J. THIMONIER,
A. SEMPEREINRA Station de
Physiologie
de la
Reproduction Nouzilly
37380 Monnaie* CNRS Centre d’Etudes
biologiques
des Animaux sauvages Villiers-en-Bois
79360 Beauvoir-sur-Niort
La reproduction
chez les cervidés
Cet article est la deuxième partie de l’étude consacrée
auxcervidés.
Il est divisé
encinq chapitres. Les deux premiers présentent
les caractéristiques de reproduction des femelles et des mâles,
non
seulement chez les cerfs rouges et les chevreuils, espèces qui font l’objet de recherches à l’INRA, mais aussi chez les espèces élevées
dans les différentes parties du monde.
Chez certains cervidés, dont le cerf rouge, les variations annuelles de la durée du jour ouent
unrôle fondamental dans le cycle de reproduction.
Aussi le troisième chapitre est-il consacré
auxrelations entre photopériode
et reproduction.
Enfin, les deux derniers chapitres présentent les différentes techniques pouvant être utilisées pour le contrôle et la conduite de la reproduction.
Résumé
—————————————-————.—-.-’———-.-Les
principales caractéristiques
de la fonction dereproduction
des cervidés ainsi que son contrôle par différents facteurs de l’environnement sontprésentés
danscette étude
bibliographique.
Sous les latitudes moyennes et
élevées,
les cervidésoriginaires
de ces latitudes ontun
cycle
saisonnier trèsmarqué
de lareproduction
et il y asynchronisme
entrel’activité sexuelle des mâles et celle des femelles. Les naissances ont
toujours
lieuà la fin du
printemps
ou au début de l’été.Compte-tenu
des durées degestation
des différentesespèces présentées (200
à 290jours),
lespériodes d’accouplement
sont très variables d’une
espèce
à l’autre(été,
automne, début del’hiver),
maisfixes pour une
espèce
donnée.La
photopériode
serait l’entraîneur de l’activité sexuelle comme cela a été démon- tréplus particulièrement
chez les cerfs rouges.Il est
possible
d’avancer le début de lapériode
dereproduction
de 1 à 2 mois(cerfs
rouges,daims)
par différentes méthodes : effetmâle,
traitementsprogesta- gène,
traitement à la mélatonine. Ces méthodes ne sont toutefois efficaces que dans les 2 moisqui précèdent
le début normal de la saison sexuelle.Sous les latitudes
plus
faibles et pour les cervidésoriginaires
de ceslatitudes,
larépartition
des mise bas au cours de l’année estbeaucoup plus
uniforme. Cettecaractéristique
semble subsister mêmelorsqu’ils
sonttransportés
sous des lati- tudesplus
élevées.L’élevage
des cervidés pour laproduction
deviande,
des peaux, des bois etvelours,
voire dumusc, s’est
développé
dans différents paysdepuis quelques
années. Il existe de nom-breuses
espèces
utilisées enélevage
ou suscep-tibles de l’être dans les différentes
parties
du monde(De
Vos1982).
En France,quelques
éle-vages de cerfs rouges, de daims et de chevreuils
se sont récemment
développés.
Au moment oùl’INRA met en
place
un programme de recherches surl’élevage
des cerfs rouges et deschevreuils,
une mise aupoint bibliographique
sur la
reproduction apparaît
nécessaire. Pourune meilleure
compréhension
de labiologie
dela
reproduction,
cet article ne se limitera pasaux connaissances sur ces seules deux
espèces
mais sera étendu à celles sur les cervidés vivant soit dans des
élevages
soit dans des parcs ouréserves
zoologiques
et surlesquelles
desétudes ont pu être conduites.
La famille des Cervidae
comprend
17 genres, subdivisés en 40espèces
et environ 200 sous-espèces (Whitehead 1972).
Il ne saurait êtrequestion
de décrire lescaractéristiques
dereproduction
de chacune d’entre elles. Le tableau 1indique
lesespèces qui
seront évo-quées
dans cette étude.1 / Caractéristiques
de reproduction des femelles
Une des
plus
récentes revuesbibliographi-
ques sur le
sujet
est celle de Sadleir(1987).
Ellecomporte plus
de 200 références et les caracté-ristiques
dereproduction
de nombreusesespèces
y sontprécisées.
1.
1
/ Répartition annuelle des mise bas et périodes de reproduction
a)
Dans lesrégions
situées sous des latitudes moyennes et élevées et pour les cervidésorigi-
naires de ces
régions,
les mise bas ont lieu à lafin du
printemps (cerfs
rouges, daims et che-vreuils)
ou au tout début de l’été(cerfs
rouges etdaims) (Fletcher
1974,Kelly
etWhateley
1975,
Bray
etKelly
1979, Asher et Adam 1985, Lincoln 1985, Kirkwood et al1987).
