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Une ‘adaptation’ des objectifs initiaux

3. Des méthodes variées, des données de provenances multiples (Christophe Dansac,

3.2. Une ‘adaptation’ des objectifs initiaux

Dans tout projet, les choix faits initialement font l’objet d’adaptations au cours de la réalisation en fonction des opportunités qui se présentent mais aussi des contraintes non prises en considération (découvertes sur le terrain) ou imprévisibles. GARP 2 en tant que projet de recherche vivant n’a pas échappé à cette règle. La collecte des données a ainsi subi deux

adaptations. La première d’entre elles a consisté à saisir une opportunité (née du partenariat avec la CPCA Midi-Pyrénées), celle d’accéder facilement à un grand nombre de jeunes impliqués dans des associations à l’occasion d’un regroupement régional des jeunes engagés en service civique volontaire. La seconde adaptation – somme toute moins positive comme nous pourrons l’examiner par la suite – fut le résultat de la répartition des tâches au sein de l’équipe de recherche, impliquant la délégation de la collecte des données à un de ses membres, et de l’autonomie qui lui était laissée.

3.2.1. L’opportunité de l’étude par questionnaire sur les jeunes en SCV

Au cours des premiers mois de ce contrat de recherche, la CPCA Midi-Pyrénées, notre partenaire, nous a informés de la programmation – par la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports (DRJS) en collaboration avec les membres de la CPCA – d’un regroupement de tous les jeunes en contrat de service civique de la région. Ce regroupement, en présence de Martin Hirsch – alors président de l’agence du service civique – et de Valérie Fourneyron – ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative – constituait un terrain d’observation précieux en rapport aux thématiques de l’engagement et de la jeunesse. L’invitation de la CPCA Midi-Pyrénées et l’accord des services de la DRJS nous ont permis d’élaborer une enquête spécifique à l’occasion de ce temps fort.

Le Service Civique est un dispositif permettant à des jeunes de moins de 25 ans de s’impliquer avec le statut de volontaire dans des missions d’intérêt général pendant une durée de 6 à 12 mois en étant indemnisés. Ce dispositif concerne majoritairement le monde associatif, même si les collectivités et établissements publics peuvent également accueillir des volontaires. Il s’agit d’un dispositif dans lequel ce monde associatif a investi beaucoup d’espoirs. Certains acteurs associatifs y voient en effet une possibilité de mieux faire connaître le monde associatif aux jeunes, et de faciliter par la suite leur engagement bénévole. En investissant dans le volontariat et l’engagement citoyen en leur sein, les associations pensent en retirer une possibilité supplémentaire de rajeunissement et de renouvellement, des bénévoles comme des dirigeants. Il était donc intéressant d’étudier ce public particulier afin de questionner ses attentes et ses motivations à l’égard du volontariat. De plus, les filles sont largement représentées dans ce dispositif, puisque près de 60% des volontaires sont de sexe féminin. Enfin, l’objectif de l’agence du service civique étant d’obtenir une mixité sociale la plus grande possible, accéder à ces jeunes était également une opportunité de compenser le niveau d’instruction élevé traditionnellement observé dans les études sur le monde associatif.

La constitution de l’outil de recueil utilisé à cette occasion sera traitée plus particulièrement dans la partie rapportant sur ces données (cf. L’engagement des jeunes en Service Civique, p. 128).

3.2.2. Une collecte déviant du terrain originellement prévu

Mener une recherche pose la question de la récolte des données. Celle-ci doit pouvoir être menée de façon rigoureuse. Que la recherche soit déductive (le chercheur part d’un questionnement qu’il va problématiser posant une ou plusieurs hypothèses qui seront travaillées au regard de la récolte de données) ou inductive (le chercheur s’inscrit dans un terrain sur lequel il va pouvoir repérer des problématiques qu’il tentera d’éclairer théoriquement), le chercheur devra interroger sa posture. La difficulté est alors de pouvoir se mettre à distance de son objet. Hors, très souvent, l’objet n’est pas choisi par hasard, porté par des questionnements propres au chercheur. Le risque est donc de se laisser porter par son intérêt propre et de constituer un échantillon qui ne servira plus tout à fait la recherche, même si celui-ci permet d’éclairer certains questionnements. Si l’approche inductive entraine une épistémologie de terrain qui se centre sur les données produites par le terrain (Glaser & Strauss, 1967), il existe aussi une épistémologie du chercheur qui pourra centrer la constitution de son échantillon et sa récolte de données sur ses intérêts propres. Si l’empathie lors de la passation des entretiens reste une règle de rigueur (Olivier de Sardan, 2008), elle peut quelquefois être mise à mal par un chercheur débutant se laissant entrainer par la passion qu’il met dans l’objet traité. C’est la limite de ce travail qui a vu le chercheur développer des interrogations autour de la commande tout en orientant le choix de son échantillon vers ses intérêts scientifiques propres. Ce biais permet, malgré tout, une réflexion autour des questions portées par la recherche, mais donne une limite aux résultats, limite qui existe toujours dans la recherche.

Ainsi, l’échantillon concerné par les 40 premiers micros-trottoirs réalisés présente un niveau moyen d’instruction assez élevé, et une implication associative forte. Plusieurs de ces micros- trottoirs (que nous appellerons ensuite les micros-trottoirs de la phase 1) ont été réalisés à proximité immédiate de lieux associatifs.

Quant aux entretiens semi-directifs, le nombre fixé comme objectif n’a certes pas été atteint, mais c’est surtout le domaine d’intervention des bénévoles et dirigeants qui a dévié des objectifs initiaux. En effet, plusieurs personnes enquêtées sont engagées dans des associations où la préoccupation pour la question du genre est centrale (association féministe, planning

familial) et/ou avaient fait des études supérieures directement reliées à la question de la domination (master en sociologie).

Même si l’équipe de recherche a pris connaissance de ces biais, la courte durée du contrat de recherche a interdit leur rectification ultérieure pour ce qui concernait les entretiens semi- directifs. Ce matériau de recherche présente néanmoins une grande richesse, et il aurait donc été dommage de ne pas l’exploiter. Cependant les interprétations résultant de ces analyses doivent être relativisées par les caractéristiques de l’échantillon constitué.