Haute Ecole Pédagogique – BEJUNE
L
A MIXITE DES CLASSES INFLUENCE
-‐
T
-‐
ELLE
LA MOTIVATION DES ELEVES
EN NATATION SCOLAIRE
?
http://www.wolu.be/imagesnew/ecole.jpg
« Le nageur évolué est, à l’image d’un parfait bilingue, capable de
s’exprimer de manière juste mais différente lorsqu’il est sur terre ou dans
l’eau. »
(Catteau, 2008, p. 24)Travail de recherche d’Isaline Badet pour le MASTER Secondaire 1
Directeur de mémoire : Yves L’Eplattenier
Education physique et sportive
T
ABLES DES MATIERESP
ARTIEA :
C
ONTEXTE ETT
HEORIE... 4
1.
I
NTRODUCTION... 4
2.
D
EFINITION DE LA NATATION ET CONCEPT DU SAVOIR NAGER... 5
2.1. P
OPULARITE DE LA NATATION... 5
2.2. N
ATATION EN CONTEXTE... 6
2.3. N
ATATION ET SAVOIR NAGER... 6
2.4. E
NSEIGNEMENT DE LA NATATION ET TRIANGLE PEDAGOGIQUE... 10
3.
P
UBLIC CIBLE DE LA NATATION SCOLAIRE... 10
3.1. P
UBLIC CIBLE... 10
3.2. R
APPORT AU CORPS... 11
3.3. R
APPORT A L’
EAU... 12
4.
C
ONCEPTION PEDAGOGIQUE DE LA NATATION... 12
4.1. D
EBUTS... 12
4.2. P
ROCESSUS D’
APPRENTISSAGE... 13
4.3. S
TYLES DE NAGE... 13
4.4. A
UTRES ACTIVITES AQUATIQUES... 14
4.5. M
OYENS AUXILIAIRES... 15
4.6. E
NSEIGNANT ET NATATION SCOLAIRE... 16
4.7. C
APACITES TRANSVERSALES ET DOMAINES PEDAGOGIQUES... 16
5.
M
OTIVATION... 17
5.1. M
OTIVATION EN MILIEU SCOLAIRE:
LE ROLE DE L’
ENSEIGNANT ET L’
IMPACT SUR LES ELEVES... 18
5.2. M
OTIVATION:
PLAISIR,
CLIMAT MOTIVATIONNEL ET CONFIANCE EN SOI... 21
6.
M
IXITE... 22
6.1. D
EFINITION... 22
6.2. M
IXITE SCOLAIRE... 23
6.3. E
DUCATION PHYSIQUE ET MIXITE... 24
7.
Q
UESTIONS DE RECHERCHE ET HYPOTHESE... 25
P
ARTIEB :
M
ETHODOLOGIE ETA
NALYSE... 26
8.
M
ETHODOLOGIE... 26
8.1. C
ONSTATATIONS... 27
8.2. A
CCES AU TERRAIN ET DEMARCHES MISES EN ŒUVRE... 27
8.3. Q
UESTIONNAIRES... 29
8.4. P
ROBLEMES RENCONTRES... 31
9.1. I
NTRODUCTION... 32
9.1.1. M
OTIVATION EN NATATION SCOLAIRE... 32
9.1.2. L
E PLAISIR D’
ETRE DANS L’
EAU OU LES COPAINS D’
ABORD? ... 33
9.1.3. L’
ELEVE FACE A SES PROPRES CAPACITES... 34
9.1.4. L
A CONSCIENCE DE L’
ELEVE PAR RAPPORT A SA SANTE ET A SA FORME PHYSIQUE... 36
9.1.5. U
NE MOTIVATION DIFFERENTE CHEZ LES FILLES ET LES GARÇONS? ... 37
10. M
IXITE EN NATATION SCOLAIRE... 38
10.1 E
NTRE PERSONNES DU MEME SEXE:
PLUS RASSURANT OU MOINS AMUSANT?... 40
10.2 R
APPORT AU CORPS:
L’
EPREUVE DU MAILLOT DE BAIN... 40
10.3 C’
EST MIEUX ENTRE FILLES,
ENTRE GARÇONS OU TOUS ENSEMBLE? ... 41
11. L
A MIXITE EN NATATION SCOLAIRE:
INFLUENCE SUR LA MOTIVATION?
C
ONCLUSION ET QUESTIONNEMENTS... 42
12.