Près de90 % des naissances se
produisent
au coursd’une
période
dont la durée est inférieure à 1 mois(Kelly
etWhateley
1975, Asher et Adam1985).
Legroupement
des naissances à la fin duprintemps
et au début de l’été existeégale-
ment chez d’autres
espèces :
rennes, cerfs àqueue
blanche,
cerfssika,
etc.Les naissances sont très donc tardives par
rapport
auxdisponibilités fourragères qui
aug- mentent bien avant la fin duprintemps,
tout aumoins dans les zones
tempérées.
Tout en conservant une
période
réduite demise
bas,
les cerfs du Père David mettent basbeaucoup plus
tôt : 75 % des naissances ont lieu au mois d’avril(Kirkwood
etal 1987).
La durée de
gestation
est extrêmement varia- ble d’uneespèce
à l’autre : de 200 à 290jours,
et les
périodes d’accouplement
sont très diffé-rentes : de
juillet-août
à novembre-décembre(tableau 2).
Il est intéressant de noter que cer- tainesespèces
sereproduisent pendant
lesjours
lesplus
courts(cerfs
à queuenoire)
alorsque d’autres
(cerfs
du PèreDavid, chevreuils)
se
reproduisent pendant
lesjours
lesplus longs,
mais, laplupart, quand
la durée dujour
est décroissante.
Le groupement des mise bas sur une courte durée
correspondant
à unepériode
des fécon-dations relativement brève semble conservé
quelle
que soit la latitude pour les animaux ori-ginaires
des latitudes moyennes et élevées(cerfs
rouges : Fletcher1974) ;
aussi bien dansl’hémisphère
nord que dansl’hémisphère sud,
les naissances ont lieu à la même saison(prin- temps-été). Toutefois,
les cerfs deVirginie
vivant sous des latitudes très basses peuvent se
reproduire quelle
que soit lapériode
de l’année(Webb
et Nellis 1981, Bronson1985).
b)
Pour lesespèces originaires
des zones tro-picales
ousubtropicales
et y vivant, des nais-sances
peuvent
être observées toutel’année ;
ilne semble pas exister de
périodes
strictes dereproduction.
C’est le cas parexemple
des cerfsaxis et des cerfs de
Java.
Cette
répartition quasi
uniforme des nais-sances est conservée
lorsque
cesespèces
sonttransportées
sous des latitudesplus
élevées(Lincoln 1985).
Il en résultefréquemment,
dansce cas, une
augmentation
de la mortalité desjeunes quand
les conditionsclimatiques
sontdifficiles : elle
peut dépasser
50 %(MacKenzie
1985, Kirkwood et
al 1987).
Suivant les
espèces
et en fonction du milieud’origine,
desstratégies
différentes ont donc étéadoptées
par les cervidés pour assurer des mise bas à despériodes
favorables à la survie : repro- duction enjours
courts ou enjours longs, reproduction quelle
que soit lapériode
de l’an-née.
1.z
/ Fertilité et puberté
a
/ Femelles adultes
Chez les cerfs rouges, en Ecosse, dans des conditions naturelles
difficiles,
la fertilité annuelle des femelles peut varier de 0 à 97 %.Elle
dépend
del’âge,
lapuberté
n’étant atteintequ’entre
2 et 4 ans, et de l’étatphysiologique,
les femelles allaitantes étant moins fertiles
(50 %)
que les femelles non suitées(89 %).
Undes facteurs les
plus importants
est lepoids, apprécié
par lepoids
de carcasse lors de cesobservations : la
probabilité
d’une femelle adulte de devenirgravide
augmente de 10 %pour une
augmentation
de 1,5kg
dupoids
decarcasse au-delà d’un
poids
seuilproche
de 40kg,
variant avecl’âge
et le fait d’allaiter ou non(Mitchell
et Brown1974).
Dans les
élevages,
des fertilitésproches
ousupérieures
à 90 % peuvent être obtenues(Kelly
et Moore 1977, Hamilton et Blaxter 1980, Asher et Adam 1985, Blaxter et al1988).
Comme dans les conditions
naturelles,
le fac-teur le
plus important
conditionnant la fertilité est lepoids
lors de lapériode
dereproduction.
Il est
possible
de définir unpoids
minimum endessous
duquel
la fertilité est nulle(52 kg)
etun
poids moyen-seuil
de 65kg
pour que la fer- tilité dutroupeau dépasse
50 %. Au-delà de 85kg, plus
de 90 % des biches deviennent gra- vides. Deséquations
deprédiction
de la fertilitéen fonction du
poids
ont ainsi été établies(Hamilton
et Blaxter 1980, Blaxter et al1988)
sans que
l’âge
ne soitpris
en compte.Dans ces
conditions,
la fertilité estidentique
que les femelles soient allaitantes ou non.
