totale (1) 2,2 3,9 0,4 2,5 1,9 2,9 dû au solde migratoire 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 1,6 dû au solde naturel 1,4 3,1 -0,4 1,7 1,1 1,4 Année 2030 Population totale (1) 1,5 3,3 -0,6 1,9 0,9 2,3 dû au solde migratoire 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 1,6 dû au solde naturel 0,7 2,6 -1,4 1,1 0,2 0,8 Année 2040 Population totale (1) -0,1 2,5 -2,9 0,7 -1,0 0,7 dû au solde migratoire 0,8 0,7 0,8 0,8 0,8 1,5 dû au solde naturel -0,9 1,8 -3,7 0,0 -1,7 -0,8

Population au 1er janvier 2050 (en milliers)

(1): en raison des arrondis, la somme du taux annuel de croissance dû au solde naturel et dû au solde migratoire n'est pas toujours égal au taux annuel de croissance de la population totale.

65 520 62 624 66 527

Graphique – Proportion des 65 ans et plus dans la population totale (projections d’Eurostat)

Sources: EUROSTAT, calculs DREES-OFCE [Algava, 2001]

Cette partie, axée sur une analyse démographique, nous a permis de montrer que la population française vieillit. Conséquence de ce vieillissement, les besoins en matière de prise en charge de la fin de vie augmentent. Sur les 540.000 décès comptabilisés en France chaque année, la moitié concerne aujourd’hui des personnes de plus de 80 ans [Nizard, 2002] [ORS, 1998].

2.2.1.2. Approche épidémiologique

L’approche épidémiologique consiste à analyser les causes de décès en France. Trois bases de données ont été utilisées : la base du Service d’Information sur les causes de décès de l’INSERM (SC8), la base Nizard-Monnier (INED) et la base Vallin-Meslé (INED) [INED, 2006]. Deux principaux résultats ont retenu notre attention : une modification des causes de décès au cours des cinquante dernières années et un taux de mortalité prématurée107 élevé.

• Une modification des causes de décès au cours des 50 dernières années

107

Au cours des 50 dernières années, les conditions de la mort se sont sensiblement modifiées, au point que certains auteurs parlent de «transition épidémiologique» (ou de «transition sanitaire») [INED, 2006] [Meslé-Vallin, 2000]108. Le cancer est devenu la première cause de décès en France.

- Evolution des causes de décès sur la seconde moitié du XXème siècle

Le tableau ci-dessous présente, par grand groupe de causes de décès, les taux comparatifs de mortalité en 1950 et en 1994 [Nizard, 1997].

Tableau – Taux comparatifs de mortalité en 1950 et en 1994 par grands groupes de causes de décès

Sources : Statistiques des causes de décès publiées par l’INSEE (1950-67) et par l’INSERM (1968-94) [Nizard, 1997]

Le graphique suivant permet de visualiser ces évolutions [Nizard, 1997].

108

Transition épidémiologique (ou transition sanitaire) : «Période de baisse de la mortalité. Elle s’accompagne d’une amélioration de l’hygiène, de l’alimentation et de l’organisation des services de santé, et d’une transformation des causes de décès, les maladies infectieuses disparaissant progressivement au profit des maladies chronique et dégénératives et des accidents» [INED, 2006]

Taux comparatifs pour 1000 personnes Variation par période Nombre de décès

En 1950 En 1994 Variation totale 1950-70 1970-1990 1990-94 en 1994

Maladies infectieuses (a) 3,25 0,57 - 2,69 - 2,20 - 0,47 - 0,02 44 350

dont SIDA - 0,09 + 0,09 - + 0,05 + 0,04 5 158

Cancers et autres tumeurs 2,21 2,29 + 0,08 + 0,14 + 0,03 - 0,09 151 723

Maladies cardio-vasculaires (MCV) 5,80 2,15 - 3,65 - 1,41 - 1,97 - 0,27 179 924

dont cardiopathies 3,37 1,32 - 2,05 - 0,97 - 0,95 - 0,14 108 868

MCV cérébrales 1,89 0,54 -1,35 - 0,32 - 0,92 - 0,11 47 374

autres MCV cérébrales 0,54 0,29 - 0,25 - 0,12 - 0,11 - 0,02 23 682

Maladies de l'appareil digestif et 0,64 0,40 - 0,23 + 0,18 - 0,36 - 0,06 28 021

alcoolisme (troubles mentaux)