R
EFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES... 45
P
ARTIEA :
C
ONTEXTE ETT
HEORIE1. I
NTRODUCTIONElément naturel par excellence et milieu procurant des sensations uniques, l’eau représente un état de bien-‐être essentiel à l’épanouissement d’une personne dans son développement physique et mental. Toute activité aquatique procure un plaisir dû à la légèreté de notre corps, au bien-‐être mental et aux douleurs physiques et articulaires diminuées. Moi-‐même guidée par l’eau depuis ma plus tendre enfance grâce aux cours « bébé nageur », je ressens un plaisir et un bien-‐être inégalés à chaque fois que je « plonge » dans l’eau. Outre une influence bénéfique de l'activité aquatique sur le développement psychique et moteur des bébés et des enfants, les cours leur offrent un plaisir additionné d’une sécurité non négligeable. C’est donc mon vécu et mon expérience avec ce milieu qui m’amènent à continuer les cours de natation, puis à nager à un niveau compétitif durant quelques années. Donnant à mon tour des cours de natation à des enfants dans un club de la région neuchâteloise, je tiens à transmettre ma passion aux générations suivantes tout en continuant à m’entraîner et à rester en contact quelques fois par semaine avec l’eau. En effet, après plusieurs années de natation, mon intérêt s’est porté sur un sport amenant un esprit d’équipe et un ballon en plus : le water polo, sport que je pratique maintenant depuis neuf ans. Toujours intéressée à rester en contact avec le milieu aquatique, je me réjouis d’enseigner dans mon futur métier les rudiments de la natation et d’autres sports aquatiques rencontrés dans mon parcours. C’est après des études à l’Université de Neuchâtel en sport, entre autres, que me voici à la HEP à écrire ce travail de recherche. Le sujet m’apparaît donc comme une évidence : il sera en relation avec la natation. Forte de mon expérience acquise lors de remplacements en sport et en cours de natation, je me rends compte des différences émergeant entre les collèges et entre les élèves dans les classes plutôt hétérogènes. Je me pose alors de nombreuses questions quant à la motivation des élèves tout en essayant de comprendre et de cerner au mieux leur comportement en piscine. Je mets un point d’honneur à en apprendre davantage, à travers ce travail, sur les diverses thématiques qui constitueront le sujet de ce mémoire : les élèves pré adolescents de l’école secondaire 1, la motivation en tentant de comprendre ce que ce terme englobe comme concepts et ce qu’il désignera dans le cadre de ce travail, la mixité des classes en sport et enfin la natation dans le cadre scolaire suisse et plus précisément dans le canton de Neuchâtel.
Pour mener à bien ce travail de mémoire, seront définis au mieux les concepts que sont la natation, la puberté, la mixité et la motivation ainsi que les contextes qui les entourent. Ce sera donc après avoir vu et exposé ces divers thèmes que seront construites les questions de recherche et
l’hypothèse et que les thématiques seront mises en relation. La mixité des classes et la motivation qui en découle lors des cours de natation seront les sujets centraux du travail en cherchant à connaître les raisons de la motivation des pré adolescents et en quoi elle diffère selon le sexe des sujets. Pour répondre au mieux à toutes ces interrogations, il faut se tourner vers la pratique des élèves. Un questionnaire distribué à chaque élève participant à la recherche nous servira à constituer notre base de chiffres à analyser et à commenter à la fin du travail de recherche. Cela servira à mieux comprendre la place de l’eau dans la vie sportive des élèves et la relation des élèves entre eux dans le milieu aquatique.
Maintenant que les motivations personnelles et les grandes lignes du travail ont été expliquées et exprimées avec le pronom « je », il est temps de passer à la partie théorique et continuer l’écriture de ce mémoire en amenant une objectivité et une impartialité sans faille. Ainsi, le pronom de la 2ème personne du pluriel tiendra figure de sujet dès maintenant jusqu’à la fin du travail de recherche.
2. D
EFINITION DE LA NATATION ET CONCEPT DU SAVOIR NAGER2.1. POPULARITE DE LA NATATION
Dans le Manuel de Natation officiel d’enseignement en sport, nous apprenons que la natation occupe une place privilégiée auprès des enfants lorsque ceux-‐ci classent les disciplines selon leurs préférences (Bucher, 1995, p. 0/5). En effet, du moment que les enfants sont accoutumés à l’eau, ils prennent du plaisir grâce à un large choix d’activités sportives dans et autour de l’eau. La natation synchronisée, le water polo, le plongeon et d’autres disciplines permettent aux enfants de se laisser aller à leur passe-‐temps favori : s’amuser. Auprès des adultes, la natation remporte également du succès quelque soit la raison de la pratique : prendre du plaisir, garder la forme ou être en bonne santé. En effet, l’étude de l’Office Fédéral du sport (OFSPO) montre que la natation obtient une place sur le podium dans les disciplines sportives préférées des Suisses de tout âge confondu, après le cyclisme et la randonnée1. La natation doit sa troisième place aux 25,4% de la population helvétique dont 60% sont des femmes. Les médecins recommandent, eux, la pratique de la natation pour différentes raisons. D’abord, cette activité physique apaise et décontracte ; ensuite, elle stimule l’appareil respiratoire et pulmonaire ; et enfin, elle permet aux articulations d’être soulagées d’une grande partie du poids de notre corps. La natation est donc un sport complet qui aide à améliorer notre endurance et fait travailler tous nos membres. Les bienfaits de la natation sont indéniablement physiques, mais pas seulement ! Nager s’avère être un anti-‐stress naturel et favorise un bien-‐être mental. La natation est une pratique reconnue pour fortifier notre corps et notre esprit.
