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Les acteurs d’une CAE selon la diversité des profils, des métiers, des fonctions, d’implication dans la gouvernance et la répartition des femmes et des hommes.

Section 2. L’enquête sociale comme outil de recherche-action : du processus de découvertes au traitement des résultats

2. Les acteurs d’une CAE selon la diversité des profils, des métiers, des fonctions, d’implication dans la gouvernance et la répartition des femmes et des hommes.

29Cela inclut également les temps de participations observantes au sein de Coopaname, même si ces temps dépassent mes

choix, devant la nécessité de participer à certains temps liés à l’activité de travail même.

Ce travail sur soi visait à réfléchir sur le cheminement de pensée qui a mené à cette recherche et identifier mon positionnement pour construire cette posture de chercheuse-actrice. Desroche (1990) concevait l’autobiographie raisonnée comme une démarche préalable et structurante à la recherche-action en per- mettant de faire état du capital expérientiel de l’acteur-chercheur. Ce travail « maïeutique d’entraînement mental » va de l'action à la recherche et de l'expérience à l'expression. En d'autres termes, « il s’agit de transformer [une] expérience vécue en projet à validité scientifique » (Mias, 2005, p. 5). L'autobiographie raisonnée fait émerger une conscience décalée de l'expérience. Elle permet de se distancier de sa pratique pour la surplomber (émergence du doute), et parvenir à un état de non-jugement, en réalité un exercice constant tout au long de la recherche (Desroche, 1990). C’est une étape de préparation en amont ou au début de la recherche. À partir du récit centré sur mes expériences professionnelles, un fil conducteur a permis d’identifier trois motivations dans ce projet : 1. l’ambition de contribuer à apporter une nouvelle analyse, d’ordre économique, sur le système productif des CAE, en intégrant une dimension sociopoli- tique au cœur du projet des CAE ; 2. la volonté de répondre aux problèmes décelés au sein des CAE afin d’assurer la pérennité et le développement de leur projet en travaillant avec les actrices impliquées ; 3. l’idée de construire un schéma d’analyse théoriquement étayé et cohérent avec le projet des CAE afin d’enrichir les connaissances socioéconomiques sur ces organisations productives. L’exercice de l’autobio- graphie raisonnée a permis de prendre du recul vis-à-vis de ma posture d’actrice dans la CAE et rentrer dans un processus de recherche-action. La distanciation acquise vis-à-vis de mon expérience profession- nelle, par la formalisation des objectifs de recherche, a favorisé l’élaboration d’un projet de recherche à visée scientifique et pratique.

140 3. Les espaces de production aux finalités différentes (réunion des salariés de l’entité mutua-

lisée ou d’entrepreneuses ou encore les Assemblées générales) pour appréhender globalement les règles, les dynamiques et les modes de production.

Pour décortiquer ces observations participantes, j’ai élaboré une grille d’analyse ordonnée d’après les thématiques suivantes : l’organisation des activités productives, les relations professionnelles, le mo- dèle socioéconomique, la gouvernance démocratique, le Projet politique (cf. Annexe 6). Dans la mesure du possible, j’ai participé à des temps comparables dans chacune des CAE étudiées, selon des con- traintes temporelles et des distances géographiques. De nombreux espaces d’observations ont pu être investis du fait de mon ancrage à Coopaname : ils ont principalement eu lieu dans les temps de vie de la coopérative. J’ai aussi pu participer à des événements accueillants plus largement les CAE des deux réseaux (Copéa et CPE)30. Une synthèse de l’ensemble de ces temps d’observations est disponible en Annexe 7. En sus de ces temps d’observations formels, il ne faut pas minimiser l’importance des échanges informels qui ont permis d’enrichir ma compréhension des enjeux stratégiques et de diffi- cultés relationnelles par exemple, qui ne sont pas toujours ressortis lors des temps d’observations formels de la recherche.

