FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
DE BORDEAUX
ANNÉE 1304-95
N° 98CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
L'HÉPATOPEXIE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
PRÉSENTÉE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT
LE 26 JUILLET 1895
Marie-Louis-Gustave COUTURIER
Né àMérinchal (Creuse), le 11
novembre 1861.
EXAMINATEURS DE
I_. A. THESE
MM. GOYNE, ARNOZAN, CASSAET,
AUCHÉ,
professeur,
'président.
professeur,
agrege, ■ jUges.
agrégé,
j
Le Candidatrépondra aux
questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'enseignement médical
-U .jCI ~#r- .0-
BORDEAUX
Imprimerie Vve Cadoret
17 — Rue Montméjan — 17
\ 895
mi
Ë MEDECINE ET DE PHARMACIE DÉ BORDEAUX
M. PITRES
Doyen.
PROFESSEURS :
MM. MICE..
AZAM.
Clinique
médicaleClinique
chirurgicale
.Pathologie interne
vPathologie
etthérapeutique
généralesThérapeutique
Médecine
opératoire Clinique
obstétricaleAnatomie
pathologique
Anatomie
Histologie
etAnatomie générale Physiologie
Hygiène Médecine légale Physique
Chimie
Histoire naturelle Pharmacie Matière médicale.
Médecine
expérimentale Clinique ophtalmologique
Clinique
des maladieschirurgicales
des enfantsClinique gynécologique
AGRÉGÉS EN EXERCICE SECTION DE MÉDECINE
Professeurs honoraires.
MM. PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
DUPUY.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
MOUSSOUS.
COYNE.
BOUCHARD.
VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS.
FERRn,.
BADAL.
PIÉCHAUD.
BOURSIER.
Pathologie
interne et Médecinelégale
Pathologie externe.
MOUSSOUS.- DUBREU1LH.
MESNARD.
CASSAËT.
AUCHÉ.
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
i POUSSON.
Accouchements.
I
DENUCE.
VILLAR.
RIVIÈRE.
CHAMBRELENT.
SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
Histoire naturelle. N.
. f . f p, . i . IMM. PRINCETEAU Anatomie et
Physiologie, j
^Physique
Chimie et
Toxicologie.
Pharmacie
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES
MM. SIGALAS.
DENIGES.
BARTHE.
Clin, interne des enfants Clin.des mal.
sypliil.
etculau...Clin,des mal. des voiesuriu....
Mal. du
larynx, des
oreilleset dunez.COURS
COMPLÉMENTAIRES
I.A. MOUSSOUS DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
Maladies mentales.... MM. RÉGIS.
Pathologie
externe .. DENUCE.Accouchements...
RIVIÈRE.
Chimie
DENIGÈS.
Zoologie
BEILLE.LeSecrétairede la Faculté, LEMAIRE.
,p
,ar délibération du
5août 1879,
la Faculté a arrêté que lesopinions
émisesdans les» Ihèses qui lui sontprésentées doivent être considérées comme
propres à leurs auteurs
»et qu'elle n'entend leurdonner ni approbation ni
improbation.
»A LA
MÉMOIRE DE MON PÈRE
Monprédécesseur et mon
premier maître dans la carrière médicale.
A MA
MÈRE
—A MA FEMME
—A MA FAMILLE
A TOUS MES
AMIS
A Monsieur le
Docteur Ch. FAGUET
ChefdeClinique
chirurgicale à la Faculté de Médecine de Bordeaux.
A Monsieur
J.-A. BUSSIÈRE
Elève à l'Ecole de santé
navale
Aided'anaiomie àlaFacultéde
médecine de Bordeaux.
A Monsieur le
Docteur M. LANELONGUE
Professeurde Clinique
chirurgicale à la Faculté de Médecine,
Chevalier de la Légion d'honneur, Officier
de l'Instruction publique,
MembrecorrespondantdeVAcadémie de
Médecine,
Membrede l'Académie deBordeaux.
A Monsieur le
Docteur Justin LEMAITRE
Professeurd'anatomie àl'Ecole de
Médecine de Limoges.
Hommage de respectet
de reconnaissance.
2C.
A mon
Président de Thèse
Monsieur le
Docteur P. COYNE
Professeurd'anatomie
pathologique à la Faculté de Médecine de Bordeaux
Officierdel'Instructionpublique.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DE
L'HÉPATOPEXIE
AVANT-PROPOS
L'hépatoptose est chose rare, difficile à diagnostiquer, dis¬
cutable
même quand elle paraît le plus évidente au clinicien,
si bien que
très rarement on l'a rencontrée et affirmée d'em¬
blée. Modeste
praticien de campagne, je n'ai certainement pas
la
prétention d'apporter sur cette question encore imparfaite¬
ment connue, comme sur
son traitement par l'hépatopexie, à
peine essayé, mon opinion personnelle et le résultat d'une
longue expérience. Du reste, je ne crois pas qu'aucun chirur¬
gien soit très avancé sur ce cas, puisque les plus heureux ne
comptent guère que quelques observations dans toute une
longue carrière. Aussi, sans trop préjuger de mes forces,
ai-je cru faire chose utile en apportant ma petite pierre à
l'œuvre
de tout le monde. Ouvrage d'un ouvrier inhabile, ma
thèse
n'apportera ni l'éclatante lumière, ni de bien grosses
nouveautés. Mais si Ton considère que la vague est faite de
— 14 —
gouttes d'eau,
queles observations ajoutées les
unes aux autres créent lascience,
mesjuges bienveillants excuseront
ma faiblesse et
l'indignité du travail
queje
mepermets de
soumettre à leur
appréciation.
Après quelques considérations générales
surl'hépatoptose
et l'anatomie du viscère
hépatique,
pourmettre
enlumière et rappeler
ses moyensde suspension, je traiterai successivement l'étiologie, la pathogénie et l'anatomie pathologique, les
symp¬tômes et le
diagnostic du foie mobile. Après la reproduction
résumée de
quelques observations relevées
un peupartout, je passerai de cette partie plutôt accessoire et impersonnelle de
mon travail à l'étude des divers modes de traitement
employés
dans le foie
mobile,
eninsistant tout particulièrement
sur l'interventionchirurgicale. Enfin je terminerai
enformulant quelques conclusions
surles indications de l'hépatopexie et
surson avenir
probable.
Mais avant d'entrer en
matière, qu'il
mesoit permis de
remercier M. le
professeur Lanelongue
pourl'extrême amabi¬
lité
qu'il m'a toujours témoignée.
