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D’ÉLÉMENTS EXOGÈNES DANS LES DIVERS CHAMPS PHILOSOPHIQUES

Al Kindî et les frères Banû Mûsa, mathématiciens et mécènes : ils constituèrent des groupes qui traduisirent

directement du grec pratiquement l’ensemble des écrits d’optique, de géométrie et d’astronomie qu’ils

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 >' ‰ nous n’avons connaissance actuellement de certains des écrits d’Apollonius, de Diophante et de Ménélaüs que par leurs traductions arabes, l’original grec ayant été perdu et que si l’algèbre a été introduite en Europe grâce au célèbre Livre d’algèbre > ’kŒ†H!

le développement de la recherche algébrique à la Renaissance avance dans les pas de ses ‡Š! $k ’Œ!

que ces trois noms.

III L’ASSIMILATION ET LE DÉPASSEMENT

D’ÉLÉMENTS EXOGÈNES DANS LES DIVERS CHAMPS PHILOSOPHIQUES

1 . Gnoséologie

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oubliant vous-mêmes, maintenant que vous pouvez !— …•Œ*…

(Coran, II, 44)

[…] il y a vraiment dans tout cela des signes pour un peuple capable de raisonner

(Coran, II, 164).

La racine ‘-q-l, à l’origine du terme ‘aql, raison, +##"

si l’arabe possède deux autres racines pour désigner l’acte de comprendre, savoir f-h-m et f-q-h, celles-ci n’apparaissent respectivement qu’une et cinq fois dans le texte coranique. Ainsi la racine ‘-q-l, qui seule renvoie à la modalité proprement raisonnée de la compréhension, y est de très loin la plus fréquente. De fait, « le comprendre dont il est question dans les formes verbales construites sur cette [‘-q-l] racine est raisonné, fondé sur la raison, par opposition à un ‘comprendre’

intuitif (fahim) ou cognitif (faqih) »3.

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Ibn Khaldun, célèbre historien du XIVe siècle, s’exprimait en ces termes : « Les sciences rationnelles sont naturelles à l’homme en tant qu’il est doué de la pensée. Elles ne sont pas l’apanage d’une religion particulière. Au contraire, elles sont étudiées par les adeptes de toutes les religions, lesquelles sont égale-ment aptes à les apprendre et à entreprendre des recherches sur celles-ci. Elles existent dans l’espèce humaine depuis que la civilisation est apparue dans le monde. On les appelle les « sciences de la philosophie et de la sagesse ». Elles sont au nombre de quatre

i.e. logique, physique, métaphysique, mathématique, +G & ! ! musique et astronomie4.

Si les appels répétés à l’usage de la raison dans le Coran nous donnent à voir que le concept de rationalité G (W!W’!

lui, retient le lecteur par le raisonnement qui sous-tend la thèse d’une rationalité islamique : il ne saurait y avoir incompatibilité entre Islam et raison du fait de l’univer-salité de celle-ci, et donc de sa manifestation par

excel-!'%G hommes de penser et d’exercer leur raison, la science G ! ! tradition. Les pairs d’Ibn Khaldun, six siècles avant lui, en avaient déjà largement pris la mesure avec l’élabora-'

Les classements des sciences, c’est-à-dire la représentation systématique des différentes branches de la connaissance suivant un principe régulateur, traduisent tout autant l’attitude métaphysique de leur auteur que l’état des différents champs du savoir de son époque. Ainsi, les philosophes et les érudits, d’Al Kindî à W’! †Œ

ont chacun leur propre classement. S’ils sont largement tributaires de la logique aristotélicienne, les Arabes sont sans nul doute les premiers à l’avoir érigée en modèle de rationalité, pratiquant en cela un véritable panlogisme.

En témoigne par exemple, la volonté d’Al Kindî d’établir une méthode de raisonnement rigoureuse inspirée entre autres d’Euclide et de la Métaphysique d’Aristote pour approcher les discussions théologiques de son temps.

Al Fârâbî

Ainsi dans son Recensement des sciences — traduit en latin, au XIIe ! "

>‚ŒŒH(-cienne tout en s’en écartant. Il élargit ainsi la nomencla-ture élaborée par le Premier Maître en y introduisant non seulement les sciences linguistiques, mais aussi la juris-prudence (), authentiquement islamique, le kalâm,

Comprendre le texte

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la dignité morale de l’homme.

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Modalité pédagogique suggérée : analyse critique Le groupe est séparé en équipes de trois personnes.

Une ou plusieurs questions sont choisies.

Chaque équipe rédige une réponse commune aux questions choisies.

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Chaque équipe sélectionne collectivement trois réponses qu’elle souhaite critiquer et rédige sa critique.

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Chaque équipe prépare ses réponses aux critiques qu’elle a reçues.

3 Si cela est possible, recommencer avec d’autres questions.

Analyse du travail et de l’exercice avec l’ensemble du groupe.

Exercices pédagogiques

Simulation

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‚ $ pour comprendre son fait historique

‚ Q!3 historique et les éléments clés utilisés pour l’analyse

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dans leurs choix des regards historiques …

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Propositions pédagogiques : vivre et penser l’interculturalité

’+€ Rubrique rédigée par Jonathan Levy

c’est-à-dire la théologie rationnelle (tout en considérant que chaque religion a son propre kalâm) et la science politique. Le recensement farabien sera repris dans les grandes lignes par tous les philosophes qui suivront

^G‚%!!-ment de la tradition pythagoricienne et non d’Aristote, subordonnant la logique aux mathématiques) avec une

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sciences traditionnelles et sciences rationnelles d’abord, dans la première ni dans la seconde catégorie. Ce qui change est la place accordée à l’un et à l’autre genre, et la nature des tentatives que l’on opère pour les concilier.

