• Aucun résultat trouvé

Un variant de protéine-prion dans une maladie génétique

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Un variant de protéine-prion dans une maladie génétique"

Copied!
1
0
0

Texte intégral

(1)

NOUVELLES

médecine 1 sciences 1989 ; 5 : 429

U

n variant de protéine-prion dans une

maladie génétique

Les prions sont les constituants prin­ cipaux de particules protéiques qui s'accumulent dans le système ner­ veux lors d'encéphalopathies dégéné­ ratives animales ( tremblante du mouton et de la chèvre) et humaines (maladie de Creutzfeldt-Jakob, kuru). Une nouvelle parue fin 1986

(mis n° 10, vol. 2, p. 588) faisait le point des connaissances à cette date : les prions sont synthétisés normale­ ment sous forme de chaînes de 245 acides aminés ; leur gène, qui ne compte qu'un exon, a pu être loca­ lisé [ 1 ] chez la souris sur le chromo­ some 2, et chez l'homme sur le bras court du chromosome 20. Il s'agit donc d'une protéine normalement synthétisée, dont l'ARN messager est aisément détecté. La controverse vient du fait que les prions normac lement ne s'accumulent pas, alors qu'ils le font dans la tremblante. Il se forme dans ce cas une protéine appelée PrPs (de scrapie, équivalent anglais de tremblante), au lieu de la PrP habituelle. La PrPs, transmise au hamster ou à la souris, en l'ab­ sence apparente d'ADN, provoque l'infection. La PrP a subi au moins des modific:ations post-traduction­ nelles, puisqu'elle est devenue résis­ tante à la digestion par des protéases, ainsi qu'à la phospholipase C, qui rompt la liaison glycosyl-phosphati­ dylinositol du prion normal à la membrane. Un argument important en faveur de l'importance des prions a été fourni, chez la souris, par la découverte de deux allèles, définis par un polymorphisme de restric­ tion, qui gouvernent la durée d'incu­ bation de la tremblante après

infec-� tian expérimentale.

mis n° 6 vol. 5, juin 89

L'équipe de Prusiner (San Francisco, USA), qui compte à son actif l'essen­ tiel des travaux sur les prions, vient de faire une découverte de grande portée. Elle concerne le syndrome de Gerstmann-Straussler, affection exceptionnelle, voisine mais diffé­ rente de la maladie de Creutzfeldt­ Jakob. Ce syndrome semble transmis comme un caractère autosomique dominant ; il est marqué, à l'âge adul te, par une ataxie ou une démence, et évolue en un à dix ans. Des plaques contenant des prions qui résistent aux protéases sont trou­ vées dans le cerveau des malades. Hsiao et al. [2] ont séquencé les deux allèles contenant une phase ouverte dans deux familles, une américaine et une britannique ; chez les sujets atteints, une même mutation a été trouvée à l'état hétérozygote ; elle consiste en un ·remplacement d'une cytosine par une thymine en seconde position du codon 102, facilement reconnaissable car elle crée un nou­ veau site pour l'enzyme de restriction Ddel. Elle provoque un changement d'une praline en une leucine. L'ano­ malie n'a été retrouvée ni chez les membres non atteints des deux familles, ni chez l OO témoins, ni chez 15 malades porteurs d'autres mala­ dies à prions. Une étude de liaison dans les deux familles conduit à un

lod score de 3,3, très sigriificatif. La notion d'une même mutation surve­ nant indépendamment - les deux familles n'ont apparemment aucun lien de parenté - a été fortement renforcée par l'observation de deux familles japonaises non apparentées et qui la possèdent aussi (dans [3]).

On est ainsi conduit à penser que

cette mutation ne représente pas seu­ lement un marqueur génétique, mais qu'elle joue un rôle causal dans la genèse du syndrome. Il sera inté­ ressant de vérifier sur les protéines·

que seule celle qui est mutée s'accu­ mule.

Quelle portée a cette découverte sur le problème général des prions ? On pourrait faire l'hypothèse que la mutation rend plus aisée la forma­ tion de PrPs, qui se comporterait ensuite comme un agent infectieux transmissible. D'autre part, puisque les hétérozygotes sont atteints, une néomutation ou même une muta­ tion somatique pourrait donner naissance à une forme sporadique de Gerstmann-Straussler. Un autre type de mutation, non encore découvert, pourrait être en cause dans la mala­ die de Creutzfeldt-Jakob.

De toutes façons, l'irruption de la génétique donne une dimension nouvelle au problème de fond, à savoir si une protéine - à la suite ou non d'une mutation portant sur son gène de structure - peut être infec­

tieuse par elle-même.

J.-C.D

1. Sparkes RS, Simon M, Cohn VH, et al. Assignment of the human and mouse prion protein genes to homologous chromosomes. Proc Natl Acad Sei USA 1986 ; 83 : 7358-62.

2. Hsiao K, Baker HF, Crow TJ, et al. Lin­

kage of a prion protein missence variant to

Gerstmann-Straussler syndrome. Nature

1 989 ; 338 : 342-5.

3. Weissmann C. Sheep disease in human clothing. Nature 1989 ; 338 : 298-9.

Références

Documents relatifs

Avec cinq graduations intermédiaires au minimum, celui-ci donne 40 configurations possibles qui incluent les deux qui viennent d’être mentionnées.. Pour L variant de 24

C’est donc dans ou de cet espace qu’est née une littérature dont « Robben Island » est devenue le symbole?. Il est important de noter que cette littérature revêt une

Clapier-valladon (1980) (2) propose, de manière pratique, trois prin- cipales étapes d'analyse de contenu thématique: des lectures répétées nous familiarisent avec le

Quels sont les éléments obligatoires dans la négociation collective ?Non imposé par le code du travail : dans l’entreprise négociation imposée chaque année (salaires, durée

Cette phrase montre que Solvay prend appui sur son référentiel de compétences dans son nouvel accord de GPEC pour saisir les différentes sources de compétences : lors de la

Loi DALO = Droit au logement opposable (2008) qui permet à une commission de médiation indépendante (comprenant des associations dans le domaine du logement

J'ai raconté un épisode, mais ce qui a été le plus important pour moi c'est d'avoir connu le monde de la coopération, le travail de groupe, qui m'a aidé dans mes rapports avec

Elles sont proches du soleil = planètes rocheuses (Mercure, Vénus, Terre, Mars) Les planètes constituées essentiellement d’hydrogène et hélium. La température est plus élevée