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Chroniques de la crise sanitaire. Chapitre 5. Hors-série 2020

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Hors-série 2020

Chroniques de la crise sanitaire

Chapitre 5

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D’un Galicien à Paris

La vie et la mort au temps du COVID Après deux semaines de panique relative en confinement, deux semaines pendant lesquelles j’ai eu, comme tous j’imagine, peur d’être infecté par le virus qui se propageait de façon exponentielle à travers le monde, un autre phénomène psychologique s’est produit en moi : la dissociation.

Évidemment, je n’étais pas contaminé. Je restais chez moi à Paris, sain et sauf dans mon appartement (situé à peine à 400 mètres de l’Ecole Suisse). Je regrettais, bien sûr, n’avoir pas pu fêter correctement la retraite de Jean Lamoureux, un de mes meilleurs profs. Je continuais à faire du télétravail, j’en profitais pour regarder plus de films que d’habitude (je suis cinéaste).

Ma fenêtre donne sur une cour intérieure ; les seules nouvelles du monde extérieur arrivaient sans passion ni personnalité dans mon iPhone, et le seul signe qu’un

événement collectif était en train de se produire étaient les applaudissements solidaires des voisins dans la cour, qui tombaient pic à 20 heures tous les jours. Je me sentais comme Jimmy Stewart dans VERTIGO, de Hitchcock, confiné dans mon fauteuil roulant et condamné à une

perspective unique.

Bien sûr que, intellectuellement, j’étais conscient de la gravité de la situation.

Mais après trois semaines passées à voir monter les chiffres des morts et des

personnes infectées de façon surréelle, je peinais à comprendre que derrière

chaque chiffre, il y avait une personne.

J’ai vu le film PLATOON, d’Oliver Stone : Je me suis demandé si ceux qui sont restés aux Etats-Unis pendant la guerre du

Vietnam ont ressenti la même dissociation.

J’ai pensé aussi à cette phrase,

certainement sinistre, de Staline : “La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique.”

Après les nouvelles des infections dans ma famille et parmi mes connaissances en Espagne, (heureusement sans cas graves), j’ai compris le pourquoi de mon état

mental. Ce n’était pas vraiment un cas de dissociation psychologique, au moins un cas diagnosticable. Non, plutôt, je ne m’étais pas rendu compte d’un fait

évident et très important : Notre existence n’est pas conditionnée par un seul facteur.

En d’autres termes : malgré tout, la vie continue son cours en parallèle pendant le COVID. J’avais appris la moitié de ma leçon. Et puis, le 16 avril, j’ai appris, avec la tristesse qu’accompagne l’arrivée d’une telle nouvelle, l’autre moitié : la mort, elle aussi continue son cours naturel pendant le COVID.

Ce serait très difficile de résumer la vie de quiconque en si peu de temps, avec si peu de mots et dans une langue qui n’est pas la mienne. Après 99 (quatre-vingt-dix- neuf) ans de vie, résumer la vie de ma grand-mère Carmina serait une tâche impossible. Je pourrais peut-être dire, en citant les mots de mon père, qu’il serait impossible de trouver quelqu’un qui puisse dire du mal d’elle ; elle n’a tout

simplement jamais eu d’ennemis. Je pourrais aussi expliquer qu’elle n’a jamais été malade au cours de ses 99 ans de vie, étant née dans un monde plus difficile et inhospitalier que celui qu’on connait et est, par conséquent, devenue plus forte.

Je ne peux pas omettre ses légendaires omelettes espagnoles et les parties interminables de Parchís (nom espagnol du jeu de petits chevaux) qu’on a jouées ensemble. Les séances hebdomadaires de la trilogie de STAR WARS (La Guerre des Etoiles) en VHS ; c’est sûr qu’on les a vus des dizaines de fois. Surtout, il faut se souvenir de l’année de ma naissance, 1993, car c’était aussi l’année de la mort de son mari, Arturo, mon grand-père. En empruntant pour un instant à la foi

chrétienne de Carmina cette image : mon grand père est monté au ciel pendant que j’en descendais. Et pendant mes dix

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premières années de vie, ma grand-mère et moi étions inséparables.

Je pourrais dire beaucoup de choses mais l’histoire finirait toujours par arriver à Avril 2020, et je dirais (je crois) la chose suivante : ma grand-mère a très bien vécu et, dans ses dernières semaines, très peu souffert.

Elle a été aimée par tous ceux qui la connaissaient, ses élèves et ses proches.