Ibn Hazm

>& W † Épître sur la hiérarchie des sciences, est amorcé un véritable tournant dans -'W&W†#

validité de toute science rationnelle d’un critère unique, à savoir son utilité pour la vie dans l’au-delà. C’est ainsi qu’il considère que les mathématiques, la logique et la métaphysique ne sont utiles que pour l’ici-bas, et qu’il substitue la science de la religion à la métaphysique, étant de par le fait seule capable de nous guider en vue de la vie future ; l’histoire, quant à elle, peut très bien seconder la science de la religion dans ses efforts, étant entendu que l’histoire musulmane est, d’entre toutes les histoires, la plus sûre.

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qu’il existe quatre sciences sur lesquelles toutes les nations sont d’accord : l’astronomie, les mathématiques, la médecine et la philosophie (qui comprend la logique et la métaphysique). Ainsi, l’idée que la science puisse G &! &

une conception du monde commune, fût-elle purement

#!+G-tuer un point de convergence au sein de la diversité des

! ! G chose anodine, tant s’en faut.

Ibn Khaldun

Avec Ibn Khaldun, l’universel s’élargit encore.

Savant et historien, il fait un état des savoirs humains dans sa Muqaddima, distinguant entre « sciences de la milla (c’est-à-dire de la communauté en tant qu’elle est une communauté religieuse, c’est-à-dire islamique) », sciences rationnelles et savoirs irrationnels (magie, astrologie…). Élaborant une authentique sociologie du savoir, il opère un lien entre développement des sciences et civilisation urbaine (‘imrân), faisant de cette implication le pivot de sa conception de l’histoire.

Pour Ibn Khaldun, la science historique est la science du changement et du développement humains. Cette

« science nouvelle », au carrefour de l’anthropologie et de la sociologie, emprunte à la raison et à la tradi-tion tout en coupant court avec la vision classique de l’historiographie qui prévalait jusqu’alors, celle du taqlîd (suivisme i.e. traditionalisme dogmatique) et qui consistait à reproduire à l’identique et de génération en génération les récits que l’on héritait du passé. Elle est, en ce sens, emblématique de la volonté de voir dans le particulier la manifestation de quelque chose qui le dépasse et qui, en tant que tel, lui confère l’intelligibilité #! ( ! G rapporté : la rationalité historique est née.

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Si les philosophes arabes médiévaux ont repris à Aristote sa partition de l’âme et sa théorie de la connais-sance, ils se sont néanmoins séparés du Stagirite sur la ! ( ambiguïté quant au statut de l’intellect agent (immanent ou transcendant).

Les philosophes arabo-musulmans systématisent

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l’intellect acquis (mustafâd) en s’appuyant sur la théorie d’Alexandre d’Aphrodise, « le second Aristote ». Ils se prononceront par ailleurs tous sans exception jusqu’à Ibn Tufayl sur le caractère transcendant de l’intellect agent.

Intercalé entre intellect en acte et intellect agent, l’intellect acquis, tel qu’il apparaît chez Al Fârâbî par exemple, a pour statut de réduire le fossé qualitatif qui existe entre un homme extraordinaire, le prophète qui )&!'|#!#

que seul le prophète est capable de connaître les vérités métaphysiques, c’est simplement parce qu’il est le seul à les percevoir par l’intermédiaire de sa puissante imagina-tion (elles sont dans un deuxième temps transférées direc-tement pour intellection à l’intellect agent). Le philosophe, (!&G par le biais de l’intellect acquis, c’est-à-dire, dans le fond par ses propres moyens, sans le secours d’une imagina-tion excepimagina-tionnelle comme l’imaginaimagina-tion prophétique.

Averroès va encore plus loin qu’Al Fârâbî en mettant G&=^_!-sophes et commun des mortels ont la possibilité de s’élever à la connaissance des vérités métaphysiques. Il est ainsi le seul philosophe musulman à postuler l’immanence de l’intellect agent, ramenant ainsi la possibilité de connaître dans le monde sublunaire. L’importance d’un tel

position-= avec l’idée d’une double voie pour la connaissance, la voie religieuse et la voie philosophique, et donc, en réalité, avec toute une tradition qui prévalait jusqu’alors et qui cherchait à harmoniser ou concilier les deux enseignements. Pour Averroès, si la raison est capable de rendre compte d’elle-G!la réciproque ne saurait être vraie.

La raison est d’autant plus universelle que la prophétie que cette dernière ne peut nous fournir aucun vademecum susceptible de nous conduire vers les chemins de l’eudai-monia : elle ne saurait nous instruire de Dieu, de l’Univers, de la Création, encore moins de l’âme humaine.

La position d’Ibn Rochd est sans équivoque : la nature n’a pas « élu » une portion de l’humanité qu’elle aurait dotée de la connaissance de toutes choses aux dépens du reste des hommes, « condamnés » à étudier pour apprendre les sciences théorétiques. La raison en est simple : pourquoi cette discrimination, alors que tout être humain, sans exception, possède les facultés mentales nécessaires pour atteindre à la connaissance

” > ! * ! G = penser qu’elle aurait été d’une générosité sans bornes envers certains alors qu’il est possible à tout un chacun d’arriver par ses propres moyens et sans l’aide de quiconque — fût-ce de la nature — au savoir théorétique.