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Le modèle de la communication non violente et l’attitude d’estime qui lui est liée vous invitent à gérer différemment les échecs. Il s’agit de ne pas vous concentrer sur ce que vous avez mal fait, mais plutôt sur ce dont vous avez besoin pour vous sentir bien. Les erreurs deviennent ainsi des chances d’apprendre et vous pouvez continuer à évoluer dans une direction qui soit en harmonie avec vos valeurs personnelles.

Exemple

Marc, 34 ans, père d’un garçon de 8 ans, est à la tête d’un important projet numérique. Il travaille à fond sur une présentation pour le client et se sent sous pression car le client a demandé des modifications de dernière minute. Son fils se passionne depuis quelque temps pour le hockey sur glace et il va bientôt jouer un match important. Marc avait promis à son fils de venir le soutenir mais il a finalement décidé de terminer sa présentation. Alors qu’il quitte son bureau tard le soir, il entend une voix intérieure qui lui murmure : « Quel mauvais père tu es ! » Un sentiment de culpabilité l’envahit et il commence à se justifier intérieurement : « Qu’y puis-je si le client souhaite des modifications de dernière minute ? Avec lui, tout doit toujours se faire au dernier moment ! Et puis mon fils doit apprendre que l’on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie. »

Si l’on se retrouve pris dans les griffes de notre critique intérieur, nous avons facilement tendance à reporter la culpabilité sur autrui et à nous justifier nous-mêmes. Cela diminue, certes, les sentiments de culpabilité ou de honte, mais l’on se comporte alors en victime et on nie la responsabilité de sa propre action. On n’apprend ainsi pas grand-chose pour l’avenir et encore moins sur la manière de mener des discussions constructives.

Afin d’arrêter de ruminer, voici ce que nous vous conseillons.

1. Ouvrir le parachute

Prenez conscience d’être prisonnier de vos pensées. Accordez-vous une pause. Inspirez et expirez profondément et acceptez ce qui est. Clarifiez la situation afin de pouvoir poursuivre d’une manière constructive.

2. Identifier la voix du critique intérieur et du décideur intérieur

Dans notre travail, nous partons du principe que certaines parties de notre être se retrouvent parfois en conflit. Dans l’exemple de Marc, il y a, d’une

part, le critique intérieur qui le condamne car il laisse tomber son fils et, d’autre part, le décideur intérieur qui le pousse à terminer la présentation pour le client. Ces deux parties cherchent à satisfaire des besoins et expriment cela sous forme de jugements ou de justifications.

3. Commencez par écouter le critique intérieur

Le critique intérieur ayant été défavorisé dans l’exemple ci-dessus, intéressons-nous d’abord à lui. Accompagnez-le de reproches personnels ou d’accusations de culpabilité en reprenant les quatre étapes de la communication non violente jusqu’à aboutir à une demande concrète. Posez-vous les questions suivantes :

• Que vous dit le critique intérieur ?

• À quelle observation concrète fait-il référence ?

• Comment se sent-il ? Quels sont ses besoins et ses demandes ?

• Quel pourrait être son souhait ?

Exemple

Avant de rentrer chez lui, Marc s’accorde une pause. Perturbé par le mélange de sentiments qui l’assaillent, il aimerait retrouver son calme. Après avoir inspiré et expiré plusieurs fois, il se tourne vers son critique intérieur et écoute ce qu’il a à dire : « Tu es un mauvais père ! Comment peux-tu laisser tomber ton fils ? Il était si content que tu viennes le soutenir ! » Marc ressent un sentiment de culpabilité et de honte. Il a l’impression d’avoir une grosse boule au ventre. C’est très désagréable et il aimerait refouler ce sentiment.

Marc est conscient que ses sentiments ne s’en iront pas s’il ne les prend pas au sérieux. Il décide donc de leur accorder de la place et se dit : « J’aimerais vraiment te comprendre. » La boule qu’il a au ventre diminue un peu et il se pose la question suivante : « J’ai promis à mon fils de venir le soutenir aujourd’hui à son match de hockey sur glace.

