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Sur le chemin qui conduit les jeunes avec moins d’opportunités vers la mobilité internationale dans un cadre non formel, la présence d’un « accompagnateur attentionné » avec lequel le jeune a établi une relation de confiance a, dans tous les cas, été décisive aussi bien dans le choix de s’engager dans ce type d’expérience que dans le maintien de la mobilisation aux différentes étapes dans la démarche. Ce climat de confiance, construit progressivement par les interactions autour de la construction du projet, se cimente tout autant par des aspects professionnels que par des supports affectifs, les deux pouvant s’entremêler dans l’expérience vécue par les jeunes.

82 Cet accompagnateur « attentionné » issu de l’environnement institutionnel (conseiller mission locale, éducateur, conseiller

mobilité internationale, travailleur de jeunesse, etc.) peut être ou non un expert de la mobilité internationale. Dans certains cas, l’accompagnement peut être coordonné entre des acteurs de l’insertion sociale et professionnelle et des experts de la mobilité internationale. Sur ce point, voir p. 79.

L’instauration d’une relation de confiance peut tout d’abord se baser sur la légitimité professionnelle de l’accompagnateur et de la structure d’appui, et la reconnaissance de leur expertise technique dans le soutien des jeunes dans une expérience de séjour à l’étranger83.

« Mais en même temps, je me disais : C’est une “assoc”, ils ne vont pas faire n’importe quoi. Faut arrêter. C’est une assoc. En plus, ils étaient plus que sérieux, donc j’avais entièrement confiance en eux. Donc s’ils [a mission locale] m’ont mis en contact avec eux, c’est que forcément ce n’était pas non plus n’importe quoi. […] Et donc, je m’étais dit : “Dis donc, ils sont vraiment bien organisés, je sais combien je vais recevoir ; je ne connais pas la personne qui va venir me chercher, mais voilà, il y a quelqu’un qui va venir me chercher, etc.” […] Et sinon, à part ça, je n’avais pas de peur particulière étant donné que je m’étais dit : “Beh voilà, ils sont préparés, ils savent dans quoi je vais mettre les pieds. Il y a l’association qui est derrière moi, donc bon voilà.” » (Marc.)

« Et puis, voilà, Marie, elle s’est bien occupée de nous. Enfin on va dire il y a rien à dire quoi, elle sait ce qu’elle fait et je trouve qu’elle le fait plutôt bien. » (Stéphane.)

D’autres jeunes insistent sur l’établissement de relations sociales bienveillantes empruntes d’écoute et de considération – voire d’affection – avec les personnes qui les ont accompagnés dans la construction et la concrétisation de leur projet. En d’autres termes, le sentiment d’être entendu, compris et accueilli a souvent été la condition première pour que l’engagement dans une expérience de mobilité internationale soit possible.

« Ce qui est bien, c’est qu’elle est présente tout le temps. Elle est gentille, elle est souriante, elle a voyagé. […] Oui, voilà, c’est ça, elle sait ce qu’elle fait. Beh, elle veut qu’on s’en sorte quoi au final, c’est ça qui est bien. Elle nous accompagne dans notre vie entre guillemets. […] C’est un peu notre ange-gardienne quoi. » (Stéphane.)

« Stéphane, ça a été un pilier… Juste avant de partir, on avait beaucoup discuté sur mon projet, sur ce que moi je faisais personnellement et tout ça. Et du coup, je ne sais pas, avec Stéphane, on a tissé des liens. Donc du coup, c’était un plus de me dire : je vais partir avec cette personne-là, donc si ça se passe déjà comme ça, là, maintenant, ça va bien se passer là-bas. […] Beh, après, ce n’était pas vraiment des aides qu’il nous a apportées, c’était plutôt des… Comment je peux dire ça ? Plutôt nous montrer pourquoi partir et à quel point ça allait être bien pour nous. C’était plus de la motivation que de l’aide. Ce n’était pas dans l’objectif de nous dire : « On va partir. Ça va être comme ça. Vous allez voir, ça va être bien.” Il nous a mis en confiance. » (Julie.)

« S’il faudrait mettre quelque chose en avant, c’est la mission locale. Voilà, les mecs, ils se démènent pour toi. T’as l’impression de vraiment compter. » (Paul.)

Ce climat de confiance fonctionne comme un vaste système de réassurance. Les jeunes partis en mobilité internationale – individuelle ou collective – étaient rassurés non seulement sur les capacités de leur accompagnateur à répondre à leurs attentes, à remédier à leurs craintes et à résoudre leurs obstacles, mais également dans leurs propres capacités et ressources pour réussir leur projet. Ils sont partis à l’étranger avec cette idée que l’expérience allait bien se passer.

« La Garantie jeunes m’a beaucoup aidée. […] Ils m’ont boostée. Ils m’ont dit que ça allait bien se passer, que je ne dois pas m’inquiéter. Ils m’ont beaucoup boostée. Donc en fait, moralement, oui, ils m’ont beaucoup aidée. […] Ils avaient totalement confiance en moi. Ils m’ont dit : “Tu peux le faire. Vas-y.” […] Rassurée ? Ah oui. Oui, ils m’ont rassurée. » (Marianne.)

« Il y a Stéphane et la dame qui était avec nous… […] Clémence, qui nous a aidés aussi. Et franchement, il était vraiment bien comme moniteur. […] Beh, [il m’a apporté] beaucoup de choses. Par exemple, la confiance, plein de choses comme ça. […] Oui, voilà, plein de choses comme ça, que ça allait bien se passer. Et moi, tout ce qui m’importait, c’est que ça allait bien se passer ». (Romain.)

La construction de cette relation de confiance s’inscrit généralement dans la durée et la régularité. À ce propos, les jeunes cherchent à trouver dans l’accompagnateur « attentionné » un appui constant et prévisible face aux tumultes de leurs affects et aux craintes qu’ils pourront rencontrer. Celui-ci doit faire

83 Dans ce cas, les accompagnateurs sont généralement des conseillers mobilité internationale travaillant dans les

preuve d’une grande disponibilité et être accessible à tout moment pour répondre dans les plus brefs délais à leur besoin de réassurance – principalement pendant la phase de préparation du projet mais également, dans une certaine mesure, lors du séjour à l’étranger84.

« Pendant tout le suivi, elle était disponible [la conseillère en mobilité internationale]. Si on avait des questions, on pouvait la joindre. » (Marc.)

« Et voilà. Mais sinon, non, après, je n’avais pas forcément besoin de préparation parce que si j’avais une question, je leur demandais par mail et ils me répondaient dans la semaine et voilà. Ils ont répondu à toutes mes questions. » (Paul.)