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I- Promotion de la vaccine par la mise en place d’une organisation sanitaire

4- Adjonctions de quatre comités secondaires

Le nouveau préfet de la Seine-Inférieure le Comte Stanislas de Girardin fut nommé en 1812 et les autorités se préoccupèrent de nouveau de la vaccine. Devant les résultats décevants de l’arrêté du 20 nivôse an 12, Girardin prit un nouvel arrêté le 31 juillet 1813 réorganisant le comité de vaccine. Il créa, en plus du comité central, quatre comités secondaires dans les arrondissements de Dieppe, Le Havre, Neufchâtel, et Yvetot.

(Annexe 4 : nouvel arrêté du préfet Girardin du 31 juillet 181385.)

Les principales modifications apportées au précédent arrêté de 1804 étaient les suivantes : Le comité central était composé de neuf membres dont trois formaient le bureau permanent de correspondance, les comités secondaires étaient composés de trois membres chacun. Lors de cette réforme, on comptait au sein du comité central des personnalités religieuses.

Afin de pallier le problème de la vaccine dans les campagnes, la vaccination devint ouverte sous certaines conditions aux sages-femmes et aux Sœurs de la Charité, dans les milieux ruraux. Des dépôts de vaccins furent mis à disposition des officiers de santé.

Les « indigents » qui ne pouvaient pas présenter de justificatif de vaccination étaient privés de secours publics.

Mais cette nouvelle organisation n’aboutit qu’avec le nouveau préfet, le Comte de Kergariou, le 9 juillet 1816. Il réorganisa de nouveau le comité de vaccine, conservant l’idée d’un comité central rouennais et ses quatre comités secondaires86.

La composition du comité en 1816 était beaucoup plus diversifiée : 30 % d’administrateurs, 30 % d’officiers de santé ou de médecins, 5 % de notables divers, et 35 % de religieux87.

85 ADSM, 5M225, nouvel arrêté du 31 juillet 1813, par le Comte de Girardin.

86 FELTGEN K, Antoine Louis Blanche et les débuts de l’inoculation vaccinale à Rouen et en Seine-Inférieure au

XIXe siècle. Séance GHHR 18 mars 1998, op. cit.

87 BLANCHE E., vice-président,BORDEAUX G., secrétaire. Rapport sur les travaux de la Commission permanente

42 Le Comte de Kergariou insista auprès des sous-préfets des arrondissements pour que soient

formés sans délai les comités secondaires et que leur soit fournie une salle pour la tenue des séances, dans les locaux des bureaux de bienfaisance ou à la mairie. Des fonds nécessaires à l’extension de la vaccine furent débloqués par le département. Le préfet demanda que chaque médecin, chirurgien, ou officier de santé vaccinateur qui n’était pas membre d’un comité de vaccine, reçoive un brevet d’adjonction afin de vacciner, et qu’il soit invité à assister aux séances du comité central88.

En 1816, le comité secondaire d’Yvetot nomma onze médecins et chirurgiens pour se porter dans les communes afin de propager la vaccine. Les curés des communes devaient préparer les enfants au jour et à l’heure prévue pour les vaccinations89. Les vaccinateurs se rendaient de nouveau dans les communes où leur étaient à nouveau présentés tous les individus qu’ils avaient vaccinés, afin de vérifier le succès de leur opération.

A partir de janvier 1819 jusqu’en juillet 1820, Louis Antoine Malouet (1780-1842) fut préfet du département à la suite de monsieur Kergariou. Il s’occupa beaucoup de la vaccine pendant cette courte période où treize arrêtés et circulaires furent publiés90. Il fut remplacé par le Baron Charles de Vanssay (1779-1875) entre 1820 et 1828 qui réorganisa le service vaccinal en 1826. Le comité central était alors composé de 42 % de professionnels de santé. Notons que c’est au préfet de Vanssay, soucieux de la préservation du patrimoine, que l’on doit la fondation des Archives Départementales de Seine-Maritime.

