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Chapitre 2. Cheminement et modélisation théoriques

2.1 Emprunts en analyse des pratiques et des usages

2.1.2 État de la recherche en analyse des usages

Un état de l’art sur la recherche en analyse des usages a pu être mené afin d’établir dans quelle mouvance nous nous inscrivions, et de vérifier si l’écologie des usages renouvelle réellement ces approches. Il faut préciser d’emblée que nous considérons que l’usage s’inscrit dans « un continuum de définitions, allant du pôle de la simple “adoption” (achat, consommation, expression d’une demande sociale en regard d’une offre industrielle) au pôle de l’“appropriation” » (Breton, Proulx, 2002 : 255). Nous verrons que la distinction entre adoption et appropriation est plus d’ordre théorique qu’empirique, l’adoption ayant des incidences sur l’appropriation. Si l’adoption réfère à des études plus psychosociologiques, le terme d’appropriation est constitutif d’une histoire conceptuelle de la sociologie des usages, sans oublier l’« utilisation » qui renvoie davantage aux travaux en ergonomie (ibid. : 256).

139 Un détour théorique vers les courants d’analyse des usages est possible grâce à la contribution de Josiane Jouët (2000). Elle étudie au sein d’un article publié dans la revue Réseaux, « Retour critique sur la sociologie des usages », la construction d’une discipline. Elle (ibid. : 489) centre sa réflexion sur des travaux francophones, qui constituent en réalité un courant spécifique de la sociologie des usages. L’auteur (ibid. : 490) remarque que « le développement de la sociologie des usages s’est articulé sur l’expansion des TIC ». Progressivement, la recherche s’est aussi étendue à diverses catégories de populations. La construction du champ s’est d’abord réalisée par des chercheurs qui ne sont pas issus des SIC ; cette discipline n’étant pas encore stabilisée dans ses contours. En outre, l’interdisciplinarité est constitutive de la sociologie des usages. En réalité, ce sont « les problématiques de la sociologie des modes de vie, de la famille et du travail, particulièrement fécondes à cette période, […] [et] marquées par le courant de l’autonomie sociale » qui alimentent scientifiquement ce courant de recherche. À partir de ce retour à l’histoire, on comprend mieux comment le binôme TIC et autonomie trouve sens ; les chercheurs parleront alors de « pratiques d’autonomie » (ibid. : 495). Dès lors, « la problématique de l’autonomie sociale irrigue donc les premiers travaux de la sociologie des usages. Or, les recherches vont en effet démontrer que les individus s’approprient ces outils à des fins d’émancipation personnelle (la programmation informatique amateur par exemple), d’accomplissement dans le travail (cas des professions intellectuelles) ou à des fins de sociabilité (les messageries conviviales) » (ibid.). Par la suite, « d’autres courants théoriques vont aussi investir, à la fin des années 80, le champ des usages. Les théories de l’ethnométhodologie, de la sociopragmatique et de la socio-linguistique sont convoquées pour observer les processus d’usage “en situation” » (ibid. : 97).

Cet article régulièrement cité pour une généalogie d’une sociologie des usages met l’accent sur les différentes théories qui ont alimenté cette sociologie et effectue une synthèse de leurs apports croisés : l’usage est toujours analysé comme un construit social (généalogie, appropriation, lien social et intégration des usages dans les rapports sociaux). L’auteur identifie également des lignes de tension, c’est-à-dire des risques dans la recherche en sociologie des usages : « La montée de l’empirisme » déconnectée des recherches antérieures et décontextualisée ainsi que « l’approche communicationnelle » qui peut se focaliser uniquement sur l’objet ou sur « une équivalence postulée entre le communicationnel et le social » ; en oublier l’intérêt des recherches quantitatives et, se parcelliser en « sous- disciplines mères ». L’auteur s’intéresse uniquement à la sociologie des usages, discipline

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dans laquelle nous nous inscrivons, et ne se confronte pas aux théories diffusionnistes ou encore à la sociologie de l’innovation. Par ailleurs, l’appropriation a été conceptualisée par de nombreux penseurs (Ologeanu-Taddei, Stali, 2009) et est en passe de devenir l’ancrage privilégié pour appréhender les usages dans cette épaisseur sociale : de « la formation des usages sociaux » aux « procès d’appropriation au niveau du groupe » (ibid.). Mais ces théories se focalisent sur l’un ou l’autre de ces processus sans toutefois toujours les articuler.