2.2. NATATION EN CONTEXTE
La natation suisse est bien organisée grâce à diverses associations et institutions qui la dirigent2 : l’Interassociation pour la natation (IAN), la Fédération Suisse de Natation (FSN) ou encore la Société Suisse de Sauvetage (SSS). D’autres institutions soutiennent et favorisent également la natation : Jeunesse et sport (J+S), la Commission Fédérale du Sport (CFS) et l’Association Suisse d’Education Physique (ASEP). Comme mentionné dans le Manuel, « la collaboration entre l’école et les clubs devrait fonctionner plus souvent. Chacun peut apporter ses compétences » (Bucher, 1995, p. 0/6). Il nous est apparu que, dans le cadre scolaire, la natation semble moins bien organisée et promue qu’en club et cède parfois sa place à d’autres disciplines sportives moins contraignantes pour les écoles. Les transports et les déplacements à une piscine, le temps de déshabillage et d’habillage et la responsabilité des enseignants ne sont pas des facteurs motivants pour les professeurs d’éducation physique. Le canton de Neuchâtel a donné des nouvelles directives concernant les mesures de sécurité pour les activités aquatiques dans le cadre scolaire datées du 22 mai 20123. Les directives du service de l’enseignement obligatoire contraignent l’enseignant qui emmène ses élèves à la piscine à posséder le Brevet pool plus (ancien Brevet 1) de la SSS ainsi qu’un diplôme de massage cardiaque (CPR). Si l’enseignant ne possède pas les titres exigés, il devra être accompagné d’une personne qui les possède, soit un gardien de bain, un moniteur de natation ou encore un collègue. Ces règles valent pour les sorties en piscine surveillée (point 5.2). Quant aux sorties dans des lieux non surveillés, par exemple au lac, l’encadrement sera d’un professeur doté des titres exigés pour 12 élèves uniquement (point 6.1). Ces mesures sécuritaires ne facilitent pas l’enseignement de la natation à l’école et les élèves se voient trop rarement offrir des cours de natation réguliers ; l’apprentissage et l’évolution dans cette discipline sont donc tronqués. D’un autre côté, il paraît évident que les écoles secondaires possédant une piscine proposent aux élèves un enseignement de natation plus régulier en temps et en intensité. Nous allons cibler le contexte de ce travail en choisissant de faire la recherche dans une école de cycle 34 du canton de Neuchâtel et possédant une piscine.
2.3. NATATION ET SAVOIR NAGER
Le milieu aquatique occupe une place particulière dans le programme de l’éducation physique à l’école. Outre la découverte de nouvelles sensations et la part d’inconnu que l’apprenant ressent, la natation se pratique dans un environnement spécifique, hors de la salle de gymnastique. Nous allons maintenant tenter d’expliquer une notion souvent mentionnée et essentielle dans les
2 Voir Annexe 1 à la page 45 pour plus d’informations
3 http://www.rpn.ch/eps/coordination/0_2_2_4_NS_Directive_ActivitesAquatiques_22.05.12.pdf
ouvrages de natation : le savoir nager. Il fait partie de ces concepts expliqués et réexpliqués par un grand nombre d’auteurs de la « littérature aquatique » et il nous paraît inévitable de définir également ce concept pour notre travail. « A la différence de beaucoup d’animaux, l’être humain ne nage pas spontanément, il doit apprendre. » (Catteau, 2008, p. 17). Pour chaque niveau de classe, il faudra identifier l’essentiel à acquérir en natation par tous les élèves, car les enseignants ne peuvent pas couvrir l’entier de la discipline en quelques leçons. Selon Gal (1993), tout le monde peut être confronté au milieu aquatique, que cela soit volontaire ou non ! Le savoir nager devient donc « incontestable » (p. 5). Les définitions du savoir nager, aussi nombreuses et variées soient-‐elles, s’accordent au moins sur un point essentiel : l’exploration d’un nouvel élément qui est l’eau. Notre corps doit effectivement s’adapter à de nouvelles informations en modifiant ses appuis, sa respiration, ses déplacements et découvre des sensations encore jamais explorées jusque-‐là, telles que la propulsion. Dès lors que l’individu a trouvé son équilibre et arrive à flotter et se déplacer dans l’eau, les émotions se transforment. D’une angoisse probable de se mettre à l’eau, le plaisir d’avoir atteint des buts fixés et de caresser l’eau prend finalement le dessus.
« Pour Nathalie Gal, le rôle éducatif de la natation est multiple et différencié » (Cadot, 2011, p. 7). Elle fait une distinction entre les capacités physiologiques, biomécaniques et cognitives. Nous verrons par la suite que le côté affectif et émotionnel est effectivement prépondérant, si ce n’est dominant, dans le milieu de la natation. Catteau et Garoff nous montre l’importance de l’équilibre, de la respiration et de la propulsion dans la natation. D’après eux, savoir nager est avant tout la résolution d’un « triple problème posé en permanence : du meilleur équilibre, de la meilleure respiration, de la meilleure propulsion dans l’élément liquide » (Cadot, 2011, p. 8). Dans une autre approche, Aude Legrand explique que la natation regroupe des pratiques sociales à visées différentes : « sportive, compétitive ou de loisir, la pratique peut aussi être sécuritaire ou éducative, voir même thérapeutique » (Ibid.). D’après elle, la pratique de la natation est libre et peut même être anarchique pour chacun selon les solutions que l’apprenant trouve pour nager.
