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II. Synthèse de la polémique Marchand-Des Maizeaux

1.1 Un échange épistolaire tendu

Alors que Des Maizeaux et Marchand travaillaient depuis un certain temps, chacun de son côté, à l’édition des Lettres choisies de Mr Bayle, leur première prise de contact

directe230 eut lieu lorsque Des Maizeaux rédigea une brève lettre le 20 mars 1713 à la

228 L’histoire éditoriale établie par Élisabeth Labrousse dans son Inventaire critique de la correspondance

de Pierre Bayle (voir surtout p. 13-20) demeure le meilleur travail sur le sujet et l’on y renvoie dans

l’introduction à l’édition définitive de cette correspondance actuellement en cours (É. Labrousse, « Introduction générale à la Correspondance de Pierre Bayle »).

229 La preuve en est notamment que leur correspondance professionnelle est le plus souvent signée « Fritsch & Böhm », peu importe lequel d’entre eux aurait rédigé un texte particulier. La signature commune figure par exemple à la clôture des lettres envoyées à Des Maizeaux le 19 septembre 1711 et le 13 avril 1714, dont le premier est de la main de Fritsch et la seconde de celle de Böhm (BL Add. Mss. 4283 ff. 282-283 et ff. 288-289).

230 Pour ce qui est de leur contact par intermédiaires, il est à supposer que les commentaires et les corrections de Marchand concernant les LC furent communiqués à Des Maizeaux par Fritsch et Böhm, et

personne, encore inconnue de lui, qui collaborait à la préparation de l’ouvrage. Dans cette lettre aux libraires Fritsch et Böhm, intermédiaires naturels dans cette situation (1-1), Des Maizeaux demande à connaître son collègue, se prévalant de la convention d’entraide entre hommes de lettres. Employant des formules de politesse usuelles231, Des Maizeaux

témoigne sa reconnaissance pour le travail effectué sur les lettres, notant spécifiquement qu’il n’est « pas moins obligé de la peine que [son destinataire a] prise de supprimer quelques unes de ces Lettres, que des Notes egalemt. curieuses & instructives dont [il a]

enrichi les autres. » Pour ce qui est du travail encore à accomplir, Des Maizeaux sollicite l’opinion de son allocutaire sur trois propositions qu’il voudrait voir incorporées dans l’édition des Lettres et clôt son message en le priant de « [c]ontinue[r] à perfectionner ce Recueil ». Succincte, cette lettre représente un acte délibéré et précis, dans le but de poursuivre une relation avec un nouvel interlocuteur et, suivant les usages de la communauté savante, d’établir un lien de communication avec un nouveau collègue.

La réponse suscitée par cette lettre se veut anonyme (1-2) et cet anonymat est d’ailleurs protégé par Michel Böhm lorsqu’il la fait parvenir à destination232. La missive

que réciproquement, les réactions concernant ces suggestions le furent à Marchand. Les imprimeurs étaient en contact avec chacun d’eux avant qu’ils ne le soient directement. De plus, nous savons que Des Maizeaux fut informé du rôle de Marchand par son fidèle commissionnaire Charles de la Motte (voir BL Add. Mss. 4286 f. 103, C. de la Motte à P. Des Maizeaux, 1710-03-04 et BL Add. Mss. 4286 f. 115r., C. de la Motte à P. Des Maizeaux, 1710-07-29).

231 La formule de clôture quasi invariable entre pairs savants, « Votre très humble et très obéissant serviteur », figure à la fin de cette lettre comme dans toutes celles échangées par ces deux hommes de lettres. L’écriture épistolaire, ses formes et formules de politesse étaient clairement codifiées par les nombreux traités et recueils de l’art épistolaire produits au début de l’époque moderne. La première partie de l’ouvrage de Haroche-Bouzinac est particulièrement éclairante sur ce sujet (Voltaire dans ses lettres de

jeunesse, 1711-1733 : la formation d’un épistolier au XVIIIe siècle). Le travail de Gioria Sternberg sur l’épistolarité de la cour sous Louis XIV fournit un éclairage complémentaire sur ce sujet dans un contexte contrasté parce que strictement hiérarchisé (« Epistolary Ceremonial : Corresponding Status at the Time of Louis XIV », et le chapitre 7, « Epistolary Ceremonial : Manuscript Correspondence as Unmediated Status Interaction », de son Status Interaction during the Reign of Louis XIV).