Que M. le Dr Ch.
Faguet,
sonchef de clinique chirurgicale,
veuille bien recevoir l'assurance de ma vive reconnaissance pour
les conseils précieux qu'il m'a octroyés si généreusement
et avec tant d'aménité. Il m'a
inspiré l'idée de
cetravail; je
l'en remercie bien sincèrement.
Je
prie M. le professeur Coyne de croire à
mes sentimentsrespectueux de gratitude profonde et bien sincère
pourl'accueil
si bienveillant
qu'il m'a fait à la Faculté.
Qu'ildaigne recevoir
mes remerciements chaleureux pour
l'honneur qu'il
mefait
aujourd'hui
enacceptant la présidence de
mathèse inaugurale.
CHAPITRE
PREMIER
L'HÉPATOPEXIE EN
GÉNÉRAL.
—HISTORIQUE. — DIVISION.
L'histoire
de l'hépatoptose, nom moderne du foie mobile, du
foie ambulant (Marino), ou volant (Soutouguin), ou encore
errant
(Chowstek), ne date pas de bien loin. Avant l'observa¬
tion de
Arnaldo Cantani, qui est la première du genre, on ne
connaissait guère que les déplacements physiologiques de cet
organe,
et, dans tous les cas, personne n'avait songé ou trouvé
occasion
d'établir
unchapitre nouveau pour ses déplacements
pathologiques, du reste inconnus, s'ils étaient soupçonnés.
Mais
depuis, quoiqu'à de rares intervalles, les observateurs
les
plus divers ont signalé un peu partout des cas semblables
ou peu
différents de celui du médecin italien. Chowstek (de
Vienne),
aprésenté une monographie sur la question du foie
mobile.
Bleten a
fait le sujet de sa thèse inaugurale.
Rendu, enfin,
ena fixé la symptomatologie dans son article
de
Dictionnaire encyclopédique.
La
question n'aurait, sans doute, pas progressé sensible¬
ment, si l'avènement de l'ère antiseptique, en permettant au
chirurgien des audaces opératoires impossibles jusqu'alors,
n'avait
fait éclore entre les mains de Langenbuch, un nou-
vèau mode
de traitement, et remis l'hépatoptose à l'ordre du
jour,
parla création de l'hépatopexie.
— 16 —
Cette nouvelle
opération
a reçu enFrancel'éclatante
consé¬cration de
l'expérience clinique
parles
cascélèbres
de GérardMarchand, et
celui encore inédit de M. leprofesseur Lane-
longue, de Bordeaux.
CHAPITRE II
ANATOMIE SUCCINCTE DU FOIE ET ETUDE SUR SA
STATIQUE
Mais avant de
parler des déplacements de l'organe liépatiqu
,il ne sera pas
inutile de rappeler succinctement quelques points
d'anatomie sur sa
situation et
ses moyensde fixité. A propos
de ce dernier
point, j'ajouterai quelques réflexions que m'a
suggérées
sonétude, alors qu'entreprenant ce travail, j'ai fait
de
trop courtes recherches pour fixer mes connaissances ana- tomiques
surla statique de ce viscère.
Sa
forme, difficile à définir géométriquement, a été heureu¬
sement
comparée
parGlisson à un segment d'ovoïde, oblique¬
ment
coupé suivant son plus grand diamètre, épais à droite,
mince à
gauche.
Sa
portion épaisse se loge dans l'hypochondre droit; la plus
mince déborde
à gauche la ligne médiane. Le diaphragme,
au-dessous
duquel il est placé, le coiffe quant à sa face supé¬
rieure et convexe,
s'adaptant à sa forme. Ce muscle le sépare
du poumon,
des six dernières côtes et du cœur. En avant
seulement,
auniveau du creux épigastrique, la face supérieure
entre en
contact
avecla paroi abdominale, sa limite ou bord
antérieur
coupant obliquement l'angle formé par les cartilages
costaux de
chaque côté.
En
bas, le foie est concave, coupé de sillons en H et présen¬
tant des
fossettes
pourloger des organes abdominaux qui sont :
à
gauche, l'estomac; à droite, en suivant de la profondeur en
avant, capsule surrénale et rein correspondant, coude droit
du côlon.En
arrière, vaste échancrure
laissant passageà l'œsophage,
à
l'aorte, à la veine
caveinférieure,
pour ne nommer queles
gros organes.
Ceux-ci sont appliqués contre la
colonne verté¬brale
déjà saillante
pour son proprecompte.
Cette masse
énorme, la plus
grosseglande de l'économie,
se subdivise en deux lobeségaux chez l'embryon, inégaux à la
naissance et chez l'adulte. Celui de droite est trois fois
plus
considérable que
celui de gauche. L'organe total pèse
surle
cadavre environ1,500
grammes,deux kilos
à l'étatphysiolo¬
gique, gorgé de
sanget de bile.
Quels sont donc les moyens
de fixité qu'il possède
pours'équilibrer dans la cavité abdominale
d'unefaçon
siparfaite,
que
malgré
sa masse, sasituation élevée,
on netrouve guère
que
des
casrelativement
très restreintsd'hépatoptosè? Ces
moyens, nous
les considérons
sous troisgroupes : 1° Lesreplis du péritoine aussi appelés ligaments;
2° Les vaisseaux ;
3° La
pression réciproque des
organesdans la
cavité abdo¬minale.
Ligaments. —Les
ligaments hépatiques sont fournis
parle péritoine, qui
sedédouble
pourformer
au foie une séreuseincomplète et établir
entre cet organeet
ses voisins une adhé¬rence
plus
oumoins
exacte. Ce sont :à) Le ligament
suspenseur oufalciforme, composé de deux replis du péritoine passant du diaphragme
surle foie, à la façon d'une
faux dont le bordtranchant
seraitl'insertion
surcelui-ci.