Apprendre à nager n’est pas chose facile, de même qu’enseigner la natation relève d’un défi pour l’enseignant. En effet, cet apprentissage renvoie l’élève « à des peurs et à des représentations pouvant le freiner dans sa progression » (Desrumaux & Pouille, 2012, p. 7). Les risques encourus en piscine font parfois peur aux élèves ainsi qu’aux professeurs. Or, si tous les élèves pouvaient atteindre le niveau du savoir nager rapidement, la potentialité d’un accident serait considérablement amoindrie et arriverait au même niveau de risque que les autres activités physiques de l’école. L’idéal serait d’amener tous les apprenants au même niveau en réduisant les écarts de compétences en natation au début du cycle 3 afin de profiter au plus vite des diverses activités aquatiques proposées par les professeurs d’éducation physique. Pour atteindre cet objectif du savoir nager, l’enseignant doit tout faire pour que l’élève s’exerce, répète les mouvements et réussisse. L’objectif
principal fixé à la fin du cycle 2 dans le cadre du PER5 (Plan d’Etude Romand) devrait être atteint par les élèves lorsqu’ils arrivent en 9ème année : il s’agit d’effectuer une traversée de bassin en eau profonde (CM23). Ils devront également avoir abordé différents styles de nage et entraîné l’immersion, la flottaison, la glisse et la propulsion. Ces objectifs ne sont malheureusement pas toujours atteints par tous les élèves à la fin du deuxième cycle. Dans la plupart des cas, les enseignants s’attelent à amener bien plus que les styles de nage et les quatre composantes citées ci-‐ dessus. En effet, il arrive souvent que les élèves soient amenés à travailler et développer leur coordination, vitesse, puissance, force et même leur endurance selon les spécialités qu’ils entraînent. La réussite est déterminante chez l’adolescent puisque « l’individu (l’élève) va accéder à des pouvoirs le rendant de plus en plus autonome » (Magne & Schmit, 2001, p. 11). Dans ce sens de réussite et d’acquisition en éducation physique, il est intéressant de faire référence à Benjamin Bloom et à la théorie de la pédagogie de la maîtrise6. Cette stratégie pédagogique repose sur l’hypothèse que 95% des élèves peuvent obtenir une maîtrise des savoirs qu’il reçoit dans le cadre scolaire si les conditions sont optimales. L’apprentissage de chaque élève est différent ; certains acquièrent plus rapidement des mouvements que d’autres. En fait, il suffirait de lui laisser suffisamment de temps avec les moyens adaptés pour arriver à ce résultat stupéfiant. Les moyens mis en place correspondent à plusieurs étapes. La première est de fixer et de donner des objectifs aux élèves ainsi que d’avoir la preuve que chaque élève maîtrise la matière. L’enseignant pourra vérifier l’essentiel acquis lors d’une évaluation formative et non pas sommative. « Dès que l’élève bute sur un obstacle sérieux, il passe en système individualisé. L’unité d’apprentissage suivante ne pourra pas être abordée avant que la maîtrise de celle qui fait problème ne soit atteinte » (Landsheer, 1992, cité par Schumacher, 2011, p. 14). La pédagogie de maîtrise se trouve entre deux enseignements : l’enseignement traditionnel et le préceptorat. Le préceptorat consiste à proposer un enseignement avec un professeur par élève, ce qui correspond à de la pédagogie de différenciation où chaque élève est suivi et motivé individuellement. Toute école qui souhaiterait voir réussir ses élèves devrait mettre en place des conditions optimales à l’enseignement en tenant compte des différences individuelles. Pourtant, nous savons pertinemment que, de nos jours, l’enseignement regorge de classes hétérogènes. Proposer un enseignement individualisé et personnalisé relève donc d’un challenge au quotidien pour les enseignants. L’important est de retenir que tout apprenant a les capacités d’apprendre des principes et des mouvements et d’arriver à une certaine maîtrise si nous leur en donnons le temps et les moyens.
Acquérir des principes, tels que la flottaison, la respiration, la glisse, la propulsion ou encore l’équilibre, aide l’élève à les transformer en savoirs combinés afin de construire sa propre
5 http://www.plandetudes.ch/web/guest/per 6 Mastery learning, 1968
expérimentation avec l’eau. « Maîtriser le milieu aquatique pour s’y mouvoir avec plaisir, efficacité et sécurité, est un objectif important pour les élèves » (Ibid). Catteau et Garoff sont les premiers à proposer un enseignement autour des nages en général, et non plus d’une seule à la fois, grâce à l’acquisition des principes mentionnés ci-‐dessus. L’approche de ces enseignants a connu un grand succès et est, encore aujourd’hui, revendiquée par de nombreux ouvrages sur l’enseignement de la natation. Dans un autre point de vue, Gal propose une autre définition du savoir nager. D’après cette spécialiste de la natation (1993), le niveau de ce savoir nager, expliqué ci-‐dessous, est supposé être atteint en fin de lycée en France :
Pouvoir créer différentes formes de déséquilibres et gérer leur enchaînement pour propulser son corps à moindre coût : « longtemps » ou « loin » sans se fatiguer, le plus vite possible sur des distances variées et « différemment », en adaptant des modes de déplacement variés et en utilisant divers espaces moteurs (au-‐ dessus, à la surface, sous et au fond de l’eau).
L’atteinte d’un tel objectif suppose que les élèves s’approprient le savoir fondamental en natation constitué par : la résolution des problèmes fondamentaux liés à l’activité, l’acquisition de compétences fondamentales pour devenir nageur, et l’intégration des grands principes et règles d’efficacité en natation. (p. 18)
En ce qui concerne la Suisse, le PER guide l’enseignant quant aux objectifs que l’élève doit atteindre. Dans notre travail, CM33, correspondant au cycle 3 (9-‐11ème années H), propose d’entraîner des techniques et de développer des habiletés motrices en entraînant différents styles de nage. Pour la progression des apprentissages7, il s’agira d’un(e) :
• Perfectionnement de techniques de nage (propulsion, respiration, mouvements coordonnés des bras, des jambes,…) et de styles de nage (brasse, crawl,…)
• Entraînement et perfectionnement des formes élémentaires du plongeon • Connaissance et application des principes de sécurité en milieu aquatique
Quant aux attentes fondamentales qui doivent être acquises à la fin du cycle au plus tard, l’élève saura maîtriser au moins un style de nage, nager à son rythme sur une durée déterminée et exécuter un plongeon de départ.