Cependant
les femelles allaitantes mettent baslégèrement plus
tard(une semaine).
Ce retardpourrait
être un effet dupoids
de la mère : cha-que diminution de
poids
de 1kg
retarde la mise bas de 0,3jour.
Il estpossible
que la fré- quence et la durée destétées,
liées au niveau alimentaire desmères,
soient aussi des facteurs retardantl’apparition
dupremier
oestrus(Clut-
ton-Brock et
al 1981,
Loudon etal 1983).
Chez les
daims,
la fertilité enélevage peut
varier selon les années de 76 à 98 %
(Asher
etAdam
1985).
Comme pour lescerfs,
il existe degrandes
variations selon lesélevages.
Quant
auxchevreuils,
leur fertilité est malconnue.
Toutefois,
le fait queplus
de 98 % desfemelles adultes
capturées
entre les mois de novembre et mars aient des niveaux élevés deprogestérone indiquant
une activité lutéale(Sempéré
etal 1988),
laisse penser que lamajo-
rité des femelles ovulent
pendant
lapériode
dereproduction
et peuvent donc devenirgravides.
Des
phénomènes
desurpopulation pourraient
non seulement réduire la
prolificité
dans cetteespèce (Chapman 1974)
maiségalement
affec-ter la fertilité.
b
/ Jeunes
femelles:puberté
La
puberté
est engénéral appréciée
par l’éta- blissement de lapremière gestation.
Dans lespopulations
sauvages de cerfs rouges pour les-quelles
les conditions alimentaires ne sont pastoujours favorables, les
pourcentages de femelles mettant bas àl’âge
de 2 ans sont relati-vement faibles et variables d’une année à l’au- tre
(Mitchell
1973, Guinness et al1978).
En
élevage,
lepoids
desjeunes
femellesâgées
de 16 mois environ lors de lapériode
dereproduction
est le seul facteurqui
conditionne leur fertilité(Hamilton
et Blaxter 1980, Moore et al 1985, Blaxter et al1988).
Les différences de fertilité entre femelles adultes et «pubères
»(Bray
etKelly 1979)
peuvents’expliquer
par les différences depoids.
En
fait,
pour êtrepubères
etfertiles,
les biches doivent atteindre unpoids
seuilqui représente
environ 75 % de leurpoids
adulte(Kelly
et Moore1977).
Chez les autres
espèces, daims, chevreuils,
rennes, les rares données
bibliographiques
semblent
indiquer
les mêmesphénomènes
etles femelles peuvent être
pubères
et fertiles àl’âge
de 12-14 mois ou 16 mois(daims, rennes)
si leur croissance et leur
poids
sont suffisants.Chez le
chevreuil, près
de 90 % des femellesâgées
de 1 an ont une activité lutéale(Sempéré
et
al 1988).
Quoi qu’il
en soit chez les animauxorigi-
naires des zones
tempérées,
lapuberté
chez lesfemelles coïncide
toujours
avec la saison nor- male dereproduction
des femelles adultes bien que lesjeunes
femelles mettent baslégèrement plus
tard.Chez les
espèces
connues pour sereproduire quelle
que soit lapériode
del’année,
les don-nées
bibliographiques
sontpratiquement
inexistantes. Il est
probable
que lepoids
des animaux, l’état des réservescorporelles
et leurévolution
jouent
aussi un rôleimportant
pour contrôler le moment de lareproduction.
1.
3 / Cycles sexuels et saison
de reproduction
a / Durée du
cycle
et de la saisonPour certaines
espèces,
la durée descycles
est assez mal connue. La
gravidité
et l’anoes-trus sont, en
effet,
les étatsphysiologiques
habituellement rencontrés et le nombre de
cycles
est très limité dans les conditions natu- relles et enélevage. Depuis quelques années,
enparticulier
enGrande-Bretagne
et en Nouvelle-Zélande,
des études sur des femellesgardées
non
gravides
se sontdéveloppées.
La détection des chaleurs est faite avec des mâles entiers
vasectomisés,
par observation directe ducomportement d’oestrus,
ou indi-recte avec harnais marqueurs
(Guinness
et a]1971, Asher 1985, Curlewis et
a7 1988).
L’obser-vation du
changement
de comportement(acti- vité)
des femelles est aussi un excellent critère(Plotka
eta7 1980,
Curlewis eta7 1988).
Chez les cerfs rouges, la saison sexuelle
peut
comporterjusqu’à
8cycles
successifs. La date d’arrêt estbeaucoup plus
variable(décembre
àmars)
que celle du début. La durée ducycle
oestrien est de 18,3 ± 1,7
jours (m
±a ) d’après
Guinness et al(1971)
et de 18,2 ± 2,2jours
selonKelly
et al(1985).
