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Étude dans l'espace direct

3.2.1 Analyse du modèle J

1

, J

2

, J

3

dans le réseau direct

Dans l'espace direct, l'énergie d'un réseau à aimants additionnels deN mailles s'exprime : H = 1 2 N X i,j=1 6 X α,β=1 Jiα,jβ σσ (3.3) Il est alors possible de calculer l'énergie d'une conguration donnée pour un triplet de cou-plages J1, J2, J3. Nous disposons d'un grand nombre de congurations ice rule pour dif-férentes tailles de réseaux, que nous avons obtenues au chapitre précédent grâce à l'algorithme de boucles (cf. Ÿ2.4.3). Elles nous ont permis de calculer le facteur de structure attendu dans le modèle de Lieb. Si les absorbeurs rétablissent la dégénérescence des états ice rule, alors il doit exister une valeur Jice

3 pour laquelle toutes ces congurations ont la même énergie.

-2.5 -2 -1.5 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 0 0.5 1 1.5 2

Figure 3.8 Graphe montrant la dispersion des états ice rule en fonction deJ3, pourJ1 = 2 et J2 = 1. Elle a été calculée pour 1000 congurations ice rule aléatoires, composés de 722 spins SRA et de 1444 absorbeurs. Leur énergie moyenne < E > est placée à l'origine des énergies en ordonnée. L'enveloppe bleue σE correspond à l'écart type des énergies obtenues sur les 1000 réseaux. L'enveloppe verteEmax−Emin représente les énergies minimales et max-imales atteintes. Les lignes noire, bleue et rouge correspondent respectivement aux énergies des états AF, M et S.

Le graphe en gure 3.8 représente les énergies obtenues en fonction de J3, pour J1 = 2 et J2 = 1. Tous les états convergent vers la même énergie pour J3 =J1−J2 = 1, ce qui est

cohérent avec le raisonnement en introduction. Remarquons que cette méthode ne permet pas de rigoureusement montrer que le nouveau modèle est dégénéré. Nous n'avons calculé l'énergie que d'un millier de congurations, sur les 1056 états ice rule existants pour 722 aimants principaux [55]. Comme nous n'avons considéré qu'une fraction innitésimale de ces états, il est possible que certains ne convergent pas vers la même énergie lorsque J3 = Jice

3 .

Mais dans le cas présent, le fait de ne considérer que les interactions à courte portée permet de répondre à cette question. L'énergie totale d'un réseau dépend ici uniquement des populations de vertex et de leurs énergies respectives. Par conséquent, si un réseau composé exclusivement de vertex T1 a la même énergie qu'un réseau composé de vertex T2, alors tous les états intermédiaires auront cette énergie. Les énergies des états saturé (S), antiferromagnétique (AF) et Manhattan (M) apparaissent en gure 3.8. Pour J3 = 1, ces états convergent vers la même énergie. Nous pouvons donc armer avec certitude que tous les états ice rule sont dégénérés.

Conclusion de l'analyse J1, J2, J3 Notre analyse montre que dans un modèle d'interac-tions à courte portée, les absorbeurs permettent de rétablir une physique de liquide de spin lorsqueJ3 =Jice

3 . La dégénérescence des états ice rule est levée si le paramètreJ3 s'écarte de J3ice. L'état fondamental est de type AF si J3 < J3ice, ou F siJ3 > J3ice. L'ajout d'absorbeurs est donc un moyen ecace de contrôler le modèle de spins. Le modèle considéré jusqu'ici se cantonne aux interactions premiers voisins. Mais la nature dipolaire des interactions dans un réseau réel soulève la question de l'inuence des termes à plus longue portée. Cette question fait l'objet de la partie suivante.

3.2.2 Interactions à longue portée

Les aimants principaux et additionnels portent respectivement un moment magnétique

µ1 etµ2. Nous tenons compte de toutes les interactions dipôle-dipôle pouvant s'exercer entre

les éléments du réseau. Elles s'expriment : Jij = 1 r3 ij µij3 r2 iji.rij)(µj.rij)

Nous limitons la portée de l'interaction à un certain rayon de coupure, que nous notons rc. Le paramètre permettant d'ajuster le modèle n'est maintenant plus J3 mais µ2; expérimen-talement, il se contrôle grâce aux dimensions des aimants additionnels. Nous allons calculer l'énergie de nos congurations ice rule grâce à l'expression (2.16), pour diérentes valeurs de µ2 et rc. Les résultats sont présentés en gure 3.9.

Le graphe en gure3.9a représente l'énergie des états ice rule en fonction deµ2, pour une portée rc= 15 (en unité de paramètre de maille). Par rapport au cas J1, J2, J3 (cf. g. 3.8), une diérence très importante apparaît : il n'existe pas de valeur deµ2pour laquelle toutes les énergies convergent. Pourtant, les courbes montrent que µ2 entraîne bien une diminution de l'énergie de l'état F et une augmentation de l'énergie de l'état AF. La dispersion des énergies atteint un minimum qui est non-nul. Dans la zone du graphe 3.9a surlignée en rouge, la dispersion est due à la diérence d'énergie entre les états F et M. Avec des interactions à courte portée, ces deux états ont la même énergie (ils appartiennent à la phase F dégénérée). Le couplage latéral entre les aimants est à l'origine de cette levée de dégénérescence.