En 1827, le comité central de vaccine fut réorganisé sous la direction d’Achille Cléophas Flaubert (1784-1846), le père de Gustave Flaubert, qui était chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu et fondateur de l’Ecole de Médecine de Rouen.

(Annexe 5 : nouvelle organisation du comité central et ses relations avec les comités secondaires d’arrondissement, 182791.)

Il fut décidé que le comité central se réunirait chaque mois, et les comités secondaires tous les trois mois. Messieurs Des Alleurs et Vingtrinier furent nommés secrétaires. Des vaccinations gratuites devaient avoir lieu au moins deux fois par an dans chaque commune, et l’accès aux vaccins fut facilité pour les vaccinateurs92.

Le comité de vaccine de Rouen fut de nouveau réorganisé à la suite de l’arrêté du 21 mai 1836, par le nouveau préfet le Baron Henri Dupont-Delporte qui occupa ce poste de 1830 à 184893. Le docteur Achille Flaubert fut nommé président du Bureau permanent de correspondance94.

88 ADSM, 5M225, arrêté du Comte de Kergariou, 9 juillet 1816.

89 ADSM, 5M225, du sous-préfet aux maires de l’arrondissement d’Yvetot., 1816. 90 ADSM, 5M236, rapport sur la vaccine à monsieur le ministre de l’Agriculture, 1843.

91 ADSM, 5M236, arrêté relatif à la nouvelle organisation du comité central de vaccine et de ses relations avec les comités secondaires, 1827.

92 ADSM, 5M236, arrêté relatif à la nouvelle organisation du comité central de vaccine et de ses relations avec les comités secondaires, 1827.

93 ADSM, 5M236, arrêté du 21 mai 1836 du préfet Dupont-Delporte sur l’organisation du service de la vaccine. 94 ADSM, 5M236, avis important du comité central de vaccine, 1836.

43 Le comité central était alors composé de 39 % de médecins et de chirurgiens, 22 %

d’administrateurs, 30 % de religieux et 9 % de notables.

La nouvelle organisation fut soumise au préfet par les docteurs Des Alleurs et monsieur Desbois, afin de pallier les lacunes qui existaient depuis les premiers règlements de 1804. Ces nouvelles mesures restèrent en vigueur jusqu’en 1865 :

Chaque commune devait tenir un registre mentionnant les sujet vaccinés, les cas de variole, les morts, les « défigurés ou estropiés », et déclarer tous les cas de variole. Un rapport complet sur les vaccinations de l’année précédente devait être envoyé annuellement au ministre.

Le titre de « vaccinateurs spéciaux » fut créé pour ceux qui avaient à charge les vaccinations publiques et gratuites dans leurs communes de circonscription. Les vaccinateurs qui viendraient à manquer dans certaines localités furent remplacés. La liste des naissances était donnée aux vaccinateurs afin qu’ils aillent dans les familles proposer leurs soins aux nouveaux nées. Il fut instauré des vaccinations annuelles au printemps, et des vaccinations « extraordinaires » en cas d’épidémie.

L’obligation vaccinale auprès des enfants trouvés et ceux des établissements publics fut renforcée : des contrôles furent réalisés par des vaccinateurs ou par les maires lors de visites dans les écoles, et par des « commissaires inspecteurs des enfants » dans les pensions et chez les nourrices.

Un prix spécial fut créé, la « médaille du Lauréat » offert au plus méritant des vaccinateurs. Un versement d’indemnité pécuniaire d’une valeur variable devait être versée pour toutes dépenses personnelles liées à la vaccine. Les comités secondaires devaient veiller à l’envoi régulier et gratuit de tubes de vaccin, de tableaux de vaccination, de certificats imprimés…

En 1846, à la suite du décès du docteur Flaubert, Antoine-Emmanuel-Pascal Blanche (1785- 1849), fils d’Antoine Louis Blanche et chirurgien en chef de l’Hospice général, fut nommé président du comité central de vaccine de Rouen95. En 1854, le docteur Desbois devint président du comité de vaccine en remplacement du docteur Des Alleurs.