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CHAPITRE IV PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET DISCUSSION

4.2 Présentation, analyse des résultats et discussion

4.2.2 Les rôles de l’ATR

4.2.2.4 Acteur actif du développement

De plus, TAT repositionne son rôle sur le territoire. Consciente des questions liées aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) et des

changements de gouvernance à l’échelle provinciale, l’ATRAT place ses jetons pour devenir un acteur incontournable du développement de la région. En effet, un acteur de TAT témoigne : « Par mon expérience et ma connaissance des autres territoires, si une ATR veut vivre, elle doit devenir indispensable pour ses membres. Incontournable ! Et pour devenir indispensable et incontournable, il faut soutenir les territoires dans leur développement et faire en sorte qu’ils ont tous les outils nécessaires pour se développer adéquatement. » (Entrevue avec un acteur de l’ATR.) De plus en plus, les acteurs touristiques membres des ATR sont pleinement en mesure de faire leur propre promotion. Selon un acteur de TAT, la démocratisation de la promotion et de la communication marketing par les TIC menace la pérennité des ATR si celles-ci ne changent pas leur modèle d’affaires. Si elles continuent seulement dans la voie du marketing, ces dernières perdront de leur importance sur leur territoire.

On a vu plusieurs de nos membres qui sont capables de s’afficher tout seuls maintenant, TripAdvisor, Google, etc. Ils sont capables de s’organiser tout seuls. Ils n’ont plus besoin de leurs associations comme autrefois » (extrait d’entretien, acteur de l’ATR).

Devant ce constat, TAT s’est donné le rôle de développer le territoire en amont en mettant l’accent sur la qualité de vie des citoyens d’abord. En ce sens, le même acteur de TAT a mentionné : « Je crois pertinemment que si les ATR veulent vivre convenablement, exister convenablement, elles n’auront pas le choix d’accompagner leur milieu et de les mobiliser au chapitre de l’accueil, au chapitre du développement en amont. Je ne parle pas d’investir dans des projets, je ne te parle pas d’investir dans Moment Factory, je te parle d’accompagnement, de mobilisation. Oui, on n’aura pas le choix. » (extrait d’entretien, acteur de l’ATR).

Cependant, en se donnant ce rôle de développeur, TAT ne s’attire pas que des louanges. Selon leurs dires, TAT dérange et s’expose à certaines critiques par rapport à ce repositionnement de son rôle. « Ça bouscule, ça dérange, mais il y a quelque chose qui

est assumé, car il y a une connaissance des étapes du développement », insiste à dire un acteur de l’ATR (extrait d’entretien, acteur de l’ATR). Certes, TAT est vu comme un acteur du développement en Abitibi-Témiscamingue. « Par contre, dans la façon de le faire, surtout pour ceux qui sont plus traditionnels, on dérange », déclare un autre (extrait d’entretien, acteur de l’ATR).

On pensait que nous, on avait tout à développer chez nous sur le plan de la qualité de vie, développer en amont, et on s’est donnés ce rôle-là, qui a déplu à certaines structures régionales (extrait d’entretien, acteur de l’ATR).

Selon TAT, l’organisme récolte aussi des critiques pour être hors mandat, et ce, entre autres en ce qui a trait au volet des Premières Nations.

Selon certains, on est encore hors mandat. « Pourquoi vous, l’ATR, vous êtes des opportunistes, vous allez chercher de l’argent avec ça ? » Non ! On veut se rapprocher parce qu’on pense qu’on va donner une qualité de vie. On va se rapprocher, et on va réussir, avec les Premières Nations, à cohabiter adéquatement. Donc nous, c’est sûr qu’on est critiqués pour ça. C’est sûr que par rapport aux autres ATR, ils considèrent que ce n’est pas leur rôle, parce que ce n’est pas touristique, ce n’est pas notre rôle. On est en train de créer un précédent. Donc, on n’est pas dans le tourisme, mais il faut avoir une vision. Il faut voir un peu plus loin que le point B, ce qui fait en sorte que si on les accompagne et si on fait un partenariat ensemble, eh bien on va les aider et eux aussi vont nous aider. Ce n’est pas unilatéral (extrait d’entretien, acteur de l’ATR).

Bien que TAT évoque certaines critiques quant à leurs actions, cet élément ne ressort pas beaucoup auprès des autres acteurs interviewés. Certes, ils reconnaissent que certains rôles sont hors mandat et que TAT outrepasse leur mandat initial. Par contre, peu semblent s’en inquiéter, car la vision reste quand même dans l’optique de développer l’attractivité du territoire par des moyens plus actuels.

Ils sortent peut-être de leur mandat, mais en même temps, oui et non, parce que si tu veux développer ton potentiel touristique, individuellement, c’est dur à faire (extrait d’entretien, acteur de proximité).

Au contraire, TAT est considéré comme un organisme audacieux quant à son rôle de « développeur ». Selon un acteur de proximité : « Moi, je la trouve audacieuse, notre ATR, et peut-être que je me trompe, mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’ATR qui fassent directement du développement. Je trouve ça vraiment intéressant, en fait. Donc, je pense que c’est un mandat d’exception, qui n’est pas commun. » (extrait d’entretien, acteur de proximité)

La question de la survie de cette structure régionale reste à approfondir. Chose certaine pour l’ATRAT, leurs rôles doivent évoluer pour s’adapter aux changements structurels et technologiques qui remettent en doute la place d’une telle instance. La question de l’expertise locale dans une vision régionale mobilisatrice est soulevée.