CHAPITRE III. ÉTABLIR UNE NOUVELLE METHODE D’ETUDE EN S’INTERESSANT A L’ENSEMBLE DES DEFUNTS
II.III. 1.2 Agencement des critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés par
connotés par phase chronologique
II.III.1.2.1Deux groupements distincts de critères indicatifs du genre féminin pour le
Hallstatt D2/3
Les défunts ayant été inhumés avec un ou plusieurs critères indicatifs des deux genres
sexuellement connotés sont proportionnellement plus nombreux au Hallstatt D2/3 que durant
les autres phases chronologiques. Ils représentent en effet 67 % de la totalité des individus
dont l’ensemble mobilier est rattachable à cette phase. Les critères indicatifs principaux des
deux genres sexuellement connotés, déposés dans les sépultures de cette période, sont au
nombre de huit :
− Critères indicatifs du genre sexuellement connoté féminin : la présence d’un ou deux
torque(s), de pendentif(s), de boucle(s) d’oreille, de deux bracelets ou plus et de brassard(s)
d’armilles ;
− Critères indicatifs du genre sexuellement connoté masculin : la présence d’éléments
d’armes de poing, d’armes de jet et d’éléments d’archerie.
Voici l’agencement de ces critères en fonction de leurs associations dans les assemblages
mobiliers du Hallstatt D2/3 :
Graphique 23 : AFC présentant l’agencement des critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés pour le Hallstatt D2/3. Deux pôles principaux peuvent être distingués. Le premier comprend la majorité des critères indicatifs du genre féminin et le deuxième ceux du genre masculin. Cependant, un troisième pôle peut être identifié. Il s’agit des tombes qui ne comprennent qu’un brassard d’armilles. Ce type de parure est associé dans une seule sépulture à d’autres éléments de parure (cas particulier n°1). Le cas particulier n°2 est une tombe qui renfermait un fer de lance et une paire de bracelet, qui sont des critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés. La distinction sociale hommes/femmes n’est donc pas la seule variable à être impliquée dans le choix du dépôt de ces catégories d’objets dans les ensembles funéraires.
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Sur cette analyse factorielle des correspondances, trois pôles principaux se dégagent. Le
premier regroupe toutes les catégories de parures annulaires, ainsi que les pendentifs. Ce sont
donc la majorité des critères indicatifs du genre féminin. Quelques sépultures de femmes et de
défunts immatures sont incluses dedans. Le deuxième est constitué des armes de poing, de jets
et les éléments d’archerie, qui sont des critères indicatifs du genre masculin. Mais un
troisième groupement de tombes à critère indicatif du genre féminin est toutefois identifiable.
Il rassemble cinq défunts inhumés uniquement avec un brassard d’armilles à un bras, sans que
celles-ci ne soient associées à un autre élément de parure. Les tombes sont toutes intactes,
d’après les données fournies. Aucun défunt n’a bénéficié d’une diagnose sexuelle dans les
deux derniers pôles.
Ainsi, pour la phase du Hallstatt D2/3, les critères indicatifs des deux genres sexuellement
connotés ne s’organisent pas en une opposition stricte entre ceux du genre masculin et ceux
du genre féminin. En outre, deux cas particuliers doivent être signalés. Une seule tombe
rassemble des armilles portées à un bras et d’autres éléments de parure. Il s’agit du cas
particulier n° 1 (sépulture 138 de Chouilly « Les Jogasses », dans la Marne). Le cas particulier
n° 2 correspond à la tombe 47 de la nécropole de Chouilly « Les Jogasses » qui est la seule à
contenir un fer de lance et une paire de bracelets, soit deux critères indicatifs des deux genres
sexuellement connotés. Aucune donnée ne permet de remettre en cause la fiabilité de
l’assemblage mobilier de cette sépulture.
II.III.1.2.2Une opposition dispersée en quatre pôles pour les critères indicatifs des genres
sexuellement connotés de La Tène A
Les deux phases de La Tène A1 et La Tène A2 ont été rassemblées car elles présentent de
nombreuses similarités, tant du point de vue des catégories d’objets inclues dans les
sépultures que de l’agencement de ces objets. Ainsi, l’analyse factorielle des correspondances
de cette phase repose sur dix critères mobiliers indicatifs des deux sexuellement connotés, à
savoir :
− Pour les critères indicatifs du genre féminin : la présence d’un ou deux torque(s), de
pendentif(s), de deux ou trois/quatre bracelets, d’une ou deux boucle(s) d’oreille et de trois
fibules ou plus ;
− Pour les critères indicatifs du genre masculin : la présence d’éléments d’armes de
poing, d’armes de jet, d’éléments de bouclier, d’un casque et d’un rasoir.
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Aussi, les catégories d’objets utilisées dans la distinction sociale hommes/femmes diffèrent
de celles de la phase précédente. Les brassards d’armilles ne sont plus présents dans les
sépultures, de même que les éléments d’archerie. En revanche, quatre nouveaux critères
apparaissent : les fibules déposées en trois exemplaires ou plus, les casques, les éléments de
boucliers et les rasoirs. Le critère des bracelets portés en quatre exemplaires a été ajouté à
celui des trois bracelets dans l’analyse factorielle des correspondances, car il est présent dans
seulement deux sépultures.