J’ai décidé, au détriment du match, de satisfaire les demandes de dernière minute du client et de les inclure dans ma présentation… » Marc commence maintenant à s’interroger sur ce que ressent le critique intérieur et sur ses besoins. « Je suis triste car mon fils pensait pouvoir compter sur moi. Je suis également frustré car j’aurais aimé être présent à ses côtés parce que c’est important pour lui. » Marc remarque qu’il se calme un peu intérieurement et se réconcilie avec lui-même. Il est normal de se sentir triste et frustré car ces besoins lui tiennent vraiment à cœur. Il se demande ce qu’il devrait faire maintenant : « Je vais rentrer à la maison et parler à mon fils. Je vais lui demander comment il va et lui dire à quel point je suis désolé de ne pas avoir été présent car j’aimerais vraiment participer à sa vie. Je lui demanderai ensuite qu’il me raconte exactement comment s’est passé son match. »

4. Écoutez le décideur intérieur

Si vous écoutez le critique intérieur, il se peut tout à fait que le décideur intérieur se manifeste également et cherche à se justifier. Car il avait une bonne raison de prendre la décision qu’il a prise. C’est pourquoi il est important que vous prêtiez également attention à cette partie de votre être.

Posez-vous les questions suivantes :

• Que vous dit le décideur intérieur ?

• À quelle observation concrète se réfère-t-il ?

• Comment va-t-il ? Quels sont ses besoins et ses demandes ?

• Quel pourrait être son souhait ?

Exemple

Bien que Marc soit prêt à rentrer chez lui, il entend son décideur intérieur se manifester de nouveau. Il semble vouloir se justifier, c’est pourquoi il l’écoute attentivement : « Désolé, tu n’avais pas d’autre choix ! La présentation doit être terminée demain et le client a demandé des modifications de dernière minute. Tu ne peux pas les ignorer ! Que penserait le client de toi ? » Marc se sent pris à la gorge et ressent une grande pression intérieure. Il se concentre un moment et se détend quelque peu. Il peut alors reprendre les quatre étapes de la communication non violente. Que s’est-il passé exactement ?

« Aujourd’hui, le client a fait savoir qu’il souhaitait des modifications de dernière minute pour la présentation de demain. C’est pourquoi j’ai décidé d’y travailler pendant un moment afin d’en tenir compte. » Comment se sentait le décideur intérieur et pourquoi s’est-il engagé ainsi ? « J’étais vraiment sous pression et je voulais à tout prix que le client soit satisfait. C’était une question de fiabilité et de sécurité économique. »

En matière de besoins, souvenez-vous toujours que cette étape est particulièrement efficace si vous l’associez à la plénitude. Vous pouvez alors recharger votre batterie d’empathie et rassembler des forces pour les prochaines étapes de l’action.

Exemple

Marc est touché intérieurement lorsqu’il entre en contact avec la partie de lui-même qui aimerait toujours faire de son mieux. Il se rappelle tout ce qu’il a déjà accompli pour ce client jusqu’ici. Cela représente vraiment beaucoup et il est fier de s’être autant investi.

Tout à coup, il se met à penser que le client ne le laisserait pas immédiatement tomber si sa demande n’était pas parfaitement prise en compte. Il aurait pu clarifier la situation en en discutant avec lui. Il se dit qu’à l’avenir il en parlera au client s’il se retrouve dans une situation similaire.

5. Entreprendre une nouvelle action

Une fois les besoins des deux parties clarifiés, il s’agit maintenant de trouver une solution qui les satisfasse. Sinon vous risquez qu’une des parties s’oppose à la mise en pratique de la solution. Posez-vous donc la question suivante : quelle est la prochaine étape concrète que je vais mettre en œuvre afin de tenir compte des besoins des deux parties ?

Exemple

Après s’être intéressé aux besoins des deux parties et avoir imaginé les premières actions à entreprendre, Marc remarque qu’il est beaucoup plus calme. Sa mauvaise conscience a cédé la place à de l’énergie qu’il aimerait utiliser pour agir. Il se sent également suffisamment fort pour entendre la déception de son fils sans devoir se justifier et il a bon espoir de rétablir le contact avec lui le soir. L’idée qu’il ne faut pas seulement satisfaire le client mais également se demander ce qui est véritablement indispensable le soulage beaucoup. À l’avenir, il tiendra compte des besoins suivants : « fiabilité », « participation à la vie de son fils », « se rendre utile » et « sécurité économique ». Marc se réjouit maintenant de voir son fils.

Cet exemple illustre le fait que derrière toutes les voix intérieures se cachent des besoins qui doivent être entendus. Prenons tous nos besoins au sérieux, devenons plus forts en développant notre personnalité et agissons. Au lieu de nous sentir coupables ou de nous condamner, prenons conscience de nos

« bonnes raisons ». Nous nous mettrons ainsi en contact avec nous-mêmes et nous deviendrons plus forts pour établir une relation active avec les autres et nous-mêmes.

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