232 Sur la question de l’identité possible de son auteur, voir supra n.193. Il peut être utile de rappeler que les historiens s’accordent pour attribuer cette lettre à l’équipe Marchand-Fritsch-Böhm.

de Des Maizeaux ayant été envoyée à l’assistant à l’édition des Lettres, la réaction est écrite dans la voix de celui-ci, qui se dit à Aix-la-Chapelle car son état de santé l’oblige à « retarde[r] un peu l’Edition des Lettres de Mr Bayle » pour y prendre les eaux.

Entretemps, il se dit content que Des Maizeaux approuve les retranchements qu’il a faits, expliquant que certaines lettres ne lui « ont point paru dignes d’un sy habille homme [Bayle], & [qu’il a] cru que l’Equité ne permettoit pas qu’on publiast de semblables productions de jeunesse, capables de faire tord a la memoire dun homme a qui l’on doit tant ». En réponse aux propositions nouvelles, l’assistant approuve l’inclusion des notes bibliographiques suggérées par Des Maizeaux, mais exprime son hésitation par rapport à l’insertion d’un des textes recommandés. Par ces réponses directes, cette lettre anonyme assure le lien de communication réclamé par Des Maizeaux et, si on la considère au premier degré, elle semble ouvrir la porte à une collaboration professionnelle respectueuse. Cependant, l’auteur de la lettre impose des limites à leur échange en déclinant de révéler son identité. En contrecarrant ainsi le libre cours de l’information et en contrôlant la situation de communication, il se dote d’une position de pouvoir plutôt que de se poser en égal. Dans ces conditions, la politesse explicite de l’expression n’était que formelle, mais était suffisante pour le maintien des apparences.

Accompagnée d’un message de Böhm qui annonçait que le travail sur l’édition des lettres de Bayle avait été interrompu (1-3), la lettre non signée aurait pu expliquer à Des Maizeaux dans un premier temps pourquoi l’envoi des épreuves avait cessé. D’ailleurs, lorsque notre Londonien écrit aux imprimeurs six mois plus tard, en novembre 1713 (1- 4), pour s’enquérir de l’état de l’édition, le délai ne dépasse pas encore la norme qui a

cours dans le domaine de la librairie, et il semble ne se douter de rien. Dans ces conditions, l’échange entre les acteurs est encore neutre ou du moins pré-conflictuel.

Lorsque Des Maizeaux réécrit à Rotterdam un mois plus tard (1-5), le ton qu’il emploie est nettement moins candide. En témoigne l’explication qu’il donne pour le changement de sa disposition :

à peine ma [dernière] Lettre etoit elle partie qu’on m’en remit une de Mr. de la

Mothe qui m’aprend qu’on continuoit l’impression de ces Lettres qu’on avoit discontinuée; & comme je n’en ai pourtant reçu aucune feuille, & que vous n’avez pas meme daigné repondre à ma Lettre, je ne saurois m’empecher de croire que vous n’ayiez des vûes qui ne me sauroient etre agreables.233

Il conjure ses interlocuteurs de lui expliquer ce qu’il soupçonne être une « conduite bien etrange, & dont [il] ne pense pas [qu’ils auront] sujet de [se] louer ». Des Maizeaux se présente comme une victime, reprochant aux libraires un comportement malhonnête, qu’il ne leur impute cependant pas franchement puisque, comme il le dit : « je ne saurois me persuader que vous vouliez publier ces Lettres à mon inçu, & me priver de tous les droits qu’un Auteur a naturellemt. sur les Imprimés dont il a fourni la Copie ». Ce recul

stratégique ne fait que voiler légèrement l’accusation par un réflexe de politesse qui constitue à vrai dire une manipulation flagrante des bienséances. L’opposition entre l’auteur (je) et les destinataires (vous) de cette lettre sur différents enjeux (vûes, droits) signale l’enclenchement polémique après lequel le ton et le discours de leur échange sont explicitement conflictuels.