Laplupart
descycles
ont une duréecomprise
entre 15 et 23jours.
Descycles
courts de 7 à 9jours,
ou descycles longs supérieurs
à 30jours,
sontquel-
ques fois observés. La durée des
cycles
aug- mente du début à la fin de la saison sexuelle eta tendance à diminuer
lorsque l’âge
desfemelles augmente
(Guinness
etal 1971).
Chez les
daims,
le nombre d’oestrus au coursde la saison sexuelle varie de 3 à 6. Les
jeunes
femelles ont une saison sexuelleplus
courteque les adultes
(Asher 1985).
Tout comme chezles cerfs rouges, la fin de la saison sexuelle semble
beaucoup plus
variable que le début. La durée ducycle
est de 22,4 ± 1,3jours.
Demême que chez les cerfs rouges, elle
augmente
au début de la saison sexuelle pour devenir
plus
variable vers la fin. La durée ducycle
nesemble pas affectée par
l’âge
et lepoids
desfemelles.
Chez les cerfs du Père
David,
la saison sexuellequi
débutependant
lesjours
lesplus longs
se terminependant
lesjours
lesplus
courts
(fin décembre,
débutfévrier).
La duréedu
cycle
est de 19,5 ± 2,6jours (Curlewis
et al1988).
Plusieurs
cycles
successifs sont doncpossi-
bles chez ces 3espèces,
augmentant ainsi les chances de fécondation. Il en est de même pour de nombreuses autresespèces.
En
revanche,
il semble certain que les che- vreuils neprésentent qu’un
seul oestrus(Hoff-
mann et al 1978,
Sempéré
etal 1988).
b /
Endocrinologie
L’existence d’une ovulation non associée à
un comportement d’oestrus
(ovulation
silen-cieuse),
d’uncycle
court ou d’une activité lutéale avant lepremier
oestrus de la saison estplus
ou moins contestée. Ellepourrait
d’ailleursdépendre
del’espèce.
Chez les cerfs rouges, cephénomène
seraitpratiquement
inexistant(Lin-
coln et
al 1970,
Guinness et al 1971, Adam et al1985)
ou concernerait moins de 50 % des femelles(Kelly
et Challies1978)
alors que chez lesdaims,
les cerfs du Père David et les cerfs à queue noire, presque toutes les femellespré-
sentent une activité lutéale de courte durée
pouvant
résulter d’une ovulation silencieuse(Thomas
et Cowan 1975, Asher 1985, Curlewiset
al 1988).
Il en serait de même chez les che- vreuils(Hoffmann
et al 1978, Schams et al1980).
Plusieurscycles
ovulatoires de courtedurée peuvent être observés
(daims :
Asher1985).
Au cours de
l’oestrus,
les concentrations deprogestérone
sont engénéral
inférieures à 0,5ou 1
ng/ml (cerfs
deVirginie :
Plotka et al 1980 ; cerfs du Père David : Curlewis et al 1988 ; daims : Asher 1985, Asher et al1986).
Chez les cerfs rouges, les données sont rares et
contradictoires : les concentrations de
progesté-
rone sont faibles
pendant
lapériode péri-oes-
trale
(inférieures
à 1ng/ml) d’après
Adam et al(1985),
très variables et pouvant atteindre 4,7ng/ml d’après Kelly
et al(1985).
Pour cesauteurs, des niveaux variables et élevés lors de l’oestrus
pourraient
être liés à l’existence de corpsjaunes
accessoires(Guinness
et al 1971,Kelly
et Challies1978)
ou à lapersistance
d’uncorps
jaune
fonctionnel. Ilspourraient
avoirégalement
uneorigine
surrénalienne.Dès le 4&dquo;
jour après l’oestrus,
les niveauxplasmatiques
deprogestérone
sontsupérieurs
à1
ng/ml.
Les niveaux lesplus
élevés(3
à 15ng/ml
suivant lesespèces
et les conditions demilieu)
sont atteintspendant
la deuxième moi- tié de laphase
lutéale. Ils diminuent ensuiterapidement (lutéolyse)
en fin decycle.
L’utérusest
impliqué
dans cetterégression :
chez ledaim, l’hystérectomie
le 13‘’jour
ducycle
entraîne le maintien des corps
jaunes pendant plusieurs
mois(Asher
etal 1988a).
Toutefois,
desphases
lutéaleslongues
pou- vantcorrespondre
à des corpsjaunes persis-
tants
(environ
50jours)
ont été observées chez les cerfs du Père David(Curlewis
et al1988).
Chez les
chevreuils,
les corpsjaunes
se main-tiennent
fonctionnels,
c’est-à-dire sécrétant de laprogestérone, pendant
8 à 9 mois(Hoffmann
et al 1978, Schams et al
1980).
Ils’agit
d’une véritablepseudo-gestation.
