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L’immunothérapie désigne les approches thérapeutiques impliquant une activation – spécifique ou non – du système immunitaire des patients avec, pour objectif, dans le...

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MISE AU POINT

Figure 1. Essai CheckMate-017.

Objectifs secondaires :

• Réponse objective (RECIST 1.1)

• Survie sans progression

• Qualité de vie Objectif principal : survie globale

1 : 1 R

• PS 0-1

• Prétraitement

(une seule ligne à base de platine)

• Biopsie archivée disponible (n = 272)

Nivolumab 3 mg/kg toutes les 2 sem.

jusqu’à progression ou toxicité (n = 135) Docétaxel 75 mg/m2

toutes les 3 sem.

jusqu’à progression ou toxicité (n = 137)

• Tolérance

• Efficacité selon l’expression du PD-L1

L’immunothérapie en seconde ligne des cancers bronchiques non à petites cellules :

quels patients en 2018 ?

Immunotherapies for non-small cell lung cancers:

which patients in 2018?

N. Girard*

* Institut du thorax Curie-Montsouris, institut Curie, Paris.

L’

immunothérapie désigne les approches thérapeutiques impliquant une activation – spécifique ou non – du système immu- nitaire des patients avec, pour objectif, dans le traitement des cancers, d’obtenir une réponse cytotoxique contre les cellules tumorales. Dans les cancers broncho pulmonaires, l’immunomodulation par ciblage du point de contrôle PD-1/PD-L1 est la stratégie d’immunothérapie aujourd’hui utilisée en routine (1). Les résultats cliniques disponibles concernent ainsi des anticorps inhibiteurs de PD-1 (nivolumab et pembrolizumab) ou de PD-L1 (atézoli- zumab), qui ont été comparés au standard historique de chimiothérapie. Alors que plusieurs essais théra- peutiques montrent l’intérêt de ces agents dès la première ligne thérapeutique, notamment dans le contexte de combinaisons avec la chimiothérapie ou d’autres immunomodulateurs, une majorité de

patients reçoivent aujourd’hui l’immunothérapie dans cette situation de seconde ligne thérapeutique.

Résultats des essais princeps avec le nivolumab

L’efficacité du nivolumab sur la survie des patients en situation de cancer bronchopulmonaire métastatique avancé a été démontrée dès 2015 par 2 essais randomisés de phase III, conduits en seconde ligne thérapeutique, le comparant au docétaxel (2-5).

Le nivolumab était administré à la dose de 3 mg/ kg toutes les 2 semaines, jusqu’à progression ou toxi- cité. Dans ces essais, il n’y avait ni sélection ni strati- fication des patients sur l’expression de PD-L1 par les cellules tumorales, qui a été toutefois évaluée de façon exploratoire.

L’essai CheckMate-017, mené chez 272 patients atteints d’un carcinome épidermoïde, a rapporté une amélioration des taux de réponse avec le nivo- lumab par rapport au docétaxel (20 versus 9 %), de la survie sans progression (médiane : 3,5 versus 2,8 mois ; HR = 0,62 ; IC95 : 0,47-0,81 ; p = 0,0004) et de la survie globale (médiane : 9,2 versus 6,0 mois ; HR = 0,59 ; IC95 : 0,44-0,79 ; p = 0,00025) [figures 1 et 2, tableau I] (2). Après un suivi de 40,3 mois, le nombre de patients vivants était presque triplé avec le nivolumab (4). Le bénéfice du nivolumab était retrouvé dans tous les sous- groupes de patients, y compris ceux définis par un seuil d’expression de PD-L1 de 1 %, 5 % ou 10 %.

Le nivolumab est aujourd’hui disponible en France dans cette indication, après l’obtention d’une ASMR III (amélioration du service médical rendu)

(2)

Figure 2. Essai CheckMate-017 : survie globale.

