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IL Impacts de la crise économique sur l'économie ivoirienne.

C. Présentation des résultats et interprétations.

7. Accroissement de +50% des remboursements de dette

Au niveau de cette simulation, on accroit le remboursement de dette au reste monde de moitié ce qui correspond à une plus grande difficulté pour l'état d'obtenir un rééchelonnement de sa dette ou de contracter de nouveaux emprunts sur le marché étranger. On s'attend, bien sur, à une baisse au niveau des transferts globaux venant du reste du monde et donc à une baisse du revenu du gouvernement. Du point de vu de notre matrice de comptabilité sociale, les transferts venant du reste du monde étant négatif sont considérés comme le remboursement de l'aide ou de la dette extérieure. C'est ce qu'on constate, pour les transferts globaux venant du reste du monde au gouvernement qui baisse de 50% (le gouvernement paye plus au niveau de la dette puisqu'il est incapable d'obtenir le renouvellement de prêts arrivant à échéance.) mais aussi pour le revenu global du gouvernement qui baisse environ de -1,94%. Le revenu global s'est réduit principalement a cause d'une baisse du revenu total provenant des taxes sur les produits importés (-0,78%), des taxes sur les revenus des ménages privés (-0,4% pour les ménages et -0,55% pour les firmes) et de la recette totale provenant des taxes à la production (-0,2%).

Tableau 7.1 : Sur les agents économiques

Variation (en Pourcentage)

Revenu Consommation Épargne

Agriculteurs Café/Cacao -0,279 0,031 -0,279

Agriculteurs autres produits de rentes -0,304 0,008 -0,304

Agriculteurs de Féculents -0,251 0,060 -0,251

Agriculteurs autres produits vivriers -0,403 -0,093 -0,403

Employés du public -0,532 -0,220 -0,532

Employés du privé -0,508 -0,200 -0,508

Indépendants -0,472 -0,160 -0,472

Ouvriers Agricoles -0,377 -0,068 -0,377

Chômeurs & inactifs -0,307 0,003 -0,307

Total 0,4 -0,071 0,41

Firmes -0,48 -0,44

Gouvernement -1,94 -10,52

Sources : Résultats des simulations

En regardant les résultats plus en détails, on remarque qu'alors que la recette totale provenant des taxes sur les produits importés s'est réduite, celle sur les produits exportés s'est accrue (+0,22%) mais pas suffisamment pour empêcher le revenu total provenant des taxes sur les produits et les importations, de baisser (-0,35%). Une baisse en volume des importations (-0,56%) est la cause directe de la réduction du revenu lié aux taxes sur les produits importés. Les importations de matières premières et extractives baissent de -0,23% et, celles de biens manufacturés et services quant à elles de -0,63%. Contrairement à cela

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une augmentation du revenu lié aux taxes sur les produits exportés est résultante de la hausse en volume des exportations (+0,3%). Les exportations de biens manufacturés et services croissent de +0,32% et celles de matières 1ères et extractives de +0,25%.

Concernant les biens manufacturés, la baisse des prix franco de bord (-0,16% en moyenne) a incité à la hausse la demande de biens exportés (+0,32%) Pour les matières premières, avec élasticité prix de la demande infinie, les exportations croissent de +0,25% au prix d'une baisse même faible de l'offre de biens sur le marché domestique. Cette transformation d'une offre domestique en offre à l'exportation a été causée par une baisse du prix reçu par les producteurs sur le marché local (-0,36%)

En outre, la baisse du niveau des importations est imputable à une baisse des prix des biens locaux vendus sur le marché domestique (-0,36%) qui font quand même baisser la demande de ces produits sur le marché local (-0,11%) mais moins que les importations. Les produits locaux étant devenus relativement moins chers que ceux qui sont importés (les prix des importations n'ayant pas bougés).

Comme on l'a vu tout à l'heure, pour les producteurs, l'abandon du marché local au profit du marché étranger s'accompagne d'une baisse de la production totale de biens (-0,01%). La production de biens manufacturés et services décroît (-0,08%) en revanche celle de matières premières et extractive croît (+0,096%) mais pas suffisamment pour composer la chute de la production. La consommation des ménages, première composante de la demande intermédiaire, baisse en moyenne (-0,07%) en dépit d'une baisse des prix composites des biens (-0,3%). En plus, les investissements se sont réduits en moyenne de - 3,03%. La baisse de l'investissement est due principalement à la forte réduction de l'épargne publique (-10,52%) consécutive à la baisse du revenu de l'état. La baisse de la production globale de part celle des biens d'investissement s'est répercutée sur la demande intermédiaire de ces produits et de surcroît sur la demande intermédiaire globale qui a chuté de -0,02%.

