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Analyse globale et information de temps de vie

Analyse du sp ectre de lep tons

6.3 Analyse globale et information de temps de vie

Nous avons vu au chapitre 5.5 que le grand temps de vie des hadrons beaux pouvait ˆetre mis `a profit pour s´electionner un lot de leptons produits essentiellement

lors des d´esint´egrations Z → b¯b. Il suffit d’appliquer un ´etiquetage de temps de

vie sur un h´emisph`ere de l’´ev´enement, l’autre h´emisph`ere peut alors ˆetre utilis´e pour ´etudier les leptons. Nous noterons cet ´echantillon de leptons Sb. Les leptons le constituant sont issus de l’ensemble des processus produisant des leptons dans les d´ e-sint´egrations Z → b¯b et ceci dans leur proportion naturelle. La densit´e Pb❀(p,p

),

qui nous a permis de mesurer les largeurs partielles Rb et Rc, peut ˆetre analys´ee afin d’´etudier les d´esint´egrations semileptoniques des hadrons beaux. Nous rappelons que la puret´e en leptons issus de b composant cet ´echantillon est voisine de 98%. Les processus produisant des leptons dans les saveurs l´eg`eres (u, d et s) ont ainsi ´et´e ´elimin´es, seule une tr`es faible contribution r´esiduelle de c →  est encore pr´esente.

L’efficacit´e de s´election est de 25 % des ´ev´enements dans l’acceptance du VDET (i.e. | cos θthrust| ≤ 0, 7) soit 17 % dans l’acceptance totale. Par construction, cette

quantit´e Pb❀ ne d´epend ni de R

b, ni de l’efficacit´e de s´election des ´ev´enements b. Nous avons vu au chapitre 5.5 que nous pouvions d´eterminer les puret´es des lots d’h´emisph`eres et de leptons. Les ´echantillons sont extrˆemement purs et l’incertitude sur la valeur des puret´es est, contrairement `a la mesure de Rb, ici marginale devant celle des efficacit´es sp´ecifiques.

La densit´e Pb❀(p,p

) peut ˆetre r´ecrite sous la forme : Pb❀(p,p ) = B(b → )Pb→(p,p ) + B(b → c → )Pb→c→(p,p ) + B(b → X → )Pb→X→(p,p ) + B(b → fond)Pb→fond(p,p ) + ...

o`u Pprocess(p,p) est la densit´e sp´ecifique de d´etection d’un candidat lepton, d’impulsion p et d’impulsion transverse p, issu du processus “process”. X peut repr´esenter un ´etat (¯cs), τ ou J/Ψ ; f ond regroupe toujours les diff´erentes sources de leptons non prompts, issus des d´esint´egrations de hadrons l´egers ou de la mat´erialisation de photons, ainsi que les hadrons identifi´es par erreur comme leptons.

De mani`ere similaire `a ce que nous avons ´ecrit au chapitre 5.5 la mesure de

Pprocess n´ecessite la connaissance de deux efficacit´es :

Pprocess(p, p) ∝ eb

c(E, θ,Xb ) × e

i(p, p)

– ebc(E, θ,Xb ) est l’efficacit´e que le lepton passe certaines coupures cin´ematiques

en p et p afin d’ˆetre s´electionn´e. C’est ici que se trouvent les principales in-certitudes. Elle va d´ependre de deux processus physiques :

– d’une part du spectre d’´energie initiale du lepton E, et de son angle polaire θ dans le centre de masse du hadron beau,

– d’autre part de la fragmentation des quarks lourds d´ecrite au chapitre 1.5 et de la fraction moyenne d’´energie emport´ee par le hadron beau Xb .

– e

i(p, p) est l’efficacit´e de d´etection du lepton dans le d´etecteur. La connaissance de ces efficacit´es est tr`es diff´erente. Alors que e

i(p, p) peut ˆetre mesur´ee directement sur les donn´ees (voir chapitre 4), le recours `a des mod`eles th´eoriques est n´ecessaire pour d´eterminer eb

c(E, θ,Xb ). Le mod`ele de r´ef´erence,

utilis´e pour d´ecrire les d´esint´egrations semileptoniques des hadrons beaux, est le mod`ele ACCMM (voir chapitre 1.7), tandis que la fonction de Peterson rend compte

de la fragmentation des quarks lourds (voir chapitre 1.5). Cette derni`ere poss`ede un param`etre libre, <b, qui peut ˆetre ajust´e `a nos donn´ees.

