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 !-sophie que dans la mesure où elle prend la forme

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( G ! $ (  ! en défendant l’idée qu’outre la philosophie première, métaphysique, existe la philosophie « seconde », narra-tive, au demeurant antérieure en temporalité. L’acadé-mophilosophe défend l’idée que la philosophie exige une explicitation. Mais alors, qu’en est-il de l’aphorisme, tel

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défendre l’idée de « concept métaphorique », commun dans la tradition, par exemple les concepts de « lumière », ?#€! ?€! &

équivalents conceptuels de « vérité », « d’esprit » ou

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manière plus immédiate ou plus puissante.

Mis à part l’aspect conceptuel, il est d’autres raisons philosophiques qui nous font prendre parti en ce lieu pour les ethnophilosophes contre les acadé-mophilosophes. Les contes ont une dimension critique et problématisante : ils questionnent et interpellent les visions habituelles du monde. Les héros, les situations étranges, les forces occultes, sont autant de symboles, archétypes ou allégories qui ont valeur analogique et font écho aux schémas habituels ambiants pour mieux les bouleverser, mieux encore que ne le feraient les concepts abstraits. Il est d’ailleurs une tradition que l’on pourrait nommer « philosophie de vie », qui d’une certaine manière s’oppose à une « philosophie de l’esprit ». L’enjeu est ici de savoir si la philosophie est avant tout une activité principalement cognitive et intellectuelle, ou si elle est un outil nous permettant de

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ou la tranquillité. Ces deux visions renvoient elles-G ( ' <

très bien défendre l’idée que seule une philosophie de vie est réelle, qu’elle est en acte et pas seulement en puissance, car elle est incarnée et pas seulement énoncée. Acceptons donc, comme vision probléma-tique de sa nature, ne serait-ce qu’un moment, que la G'

AMADOU HAMPÂTÉ BÂ

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passerelle entre la culture africaine et la culture occiden-tale, entre la tradition orale et celle de l’écrit, entre la sagesse et le savoir. Il connut l’école française et l’école traditionnelle, il travailla pour l’administration coloniale, pour son propre pays, pour les structures internationales comme l’UNESCO. Il fréquenta les sages africains et les

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un savant. Il était issu d’une famille noble, mais il connut les travaux les plus humbles et reçut plus tard les plus grands honneurs. Tout comme son maître, Amadou

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disait : « Je suis à la fois religieux, poète peul, traditio-naliste, initié aux sciences secrètes peule et bambara, historien, linguiste, ethnologue, sociologue, théologien, mystique musulman, arithmologue et arithmosophe ». Il au Mali, et en Afrique en général : « Déjà au temps de la colonisation, commença le travail de sape de l’éducation traditionnelle. On lutta par tous les moyens aussi bien contre les écoles coraniques que contre les ateliers de métiers traditionnels qui, en fait, étaient des centres de transmission de tout un ensemble de connaissances, -liques et culturelles, voire métaphysiques ». Il invitait les occidentaux à porter un regard différent sur les tradi-tions africaines, très méconnues. « On se condamne à ne rien comprendre à l’Afrique traditionnelle si on l’envi-sage à partir d’un point de vue profane. » Car il s’agit

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un cadre qui n’est pas le sien. Cette exigence rejoint

le concept hégélien de « critique interne », c’est-à-dire analyser et évaluer un système de l’intérieur, au moins ! logique propre, avant de passer à une critique externe c’est-à-dire de le confronter à des concepts qui lui sont '^Z ~&

##¡_! & G l’invitation à suspendre son jugement, comme condition de la compréhension, injonction récurrente dans la tradi-tion philosophique, chez Descartes par exemple.

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un philosophe qui œuvra à l’émergence d’une civilisa-tion plus humaine et plus fraternelle. Il ne chercha pas tant à revendiquer ou à combattre qu’à éduquer : ce n’est pas tant « l’africanité » ou la « négritude » qui le

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sens le plus universel. Pour lui l’abandon d’une tradition métaphysique avait des conséquences dramatiques pour l’humanité toute entière, ne serait-ce que par

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dans les racines les plus profondes de la culture, à la fois par sa dimension esthétique, celle qui parle directe-ment à l’esprit et aux sens, mais aussi par sa dimension éthique, ce « sentiment du bien » inhérent à l’humain qui, à une autre époque, émerveilla tant Rousseau.