Elle a quitté le monde pendant une crise sanitaire sans précédent même dans sa longue vie, mais elle n’a pas été affectée par cette crise : elle est morte dans sa maison d’une vraie mort naturelle, sans COVID, sans maladie. Un organisme appelé par la nature. Et, malgré le

règlement en vigueur pendant la crise, elle a été enterrée par plusieurs de ses

proches, dans un cimetière inhabituellement paisible.

Je pourrais dire toutes ces choses, et beaucoup plus, mais pas maintenant.

Maintenant je sais simplement que j’ai appris que la mort, même à un moment crucial de notre histoire, reste

exceptionnellement ordinaire. Et, même plus important que ça, la vie aussi

continue. Peut-être reverrai-je STAR WARS.

Dédié à Carmina (1920- 2020)

Bernardo L, le 7 mai 2020

De Suisse

Un temps de réflexion et de grandes questions

A la recherche du temps perdu ou un départ vers un nouvel horizon ?

Que dire de cette période dans laquelle nous vivons depuis deux mois ? La

pandémie a tout changé, bouleversé et remis en question d’une semaine à l’autre.

La vie sociale s’est arrêtée, l’économie a été bloquée et les gens confinés et privés de la plupart de leurs droits humains. Un

scénario de choc, surréaliste, absurde, un cadre de science-fiction devenu une nouvelle réalité. Le déroulement ordinaire de notre quotidien a fait place à des questions qui me rappellent de grands artistes du siècle passé comme Breton, Dalí, Ionesco et Camus, des questions sur l’absurdité du monde ou la condition humaine.

Grâce au progrès technologique qui a informatisé beaucoup de processus, une partie considérable du monde du travail et de l’enseignement a continué à fonctionner, certes avec des difficultés tout à fait évidentes quand on se retrouve précipités dans cette nouvelle réalité. Mais malgré les limites et les défaillances de certains programmes, ces outils

numériques nous ont permis de

fonctionner, ce qui n’est point synonyme de vivre la normalité.

En Suisse, le virus n’a pas causé les ravages que l’on craignait au début après les premières images arrivées d’Italie ; la vie sociale s’est également arrêtée, les lieux de rencontre et les frontières ont été fermés, les grands événements sportifs et culturels annulés, les rencontres interdites et les deux mètres de distance entre les individus imposés. Une césure radicale que personne n’aurait imaginée au début de cette année. Des jeunes ont vu s’effondrer tous leurs projets de voyage, des milliers de personnes âgées n’ont plus le droit de voir leurs proches et survivent au virus pour mourir ensuite de solitude.

Mais malgré tout, le confinement n’a jamais été total et un minimum de liberté de mouvement et la possibilité de profiter des journées printanières

exceptionnellement belles nous ont été accordés. C’est pourquoi ces jours-ci, j’ai souvent pensé à mes amis en France, en Italie et en Espagne qui viennent de passer une longue période d’emprisonnement à domicile.

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Après le premier impact dominé par la peur et toutes les images et nouvelles choquantes, on a commencé à s’habituer à cette nouvelle réalité en sachant qu’il fallait l’accepter, mais on a aussi

commencé à se rendre compte des conséquences économiques et sociales entraînées par ces mesures de

confinement. Evidemment, nous déplorons le nombre élevé des victimes du virus dans certains pays, mais nous sommes tout aussi choqués par la révélation des injustices éclatantes et scandaleuses dont souffre une grande partie de la population mondiale.

Nous sommes entrés dans la phase de réouverture et les mesures appliquées devraient nous ramener à la normalité, mais quelle normalité ? Dans certains pays, on définit le point d’arrivée de la

réouverture comme le retour à „une

nouvelle normalité“. Et voilà que les doutes et les grandes questions surgissent : Quelle nouvelle normalité nous attend ? De quelles libertés ou habitudes devrons-nous nous priver pour toujours : les grands

événements qui rassemblent un grand public, des matchs de foot ou des

concerts sans public ? Le travail à domicile généralement établi dans la culture des entreprises ? Et l’enseignement à distance

? Et les vols ? Et le tourisme en général ? Le retour aux nationalismes ou un esprit de collaboration internationale ? Le port du masque obligatoire ? Le contact humain sans embrassades, sans bisous, sans se serrer la main ? Un climat d’entraide ou de méfiance ? Ou la redécouverte de la normalité perdue après la découverte d’un vaccin ou d’un remède ?

Dans cette période d’ouverture prudente déterminée par des doutes et des

incertitudes scientifiques, économiques et sociales, nous devons retrouver un esprit positif et une confiance générale.