P GeV/c DATA 92-95 FIT b→l b→c→l decay Mis. Single Leptons e + µ 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5

Fig. 6.2: Spectre d’impulsion transverse des leptons (´electrons et muons) pour l’en-semble des donn´ees prises de 1992 `a 1995. Le r´esultat de l’ajustement et les diff´erents processus sont superpos´es.

Nous sommes donc capables de d´eterminer l’efficacit´e sp´ecifique de d´etection de chaque processus. Seuls les rapports d’embranchement semileptonique des hadrons beaux demeurent inconnus et les principaux (B(b → ) et B(b → c → )) peuvent

ˆetre mesur´es en effectuant un lissage des spectres d’impulsion et d’impulsion trans-verse (voir figure 6.2). Ces analyses sont d´ecrites avec davantage de d´etails dans la th`ese de St´ephane Monteil [59].

Le processus b→  peuple la r´egion de grand (p,p) et celui b→ c →  l’espace

des plus faibles (p,p). L’´elimination du processus c →  simplifie grandement le

probl`eme. Si cet ´echantillonSb est suffisant pour mesurerB(b → ) et B(b → c → ),

on peut lui adjointre l’´echantillonDde dileptons se trouvant dans des h´emisph`eres

oppos´es, qui pr´esente ´egalement une grande puret´e en b, et qui permet d’am´eliorer la mesure des rapports d’embranchement semileptonique des hadrons beaux sans d´egrader l’erreur syst´ematique.

Cette analyse a ´et´e pr´esent´ee pour la premi`ere fois `a l’ext´erieur de la collaboration `

a la conf´erence “International Europhysics Conference on High Energy Physics” `a Bruxelle en 1995 [74]. Environ 1,3 million de d´esint´egrations hadroniques du Z, collect´ees en 1992 et 1993, avaient ´et´e analys´ees [78].

Les muons sont identifi´es `a partir d’une impulsion minimale de 3 GeV/c, et cette impulsion minimale peut ˆetre descendue `a 2 GeV/c pour les ´electrons sans d´egradation des performances d’identification. Ceci permet de r´eduire la d´ependence

aux mod`eles th´eoriques. Simples leptons sont analys´es dans le plan (p,p) et dilep-tons dans l’espace (P,P⊥m,Q). Pet P⊥m ont ´et´e d´efinis dans la section pr´ec´edente 6.1.2 ; Q repr´esente la charge du lepton. Les corr´elations de charges sont utilis´ees et permettent de mesurer simultan´ement le param`etre de m´elange χ des m´esons beaux neutres, avec B(b → ), B(b → c → ) et Xb (le param`etre de la fragmentation) ;

la m´ethode de la maximisation de la vraisemblance, calcul´ee avec des fluctuations statistiques poissoniennes est adopt´ee pour r´ealiser l’ajustement.

Les mesures suivantes ont ´et´e obtenues :

B(b → ) = (11,01 ± 0,10 ± 0,21 +0, 24−0, 17) % B(b → c → ) = (7,68 ± 0,18 ± 0,30 +0, 34−0, 43) % χ = (12,61 ± 0,79 ± 0,24 +0, 42−0, 41) % Xb = 0,707 ± 0,004 ± 0,001 +0, 008−0, 012

Dans l’ordre d’´ecriture la premi`ere erreur est statistique, la deuxi`eme est d’origine syst´ematique `a l’exclusion des incertitudes li´ees `a la mod´elisation des d´esint´ egra-tions semileptoniques qui sont report´ees dans la troisi`eme, et elle est domin´ee par la connaissance de l’efficacit´e des leptons.