En outre, les travaux de Serge Proulx (2005 : 12) complètent ceux de Josiane Jouët. Il série cinq courants et traditions de recherche, qui ont contribué à la constitution du domaine des études d’usage : la « diffusion sociale des innovations (Rogers, 1995) », les « travaux portant sur la genèse de l’innovation sociotechnique (en particulier, le modèle de la traduction : Callon, 1986) », les « études des significations d’usage (qui constitue le noyau fondateur de la sociologie française des usages : Jouët, 2000) », la « microsociologie (ethnométhodologie, interactionnisme, pragmatique de l’action située et de la cognition distribuée : Conein, 2004) », la « sociopolitique et sociologie critique des usages (Vitalis, 1994) » (ibid. : 12).

Par ailleurs, Françoise Paquienséguy (2006) aborde l’évolution des études d’usage à partir des différents questionnements des chercheurs. Les années 90 marquent un tournant après le développement d’une sociologie des usages en France dans les années 80. Une perspective plus large est ouverte avec des interrogations sur la « convergence technologique », « la représentation de l’usager dans le processus d’innovation » et l’impact de « la généalogie des usages ».

Enfin, les articles de Françoise Millerand, publiés dans la revue COMMposite en 1998, et en 1999 sur les « usages des NTIC : les approches de la diffusion, de l’innovation et de l’appropriation », nous ont également permis de réaliser une synthèse des différentes approches d’analyse des usages. Elle s’est elle-même inspirée d’un des premiers articles synthétiques de Pierre Chambat (1994). Nous préférons utiliser le terme de « sous-approche » pour signifier que des approches les surdéterminent (sociologique, communicationnelle, économique, politique, etc.). Le tableau en annexe n°10 détaille ces approches. Nous aurions pu rajouter tous les travaux en ergonomie, qui se situent dans le prolongement de l’appropriation, mais ils étudient les procédures d’utilisation alors que « la sociologie des usages s’intéresse de fait à la pratique et non à l’utilisation » (Trémembert, 2008 : 4-5). Par

141 ailleurs, nous détaillons différentes sous-approches que nous mobilisons car elles participent au continuum usages-pratiques : la construction sociale et la socio-économie des usages.

a. Construction sociale des usages

Serge Proulx explicite son modèle dans un article de 2006 intitulé, « Pour comprendre l’usage des objets communicationnels, (re)penser le constructivisme ». Il y précise son appareillage théorique, c’est-à-dire avec quelles théories parvenir à l’application du modèle dans l’analyse. La coordination entre la conception et l’usage peut être appréhendée dans « la jonction des études d’usage avec les travaux sur l’innovation ». La situation de l’usage dans un contexte de pratiques peut être étudiée « dans la rencontre des études d’usage avec les approches sociocognitives » pour « saisir l’usage dans un contexte organisationnel élargi ». Ce contexte organisationnel est considéré par certains comme « un prolongement des capacités cognitives des êtres humains qui le constituent (ibid. : 11). Les approches sociocognitives nous alertent sur trois voies à emprunter : un contexte élargi et non plus microsociologique, mais organisationnel (macro- et méso-sociologique) ; les représentations mentales s’insèrent dans un stock de représentations sociales (inter-influence) ; l’usage doit être compris « comme s’insérant dans un environnement cognitif constitué d’un réseau de ressources organisationnelles structurantes » et nous préférons alors parler d’écosystème plutôt que de réseau. Enfin, les études d’usage sont « en synergie avec les approches sociopolitiques » qui révèlent des « enjeux éthiques et politiques ». Deux niveaux d’analyse sont ici à prendre en compte : l’interaction dialogique fait ressortir « la configuration de l’usager à travers les prescriptions d’usage » et « la prescription d’usage dans le design de l’objet technique ».

