• Aucun résultat trouvé

2. Méthodologie

2.4 Analyse des données

2.4.1 Divisions territoriales et statistiques descriptives des données de la CÉ-

JILAP

Haïti est divisé en dix départements, soit le Nord, le Nord-Est, le Nord-Ouest, le Sud, le Sud-Est, Nippes, Grande-Anse, le Centre, l’Artibonite et l’Ouest. Le département de l’Ouest comprend la région métropolitaine de Port-au-Prince, ainsi que plusieurs communes. La majorité des haïtiens habitent dans la capitale et cette région est également la ville principale en matière d’économie, de politique et d’affaires sociales. Cette zone comprend, entre autres, le quartier Cité-Soleil est reconnu comme étant le plus grand bidonville du pays et de nombreux groupes criminels, tant affiliés au gouvernement présentement au pouvoir que des individus criminalisés qui agissent à leur compte (Marcelin, 2015). Les autres départements, quant à eux, sont plus éloignés de l’emprise des groupes criminels, mais sont tout de même confrontés à de nouvelles réalités, soit le trafic de drogues et des AAF. De plus, l’accès à la justice dans ces régions demeure, encore aujourd’hui, plutôt difficile.

La présente recherche se veut une description, ou un état des lieux, des homicides qui se sont produits en Haïti en 2012, l’une des années les plus meurtrières depuis le séisme (UNODC, 2014). Pour ce faire, des statistiques descriptives, concernant les circonstances, les victimes et les suspects et les motifs du crime seront présentées. Les données seront présentées de manière comparative afin d’illustrer les contrastes et les similarités entre les meurtres commis dans la zone métropolitaine de la capitale et les autres départements du pays. Ces informations seront comparées aux statistiques canadiennes et à celles d’autres pays pouvant être exposés à une situation similaire.

L’ensemble des statistiques colligées permettront d’effectuer un dénombrement des homicides commis en Haïti durant une année. Puis, à l’aide de réponses fournies par des informateurs de la CÉ-JILAP, la question du sous-dénombrement des données en Haïti pourra être approfondie.

2.4.2 Données de l’EMH

Le modèle théorique de l’EMH inclut trois facteurs explicatifs des taux d’homicides, soit les conditions sociales adverses, les éléments déclencheurs de la violence et le contrôle social formel. Pour chacune des variables, la valeur obtenue à l’aide des réponses des informateurs a d’abord été transformée en moyenne. Puis, plusieurs variables mesurant un même concept ont été incluses afin de créer un score factoriel.

La valeur 0 représentait la moyenne mondiale et le score factoriel des pays pour chacun des trois facteurs pouvait se situer en-dessous ou au-dessus de la moyenne.

Afin de mesurer les conditions sociales adverses, les variables suivantes ont été mises en commun : l’âge médian de la population, la richesse du pays (mesurée par le PIB par habitant), le niveau d’inégalités (mesuré à l’aide du coefficient Gini), ainsi que la pauvreté. Cette dernière dimension est mesurée à l’aide de deux indicateurs, soit « La proportion de la population vivant dans une situation de pauvreté extrême (ayant de la difficulté à se nourrir) » et « Dans quelle mesure la pauvreté est-elle un problème nuisant à une partie de la population ».

En ce qui a trait aux éléments déclencheurs de la violence, ce concept a été opérationnalisé à l’aide de sept indicateurs. Afin de mesurer l’accessibilité aux AAF, deux des questions de l’EMH ont été employées, soit : « Pour l’ensemble du pays, quelle serait la proportion des ménages qui possède une arme à feu » et « La proportion des hommes qui ont fréquemment une arme à feu sur eux ou dans leur véhicule ». Les valeurs obtenues pour les deux indicateurs ont ensuite été agrégées. La variable « trafic de drogues » a été opérationnalisée à l’aide des deux indicateurs suivants : « Jusqu’à quel point les deux types de trafic de drogues (c.-à-d. local et international) nuisaient à la qualité de vie d’une partie de la population ». De plus, les proportions d’hommes et de femmes ayant peur de marcher seuls dans la rue ont permis d’opérationnaliser la peur du crime. Finalement, un seul indicateur a été utilisé afin de mesurer la présence de guerre, soit : « Jusqu’à quel point le problème suivant, guerre civile passée ou actuelle, nuit-il à la qualité de vie d’une partie de la population ».

Le contrôle social formel est le dernier facteur explicatif du modèle dynamique sur l’homicide. Sa première dimension, la corruption, a été mesurée à l’aide des indicateurs suivants : « Quelle est la proportion de la population qui doit payer un pot-de-vin à la police ? » et « Dans quelle mesure la corruption dans le système de justice est-elle un problème? ». Afin d’opérationnaliser l’État de droit, sept indicateurs ont été employés, soit : « Les juges sont indépendants et à l’abri des pressions extérieures », « Les tribunaux civils assurent le respect des droits de propriété (biens, terres…) », « Les personnes accusées devant les tribunaux bénéficient d’un procès juste et équitable », « Les policiers servent davantage les intérêts du pouvoir en place que ceux des citoyens », « Les policiers sont intimidés par les organisations criminelles » et « La proportion de la population vivant dans des zones où les policiers sont pratiquement absents ». Les valeurs numériques de l’ensemble des indicateurs ont été mises ensemble pour former une mesure globale de l’État de droit. La troisième dimension est l’efficacité de l’ensemble du système de justice, telle que mesurée par les taux de déclarations de différents crimes ainsi que les taux de solution et de condamnation de cinq types d’homicides. La dernière dimension est l’opinion qu’a la population de leur système de justice. Les valeurs numérique de l’appréciation de chacune des instances pénales ont été agrégées afin d’opérationnaliser cette variable.

Dans le cadre de la présente recherche, onze pays d’Amérique du Nord, des Caraïbes, d’Amérique Latine ont été inclus à des fins d’analyse. Les moyennes obtenues à certains de ces items, ainsi que les scores factoriels de chacun des trois facteurs seront présentés.

CHAPITRE III RÉSULTATS