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L'alignement des supports utilisés sur la géographie des IRIS de l'Insee

Chapitre 2 : Les fonctionnalités des supports d'enquêtes

2.2.1 L'alignement des supports utilisés sur la géographie des IRIS de l'Insee

Nous partons de l'existant et partons de la méthodologie officielle de construction des données des enquêtes Ménages-Déplacements pour analyser le rôle des supports spatiaux utilisés dans les enquêtes. Nous reprenons les trois fonctions des supports dans un ordre différent : la fonction de production, de localisation et d'analyse.

Les commanditaires des Enquêtes Ménages-Déplacements (EMD) sont les collectivités territoriales en tant qu'autorités organisatrices des transports. Ces données servent à faire soit des portraits statistiques, soit à modéliser l'écoulement du trafic sous différentes hypothèses d'aménagement ou d'offre de transport collectif. La collecte s'appuie sur une méthodologie rigoureuse mise en place par le Certu. Reprenons une à une les étapes du guide méthodologique du Certu (Certu, 2008).

Les supports de base de tirage :

Le périmètre d'étude des enquêtes Ménages-Déplacements doit être soit celui du SCOTT ou, pour les plus grosses aires urbaines celui du Plan de Déplacements Urbains. Par construction, les limites des aires d'étude des EMDs s'appuient sur les limites communales.

découper le périmètre d'étude en zones géographiques dans lesquelles seront tirés au sort des échantillons suffisamment importants pour refléter la composition de ces secteurs.

Le Certu préconise de définir une vingtaine de secteurs de tirage avec au moins 70 ménages enquêtés et validés par zone. Les ménages d'un secteur doivent comporter au moins 160 personnes. Au total, une EMD doit rassembler au moins 1 500 ménages enquêtés. La documentation Certu précise que les taux d'échantillonnage étant faibles, c'est la taille de l'échantillon qui détermine la précision des indicateurs. Une taille de 160 personnes par zone constitue selon le Certu un bon compromis entre la représentativité sociale par zone et la précision requise. Cependant, nous savons que les études de mobilité ont aussi besoin de représentativité spatiale (les observations doivent recouvrir l'ensemble de l'espace des zones), l'effectif de répondants doit être mis en relation avec les superficies des zones. Mais les règles pour effectuer le découpage du périmètre d'étude en secteurs de tirage n'abordent pas directement le critère de superficie. Les critères sont :

-le respect des contours IRIS

-la préservation des zonages pré-existants

-l'homogénéité des secteurs (« Chaque secteur de tirage d’échantillon doit être aussi homogène que possible en termes de structure urbaine et sociale » (Certu,2008,p.23.) La combinaison de ces trois règles donne dans la pratique des supports de tirage construits à partir d'IRIS ou d'agrégats d'IRIS. Rappelons que le zonage en IRIS est construit par l'Insee afin d'étudier la population dans les zones urbaines denses avec un zonage fin mais suffisamment peuplé pour garantir l'anonymat des répondants au recensement (au moins 2 000 individus par IRIS). Les IRIS remplacent le découpage en îlots déficient pour la garantie de l'anonymat En se servant des IRIS pour construire le support de tirage, on est assuré de disposer des indicateurs socio-démographiques au lieu de résidence nécessaires pour le redressement de la non-réponse des EMD. Mais le support de tirage devient aussi la base du support d'analyse, sans pour autant que ce soit obligatoire et en faisant attention aux évolutions temporelles du découpage en IRIS (chapitre 3.1.2)

En 2008, le Certu ne spécifie aucune règle pour les communes non découpées en IRIS (illustration 17), car moins peuplées, ce qui signifie que la diversité géographique des communes non découpées en IRIS ne peut pas être pris en compte dans le plan de sondage.

Dans ce cas le choix du support de tirage doit s'appuyer sur les limites communales (illustration 17).

Le référentiel de localisation :

Les secteurs de tirage sont donc souvent trop grossiers pour reconstituer de manière fine la structure du territoire et l'offre de transport actuelle ou projetée. C'est pour disposer de localisations plus précises sur les origines et les destinations des déplacements que les secteurs de tirage peuvent être sous-découpés en zones fines. Le Certu appelle ce support «Découpage fin », qui correspond aussi à ce que nous avons appelé «référentiel de localisation».

Là encore, il n'existe pas de règles clairement définies pour définir le référentiel de localisation. Le guide du Certu aborde tout de même plusieurs points. Il doit tenir compte de :

-l'identification des zones génératrices de déplacements Illustration 17

-l'identification des principaux pôles d'échanges -l'identification des plans des politiques de la ville, -et être adapté à la modélisation du trafic.

Le référentiel de localisation doit permettre d'identifier les «principaux lieux de génération de déplacements ». Ces lieux sont parfois concentrés dans l'espace (Chapitre 1.1.1.2) et donc situés dans un même secteur de tirage. Ils sont plus rarement résidentiels. « Ces générateurs peuvent être des centres commerciaux, des hôpitaux, des domaines universitaires, des zones industrielles, des équipements administratifs ou culturels, etc. » (Certu, 2008, p.23) Certains générateurs sont donc plutôt des points, d'autres des zones.

Ce découpage de l'espace peut aussi être construit pour répondre à une question spécifique d'aménagement local. Par exemple, dans le cas de la création d'une ligne de tramway le référentiel de localisation des déplacements peut découper plus finement les zones concernées par le projet d'infrastructure.