Sur le
cadavre, l'abdomen
ouvert etvidé et letroncvertical,
il a
l'aspect d'une bandelette
verticale aussi. Sur levivant,
sur le cadavre entier etcongelé, cette bandelette
est couchée à>
— 19 —
plat entre le muscle et le viscère qui entrent en contact sans
autre
interposition
quele péritoine qui les recouvre. La ligne
d'insertion
hépatique est plus externe et correspond à un sillon
de laface
inférieure qui reçoit le cordon de la veine ombilicale,
ainsi
qu'à l'échancrure du bord postérieur; de cette manière
sont limités les deux
lobes.
b) Le ligament coronaire et les deux ligaments triangulaires
sont
placés à la partie postérieure. Ils relient le péritoine
pariétal à la portion hépatique de la séreuse. Leur ligne d'im¬
plantation
surce viscère a la forme d'un fuseau irrégulier,
couché
horizontalement. Les bords du ventre répondent à l'in¬
sertion du
ligament coronaire ; les pointes allongées et épais¬
sies,
auxdeux ligaments triangulaires.
c) Je
neparlerai que pour mémoire, comme moyen de sus¬
pension et de fixité du foie, des épiploons divers, gastro-hépa¬
tique, hépato-rénal et hépato-colique. Tous les organes qu'ils
relient à la grosse
glande abdominale sont placés au dessous
d'elle, et plutôt appendus à celle-ci qu'ils ne la soutiennent.
Ils
paraissent plutôt destinés à rendre tous ces organes soli¬
daires dans leurs
déplacements en masse.
Vaisseaux. —
a) Plus sérieusement, la veine cave infé¬
rieure contribue
à
assurerla bonne statique du foie. Les
veines
sus-hépatiques, ses affluents, le cordon fibreux, succes¬
seur
dégénéré chez l'adulte du canal d'Arantius, l'unissent
intimement, l'adossent par des liens très courts à la portion
non recouverte
de péritoine du foie. Cette portion correspond à
l'aire du
fuseau auquel
nousavons comparé la ligne d'insertion
du
ligament coronaire sur cet organe. Or, on sait que la veine
cave
inférieure traverse le centre phrénique du diaphragme par
un orifice
auquel adhèrent fortement ses parois et qui en main¬
tient la
béance. Ce tendon central du muscle, comme le cœur
qu'il supporte, ne subit que d'une façon insignifiante les mouve-
- 20 —
nients d'abaissement et d'élévation dans le
fonctionnement
des musclesinspirateurs,
en cequi
concerne larespiration
nor¬male. Grâce à ses connexions avec le
péricarde, puis les parties
osseuses
supérieures du thorax, il est
presquefixe
ou sedéplace
en masse avec le
squelette tlioracique soulevé dans l'inspiration
forcée. Le foie
paraît donc très
solidement fixé parla veine
cave.
b) Le canal d'Arantius
et leligament rond (ex-veine ombili¬
cale devenue
fibreuse),
sefont suite à
la face inférieure du foie. Tous deux ont l'air de lesupporter à la façon
d'une corde tendue de l'ombilic à la veine cave.c) Moins importants, les vaisseaux
etconduitdel'épiploon
gas¬tro-hépatique fixent la face inférieure
du foie àl'estomac,
au duodénum. Ilss'opposeraient
audéplacement à droite
et en avant.Pression abdominale. — Le troisième et très discuté moyen de fixation du foie est la
pression qui s'exerce
sur toute sasurface
péritonéale. Elle lui
est rendue parles viscères voi¬
sins
qui supportent également
sapression
propre :échange de pressions,
en somme.Tout
corpsplongé dans
unliquide
enreçoit
unepoussée qui l'allège précisément du poids du volume
d'eau
qu'il déplace. Le foie est-il allégé
parle fait qu'il plonge
dans une cavité sans
liquide, il
estvrai, mais dont
le contenu est très mobile? Je croispouvoir répondre affirmativement.
Mais on
conçoit qu'on
nepuisse
pasétablir directement
cette assertion. Où trouver des preuvesdirectes? Elle
estpourtant
vérifiée
lorsqu'il
y aascite. Enfin,
onsait
quele
cerveau,malgré la minime quantité du liquide céphalo-rachidien, obéit
au
principe d'Archimède. Un fait
que nous avons constaté de visu sur lecadavre, c'est
quele foie s'écarte
dudiaphragme quand la cavité
abdominaleouverte, vidée
ou non des autresviscères,
onpend le cadavre
par unecorde placée
sousl'ais-
selle. D'autre
part, toutes les
coupesde sujets congelés faites
dans des buts
très divers ont toujours montré le ligament
suspenseur
inactif,
nontendu, couché à plat.
Nous concluons donc que
le foie
groset lourd est sensible¬
ment
allégé
parla pression intra-abdominale et que toutes les
causes
qui tendront à la diminuer ou à l'annuler, agiront effi¬
cacement pour
la production de l'hépatoptose.
CHAPITRE
IIIDÉPLACEMENTS
DU FOIE. — LEUR CLASSIFICATION. — HEPATO- PTOSES PARTIELLES ET TOTALESOn
voit, d'après
cequi précède,
queles
moyensde fixité
dn foie ne sont pasabsolument rigides. Les ligaments peuvent
sedistendre,
manquer, se rompre,les
vaisseaux se laisserétirer,
le
diaphragme abaisser
savoûte, la pression abdominale
dimi¬nuer pour
des
causes trèsdiverses. Chacune
desconditions anatomiques qui maintiennent
le foie dansl'hypochondre
droitpeut,
parsadisparition, entraîner
destroubles
dans lastatique
de ce viscère. Je ne
parlerai
pas,bien entendu, des déplace¬
ments en masse dans
lesquels le foie s'abaisse
avec le dia¬phragme
sousl'influence
del'inspiration forcée, de collections liquides
ou de tumeursdiverses,
ou encore remonte aveclui, comprimant les
organesthoraciques
comme dans lagrossesse, l'ascite, les
grossestumeurs
du ventre. Laptôse du
foie necomprend
quele prolapsus total
oupartiel de
cetteglande dans
la cavitéabdominale,
unchangement important s'étant produit
dans ses
rapports
avec les organesvoisins. L'hépatoptose
est laluxation
dufoie,
avec îmobilité anormale.La masse
hépatique restant
enplace,
une de sesparties (et
c'est
habituellement
le bordtranchant, le
lobedroit) peut
s'hypertrophier,
sepédiculiser plus
oumoins
sous desinfluen¬
ces
diverses.
Ce lobule anormal estmobile,
sedéplace, alors
que
la portion principale de la glande
est fixe : c'est cequi
constitue avec
quelques
castrès rares, où le lobe droit tout
entier a paru
seul mobile, Yhépatoptose partielle. Dans cette
catégorie paraissent se ranger les lobes droits prolabés par
le mouvement de
bascule
surl'axe antéro-postérieur du liga¬
ment suspenseur.
