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4.1. La méthode des fonctions ·de gains

Les fonctions de gains lient les salaires individuels à une batterie de caractéristiques propres à l'individu.

Ce sont les relations du type :

Salaire = f (études, Age, aptitudes, origine sociale ...)

Ces fonctions tiennent en général compte de l'Age et des années d'expérience. Elles permettent de décrire les carrières individuelles.

Les économistes du capital humain ont élaboré et testé de telles fonctions. Alors que les fonctions de gains peuvent contenir en argument

toutes sortes de caractéristiques individuelles mesurab1es, les économistes ont commencé par se limiter à une liste d'attributs destinés à mesurer Ù5 se~ efieœ

de la formation. Nous verrons ci-dessous pourquoi et comment il est néanmoins nécessaire d'introduire des variables représentatives d'autres aptitudes pour procéder à des ajustements. Mais nous allons d'abord présenter les mo- dèles élaborés par les économistes pour étudier la relation rémunération-

éducation .

La théorie du capital humain débouche sur des spécifications particulières pour la forme de ces fonctions de gains. Ces spécifications proviennent des hypothèses et conséquences de l'analyse. En général, elles sont de la forme

log'y

=

a

+

bS

+

cE dE2 où

y est le salaire observé

S est la durée de la formation de base

E est la durée de l~expérience professionnelle

Le détail de l'élaboration d'un tel modèle est présenté en annexe 2.

Ce modèle fait principalement intervenir:

- le fait que le salaire observé est net des coUts de formation, - le fait que le profil d'investissement en formation choisi par

l'individu est décroissant avec l'Age, après la période consacrée

à la formation de base.

Moyennant certaines approximations, on démontre alors que b et c sont des estimations des rendements de la formation de base et sur le tas respectivement.

En estimant çes fonctions de gains à partir de données individuelles de revenu, on peut donc

- calculer les rendements des différents types de formation, - tester le pouvoir explicatif du modèle de capital humain .

Il existe plusieurs formes pour ces fonctions de gains. Certaines sont plus simples que celle qui a été développée ci-dessus. Le modèle le plus simple, dit modèle scolaire, exprime le log des rémunérations en fonction des seules années d'études: log Y

=

ao

+

al S. D'autres versions plus sophistiquéeJ1), utilisent des formes différentes pour la fonction

d'investissement, ou intègrent une "dépréciation" ou "obsolescence" du capital humain avec l'Age. Mais le principe du modèle de gain reste identique à celui qui vient d'être développé. Le choix d'un modèle particulier est une question empirique.

4.2. Les rÔles respectifs des aptitudes innées et acquises

Rappelons que les aptitudes innées sont celles qui ne sont pas acquises grAce à la formation (2).

4.2.1. La nature du problème aptitudes innées

corrections pour les

Le capital humain est un'stock d'aptitudes acquises dans le processus d'apprentissagè. Or, les méthodes ci-dessus mesurent ce stock (en valeur) à partir de ses effets sur les rémunérations.

Les aptitudes innées ont également un effet sur ces rémunérations. C'est donc le double effet des aptitudes innées et acquises que l'on mesure

à travers les rémunérations.

Si l'on prétend mesurer les rendements et la valeur des seules aptitudes acquises par des comportements d'investissement, il peut être nécessaire de procéder à des corrections.

(1) Voir notamment pour les études sophistiquées avec ces fonctions les ouvrages de Mincer (47, 1974) et celle de Riboud (58, 1978) qUi comporte des ajustements sur des données françaises.

(2) Les rôles des aptitudes acquises et "innées" sont détaillées dans l'ouvrage de l'OCDE (54, 1975).

Les capacités, ou aptitudes, sont définies comme tout attribut personnel qui entratne des différences de gains dans une situation concur- rentielle avec information parfaite. Les aptitudes intellectuelles, l'origine sociale, les attitudes en sont des exemples.

Soient deux individus de même Age, même formation, sur le même marché. Ces deux individus n'ont vraisemblablement pas le même profil Age-gain. La différence provient d'aptitudes innée~ ou non acquises dans

le système de formation.

Soient alors deux groupes d'individus. Les capacités innées sont différentes d'un individu à l'autre dans chacun des deux groupes. Si leurs distributions dans chaque groupe sont identiques, le rendement de la for- mation dispensé à l'un des groupes, calculé à partir des différentielles de gains, reflète bien l'apport de l'éducation. L'apport des aptitudes innées est, en effet, identique dans chaque groupe par hypothès~ et ces apports moyens sont éliminés par différence.

Mais si les aptitudes innées ne sont pas réparties de manière identique dans les deux groupes, le groupe formé étant en moyenne plus apte que l'autre, la méthode de mesure fournit un rendement de l'éducation brut de la contribution revenant à la différence des aptitudes moyennes. Le rendement est donc biaisé dans le sens d'uné majoration et doit donc être ajusté.

Ce cas est général. Il est, en effet, fréquent que les individus les plus formés s'avèrent également les plus "aptes". Pour obtenir la contri- bution de la formation, il faut normaliser les résultats selon les écarts entre aptitudes non imputables à la formation, mais exerçant un effet sur

les gains.

4.2.2. Conséquences pour l'analyse appliquée

Lorsque la mesure des rendements est effectuée par des ajustements statistiques, le coefficient relatif au niveau d'étude inclus l'effet des autres variables corré1ées avec le niveau d'étude mais non intro-

duites,dans la régres~i.on. C'est le cas des aptitudes "innées". Comme

le coefficient du niveau d'éducation est le rendement de l'éducation, ce rendement obtenu par régression est majoré. Puisque les aptitudes influencent les gains, leur introduction dérobe une partie des effets de l'éducation sur les gainsi

Une méthode d'ajustement systématique consiste à utiliser des fonctions de gain généralisées, introduisant des variables explicatives pour la formation et les autres aptitudes.

Supposons, par exemple que la fonction de gain ci-dessous soit estimée en prenant les années d'études (S) seulement comme variable expli- cative du revenu (y).

y

=

a + bS

Si 1'-on ajoute les variables d'aptitudes (A)que l'on désire maintenir constant·es, on obt·ient de nouvelles valeurs pour les coefficients a et b :

y

=

a'

+

b' S

+

c A

D'après ce qui précède b'

<

b.

Le coefficient d'ajustement défini par

gains nets de l'éducation

. 0(

=

gains bruts (des aptitudes)

peut alors être calculé •

Si les aptitudes acquises par les études et les autres facteurs A étaient de même nature, l'introduction de A déroberait tous les effets de la formation. Il suffirait alors de faire des mesures directes d'apti- tudes. La correction n'a de sens que si les aptitudes acquises et les aptitudes mentales ou autres facteurs ne sont pas de même nature.

Naturellement le calcul deo(..estinutile lorsque l'on dispose d'une fonction de gain complète, car alors on connait b'. Mais certains auteurs ont estimé des fonctions de gains limitées aux variables représentatives de

la formation. Il est alors nécessaire d'utiliser des estimations de0( effec- tuées comme ci-dessus dans d'autres travaux pour ajuster ces résultats.