2.4. ENSEIGNEMENT DE LA NATATION ET TRIANGLE PEDAGOGIQUE
Avant d’être acquis, le savoir nager sera travaillé au cours de nombreuses expériences. Par la suite, il ne cessera de s’enrichir et sera toujours remis en cause. Ces dernières doivent être guidées par un enseignant compétent, motivé et sensible aux difficultés endurées par les apprenants. Il s’agira de privilégier la méthode douce pour ceux qui manifestent de la peur, tout en comblant les attentes des bons nageurs, c’est-‐à-‐dire ceux qui ont acquis le savoir nager et ne craignent pas l’eau. L’enseignant doit donc veiller à organiser ses séances pour qu’elles soient profitables à tous. Une des clés essentielles que l’enseignant doit garder en tête est que « pour apprendre à nager, l’élève doit être en action dans l’eau » (Desrumaux & Pouille, 2012, p. 8). Le professeur de piscine n’éludera pas la partie ludique d’une leçon qui motivera les élèves à apprivoiser l’eau sans même qu’ils ne s’en rendent compte. Le rôle de l’enseignant est essentiel et c’est sa propre relation à l’eau qui définira son enseignement. « L’utilité bénéfique est reconnue, l’aisance et l’autonomie de l’enfant sont recherchés par tous les enseignants. La notion de plaisir est constamment évoquée » (Cadot, 2011, p. 80).
Dans l’eau, le lien créé entre le professeur et l’élève est privilégié, tout comme la relation entre les élèves. La sensibilisation et l’apprentissage du milieu aquatique prennent le dessus sur la technique ou la performance dans l’enseignement de la natation. « Le plaisir du maître dans l’eau est plus communicatif que de longues explications données depuis le bord du bassin. Son propre enthousiasme motive mieux que de longues théories ! » (Bucher, 1995, p. 4/5). L’élément qui entoure le triangle pédagogique de base savoir-‐professeur-‐élèves se voit transformé. L’eau, cet élément particulier, fait son entrée « de façon prépondérante dans ce triangle pédagogique, notamment dans la relation entre le maître et l’élève » (Cadot, 2011, p. 32). Cela transforme la relation enseignant-‐élèves, mais également celle entre enseignant-‐savoir.
Nous allons donc retenir du savoir nager qu’il sagit de la capacité à enchaîner des actions fondamentales sans trop se fatiguer, telles que « se déplacer, s’immerger et s’immobiliser », qui englobent des principes nombreux et variés (Pelayo & Potdevin, 2012, p. 26).
3. P
UBLIC CIBLE DE LA NATATION SCOLAIRE3.1. PUBLIC CIBLE
Nous pouvons retenir de la partie 2.1 que les élèves des cycles 1 et 2, entendons des enfants, s’amusent dans l’eau et que les adultes voient en la natation de nombreux points positifs, dont le maintien d’une forme physique et mentale. La tranche d’âge qui nous intéresse se situe entre l’enfance et l’âge adulte. Elle concerne la phase de la puberté, étant donné que ce travail va se concentrer sur un exemple de cycle 3 qui regroupe des classes du degré 9 HarmoS. En considérant les
élèves qui sautent une classe et ceux qui redoublent, la palette d’âge varie entre 12 et 13 ans, sauf cas exceptionnels.
3.2. RAPPORT AU CORPS
Les phases pubertaires sont toutes les deux des périodes de bouleversement. Le changement est d’ordre psychologique, sexuel et physiologique. La puberté est la première phase pubertaire et est une période de bouleversement ; elle se situe entre 11 et 14 ans chez les filles et entre 12 et 15 ans chez les garçons. La deuxième phase pubertaire, aussi appelée l’adolescence, concerne les jeunes femmes âgées entre 13 et 18 ans et les jeunes hommes de 14 à 19 ans. L’adolescence amène un meilleur équilibre des proportions corporelles ainsi qu’une stabilité psychique plus grande que la première phase de puberté (Bissig, Gröbli, Amos & Cserepy, 2004, p. 287). En effet, nous apprenons que cette dernière provoque de grands changements au niveau corporel. Un élève ayant un rapport à son corps difficile sera donc plus réticent à se montrer dénudé et en maillot de bain dans les vestiaires ou à la piscine. Il est normal qu’à l’âge où son corps change, l’adolescent se sente démuni et peu sûr de lui face à des camarades de classe qui seraient plus à l’aise avec leur corps. Tous les adolescents ne vivent pas les mêmes phases de puberté aux mêmes moments, ce qui crée entre eux des différences physiques importantes. Certains se verront déjà prendre du muscle tôt, tandis que d’autres garderont plus longtemps leur corps d’enfant. La puberté se verra être la phase de la pré adolescence qui nous intéresse pour ce travail puisque les classes questionnées se situent entre 12 et 13 ans. Toutefois, il est possible que certaines filles de 13 ans soient déjà entrées dans la deuxième phase pubertaire : l’adolescence.