Les mécanismes de la
régression
lutéale peu- vent donc être différents d’uneespèce
de cervi-dés à l’autre.
Des ovulations silencieuses et des
cycles
courts peuvent
également
exister en fin de sai-son sexuelle
(daims,
Asher1985).
Lors d’une
superovulation induite,
enparti-
culier chez les cerfs rouges(espèce
normale-ment
mono-ovulante),
les niveaux deprogesté-
rone au cours du
cycle
induit ou au tout débutde la
gestation
sontsignificativement plus
éle-vés
(Kelly
etal 1982,
Adam etal 1985,
Asher etSmith
1987).
Les études sur desespèces
natu-rellement
polyovulantes
sont par troplimitées,
voire inexistantes, pour
préciser
les relationspouvant
exister entre nombre d’ovulations et niveaux deprogestérone plasmatique.
Toute-fois,
une étude récente apermis
de mettre en évidence une corrélationpositive
entre le nom- bred’embryons
et laprogestéronémie
chez le chevreuil(Sempéré
etal,
résultats nonpubliés).
Un
pic préovulatoire
de LH est détecté lorsde l’oestrus
(cerfs
rouges,Kelly
etal 1985 ;
cerfs deVirginie,
Plotka et al 1980 ;daims,
Asher etal 1986).
Les concentrationsd’oestrogènes (oes- tradiol)
augmentent entre la fin de laphase
lutéale et l’oestrus
(cerfs
deVirginie,
Plotka et ai 1980 ;daims,
Asher et al1986).
Chez lescerfs rouges, durant la
période péri-oestrale,
lesconcentrations d’oestradiol seraient 4 à 10 fois
supérieures (120 pg/ml)
à celles notées dans lesautres
espèces d’ongulés
pourpermettre
l’oes- trus,malgré
les niveauxparfois
élevés de pro-gestérone (Kelly
etal 1985).
1.
4
/ Gestation
a)
Chez tous lescervidés, excepté
le che-vreuil, pendant
lamajeure partie
de la gesta- tion, les concentrationsplasmatiques
de pro-gestérone
restent voisines des concentrations maximales mesuréespendant
lecycle,
y com-pris
chez les femelles àpolyovulation
induite(Plotka
eta1 1977a, Kelly
etal 1982,
Plotka et al 1982, Adam et al 1985, Asher et Smith1987).
Le ou les corps
jaunes
semblent être la sourceprincipale
deprogestérone.
Ainsi, chez lescerfs de
Virginie (Plotka
et al1982),
la castra-tion entraîne une diminution de 50 % de la concentration de
progestérone périphérique
enmoins de 30 minutes et des niveaux
identiques
à ceux de l’anoestrus
(inférieurs
à 0,5ng/ml)
enmoins de 3 semaines.
Quel
que soit d’ailleurs le stade degestation,
la castration entraîne l’avor-tement
(Plotka
et al1982). Cependant,
le faitque les niveaux de
progestérone
soientplus
éle-vés dans la veine utérine que dans l’artère chez certaines femelles
gravides suggère
que l’utéruset l’unité
foeto-placentaire
sontcapables
desécréter de la
progestérone (Plotka
et al1982).
Les surrénales
pourraient également
contribuerà la
production
deprogestérone (Wesson
et al1979).
Chez les cerfs rouges, les niveaux de proges- térone commencent à décliner environ 4
Chez le
chevreuil, la gestation comprend
2
phases :
unesemaine
après
lafécondation,
ledéveloppement
del’embryon
s’arrête.Cette
phase, appelée diapause, dure
4 à 5mois et
précède l’implantation dans
l’utérus et la
gestation proprement dite.
semaines avant la
parturition
pour atteindre des niveaux de base(moins
de 0,5ng/ml)
autout début de la lactation
(Kelly
et al 1982,Adam et
al 1985).
D’une manière
générale,
lesoestrogènes,
oes-tradiol,
oestrone,oestrogènes
totaux, augmen- tent au cours de lagestation
et les concentra-tions les
plus
élevées sont observées peu de temps avant laparturition (chevreuils,
Hoff-mann et al 1978 ; cerfs de
Virginie,
Harder et Woolf 1976, Plotka et al1977b ;
cerfs rouges,Kelly
etal 1982).
Ils ontprobablement
une ori-gine foeto-placentaire
et leur évolution est tout à faitcomparable
à celle trouvée chez d’autres ruminants.Les niveaux de LH
pendant
lagestation
sontcomparables
à ceux des femelles nongravides.
