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CHAPITRE III : POUR UNE

2. Les Techniques d’analyse

2.2 Analyse comparative

La comparaison est inhérente à toutes les sciences, y compris les sciences sociales, où recherche comparative ; elle a toujours joué un rôle important dans leur développement en tant que disciplines scientifiques2. Nombreux sont ceux qui considèrent l’analyse comparative comme une des méthodes fondamentales de la recherche. On précisera d’abord ici le principe de l’analyse comparative et ses conditions d’application avant d’évoquer les procédés mathématiques auxquels on peut avoir recours à ce stade de la recherche.

2.2.1 L’analyse comparative et ses modalités.

Si l’analyse comparative est d’une utilisation assez générale dans les sciences, sa mise en œuvre n’a pas donné lieu jusqu’ici à une systématisation théorique. On se limitera ici à un certain nombre de considérations générales.

1LAUBET (D.B) Jean Louis, « Initiation Aux Méthodes De Recherche En Sociales », L'Harmattan, Paris, 2000, P : 215-216

2Peter Johan Lor, « International And Comparative Librarianship: A Thema tic Approach », De Gruyter Saur, South Africa, 2012, P :130

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2.2.2 Définition de l’analyse comparative.

D’après le Vocabulaire de la philosophie de Lalande, "la comparaison est l’opération par laquelle on réunit deux ou plusieurs objets dans un même acte de pensée pour en dégager les ressemblances et les différences".

En termes plus simples, l’analyse comparative consiste à rechercher les différences et les ressemblances existant entre les situations qui font l’objet de la comparaison, en interprétant la signification de ces ressemblances et de ces différences et en essayant de découvrir à travers elles des régularités.1

Au-delà de cette description de principe, Durkheim, pour sa part, se montrait plus précis, en définissant le mécanisme fondamental de la comparaison en ces termes : "Nous n’avons qu’une manière de démontrer qu’entre deux faits il existe une relation logique, un rapport de causalité par exemple, c’est de comparer les cas où ils sont simultanément présents ou absents, et de rechercher si les variations qu’ils présentent dans ces différentes combinaisons de circonstances témoignent que l’un dépend de l’autre".

Ainsi, une relation entre deux faits sera établie par l’analyse comparative lorsque la comparaison entre plusieurs situations aura permis trois types de constatations :

 dans un certain nombre de situations comparables les deux faits sont présents simultanément ;

 dans un certain nombre de situations comparables les deux faits sont absents simultanément ;

 dans un certain nombre de situations comparables, les deux faits sont présents simultanément, on constate que les variations des deux fait sont concomitantes, simultanées.

Il faut noter que l’interprétation des relations ainsi découvertes n’est pas aussi simple qu’il pourrait paraître au premier abord. Il est nécessaire de se montrer prudent dans les conclusions formulées ainsi qu’on le verra ultérieurement.

1Reuchlin. M, « Les Méthodes En Psychologie », 3ème Edition, P.U.F, Paris, 1973, P.25

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2.2.3 Conditions du recours à l’analyse comparative.

Pour que les enseignements fournis par l’analyse comparative soient valides, il faut que la comparaison porte sur des phénomènes ou des situations comparables.

L’analyse comparative ne peut être valablement utilisée que si les situations choisies pour la comparaison présentent un certain degré d’analogie. En effet, la comparaison ayant pour but de relever et d’étudier les ressemblances et les différences existant entre les phénomènes comparés, ceci suppose qu’il existe entre les phénomènes des ressemblances (c’est l’analogie). Cependant, si ces phénomènes ne sont pas totalement identiques, la comparaison n’aurait plus aucun intérêt. C’est pourquoi l’analogie ne doit exister que jusqu’à un certain degré.

Pour apprécier la validité d’une comparaison et le degré d’analogie des faits comparés, deux points de vue doivent être pris en considération : d’une part, les faits comparés doivent présenter une certaine analogie de structure ; d’autre part, ils doivent présenter une certaine analogie de contexte. Par la notion d’analogie de structure, on entend deux choses.1

 En premier lieu, les phénomènes comparés doivent avoir une physionomie générale assez proche. D’autre part, le degré de complexité des faits comparés ne doit pas être trop éloigné. Dans la pratique cette appréciation de l’analogie de structure n’est pas très facile à réaliser du fait de la multiplicité des éléments qui composent la structure des phénomènes.