Tableau 7.2 : Sur les volumes et les prix

Variation des volumes Variation des prix

XS VA IM DD EX DS PC PD PVA PE

Matières premières agricoles et < -0,096 -0,096 0,23 0,00143 -0,25 0,00143 0,2 0,25 0,24 1

Biens manufacturés et services 0,081 0,081 0,63 0,21 -0,32 0,21 0,36 0,43 0,62 0,16

Administration publique -0,32 -0,32 -0,32 -0,32 032 0,32 0,33

Total 0,009 0,009 0,56 0,11 -0,3 0,11 0,3 0,36 0,46 0,1

Source : Résultats des simulations

La consommation publique s'est accrue (+0,32%) aussi principalement à cause de la baisse des prix des produits composites, qui rentrent dans ce type de consommation, sur le marché.

On note que la baisse généralisée des prix du marché de la production locale réduit la productivité marginale de la main d'œuvre composite, qui est le salaire composite (-0,46%)

sous l'effet d'une baisse de la demande de travail composite dans l'économie tout entière. La baisse est beaucoup plus importante pour le travail qualifié (-0,56%) que celle du travail non qualifié (-0,36%). On note aussi une baisse du rendement du capital composite (- 0,47%) due à la chute de la production. Tout cela, explique la baisse du revenu (-0,40% en moyenne) et de l'épargne des ménages (-0,41%).

La demande de travail composite dans la branche de matières premières croit de +0,4% ainsi que celle de la branche des services non marchands (+0,66%) contrairement à la branche de biens manufacturés qui chute. Ceci s'explique par le fait que, les prix de la valeur ajoutée de ces deux secteurs baissent les moins donc sont les plus protégés comparée à la branche de biens manufacturés d'où leurs attraits pour la main d'œuvre devenue excédentaire dans cette dernière.

Tableau 7.3 : Sur Les coûts des facteurs de production et la demande de travail

Variation (en Pourcentage)

WC RC LDC W W LD LD

Non Qualifié Qualifié Non Qualifié Qualifié Matières premières agricoles et extractive -0,43 -0,15 0,39 -0,37 -0,56 -0,15 0,49

Biens manufacturés et services -0,48 -0,72 -0,25 -0,37 -0,56 0,34 -0,338

Administration publique -0,55 -0,12 0,65 -0,56 0,65

Total -0,46 -0,47 -2.59E-05 -0,37 -0,56

Sources : Résultats des simulations

Enfin, on observe une baisse de -0,42% du PIB du au fait que la baisse de l'aide publique au développement ou encore l'accroissement du remboursement de la dette, fait chuté le revenu du gouvernement et empêche ce dernier de financer le développement au travers des investissements en éducation, en santé et surtout aux niveaux des infrastructures de développement.

Conclusion

Au terme de notre analyse sur les différents canaux de transmissions de la crise économique aux pays en voie de développement, force est de reconnaître que l'économie ivoirienne a fortement subit les revers de la crise économique mondiale. Pour chacun des canaux de transmission de cette crise nous avons pu quantifier son impact sur les grandeurs économiques. Pour parler donc d'incidence globale de la crise économique, il faut voir les effets cumulés des différents canaux de transmission que nous avons identifiés.

Tableau 6 : Récapitulatif des effets de la crise sur certaines variables macroéconomiques. simulations Variation en pourcentage 1 2 3 4 (Commerce) 5 6 7 Crise PIB 3,82 -16,88 -3,41 -16,35 -0,0072 -0,33 -0,42 -17,11 Revenu du gouvernement 238 -16,7 -2.83 -17,08 -0,0083 -0,32 -1,94 •19,35 Épargne gouvernementale 32,19 -65,77 -9,74 -46,14 -0,03 -1,08 ■10,52 ■57,77 Consommation publique -1,03 9,72 2,27 10,95 0,0045 0,24 0,32 11,51

Revenu des entrepnses 3,67 -15,18 -3,75 -15,06 -0,007 -4,31 -0,48 ■19,86

Épargne des entrerpises 3,09 -14,07 -3,46 -14.23 -0,0065 -6,29 -0,44 -20,97

Revenus des ménages 2,81 -15,9 -3,33 -16,16 ■0,016 -0,39 -0,4 -16,97

Consommation des ménages 8,54 -6,87 -1,17 -0,26 -0,01 -0,11 -0,072 -0,45

Épargne des ménages 3,49 -16,58 -3,46 -16,34 -0,017 -0,38 -0,41 ■17,15

Investissement Total 13,5 -37,5 -6,77 -31,4 -0,024 -253 -3,66 ■37,61

Exportations 3,42 -4,48 -1,91 -2,98 0.00518 0,23 0,29 ■2,45

Importations 1957 -16,4 -3,79 •3,73 -0,01 -0,45 -0,56 -4,75

Impôts sur les revenu des ménages 3,24 •16,3 -3,34 -16,17 •0,017 -0,39 •0,4 ■16,98

Impôts sur les revenu des entrerpri 4,9 -17,45 -4,34 -16,76 •0,0078 -0,42 •0,55 ■17,74