Dans un second temps, l’enquête qualitative a consisté à accomplir 34 entretiens semi-directifs afin d’approfondir les observations. À partir d’un premier travail d’analyse des observations réalisées, la grille d’entretien établie fait ressortir des thématiques, des étonnements et des questionnements, di- rectement en lien avec le problème de recherche identifié : elle est nourrie par mes lectures théoriques. C’est à partir de ces éléments que les grilles d’entretiens semi-directifs ont été élaborées (cf. Annexe 8). Les 35 entretiens semi-directifs visaient à étudier (pour voir le panel cf. Annexe 9) : les profils des membres des CAE, la nature et l’organisation de leur travail, les modalités et les tensions de leurs relations professionnelles, les dynamiques des Activités entrepreneuriales et la coopérative, les rap- ports de pouvoir dans les prises de décisions, leurs valeurs et principes et leur rapport au projet socio- politique de la coopérative, leur implication dans la vie coopérative, leurs attentes et leurs satisfactions vis-à-vis de la coopérative.

Qualification du corpus documentaire

Une attention particulière est portée ici à la composition du corpus documentaire. C’est l’ensemble des ressources, sous forme de documents écrits principalement, formels ou informels, d’ordre infor- mationnel, communicationnel, organisationnel, stratégique, réflexif ou légal, interne ou public. La né- cessité de préciser le périmètre du corpus documentaire s’explique par l’usage d’ouvrages, de mé- moires et d’articles rédigés par des membres de CAE. Dans un deuxième temps, nous avons recensé les documents d’ordre administratif, juridique, organisationnel et stratégique produits par chacune

30 Par exemple, lors de la présentation des résultats de l’enquête, sur le modèle socioéconomique des CAE organisée

141 des trois coopératives étudiées. Plusieurs remarques préliminaires nécessitent d’être formulées à pro- pos du corpus documentaire mobilisé, et des caractéristiques de la revue de littérature effectuée sur les CAE. L’identification de la nature des articles, des méthodologies de recherche, des qualités et fonctions des auteurs, ainsi que des terrains d’enquête permet d’objectiver les apports et les limites de ces ressources. Plusieurs types sont mobilisés :

(1) Le premier est composé de mémoires de recherche réalisés par des étudiants de master en formation continue et des actrices de CAE, dans le cadre d’une formation dédiée aux dirigeants de CAE.

(2) Deuxièmement, les études réalisées par des cabinets de conseil, les rapports réalisés pour les services de l’État ont été recensées. Par exemple, le Diagnostic de transférabilité de Cap Services - Coopérative d’Activités (1999) constitue une ressource historique pour com- prendre les fonctions de la coopérative et les modalités d’essaimages alors envisagées. Le rap- port du groupe Banque publique d’investissement intitulé Les Coopératives d’Activités et d’Em- ploi en Rhône-Alpes - Analyse rétrospective et prospective (2012) donne accès à des données d’autres études menées dans la région, ainsi qu’un historique socioéconomique du développe- ment des CAE. Ces ressources ont permis d’appréhender l’émergence des CAE, des probléma- tiques rencontrées et des solutions esquissées.

(3) Troisièmement, les articles et les ouvrages écrits par des acteurs résultants de RA enga- gées par des CAE ont été répertoriés.

(4) Quatrièmement, il a été distingué la littérature issue d’enquêtes menées sous forme de RA incluant des acteurs de CAE et des chercheuses, comme l’enquête Revenus & Temps (Ballon et al., 2018).

(5) Le cinquième type de ressources constitue des communications scientifiques présentées lors de colloques, et des articles scientifiques réalisés par des chercheurs de différentes disci- plines.

La mobilisation de ces différents types de ressources n’est pas évidente dans la mesure où elle oblige la chercheuse à bien identifier l’origine des informations et des analyses citées, en particulier lorsque ce sont des articles de recherche produits par des membres de CAE. C’est pourquoi l’origine des res- sources a été clarifiée, tout en s’en saisissant pour enrichir notre analyse et inclure l’autoréflexion que portent les acteurs sur leurs actions. De fait, ma posture de chercheuse-actrice et le choix d’une dé- marche de RA ont favorisé l’accès à des documents variés déployés par les coopératives dans leur gestion quotidienne ou pour leur communication31. Cette richesse documentaire s’est avérée utile dans le processus de triangulation des données, tout en nécessitant un travail de sélection, et une méthode d’analyse rigoureuse et efficace. Au début de l’enquête, une liste des éléments d’information néces- saires à la recherche a été établie, en y adjoignant une liste de documents internes aux coopératives.

