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Éléments finis en dimension N ≥ 2

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2.4 Éléments finis

2.4.3 Éléments finis en dimension N ≥ 2

Nous nous plaçons maintenant en dimension d’espaceN ≥2(en pratique N = 2,3). Nous considérons le problème modèle de Dirichlet

−∆u=f dansΩ

u= 0 sur∂Ω, (2.41)

dont nous savons qu’il admet une solution unique dansH01(Ω), sif ∈L2(Ω).

Fig. 2.4. Exemple de maillage triangulaire en dimensionN = 2.

Nous supposons que le domaineΩest polyédrique, c’est-à-dire qu’il est une réunion finie d’intersections finies de demi-espaces deRN. La raison de cette hypothèse est qu’il n’est possible de mailler exactement que de tels ouverts.

Définition 2.31.Soit Ω un ouvert connexe polyédrique de RN (N = 2,3).

Un maillage de Ω est un ensemble Th de triangles (N = 2) ou tétraèdres (N = 3) non plats (Ki)1in qui vérifient (voir la Figure 2.4)

1.Ki⊂Ω etΩ=∪ni=1Ki,

2. l’intersection Ki∩Kj est soit vide, soit réduite à un sommet commun, soit une face communeentière, soit une arête commune entière (lorsque N= 3).

Les sommets (ou noeuds) du maillage Th sont les sommets des triangles ou tétraèdres Ki qui le composent. Par convention, le paramètre h désigne le maximum des diamètres desKi.

Rappelons qu’un triangle a 3 sommets et un tétraèdre 4, que l’on note (aj)1≤j≤N+1. Dans un triangle ou tétraèdre K (non plat) il est commode d’utiliser des coordonnées barycentriques, définies pour un pointx∈RN par

N+1

j=1 ai,jλj=xi pour1≤i≤N, N+1

j=1 λj= 1. (2.42)

Remarquons que les fonctionsx→λj(x)sont affines. On vérifie alors que K=

x∈RN tel que λj(x)≥0 pour 1≤j≤N+ 1 .

Nous définissons maintenant l’ensemblePk des polynômes à coefficients réels de RN dans R de degré inférieur ou égal à k, c’est-à-dire que tout p ∈ Pk s’écrit sous la forme

p(x) =

i1,...,iN≥0 i1 +...+iN≤k

αi1,...,iNxi11· · ·xiNN avec x= (x1, ..., xN).

En pratique, on utilise surtout des polynômes de degré 1 ou 2. Dans ce cas on a les caractérisations suivantes deP1 etP2dans un élémentKà l’aide des coordonnées barycentriques(λj(x))1≤j≤N+1.

Lemme 2.32.Tout polynôme p∈P1 se met sous la forme p(x) =

N+1

j=1

p(ajj(x), où les(aj)1jN+1 sont les sommets deK.

Lemme 2.33.Tout polynôme p∈P2 se met sous la forme p(x) =

N+1

j=1

p(ajj(x) (2λj(x)−1) +

1j<jN+1

4p(ajjj(x)λj(x),

où les (aj)1jN+1 sont les sommets de K, et les (ajj)1j<jN+1 sont les

“points milieux” des arêtes de K définis par leur coordonnées barycentriques λj(ajj) =λj(ajj) = 1

2, λl(ajj) = 0pourl=j, j.

Nous avons maintenant tous les outils pour définir la méthode des éléments finisPk.

Définition 2.34.Étant donné un maillage Th d’un ouvert connexe poly-édrique Ω, la méthode des éléments finis Pk, ou éléments finis triangu-laires de Lagrange d’ordrek, associée à ce maillage, est définie par l’espace discret

Vh=

v∈C(Ω)tel quev|Ki ∈Pk pour toutKi∈ Th

. (2.43)

On appelle noeuds desdegrés de libertél’ensemble des sommets du maillage si k= 1, et l’ensemble des sommets et des points milieux sik= 2, et on les note (ˆai)1indl avec ndl le nombre de degrés de liberté. On appelle degrés de liberté d’une fonction v ∈ Vh l’ensemble des valeurs de v en ces noeuds (ˆai)1indl.

L’appellation éléments finis de Lagrange correspond aux éléments finis dont les degrés de liberté sont des valeurs ponctuelles des fonctions de l’espace Vh. Le résultat suivant montre qu’on peut caractériser les fonctions deVh par leurs degrés de liberté.