Sur ce point, l’existence de typologies solidement fondées peut faciliter le travail du comparatiste.

En second lieu il faut aussi prendre en considération l’analogie de contexte car les phénomènes urbains et architecturaux n’existent pas de manière isolée. Ils sont intégrés dans un environnement dont ils ne sont pas séparables sans risque de dénaturation. Pour comprendre un phénomène il importe donc de ne pas négliger le contexte dans lequel il se situe. Ce contexte doit être envisagé à deux points de vue.

Le contexte dimensionnel des faits comparés constitue un premier élément. On ne peut comparer valablement que des phénomènes appartenant à des ensembles de dimension analogue. La difficulté ici est de préciser les critères à partir desquels ce contexte sera apprécié : époque historique, implantation dans la ville, organisation spatio-fonctionnel…

1HOLT (R.T.) et TUNER (J.E.), The Methodology of Comparative Research, New York, Free Press, 1970, P : 80-96

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 Par ailleurs, il faut tenir compte du contexte culturel des faits comparés en entendant par-là l’ensemble des valeurs, des croyances, des traditions, des mœurs, des institutions, etc., qui constituent l’ensemble culturel, l’aire de civilisation dans lesquels s’insèrent les faits comparés. Pour qu’une comparaison ne soit pas trop artificielle il vaut mieux que les faits comparés appartiennent au même environnement culturel. Ceci conduit, à envisager avec prudence les comparaisons historiques portant sur des périodes éloignées (ex. : architecture vernaculaire et architecture coloniale) ou les comparaisons ethnologiques entre sociétés développées et sociétés traditionnelles.

2.2.4 Les types de comparaison.

En tenant compte des éléments évoqués ci-dessus, on peut considérer qu’il existe deux types d’application de la méthode comparative, correspondant souvent à des stades différents du processus de recherche. En employant une terminologie proposée par M. Duverger, on peut alors distinguer les comparaisons proches et les comparaisons éloignées.

 Les comparaisons proches sont, dans la pratique, les plus employées par les chercheurs. Ce sont des comparaisons portant sur des phénomènes présentant un degré important d’analogie, tant par leur structure que par le contexte. De ce fait, la comparaison vise avant tout à la précision : elle est minutieuse, scrupuleuse et détaillée. En règle générale son objectif principal est de mettre à jour les différences entre les phénomènes, puisque, par hypothèse, ceux-ci présentent une assez grande similitude. L’approfondissement de ces comparaisons proches pouvant être différent, M. Duverger propose de

Distinguer les comparaisons larges, plus rapides et plus superficielles, utilisées pour la formulation des hypothèses ou la construction de typologies, et les comparaisons étroites, plus approfondies, utilisées pour la vérification des hypothèses.

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 Les comparaisons éloignées se caractérisent par les libertés qu’elles prennent avec l’exigence de l’analogie. Elles portent sur des phénomènes de structure assez sensiblement différente, dont le contexte dimensionnel et culturel peut être assez éloigné. Alors que dans le cas précédent l’objectif du comparatiste était de découvrir les différences, ici le chercheur s’attachera surtout à rechercher des ressemblances, puisque, par définition, les faits comparés sont assez différents. A noter aussi que le recours à ce genre de comparaisons suppose de la part du chercheur une culture générale étendue lui permettant de sortir des limites étroites de sa spécialité.

 Les comparaisons statistiques, l’analyse comparative consiste, selon Durkheim, à mettre en évidence trois types de constatations pour prouver l’existence de relations entre deux phénomènes ou deux variables :

 la présence simultanée de ces deux variables dans une série de cas comparables ;

 l’absence simultanée dans une autre série de cas ;

 leur variation concomitante lorsqu’elles sont présentes.

Dans certains cas cette étude peut être conduite en mettant en œuvre des procédés d’analyse statistique. L’étude de la présence ou de l’absence simultanée de deux variables peut être faite en recourant au calcul des associations. On peut également utiliser le calcul des corrélations pour analyser les variations concomitantes.

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