Anomalies congénitales et 0,40 0,06 - 0,33 - 0,16 - 0,16 - 0,01 3 014

affections périnatales

Autres maladies (b) 0,82 0,78 - 0,03 + 0,03 - 0,01 - 0,06 64 295

Traumatismes 0,79 0,73 - 0,06 + 0,24 - 0,22 - 0,08 48 638

dont accidents de véhicules à moteurs 0,09 0,15 + 0,06 + 0,17 - 0,08 + 0,04 9 069

autres accidents 0,05 0,32 - 0,18 + 0,06 - 0,19 - 0,06 24 193

suicides 0,19 0,24 + 0,06 + 0,01 + 0,04 + 0,01 14 478

Toutes causes 13,91 6,99 - 6,93 - 3,17 - 3,16 - 0,60 519 965

(a) Maladies infectieuses de l'appareil respiratoire et du système nerveux, maladies des organes génito-urinaires, complication de la grossesse (b) Maladies endocriniennes, nutrition, métabolisme, sang, peau, os, muscles, tissus conjonctif, autres troubles mentaux,

autres maladies du système nerveux, maladies pulmonaires chroniques, mort subite du nourisson

S S i i d d dé è blié l'INSEE (1950 67) l'INSERM (1968 94)

Graphique – Taux comparatifs de mortalité toutes causes et par grands groupes de causes de décès, 1950-1994 (moyenne des deux sexes pour 1.000 personnes)

Sources : [Nizard, 1997]

La seconde moitié du XXème se caractérise par un recul des maladies infectieuses et pédiatriques, et par une augmentation des maladies chroniques [Nizard, 2002]. En particulier, le nombre de décès par cancer a plus que doublé sur cette période, passant de 77.000 à 148.000 cas, ce qui représente respectivement 14 et 28% de l’ensemble des décès survenus sur ces années [Nizard, 2002].

- Le cancer : première cause de décès

Le tableau suivant, extrait de documents de l’INED [Prioux, 2002] [Prioux, 2003] et de rapports parlementaires [INED, 2002] [INED, 2003], présente par sexe et par grand groupe de cause de décès, les taux comparatifs de mortalité (pour 100.000) observés en France en 1999. Il montre que près d’un tiers des décès est lié à l’existence d’une maladie tumorale (33% des décès chez les hommes, 29% des décès chez les femmes), ce qui place les cancers au premier rang des causes de décès. Les plus meurtriers sont pour les hommes, ceux du poumon (24%

des décès par cancer), de la prostate (10%) et de l’intestin (10%) et pour les femmes, ceux du sein (21% des décès par cancer), de l’intestin (11%) et du poumon (8%). Au total, 150.000 décès par cancer ont été enregistrés en France en 2000 [Ministère Réf. 4, 2003].

Tableau – Taux comparatif de mortalité (pour 100.000) par sexe et groupe de causes de décès en 1999

Source : F. Meslé, d'après données INSERM,

in F.Prioux, "L'évolution démographique récente", [PRIOUX, 2003]

% Maladies Maladies infectieuses Autres Morts Causes de décès Toutes

Année 1999 Tumeurs des cardio- Maladies de l'appareil maladies violentes non déclarées ou causes

décès vasculaires respiratoires mal définies

Hommes 282 33% 231 80 134 86 47 861

Femmes 131 29% 130 38 88 37 29 452

Ensemble 413 31% 361 118 222 123 76 1 313

Grands groupes de causes de décès (p. 100.000)

Causes de décès (1) Hommes Femmes

Tumeurs 282 131 Cancer du poumon 68 11 Cancer de l’estomac 10 4 Cancer de l’intestin 27 15 Cancer de la prostate 28 - Cancer du sein - 28 Cancer de l'utérus - 7 Autres tumeurs 149 65 Maladies cardiovasculaires 231 130

Maladies ischémiques du coeur 76 30

Autres maladies du coeur 82 54

Maladies cérébro-vasculaires 50 35

Autres mal. app. circulatoire 23 10

Maladies infectieuses et parasitaires, maladies de l'appareil respiratoire 80 37

Tuberculose toutes formes 1 1

Sida 3 1

Grippe 2 1

Autres maladies infectieuses et parasitaires 9 5

Autres mal. app. respiratoire 66 29

Autres maladies 134 88

Diabète 13 9

Alcoolisme et cirrhose du foie 28 9

Autres troubles mentaux et maladies du système nerveux 34 29

Autres maladies app. digestif 23 15

Autres maladies 35 26

Morts violentes 86 37

Accidents circulation routière 20 7

Suicides 25 9

Autres morts violentes 41 22

Causes de décès non déclarées ou mal définies 47 29

Causes de décès non déclarées ou mal définies 47 29

Toutes causes 861 452

(1)

Si la mortalité par cancer diminue depuis la fin des années 70109 du fait des progrès techniques et d’une exposition moindre à certains facteurs de risque, les taux de survie demeurent, en revanche, relativement bas : à cinq ans, ces taux sont, en effet, de 40% pour les hommes, 60% pour les femmes et 75% pour les enfants [Ministère Réf. 4, 2003].