Cette analyse intègre 358 assemblages mobiliers comprenant un ou plusieurs critères
indicatifs sur un total de 675 ensembles, ce qui représente 53 % de la totalité des assemblages
mobiliers attribuables à la phase de La Tène A.
L’analyse factorielle des correspondances suivante présente donc l’agencement des critères
indicatifs des deux genres sexuellement connotés de La Tène A, en fonction de leurs
associations sépulcrales :
Graphique 24 : AFC représentant les associations entre les différents critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés des défunts dans les ensembles mobiliers de La Tène A. Les tombes présentent un agencement global opposant les critères indicatifs du genre féminin et ceux du genre masculin. Mais les critères indicatifs du genre masculin se divisent en trois groupes distincts. Le premier comprend les armes de poing, les boucliers, les casques et les éléments d’armes de jet. Le deuxième regroupe les défunts inhumés avec un rasoir et majoritairement un fer de lance. Le troisième est constitué uniquement de tombes comportant un rasoir. Ainsi, comme au Hallstatt D2/3, la seule différenciation hommes/femmes n’explique pas la présence et la combinaison de ces objets dans les sépultures.
L’agencement global présente une opposition entre les critères indicatifs du genre féminin
et ceux indicatifs du genre masculin. Mais en fait, quatre pôles distincts peuvent identifiés sur
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cette analyse factorielle des correspondances. Le premier comprend l’ensemble des critères
liés à la parure ainsi que plusieurs tombes de femmes, d’enfants et quelques tombes
d’hommes. Les critères sont ici corrélés de manière très stricte. Le deuxième rassemble les
armes de poing, les éléments de bouclier, les casques et les armes de jet, notamment les fers
de lance déposés en deux, trois ou quatre exemplaires et plus. Le troisième pôle est représenté
par des défunts dont les assemblages mobiliers contiennent chacun un rasoirs et des fers de
lance en un ou trois exemplaires. Enfin, le quatrième pôle est constitué par les tombes qui ne
renferment que des rasoirs comme critère mobilier indicatif.
De plus, deux tombes particulières doivent être indiquées. Celle représentée par le n° 1, est
la sépulture 11 de la nécropole de Vrigny « Mont de Vannes », dans la Marne. Elle renfermait
un défunt accompagné d’un fer de lance et d’une paire de bracelet, qui sont des critères
indicatifs des deux genres sexuellement connotés. Cette association se retrouve déjà au
Hallstatt D2/3 dans une tombe. Le cas particulier n° 2 est la tombe 25 de la même nécropole.
Elle comportait un enfant inhumé avec plusieurs critères indicatifs des deux genres
sexuellement connotés. Il s’agit d’un torque, d’un anneau en bronze fermé situé près du
torque, d’un anneau en bronze ouvert localisé à la droite du crâne (pendentif ou boucle
d’oreille), d’un fer et d’un talon de lance. Ces deux derniers objets sont de taille très réduite,
ce qui écarte l’idée d’une fonctionnalité certaine. Cette remarque rejoint donc ce qui a été
précédemment énoncé, à savoir que l’armement n’est pas exclu des tombes d’enfants. En
revanche, il peut y être représenté de manière non fonctionnelle, que ce soit dans la nature des
éléments d’armement présents ou dans leur taille. Cette tombe représente, de plus, un nouvel
assemblage mobilier où des critères des deux genres sexuellement connotés ont été associés.
Aussi, l’opposition entre les critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés n’est
pas réellement stricte durant la phase de La Tène A. En effet, les critères indicatifs du genre
masculin sont agencés en trois groupes distincts. Le pôle qui comprend uniquement des
rasoirs est représenté par six sépultures, dont trois appartiennent à la nécropole
d’Oulchy-la-Ville « La Bayette » (Aisne). Elle n’a pas livré d’éléments d’armement. Il est intéressant de
noter aussi que l’association rasoir/éléments d’armement, présente également dans six
tombes, est effective uniquement avec les armes de jet.
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II.III.1.2.3Une opposition assymétrique pour les critères indicatifs de La Tène B1
Les phases de La Tène B1a et La Tène B1b ont été également rassemblées pour deux
raisons principales. Tout d’abord, le nombre de tombes datables de chacune de ces deux
phases est assez limité (respectivement 35 et 43 sépultures). De plus, les catégories d’objets
indicatives des deux genres présentes dans les assemblages mobiliers de ces phases sont
similaires, excepté les boucles d’oreille qui se retrouvent uniquement en un exemplaire dans
une tombe datable de La Tène B1a (sépulture 35 de Villeneuve-Renneville « Le Mont
Gravet », dans la Marne). Les catégories d’objets indicatives du genre sexuellement connoté
des défunts, pour la phase de La Tène B1, sont au nombre de neuf principaux :
− Critères indicatifs du genre féminin : présence d’un torque, de pendentif(s), de deux ou
trois bracelets, d’une boucle d’oreille, de trois fibules ou plus et d’une chaîne reliant deux
fibules ;
− Critères indicatifs du genre masculin : présence d’armes de poing, d’armes de jet et
d’éléments de bouclier.