b. Socio-économie

Lorsque l’on parle de l’utilisation de l’informatique et/ou de l’Internet par les personnes handicapées mentales accueillies dans les établissements spécialisés, ces objets technologiques en contexte renvoient simultanément à des outils de communication et aux médias éducatifs. Sur les mises en garde de différents auteurs (Mœglin, 2005 ; Akrich, 1993), se référer à l’histoire et à la genèse des usages antérieurs permet de ne pas attribuer un qualificatif de novateur à des pratiques qui actualisent des conduites précédentes voire incorporées.

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De plus, l’approche historico-socio-économique des usages des technologies de Pierre Mœglin (ibid.) permettra de penser les outils et médias éducatifs, leur production ou reproduction et leurs usages. Dès lors, « comment l’éducation [spécialisée] vient-elle aux outils et médias ? ». En effet, sur le modèle du questionnement de Pierre Mœglin (2005 : 10) – « que faut-il pour qu’un outil de communication ou un média devienne éducatif et à partir de quand le devient-il ? » – il est possible d’interroger en retour : que faut-il pour qu’un outil et/ou média de communication favorise la communication des personnes handicapées mentales et/ou qu’un outil de communication et/ou un média devienne éducatif ? En effet, il est nécessaire de définir ce que les individus font des outils et médias ; en d’autres termes, qu’est-ce qui en fait notamment un outil de communication et/ou un média éducatif ? Nous avons ainsi tenté de répondre aux orientations, en matière de recherche, émises par Bernard Miège (1998 : 11) concernant l’articulation du communicationnel et du social, car « les sciences de la communication ont beaucoup à gagner à placer leurs analyses dans le cadre du “temps long”, et en tout cas à les distinguer du “temps court” qui, pour le moment, est une préoccupation (trop) largement majoritaire ».

De plus, les implications socio-économiques sont abordées « au titre de la dimension communicationnelle ». Pierre Mœglin (1999) propose d’intégrer à l’analyse « trois niveaux interdépendants mais distincts : celui des logiques sociales et des représentations accompagnant les usages sociaux de ces outils ; celui des logiques de l’offre et des conditions de leur mise en marché ; celui, enfin, des logiques organisationnelles et des modalités de leur intégration ». De même, Bernard Miège (1996 : 18-19) a développé une approche socio- économique des médias de communication à partir de la notion de « logique », qui sera la trame de notre analyse des usages et pratiques :

« À notre avis, le progrès des connaissances en matière de communication viendra surtout de réflexions et de travaux, fondés sur des méthodologies intersciences, et traversant les champs couvrant la communication, sans prétendre envisager celle-ci dans sa totalité. Ces réflexions et ses travaux d’analyse “nécessitant des observations menées avec autant de rigueur que possible” doivent permettre de dégager des règles de fonctionnement, ayant une suffisante stabilité temporelle, et qui aident à comprendre les évolutions conjoncturelles, les mouvements apparaissant comme erratiques et les tactiques des acteurs sociaux concernés. Ces règles de fonctionnement, nous proposons de les appeler logiques sociales […] ; elles correspondent à des mouvements de longue durée portant aussi bien sur des processus de production que sur des processus de consommation ou des mécanismes de formation des usages ; mais elles ne doivent pas être considérées comme fixées définitivement, elles se transforment régulièrement : en ce

143 sens, elles s’apparentent aux “mouvements structurants/structurés” que Pierre Bourdieu a cherché à définir et à identifier. L’important est d’admettre que ces logiques sociales ne fonctionnent pas de façon déterministe ou mécanique ; mais, c’est autour d’elles que s’articulent, à moyen terme, les stratégies d’acteurs, se développant parfois dans des sens opposés ; les acteurs sociaux, dans leurs actions concrètes, ont la possibilité d’aller momentanément, et dans certains cas durablement, à l’encontre des logiques sociales ; ce faisant, ils affirment leur position dans le champ concerné, ils prennent part également à la modification et au “déplacement” des logiques elles-mêmes ; enfin, une catégorie d’acteurs peut évidemment refuser durablement d’inscrire ses actions dans le sens de la (des) logique(s) sociale(s) dominante(s), mais en acceptant les conséquences de la marginalisation et de la minorisation économique voire sociale ».

c. Continuum de l’usage

Nous considérons que l’usage ne peut pas être étudié ex nihilo d’un processus de construction démarrant avec la diffusion des usages, en passant par l’adoption, l’appropriation et les pratiques in situ.