233 BL Add. Mss. 4289 f. 133r., P. Des Maizeaux à Fritsch et Böhm 1713-12-22 (annexe : lettre 5). Charles de la Motte lui écrit effectivement que « M. Marchand qui fut ici il y a quelques semaines, me dit qu’on continuoit presentement les Lettres de M. Bayle qu’on avoit discontinué & qu’on en avoit reçu beaucoup d’autres que celles que vous avez fourni, dont on a retranché plusieurs du commencement. » (BL Add. Mss. 4286 f. 192r., 1713-10-14) Il semblerait que ce soit par l’entremise de de la Motte, un agent littéraire agissant comme son intermédiaire, et parfois comme son procureur, auprès des libraires dans les Provinces- Unies, que Des Maizeaux soit arrivé à la conclusion que Prosper Marchand était celui qui s’occupait de la correction des lettres de Bayle. C’était un fait notoire que Marchand était à cette période associé avec et engagé par Fritsch et Böhm pour travailler sur d’autres projets.

Du même trait de plume, Des Maizeaux écrit directement à Marchand (1-6)234.

Malgré l’anonymat de la lettre qu’il avait reçue, Des Maizeaux dit ne pas douter du fait que Marchand soit « l’Auteur des Notes sur les Lettres de Mr. Bayle » et il sollicite son

aide pour inciter les libraires à reprendre l’envoi des épreuves. Des Maizeaux affirme qu’il écrit « aussi pour [lui] temoigner, […] qu[’il] ne [le] croi[t] pas capable d’avoir la moindre part à la maniere dont ils en usent avec [lui]. » Les deux tiers de la lettre servent ensuite à supposément disculper Marchand de la mauvaise conduite des libraires. Cela dit, les raisons que Des Maizeaux invoque pour expliquer pourquoi Marchand n’aurait pu entraver sa participation à l’édition des Lettres constituent une suite d’accusations voilées. Comme dans sa lettre à Fritsch et Böhm, les reproches sont écartés aussitôt qu’avancés, tel que l’illustre le passage suivant :

L’autre raison qui auroit pû vous faire agir de la sorte, c’est que les Notes des feuilles, qui suivent celles que j’ai deja reçues, devant contenir des choses calomnieuses & infamantes à l’egard des personnes à qui ces Lettres sont adressées; vous craignez que si je les voyois je ne vinsse à m’en plaindre & à les faire supprimer : mais à Dieu ne plaise que je vous atribue jamais une conduite aussi malhonnete & aussi abominable que celle-là. Je suis très assuré que ce que vous en direz sera toujours conforme aux regles de l’equité & de la bienseance, qui s’observent en de pareilles occasions.

Après avoir ainsi écarté, en apparence, la possibilité qu’ils soient en compétition quant à la responsabilité première de l’édition, Des Maizeaux – qui considère qu’elle lui revient par droit – suggère la possibilité d’une association d’entraide pour améliorer l’édition. Raffermissant sa position en tant que premier responsable, Des Maizeaux défend le droit de Marchand d’inclure des notes exprimant des opinions différentes des siennes, d’autant plus que leurs notes seraient distinguées par une marque typographique qu’il signalerait

234 La minute de la lettre suit, sur la même feuille, celle de la lettre à Fritsch et Böhm qui porte la même date (1-5). Voir Figure 4 dans l’annexe.

aux lecteurs dans la préface qu’il prévoyait rédiger. La lettre de Des Maizeaux marque donc une tournure offensive dans son rapport avec Marchand tout en conservant la possibilité d’une alliance entre eux.

Dans sa réponse à l’interpellation de Des Maizeaux (1-7), Marchand avoue avoir mentionné à Charles de la Motte que l’on avait repris l’impression des Lettres, mais se dit surpris que cela ait mené Des Maizeaux à le croire impliqué dans l’édition. Il nie être « l’Auteur des Notes » et se réfère à cette figure à la troisième personne. Marchand se distancie également de Fritsch et Böhm, soutenant ne pas avoir d’influence sur eux et donc ne pas pouvoir satisfaire à la requête de Des Maizeaux de faire reprendre l’envoi des feuilles d’épreuves. En dépit du recul que Marchand prend par rapport au projet d’édition, il commente les craintes exprimées par Des Maizeaux sur ce sujet, qui lui semblent exagérées et mal fondées235. Marchand assure à Des Maizeaux, par exemple,

que Fritsch et Böhm lui rendront ce qui lui est dû dans la préface et que l’on ne touchera pas aux paratextes qu’il a préparés. Par ailleurs, les reproches de Des Maizeaux lui en attirent d’autres en raison de l’attitude qu’ils traduisent. Marchand formule ses remarques dans un discours rapporté de manière à les communiquer sans prendre la responsabilité de leur teneur critique, comme l’illustre la citation suivante :