31À Coopaname, accès au serveur interne où sont stockés l‘ensemble des documents utilisés par la coopérative ; À Oxalis,

accès au système d’information CoopRM stockant des documents législatifs, des documents de gestion et d’accompagnement et des documents comptables et stratégiques.

142 Selon les besoins en termes de processus de travail, d’informations stratégiques, de règles statutaires, de données en gestion, en comptabilité, cinq catégories documents sont distingués (cf. Annexe 10) :

- Les documents formels à valeur juridique ou comptable : statuts, liasses fiscales,

- Les documents opérationnels : compte-rendu de réunions, bilan de projets subventionnés, - Les documentions fonctionnels : outils de formation, charte, livret d’accueil,

- Les documents communicationnels d’ordre politique : rapport d’activités, tribune, - Les documents de réflexion : ouvrages, mémoires produits par les acteurs.

Les documents formels à valeur juridique et comptable, les éventuelles chartes et livrets d’accueil, les rapports d’activité annuels, les ouvrages (Béatrice Poncin, Elisabeth Bost, Artenréel 10 ans) et les mé- moires des dirigeants des trois CAE étudiées ont été recensés de façon systématique depuis la création des CAE (2003/2004). Les ouvrages et les mémoires, les rapports de gestion et les PV d’AG constituent des sources importantes pour considérer l’histoire socioéconomique des CAE. Les liasses fiscales, les rapports de gestion et les rapports d’activités, complétés par des documents de suivis internes de l’ac- compagnement des entrepreneuses et de l’évolution du développement de leurs AE, ont permis de constituer une base de données statistiques pour construire des indicateurs. Ceux-ci furent d’ailleurs enrichis par les résultats des études réalisées sous l’égide de la CGScop, en partenariat avec les deux réseaux de CAE (Nivet et Scalbert, 2014 ; Chambolle et alii, 2016). Le recueil de ces données a permis de considérer différentes explications pour appréhender certains choix, les bifurcations et les tensions observées dans les CAE, voire de répondre à des incompréhensions et étonnements ressortis des ob- servations et des entretiens. La pluralité de ces ressources constitue une richesse pour analyser les conditions d’émergence, puis de développement des CAE, illustré dans cette RAPI par trois cas, afin de pratiquer la triangulation des données (cf. ci-dessous).

Une démarche participative

La dimension pragmatiste de notre RAPI intègre un objectif de démocratisation des connaissances produites, en cherchant à « casser les relations de pouvoir existantes » (Greenwood et Levin, 1998, pp. 88). Il s’agit de concevoir des règles, des moyens et des espaces pour rendre possible un dialogue dynamique entre les parties impliquées. Après avoir défini les termes du contrat éthique négocié entre les acteurs et la chercheuse (4.1.), les relations basées sur des principes d’égalité et de coopération sont spécifiées (4.2.). Enfin, les trois types d’outils, de moyens et d’espaces de transmission et de discussion des connaissances créés sont décrits (4.3.).

La formulation de contrats éthiques de recherche

Toute RA implique en amont l’élaboration d’un contrat éthique de recherche - qu’il soit tacite ou explicite - précisant les rôles et postures des parties prenantes du collectif, l’objectif et la finalité de la recherche au regard d’un problème à formuler, le déroulement de la recherche par étapes, et enfin les modalités de valorisation de la recherche. C’est ce que J. Zask (2004, p. 163) qualifie avec l’expression « inter-objectivation », expression désignant « une relation d’enquête telle que les membres d’une société produisent par leurs efforts respectifs et leur coopération, quelle qu’en soit la nature, une nouvelle situation