Langenbuch, dont nous résumons plus loin
les deux
observations suivies d'hépatopexie, paraît avoir eu affaire, dans
cesdeux
cas,à
cegenre de luxation du foie.
D'autres
fois, et c'est là le véritable foie flottant, toute la glande quitte la région hépatique pour se placer plus ou moins
bas dans
l'abdomen; le foie émigré
en masse,il y Yhépatoptose
totale. Cette
dernière lésion est de beaucoup la plus rare.
Mais toutes les deux
présentent le même intérêt chirurgical,
s'accompagnent de troubles fonctionnels également graves et
nécessitent souvent
le même ordre d'intervention.
Indépendamment des déplacements en masse, sans mobilité
anormale, due à des
causesphysiologiques ou pathologiques,
nous diviserons
les ptôses proprement dites, avec mobilité
anormale,
endeux catégories : a) Foie mobile partiel.
h) Foie mobile total.
Ces
derniers
casdoivent seuls porter le nom d'hépatoptoses
rentrent dans
l'étude
queje
mesuis proposé de faire ici.
CHAPITRE IV
ÉTOLOGIE. —PATHOGÉNIE. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
a) Hépatoptose partielle. — b)Iiépatoptosetotale.
a) Les foies partiellement mobiles, loin d'être
rares,relative¬
ment aux
hépatoptoses totales,
sont assezfréquents. Il
enest
dont la causeéchappe à l'investigation du clinicien. D'autres,
au
contraire,
ontunprimum
movensmieux
connu.L'allonge¬
ment
hypertrophique,
parles tiraillements
de la vésicule bi¬liaire atteinte d'une tumeur
néoplasique, de distension
par unliquide enkysté, gardant
uncalcul volumineux,
aété trouvé
àplusieurs reprises. Riedel (d'Iéna),
aécrit
unmémoire
danslequel il constate
cette influence et sonimportance
aupoint de
vue du traitement curatif de toute une classe de lobes du foie mobile. Dans cette
catégorie rentrent
lesobservations
de Bau¬douin et de Pichevin
(nos 13 et 14),
queje résume plus loin.
Ailleurs,
ce sontdes néoplasmes de viscères
voisinsqui déter¬
minent des adhérences
péritonéales, des tiraillements
et la mêmehypertrophie partielle
avec mobilité.Enfin, dans
la trèsintéressante
thèse deChapotot (Lyon, 1891),
nous avons puretrouver des observations
suivies d'au¬topsies où l'on
constata quel'abus du
corsettrop serré avait produit des déformations considérables
du foie. Dans l'une d'ellesparticulièrement, le lobe droit
laminédescendait jusqu'à
la crête
iliaque,
sans quela matité hépatique eût changé de
siège, quant à
salimite supérieure. La taille
de cettefemme
— 25 —
était
extrêmement mince et les fausses côtes chevauchant les
unes sur les
autres, imprimaient des sillons profonds sur la
faceconvexe.
L'estomac, du reste, était bilobé et en ptôse, la portion inférieure du ventre bombait, tous les organes des
hypochondres et de l'épigastre étant en ptôse générale, le lobe
prolabé du foie était mobile.
Corbin
(1883), dans
unemonographie remarquable intitulée :
Des
effets produits
parle corset sur le foie, signale des troubles
analogues, de sorte
quel'hépatoptose partielle, si elle n'avait
pas
été nommée et décrite expressément, n'en existait pas
moins avant
Cantani.
b) Uhèpatoptose totale ne saurait avoir la même origine.
Elle
peut être congénitale par une imperfection matérielle de
l'appareil suspenseur. Exemples : 1° l'observation de Longuet,
suivie
d'autopsie,
au coursde laquelle on constate l'absence de
tout autre moyen
de contention que le ligament falciforme, et
un
petit épiploon hépatico-duodénal (Voir Obs. XIII); 2° l'ob¬
servation inédite que nous
devons au professeur Lanelongue
(de Bordeaux), dans laquelle il est relaté que le ligament fal¬
ciforme
faisait absolument défaut. Ce n'est là qu'une inter¬
prétation de l'étiologie de ce foie mobile. Mais elle me paraît
justifiée
parce fait relaté dans l'observation qu'aucune maladie,
aucun traumatisme
n'était relevé dans les antécédents de la
malade,
pourexpliquer l'absence du ligament suspenseur.
D'autres
fois, il s'agit d'allongement du ligament coronaire,
et
probablement aussi du ligament suspenseur (Wassiljew).
Elle
peut être acquise et alors les causes les plus diverses
peuvent intervenir; la pathogénie devient obscure et les ren¬
seignements fournis par la littérature médicale tout à fait
insuffisants.
Je
nesaurais mieux faire que/d'adopter l'ordre
établi par
Segond dans le Traité de chirurgie pour classer
les influences
qui peuvent amener le foie mobile total acquis.
4C.— 26 -
Dans un
premier
groupe,il
range «les circonstances qui agis¬
sent en
repoussant mécaniquement le foie
de haut en bas ».Etroitesse
congénitale
ouacquise du thorax (Schotz), abus du
corset
trop strict (Chapotot), relâchement paralytique du côté
droit du
diaphragme, péritonite enkystée de la face
convexe du foie(cas de Millier).
Dans le deuxième groupe
entrent toutes
les causesqui ont
pourrésultat de laisser le foie
sous la seulegarde de
sesliga¬
ments et de ses
vaisseaux,
enlui
enlevantl'appui des viscères
de la
paroi abdominale. Grossesses multiples et laborieuses, amaigrissement
etcachexie succédant
à une obésitéplus
oumoins
marquée, flaccidité des parois abdominales,
exercent uneinfluence des
plus manifestes
surle développement du foie
mobile.
Le troisième groupe,
enfin, comprend les congestions et les néoplasmes hépatiques mettant
enéchec,
paraugmentation
de
poids, l'appareil
suspenseur.J'y ajouterai les maladies hypertrophiques du foie suivies d'atrophie (comme il semble
résulter de l'observationXV), qui
meparaissent particulière¬
ment propres
à
amenerle relâchement
de tous lesligaments.
Ces causes,
il
estvrai, peuvent
se grouper, setrouver réu¬
nies chez le même
sujet, chacune d'elles
exerçant son action isolée pouraugmenter l'effet total.