- Innovation, appropriation et trajectoires d’usage

La synthèse de Françoise Millerand, notamment au sujet de l’appropriation, se rapproche de la modélisation d’analyse des usages de Serge Proulx. L’appropriation peut se diviser en quatre modélisations servant de cadre à l’analyse (Millerand, 1999). La première s’attache aux formes de l’appropriation qui se divisent en six énoncés : l’écart entre les usages prescrits et effectifs ; les significations d’usage ; la construction identitaire ; le continuum de pratique ; la socialisation des techniques (domestication) ; l’imaginaire technique et les représentations. La deuxième traite de l’économie de l’appropriation qui se scinde en trois thématiques : le remodelage des frontières ; la technicisation de la relation de communication et la question du lien social. La troisième se rapporte au rôle de l’usager actif et autonome. Enfin, la socio- politique des usages peut s’appréhender à partir des processus d’innovation et d’appropriation (configuration socio-technique) ; des rapports entre logiques technique et sociale ; des représentations politiques et symboliques et de l’étude de l’offre technique.

Serge Proulx (2006 : 9) utilise également la notion d’appropriation ; elle remonterait « aux préoccupations initiales des chercheurs qui ont formé le noyau idéologique constitutif des premières études d’usage des TIC (Chambat, 1994, Proulx, 1994b) ». Selon l’auteur (ibid. : 9- 10) : « La sociologie de l’appropriation est à l’origine, en effet, davantage une “orientation idéologique” de certains travaux de recherche qu’une définition formelle d’un domaine

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d’étude constitué. La notion d’appropriation est reliée en France et au Québec dans les décennies 1970 et 1980 à une sociopolitique des usages ». Dès lors, l’attention à la dimension conflictuelle « renvoie les usages au contexte des rapports sociaux de production et de reproduction (Proulx, 1988). Ces travaux s’inscrivent dans les courants dits de l’autonomie sociale : l’appropriation est un procès à la fois individuel et social. Ces chercheurs sont attentifs aux problématiques du sujet : “L’appropriation est un procès : elle est l’acte de se constituer un soi” (Jouët, 2000) ». Serge Proulx (ibid.) utilise encore aujourd’hui cette notion de l’appropriation pour « sa pertinence scientifique et sociale lorsque l’on cherche à décrire le processus d’intériorisation progressive de compétences techniques et cognitives à l’œuvre chez les individus et les groupes qui manient quotidiennement ces technologies ». Il propose également de s’intéresser aux quatre conditions de réalisation de l’appropriation (en dehors de la condition préalable de l’accès au dispositif technique : « a) maîtrise technique et cognitive de l’artefact ; b) intégration significative de l’objet technique dans la pratique quotidienne de l’usager ; c) l’usage répété de cette technologie ouvre vers des possibilités de création (actions qui génèrent de la nouveauté dans la pratique sociale) ; d) finalement, à un niveau plus proprement collectif, l’appropriation sociale suppose que les usagers soient adéquatement représentés dans l’établissement de politiques publiques et en même temps pris en compte dans les processus d’innovation (production industrielle et distribution commerciale) ».