L’étude de la prévalence et de l’incidence du cancer (maladie sur laquelle le mouvement des soins palliatifs s’est construit110) permet d’approximer, en première approche, le potentiel de développement des équipes de soins palliatifs. Selon des chiffres issus du Ministère de la Santé, 800.000 français vivent aujourd’hui avec un cancer et 2 millions de français ont déjà été touchés par cette maladie [Ministère Réf. 4, 2003]. De 1978 à 2000, l’incidence des cancers a augmenté de 35%, toutes localisations confondues et à population comparable. En 2000, 280.000 nouveaux cas de cancer ont été dépistés, contre 160.000 en 1980 [Ministère Réf. 4, 2003]. Parmi ces nouveaux cas, la moitié est localisée dans l’un des sites suivants : le sein, la prostate, la zone colon-rectum et le poumon (cf. Tableau)[Ministère Réf. 4, 2003].

Tableau – Nouveaux cas de cancer en France, 2000

Sources : FRANCIM, InVS, CIRC, rapport de la Commission d’orientation cancer In : [Ministère Réf. 4, 2003]

109

A population comparable, la mortalité par cancer a baissé de 9% de 1978 à 2000 [Ministère Réf. 4, 2003].

110

cf. &1.2.1.4.

Localisation du cancer Hommes Femmes Total

Sein - 41 845 41 845 Prostate 40 209 - 40 209 Colon-rectum 19 431 16 826 36 257 Poumon 23 152 4 591 27 743 Lèvre-bouche-pharynx 12 990 2 395 15 385 Vessie 8 986 1 785 10 771 Lymphome non-Hodgkinien 5 527 4 381 9 908 Rein 5 306 2 987 8 293 Mélanome de la peau 3 066 4 165 7 231 Estomac 4 520 2 606 7 126 Leucémies 3 609 2 634 6 243 Foie 5 014 962 5 976

Système nerveux central 2 697 2 602 5 299

Corps de l’utérus - 5 064 5 064 Oesophage 4 040 928 4 968 Pancréas 2 701 2 186 4 887 Ovaire - 4 488 4 488 Larynx 3 865 361 4 226 Thyroïde 821 2 890 3 711 Myélome 1 942 1 645 3 587 Col de l’utérus - 3 387 3 387 Maladie de Hodgkin 736 631 1 367 Mésotheliome 671 200 871 Autres localisations 11 742 7 669 19 411 TOTAL 161 025 117 228 278 253

• Un taux de mortalité prématurée élevé et essentiellement dû au cancer

Les personnes âgées sont les plus exposées au risque de décès, du fait même de leur âge. Mais, bien des vies s’achèvent avant cette période de vieillissement : le SC8 (INSERM) souligne qu’un quart des décès survient avant 65 ans111 [Michel, 1996] et que la France est l’un des pays les moins bien placés d’Europe, malgré de réels progrès (cf. Tableau) [Péquignot, 2000].

Tableau – Taux de mortalité standardisé par âge et sexe chez les 0-65 ans

Sources : Eurostat (annuaires statistiques)

Nous avons cherché à mieux connaître cette sous-population, en menant à l’intérieur une analyse par tranches d’âge et par cause de décès.

- Une surmortalité entre 45 et 64 ans

Le graphique suivant met en évidence que la majorité des décès prématurés survient entre 45 et 64 ans.

111

Proportion de décès avant 65 ans : 31% pour les hommes, 14% pour les femmes

Hommes Femmes Ratio Hommes/Femmes

Finlande 365,8 148,4 2,5 Danemark 360,1 223,7 1,6 France 358,4 146,1 2,5 Allemagne 356,7 169,3 2,1 Autriche 349,4 165,2 2,1 Belgique 333,0 168,2 2,0 Espagne 327,4 133,5 2,5 Italie 293,3 139,8 2,1 Royaume-Uni 281,9 170,8 1,7 Suisse 276,1 141,4 2,0 Pays-Bas 274,5 163,3 1,7 Norvège 274,0 154,3 1,8 Suède 244,4 143,5 1,7 Europe 324,7 156,4 2,1

927 237 107 72 376 91 39 52 0 200 400 600 800 1000 1200 45-64 ans 25-44 ans 15-24 ans 0-14 ans Taux pour 100.000 Femmes Hommes

Graphique – Taux de décès prématurés en 1993

Sources : [Michel, 1996]

- Le cancer : première cause de mortalité prématurée

Le tableau ci-dessous montre le cancer est la première cause de mortalité prématurée, chez les hommes (36,0% des décès) comme chez les femmes (43,3% des décès) [Péquignot, 2000].