Le nombre de défunts concernés par ces critères, pour La Tène B1, représentent 50 % de la
totalité des individus dont l’ensemble sépulcral est rattachable à cette phase. L’agencement
des critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés se répartit de la façon suivante :
Graphique 25 : AFC représentant l’agencement des critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés de la phase de La Tène B1. Ils s’organisent en deux pôles opposés. Cependant, comme pour les critères de La Tène A, la disposition des critères indicatifs du genre masculin est plus lâche. Le groupe des critères indicatifs du genre féminin montre une corrélation moins stricte par rapport à la phase précédente. Cet aspect « éclaté » des deux pôles provient sans doute du faible nombre de tombes à critères mobiliers indicatifs datables de La Tène B1, ce qui fournit des résultats limités.
Deux groupes apparaissent sur l’analyse factorielle des correspondances présentant
l’agencement des critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés, en fonction de
leurs associations dans les ensembles mobiliers de La Tène B1. Le premier rassemble les
éléments de parure, critères indicatifs du genre féminin et le second les éléments d’armement,
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critères indicatifs du genre masculin. Cependant, leur agencement interne n’indique pas une
corrélation nécessairement très stricte entre les critères. Le cas particulier n°1 représente une
tombe d’enfant intacte (BLH 452 de Bucy-le-Long « La Héronnière », dans l’Aisne) qui ne
contient que trois fibules et une chaîne reliant deux fibules, alors que les autres sépultures
présentant cette association contiennent d’autres critères indicatifs. Elle ne peut donc pas
représenter un troisième pôle à part entière. Aucun autre assemblage particulier ne peut être
identifié.
Ainsi, comme c’était le cas pour les types d’objets indicatifs du genre masculin de La Tène
A, ceux rattachables à la phase de La Tène B1 ont une disposition très lâche qui nuance leur
opposition avec les critères indicatifs du genre féminin. L’agencement de ces derniers est
également un peu plus dispersé qu’à la phase chronologique précédente. Ceci peut être dû au
nombre plus réduit de tombes attribuables à cette phase chronologique. Mais cela peut aussi
provenir du fait que la réunion des critères, dans les assemblages mobiliers, est plus variée
qu’aux périodes précédentes. Aussi, les résultats obtenus pour la phase de La Tène B1 sont
nécessairement plus limités que pour les deux phases précédentes.
II.III.1.2.4Deux pôles pour les critères indicatifs du genre masculin à La Tène B2-C1
Les deux phases de La Tène B2-C1 ont été associées car elles présentent de nombreuses
similarités du point de vue des catégories d’objets indicatives des deux genres sexuellement
connotés. Le changement majeur qui se produit à partir de La Tène B2, par rapport aux phases
précédentes, est l’introduction dans les assemblages mobiliers des ceintures et des chaînes de
suspension sur lesquels tous les éléments tendent à être entièrement en métalliques. C’est
également à partir de cette période que ces ceintures deviennent typologiquement impliquées
dans la différenciation des défunts à partir de leur genre sexuellement connoté. De plus, les
rasoirs sont à nouveau rattachables à des ensembles mobiliers datables de La Tène B2 ou La
Tène C1.
L’analyse de l’agencement des critères indicatifs de la phase de La Tène B2-C1 porte sur
108 assemblages mobiliers comportant un ou plusieurs critères indicatifs, sur un total de 185,
ce qui représente 58 %. Le nombre de critères indicatifs principaux impliqués est de douze :
− . Critères indicatifs du genre sexuellement connoté féminin : la présence d’un torque,
de pendentif(s), de deux ou trois bracelets, de deux anneaux de cheville, de trois fibules ou
plus, d’une chaîne reliant deux fibules et d’une ceinture à six anneaux ou plus ou à anneaux
reliés ;
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− Critères indicatifs du genre sexuellement connoté masculin : la présence d’une arme
de poing, d’une chaîne de suspension, d’éléments de lance (fer(s) et/ou talon), d’un bouclier
et d’un rasoir.
Voici donc l’analyse factorielle des correspondances des critères mobiliers indicatifs des
deux genres sexuellement connotés de La Tène B2-C1 :
Graphique 26 : AFC présentant l’agencement des critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés pour la phase de La Tène B2-C1. Leur disposition permet d’identifier trois pôles. En effet, deux pôles sont constitués de la majorité des critères indicatifs de chacun des deux genres. Mais le pôle des rasoirs, critère indicatif du genre masculin, se détache nettement. Trois cas particuliers peuvent aussi être déterminés. Il s’agit de trois tombes qui rassemblent chacune des critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés. Ainsi, ces critères indicatifs des deux genres sexuellement connotés ne représentent pas seulement la distinction sociale hommes/femmes pour la phase de La Tène B2-C1, comme pour les autres.