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Analyse des forces et limites de l’étude

En vue de démontrer la qualité d’une démarche qualitative, il importe d’analyser la rigueur scientifique dont elle fait preuve. Pour ce faire, les facteurs réduisant la transférabilité et la crédibilité des résultats ont été identifiés en vue de démontrer les limites de l’étude. On s’intéresse ainsi aux limites associées à la taille de l’échantillon, au questionnaire, au biais de désirabilité sociale et à la subjectivité associée à la recherche qualitative.

La taille de l’échantillon représente la plus grande limite de cette étude. Afin d’obtenir une diversité de participants suffisante pour l’étude, 12 jeunes ont participé à l’étude. Ce nombre de participants a été déterminé en raison de la nature exploratoire de l’étude. Ce nombre de participants est suffisant pour explorer les différentes perspectives des jeunes, mais ne l’est pas pour atteindre une saturation des résultats, même dans le cas d’une étude de type qualitative. Ainsi, une seconde étude menée selon les mêmes conditions serait susceptible d’arriver à des résultats différents en raison de la quantité limitée d’information que produit un échantillon de cette taille devant un phénomène de l’ampleur de l’arrivée des

possibles. La transférabilité est ainsi faible dans la mesure où les résultats ne sont pas généralisables à toutes les populations. Néanmoins, sans arriver aux mêmes résultats, il est fort probable d’arriver à des résultats similaires dans les études futures puisqu’on constate des similitudes avec d’autres études. C’est ainsi bel et bien une étude de type exploratoire permettant d’augmenter les connaissances dans ce domaine et non une étude systématique visant à comprendre l’entièreté du phénomène.

La taille de l’échantillon représente aussi une limite en ce qu’elle ne permet pas d’évaluer l’influence des différentes caractéristiques telles que l’âge, le sexe, le temps passé en ligne et plusieurs autres. L’analyse de ces caractéristiques aurait pu mener à des conclusions intéressantes et pertinentes pour le domaine du travail social. Toutefois, la portée de cette étude ne permet pas d’atteindre de tels résultats. Vu les résultats obtenus, la taille de l’échantillon ne limite toutefois pas l’exploration du sujet et donc l’atteinte du but de cette étude. Les douze entrevues ont en effet contribué au développement de connaissances pertinentes au domaine du travail social.

Une seconde limite peut être associée au questionnaire employé lors des entrevues réalisées auprès des jeunes de l’étude. Comme ce questionnaire a été élaboré spécifiquement pour cette étude, il s’agit ainsi d’une première expérimentation. L’absence d’essais préalables représente une limite dans la mesure où la clarté et la précision des questions n’ont pas été soumises à des jeunes avant l’étude. Certaines questions ont ainsi été moins bien comprises et répondues, différant ainsi des objectifs initiaux de celles-ci. Les résultats obtenus sont ainsi affectés par ces mécompréhensions puisque l’interprétation des participants mène à des résultats distincts et limitent les possibilités de comparaison de certaines perceptions. Cette limite peut toutefois être vue plus positivement puisque la nature exploratoire de l’étude permet d’évaluer toute perception décrite par les participants. Cette mécompréhension peut ainsi mener à une plus grande diversité de résultats puisque l’interprétation des questions peut mener à des perceptions distinctes chez les participants et ainsi à l’analyse d’une plus grande diversité de perceptions de l’usage des réseaux sociaux en ligne chez les jeunes.

Une autre limite associée à la démarche scientifique réalisée correspond au biais de désirabilité sociale. Ce biais correspond au besoin de bien paraître devant autrui. Lors d’une étude s’intéressant à des perceptions personnelles et intimes, il est inévitable que les

participants répondent à certaines questions en vue de susciter une réaction positive chez le chercheur. Lors des entrevues, la présence du chercheur influence la façon dont les participants partagent leurs perceptions. Par gêne, par peur d’être stigmatisé, pour répondre à un besoin de reconnaissance sociale, certains participants vont cacher, modifier, amplifier certains aspects abordés lors de l’étude. Quelques incohérences mineures dans les discours des participants ont ainsi été observées lors de la collecte de données, n’affectant toutefois pas les résultats de l’étude, mais témoignant de ce biais de désirabilité sociale. On constate une plus grande ouverture à la fin de l’entrevue de sorte que certaines questions abordées au début de l’entrevue ont été abordées plus rapidement et avec une plus grande réserve limitant ainsi les résultats des premières questions. Le questionnaire a toutefois permis de surmonter en partie cette limite en raison des chevauchements de certaines questions du début et de la fin.

Une dernière limite de l’étude correspond à la subjectivité associée à la recherche qualitative. En raison de la nature de l’étude, une grande place est accordée à l’interprétation du chercheur et des participants. La subjectivité du chercheur peut influencer l’orientation des questions de recherche et par conséquent, le reste de la démarche scientifique. Cette subjectivité peut aussi mener à une orientation des résultats en fonction des croyances du chercheur et biaiser les résultats qui en découlent, affectant ainsi la crédibilité et la transférabilité des résultats. Tous les résultats sont basés sur le sens qu’accordent les jeunes à leur usage des plateformes sociales en ligne et au sens que le chercheur accorde aux discours des jeunes.

Pour pallier cette limite, quelques mesures ont été mises en place. Pour s’assurer de limiter l’interprétation du chercheur des discours des jeunes, la reformulation a été employée lors des entrevues afin de s’assurer de la bonne compréhension de la perception des jeunes de l’étude. Une triangulation des résultats avec un second chercheur tout au long de la démarche scientifique a aussi été réalisée en vue limiter les biais associés à la subjectivité du chercheur. Une triangulation a aussi été réalisée avec des résultats d’autres recherches en vue de vérifier la validité des résultats. Cette subjectivité est toutefois inévitable et elle caractérise notamment une recherche de type qualitative. Puisque l’objectif n’est pas la généralisation

peu documenté, cette limite ne compromet pas la valeur scientifique de cette étude, d’autant plus que des mesures ont été mises en place afin d’y palier.