Mais en réfléchissant aux grandes questions concernant notre avenir,

n’oublions pas la solidarité et la générosité avec les nombreuses victimes dont la survie dépend actuellement de l’aide des structures sociales et des classes sociales plus aisées. Avec les mesures restrictives, on avait comme but la protection des personnes les plus exposées, et le

fonctionnement des structures sanitaires.

Maintenant, pensons aux victimes

innombrables que cette crise a causées.

Une toute dernière question qui restera sans réponse dans ce texte : le

Coronavirus aura-t-il aussi des effets positifs

? Vivons-nous une coupure douloureuse au présent mais bienfaisante pour nos générations futures ?

Claudio C, le 10 mai 2020

D’Italie

Je m’appelle Maria et je vis en Italie, à 40 kilomètres de Rome.

Le 9 mars le Premier ministre, dans son allocution aux Italiens, nous annonce l’interdiction de sortir de chez nous à partir du lendemain. Peu de jours après, suit la défense de toute activité de production sur le territoire italien et, par conséquent, toutes les entreprises, les magasins (sauf ceux qui vendent des produits alimentaires et les pharmacies), les professionnels et les artisans sont censés arrêter leur travail.

En Lombardie, la région où est née ma mère et où vivent ma tante et mes cousines, la situation sanitaire a été dramatique et quelques-uns de mes amis et proches ont eu affaire au COVID-19, certains même de manière très grave. En revanche, dans ma région on n’a pas vraiment eu de détresse sanitaire et la seule difficulté a été celle de vivre confinés en ne sortant que pour faire les courses une fois par semaine

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A présent on vient tout juste de savourer le déconfinement. Mais comment avons- nous vécu, dans ma famille, cette période

?

J’enseigne le français et l’italien dans une association culturelle qui se consacre à l’enseignement des langues étrangères.

Nous nous sommes, tout de suite, organisés avec des cours en ligne. Mais si cela a été possible pour les cours individuels, ou avec 2 ou 3 étudiants, en revanche, les cours les plus nombreux ont été reportés à octobre car la didactique en aurait trop souffert.

D’ici là on verra s’il sera possible de poursuivre les cours en présentiel ou si, en revanche, il faudra opter, de manière définitive, pour les cours en ligne.

Anniversaire de mariage Mon mari, directeur d’une usine qui produit des articles sanitaires (cuvettes, lavabos etc.), a dû, comme tous en Italie, fermer l’usine. Il s’est, quand même, rendu très souvent au bureau pour s’occuper du

« non-travail », à savoir : organiser d’une part le chômage partiel, auquel toutes les entreprises ont dû avoir recours, et d’autre part, continuer à maintenir les contacts avec les fournisseurs (il y a eu d’évidents problèmes en ce qui concerne les paiements) et avec les clients et agents, italiens et étrangers, avec lesquels il fallait absolument continuer à garder les

contacts. Car, si en Italie la production est restée complètement à l’arrêt, ailleurs, par contre, les usines ont continué à travailler et à être toujours présentes sur le marché.

Mon mari préparant « la pasta » J’ai deux enfants : Luca, 20 ans, étudiant universitaire, et Alice, 25 ans, qui travaille dans le domaine du spectacle vivant en tant que danseuse. Mon fils vit à la maison avec nous, tandis qu’Alice est souvent à l’étranger pour son travail. Au moment où on a décrété le confinement en Italie, elle se trouvait à Paris et allait se déplacer en Suisse pour des spectacles. Les spectacles annulés et la date de location du studio à Paris expirée, elle a acheté un billet

d’avion et le 13 mars est rentrée chez nous.

Résultat final

Notre famille s’est donc retrouvée réunie à l’occasion de ce confinement forcé et la période partagée nous a réservé des émotions et des sensations souvent

opposées. La joie d’être tous ensemble en un moment tellement difficile a aussi entraîné, surtout au début, la difficulté, de la part de chacun, d’adapter sa propre liberté et ses propres habitudes à celles

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des autres. Les premiers jours ont été les plus difficiles. Ma fille, vivant d’habitude seule, tolérait mal une gestion plus

réglementée de la vie familiale et moi, de ma part, j’avais du mal à accepter son attitude et à comprendre ses raisons. Mon fils, toujours en compagnie de ses amis, supportait mal cet isolement forcé et mon mari, le seul qui continuait à vivre d’une certaine manière la vie d’avant, était censé, par ailleurs, faire face à des

situations au travail assez difficiles à gérer.