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Bâ renouvelle le message socratique : « Je sais que je ne sais rien. » C’est aussi la docte ignorance de Nicolas de Cues, cette ignorance acquise qui implique une prise de conscience de nos limites. « Quiconque frappe

Comprendre le texte

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Modalité pédagogique suggérée : interpréter

Le groupe est séparé en équipes de trois personnes.

Une question est choisie.

Chaque équipe doit rédiger deux ou trois manières différentes de comprendre ou d’interpréter la question.

Une réponse est rédigée pour chaque interprétation.

Si aucune différence d’interprétation n’est fournie, 3

par écrit cette impossibilité.

Une équipe lit, en grand groupe, le résultat de son travail.

et des objections, l’équipe des auteurs doit y répondre, ! travail initial, en quoi et pourquoi.

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Selon les possibilités de temps, d’autres questions sont traitées de la même manière.

Analyse du travail et de l’exercice avec l’ensemble du groupe.

Exercices pédagogiques

Confrontation des représentations

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‚ Q3 sur la feuille. Sur la colonne de droite demander qu’il soit écrit tout ce qui caractérise la philosophie, et sur la colonne de gauche ce qui relève

des croyances, religion(s) et spiritualité(s).

‚ 3 les similitudes et les différences avec les autres groupes. Il est surtout important de noter les éléments

selon les groupes.

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‚ ‰3 « les mourides » ainsi qu’autour des visions #&´ ´ ‘!+

Propositions pédagogiques : vivre et penser l’interculturalité

’+€ Rubrique rédigée par Jonathan Levy

* sais, ne sait pas que s’il savait, il saurait qu’il ne sait pas… Si tu sais que tu ne sais pas, alors tu sauras.

Mais si tu ne sais pas que tu ne sais pas, alors tu ne sauras point ». C’est pour cette raison, conformé-ment à l’enseigneconformé-ment de son maître Tierno Bokar, qu’il tient tant à la multiplicité des voix et des voies de la Vérité. Surtout lorsque certaines de ces voix sont en train de disparaître. De là son vibrant appel à la tribune de l’UNESCO : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».

À nouveau, au-delà de l’aspect purement ethnologique de cette parole, c’est toute une dimension de l’homme qui est évoquée, c’est de l’identité de l’humain dont il est question. Car un homme n’est pas seulement un individu, il représente quelque chose qui le dépasse largement, en l’occasion, une culture séculaire, une riche tradition, un enseignement, bref, le concept G&~&'

Cette dimensionnalité multiple de l’humain se retrouve d’ailleurs dans les langues africaines, par exemple chez les Peuls et les Bambaras. « Les personnes de la personne sont multiples dans la '€!>ŒZŒ'?

notion de personne est donc, au départ, très complexe.

Elle implique une multiplicité intérieure, des plans d’existence concentriques ou superposés (physique, psychiques et spirituels à différents niveaux) ainsi qu’une dynamique constante… Les forces dégagées par cette potentialité sont en perpétuels mouvements +G¡ ! qui débute avec la conception, est précédée d’une préexistence cosmique où l’homme est censé résider dans le royaume de l’amour et de l’harmonie, appelé Benke-So ». Une telle conception nous fait penser d’une certaine manière à la multiplicité des âmes selon Aristote : âme végétative, âme sensible, âme intellective qui se superposent en l’homme. Mais aussi à une vision psychologique plus moderne, où à la fois se combinent et se heurtent plusieurs tendances au sein de l’esprit humain.

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contes, reprennent explicitement la tradition initia-tique de la culture africaine, où l’on sent que l’esprit traditions spirituelles autochtones. On y retrouve, comme dans toute œuvre spirituelle digne de ce nom, &'G sagesse et de connaissance, où savoir du monde et

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ses multiples dimensions, impitoyables, douloureuses, aventureuses, miraculeuses et magiques, car rien n’est jamais ni donné, ni toujours possible, ni toujours prévisible, ni toujours compréhensible. La nature G ! qu’il s’agit encore de découvrir. Le ballet incessant des épreuves et des signes, qui guide celui qui le veut bien, G&!&?&-tion » ou une « humanisaG&!&?&-tion » de l’homme. L’initiaG&!&?&-tion progressive, en ses étapes, symboles et lieux divers, qui rappelle la Divine Comédie de Dante où luttent G! # #) ! diverses formes du bien et du mal. « Une abondance de folles péripéties, de combats fantastiques, de voyages

périlleux, de réussites, d’échecs et d’aventures sans cesse renouvelés jusqu’à l’heureux dénouement