143 sociale dans laquelle s’inscrivent leurs intérêts pluriels ». Cette spécialiste de la philosophie politique pragmatiste considère que l’« enquête sociale » prend la forme d’un travail d’« inter-objectivation ». Au cœur du processus, la coopération entre les parties est essentielle dans la mesure où c’est la plura- lité des perspectives qui favorise la résolution du problème appréhendé. De l’énonciation du principe à la réalisation effective de cette égalité et des relations de coopération dans le processus de recherche, il en résulte un écart découlant de la spécificité de la dialectique RA. Ces règles collectives clarifient l’objet, le déroulé de la recherche et définissent les rôles hybrides des parties prenantes. Cette étape initiale de la recherche favorise le bon déroulement de la recherche. Elle assure l’élaboration d’inte- ractions dynamiques dans un cadre assurant confiance et transparence entre les personnes impliquées. Cette RAPI inclut plusieurs formes de contrats :

- Un contrat légal écrit (CIFRE) avec Coopaname. C’est l’outil central dans cette RAPI dans la mesure où il stipule les engagements réciproques entre les parties prenantes concernant l’articulation du travail de la chercheuse et un accord mutuel sur les finalités de la recherche (la réalisation d’une recherche pratique et scientifique).

- Un contrat tacite et oral avec Oxalis et Artenréel. Aucun document formalisé n’a été ré- alisé spécifiquement concernant la relation avec les deux autres coopératives, et les partici- pantes.

- Une convention partenariale avec la CGScop. La contribution financière apportée par la CGScop pour finaliser le travail de recherche, après la fin de la CIFRE, s’est vue elle-même encadrée par une convention clarifiant l’objet, la nature et l’utilisation des données de l’Étude qui valorise une partie des résultats de la thèse32. Cette convention précise les objectifs de l’Étude. Ce partenariat inclut l’accès à des données statistiques, et implique la mise en œuvre d’ateliers de coconstruction sur les modèles socioéconomiques des CAE.

Dans tous les cas, en amont de ces différents accords, il a fallu expliciter mon approche de RAPI en précisant le rôle des parties prenantes dans la recherche et l’usage des données. Tout d’abord, dans un but pédagogique, il a été nécessaire d’expliquer le principe et la forme du processus de recherche notamment aux responsables des trois coopératives, les personnes présentes lors des temps d’obser- vation, les participants des ateliers de RA ou encore les personnes du panel des entretiens semi-direc- tifs.

Le risque de ces partenariats réside dans l’utilisation politique des données. Ce biais est d’autant plus marqué aux vues des positionnements stratégiques divergents entre les trois coopératives étudiées33. Par ailleurs, la relation partenariale avec la CGScop s’inscrit dans un contexte où son rôle dans la création fédération des CAE34 est marquée par des tensions politiques entre les deux réseaux aux

32 Cette convention a été signée le 3 octobre 2018.

33 Coopaname n’est plus membre du réseau CPE, mais de la CGScop, Oxalis est membre du réseau Copéa, et a adopté une

posture critique des règles de cotisations fixées par l’URScop et enfin Artenréel, membre du réseau CPE, a vu son dirigeant devenir délégué du réseau CPE.

144 stratégies relativement divergentes. Il a donc été important d’affirmer ma posture de chercheuse, en dehors de ces discussions politiques, afin d’assurer la scientificité et la légitimité des résultats de la recherche. Le raisonnement abductif a favorisé la conscientisation de ces enjeux par un aller-retour régulier entre action et recherche, entre travail d’analyse individuel et coconstruit. Face à ces biais potentiels, les relations égales de confiance ont rendu possible la finalisation de cette recherche, ainsi que le travail de coconstruction. En outre, le choix de l’usage de la Licence publique Creative Com- mons Attribution - Utilisation non commerciale - Partage dans les mêmes conditions 4.0 Internatio- nal35 vise à protéger les résultats de la recherche dans une perspective de production commune, tout en impulsant une appropriation des savoirs auprès des actrices.

Ces trois formes de contractualisation ont soutenu le bon déroulement de la recherche par la clarifi- cation des rôles et de la nature des relations entre les parties prenantes de cette RAPI, même si des ajustements de ma posture et de mes activités de travail ont été nécessaires.