En entendant les nombreux professeurs d’éducation physique rencontrés jusque-‐là dans notre parcours professionnel mais aussi hors du contexte scolaire, cela ne nous surprendra pas d’apprendre que l’envie de participer aux cours de natation s’estompe avec la transition des stades de l’enfance à la puberté puis à l’adolescence. Si quelques élèves restent motivés grâce à l’envie de faire du sport ou par amour pour l’eau, d’autres préfèrent faire un trait sur les périodes d’éducation physique qui se donnent à la piscine. D’après le peu d’expérience acquise, ce sont souvent les filles qui tentent de faire preuve d’une imagination débordante pour ne pas « se mouiller ». Les garçons, en grande partie, apprécient venir se baigner, à partir du moment où ils sont bon nageurs et n’ont pas de gêne particulière à être comparés à leurs pairs en maillot de bain. Situation qui n’est pas rare, même chez les garçons ! Pour l’instant, ces affirmations ne sont que des stipulations qui demandent à être confirmées ou réfutées dans la partie de recherche et d’analyse du travail ; ces affirmations se basent en effet uniquement sur du vécu personnel et un regard de professeur d’éducation physique.
3.3. RAPPORT A L’EAU
Le développement de l’adolescent est basé sur une condition : réussir et avoir du succès dans ce qu’il ne sait pas encore faire. « Cheminer à partir de ce que l’on réussit pour atteindre ce que l’on ne réussit pas encore devrait aller de soi, par efficacité et par appui sur l’estime de soi » (Magne & Schmit, 2011, p. 7). Le domaine de l’affectif est clairement touché lorsque nous parlons de notre rapport à l’eau. Lorsque l’adolescent apprend à nager, il s’enrichit des sensations créées par l’eau (Cadot, 2011, p. 10). L’environnement spécifique duquel nous parlons va générer chez l’individu des sensations et des émotions uniques. L’eau provoque, chez l’apprenant, une certaine ambivalence : soit il est en fusion et se sent porté par l’eau, soit il ressent de l’anxiété avec une sensation de danger et en devient angoissé voire traumatisé. Pourtant, « l’eau n’est pas un élément contre lequel il faut lutter, il faut faire corps avec cet élément pour l’apprivoiser » (Lopez & Profit, 2005, Introduction). L’eau a ce don de créer peur et vertige, mais dès lors qu’un but est atteint par l’apprenant et que la sécurité est assurée, les émotions positives peuvent enfin être (re)découvertes (Cadot, 2011, p. 26). Le rapport à l’eau est différent pour chaque élève. Il est important de le laisser découvrir cet élément à la fois naturel et équivoque qu’offre le monde aquatique.
4. C
ONCEPTION PEDAGOGIQUE DE LA NATATION4.1. DEBUTS
Pour ce travail, nous devons nous concentrer sur l’enseignement de la natation en cycle 3, ce qui signifie que le début de l’apprentissage a normalement dû être fait en cycles 1 et 2. Pourtant, il arrive parfois que l’enseignant soit confronté à des nageurs débutants pour diverses raisons : une arrivée de l’étranger, des problèmes empêchant la baignade jusque-‐là, une maladie, etc. Il est ainsi important d’être préparé à toute sorte d’enseignement face à des élèves peu égaux en compétences et en capacités. Nous l’aurons compris : l’enseignement et l’apprentissage de la natation ne sont pas choses aisées. Apprendre à nager est un procédé spécifique durant lequel l’élève risque d’être freiné par divers ressentis et perceptions, tels que la peur. Le rôle de l’enseignant devient très important en natation et se démultiplie en quelques fonctions variées pour rassurer et faire évoluer l’élève dans son apprentissage. Afin de permettre à l’élève d’oublier ses craintes et d’évoluer dans l’eau d’une manière positive, il s’agira de créer de bonnes bases et de proposer à l’élève une approche de l’eau tout en douceur et en amusement. Cette période d’apprentissage, l’accoutumance à l’eau, demande à l’enseignant de la patience et du courage. « L’accoutumance à l’eau, la confiance, la connaissance des contraintes imposées par l’élément aquatique sont les bases pour l’apprentissage des techniques de nage. Le résultat de ce travail préparatoire ne ressemble pas encore à un style de nage bien défini
et connu » (Bucher, 1995, p. 1/2). Par la suite, il sera plus facile d’apprendre un style de nage à l’élève s’il a eu une bonne préparation et un bon contact avec l’eau auparavant.
4.2. PROCESSUS D’APPRENTISSAGE
Chaque élève est différent, tant au niveau de ses compétences et de son vécu que dans sa stratégie d’apprentissage. Le rôle de l’enseignant revient ainsi à proposer plusieurs méthodes afin que l’élève trouve celle qui lui convient. Dans le Manuel de Natation, la méthode globale et la méthode fractionnée apparaissent comme étant les deux voies d’apprentissage à offrir à l’élève. Même si les enseignants ne savent pas forcément nommer leur méthode d’instruction, ils choisissent instinctivement une approche qui s’apparente à une de ces deux méthodes. La méthode globale consiste à exécuter les mouvements dans une forme élargie avec laquelle l’essentiel est tout de suite testé. Les éléments particuliers ou ceux qui posent problème sont isolés et examinés au fur et à mesure de l’apprentissage, après avoir vu, compris et essayé le schéma gestuel de base. Les élèves passent généralement de la forme globale à la forme finale de cette manière (Ibid., p. 4/8). La méthode fractionnée, contrairement à la précédente, prend chaque élément isolé afin de les mettre ensemble par la suite pour reconstituer le mouvement et la nage dans leur forme finale (Ibid., p. 4/9). Dans la plupart des cas, l’enseignant utilisera les deux méthodes combinées. Il commencera instinctivement par la méthode globale puis, lorsqu’un élève peinera sur un mouvement précis, il utilisera la méthode fractionnée.
