Analyse de la page d’accueil par décomposition structurale

La page d’accueil du compte des utilisateurs est constituée de plusieurs blocs que l’on peut différencier grâce à un jeu de couleurs et de formes, délimitées par des traits gris, verticaux ou horizontaux. En les énumérant de haut en bas et de gauche à droite, nous identifions :

§ Un bandeau bleu foncé horizontal :

Ce bandeau occupe tout le haut et la largeur de la page.

Il s’agit du « menu », lui-même constitué :

o _{D’un logo (un carré blanc sur lequel apparaît un F bleu foncé, excentré en bas à droite} du carré). Ce logo n’est accompagné d’aucun texte qui viendrait l’expliciter, l’ancrer. Nous sommes donc dans le discours implicite. Facebook s’appuie sur sa notoriété et suppose un certain niveau de connaissance de la part de ses utilisateurs – d’autant qu’avant d’accéder à leur compte, les utilisateurs auront rencontré la page d’accueil du site et constitué leur profil.

o _{D’un rectangle blanc comme moteur de recherche, sur lequel on peut lire d’un gris} pâle - presque transparent - « chercher des personnes, des lieux ou d’autres choses ». o _{à droite, d’une petite image (l’avatar ou « image du profil » de l’utilisateur),}

o _{du prénom de l’utilisateur en blanc sur fond bleu (taille proportionnelle à la largeur} du bandeau). Nb : Le prénom de l’utilisateur n’est pas accompagné du nom de famille.

102 Cette absence de dénomination formelle crée un environnement plus familier et moins administratif. Le ton est donné : le compte de l’utilisateur est son petit « chez lui », c’est un espace ludique et personnel.

o _{d’un bouton « accueil » en blanc sur fond bleu (taille proportionnelle à la largeur du} bandeau),

o _{de 3 pictogrammes en transparence plus foncée, qui représentent :} · Deux personnages jusqu’aux épaules,

· Deux bulles de Bd superposées et vides, · Un globe

La façon dont ces pictogrammes s’intègrent au menu donne un effet de matière. Ils sont comme incrustés dans la barre horizontale. Leur fonctionnalité est latente. Il faut cliquer ou attendre une notification pour que ces pictogrammes « ressurgissent » et « se remplissent » d’un blanc semblable aux autres textes du menu. Cette présentation « en creux » peut créer l’effet d’un manque qui suscite un certain désir de complétude de la part des utilisateurs : Facebook crée le manque en montrant ce qui pourrait être mais qui n’est pas.

o _{puis, légèrement plus loin à droite, un cadenas et un triangle (la pointe vers le bas), en} transparence foncée également, mais dans un format plus petit.

§ Une colonne à gauche en bleu pâle

Située sous le menu, cette colonne est subdivisée en huit sous-ensembles grâce à des « séparateurs » : - Le premier contient une image, le nom et prénom de l’utilisateur ainsi qu’un texte « modifier

le profil ».

La mention « profil » vient ancrer l’image et le sous-ensemble lui-même : il s’agit d’un lien vers le profil de l’utilisateur avec, comme image, l’avatar qu’il a choisi pour se représenter. Ce sont les identifiants qui seront perçus par l’ensemble des utilisateurs de Facebook.

- Dans le deuxième sous-ensemble figure une liste de pictogrammes accolée à une liste de textes (quelques mots seulement). Les pictogrammes ancrent les textes qui, au passage du pointeur de la souris, se surlignent d’un filtre plus foncé accompagné d’un écrou. Le pointeur change, simultanément, d’apparence (le pictogramme d’une main avec l’index élevé) ce qui indique, de façon implicite, la présence d’un lien hypertexte.

- De la même façon, les six autres sous-ensembles sont constitués d’une liste de liens ancrés par des pictogrammes. Néanmoins, ces listes sont, cette fois-ci, compartimentées en catégories titrées par les « séparateurs » : Groupes / Amis / Applications / Intérêts / Événements / Pages

103 (en lettres capitales et en gris clair).

De telles catégories renvoient à la notion de « communauté » chère au Web 2.0 – c’est-à-dire ces communautés ou ces « groupes », constitués d’internautes souvent considérés comme des « amis » partageant les mêmes « intérêts », susceptibles de participer aux mêmes « événements » et de consulter les mêmes « pages ».

§ Une succession de cadres blancs en position centrale Nous nommerons cette colonne le « fil d’actualité ».