Le Certu invite dans ces cas à procéder à un sur-échantillonnage au lieu de résidence pour espérer capter plus de déplacements dans ces zones d’intérêts (Certu,2008,p.25)

Enfin, le référentiel des localisations des déplacements doit être adapté aux travaux de modélisation éventuellement prévus.

Le Certu nous informe qu'en cas de doute, il est préférable d’être plus fin que pas assez. Par contre, compte tenu des effectifs enquêtés souvent très faibles dans une zone de tirage, il est évident que des exploitations sur le référentiel de localisation plus fin ne pourront être réalisées qu’avec précautions (Certu, 2008, p.25).

L’idéal est donc de procéder avec un support de tirage fin (pas forcément confondu avec le référentiel de localisation) et avec un grand nombre d'observations pour observer finement les lieux à mettre en lumière selon les projets urbains des collectivités. Mais cela a un prix que seules les collectivités les plus riches peuvent payer. L’ordre de grandeur de coût d’une EMD est de 160 € à 180 € HT par ménage suivant la taille de l’échantillon (Certu, note de synthèse, p.452). Sachant qu’un minimum de 1 500 ménages doit être enquêté, le coût minimum d’une

EMD est de 240 000 € HT.

52 Certu - note de synthèse 02 du CERTU « Mobilité et transports » - Février 2008 – [en ligne ] (consulté le 06/06/2016)

Le choix d'un référentiel de localisation peu précis car aligné sur des secteurs de tirage relativement grossiers a des conséquences sur le calcul de la distance, comme il a été vu plus haut.

L'EGT se distingue par son support de recueil des localisations. C'est en effet la seule enquête de la famille EMD à utiliser un carroyage fin et régulier pour repérer les origines-destinations dans l'espace du périmètre d'étude. Ce carroyage précis permet de calculer une distance réseau proche de la réalité, quel que soit le mode. Toutefois les secteurs de tirage et la taille d'échantillon demeurent faibles pour avoir une représentativité spatiale fine en périphérie peu dense.

Les zonages d'analyse

Les commanditaires des enquêtes doivent respecter les conditions de constructions d'échantillonnage pour recevoir une aide financière de l’État (de 20%). Certains types d'analyses doivent également être réalisées. L’exploitation «standard Certu» est un rassemblement des exploitations les plus souvent utilisées et demandées par les collectivités locales. L'exploitation standard doit traiter de l’ensemble du questionnaire standard et ne prend pas en compte les questions locales. Il convient de réaliser au moins des portraits statistiques, à défaut d' utiliser ces données dans une chaîne de modélisation. Les données des EMD doivent être réparties spatialement selon au moins trois supports dénommés : DTIR, D30 et D10. Le découpage DTIR est le découpage de base de tirage de l’échantillon. Les découpages D30 et D10 regroupent ces secteurs. « Les appellations D30 et D10, qui sont des appellations génériques, n’imposent pas des regroupements en 30 et 10 secteurs. Il appartient à la maîtrise d’ouvrage de définir ces regroupements.

• Les découpages D30 et D10 doivent être constitués de zones qui regroupent au moins deux secteurs de tirage d’échantillon (minimum 140 ménages et 320 personnes) ;

• Le découpage D10 doit être constitué d’au maximum 12 zones ;

• Le nombre de zones du D30 et du D10 résulte de la taille de l’échantillon et des deux principes ci-dessus. »

Le Certu invite donc à disposer de plusieurs supports d'analyses en agrégeant les données socio-économiques et/ou les données de localisations pour pouvoir analyser les données. Reprenons l'exemple des études menées par l'Observatoire de la Mobilité en Île-de-France

réalisées à partir de l'Enquête Globale Transport d’Île-de-France de 2010, (illustrations 13 et 14). Nous pouvons effectuer des analyses croisant les profils socio-économiques seulement à une certaine échelle d'agrégation. L'Omnil effectue des tris croisés seulement au secteur de tirage. Certes auparavant les analyses ne se faisaient qu'aux départements.

«

Concernant l’échantillonnage, l’Île-de-France a été découpée en plus d’une centaine de secteurs de tirage. Les résultats de l’EGT 2010 sont donc représentatifs à l’échelle de ces secteurs de tirage alors que les résultats des précédentes enquêtes étaient représentatifs à l’échelle des départements. » (Omnil, méthodologie EGT53)

Le support de tirage est effectivement assez fin dans certains espaces. A Paris et pour les communes de moins de 10 000 habitants les secteurs de tirage sont construits à l'aide d' agrégats d'IRIS. Pour les espaces plus périphériques les zones de tirages sont bien plus étendues. Selon les règles en vigueur les zones doivent contenir au moins 160 personnes résidentes peu importe leur superficie. Étant certainement la région la plus riche de France, L'EGT Île-de-France de 2010 a enquêté 18 000 ménages (soit près de 43 000 personnes). En moyenne, nous disposons de 430 personnes enquêtes par zone.

Nous pouvons faire des analyses descriptives au niveau individuel, mais nous n'avons pas une représentativité spatiale, ni sociale à l'intérieur des zones de tirage d'autant plus qu'elles sont grandes. Et ce en raison du faible taux d'échantillon. Nous pouvons effectuer des analyses croisant les profils socio-économiques seulement à une certaine échelle d'agrégation. Et cela pose des problèmes quant à la finesse des analyses pouvant être effectuées.

53 Omnil. Méthodologie EGT [en ligne] (Consultée le 15/06/2016) <http://www.omnil.fr/spip.php? article122>

2.2.2 L'agrégation des données d'enquêtes à faible taux