Afin de savoir quelle méthode il faut utiliser à tel moment de l’apprentissage, il est expliqué, dans le Manuel de Natation, que les enfants apprennent en général mieux avec la méthode globale, contrairement aux adultes. En général, il est conseillé d’apprendre les mouvements simples avec la méthode globale et les mouvements plus complexes avec la méthode fractionnée. « L’une ou l’autre se prête parfois mieux selon l’âge, l’intérêt, le niveau d’aptitudes, les expériences des enseignants et des élèves, la situation, le risque qu’implique la technique à acquérir, le matériel disponible, etc. » (Ibid., p. 4/10). Il est également possible de faire usage des deux méthodes dans un seul cycle d’apprentissage ; il s’agira simplement pour l’enseignant de faire le bon choix selon les mouvements et les nages enseignés.
4.3. STYLES DE NAGE
Il existe quatre styles de nage pratiqués en natation de compétition : la brasse, le dos, le dauphin8 et le style libre9. L’école et les autres institutions se basent sur cette terminologie de compétition mais sont libres d’ajouter d’autres styles de nage. L’important est que l’enseignant
8 Egalement appelé : nage papillon 9 Habituellement : crawl, sauf exceptions
clarifie cette terminologie spécifique avec ses élèves en début de cycle de natation. Ainsi, la brasse dorsale ou la nage de côté peuvent, par exemple, avoir leur place dans certains enseignements. Après la phase d’accoutumance à l’eau et lorsque l’on commence l’enseignement d’un style de nage avec une classe, il est conseillé par les spécialistes de débuter avec le crawl ou la brasse. Les mouvements naturels des battements et des cercles des bras sont plus rapidement assimilés en crawl. Au contraire, la brasse s’avère être plus difficile à enseigner et à apprendre dans sa forme complète. Il arrive souvent que quiconque parlant de natation pense à la brasse comme nage de référence. Il est vrai que, pour l’apprenant, les distances parcourues en brasse fatiguent moins que celles en crawl, du moins au début. En résumé, un nageur en devenir peut nager plus longtemps en brasse qu’en crawl. La brasse est la nage la plus connue et la plus ancienne mais le crawl est « simple, naturel et rapide » (Bucher, 1995, p. 2/3). Outre ces deux styles de nage les plus connus, l’apprentissage du dos crawlé peut être facilement enseigné en cours de natation scolaire grâce à sa position dorsale offrant peu de résistance et à la respiration qui ne pose que très peu problème. Si un enseignant suit une classe sur quelques mois en natation et qu’il les amène à un bon niveau dans ces trois nages, il peut tenter de les initier à la nage la plus complexe : le papillon. Ce style dynamique demande une bonne faculté de coordination de la part des élèves. De plus, force et souplesse sont essentielles pour exécuter une nage papillon belle et puissante. Afin de corriger au mieux les élèves, les enseignants sont invités à suivre la démarche O-‐ E-‐ C (Ibid., p. 2/40) : Observer (constater la faute), Evaluer (analyser, déterminer la cause) et Conseiller (proposer des exercices correctifs). Une fois que l’un ou l’autre style de nage a au moins été vu et connu dans sa forme globale, l’enseignant peut aborder d’autres activités liées à l’eau. Il est probable qu’il ne choisisse qu’une seule activité, dans le cas où il n’a la possibilité d’aller que pour un cycle court à la piscine durant l’année scolaire10. Alors, il est effectivement plus judicieux de choisir entre améliorer intensivement un style de nage et faire découvrir une seule discipline aquatique à ses élèves, et d’y consacrer le cycle en entier.
4.4. AUTRES ACTIVITES AQUATIQUES
Lorsque nous parlons d’activités aquatiques, nous pensons aux disciplines suivantes : le water polo, la natation synchronisée, le sauvetage, le plongeon, la gymnastique aquatique et la plongée avec palmes, masque et tuba. Un large choix s’offre donc à l’enseignant lorsque les élèves ont acquis le savoir nager plus tôt dans leur scolarité ou dans leur vie sportive extrascolaire. Il est même envisageable, si l’enseignant a deux cycles à sa disposition durant l’année, de développer un style de nage pendant un cycle et d’utiliser le deuxième pour faire découvrir une activité aquatique différente. Dans ce cas, le professeur peut demander leur avis aux élèves en mettant à choix deux ou
trois activités présélectionnées selon les infrastructures, le matériel à disposition et en tenant compte de ce que les élèves ont déjà expérimenté les années précédentes. L’enseignant proposera bien sûr des activités dans lesquelles il se sent à l’aise et que lui-‐même affectionne particulièrement. Le water polo demande une très bonne condition physique, une bonne technique de nage et une maîtrise du ballon. Ce sport collectif développe la coopération et la dimension d’adversité. Une simplification du jeu et des règles de compétition sera toutefois nécessaire. A l’opposé, la natation synchronisée, discipline très technique et exigeante, est, quant à elle, une manière plus douce d’aborder l’eau. Elle développe une bonne tenue et une certaine grâce car elle puise ses racines dans la danse classique. Le sauvetage s’apprend en cours de natation car c’est simple et très utile. Pour apprendre le sauvetage, les élèves doivent avoir une bonne maîtrise de la natation. Quant au plongeon, il encourage la créativité et une bonne tenue du corps ainsi que les capacités coordinatrices. Cette discipline permet d’améliorer la confiance de certains élèves craintifs. Il peut être intéressant et motivant, pour les élèves, de proposer une leçon de gymnastique aquatique. Outre l’intensité que la gymnastique aquatique peut amener, cette discipline se révèle attractive grâce à la musique. Enfin, si nous avons le matériel à disposition, pourquoi ne pas essayer de nager, ou plutôt plonger, avec un masque, un tuba et des palmes ? Cette approche sous-‐marine, offrant une nouvelle vision aux élèves, est captivante et variée. L’important reste, pour l’élève, que l’activité ait du sens et qu’elle s’avère être utile pour qu’il s’y intéresse ; il faut donc « proposer des enseignements que les élèves perçoivent comme fondamentaux pour eux » (Gal, 1993, p. 11).