Quant
à laprolactine,
ses variations semblentplus
liées à celles de laphotopériode qu’à
l’étatphysiologique :
les niveaux sont faibles en hiveret élevés en fin de
printemps
et en été aussi bien chez les femellesgravides
que chez les femelles nongravides (Kelly
etal 1982).
b)
Le chevreuil est un casunique
chez les cervidés(et
lesArtiodactyles) :
c’est uneespèce
à
ovo-implantation
différée.Après fécondation,
finjuillet-début
août,l’embryon
sedéveloppe jusqu’au
stadeblastocyste (environ
1semaine) puis
entre dans unepériode
dedormance,
libre dans l’utérus. Cephénomène
estappelé
dia-pause
embryonnaire.
Lareprise
dudéveloppe-
ment et
l’implantation
dans l’utérus ne s’effec- tuentqu’après
4 à 5 mois dediapause :
il y aimplantation
différée etgestation proprement
dite.Pendant la
diapause,
les corpsjaunes
sécrè-tent de la
progestérone.
Au début de la gesta- tionproprement dite,
endécembre-janvier,
uneaugmentation significative
des niveauxplasma- tiques
deprogestérone, probablement d’origine placentaire,
est observée(Sempéré
1977, Hoff-mann et al 1978, Aitken 1981,
Sempéré
1982,Sempéré
etal 1988).
L’élongation
desblastocystes après
lapériode
dediapause
chez les chevreuils est associée à uneaugmentation significative
desniveaux
d’oestrogènes (Aitken
1974, Aitken1981)
mais cetteaugmentation
seraitplutôt
laconséquence
que la cause de la croissanceembryonnaire rapide.
Desinjections
d’oestra- diol induisent uneaugmentation
de la taille desblastocystes
mais neprovoquent
ni leur diffé- renciation ni leurélongation (Sempéré 1982).
Chez les chevreuils non
gravides,
aucune aug- mentation des concentrationsplasmatiques d’oestrogènes
n’est décelable.1.
5
/ Anoestrus
Dans les conditions naturelles ou
d’élevage,
la durée réelle de l’anoestrus saisonnier est inconnue chez les femelles non
gravides après
la
période
dereproduction.
L’absence degesta-
tion
peut
être liée à une non fécondation ou à l’anoestrus dans les cas d’insuffisance alimen- taire.L’anoestrus de lactation ou
post-partum (femelles
nonallaitantes)
est relativement court(environ
4mois)
chez les femelles bien alimen-tées
puisqu’elles
sontcapables
d’être fécondées dès lapériode
dereproduction
suivant la misebas. En
fait,
la durée exacte de l’anoestrus post- partum est inconnue, compte-tenu de l’interac- tion avec l’anoestrus saisonnier.L’anoestrus est caractérisé par des niveaux faibles de
progestérone plasmatique (inférieurs
à 0,5
ng/ml) quelle
que soitl’espèce (cerfs
rouges, Adam et al 1985 ;
daims,
Asher 1985, Asher et Smith 1987 ; cerfs deVirginie,
Plotkaet
al 1977a ;
cerfs du PèreDavid,
Curlewis et al1988).
Il en est de même chez les chevreuilslorsque
les corpsjaunes
de «pseudogestation
»ont
régressé (Sempéré
1977, Hoffmann et al1978). Quant
auxoestrogènes,
leurs concentra-tions restent faibles et varient très peu
(cerfs
rouges,
Kelly
et al 1982 ; cerfs deVirginie,
Plotka etal 1977a ; chevreuils,
Hoffmann et al1978).
1.
6 / Caractéristiques ovariennes particulières
Pendant la
gestation,
un corpsjaune
acces-soire est trouvé chez
près
de 50 % des cerfsrouges. Il a une taille inférieure à celle du corps
jaune
degestation.
Il se forme au début de lagestation
et semble se maintenirpendant
toutesa durée
(Kelly
et Challies1978).
De tels corpsjaunes
ne semblent pas exister dans toutes lesespèces (daims
parexemple).
Ils ont été décritschez le renne : leur nombre
peut
êtrevariable,
1 à 3, et ils sont rencontrés chez
près
de 70 %des femelles
gravides.
Alors que le corpsjaune
degestation
esttoujours
situé du côté de lacorne utérine
gravide,
les corpsjaunes
acces-soires ont une
répartition
aléatoire entre lesdeux ovaires. Si le corps
jaune
degestation régresse
à laparturition,
les corpsjaunes
acces-soires semblent se maintenir
pendant
la lacta-tion
jusqu’à
lapremière
ovulationpost-partum (Leader-Williams
et Rosser1983).
Le rôle de cescorps
jaunes
accessoires est inconnu.Chez les cerfs à queue noire, des
cycles
decroissance folliculaire sont observés bien avant la
première
ovulation. La lutéinisation de cesfollicules peut être observée
juste
avant le début de la saison dereproduction.
Lescycles
folliculaires se
poursuivent pendant
lagesta-
tion
(Thomas
et Cowan1975).