« Quant au mécanisme
interne, Winckler
et Cantani ontI
>bien dit
qu'on pouvait le trouver dans
unedégénérescence graisseuse des ligaments,
oudans les modifications
de structure quepeuvent engendrer des péritonites locales, mais
ce sont là deshypothèses
pures.La vérité, c'est
quel'anatomie pathologi¬
que
de l'appareil
suspenseurdes foies flottants
reste à faire »(Segond).
La rareté et
l'imperfection fâcheuse de
toutes lesautopsies
defoie flottant
expliquent cette regrettable lacune dans l'histoire
des
hépatoptoses. Nul doute
quel'observation des lésions pro¬
bables mais inconnues des
ligaments, du tissu hépatique,
n'éclaire d'un
jour
nouveaula pathogénie de ces affections, et
certainement aussi leur
prophylaxie, puisque tout s'enchaîne
dans la
thérapeutique et
quela connaissance des
causesfait
faire d'immenses
progrès
auxsciences médicales.
J'ajouterai
uneopinion personnelle et peut-être risquée.
C'estque dans les luxations partielles, la consistance du foie doit jouer
unrôle capital, que le foie muscade des congestions car¬
diaques,
encore peuavancé dans son processus sclérogène, est
très propre
à
selaisser déformer, tirailler, à se mouler sui¬
vant les
pressions auxquelles il est soumis; que dans l'immense majorité des observations il s'agit de femmes ayant eu des gros¬
sesses
répétées. Or
onsait bien
quela grossesse, indépendam¬
ment des autres
modifications qu'elle imprime à l'organisme,
amène une
congestion hépatique dont l'influence pathogénique
me
paraît probable pour la production du foie mobile.
J'ai peu
de choses à ajouter à l'opinion de Segond. Mais, il
est un fait
qu'il paraît omettre en ce qui concerne l'étiologie
des
hépatoptoses et qu'a bien mis en lumière Blet dans sa these inaugurale
:c'est le mauvais état général des sujets et la flac¬
cidité des
ligaments hépatiques qui en résulte; on peut incri¬
miner alors toute
espèce de misère physiologique possible, n'importe quelle déchéance organique.
Un autre fait
d'étiologie
queSegond laisse un peu trop dans
l'ombre, c'est la rareté absolue de l'hépatoptose chez l'homme,
dont nous n'avons pu
trouver qu'un seul cas, et encore dou¬
teux
(Voir l'observation XI, assez vague, due à Mann). Au con¬
traire, chez la femme, grande multipare, portant corset assez serré, débilitée, arrivée à l'âge de la ménopause ou un peu plus loin,
serencontre la plus grande fréquence de cette affec¬
tion.
— 28 —
Quant à
sarareté, relativement
auxautres affections hépati¬
ques,
à quoi faut-ii l'attribuer? Je
pense quele corset qui trop
serré et
appliqué trop haut chasse le foie de
saloge, contribue
au contraire à
l'y maintenir lorsque la striction qu'il détermine
porte
auniveau du flanc.
CHAPITRE V
SYMPTOMES. —DIAGNOSTIC
Les
symptômes du foie flottant sont extrêmement variables,
quelquefois nuls. Ce qui attire l'attention du malade est le plus
souvent
tout d'abord
unesensation de tiraillement et de pesan¬
teur. La
malade de Chowstek présentait une sensation bizarre,
comme un
poids appendu au sternum et situé au niveau de
l'ombilic (Obs. X).
Ces
phénomènes accompagnés ou non de douleurs véritables
portent les malades à chercher une attitude qui les soulage.
Les unes se
penchent à droite, d'autres se courbent en deux.
La
plupart du temps les douleurs cessent dans le décubitus
dorsal. Tous ces
symptômes font que ces femmes se mettent
une
ceinture destinée soit à soutenir la tumeur réduite incons¬
ciemment, soit à remplacer la tonicité perdue de la paroi
abdominale. Bien souvent, en effet, soit en se couchant sur le
ventre, soit
ensoutenant avec les mains en ceinture leur
abdomen
flasque, les malades font cesser leurs douleurs (Voir
Obs.
V, Winckler).
Les
douleurs peuvent être absentes ou n'ont pas de caractère
pathognomonique (Blet). Leur existence peut être liée à une
rétention biliaire, à un calcul, à des poussées de péritonite
partielle, peut-être au retour des menstrues et revêtir alors
un
aspect clinique en rapport avec leur cause. Quelquefois elles
n'ont
d'autre origine que la tension des ligaments, comme dans
-so¬
le cas de la malade de
Chowstek
dont les douleurs surtout vives àl'ombilic accompagnaient la
sensation detiraillement
que
j'ai signalée plus haut. D'autres
foisenfin, les douleurs s'irradient
versl'épaule droite,
comme dans presquetoutes les affections hépatiques.
Des
troubles fonctionnels importants peuvent compliquer
cetétat morbide. L'ictère n'est pas rare;
des troubles digestifs, vomissements, constipation, coliques sont également signalés
à
plusieurs reprises. La
santégénérale s'en
ressent vite. Les malades nemangent plus, maigrissent, s'isolent parcequ'elles
souffrent constamment. Des troubles nerveuxgraves,
hystérie, neurasthénie, mélancolies
et manies diversessurviennent
etcompliquent l'hépatoptose (Cantani, Obs. 1, manie religieuse).
C'est dans ces cas
qu'il importe
auplus haut chef
quele dia¬
gnostic soit fait; sinon
lepronostic s'aggrave singulièrement
et la mort dans la cachexie et le marasme ou
par
autre
causepeut être observée.
Le
diagnostic doit
donc être fait : ce n'est paschose facile.
Dans la
plupart des
cas,lorsqu'il
aété porté, il n'a
pastoujours
eu une consécration certaine. Dans
d'autres, il n'a été
fait quesur la table
d'opération, et je tiens d'un
de mescamarades, qu'au
momentmême
oùj'écris
ceslignes,
unchirurgien bor¬
delais très
distingué,
au cours d'unenéphropexie, s'est trouvé
en face d'un foie flottant
auquel il
nes'attendait
pasdu tout.
Terrier
(Obs. XIII), Pichevin (Obs. XIV), ont
commis la mêmeerreur de
diagnostic,
erreurd'autantplus facile
quele rein droit
flottant debeaucoup le plus fréquent,
est aussi lecompagnon inséparable du foie
enptôse,
parcequ'ils
ont bien souvent les mêmes causesdéterminantes
ouprédisposantes.
Donc,
enface
d'une maladequi présentera quelques-uns
dessymptômes
queje viens d'énumérer, quelle
marche conviendra- t-il de suivre pourarriver
à la connaissance deslésions?