Proposition 2.35.L’espace Vh, défini par (2.43), est un sous-espace de H1(Ω)dont la dimension est finie, égale au nombre de degrés de liberté. De plus, il existe une base de Vhi)1indl définie par

Décrivons larésolution pratiquedu problème de Dirichlet (2.41) par la méthode des éléments finisPk. À cause de la condition aux limites on utilise plutôt le sous-espaceV0hdéfini par

V0h={v∈Vh tel quev= 0 sur∂Ω}. la formulation variationnelle dansV0hrevient à résoudre dansRndl le système linéaire

KhUh=bh.

Comme les fonctions de base φj ont un “petit” support autour du noeudaˆi

(voir la Figure 2.5), l’intersection des supports deφj etφiest souvent vide et la plupart des coefficients de la matrice de rigiditéKhsont nuls.

Pour calculer les coefficients deKhou du second membrebh, on utilise des formules de quadrature(ou formules d’intégration numérique) comme, par exemple, la formule des “trapèzes”

Fig. 2.5.Fonction de baseP1 en dimensionN= 2.

qui est exacte pour des fonctions affines et approchée à l’ordre 2 en h pour des fonctions régulières.

La construction de la matrice de rigiditéKh est appeléeassemblage de la matrice. La mise en oeuvre informatique de cette étape du calcul peut être assez compliquée, mais son coût en terme de temps de calcul est faible. Ce n’est pas le cas de la résolution du système linéaireKhUh=bhqui est l’étape la plus coûteuse de la méthode en temps de calcul (et en place mémoire).

En particulier, les calculs tridimensionnels sont encore très chers de nos jours dès que l’on utilise des maillages fins (c’est-à-dire avec ndl grand). On peut démontrer la convergence de la méthode des éléments finis.

Théorème 2.36.Soit(Th)h>0 une suite de maillages réguliers (voir [1] pour une définition précise) de Ω. Soit u ∈ H01(Ω), la solution du problème de Dirichlet (2.41), etuh∈V0h, celle de son approximation interne (2.32) par la méthode des éléments finisPk. Alors la méthode des éléments finisPkconverge, c’est-à-dire que

hlim0u−uhH1(Ω)= 0. (2.45) De plus, siu∈Hk+1(Ω)et si k+ 1> N/2, alors on a l’estimation d’erreur

u−uhH1(Ω)≤ChkuHk+1(Ω), (2.46) oùC est une constante indépendante de het deu.

Remarque 2.37.Si le domaineΩest de type rectangulaire, on peut le mailler par des rectangles (plus précisément des pavés N

j=1[lj, Lj] avec lj < Lj) plutôt que par des triangles et utiliser une méthode d’éléments finis de type Lagrange, dits éléments finis Qk. Un maillage rectangulaire est un ensemble Th de rectangles(Ki)1in qui forment une partition conforme deΩau sens de la Définition 2.31.

On définit l’ensembleQk des polynômes à coefficients réels deRN dansR de degré inférieur ou égal àkpar rapport à chaque variable, c’est-à-dire que toutp∈Qk s’écrit sous la forme

p(x) =

0≤i1≤k,...,0≤iN≤k

αi1,...,iNxi11· · ·xiNN avecx= (x1, ..., xN).

Remarquons que le degré total deppeut être supérieur àk, ce qui différencie l’espace Qk de Pk. En pratique, on utilise surtout les espacesQ1 et Q2. La Figure 2.6 montre une fonction de base Q1 en dimension N = 2 (on peut y vérifier que les fonctions de Q1 ne sont pas affines par morceaux comme celles de P1). On vérifie sans peine que tout polynôme de Q1 est déterminé de manière unique par ses valeurs aux sommets d’un rectangleK, et que tout polynôme deQ2est déterminé de manière unique par ses valeurs aux sommets et aux points milieux de coordonnées telles que(xj−lj)/(Lj−lj) = 0,12,1.

La méthode des éléments finisQk est définie par l’espace discret Vh=

v∈C(Ω)tel quev|Ki ∈Qk pour toutKi∈ Th

. (2.47)

On appelle noeuds desdegrés de libertél’ensemble(ˆai)1indl des sommets du maillage si k = 1, et des sommets et des points milieux si k = 2. Il est facile de vérifier que Vh est un sous-espace de H1(Ω) dont la dimension est le nombre de degrés de liberté ndl et d’exhiber une base de Vh définie par φi(ˆaj) =δij pour1≤i, j≤ndl. •

Fig. 2.6.Fonction de baseQ1en dimensionN= 2.

2.5 Bibliographie

Le contenu de ce chapitre est très classique et des compléments peuvent être trouvés dans tout ouvrage ayant trait à l’analyse numérique. Par exemple, le lecteur désireux d’en savoir plus pourra se reporter à [1]. Pour les aspects les plus théoriques on pourra aussi consulter [28], et pour les aspects plus numériques [47], [121], [148], sans oublier la très complète encyclopédie [55].

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