100

80

60

40

20

00 6 12 18 24 30 36 42 48

42 %

24 %

8 % 6 %

∆ 18 %

∆ 15 %

∆ 10 % 23 %

16 %

Mois Patients à risque (n)

Survie globale (%)

Événements (n) Survie globale médiane, mois (IC95) HR (IC95)

Nivolumab Docétaxel (7,33-12,62)9,23 6,01

(5,13-7,33)

116 130

0,62 (0,48-0,80)

54

135137 86

69 57

33 38

17 31

11 26

10 21

8 16

7 8

3 0

0 Nivolumab (n = 135)

Docétaxel (n = 137)

Tableau I. Essai CheckMate-017. Réponse

Nivolumab

(n = 135) Docétaxel

(n = 137) Réponse objective

Patients (n) 27 12

Patients, % (IC95) 20 (14-28) 9 (5-15)

OR estimé (IC95) 2,6 (1,3-5,5)

p 0,008

Meilleure réponse globale, n (%)

Réponse complète 1(1) 0

Réponse partielle 26 (19) 12 (9)

Maladie stable 39 (29) 47 (34)

Maladie en progression 56 (41) 48 (35)

Non déterminé 13 (10) 30 (22)

par la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé. Le nivolumab peut également être utilisé au-delà de la deuxième ligne théra- peutique.Les auteurs de l’essai de phase II Check- Mate-063, conduit chez 117 patients porteurs d’un carcinome épidermoïde à partir de la troisième ligne de traitement, avaient rapporté des résultats

similaires à ceux de l’essai CheckMate-017 : taux de réponse de 17 %, taux de contrôle de la maladie de 47 % et survie sans progression à 1 an de 20 % (3).

Un second essai, CheckMate-057, a comparé le nivolumab au docétaxel chez 582 patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules de type non épidermoïde, une nouvelle fois en rales, le nivolumab, ainsi que l’atézolizumab lorsque ce dernier sera disponible, peut être prescrit quel que soit le niveau d’expression de PD-L1.

Séquence thérapeutique

Summary

PD-1/PD-L1 checkpoint inhibi- tors are standard for the second line treatment of metastatic non-small cell lung cancer.

In a routine practice setting, the individual assessment for immunotherapy both clinical variables, mainly performance status, and expression of PD-L1 by tumor cells.

In contrast to pembrolizumab, indicated only when PD-L1 is expressed by tumor cells, nivo- lumab, as well as atezolizumab in the future, may be prescribed regardless of PD-L1 expression.

Keywords

Immunotherapy

Non-small cell lung cancer PD-1

Treatment sequence

(3)

L’immunothérapie en seconde ligne des cancers bronchiques non à petites cellules : quels patients en 2018 ?

MISE AU POINT

Figure 3. Essai CheckMate-057.

Objectifs secondaires :

• Réponse objective (RECIST 1.1)

• Survie sans progression

• Qualité de vie

Objectif principal : survie globale

1 : 1 R

• Cancers non épidermoïdes

• Stades IIIB/IV

• ECOG PS 0-1

• Prétraitement par un doublet à base de platine ± inhibiteur de tyrosine kinase

(n = 272)

Nivolumab 3 mg/kg toutes les 2 sem.

jusqu’à progression ou toxicité (n = 292)

Docétaxel 75 mg/m2 toutes les 3 sem.

jusqu’à progression ou toxicité (n = 290)

• Tolérance

• Efficacité selon l’expression du PD-L1 (immunohistochimie anti-PD-L1 évaluée avec le système IHC Dako)

Figure 4. Essai CheckMate-057 : survie globale.

100

80

60

40

20

00 6 12 18 24 30 36 42 48

51 %

39 % 29 %

16 %

∆ 12 %

∆ 13 % 18 %

9 %

∆ 9 %

Mois Patients à risque (n)

Survie globale (%)

Événements (n) Survie globale médiane, mois (IC95) HR (IC95)

Nivolumab Docétaxel

12,21

(9,66-15,08) 9,49

(8,11-10,74)

241 268

0,73 (0,62-0,88)

54

292290 194

195 148

112 112

67 82

46 58

35 49

26 39

16 7

1 0

0 Nivolumab (n = 135)

Docétaxel (n = 137)

Tableau II. Essai CheckMate-057 : réponse.

Nivolumab

(n = 292) Docétaxel

(n = 290) Réponse objective

Patients (n) 56 36

Patients, % (IC95) 19 (15-24) 12 (9-17)

OR estimé (IC95) 1,7 (1,1-2,6)

p 0,02

Meilleure réponse globale, n (%)

Réponse complète 4 (1) 1 (< 1)

Réponse partielle 52 (18) 35 (12)

Maladie stable 74 (23) 122 (42)

Maladie en progression 129 (44) 85 (29)

Non déterminé 33 (11) 47 (16)

(4)

Figure 5. Essai KEYNOTE-010.