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bien et le mal est toujours à reprendre, autour de ( +G€' de l’espoir rode en permanence à l’intérieur de la * G ' "

les contes traditionnels, on peut les lire sur différents plans. Pour le plaisir, mélange de douceur, d’inquié-tude, de suspense et de bonheur, ce qui séduit en un premier temps les enfants, et les plus grands, percep-tion esthétique qui ancre la narrapercep-tion ou certains de ses détails dans la psyché du lecteur. Sur le plan moral, car on y retrouve une mise en œuvre et une explicitation des valeurs traditionnelles qui hantent et structurent la conscience morale de l’homme.

Du point de vue didactique, car on y enseigne à la fois les chemins du bonheur et de la vie, les obstacles et les pièges, on y reconnaît les drames intérieurs et les découvertes qui sont autant de repères que nous apprenons à connaître et à reconnaître. Sur le plan métaphysique, car à l’instar de la réminiscence plato-nicienne ou des idées innées de la tradition occiden-tale, nous nous initions aux grands schémas, aux intuitions fondamentales ou archétypes qui permet-tent, rythment et font naître la pensée et l’existence de l’humain, déclinant à la fois son identité, sa nature, son fonctionnement et son intégration dans la HG'?$&&†&

connaissances et les faire voyager à travers le temps,

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bambara. Pour que le dévoilement s’opère, la vérité

&&!G en une forme simple et présentable. Vieux concept de l’alètheia, la vérité comme dévoilement, ce que

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s’adressant au philosophe, « Lorsque tu les feras fuir par l’aridité de ton propos, tu les ramèneras par l’ins-tinct du jeu. ». Le plaisir de contempler le ciel étoilé se retrouve plus tard dans le concept de vérité, propose le poète, dramaturge et philosophe. L’art comme

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du conteur est d’abord « d’intéresser ceux qui l’entou-rent, et, surtout, d’éviter qu’ils ne s’ennuient. Un conte * G ( ! ! ( moments, doit pouvoir dérider les plus austères. Un conte sans rire est un aliment sans sel. ». Recom-mandations qui devraient un peu plus inspirer certains philosophes et pédagogues embarrassés d’un surplus '"G !!

nature didactique de l’œuvre. « Les conteurs de nombreux développements instructifs. Chaque arbre, chaque animal peut faire l’objet de tout un (#'€<

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et l’enjeu de tout ce qui est raconté. C’est en nous que se passe ce qui est raconté. À l’instar du spectateur des grandes œuvres des nombreuses traditions

civili-! & G par les combats cosmiques et les petites disputes qui se déroulent dans l’Univers, car eux seuls peuvent rendre compte du problème humain : le sempiternel '

Il nous semble intéressant de montrer que la G ! elle peut se constituer en tant que mouvement social organisé, en tant que moteur d’une collectivité. Bien entendu, dès qu’il s’agit de passer de l’abstrait au concret, du schéma idéal à l’incarnation historique, du message initial à sa représentation ou à sa mise en œuvre, du maître aux disciples, nous retombons durement dans la réalité humaine quotidienne, avec son cortège de petitesses et de médiocrités. Comme nous pouvons le voir à travers l’histoire, tous les mouvements fondés sur de grands idéaux seront toujours trahis par leurs propres spectateurs, nous buterons nécessaire-ment sur les limitations de l’homme en ce qu’il a de plus banal. Mais nous devrons pourtant savoir reconnaître, en dépit des nombreuses critiques possibles, abusives ou légitimes, l’importance et la nécessité du concept d’idéal régulateur, comme nous l’indique et nous le recommande Emmanuel Kant : la nécessité d’un idéal &' > &++

pour toutes les traditions, philosophiques, politiques ou religieuses : tel ou tel personnage de cette tendance se sera plus fait remarquer pour ses talents de petit chef ou de grand dictateur, pour son avidité ou son goût de la représentation, que pour ses qualités spirituelles ou humaines. On dira qu’il n’était pas un pur, on l’accu-sera d’avoir corrompu le message, mais prenons ici en  ! + ou grâce à - toutes sortes de tendances médiocres qui animent ou limitent les subjectivités particulières, qui parfois motivent plus que de nobles idéaux, de grandes choses ont néanmoins su s’accomplir à travers l’histoire humaine. Aussi tenterons-nous de rendre compte du vaste mouvement mouride sans entrer dans les diverses critiques qui lui sont adressées, mais uniquement dans le but de connaître et de comprendre le potentiel,

l’origi- &!-tuel, social et politique, musulman et africain.