Tableau- Principales causes de décès avant et après 65 ans

* Taux comparatifs pour 100.000 standardisés par âge (réf : population française - 1990 - deux sexes) VADS : Voies Aéro-Digestives Supérieures

Sources : Inserm SC8. In : [Péquignot, 2000]

Ensemble Ensemble nb tx* nb tx* tx* nb tx* nb tx* tx* Tumeurs 27 592 113,2 61 111 1 732,6 352,1 14 304 56,4 43 830 752,1 159,1 Cancer VADS 5 012 20,1 4 886 128,3 36,0 516 2,0 1 034 18,0 4,4 Cancer du poumon 7 848 32,0 12 787 342,1 77,8 1 220 4,7 2 562 45,5 10,8 Cancer de l'intetin 1 743 7,4 6 867 199,5 35,7 1 151 4,6 6 648 111,7 20,4 Cancer de l'estomac 843 3,5 2 578 75,7 14,2 291 1,1 1 887 31,9 5,7

Maladies de l'appareil circulaloire 12 329 50,6 65 884 2 050,3 345,7 3 926 15,6 87 588 1 358,2 213,8

Cardiopathies ischémiques 5 154 21,1 20 044 599,5 106,4 894 3,6 19 338 311,2 49,0 Maladies vasculaires cérébrales 2 305 9,5 15 341 484,9 79,6 1 197 4,7 23 630 371,7 58,9

Morts violentes 16 369 65,9 9 976 301,0 100,6 5 460 21,8 11 583 181,2 45,3

Accidents de la circulation 4 671 19,2 925 25,5 20,2 1 428 5,9 605 10,9 6,6

Accidents de la vie courante 3 572 14,3 5 097 160,8 35,9 1 057 4,2 8 367 125,8 22,1

Suicides 5 887 23,3 2 212 64,0 29,3 2 123 8,3 917 16,4 9,5

Maladies de l'appareil respiratoire 2 316 9,7 19 798 633,3 101,7 1 011 4,1 20 194 303,3 48,2

Cirrhoses & psychoses alcooliques 4 937 19,6 3 090 78,1 28,2 1 834 7,0 1 306 23,9 9,5

Sida 994 3,9 42 1,0 3,5 228 0,9 23 0,4 0,8

Ensemble Toutes Causes 76 629 312,1 196 180 5 946,7 1143,6 33 049 131,5 224 461 3 530,8 633,1

FEMMES

< 65 ans >= 65 ans < 65 ans >= 65 ans

Pourcentage de décès par grande cause :

< 65 ans >= 65 ans < 65 ans >= 65 ans

Tumeurs 36,0 31,2 43,3 19,5

Maladies de l'appareil circulatoire 16,1 33,6 11,9 39,0

Morts violentes 21,4 5,1 16,5 5,2

Maladies de l'appareil respiratoire 3,0 10,1 3,1 9,0

Cirrhoses & psychoses alcooliques 6,4 1,6 5,5 0,6

Sida 1,3 0,0 0,7 0,0

FEMMES HOMMES

C’est entre 45 et 64 ans que les décès par cancer sont les plus fréquents : cette maladie est alors responsable d’un décès sur deux (45% des décès masculins et 51% des décès féminins). [Péquignot, 2000].

Graphique – Part des principales pathologies dans la mortalité selon le sexe et le groupe d’âge en 1997

Sources : Inserm SC8. In : [Péquignot, 2000].

Cette partie, axée sur une analyse épidémiologique, nous a permis de montrer que le cancer est aujourd’hui la première de décès. Cette maladie, sur laquelle s’est bâtie le mouvement des soins palliatifs est importante en termes de prévalence (800.000 personnes malades) comme en termes d’incidence (280.000 cas dépistés en 2000). Malgré de réels progrès thérapeutiques, les taux de survie restent relativement bas. Nous avons vu, par ailleurs, que cette maladie est

particulièrement meurtrière112 chez les personnes de 45 à 64 ans, donc jeunes, ce qui pose probablement des problèmes spécifiques de prise en charge.

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