Objectifs (population totale et patients ayant un TPS ≥ 50 %) :

• Primaires : survie sans progression et survie globale

• Secondaires : taux de réponse objective, durée de réponse, tolérance

TPS : score de proportion tumorale.

Stratification

• ECOG PS (0 versus 1)

• Région (Asie de l’Est versus autre)

• Statut de PD-L1 (TPS ≥ 50 % versus 1-49 %)

1:1:1 R

• CBNPC avancé

• Progression confirmée après ≥ 2 cycles de doublet de chimiothérapie à base de platine

• PD-L1 TPS ≥ 1 %

• ECOG PS 0-1

• Pas de métastase cérébrale active

• Pas de maladie auto-immune sérieuse

• Pas de maladie pulmonaire interstitielle

ou de pneumonie requérant des stéroïdes systémiques

Pembrolizumab 2 mg/kg i.v.

toutes les 2 sem. pendant 24 mois

Pembrolizumab 10 mg/kg i.v.

toutes les 3 sem. pendant 24 mois

Docétaxel 75 mg/m2 toutes les 3 sem. (recommandations locales) tableau II) [4, 5]. En cas de mutation de l’EGFR ou

de réarrangement d’ALK, les patients devaient avoir reçu un inhibiteur de kinase spécifique avant l’in- clusion. Les résultats montrent une survie globale supérieure avec le nivolumab (12,2 versus 9,4 mois ; HR = 0,73 ; IC95 : 0,59-0,89 ; p = 0,002), résultant de la durée de réponse très prolongée observée chez les patients répondeurs (17,2 versus 5,6 mois), plus nombreux avec le nivolumab (19 versus 12 %), alors même que le nombre de patients dont la maladie progressait était supérieur (44 versus 29 %) et que la survie sans progression était inférieure (2,3 versus 4,2 mois) [5]. L’expression de PD-L1 par au moins 10 % des cellules tumorales, conduisait à une survie globale médiane sous nivolumab de 19,4 mois.

En l’absence d’expression de PD-L1, la survie globale n’était pas différente entre les 2 bras, avec un taux de réponse de 8 % sous nivolumab. Ces analyses exploratoires suggèrent ainsi un rôle prédictif du niveau d’expression de PD-L1 sur le taux de réponse, sans effet sur la durée de réponse. La présence d’une expression de PD-L1 s’associait à un bénéfice de survie observé d’emblée, tandis que chez les patients dont la tumeur n’exprimait pas PD-L1, on observait un risque de progression et de décès précoce non significatif sur le plan statistique, mais engageant à un suivi rapproché, clinique et radiologique, de ces patients lors de l’introduction du traitement. Le nivo- lumab est aujourd’hui disponible en France dans cette indication, après l’obtention d’une ASMR IV par la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé.

avec le pembrolizumab

Le pembrolizumab a également montré son béné- fice en seconde ligne thérapeutique des cancers bronchiques non à petites cellules. L’essai de phase III randomisé KEYNOTE-010 comparait 2 doses diffé- rentes de pembrolizumab (2 mg / kg et 10 mg/kg toutes les 3 semaines) au docétaxel (figures 5 et 6, p. 348, tableau III, p. 348) [6]. Cet essai incluait les patients quelle que soit l’histologie de la tumeur, mais compor- tait une sélection sur la présence d’une expression de PD-L1 par au moins 1 % des cellules tumorales, excluant donc les tumeurs n’exprimant pas le PD-L1.

Le bénéfice du pembrolizumab est démontré, avec une médiane de survie globale de 10,4 (HR = 0,71 ; IC95 : 0,58-0,88 ; p = 0,0008) versus 12,7 (HR = 0,61 ; IC95 : 0,49-0,75 ; p < 0,0001) versus 8,5 mois, respec- tivement dans les groupes pembrolizumab 2 mg/ kg, 10 mg/kg et docétaxel. Le bénéfice était plus important en cas d’expression de PD-L1 par au moins 50 % des cellules tumorales (HR = 0,53 ; IC95 : 0,40-0,70), mais était également dans le groupe avec une expression de PD-L1 inférieure à 50 % (HR = 0,76 ; IC95 : 0,60-0,96).

Les taux de réponse étaient doublés avec le pembro- lizumab par rapport au docétaxel (18 versus 9 %).