Dans toutes les traditions politiques ou religieuses, apparaît périodiquement un rénovateur qui tente de renou-veler un courant de pensée établi à partir de la relecture d’un texte original. C’est le cas de divers personnages qui ! "]>

Bamba (1853-1927), fondateur de la confrérie mouride, mouvement religieux et politique installé principalement

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société sénégalaise profondément troublée par le colonia-lisme en s’inspirant de l’enseignement du Coran et de la

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†Œ! H & -culières : le travail et la science. Il connut de nombreux déboires avec l’administration coloniale, y comprit la déportation, pendant huit ans. Bien entendu, comme toujours dans ces cas de « renouveau », le « rénovateur » se voit fortement critiqué par les « orthodoxes ». D’autant > Z spirituel du Prophète, une sorte de « saint » envoyé par ce dernier, un personnage qui mérite donc une grande dévotion, prétention qui pouvait en irriter plus d’un. Et comme toujours en Afrique, la culture religieuse islamique G!

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grande valeur à l’idée de solidarité et à celle de travail.

La confrérie mouride est très structurée et hiérar-chisée, dirigée jusqu’à aujourd’hui par un khalife général qui descend en ligne directe du fondateur, une structure « féodale » diront certains, mais elle G † $

-! ( -! Y manquent pas de recréer les structures originelles dans leur pays d’accueil. Le mouvement mouride est en expansion permanente : les chiffres varient, mais diverses sources estiment aujourd’hui entre ' "

année, un million de pèlerins se rendent à Touba, la ville sainte, devenue la seconde ville en importance économique et démographique du pays. Le président sénégalais Abdoulaye Wade est d’ailleurs un membre illustre de cette communauté, ce qui témoigne du pouvoir politique du mouvement qui donne toujours ses consignes de vote, s’accordant ainsi une place prépondérante dans la politique sénégalaise.

Sur le plan économique, il est très actif dans le domaine agricole, en particulier la culture de l’arachide d’où il tire d’importants revenus. Il faut ajouter que, traditionnellement chez les Wolof, l’agriculture consti-tuait une activité noble à laquelle tous s’adonnaient, peu importe le statut social, esclaves ou hommes libres, car régnait dans cette civilisation agraire un amour du travail et de la terre. En 1912, les terres du bassin arachidier commençaient à s’appauvrir, Cheikh Ahmadou Bamba organisa la « colonisation des terres neuves ». Dans un milieu hostile (déserts arides, lions et pasteurs nomades), les chefs mourides pourvoyaient aux besoins d’organisation et de concentration des colons dans les nouvelles zones de culture.

Autre activité économique importante : le commerce, lié à une tradition d’élevage et de troc.

On dit qu’aujourd’hui, la majeure partie des leviers de l’économie parallèle sénégalaise est entre les mains des mourides qui contrôlent pour l’essentiel le petit commerce. Ils se sont substitués peu à peu aux Libanais qui monopolisaient le secteur depuis l’époque ' W # # établies et en ayant un sens aiguisé des affaires, ce qui a néanmoins favorisé l’émergence d’un capital national qui a aujourd’hui des ambitions plus importantes que le fait de demeurer dans la distribution de produits. Les mourides aiment répéter que les plus gros hommes d’affaires sénégalais sont des leurs. À ces revenus s’ajoutent, de manière non négligeable, les envois ! #) particulier. Cet argent est largement réinvesti dans la ville de Touba, la ville sainte, mais aussi dans l’attribu #' "

ont permis aux marabouts d’accéder à de nouveaux produits de consommation, voire au luxe, sans devenir la base d’une accumulation capitaliste.

Sur le plan de la solidarité, le mouvement a créé de nombreuses structures où nourriture, logement et enseignement sont fournis aux enfants de familles pauvres ou délaissés, car cette activité humanitaire et éducative est un aspect important de l’activité du mouvement.