Il [l’auteur des notes] est fort étonné, aussi bien que ces Messieurs [Fritsch et Böhm], que vous craigniés qu’elles ne soient calomnieuses et infamantes. Ces Termes leur paroissent un peu forts, et […] surtout de la part d’une Personne, qui comme vous, Monsieur, semble craindre qu’on ne soit pas assez modéré.

En fin de compte, Marchand excuse sur un ton conciliateur les motifs répréhensibles que Des Maizeaux lui imputait dans sa dernière lettre, en se montrant compréhensif de « la

235 Marchand le tranquillise en ces termes : « Vous vous allarmez un peu trop, et cela sans sujet », « Vous craignez, […] Mais cette crainte est mal fondée » et « il me paroit que vous ne devez nullement vous en inquiéter. » (1-7)

Situation d’Esprit » où son correspondant pouvait être lorsqu’il a écrit sa lettre. Il apparaît par là que Marchand se veut accommodant de manière à atténuer l’agressivité de l’échange, sa lettre cherchant apparemment à désamorcer le conflit naissant entre Des Maizeaux et lui. Cela dit, il s’agit de manœuvres dilatoires, car tôt ou tard le déni de responsabilité de Marchand aurait échoué et Des Maizeaux aurait tout su.

La suite des événements est connue seulement de façon indirecte. Des Maizeaux se serait plaint de la conduite des libraires-imprimeurs et de Marchand auprès de son correspondant Jacques Basnage, jadis un ami proche de Bayle, rendant leur affaire publique (1-8)236. À son tour, Basnage aurait demandé une explication auprès de Fritsch

et Böhm (1-9). Un extrait de leur réponse (1-10) a été envoyé à Londres avec une note de la main du récipiendaire (1-11)237. C’est ainsi que Des Maizeaux fut informé de la raison

que Fritsch et Böhm donnaient pour avoir cessé de lui envoyer les épreuves des Lettres de Bayle : « [n]ous fumes averti qu’on avoit commencé a traduire cet ouvrage en Anglois a mesure que les feuilles passoint [sic] a Londres ». Cette justification sous-entendait un grave manquement aux bienséances de la part du Londonien, qui aurait vendu une seconde fois les feuilles d’épreuves. Plus encore, Des Maizeaux enfreindrait ainsi les termes mêmes de son contrat, dont les libraires seraient par conséquent déliés.

Dans la lettre suivante qu’il écrit à Fritsch et Böhm pour leur reprocher leur mauvaise foi (1-12), Des Maizeaux se défend avec véhémence contre cette accusation implicite (« la plus infame de toutes les calomnies »). Il met d’abord en doute l’authenticité de la rumeur, qui pourrait être une invention des libraires, pour ensuite

236 Ministre réformé réfugié en Hollande et savant prolifique en matière de religion, Jacques Basnage (1653-1723) avait été l’exécuteur testamentaire de Bayle. Sur leur amitié, voir M. Silvera (éd.), « Un corrispondente “assente” : Pierre Bayle ».

argumenter contre les fondements mêmes d’une telle médisance. D’après lui, la librairie anglaise n’aurait aucun intérêt pour la correspondance de Bayle. L’essentiel de sa réponse est un retour sur leur accord contractuel et sur les conventions réglant le comportement habituel entre auteurs de copie et imprimeurs. Des Maizeaux suggère que Fritsch et Böhm manquent à leur devoir et détournent ces codes, voulant « faire de nouvelles loix ». Il se défend donc en rappelant son droit et en accusant les libraires de ne pas le respecter. Il est surtout question de leur obligation de lui fournir les feuilles sortant de la presse et de l’informer de tout changement qu’ils se proposeraient d’apporter au projet, notamment tout ce qui pourrait affecter les délais pour fournir les textes préfaciels.