Avec l’inclusion d’une majorité de patients atteints d’un cancer bronchique de type non épidermoïde, la survie sans progression n’était pas significativement différente entre les 2 bras (6). Le pembrolizumab est aujourd’hui disponible en France dans cette indication, après l’obtention d’une ASMR IV par la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé.

(5)

L’immunothérapie en seconde ligne des cancers bronchiques non à petites cellules : quels patients en 2018 ?

MISE AU POINT

Figure 6. Essai KEYNOTE-010 : survie globale.

100

80

60

40

20

00

Mois

Survie globale (%)

Pembrolizumab 10 mg/kg

5 10 15 20 25

Pembrolizumab 2 mg/kg Docétaxel

Pembrolizumab 10 mg/kg Pembrolizumab 2 mg/kg Docétaxel

10,4 (9,4-11,9) Survie globale médiane, mois (IC95)

Survie globale à 1 an, %

HR (IC95) p

12,7 (10,0-17,3)

43,2 52,3

0,71 (0,58-0,88) 0,0008 0,61 (0,49-0,75) < 0,0001

8,5 (7,5-9,8) 34,6 – –

Tableau III. Essai KEYNOTE-010 : réponse.

Pembrolizumab 2 mg/kg (n = 344)

Pembrolizumab 10 mg/kg (n = 346)

Docétaxel (n = 343) Survie globale

Réponses (n) 62 64 32

Réponses, % (IC95) 18,0 (14,1-22,5) 18,5 (14,5-23,0) 9,3 (6,5-12,9)

Différence estimée versus docétaxel, % (IC95) 8,7 (3,6-13,9) 9,1 (4,1-14,3)

p 0,0005 0,0002

Temps médian avant réponse, mois (IQR) 9 (9-18) 9 (9-17) 9 (9-18)

Durée médiane de réponse, mois (IQR) NR (4,2-10,5) NR (4,2-12,5) 6 (2,7-6,1)

Pas de progression, n (%) 50 (80,6) 48 (75,0) 19 (59,4)

Résultats de l’essai princeps avec l’atézolizumab

L’atézolizumab, un anticorps anti-PD-L1, a été évalué en seconde ligne thérapeutique dans l’essai de phase III randomisé OAK, par rapport au docé- taxel (7). Cet essai incluait des patients quelle que soit

l’histologie tumorale, et sans sélection sur le statut PD-L1 dans les cellules immunes du stroma tumoral, avec toutefois une stratification sur ces 2 facteurs.

Une première analyse des données, réalisée auprès des 850 premiers patients inclus (sur les 1 225 inclus au total), a mis en évidence une amélioration signi- ficative de la survie globale dans le groupe traité par

(6)

Figure 7. Essai OAK.

Critère de jugement principal (850 premiers patients inclus) :

• Survie globale dans la population en intention de traiter

• Survie globale chez les patients avec une expression de PD-L1 ≥ 1 % (cellules tumorales ou immunes)

1 : 1 R

• CBNPC métastatique ou localement avancé

• 1-2 lignes antérieures de chimiothérapie, avec au moins un sel de platine

• Toute expression de PD-L1

Stratification

• Expression de PD-L1

• Histologie

• Traitements antérieurs (n = 1 225)

Atézolizumab 1 200 mg i.v. toutes les 3 sem.

Docétaxel 75 mg/m2 toutes les 3 sem.

Progression ou perte de bénéfice clinique

Progression

Critères de jugement secondaires :

• Taux de réponse

• Survie sans progression

• Tolérance

• Durée de réponse

Figure 8. Essai OAK : survie globale.

100

80

60

40

20

0 0

425 407 382 363 342 326 305 279 260 248 234 223 218 205 198 188 175 163 157 141 116 74 54 41 28 15 4 1 425 390 365 336 311 286 263 236 219 195 179 168 151 140 132 123 116 104 98 90 70 51 37 28 16 6 3 Patients à risque (n) Mois

Survie globale (%)

Docétaxel

HR = 0,73 ; IC95 : 0,62-0,87 ; p = 0,0003 6

3 9 12 15 18 21 24 27

Atézolizumab

13,8 mois (IC95 : 11,8-15,7) 9,6 mois (IC95 : 8,6-11,2)

atézolizumab, avec une médiane de 13,8 versus 9,6 mois (HR = 0,73 ; IC95 : 11,8-15,7 ; p = 0,0003), soit un gain en valeur absolue de 4,2 mois (figures 7 et 8).