Je— 31 —
vais essayer
de l'indiquer telle qu'elle m'est suggérée par l'ob¬
servation
excellente de Chowstek (Obs. X), une des plus com¬
plètes et des mieux raisonnées en ce genre.
Inspection. —
On constatera d'abord l'état du squelette tho-
racique
pourapprécier ses déformations congénitales (thorax
long)
ouacquises (corset). (Consulter à ce sujet l'intéressante
thèse de
Chapotot (de Lyon), 1891). L'abaissement du foie, le
tiraillement des ligaments sur les fausses côtes droites peuvent
encore amener
leur rebord plus près de la crête iliaque (Chow¬
stek)
quecelui du côté gauche. L'appréciation des saillies et des
dépressions anormales, surtout chez les malades amaigries, à
paroi abdominale creusée en bateau, a permis, dans certains
cas,
de délimiter la tumeur rien qu'à la vue. Le bord antérieur
du foie
fait saillie; entre lui et le rebord costal est un sillon
à la
place du foie abaissé (Chowstek). On constate encore sui¬
vant les cas,
l'état de la paroi abdominale normale ou flasque
avec des
veinosités rappelant la tête de Méduse (Chowstek,
Obs.
X)
ou encorela présence de vergetures très accèntuées,
indices de grossesses
multiples. Dans d'autres cas, enfin, l'ab¬
domen
est volumineux dans son ensemble et rien n'attire
l'attention
plus spécialement; l'aspect clinique est le même
que
celui observé dans les tumeurs abdominales (épiploon,
ovaire, etc.).
Palpation. —
C'est
encorelà le moyen de choix et le plus
sûr dans tous
les
cas.Elle indique la présence d'une tumeur, sa
consistance,
saforme, son siège, sa mobilité, sa réductibilité,
ses
rapports avec les organes avoisinants, ses attaches. On
apprend encore, par ce moyen d'exploration, si la tumeur est
indolore ou
si la malade souffre à la pression, si sa réduction
calme
immédiatement les douleurs, ce qui est, d'après Rendu,
un
signe pathognomonique du déplacement sans complication
calculeuse ou
néoplasique.
— 32 —
Enfin,
on percevradans quelques
casle bord tranchant
dufoie, et
sonéchancrure
:c'est, à
monavis,
unsigne de
grosseimportance.
Percussion. — Mode
d'exploration de première valeur, la percussion devra être faite méthodiquement, de façon à recherr
cher d'abord si la matitéhépatique existe
ou adisparu de
sonsiège normal. Combinée
avec lepalper, elle apprendra à déli¬
miter le forme de la tumeur
prolabée. Ces deux investigations
ontdonné des résulats concordants dans nombred'observations
(voir les Obs. III (Meissner), et IX (Sutuguin, etc.).
Pour
qu'il
yait hépatoptose totale, il faut qu'à la percussion
la
région hépatique rende
un sontympanique
outout
aumoins
sonore, en
avant, latéralement
et enarrière, enfin
quela
tumeur trouvée ailleurs rende un son mat. Cette méthode d'examen
permet de diagnostiquer, dès l'abord, si
on aaffaire
à une
hépatoptose totale
ousi elle
n'est quepartielle. La
sono¬rité
qui n'existerait qu'en avant
seraitpeut-être l'indice d'un
lobeprolabé, mais
nond'un foie
totalement mobilisé. Il faudrane
jamais omettre de rechercher
laprésence de l'ascite, qui,
si elle
existe, peut modifier
notablement lessignes fournis
par lapercussion.
diagnostic
Dans le
diagnostic des hépatoptoses,
ondoit envisager plu¬
sieurs
points.
1° Le
diagnostic de Vhépatoptose elle-même.
— On doit la différencier des affections suivantes :a). Reins flottants, cancéreux.
— Lessymptômes fonction¬
nels
différents, la présence d'une
zone sonore entre la tumeur et lefoie, la palpation révélant l'indépendance des deux
organesséparés
par unsillon et mobilisables séparément, feront écarter
— 33 —
le rein mobile ou
cancéreux. Il est cependant
unefoule de
cas où le foiemobile
aété pris
pour unenéphroptose; n'oublions
pas, en
elfet,
queces deux affections coïncident souvent.
Dans l'observation
de Baudoin, c'est
enfaisant
unenéphro- pexie
queTerrier diagnostique le foie mobile concomitant.il
faut bien savoir que
la
zonede sonorité peut manquer, les symptômes fonctionnels être absents, la palpation et la per¬
cussion dénoter une
fausse continuité entre
unrein cancéreux
ou mobile et
la glande hépatique. Dans ces cas, le diagnostic
différentiel est
extrêmement difficile.
b) Tumeurs de Vovaire.
—On peut encore confondre le foie
mobile avec des tumeurs
de l'ovaire. Riegel (Zur Casuistik
der
Missbildungen der Leber), rapporte que deux tumeurs dis¬
tinctes de la fosse
iliaque droite furent prises
pourdes tumeurs ovariques, quand l'autopsie démontra que sur ce sujet syphili¬
tique il
yavait une série de néoplasies gommeuses, offrant les
caractères du tissu
hépatique,
serattachant à cette glande
par un
pédicule long et éloigné de la paroi, permettant l'inter¬
position
enavant d'anses intestinales d'où la sonorité notée
entre les tumeurs
et le foie.
Penoud
(Gazette Médicale de Lyon, 1864), cile encore une
déformation du
foie pouvant simuler une tumeur de l'ovaire.
On voit donc que
les tumeurs plus ou moins volumineuses du
petit bassin peuvent également tromper le chirurgien.
c) Tumeurs de Vèpiploon g astro-hépatique, du grand êpi-
ploon, du pylore et du gros intestin, etc.
—Les tumeurs de
l'épiploon gastro-hépatique, les cancers volumineux du pylore
et du gros
intestin, la rate ectopiée et volumineuse peuvent
aussi donner
lieu à de fausses sensations. Dans son observa¬
tion,
M. le professeur Lanelongue avait porté le diagnostic de
tumeur du
grand épiploon. La laparotomie médiane permit de
corriger cette
erreuret de faire appliquer
unethérapeutique
en
rapport
avecla lésion.
d) Pleurésie diaphragmatique.