Cette analyse apporte une am´elioration significative `a la connaissance de ces quantit´es par rapport aux analyses pr´ec´edentes et notamment en ce qui concerne les incertitudes syst´ematiques. Certes, l’incertitude est toujours domin´ee par la syst´ematique due aux mod`eles mais elle est significativement r´eduite, environ par un facteur deux par rapport aux analyses existantes pr´ec´edemment. Ceci est du pour partie au fait que nous travaillons sur un lot quasiment pur de b et que l’ajustement simultan´e du param`etre de fragmentation permet de diminuer la d´ependance aux mod`eles.

Avec l’ajout des donn´ees collect´ees durant l’ann´ee 1994, soit un total de 2,9 million de d´esint´egrations hadroniques du Z, cette analyse fut partiellement publi´ee dans la r´ef´erence [79] avec les mesures suivantes :

B(b → ) = (11,03 ± 0,07 ± 0,30) % B(b → c → ) = (7,83 ± 0,12 ± 0,49) % Xb = 0,708 ± 0,003 ± 0,010

La premi`ere erreur est d’origine statistique. Toutes les erreurs d’origine syst´ e-matique ont ´et´e regroup´ees dans la seconde et sym´etris´ees. Apr`es l’ajustement, le spectre des simples leptons est montr´e figure 6.2 et celui des dileptons cˆot´es oppos´es figure 6.3.

Dans ces analyses, seuls les ´echantillons Sb et D ont ´et´e utilis´es. Les lots de

simples leptons S et D

c.o. peuvent n´eanmoins leur ˆetre adjoints pour apporter des informations suppl´ementaires. Notons d’abord, que dans l’analyse globale pr´esent´ee section 6.2, l’information principale utilis´ee pour mesurer B(b → c → ) provenait

du lot D

c.o.. Si cet ´echantillon n’a pas encore ´et´e utilis´e, ceci est dˆu au fait q ue si nous voulons effectuer une mesure pr´ecise de B(b → c → ) certaines pr´ecautions

doivent ˆetre prises. En effet, dans l’´echantillonD

b⇒l b⇒l

b→cs→l b⇒l

b⇒l Mis.

c→l X→l

MIS

DATA

P

⊥ min

GeV/c P

GeV

2

/c

2

P

⊥ min

GeV/c P

GeV

2

/c

2

0

100

200

300

400

500

600

700

800

0 1 2 3 4 0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

0 10 20 30 40 50

0

200

400

600

800

1000

0 1 2 3 4 0

100

200

300

400

500

0 10 20 30 40 50

Fig. 6.3: Spectre de P⊥m et P pour les dileptons (ee, eµ et µµ) de mˆeme charge (haut) et de charges oppos´ees (bas) pour les donn´ees prises en 1992 et 1993. Le r´esultat de l’ajustement et les diff´erents processus sont superpos´es.

type particulier puisqu’elle est toujours accompagn´ee de la d´esint´egration semilep-tonique du hadron beau (voir figure 6.4). Ceci interdit donc au W accompagnant

W

W

+ f = q , νl f = q , l l+ νl b c s q q

Fig. 6.4: Diagramme correspondant `a une transition b → c → + dans l’´echantillon

D c.o..

la d´esint´egration faible du hadron beau de se d´esint´egrer en une paire de quarks (q, ¯

q). La g´en´eralit´e du processus est ainsi perdue. Sous l’hypoth`ese de factorisation, le rapport d’embranchement semileptoniqueB(b → c → ) est bien sˆur ind´ependant

de la d´esint´egration du boson W , hadronique ou leptonique. N´eanmoins, cette hy-poth`ese a bien ´evidemment ses limites. Des arguments de recombinaison de cou-leur [80] impliquent que le rapport d’embranchement semileptonique B(b → c → )

est a priori diff´erent selon que le hadron beau primaire se d´esint`egre semilepto-niquement ou non. Les quarks produits par la d´esint´egration du W peuvent ˆetre impliqu´es dans l’hadronisation du quark c provenant de la d´esint´egration du b, ce qui bien ´evidemment est interdit aux objets non color´es que sont les leptons. Par cons´equent, les proportions des diff´erents hadrons charm´es susceptibles d’ˆetre pro-duits ne sont pas les mˆemes et leur diff´erence de temps de vie impose des rapports d’embranchement semileptonique diff´erents. Dans le cadre d’une mesure de pr´ecision nous sommes donc amener `a d´efinir deux rapports d’embranchement semileptonique pour les transitions b→ c → . Celui mesur´e dans toute sa g´en´eralit´e, quelque soit