Nous voyons que beaucoup de possibilités s’offrent à l’enseignant : les différents styles de natation, qu’ils soient de compétition ou non, et les diverses activités aquatiques. Il existe également une approche d’enseignement dans laquelle l’élève intègre à son apprentissage des objets aquatiques. Dans le milieu de la natation, ces objets sont appelés des « moyens auxiliaires » et Bissig et al. (2004) expliquent de manière intéressante l’utilisation optimale que l’enseignant peut en faire.
4.5. MOYENS AUXILIAIRES
Balles, anneaux, cerceaux, pull boys et planches sont autant de moyens auxiliaires à savoir utiliser en natation pour soulager, aider ou encore amuser les élèves dans l’eau (Bissig et al., 2004, pp. 289-‐290). Ces moyens auxiliaires sont à utiliser avec pertinence et en connaissance de cause car ils ne favorisent pas nécessairement l’apprentissage ! Ces supports devraient aider l’apprenant à soutenir le processus d’apprentissage et non pas l’empêcher d’expérimenter les expériences de mouvements importantes. Les accessoires flottants doivent être amenés de manière réfléchie et à bon escient, surtout lors de la phase initiale de l’apprentissage, pour favoriser le plaisir de l’apprenant dans l’eau. Les moyens auxiliaires offrent une approche différente de l’enseignement aquatique. S’il faut retenir un élément, selon Nathalie Gal (1993), c’est que « le rôle éducatif de
« l’eau » ne peut se concevoir pleinement que si, très tôt dans la formation du nageur, on multiplie les formes de « relations de l’individu avec l’eau », par l’exploitation de la piscine en tant qu’espace d’action » (Gal, Introduction).
4.6. ENSEIGNANT ET NATATION SCOLAIRE
« Le plaisir du maître dans l’eau est plus communicatif que de longues explications données depuis le bord du bassin. Son propre enthousiasme motive mieux que de longues théories ! » (Bucher, 1995, p. 4/5). Grâce à cette citation tirée du Manuel de Natation, nous pouvons comprendre que l’enseignant doit s’investir et se montrer motivé afin que cela ait un impact sur les élèves et sur la leçon en général. Il ne doit pas hésiter à démontrer les exercices et les nages enseignés dans l’eau pour que l’élève en ait une représentation optimale et puisse les reproduire à son tour. De plus, il est conseillé que les élèves soient en mouvement presque constamment. Les temps d’attente entre les exercices doivent être réduits au minimum et l’intensité des exercices doit être suffisamment élevée pour garder les élèves en mouvement. En natation encore plus qu’en salle de gymnastique, il est important de contrôler les temps d’attente afin que les apprenants n’aient pas froid. Pour ce faire, il suffit de laisser assez de temps aux élèves pour s’entraîner. Notons aussi que l’enseignant doit avoir un œil sur les élèves en continu et assurer une sécurité optimale en cours de natation. « En plus de la préparation et du style de direction, l’art de mener une leçon (organisation) est un pilier important de sa réussite. […] La leçon doit être organisée de telle manière, que l’apprentissage soit ciblé, plaisant, et réussi. » (Bissig et al., 2004, p. 300). Un point essentiel à retenir pour enseigner la natation est que l’élève doit être au centre de la leçon tout en devenant plus autonome. Au vu de toutes ces recommandations et nombreux conseils, nous remarquons que le maître de natation doit assurer plusieurs fonctions et porter une attention particulière à beaucoup de détails.
Nous pouvons conclure ce chapitre en prétendant qu’enseigner la natation à l’école s’adonne à atteindre deux points principaux : premièrement, « un objectif d’adaptabilité motrice, en proposant aux jeunes des expériences motrices variées les incitant à utiliser un potentiel important de leurs ressources personnelles. Cela consiste à utiliser au mieux les possibilités éducatives offertes par l’eau sans pour autant poursuivre une finalité sportive au départ » (Gal, 1993, p. 13). Le deuxième objectif revient à offrir aux élèves une « éducation sociale » ainsi qu’ « un apprentissage méthodologique » (Ibid.).
4.7. CAPACITES TRANSVERSALES ET DOMAINES PEDAGOGIQUES
Outre l’aspect technique du savoir nager, la natation touche différents domaines pédagogiques. Dans un souci de projet global de formation de l’élève, le PER nous éclaire sur les