—Dans
un casremarquable
de
Mùller.,
unepleurésie diaphragmatique enkystée trompa
cet éminent
praticien et l'amena à croire à
l'existence d'unehépatoptose. L'autopsie lui donna tort. Le foie était
seulement abaissé et la matitéqu'il avait
perçueà la place occupée
parle
foie normal était une matité
hydrique, difficile à diagnosti¬
quer
de la matité solidienne du foie.
e) Nous
neparlerons
pasdes tumeurs et
des abcès de laparoi abdominale,
queleur siège anatomique précis fera
recon¬naître facilement.
f) Les affections hépatiques suivantes.
— Leshypertrophies,
les
abcès, les kystes hydatiques. Il est
assezdifficile
de faire de toutespièces
undiagnostic différentiel de
ces affections,décrois seulement quedans tous
ces casil faudrait
s'entourerde toutes lesprécautions
pourexaminer les caractères
de la tumeur':consistance, siège, troubles fonctionnels
amenés par sapré¬
sence,
mode de développement. Même, dans
les casdouteux, il
faudrait recourir à laponction exploratrice qui pourrait, ainsi
que
la laparotomie exploratrice, devenir
une preuvelumi¬
neuse.
La
syphilis peut
amenerdes déformations importantes, des
lésions gommeusesqui simulent les lobes
flottants. La recher¬che des antécédents héréditaires et
personnels mettrait
sur la voie dans ces cas du reste assez rarementsignalés (Voir le diagnostic des tumeurs de l'ovaire).
Nous mettons à
part, à
causede leur fréquence, les
tumeurs de la vésicule biliaire amenant unehypertrophie partielle et le prolapsus d'un lobule hépatique. Les observations de
Baudouin et Pichevin que nousrelatons, les
casde Riedel
cités aussidispensent d'insister
sur cediagnostic différentiel plein d'incer-
— 35 -
titudes et d'aléas. Frerichs a bien montré la difficulté très
grande qu'on peut éprouver à diagnostiquer les tumeurs du
foie de ses
ptôses anormales. Enfin cet
organedéplacé peut être pris
pour uneatrophie totale de la glande, surtout si la pré¬
sence d'un
épanchement ascitique empêche l'exploration.
2° Le
diagnostic de la variété d'hépatoptose.
—a). Dans l'hépatoptose totale, les symptômes sont le plus souvent extrê¬
mement nets et la
palpation révélant
unetumeur ayant la forme, la consistance, la matité du foie, la loge hépatique
étant
vide,
sonoreà la percussion, le diagnostic s'impose et il n'y
a pasd'hésitation. Mais si le foie est diminué de volume, l'ascite, le ballonnement, la péritonite douloureuse peuvent,
par
leur présence, entraver
ouempêcher la palpation et l'opi¬
nion du
chirurgien rester indécise, à moins
quedes symptô¬
mes fonctionnels ne viennent l'éclairer.
b) Dans l'hépatoptose partielle, la loge hépatique reste mate
à la
percussion, le bord du foie peut être senti
sousles fausses
côtes. Enfin les
symptômes fonctionnels, indices de la torsion
du
pédicule vasculaire, de l'oblitération des conduits biliaires,
l'ictère
qui les
accompagnesouvent,
ne seremarquent jamais
dans ces
hépatoptoses partielles, lorsqu'elles sont formées
parun
lobule, quels
quesoient
sonsiège et
sapathogénie. Il faut
enexcepter les
casoù les voies biliaires sont elles-mêmes malades.
3°
Diagnostic des troubles fonctionnels découlant des hépa¬
toptoses. Pronostic. Indications.
—Je viens de dire
unmot
des troubles
qui accompagnent souvent les hépatoptoses. Ils
sont de deux ordres.
D'abord, c'est la glande qui peut être
atteinte dans son fonctionnement. La rétention
biliaire, plus
ou moins
complète et
parconséquent suivie
ou nond'ictère,
a été maintes fois observée. Les
signes de l'ictère, coloration
des muqueuses
et de la
peau,selles décolorées, argileuses, pigments biliaires dans les urines, etc., devront toujours être
recherchés.
— 30 —
Puis les organes
voisins peuvent souffrir du dangereux voi¬
sinage de cette
masseplus
oumoins
grosse,mobile, qui peut j
amener des contusions
quelquefois
graves,des poussées de péritonite, des douleurs hépatiques irradiées, des scapulalgies,
des
coliques,
parles compressions brusques qu'elle est
suscep¬tible d'occasionner à
chaque instant. Ajoutez à cela la gêne
souvent très vive dans la
marche, l'effort, voire même
lesimple acte de la respiration, la triste obligation où les mala¬
des se voient souvent réduites de
garder le lit, tout
aumoins
le repos
dans la position assise, enfin les complications
ner¬veuses,
les troubles psychiques, tout, dans les
cas gravesd'hé- patoptose totale, indique la nécessité d'une
intervention.Les
hépatoptoses partielles n'ont
souventni
desindications
aussipressantes ni
unpronostic aussi
grave, ouplutôt aussi inquiétant. Cela dépend de leur volume, de leur lieu d'implan¬
tation, de leur
cause occasionnelle. Je n'aipoint l'intention de
revenir sur cespoints déjà passés
en revue :l'importance d'un diagnostic précis, d'une étiologie bien démêlée, apparaît
comme.
indispensable
pourguider l'intervention et
la rendre ration-.
nelle,
pourdécider enfin s'il faut agir clnrurgicalement, faire
ou non une
hépatopexie.
On voit donc que
le diagnostic des hépatoptoses, de leurs variétés, de leurs
causes,de
leurs lésions estquelquefois diffi¬
cile. 11 demande de la
part du chirurgien
uneattention toute |
particulière. La lecture des
observations suivantes pourraêtre
de
quelque fruit à plusieurs points de
vue.Elle m'a
souventguidé dans la rédaction
de cechapitre.
f
CHAPITRE VI
OBSERVATIONS
OBSERVATION I (résumée).
(Arnaldo Gan tan i. Annali universali climedic. echir., novembre1866).
Foiedans les régions ombilicale et hypogastrique.
Femme de 54 ans, plusieurs
fois
mère, ayant eu onze ansauparavant, à
la suite d'un accouchement, une sensation insolite dans
l'abdomen
avec pesanteur àl'hypogastre. Quelques mois après la malade s'aperçoit qu'elle
porte au niveau de
l'ombilic
unetumeur mobile
avecles mouvements du
tronc et gagnant les
parties déclives dans les stations assises et debout.