Les taux de réponse n’étaient pas différents entre les 2 bras (14 %), mais la durée de réponse était supé- rieure avec l’atézolizumab (16,3 versus 6,2 mois ; IC95 : 0,21-0,55).

Le bénéfice de l’atézolizumab était supérieur en cas d’expression de PD-L1, évaluée à la fois sur les

cellules tumorales et les cellules immunes ; dans cette situation (463 patients sur les 850 inclus), la survie globale médiane était de 15,7 mois (IC95 : 12,6-18,0) dans le groupe atézolizumab. En l’absence d’expression de PD-L1, que cette absence d’expression soit évaluée sur les cellules tumorales uniquement (dans un sous-groupe de patients dont l’échantillon tumoral avait été réévalué pour l’expression de PD-L1 avec un anticorps Dako 22C3,

(7)

MISE AU POINT

utilisé dans l’essai KEYNOTE-010) ou sur les cellules tumorales et immunitaires (dans la population totale de l’essai, avec un anticorps Ventana SP142), le bénéfice de l’atézolizumab était également retrouvé (respectivement, 13,8 versus 9,6 mois sous docétaxel [HR = 0,75] ; 12,1 versus 7,3 mois [HR = 0,61]) [8]. L’atézolizumab est en cours d’évaluation par la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé.

Profil de tolérance des immunothérapies

Dans les essais princeps, le nivolumab, le pembro- lizumab et l’atézolizumab ont présenté un profil de tolérance meilleur que celui du docétaxel. Avec le nivolumab, on note 58 % d’événements indésirables, tous grades confondus, dont 7 % d’événements de grade ≥ 3 dans le groupe nivolumab, contre 86 % d’événements tous grades confondus dont 55 % de grade ≥ 3 dans le groupe docétaxel de l’essai CheckMate-017 (2). Des résultats similaires ont été observés dans la population non épidermoïde, avec 69 % d’événements indésirables de tous grades, dont 10 % d’événements de grade ≥ 3 dans le groupe nivolumab, contre 88 % d’événements tous grades confondus dont 54 % de grade ≥ 3 dans le groupe docétaxel (4, 5). Les profils de tolérance sont comparables pour le pembrolizumab et l’atézo- lizumab (6, 7).

En fait, le profil des événements indésirables sont différents de ceux observés avec la chimiothérapie.

En effet, l’immunothérapie peut induire des effets auto-immuns, liés à la levée de l’inhibition des points de contrôle immunitaire (9). Dans les essais portant sur le nivolumab, on a retrouvé une diar- rhée dans 8 % des cas (parfois liée à des colites inflammatoires), une éruption cutanée dans 8 % des cas, et des événements plus rares à type de pneumopathie interstitielle diffuse (de 3 à 5 % des cas), ou d’atteintes endocriniennes (hypothyroïdie chez 4 à 6 % des patients, hypophysites). Le délai de survenue était variable, et ces événements pouvaient apparaître à l’arrêt de l’immunothérapie.

La prise en charge dépend du grade de la toxicité et repose sur une suspension de l’administration de l’immunothérapie et la mise en place d’un traite- ment par corticoïdes ; une interruption définitive du traitement n’était que rarement nécessaire, la plupart des événements étant résolutifs. Des algorithmes de prise en charge de ces toxicités ont été développés (9).

Quelle durée de traitement par immunothérapie

en seconde ligne thérapeutique ?

Une première question est celle de la durée de traite- ment de l’immunothérapie. En effet, dans les essais thérapeutiques, le traitement était interrompu après une durée préspécifiée de 1 ou 2 ans. CheckMate 153 est une étude de cohorte, au sein de laquelle certains patients dont le cancer ne progresse pas à 1 an ont été randomisés entre la poursuite du traitement ou son arrêt, avec la possibilité de reprise en cas de reprogression tumorale (10). Les résultats suggèrent une survie sans progression du bras continu (pour- suite du nivolumab) significativement supérieure à celle du bras arrêt du nivolumab à 1 an, avec des médianes non atteintes (dans le bras continu) versus 10,3 mois (dans le bras 1 an) et un taux de survie à 1 an de 65 versus 40 % (HR = 0,42). Mais ces données sont issues d’une analyse exploratoire et méritent d’être réévaluées par des essais randomisés.