Au fil des jours les choses se sont, petit à petit, améliorées et la cohabitation forcée a poussé chacun à prendre davantage en considération les exigences des autres.

Cela nous a permis de retrouver de l’espace et du temps à consacrer à nos propres individualités tout en nous donnant la joie de vivre de très beaux moments de partage. C’est ainsi que j’ai pu profiter de la lecture, des cours de yoga en ligne, de l’étude du français (bien sûr !) aussi bien que des apéros et des diners en famille. Et n’ont pas manqué, évidemment, les prouesses culinaires : mon mari s’est essayé aux pates faites maison, ma fille aux desserts et à la cuisine

végétarienne et moi plutôt au pain et à la pizza.

Et, si on me demandait ce que je vais retenir de cette quarantaine forcée à la maison, je mettrais, sans aucun doute, à la première place la joie de revoir ma famille réunie et la redécouverte d’une vie plus paisible et moins stressée.

A présent la vie va, petit à petit, reprendre sa normalité et il faudra faire face à de très graves difficultés économiques dues, bien sûr, à la crise sanitaire, mais aussi à un Gouvernement qui n’a pas été à même de bien la gérer. Mais c’est une autre histoire !

Maria A, à côté de Rome, le 12 mai

D’une Hollandaise à Paris

Le confinement total et strict des Français vu par une Hollandaise à Paris

Les différences culturelles entre la France et les Pays-Bas pendant la crise du

coronavirus sont importantes. Et si je suis très honnête, je dois avouer que je pense beaucoup à mon propre pays durant cette période. L'approche terre-à-terre hollandaise me manque. Comment se fait- il que des pays si proches aient de telles différences ?

Une brève description de la situation aux Pays-Bas

Aux Pays-Bas, ils ont opté pour un

verrouillage dit "intelligent". Les écoles et les restaurants sont fermés, il est conseillé de travailler autant que possible à

domicile et tous les événements publics sont annulés jusqu'au 1er juin au moins.

Pour autant, la vie "normale" continue. Les magasins sont ouverts, vous pouvez

descendre dans la rue sans attestation, et vous pouvez simplement continuer à voir vos amis, tant que vous ne vous rencontrez pas en grand nombre, et que vous gardez une distance de sécurité. Bref, un système de bonne intelligence. Et quels en sont les résultats ? Une forte baisse du nombre d'infections, d'hospitalisations et de décès.

Aux Pays-Bas, ils assouplissent

progressivement les règles, mais les règles en France ne font que se durcir. Une approche … à l’inverse de mon pays ! Conséquences du confinement

Depuis la semaine dernière, il est interdit de faire du jogging en journée à Paris et ses environs. Cela permet d’éviter que trop de gens ne soient dans la rue pendant la journée et que les athlètes gênent les gens qui font leurs courses. Je ne suis pas sûre que Paris donne le meilleur exemple quand on sait que rester

immobile est désastreux pour nos défenses

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immunitaires dont nous avons tellement besoin maintenant.

Les conséquences sociales, culturelles, psychologiques et économiques, sont toutes très importantes. Il est donc urgent de trouver rapidement des solutions et des mesures plus créatives pour arrêter

l’épidémie, et de rester prudents sur les mesures d'inclusion et de surveillance, que je trouve trop restrictives et dangereuses.

Mon lieu de confinement… ça va.

Je parle plusieurs fois par semaine de la situation en France et dans le reste de l'Europe avec mes amis qui résident actuellement aux Pays-Bas. Ils sont profondément préoccupés par les

conséquences économiques des mesures entourant le coronavirus. Des

conséquences qui font de moi et de mes pairs, la jeune génération, des victimes.

Ensemble, nous essayons de protéger nos personnes âgées, tout en créant une situation préoccupante pour nous-mêmes.

Situation qui, à mon avis, sera encore plus problématique que le virus lui - même.

Malgré tout cela, je souhaite, bien sûr, une solution qui préservera au mieux toutes les générations.

Quoi qu'il en soit, tout en remplissant mon attestation pour ma promenade

quotidienne, j’ai de plus en plus en tête la mentalité terre-à-terre de mon pays, mais j'essaie également de profiter de toute la beauté que Paris a à offrir et j'espère que nous sortirons de cette situation tous ensemble et que nous pourrons rapidement reprendre notre vie quotidienne.