En soulignant son droit et les conventions qui le garantissent devant le tribunal de l’opinion publique, Des Maizeaux évoque le contexte social de ses interactions avec Fritsch et Böhm, soit la communauté savante de la République des Lettres, et fait allusion au public hypothétique de leur rapport. En effet, l’implication de Basnage dans la communication par sa transmission des écrits devient claire lorsque Des Maizeaux explique que son message

suffira, si je ne me trompe; pour le mettre en etat de décider de la justice de mes plaintes. Je me soumets entieremt. à son jugement, & je ne pense pas que vous

voulussiez recuser un juge si integre, & dont vous recevez tous les jours tant de bienfaits.

De cette façon, Basnage est invoqué pour agir en arbitre de la situation et devient un acteur dans la structure conflictuelle à laquelle participe la lettre de Des Maizeaux. En impliquant Basnage dans la controverse, celui-ci vient incarner la tierce figure

polémique238 devant laquelle les adversaires jouent leur partie, ou plaident leur cas. Il

évoque le public plus large qui jugerait du comportement des adversaires. Malgré sa nomination, l’arbitrage de Basnage s’est peut-être limité à faire suivre la lettre justificative de Des Maizeaux à Fritsch et Böhm. Sa réponse à cet échange nous étant inconnue, la mesure dans laquelle il se serait exprimé pour ou contre l’une ou l’autre des parties l’est aussi239.

L’intermédiaire s’est acquitté de la tâche de transmission et Fritsch et Böhm accusent réception de la note de Des Maizeaux dans leur lettre en date du 13 avril 1714 (1-13). Ils y répètent l’explication donnée à Basnage pour l’interruption de l’envoi des épreuves, mais refusent de nommer l’« Ami de Londres » qui leur aurait écrit à ce propos. Le duo de libraires se garde d’affirmer explicitement que Des Maizeaux aurait fait quoi que ce soit d’inapproprié avec les feuilles qu’il recevait, se limitant à contrer ses arguments : à sa protestation de n’avoir aucun intérêt pécuniaire à tirer de son travail, les libraires répondent que Des Maizeaux a vendu deux fois la copie de sa Vie de Boileau, ce qui, d’après eux, « doit [les] porter naturellement à croire [qu’il n’est] pas si genereux comme [il] le di[t] »240. En réponse au droit que Des Maizeaux réclamait de fournir les

notes et préfaces de l’ouvrage, les libraires déclarent qu’il aurait dû les rédiger lorsqu’il « av[ait] le Msst. entre les mains » de manière à leur éviter « d’y emploier une autre

personne pour y faire les Eclaircissemens necessaires, afin de les [les lettres] rendre utiles

238 C’est la structure triadique qui permet de surmonter l’impasse des échanges que l’on peut qualifier de « dialogues de sourds », ainsi que le suggèere l’étude de Marc Angenot (voir Dialogues de sourds. Traité

de rhétorique antilogique).

239 La concision de son message précédent laisse supposer qu’il ne s’est pas exprimé sur ce différend, d’autant plus que les lettres de Basnage à Des Maizeaux après cette date indiquent simplement le mécontentement de quelques personnes par rapport à certains choix éditoriaux de Marchand dans les

Lettres choisies.

240 Beckwith et Almagor commentent la crédibilité douteuse de cette rumeur (F. Beckwith, Peter

au Public. » De toute façon, il est dès lors trop tard, puisque l’impression des Lettres

choisies a été achevée le 4 avril 1714. Le produit de leur collaboration étant achevé,

l’association entre Des Maizeaux et Fritsch et Böhm prend fin avec le décompte final de leurs dettes réciproques et la formule de politesse habituelle.

Il s’agit là de la dernière lettre de la correspondance tripartite autour de la préparation de l’édition des Lettres choisies de Bayle. Elle marque la fin de la phase initiale, épistolaire, celle de la communication directe entre les acteurs principaux dans ce qui est dès lors une véritable polémique éditoriale.