Des relations basées sur la coopération à l’épreuve de la recherche en action

Les relations entre chercheurs et actrices sont sensibles et demandent une grande attention dans le processus de conception méthodologique, afin de pouvoir mener à bien l’enquête. Le mot coopération qualifie un rapport construit de façon équitable et respectueuse entre les personnes, en lien avec la production commune de nouvelles connaissances. Avant d’entrer dans l’analyse réflexive de la nature et des caractéristiques des relations sociales, il est utile de présenter les catégories de participantes à cette recherche, puisqu’ils n’impliquent pas les mêmes enjeux de recherche, ni les mêmes liens so- ciaux.

Coopaname, l’employeuse. En tant que chercheuse-actrice au sein de la coopérative, ma relation privi- légiée avec les membres de Coopaname, basée sur une confiance réciproque, a été un appui essentiel dans le processus de recherche. Cette relation m’a permis de recueillir des informations et des données qu’il aurait été difficile d’obtenir autrement, lors de temps informels. Du fait de son histoire et son rapport à la recherche, Coopaname s’est révélée proactive pour autoriser l’accès aux données deman- dées, voire consacrer du temps pour des échanges et des discussions, et cela même, après la fin de la CIFRE.

Oxalis et Artenréel, partenaire. Le deuxième type de relation tissé a été celui avec les dirigeantes d’Oxa- lis et Artenréel, qui engageaient les coopératives dans un processus de RAPI. Il s’est décliné à travers d’autres relations nouées le temps des observations participantes et des entretiens semi-directifs. Elles se sont révélées plus proches des relations « enquêtrice-enquêtés », mais contrebalancées par mon ex- périence et la légitimité acquise dans le cadre de mon Activité professionnelle à Coopaname.

Les membres des trois CAE. Les relations de confiance nouées avec les différentes parties prenantes de cette RAPI ont favorisé le déroulement de cette recherche et la mise en œuvre des ateliers de RA. La

145 présentation des résultats et les discussions durant les ateliers ont nécessité une implication réflexive des participants dans le processus de recherche. La chercheuse-actrice est alors davantage dans une posture d’écoute des analyses et des compréhensions des acteurs. Le travail pédagogique induit par ces relations a consisté à préciser et adapter l’exposition de mes travaux, pour finalement enrichir l’architecture conceptuelle de la grille d’analyse conceptuelle.

La CGScop, partenaire. Les relations avec les trois référentes - Nicolas Scalbert, Catherine Friedrich et Anne-Claire Pignal - de la CGScop se sont également construites dans cette perspective.

Dans ces espaces de recherche singuliers, j’ai adopté une démarche pédagogique, réflexive et autoré- flexive sur et dans l’action. Ainsi, des espaces et des outils ont été spécifiquement élaborés pour cadrer la recherche.

De la transmission des connaissances et de la discussion des résultats

La RA implique un dialogue et une circulation des savoirs scientifiques et pratiques. « S'approprier la recherche, pour la pratique, cela signifie rendre la recherche opérante dans la pratique. S'approprier la pratique, pour la recherche, cela signifie rendre la pratique opérante dans la recherche. Ces deux types d'appropriations ne sont possibles que si pratique et recherche savent chacune approprier leur champ à celui de l'autre » (Bataille, 1983, p. 31). Concrètement, il s’agit d’éprouver les connaissances produites dans la recherche à celles des acteurs, par la mise en œuvre d’un dialogue, vecteur d’un apprentissage mutuel et d’élaboration de connaissances cogénérés (Greenwood & Levin 1998). Il est alors nécessaire de concevoir des cadres permettant l’expression des membres et les apprentissages collectifs. La RAPI se dote de lieux permettant, en fonction des problèmes étudiés, de générer cet apprentissage. Si au début, la chercheuse fournit aux participants des éléments conceptuels et méthodologiques, ce proces- sus s’accompagne conjointement d'une circulation inversée : des acteurs vers la chercheuse.

Les productions scientifiques36 représentent des formats de restitution inadaptés à la RA et invitent à en imaginer d'autres. Schémas, codes couleur, documents synthétiques, réunions ouvertes, focus groupe, « apéros recherche », table-rondes, universités « populaires » font partie de ces dispositifs. Cette logique de partage et d'appropriation implique la question des moyens d'échanges et de trans-