Une seconde question est celle de la possibilité d’un traitement au-delà de la progression RECIST, car les modalités de progression sous immunothérapie sont complexes, avec un effet parfois retardé de l’effet du traitement, même si les pseudoprogressions sont plus rares que dans les mélanomes (11). Dans l’essai OAK testant l’atézolizumab, un bénéfice de survie globale était observé chez les patients poursui- vant le traitement au-delà de la progression (12). Une attention particulière doit ainsi être portée en cas de discordance entre l’imagerie et la symptomato- logie clinique, avec la possibilité de poursuivre le traitement en cas de bénéfice clinique sous couvert d’une surveillance rapprochée des patients.

Les données des essais princeps sont-elles pertinentes

en vie réelle ?

En France, le nivolumab a été disponible dans le cadre d’un programme d’autorisation temporaire d’utilisation entre février et septembre 2015, après la présentation des résultats des essais randomisés l’ayant comparé au docétaxel, avec un bénéfice en termes de survie globale. Au total, 1 946 patients ont été traités dans le cadre de ce programme. CLINIVO, de l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFCT), est une étude rétrospective des

(8)

patients, parmi lesquels 317 (35 %) étaient porteurs d’un carcinome épidermoïde et 585 (65 %) d’un adénocarcinome (13). Parmi les 815 patients ayant arrêté le nivolumab à la date d’analyse des données fin août 2017, après un suivi médian de 26 mois, 319 ont reçu un premier traitement post-nivolumab.

L’étude confirme les résultats des essais randomisés avec le nivolumab conduits en deuxième ligne, avec un taux de réponse de 19 % et une survie globale médiane de 9,9 mois, ce malgré l’inclusion de patients recevant le nivolumab en ligne plus avancée : seuls 27 % des patients étaient traités en deuxième ligne, 32 % l’étaient en troisième ligne et 40 % en ligne plus tardive. La présence de métastases cérébrales était un facteur pronostique défavorable, alors même que l’efficacité du nivolumab était marquée par un taux de réponse de 16 % et une survie globale médiane de 7,1 mois. Le second facteur pronostique défavorable était le PS ≥ 2 : taux de réponse de 12 % et survie sans progression médiane de 3,4 mois.

Le premier traitement post-nivolumab consistait en une chimiothérapie pour la plupart des patients, avec des monochimiothérapies par docétaxel, paclitaxel, gemcitabine, vinorelbine ou pémétrexed, ou un traitement par erlotinib. Au total, 24 % des patients ont reçu un traitement focal en plus du traitement systémique. Le taux de réponse au premier traitement post-nivolumab était de 16 %, avec une survie globale médiane de 7,8 mois.

Les données de l’étude IFCT CLINIVO formalisent, d’une part, la faible efficacité du nivolumab chez

pas inclus dans les essais cliniques l’ayant évalué et, d’autre part, l’efficacité des traitements administrés après l’échec du nivolumab, marquée par une grande hétérogénéité dans les durées de traitement par rapport à la durée de traitement par nivolumab.

Conclusion

L’immunothérapie par inhibiteur du point de contrôle PD-1/PD-L1 est un standard thérapeutique en seconde ligne thérapeutique des cancers bronchiques non à petites cellules métastatiques. L’évaluation indivi- duelle de son bénéfice par rapport à une chimio- thérapie dans le contexte de la pratique clinique comporte à la fois la prise en compte d’éléments cliniques, principalement l’état général du patient, et l’expression de PD-L1 par les cellules tumorales, qui représente un facteur de sélection pour le trai- tement par pembrolizumab, et enrichit les chances de réponse pour le nivolumab, l’atézolizumab et le pembrolizumab, en fonction des seuils considérés.

Avec l’utilisation de l’immuno thérapie dès la première ligne, aujourd’hui pour les patients dont la tumeur exprime PD-L1 pour au moins 50 % des cellules tumo- rales avec le pembrolizumab, demain dans le contexte de combinaisons avec la chimiothérapie ou avec des agents ciblant le point de contrôle CTLA-4, la place de cette stratégie de seconde ligne sera à réévaluer dans le cadre de nouvelles stratégies thérapeutiques

séquentielles. ■

N. Girard déclare avoir des liens d’intérêts avec Hoffmann-La Roche, AstraZeneca, BMS.

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Ann Oncol 2016;27(suppl. 5):v1-v27.

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Références bibliographiques

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