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Réseaux de soins : une solution trop complexe

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Academic year: 2022

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En politique, et en politique de la santé à plus forte raison, c’est comme en méde- cine : quand le diagnostic de départ est faux ou inexistant, le traitement est souvent inadéquat. Ainsi en va-t-il des réseaux de soins, qui ne sont pas un bon remède à la maladie dont souffre le système de santé suisse. Il est pourtant simple de compren- dre qu’un médecin qui soigne et fait son métier est efficace et ne coûte pas cher en regard de ce qu’il apporte : la santé !

Quand un médecin remplit des fiches, classe des papiers, doit lire des pages et des pages de documents et de règlements, il ne soigne pas et son activité, si peu ré- munérée soit-elle, est alors hors de prix. La solution aux coûts de la santé se trouve donc dans une simplification de tout le sys- tème et non dans une augmentation déli- rante de la complexité. C’est pourtant cette dernière que le système des réseaux de soins va apporter. Et il serait bien intéres- sant de savoir combien d’heures les pa- trons de réseaux passent à la gestion de ceux-ci. Heures qui doivent bien être payées par quelqu’un. Au total, le managed care re- vient à rajouter une couche d’administra- tion là où il fallait en enlever une ! Peut- être faut-il préciser qu’aussi bien le temps que les coûts de ce type de système sont, bien sûr, à la charge des médecins. Le temps à remplir des bons, à faire et classer des fiches, etc., c’est autant de temps passé à des travaux inutiles plutôt qu’au chevet des patients, dans de la formation ou dans les loisirs, pourtant si nécessaires !

La FMH a foncé tête baissée dans ce pro- jet, alors que rien n’était prêt. On le cons tate bien si l’on ne considère que le chapitre de la responsabilité ou coresponsabilité finan- cière. Sur ce sujet, pourtant fon damental et au cœur du problème, il y a autant d’avis et d’arguments pour, qu’il y en a contre ! Et chacun est persuadé que la solution in- verse à la sienne nous conduira tous dans le mur ! Si certains sont pour cette cores- ponsabilité financière et l’ont testée, ils ne l’ont fait qu’en dehors de toute vraie con- currence avec d’autres réseaux. Le vrai pro- blème que la FMH se refuse à voir est en effet celui de la concurrence qui naîtra obli- gatoirement entre les réseaux et qui ne se fera pas sur des critères de qualité mais bien sur des critères économiques, comme

nous l’avons appris à travers les expé- riences des DRG.

Autre point peu clair : un médecin pourra faire partie de plusieurs réseaux ? A ce su- jet aussi de multiples problèmes se posent.

S’il faut faire partie de plusieurs cercles de qualité, une fois les formations, colloques et congrès accomplis, le généraliste pourra éventuellement voir trois à quatre patients par jour ! Sans compter la complication de savoir que pour tel réseau il faut utiliser une fiche bleue pour une demande d’exa- men qu’il faut envoyer à telle personne et que pour l’autre réseau c’est une fiche verte qu’il faut garder dans le dossier et que pour tel autre c’est un e-mail qu’il faudra envoyer… Et que tel réseau travaille avec tel spécialiste… Et puis, il y aura les réseaux qui donneront plus d’avantages (peut-être une valeur de point plus élevée ou un bo- nus plus élevé en fin d’année) et dont on favorisera les patients.

Au total, on voit que tous ces problèmes n’ont pas été élucidés. Chacun a sa vision.

Le Parlement est plongé dans un délire d’idées et prend des décisions… sous l’in- fluence de ceux qui nous ont concocté la LAMal. Chez les médecins, c’est le flou sur les problèmes fondamentaux que posent les réseaux. Et nous devons mener des dis- cussions sur ce thème avec ceux qui nous dansent sur le ventre depuis des années, ne respectant aucune des conventions si- gnées. Les valeurs de points aussi bien en LAMal qu’en LAA en sont la preuve la plus tangible. La position de la FMH de- vrait donc être extrêmement ferme et elle devrait proclamer haut et fort qu’il n’y a aucune nouvelle discussion sur aucun su- jet, tant que les accords passés jusqu’ici ne sont pas respectés.

Pour l’instant, on voit que le train du managed care est parti, qu’il est en état pour le moins chancelant, que l’on ne sait pas où il va et qu’il n’y a pas de pilote expérimenté ! La destination finale de ce con voi ne peut donc être qu’hasardeuse, et il me paraît as- sez inconscient de jouer avec le système de santé de cette façon.

Tout ceci sans compter le risque pour la FMH de se désintégrer, suite aux conflits qui ne manqueront pas d’éclater entre mé- decins de premier recours et spécialistes.

On dit qu’un pessimiste est un optimiste

qui a de l’expérience… Je me classe donc du côté des pessimistes. J’étais un adver- saire de la LAMal, car le système dans le- quel les assureurs étaient à la fois juge et partie me paraissait inadéquat. La FMH était pour. J’étais opposé aux accords bila- téraux, car ils allaient entraîner une discri- mination négative pour les jeunes médecins suisses : on y est, mais la FMH était pour.

J’étais, enfin, contre le Tarmed, le système me paraissant trop compliqué pour fonc- tionner correctement. La démonstration est faite, et là aussi la FMH était pour. Et je crains que, pour le managed care, je sois une fois de plus du mauvais côté.

Dr Jean-Pierre Grillet Dermatologie et allergologie 12, ch. de Beau-Soleil 1206 Genève jeanpierre.grillet@hin.ch

pour ou contre

Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 5 mai 2010 937

Réseaux de soins :

une solution trop complexe

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