Le fil d’actualité est l’espace d’énonciation de la parole de l’utilisateur. En effet, en haut de cette colonne, une première case sous forme de rectangle invite l’usager à prendre la parole à travers un statut (« exprimez-vous »), une photo/vidéo ou un album photo.

Le fil d’actualité rend aussi compte des publications postées par les contacts de l’utilisateur. Chaque publication apparaît dans un nouveau rectangle blanc comprenant :

- Une petite image : l’avatar de l’utilisateur,

- le nom et prénom de l’utilisateur : en bleu, accolé à l’avatar

- une indication temporelle (sous le nom et prénom de l’utilisateur) : cette indication temporelle n’est accompagnée d’aucun texte qui viendrait l’expliciter, l’ancrer. S’agit-il de l’heure à laquelle l’utilisateur a posté sa publication ou le temps qui s’est écoulé depuis la publication ? A nouveau, il s’agit d’un discours implicite qui sollicite la capacité d’interprétation du lecteur (l’indication temporelle rend compte du temps qui s’est écoulé depuis la publication. Facebook fait ainsi l’économie d’une précision de type « il y a »). C’est en passant le curseur sur l’indication temporelle qu’un paratexte apparaît pour ajouter une couche informationnelle au contenu (la date et l’heure précise de publication).

- Un pictogramme, encore une fois, non renseigné. De la même façon que pour l’indication temporelle, un paratexte ancre le pictogramme au passage du curseur : il s’agit d’une indication révélant le degré de visibilité de la publication (Ex : « Ouvert à : Amis de X », « Partagé avec : Membres de X »)

- Un texte rédigé par l’auteur de la publication

- Une image, un lien hypertexte ou une vidéo posté par l’auteur de la publication - 3 liens (« j’aime », « commenter », « partager ») que nous analyserons plus tard

- Un espace commentaire bleu clair qui présente les interactions entre les utilisateurs avec : o _{leurs « commentaires », placés les uns sous les autres et introduits par l’avatar de}

104 o _{l’indication temporelle accompagnée de la mention « j’aime ».}

o _{un rectangle blanc sur lequel nous pouvons identifier un texte (« Ecrire un} commentaire » en gris clair) et deux pictogrammes (l’un représentant un appareil photo, l’autre un smiley). Ce rectangle est accompagné de l’avatar de l’utilisateur. Ce- dernier a ainsi la possibilité de commenter à son tour et d’ajouter une photo ou un autocollant - comme on le devine grâce à la présence des pictogrammes (ancrés par les paratextes « joindre une photo », « envoyer un autocollant » qui apparaissent au passage de la souris).

§ Une deuxième colonne bleu pâle, accolée au fil d’actualité

Sur cette colonne figurent, par ordre de haut en bas :

- Un premier espace sur lequel figurent des « événements » ponctuels (anniversaires ou « événements »). Cette cellule renvoie à l’imaginaire du « memento » ou des « alertes » visant à attirer l’attention de l’internaute sur un événement inscrit, de façon automatique, à son agenda.

- un rectangle blanc comprenant des liens hypertextes, des pictogrammes et des images renvoyant aux avatars des différentes pages ou utilisateurs. Il s’agit de suggestions proposées par Facebook comme nous les analyserons plus tard.

- des images à valeur publicitaire (publicités de marques) qui peuvent être bloquées en présence d’un logiciel « adbloc ».

- et les mentions légales en gris sur fond bleu-gris (ce qui les rend presque invisibles) : « Français (France) · Confidentialité · Conditions d’utilisation · Cookies · Publicité · Plus Facebook © 2015 »

105 § Enfin, une troisième colonne, bleu pâle également

Cette colonne, que nous appellerons « colonne des contacts », rappelle la colonne de gauche par sa forme et la présence de listes. La page d’accueil semble être construite de façon symétrique bien que chaque espace ait ses propres particularités.

En effet, cette colonne des contacts se scinde en trois parties :

o _{Un premier encart déroulant avec les photos des contacts, leur nom et le descriptif de} leur activité immédiate

o _{Dessous, un rectangle :}

è avec le nom et l’avatar des contacts è l’état de leur connexion :

· s’ils sont connectés (présence d’un point vert) ou non (absence d’un point vert)

· depuis combien de temps ils ne se sont plus connectés (en gris) · le terminal avec lequel ils sont connectés (en vert) ou avec lequel ils

ont été connectés (en gris) : Web ou mobile o _{Dessous, un rectangle blanc en guise de moteur de recherche}

Ici, nous retrouvons cette idée de communauté vantée par les promoteurs du web 2.0 et mise en exergue par le dispositif Facebook.