Sonorité
tympanique
àpartir de la huitième côte droite
ausiège ordinaire
dufoie. Rate normale comme siègeet volume. Au-dessous
de l'ombilic, jus¬
que dans la région
inguinale droite, tumeur large et dure, donnant un son
mat à lapercussion,
entourée d'une
zonetympanique
vers salimite ingui¬
nale. En élevant lebassinon
peut
repousserla
tumeurdans la région hépa¬
tique et
reconnaître la scissure du bord antérieur. La malade est alors
soulagée.
Mais si la main qui
repoussela
masse enhaut cesse sa pression,
si la malade se lève, elle redescend dans la
portion déclive qu'elle occupait
déjà.
Plus lard celte femme
revue parCantani, était atteinte de mélancolie
religieuse.
OBSERVATION II
(résumée).
(RomoloetPiatelli, Rivislaclinica di
Bologna, 1868).
Cas de foiemobile.
Femme de 56 ans, ayant eu une
première
grossessenormale, et une
seconde terminée par un
avortement 18
ou19
ansavant la maladie
- 38 —
actuelle. Souffre
depuis
d'un rhumatisme et d'une pneumoniechronique.
Depuis quelques mois, gonflement du ventre. On sent une tumeur solide,
convexe en haut, arrondie à la surface; en bas rebord mince etdifficile à suivre. On peut la repousser
jusque
sous les côtes. Zone demalité corres¬pondantà la forme du foie. La tumeur semble occuper la partie supérieure de la cavité abdominale. La réduction partielle est seule possible. Mort de la malade, autopsie non pratiquée.
OBSERVATION III
(résumée).
(Meisner. Schmidl'sJahrb., 1869, 141, p. 109).
Foie dans larégionombilicale.
Femme 39 ans et demi, une premièregrossesse en 1837, une seconde en
1859. Troisième grossesse le 14janvier 1868, mais le2 avril la malade res¬
sent de fortes douleurs dans
l'abdomen,
pesanteur et plénitude dans la cavitéabdominale,
difficulté pour aller à la selle.Légère
inclinaison du corps du côté droit. Dans la position horizontale on trouve une tumeur dure occupant le milieu du ventre, sa limite supérieure estoblique
et con¬vexe comme celle du foie..Le bord antérieur présente une échancrure rappelant la scissuredu foie, dont la tumeur a du reste la consistance et le volume normal. On peut avec la main ramenerle foie tombé
jusqu'à
deuxtravers de
doigt
au-dessus de lasymphyse
pubienne,jusque
dansl'hypo- chondre;
unelégère
élévation de lapartie supérieureducorpssuffit pour que la main perçoive sesdéplacements.
OBSERVATION IV
(résumée).
( Barbarotto. Il Morgagni, 1870).
Nouveaucasde foie mobile.
Femme âgée, 6 enfants, avorte au deuxième mois d'une nouvelle gros¬
sesse; a des
mctrorrhagies
consécutives. En même temps, vives douleursau niveau de l'angle de
l'omoplate.
Tumeur mobile dans la moitié gauchede la cavité abdominale, paraissant formée par le lobe gauche du foie.
Celui-ci est peu
hypertrophié;
son bord supérieur se trouve à quatre tra¬vers de doigt au-dessous des côtes. Réduction manuelle possible. Rate déplacée siégeant au-dessous des côtes.
OBSERVATION V
(résumée).
(Winckler.Arch.fur Gynœcol., IV, 1872).
Foie mobile.
Femme de 29 ans, deux fois enceinte. Parois abdominales relâchées dès le premier accouchement. Après le second accouchement, douleur dans
l'hypochondre
droit s'irradiant, puis fixe. Douleurs plus vives dans la sta¬tion debout que dans le décubitus dorsal, sensible surtout à gauche. Cet
accès dura trois jours. La marche, les efforts, les mouvements du tronc
augmentaient les souffrances de la malade qui les calmait en se couchant
sur le ventre ou en soutenant son abdomen flaccide avec ses mains encein¬
ture. Unbandage abdominal plus étroit fit disparaître les douleurs. Des travaux pénibles les ramenèrent, suivies d'un ictèreintensequi dura quatre semaines. Le même traitement appliqué amena encore une accalmie de deux ans.
Laflaccidité des parois abdominales permettait de percevoir une tumeur occupant la portion droitede l'abdomen dont les contours rappelaient ceux du foie.
Wincklerdiagnostiqua un foie mobile. Il pouvait sentir la face inférieure de la scissure inlerlobaire. Lavésicule biliaire n'était pas perçuebien net¬
tement. Entre l'angle des côtes et le foie, cavité traversée par le ligament triangulaire,donnant la sensation d'une membrane dure etrésistante. Mobi¬
lité extrême du foie complètement réductible dans sa cavité. Le déplace¬
mentlatéral ramenait les douleurs déjà décrites.
40 —
OBSERVATION VI
(résumée).
(Vogelsang. Memorabûien,n.2.Analyse dans le Virchow's Jahrb., 1872, 2.p. 112).
Foiedans larégioniléo-cœcale.
Dameâgée, non réglée
depuis
un an, secroit enceinte de deux mois.
Ventre développé dans la
région hypogastrique droite; tumeur lisse, élas¬
tique,
allant au-dessous de l'ombilic qu'elle déborde du côté gauche, et
comblant toute la région
iléo-cœcale.
De cecôté, sensation d'un utérus
gra¬vide à5 ou6 mois. Pas de douleurs. Zone sonore autourde la tumeur; pas de matité dans la région hépatique. La
malade
a unetaille fine; l'auteur
pense que le
déplacement
estdû
à uneconslriction exagérée
parla ceinture
et l'usage du corset.
OBSERVATION VII (résumée).
(SalomoneMarino, Rivista clin, deBologna, 1894).
Inversion desviscères abdominauxavecprolapsus et mobilité du foie.
L'auteur a vu dans la clinique de Federici, à Palerme, une femme de
20 ans avec une tumeur de la moitié gauche de l'abdomen que
les recher¬
ches et les commémoratifs permettaient de considérer comme un foie
hypertrophié
etluxé.Rate dans
l'hypochondre
droit. Organes thoraciques dans uneposition
normale.
OBSERVATION VIII (résumée).
(Tenpini, Gaz. medica italiana Lombardia, 1875).
Foie dans lesrégions épigastrique et ombilicale.
Femme 60 ans, neufgrossessesdont la dernière se termine parunavor- tement, trois fluxions de poitrine à gauche, une à droite, traitées par la