L’accès est étudié à partir de notre enquête par questionnaires. Elle permet de dresser une cartographie des usages, mais surtout de montrer que les types d’établissements, de formations professionnelles et de handicaps ne conditionnent pas exclusivement l’appropriation d’une technique. La maîtrise technique et cognitive de l’artéfact est une condition d’appropriation qui peut être nuancée. Avec l’utilisation de l’informatique et/ou d’Internet, nous savons qu’il est quasi impossible de maîtriser l’ensemble du panel de possibilités techniques et que nos usages actualisent uniquement celles que nous avons appris à maîtriser. Par ailleurs, la maîtrise cognitive de la technique est davantage une compréhension de l’utilité de l’objet, puisque certaines techniques sont mobilisées pour compenser une déficience cognitive. L’intégration de l’objet dans la pratique quotidienne des personnes handicapées mentales est un bon indicateur du degré de motivation, mais bien d’autres contraintes pèsent sur cette intégration, autres que cognitives. De plus, les possibilités de création avec l’usage répété seront détaillées en partie trois. S’agissant de la représentation du groupe de personnes handicapées mentales, les politiques reconnaissent leurs besoins en termes d’accessibilité et les industriels investissent de plus en plus le champ des aides

145 cognitives – sous oublier les marchés des aides techniques, des aides à la communication et de la domotique – dont pourraient bénéficier les personnes handicapées mentales.

De plus, comme le relatent Serge Proulx et Johanne Saint-Charles (2004), « nous sommes intéressés autant par les continuités que par les moments de rupture dans ces trajectoires d’usage : pourrait-on retracer, par exemple, l’origine d’un intérêt personnel soutenu pour Internet dans un premier contact avec la culture numérique des jeux vidéo au moment de la première enfance ? ». Il faut préciser que l’expression « trajectoire d’usage », « désigne les parcours singuliers d’individus à travers la constellation d’objets communicationnels passés, présents ou émergeants qui leur sont offerts et qui constitue un environnement cognitif privilégié (Proulx, 2002) ». Enfin, pour dépasser la tension entre innovation et usage, certains auteurs proposent d’analyser la tension entre innovation et appropriation (Denouël, Granjon 2011 : 27) : « Depuis la notion d’exploration, les usages sont alors envisagés, selon un principe de symétrie, comme relevant de la logique à la fois d’appropriation et d’innovation – auxquels viennent s’ajouter les modalités de commercialisation » ; l’exploration, précédant l’adoption, elle-même précédant l’appropriation.

- Acceptabilité sociale et adoption : autodétermination et auto-efficacité

Les travaux issus de l’acceptabilité sociale d’une innovation de Philippe Mallein (1990), ainsi que ceux d’Albert Bandura (2003) sur le sentiment d’efficacité, adjoints aux travaux en psycho éducation dont nous avons présenté les apports en chapitre 1, permettent également d’analyser ce continuum d’usage sous ses aspects motivationnels.

- Non-usage47

Après près de trente ans d’expansion de la sociologie des usages, une sociologie du non-usage s’est constituée notamment à partir de travaux anglo-saxons48. En revanche, « historiquement, la problématique des non-usages est apparue avec la sociologie de la diffusion dans les années 1950 » (Jauréguiberry, 2010 : 22). Dans notre perspective écologique, l’usage est pluri-formes et s’inscrit sur un continuum d’appropriation technique oscillant entre la non-utilisation et l’adoption élevée des TIC (Coulibaly et al., 2010 : 123). Les recherches portant sur les non-

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Il faut préciser qu’un numéro récent de Questions de communication (n°18 de 2010) a consacré son dossier thématique au non-usage : (Re)penser le non-usage des TIC ; il a été coordonné par Catherine Kellner, Luc Massou, Pierre Morelli.

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En France, un article célèbre reste celui de Feirouz Boudokhane (2006), Comprendre le non-usage

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usagers s’attachent à décrire les différents profils types (en général en corrélation avec certaines catégories socio-professionnelles) et les raisons évoquées ou invoquées pour expliquer cette non-utilisation. En réalité, sous le terme générique de non-usager, se dissimulent plusieurs figures identifiées et ce aussi en fonction des objets étudiés. Nous les évoquerons succinctement en partie deux – à partir de différents écrits rétrospectifs sur les travaux en sociologie du non-usage – afin de signaler une évolution de la visibilité (idéologique, scientifique, épistémologique) d’une minorité que l’on connaît essentiellement massifiée sous le vocable d’ « exclue des TIC ».