Mais le cas le
plus
intéressant est certaine- ment celui des chevreuils chezlesquels
lescorps
jaunes
résultant de l’ovulation se main- tiennentpendant plusieurs
mois, que les femelles aient été saillies ou non(Hoffmann
etal 1978, Schams
etal 1980).
1.
7
/ Parturition
Les observations ont été faites chez les cerfs rouges. Peu avant la mise
bas,
les femelles cher- chent à s’isoler du troupeau(Clutton-Brock
etGuinness
1975).
Lessymptômes
lesplus
sûrssont
l’apparition
des contractions abdominales et utérinesqui précèdent
la naissance elle-même de 19 à 350 minutes selon Arman et al
(1978)
et de 2 à 43 minutesd’après Kelly
etWhateley (1975). L’apparition
desenveloppes
foetales
précède
la mise bas de moins d’uneheure.
La femelle met bas debout ou couchée. La délivrance a lieu en moyenne 1 h 30
après.
Lesenveloppes
sontgénéralement ingérées
par lamère.
Dès la naissance, le
jeune
est léché par la mère. La station debout est observée entre 12 et 80 minutesaprès
la naissance et lapremière
tétée réussie intervient
quelques
minutesaprès (2
à 25minutes).
Les cas de mortalité des
jeunes
sont surtout notés dans lesquelques jours qui
suivent lanaissance. Leur nombre varie suivant les condi- tions de mise bas et l’environnement
(11
% desnaissances selon Arman et al
(1978) ;
25 %d’après Kelly
etWhateley (1975)).
Les conditions de mise bas chez les autres
espèces
sont assez mal connues.2 / Caractéristiques
de reproduction des mâles
Le
rythme
annuel de la croissance et de la chute desbois,
structure osseusecaduque,
apa- nage des mâles chez les cervidés àl’exception
des rennes et des
caribous, (espèces
chez les-quelles
la femelle porteégalement
desbois)
etsa liaison avec la
reproduction
ont suscité de nombreuses études.2.
1 / Les bois :
uncaractère sexuel secondaire
Chez tous les
cervidés,
lapremière appari-
tion des bois est d’abord
précédée
par la forma- tion despivots. Ceux-ci,
contrairement auxbois,
sontpersistants
et forment unprolonge-
ment de la boîte crânienne.
L’endocrinodépendance
de la formation deces
pivots
a été mise en évidence chez le che- vreuil(Sempéré 1982) :
leurphase
de crois-sance,
qui
se situe dès lespremiers
moisaprès
la naissance, est concomitante d’un accroisse- mentsignificatif
de la testostérone. Si la castra- tion inhibe ledéveloppement
despivots,
l’in-jection
de testostérone chez unjeune
castrat ne rétablit pascependant
leurdéveloppement (Blauel 1936).
Chez le
chevreuil,
cette formation despivots
est souvent suivie d’une pousse de
petits
bois(broches) qui
tombent dès l’hiver et de nou- veaux boisapparaissent
ensuite(Sempéré
1982 :
figure 1).
Ainsi lejeune
chevreuilpeut
avoir 2
cycles
de bois au cours de lapremière
année de vie.
Toutefois,
certains chevreuils depoids
réduit neprésentent
pas la formation de telles broches bien que lespivots
existent.L’existence de 2
cycles
des bois au cours dela
première
année de vie estégalement
obser-vée chez les rennes et les cerfs de
Virginie (Lea-
der-Williams 1979, Brown et al
1983).
Enrevanche,
les cerfs rouges, les daims neprésen-
tent leur
« première
tête» qu’à l’âge
de 18mois.
Sous les latitudes moyennes et
élevées,
chez les cerfs rouges, la chute des bois a lieu au tout début duprintemps.
Elle est immédiatementsuivie du
développement
de nouveaux bois àpartir
soit dupivot,
soit du tissu osseux ou de la peauadjacents
aupivot (Goss 1985).
Pendanttoute leur croissance les bois sont
irrigués
etprotégés
par le veloursqui
se dessèche et tombe en lambeaux à la fin de l’été.Cependant,
les
premiers
boisapparaissant
àl’âge
de 1 anrestent en velours
jusqu’au
mois de novembre.Ils chutent aussi
plus
tardivement que chez les animaux adultes. La dimension des bois aug- mente d’année en annéejusque
versl’âge
de 8ans.
Les
changements
annuels sont sous lecontrôle des sécrétions testiculaires. Chez les animaux
adultes,
lesconséquences
de la castra-tion
dépendent
du stade dedéveloppement
desbois. En
velours,
ils subsistent pour le reste de la vie du cerf.Minéralisés,
ilschutent,
mais denouveaux bois repoussent
pendant
unepériode proche
de 4 mois environ et restent en velours.Inversement, le traitement de mâles castrés par la testostérone provoque le dessèchement et
la perte du velours
(Lincoln
etal 1970).