Sophie H, Paris, le 16 avril

D’un Thaïlandais à Paris

Bonjour à toutes et à tous,

Je m’appelle Paul. Je suis un médecin thaïlandais et ma spécialité est la radiologie diagnostique. Actuellement, je travaille tout en poursuivant une formation de sous-spécialité de radiologie abdominale à l’hôpital Beaujon à Clichy.

Je suis arrivé en France vers la fin du mois d’octobre 2019. Ça fait donc environ 6 mois que j’habite ici. J’ai commencé mon parcours en France à l’Ecole Suisse Internationale de Paris au début du mois de novembre 2019 parce qu’il fallait que j’obtienne le niveau B2 de langue française avant d’avoir le droit d’exercer comme médecin en France. Mon expérience à l’Ecole Suisse était très belle et vraiment inoubliable ! Non seulement j’ai progressé très rapidement en français, mais je me suis également fait des amis internationaux avec lesquels je suis encore en contact aujourd’hui :-)

Après avoir obtenu le niveau B2 à l’examen du TCF en janvier 2020, j’ai commencé mon travail à l’hôpital Beaujon comme interne vers la fin du mois de février. Bien sûr le travail à l’hôpital était intense. Cependant, ce n’était pas une grande surprise pour moi puisque le travail à l’hôpital est connu pour être difficile partout. Je m’attendais à cela, mais ce à quoi je ne m’attendais pas était la pandémie du Covid19. J’avais entendu parler du coronavirus sur internet fin 2019. A cette époque-là, tout le monde, moi inclus, pensait que cette épidémie était loin de l’Europe et que rien de sérieux n’arriverait en France. La plupart d’entre nous n’a pas du tout fait attention à ce virus jusqu’au jour où le premier cas du Covid19 a été découvert à Paris. Malheureusement, à ce moment-là il était trop tard.

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Après que le confinement a été officiellement annoncé, tout le monde a dû rester chez soi. La situation générale en dehors des hôpitaux était plus calme car il y avait moins de gens dans les rues et dans les lieux publics ; par contre, c’était tout le contraire de ce qui se passait dans les hôpitaux et qui était vraiment catastrophique. Par exemple, au département de radiologie de l’hôpital Beaujon, tous les soignants ont été séparés en deux équipes. Les deux équipes ont dû travailler complètement séparément pour prévenir la possibilité de transmission du virus entre les deux groupes. Chaque soignant ne travaillait que 2 – 3 jours par semaine. C’est-à-dire qu’il n’y avait que la moitié des soignants en poste à l’hôpital alors que le nombre des nouveaux patients infectés par le Covid19 augmentait de façon drastique. C’est pour cette raison que l’intensité de travail a doublé, voire triplé pendant cette période. Et malheureusement, même si tous les soignants ont essayé de faire de leur mieux pour respecter toutes les règles d’hygiène, certains d’entre nous ont été finalement infectés par le virus et ils ont dû arrêter leur travail pendant au moins 14 jours.

Au-delà de l’intensité du travail, un autre problème est la pénurie de masques.

Théoriquement, il faudrait changer de masque toutes les 4-6 heures pendant la journée. Malheureusement à cause de la quantité limitée de masques, on n’a été autorisés à utiliser un seul masque par jour sauf s’il y avait une bonne raison d’en porter plus d’un. Malheureusement, ce problème persiste encore aujourd’hui.

Malgré le Covid19, j’ai vécu des expériences touchantes. Par exemple, à Levallois-Perret, la ville dans laquelle j’habite, les gens encouragent les soignants en les applaudissant à 20h pile tous les soirs.

Je n’ai jamais vu un tel événement.

Quoique je ne sois pas un médecin

français, ça me fait vraiment chaud au cœur à chaque fois que j’entends ces applaudissements aux balcons. En outre, j’ai aussi été témoin de l’unité, de l’harmonie et de la discipline des Français au cours de cette période défavorable. La majorité des Français respecte strictement les règles du confinement et de la distanciation sociale. Je les ai trouvés impressionnants.

Bien qu’actuellement la situation du Covid19 soit bien meilleure qu’avant, il faut se rappeler que le coronavirus n’est pas encore complètement éradiqué. Il y a encore plein d’individus asymptomatiques dans les rues. Je vous conseille de continuer à rester chez vous autant que possible

même après l’annonce de

déconfinement, en particulier ceux habitant avec des personnes âgées puisqu’ils sont plus sensibles au virus que les autres. Enfin, dernier élément mais non des moindres, je voudrais vous demander de bien vouloir respecter la distanciation sociale. Je sais que ce n’est facile pour personne mais n’oubliez pas que vous n’êtes pas seuls. Cette période exceptionnelle est temporaire, elle va passer. Il faut rester positifs et c’est ensemble qu’on va y arriver.