Taxes a l'importation 2,97 ■17,53 -3,83 -18,52 •0,014 -0,61 ■0.78 ■19,92

Taxes à l'exportation 1,54 -16,7 1,53 -14,04 0,0045 0,18 0.22 ■13,64

Production 0,42 -1 -0,38 ■0,87 -0,000204 -0,0086 ■0,009 ■0,89

Demande intermédiaire totale 0,95 -1,91 -0,75 ■1,62 -0,00383 ■0,018 -0,021 ■1,66

Salaire composite 3,5 -16,16 -3,94 -16.4 ■0,00768 ■0,36 -0,46 ■17,23

Rendement du capital composite 6,2 -19,16 -3,84 -17,05 -0,00835 -037 -0,47 ■17,90

Demande Domes, de produits locau -0.61 0,16 0.13 -0,16 -0,00203 -0,09 -0,11 -<U6

Offre de biens sur le marché local -0,61 0,16 0,13 -0,16 -0,00203 -0,09 -0,11 ■0J6

Demande de travail composite 0,0084 -0,00879 -0,00000143 -0,04 ■5.42E-11 -0,00001 •o.oooo:h -0,040036

En somme, on observe une baisse du revenu du gouvernement (-19,35%) sous l'influence de la baisse de recettes liées aux taxes sur les exportations (-13,64%) et aussi sur les importations (-19,92%). En effet, la baisse des recettes liées aux taxes sur le commerce est directement imputable au fléchissement des transactions commerciales avec le reste du monde, en témoignent ces baisses constatées au niveau du volume des exportations (- 2,45%) et à celui des importations (-4,75%). L'autre composante du revenu du gouvernement qui est la somme des impôts sur les revenus des agents domestiques est aussi en baisse, on en veut pour preuve, les baisses des recettes provenant des impôts sur le revenu des ménages (-16,98%) et celles provenant des impôts sur le revenu des entreprises (-17,74%). Ce qui a influencé à la baisse ces derniers est la réduction des revenus auxquels elles sont assujetties, le revenu des ménages a baissé de -16,97% et celui des entreprises de -19,86%.

L'observation des revenus des ménages montrent une chute sensiblement importante sous l'effet combinés de la rémunération du facteur travail et du capital. Le salaire composite chute de -17,23% tandis que le rendement du capital composite chute quant à lui de - 17,9%. Les entreprises quant à elles, ont leurs revenus qui baissent principalement sous l'influence de deux facteurs, le revenu tiré du capital (-17,74%) et des transferts aux firmes (-30,16%). Cette baisse des revenus des ménages a eu en moyenne un effet négatif sur leurs consommations (-0,45%), leurs épargnes (-17,15%) et sur l'épargne des entreprises (- 20,97%). Cette baisse de l'épargne privée conjuguée à l'accroissement du déficit de l'épargne publique de 57,77% explique la baisse de l'investissement (-23,73%), qui influence à son tour, par le canal de la baisse la production de biens d'investissement, toute la production globale (-0,89%). La demande intermédiaire totale s'en trouve aussi réduite de-1,66%.

La demande intérieure étant à la baisse, elle réduit par effets directs la production destinée au marché intérieur. L'économie tournant au ralenti au vu de de tout ce qui précède traduit sans équivoque la variation négative du PIB aux coûts des facteurs d'environ -17,11%. En analysant la crise plus en détails, on remarque que le canal qui a nettement influencé toutes les variables macroéconomiques est celui du commerce. Le ralentissement des flux commerciaux et la chute des prix influencent fortement l'économie ivoirienne. On peut se dire que cela est logique au vu de cette dépendance qu'elle a vis-à-vis de l'extérieur. La Côte d'ivoire ressent fortement les effets de la crise surtout ceux qu'elle a sur ces échanges de biens avec le reste du monde. Même si une baisse du prix des importations a un effet positif sur les variables macroéconomiques, cela ne suffit pas à contrecarrer les effets conjugués de la baisse des prix des exportations et du volume des échanges avec l'extérieur.

Nous terminons donc pour dire qu'au travers des résultats observés, que le commerce reste toujours un pan du développement de la Côte d'Ivoire donc au vu des effets significativement négatifs qu'a eu la crise sur cette dernière, les politiques de relance devraient par conséquent être orientées vers des politiques commerciales permettant une relance par le commerce qui se montrerait nettement efficace. Ceci peut faire l'objet d'une étude ultérieure c'est-à-dire de tester des politiques commerciales sur l'économie ivoirienne dans un modèle dynamique et voir les effets de stimuli qu'elles auront sur l'économie à moyen et long terme. Et en allant plus loin dans notre étude, envisager une analyse plus en

59 profondeur des déterminants de la vulnérabilité des économies des pays en voie de développement aux chocs extérieurs. Pourquoi sont-elles toujours plus durement touchées que les autres pays? Au-delà des pansements circonstanciels, que peuvent faire les dirigeants de ces pays pour réduire la vulnérabilité des économies de leurs pays à ces chocs?

Autant de questions que suscite cette première étude et qui mérite des réponses, que nous allons tacher d'apporter dans nos futures réflexions à publier.

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