-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 1 2 4 8 12 15 a) b)

Figure 3.9 a) Graphe équivalent à la gure 3.8, en considérant cette fois les interactions dipolaires jusqu'à rc = 15. Les valeurs de µ2 sont rapportées à µ1. b) Graphe montrant la diérence entre l'énergie maximale et minimale des états étudiés en fonction de µ2. Le tracé est répété pour plusieurs portées d'interaction. L'énergie est normalisée par rapport à l'énergie moyenne des congurations.

Intéressons nous maintenant à l'eet de la portée des l'interactions. La gure3.9b représente l'écart ∆E

<E> entre les états de plus haute et plus basse énergie pour des rayons rc allant de 1 à 15. La dispersion est maximale pour rc = 1, minimale pour rc = 2. Au delà de rc = 3, l'augmentation de la portée des interactions dipolaires n'a plus d'eet signicatif.

Nous pouvons conclue qu'il est impossible de ramener tous les états ice rule à la même énergie dès lors que le couplage latéral entre aimants est pris en compte. Les absorbeurs conservent néanmoins une certaine ecacité : la dispersion de la bande peut être divisé jusqu'à sept par rapport au modèle initial (cf. g. 3.9b). Ce minimum est atteint aux alentours de µ2 = 0.2µ1. Du point de vue de la réalisation expérimentale, un tel rapport de volume entre les nanoaimants est tout à fait réalisable. Dans la partie suivante, nous allons modéliser les nanoaimants de façon plus réaliste.

3.2.3 Absorbeurs dans un modèle de charges magnétiques

Nous modélisons maintenant les nanoaimants par des paires de charges magnétiques. Cela nécessite l'ajout d'un paramètreL, correspondant à la distance entre les charges magnétiques des nanoaimants. Nous avons vu au Ÿ2.3.2 que ces charges Q s'expriment :

Qiµi Li

où µi représente le moment magnétique de l'aimant i et Li sa longueur. Voyons maintenant comment modéliser les absorbeurs avec ces charges magnétiques.

Modélisation des absorbeurs

Expérimentalement,µ2 est déterminé par le volumeVades absorbeurs et leur aimantation à saturationMs. Dans les expériences, nous avons choisi de xer la largeurwa des absorbeurs à la moitié de celle des aimants principaux w. L'épaisseur e de l'ensemble des aimants est déterminée par celle de la couche magnétique les constituant. L'aimantation à saturationMs n'est, elle, pas contrôlable pour chaque spin puisqu'elle est déterminée par le matériau. Il ne reste que la longueur La des absorbeurs pour contrôler leur moment µ2. Exprimons d'abord µ2 en fonction deLa et de µ1 =LweMs (moment magnétique des aimants principaux) :

µ2 =VaMs =LawaeMs= La LL w 2eMs= La 2Lµ1

Les absorbeurs sont donc représentés par des charges magnétiques Qa telles que : Qa = µ2

La = 1 2Lµ1

CommeLetµ1sont des grandeurs xes, il apparaît que les charges représentant les absorbeurs sont constantes quelque soitLaetµa3. Voyons maintenant l'eet de ces nouvelles interactions sur notre système.

Eet sur la dispersion des états

Nous calculons la dispersion des états de basse énergie de manière identique à celle em-ployée au Ÿ3.2.2. Les interactions considérées sont maintenant de type coulombienne (donc à longue portée). La gure 3.10a montre que la dispersion calculée en fonction de µ2 est semblable à celle obtenue dans le modèle de dipôles ponctuels (cf. g. 3.9a). Les variations sont moins linéaires, mais la hiérarchie des états reste la même.

La dispersion rapportée à l'énergie moyenne est représenté en gure3.10b pour diérents rayons rc. La portée de l'interaction semble critique lors du passage de rc = 1 à rc=2. Pour rc= 1, le minimum de la dispersion n'est pas atteint dans la plage de valeurs deµ2 explorée. Il n'est pas pertinent d'étendre encore cette plage car, dans nos conditions de simulations, les charges des absorbeurs entrent en contact à µ2 = 0.54. À partir de rc = 2, la dispersion possède un minimum enµ2 = 0.37. À ce point, l'amplitude reste déterminée par la diérence d'énergie entre les état AF et F. Pour des portées d'interaction supérieures àrc= 2, le graphe 3.10b ne montre pas de changement signicatifs.

L'amplitude minimale obtenue est plus faible dans le cas du modèle de charges par rap-port au modèle de dipôles ponctuels : 0.08 contre 0.2 après normalisation par raprap-port à l'énergie moyenne. L'extension spatiale des nanoaimants semble donc améliorer la capacité des absorbeurs à restaurer une physique de liquide de spin dans le réseau carré. Par contre, le momentµ2 optimal est presque deux fois plus grand dans le modèle de charges (µ2 = 0.37µ1). Cela correspond à une longueur d'absorbeurs de La = 0.74L. Un La aussi élevé soulève un problème pratique d'encombrement dans le réseau.

3. Ce constat peut sembler surprenant mais se comprend aisément. Les charges varient de façon inverse-ment proportionnelle à la longueur du dipôle mais proportionnelleinverse-ment à son moinverse-ment magnétique. Comme la largeur et l'épaisseur de nos absorbeurs sont xées, ces deux eets se compensent.

a) b) 1