la d´esint´egration du W , est not´e B(b → c → ), et celui intervenant uniquement

lorsque le W se d´esint`egre leptoniquement, et not´e B(b → c → )D, mesur´e dans le lot D

c.o.. Un certain nombre d’arguments expos´es dans la r´ef´erence [59] montre qu’en principe le rapport d’embranchement B(b → c → )D devrait ˆetre sup´erieur `

a B(b → c → ), mais l’amplitude de cet effet est difficilement pr´edictible. Suivant

que le W se d´esint`egre leptoniquement ou hadroniquement, une variation jusqu’`a 30% n’est pas exclue. Ceci interdit donc de vouloir faire une mesure de pr´ecision de

B(b → c → ) en utilisant le lot D c.o..

L’analyse pr´ec´edente nous a bien permis de mesurerB(b → c → ) qui de plus est

vraiment la quantit´e importante et qui intervient dans la mesure du param`etre de m´elange χ. L’´echantillonD

c.o. peut lui servir `a d´eterminer B(b → c → )D. L’int´erˆet physique de cette observable n’est pas capital car il est difficile d’en extraire une information pertinante mais sa mesure constitue une v´erification de l’expertise que nous avons dans l’analyse des spectres de leptons.

Une mesure de cette quantit´e a ´et´e r´ealis´ee, simultan´ement avec les autres gran-deurs, avec les donn´ees collect´ees de 1992 `a 1994, conduisant `a [59] :

B(b → c → )D = (8,52± 0,20 ± 0,51 +0, 33−0, 38) % .

La valeur la plus int´eressante est bien sˆur la diff´erence entre ces deux quantit´es, qui peut ˆetre exprim´ee par leur rapport :

B(b → c → ) B(b → c → )D

= 0, 899± 0, 030 ± 0, 027+0, 011−0, 017 .

La premi`ere erreur est statistique. Les deux suivantes sont syst´ematiques, La deuxi`eme regroupe l’ensemble des syst´ematiques, except´ee la mod´elisation qui est exprim´ee par la derni`ere ; les causes principales sont la connaissance du fond et l’incertitude due `a l’identification des leptons. Les corr´elations entre les deux mesures sont bien ´evidemment prises en compte pour l’´evaluation des erreurs.

La pr´ecision obtenue sur ce rapport ne permet pas de conclure `a une diff´erence significative entre les deux rapports d’embranchement semileptonique. Ils diff`erent seulement de 2,3 d´eviations standard, mˆeme si l’ecart est dans le sens attendu. Ce r´esultat est malheureusement domin´e par les erreurs syst´ematiques et principalement limit´e par la connaissance du bruit de fond. Il sera donc difficile `a am´eliorer.

L’´echantillonS peut nous permettre de r´ealiser de nouvelles mesures. Les

´echan-tillons Sb et D nous ont permis de mesurer pr´ecis´ement B(b → ), B(b → c → )

et χ et l’analyse pr´esent´ee au chapitre 5.5 pr´ec´edent Rb et Rc `a l’aide du lot Sb. La connaissance de toutes ces quantit´es peut ˆetre r´einject´ee dans S qui peut encore

nous servir `a mesurer les asym´etries avant-arri`ere des quarks lourds, Ab

F B et Ac F B, comme cela avait ´et´e r´ealis´e dans la pr´ec´edente analyse globale 6.2, et ainsi une mesure de sin2θWef f. Avec les lotsS et Dune mesure du rapport d’embranchement

semileptonique des hadrons charm´es, B(c → ) peut ´egalement ˆetre obtenue puisque B(b → c → ) est contraint par le lot Sb. De telles analyses ont ´et´e effectu´ees et pr´esent´ees en collaboration.

La richesse de ces lots, Sb, D c.o. D

m.c., D

c.o. et S, est importante et permet de

mesurer un grand nombre de grandeurs physiques importantes pour la physique du

b et du c.