Paul, Paris, le 10 mai 2020

D’une Irlandaise au Canada

Le journal d’une fille prise au piège par un virus.

Aujourd’hui je pense au virus covid19. Et comment ce virus m’a affectée.

Quand j’avais dix ans je voulais voyager dans le monde. C’était mon rêve et j’ai réalisé ce rêve. Quand l’opportunité s’est présentée, je suis partie tout de suite. J’ai voyagé à travers l’Australie, en Asie du sud-est et j’ai habité aux Emirats Arabes Unis. L’année dernière j’ai décidé

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d’habiter à Paris aussi. Je m’intéresse à la langue française.

Quand j’étais jeune je n’ai pas appris la langue sérieusement. J’ai habité à

Grenoble pour l’Erasmus quand j’avais dix- huit ans. J’étais timide et mon français était terrible. Alors c’était difficile pour moi d’habiter en France. Je n’ai pas essayé très fort parce que j’avais peur. Je pensais que je ne pourrais pas apprendre la langue. Mais je n’avais pas non plus de raison d’apprendre. J’ai pensé «

Maintenant j’ai vingt-six ans et je pense que c’est vraiment important de parler plus d’une langue. » J’apprends la langue un peu lentement mais en même temps au moins j’essaye. Pour moi ça suffit.

En ce moment avec la pandémie je lis des livres en français chaque jour. J’essaye aussi d’écrire mais c’est un peu plus difficile. En mars j’ai déménagé au

Canada. Mais à cause de la pandémie il est facile de se sentir anxieux. Surtout pour quelqu’un qui adore voyager et

l’aventure. Mais je trouve que quand je passe du temps à apprendre le français, j’ai l’impression de faire quelque chose de productif en cette période incertaine.

J’aime qu’ici au Canada sur chaque panneau et sur chaque produit qu’on achète, c’est écrit en français et en anglais.

La semaine dernière j’ai essayé de comprendre une vidéo sur Instagram en français-canadien. Mais c’était un peu difficile pour moi. J’ai remarqué que certains mots étaient différents. Peut-être c’est parce que la vidéo était juste une vidéo rigolote de filles qui parlent très vite.

Pour revenir à ce que je disais sur les voyages. J’ai voyagé dans trente-huit pays jusqu’à présent, et j’ai habité dans cinq de ces pays. Mais maintenant avec ce virus j’ai beaucoup de temps pour réfléchir. Je pense qu’il est maintenant temps de trouver mon but. Quand je m’assois dans la même position chaque

jour je pense aux autres. Les autres qui ont besoin d’aide. C’est bon pour moi parce que j’ai assez d’argent pour me permettre de rester assise ici pendant la durée du virus. Mais il y a beaucoup d’autres gens qui vont perdre beaucoup à cause de ce virus. Donc, je pense qu’il est temps

d’acquérir des compétences utiles pour pouvoir aider les autres à l’avenir. Jusqu’à présent, je n’ai jamais eu besoin d’en savoir trop sur les ordinateurs. En fait, je suis sûre qu’il y a des gens de 90 ans qui en savent plus sur les ordinateurs que moi.

Alors, c’est ma première étape. Je vais apprendre toutes les choses importantes en informatique et des organisations. Dans le même temps je vais continuer avec mon français. A la fin j’espère que je vais avoir des compétences pour pouvoir aider beaucoup de gens qui ont des besoins.

Ça n’a pas besoin d’être de grandes choses, mais j’ai déjà tellement reçu de ce monde que maintenant je peux donner en retour.

J’imagine que les catastrophes comme ce virus ont beaucoup d’effets sur les gens qui ont été touchés. C’est la première

catastrophe qui m’a touchée directement et j’espère que c’est la dernière. Mais je veux en tirer quelque chose de positif. En plus du fait que cela aide l’environnement et peut-être (j’espère) que cela

apprendra aux gens à respecter davantage les animaux. La nature est beaucoup plus puissante que nous.

C’est devenu très clair. Il est grand temps de penser aux autres, sinon on risque de se renfermer sur soi-même et de se

préoccuper uniquement de ses petits problèmes et à mon avis ça n’est pas bon pour la santé mentale. On espère qu’à la fin le monde sera un meilleur endroit.

Stacey O, Canada, le 20 mai

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