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Des modes d’accès à l’emploi différents entre les jeunes hommes et les jeunes femmes Un des résultats les plus significatifs des régressions concerne les différences entre les façons dont les

Recherches d’emploi et mobilités sur le marché du travail : une analyse comparée de l’enquête Génération et de l’enquête Emploi

100 % Source : enquête Génération (2004), Céreq, données pondérées

2.4. Des modes d’accès à l’emploi différents entre les jeunes hommes et les jeunes femmes Un des résultats les plus significatifs des régressions concerne les différences entre les façons dont les

jeunes hommes et les jeunes femmes ont trouvé leur emploi. Les jeunes femmes sont significativement sous-représentées parmi les personnes embauchées par le biais des réseaux (tableau 5). Ceci conforte un résultat classique sur la différence entre les genres. L’une des explications couramment avancées dans la littérature tient à la nature des réseaux. Par un phénomène d’homophilie, les individus auraient tendance à recommander des personnes qui leur ressemblent, notamment d’un point de vue sociodémographique (Ioannides et Datcher Loury 2004). On touche ici à la question de l’inégale répartition des réseaux. Si les jeunes femmes trouvent moins que les jeunes hommes leur emploi par relations, cela peut tenir à plusieurs raisons : du fait de taux d’emploi plus bas que celui des hommes, les femmes sont moins souvent en position de pouvoir introduire leurs pareilles ; elles sont en outre surreprésentées dans des secteurs (commerce, administration, éducation..) qui embauchent moins que les autres par relations7. D’ailleurs le fait que les jeunes femmes répondent plus à des annonces que les jeunes hommes, alors que leur taux de

7 Un autre argument classique tient au fait que les femmes entretiennent peu leurs contacts professionnels, du fait des interruptions de carrières et des impératifs de la conciliation entre vie professionnelle et familiale, qui les conduisent à développer des réseaux sociaux davantage axés sur les préoccupations du quotidien que sur le monde professionnel (Russel 1999). Cet argument est cependant moins recevable dans le cas des jeunes femmes, mais peut concerner leurs mères qui de ce fait peuvent moins les introduire dans leur milieu professionnel.

Mais si les jeunes femmes en emploi interrogées par le Céreq ont moins souvent trouvé leur emploi par le biais des relations, c’est aussi qu’elles l’ont plus souvent trouvé par les autres voies, et notamment par les intermédiaires publics et par les candidatures spontanées (tableaux 5 et 6). Ici, non seulement les jeunes femmes font plus souvent acte de candidatures spontanées que les jeunes hommes8 mais en plus, lorsqu’elles démarchent directement, elles ont plus de chances que leurs homologues masculins d’avoir été embauchées de cette façon.

Conclusion

Cette contribution visait à montrer comment des données longitudinales permettent de décomposer l’analyse des modes d’accès à l’emploi en deux niveaux : l’activation des canaux par les individus et la sélection des candidats par ces mêmes canaux. La démarche qui a été initiée à partir de l’enquête Emploi en panel a été appliquée à l’enquête rétrospective Génération 2004 dans le but d’approfondir le lien entre mode d’accès à un emploi et insertion des jeunes dans l’emploi. Ce sont les tout premiers résultats qui sont présentés ici. L’enquête Emploi permet dans un premier temps de constater que si les jeunes de moins de 30 ans ont plus souvent trouvé leur emploi que leurs aînés par candidature spontanée, c’est parce qu’ils activent davantage qu’eux ce canal. A contrario, ils cherchent moins et trouvent moins que leurs aînés par le biais des intermédiaires publics. Si les jeunes trouvent moins par annonces, ce n’est pas en revanche parce qu’ils cherchent moins par ce biais mais parce que celles-ci sont très sélectives à leur encontre, sans doute du fait des exigences d’expérience professionnelle qu’elles contiennent. Les démarches entreprises et modes d’accès à l’emploi ne sont pas sans lien avec les caractéristiques des jeunes (genre, capital humain, expériences professionnelles pendant les études). Des analyses futures viseront à approfondir ces résultats à partir de Génération 2004, en mettant en évidence les facteurs contextuels et la nature des relations professionnelles ou personnelles avec l’entreprise.

Bibliographie

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8 De nouveau, ce résultat est commun avec celui de Degenne et alii (1991).

75

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LES PRINCIPAUX MODES DACCÈS À LEMPLOI DANS LÉCHANTILLON 1(ENQUÊTE EMPLOI 2007)

Caractéristiques de la population Candidature

spontanée Relations Annonces

Aucun autre adulte occupé dans le

logement 32 32 35 42 34

77 Tableau A1 (suite)

Caractéristiques de la population Candidature

spontanée Relations Annonces

Intermé-diaires publics

Total Secteur d’activité de l’emploi trouvé :

NSP 1 0 0 0 0

agriculture 2 3 2 2 2

industrie 12 13 17 14 13

construction 9 13 4 6 9

commerce et transport 24 23 21 21 22

services aux entreprises, immobilier

et services financiers 16 17 22 11 17

Source : enquête Emploi (2007), Insee, données pondérées.

Champ : salariés (hors intérimaires) avec une ancienneté inférieure à 3 ans au 2e trimestre 2007.

Caractéristiques de la population spontanées publics

79 Tableau A2 (suite)

Caractéristiques de la population Total Candidatures

spontanées Relations Annonces Intermédiaires publics Taille de l’établissement :

NSP 28 19 27 19 23

1 à 9 salariés 21 23 24 23 26

10 à 49 salariés 22 14 13 15 15

50 à 199 salariés 14 15 14 19 13

200 salariés et plu 15 30 22 24 22

100% 100% 100% 100% 100%

Catégorie sociale de l’emploi :

cadre 17 12 13 27 10

profession intermédiaire 37 37 31 38 35

employé 26 35 26 23 37

ouvrier 21 16 30 12 18

100% 100% 100% 100% 100%

Emploi actuel en :

CDI 70 67 68 77 58

CDD 30 33 32 23 42

100% 100% 100% 100% 100%

Emploi actuel à :

temps plein 83 80 81 88 75

temps partiel 17 20 19 12 25

100% 100% 100% 100% 100%

Région :

Île-de-France 22 19 22 28 16

Nord-Ouest 19 20 17 18 22

Nord-Est 23 23 23 22 25

Sud-Est 23 25 24 21 23

Sud-Ouest 13 13 14 10 15

Hors France métropolitaine 0 0 0 1 0

100% 100% 100% 100% 100%

Année d’entrée dans l’entreprise :

2004 et avant 35 39 37 24 14

2005 26 26 24 31 30

2006 27 24 25 30 36

2007 13 11 14 14 21

100% 100% 100% 100% 100%

Poids de la colonne 100% 21,3 29,9 12,8 9,6

Source : enquête Génération 2004, Céreq, données pondérées.

Champ : jeunes en emploi en 2007 (indépendants, intérimaires et réembauches exclus).

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La mobilité sociale intergénérationnelle : une étude empirique des limites