Au contraire, chez les chevreuils
adultes,
la chute des bois a lieu en automne(novembre).
La croissance dure environ 2 mois et la minéra-
lisation,
1 mois. La chute du velours est termi- née à la fin du mois de février(Sempéré
1982,Sempéré
et Boissin1982).
Ces 2
exemples,
cerf rouge etchevreuil,
illus-trent bien les variations
qui
existent d’uneespèce
à une autre, mais pour uneespèce
don- née, lecycle
des bois estsynchronisé
chez l’en-semble des individus.
Au contraire, s’il subsiste bien un
cycle
cir-cannuel des bois chez les animaux
originaires
des faibles latitudes(et
yvivant),
il n’existeaucune
synchronisation
entre les individus(Goss
et Rosen1973).
Chez cesespèces,
lapériode
de la chute des bois et la formation denouveaux
trophées dépend
surtout de la datede naissance et reste constante par la suite.
Transportés
sous des latitudes moyennes ouélevées,
cetasynchronisme
est conservé(Lou-
don et Curlewis
1988).
De nombreux autres caractères sexuels secondaires
(glandes, pelage,
diamètre ducou,..)
varient aussi au cours ducycle
annuelde
reproduction.
2.
2 / Activité testiculaire et sécrétions hormonales
a / Activité
testiculaire
Sous les latitudes moyennes et
élevées,
etpour les animaux
originaires
de ceslatitudes,
le volume et lepoids
des testicules subissent des variations saisonnièresimportantes (tableau 3).
Le
poids
testiculaire est maximal alors que les bois ontperdu
leur velours. Ce maximum coin- cide avec le début de la saison dereproduction
des femelles. Il est minimal peu de temps
après
la chute des bois.Dans toutes les
espèces,
la croissance testicu-laire, appréciée
par lepoids
ou levolume,
le diamètre antéro-postérieur
ou la circonférence scrotale, est décelable entre 3 et 5 mois avant lab / Variations hormonales
Les variations de la fonction exocrine testicu- laire sont sous la
dépendance
des hormoneshypophysaires
FSH et LH, elles- mêmes contrô- lées par lesystème hypothalamique
et le sys- tème nerveux central. Il en est de même de la fonction endocrine.Activité
hypophysogonadique
Avant la
puberté,
il existe 2périodes
d’activa-tion de la fonction de
reproduction pendant
lapremière
année de vie chez le chevreuil(Sem- péré
et Lacroix 1982 :figure 2)
et le cerf de Vir-ginie (Brown
eta7 1983).
Chez le
chevreuil,
les naissances ont lieu à la fin duprintemps.
Les concentrationsplasmati-
ques de LH sont
importantes
dès le mois deseptembre.
Les valeurs mesurées à cetteépoque
sont
équivalentes
à celles observées chez l’ani- mal adulte au cours de lapériode
d’activitégonadotrope
maximale.Par
ailleurs,
les tauxplasmatiques
de FSHsont élevés durant les mois
qui
suivent la nais-sance et le volume testiculaire augmente
régu-
lièrementjusqu’en
décembre(figure 3). Quand
le volume testiculaire atteint ce
premier
maxi-mum, l’évolution
spermatogénétique
est bienavancée
puisque
desimages
despermatides
sont observées bien que le nombre de sperma- tozoïdes
présents
soittoujours
faible(Sempéré
et
a! 1983).
Les tauxplasmatiques
de testosté-rone sont
également
élevés mais ils sont tou-jours
très inférieurs à ceux observés chez le chevreuil adulte au cours de lapériode
dereproduction (Sempéré
et Lacroix 1982 :figure 2).
Cettepremière phase
d’activitéhypophyso- gonadique
est suivie d’unepériode
de repos(fin décembre)
avec effondrement des tauxplasmatiques
de LH, FSH et testostérone etrégression
du volume testiculaire.La deuxième activation de la fonction
géni-
tale débute 8 moisaprès
la naissance par uneaugmentation
de la concentrationplasmatique
de LH. Celle-ci est observée en
janvier,
enmême temps que se manifeste chez l’animal adulte la
reprise
saisonnière ducycle
annuel dela fonction
gonadotrope.
L’examen des situations
temporelles
desdeux
périodes
d’activitéhypophysogonadique
au cours de la
première
année de vie chez lechevreuil ou le cerf de
Virginie, indique
que lapremière
est concomitante de la diminution de la durée d’éclairementjournalier
tandis que laseconde,
comme celle observée chez le che- vreuiladulte,
estsynchrone
del’augmentation progressive
de la durée de laphase
claire.Chez
l’adulte,
les étudesportant
sur les varia-tions saisonnières des hormones
hypophysogo- nadiques (LH,
FSH,testostérone)
ont été abor-dées chez