FACULTÉ DE
MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1896-97
No 87
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE DU TRAITEMENT
des
CIRRHOSES VEINEUSES DU FOIE
PAR LE RÉGIME LACTÉ ET LES
IODURES ALCALINS
— ■i—iIÎTi ijj 1TT1i m, ii
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement le 11 Juin 1897
par
Jean-Baptisle-Etienne GARRAMOMËUVE
Ex-Interneprovisoire des Hôpitaux
Né àPort-Ste-Foy(Dordogne), le22octobre 1874.
Examinateursde laThèse
Mftl. ARNOZAN, professeur... Président.
VERGELY, professeur... )
GASSAËT, agrégé
1
Juges.LeDANTEC, agrégé )
Le Candidatrépondra auxquestions qui lui seront
faites
surles diverses
parties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y.
CADORET
17 RUE MONTMÈJAN 17
1897
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DEBORDEAUX
M. PITRES
Doyen.
PROFESSEURS :
MM. MICE
) Professeurshonoraires.
MICE., AZAM
MM.
rr.• . . l PICOT.
Cliniqueinterne... 1
PITF^ES
. I DEMONS.
Cliniqueexterne
j
LANELONGUE.Pathologieinterne.... PUPUY.
Pathologieetthérapeu¬
tique générales VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire... MASSE.
Cliniqued'accouchements MoUSSOUS
Anatomiepathologique COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie YIAULT.
MM.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
Médecinelégale MORACHÇ.
Physique BERGONIE.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matièremédicale deNABIAS.
Médecineexpérimentale. .. FERRE.
Clinique ophtalmologique.. BADAL.
Clinique (Tés maladies chirurgicales
desenfants PIÉCHAUD.
Clinique gynécologique... BOURSIER.
AGREGES EN EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interneet Médecine légale).
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHÉ.
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Le DANTEC.
Pathologieexterne
section de chirurgie et accouchements MM. VILLAR. l
BINAUD.
BRAQUEHAYE
Accouchements MM. RIVIERE.
CHAMBRELENT.
Anatomie.
section des sciences anatomiques et physiologiques
MM. CANNIEU.PRINCETEAU. I HistoirePhysiologienaturelle MM.PACHON.BEILLE.
section des sciences physiques
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Physique MM. SIGALAS. I Pharmacie ChimieetToxicologie.. DEN1GÈS. |
COURS COMPLÉMENTAIRES :
Cliniqueinterne des enfants
MM. MOUSSOUS.
Cliniquedesmaladies cutanéesetsyphilitiques DUBREUILH.
Clinique des maladiesdes voies urinaires
POUSSON.
Maladies dularynx,desoreilles etdunez
MOURE.
Maladiesmentales
REGIS. ,
Pathologie externe
DENLJCE.
Accouchements
RIVIERE.
Chimie
DENIGES.
Le Secrétairedela Faculté: LEMAIRE.
Pardélibérationdu5 août1879,la Facultéaarrêté queles opinions émises dans les '1hèses qui lui sont présentées doivent être considéréescomme propres àleurs auteurs, etqu'elle n'entend leur donnerni approbation ni improbation.
A MON
PÈRE,
A MAMÈRE
A MON
FRÈRE,
A MASOEUR
A MES PARENTS
A MES AMIS
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A mon Président de Thèse,
Monsieur le Docteur
ARNOZAN
ProfesseurdeThérapeutiqueàlaFaculté de
Médecine de Bordeaux
Médecin desHôpitaux, Officier de l'Instructionpublique.
PRÉFACE
Au moment de quitter les Maîtres
qui
nousont initié
aux mystères de la science, nousaimons à imiter les Facultés qui,
fières de ceux qui perpétuent
leur enseignement et reconnais¬
santes envers eux, transmettent àla
postérité leurs
nomsgravés
sur le marbre, et nous réservons cette page pour y
tracer du
burinimmortel de la reconnaissance les nomsde ceux
qui
nousont guidé dans nos études
médicales.
La besogne serait longue
si
nousdevions les nommer tous;
mais il en est quinous ont été
d'un
secourstrop direct pour
qu'il nous soit
permis de les oublier.
Tout d'abord, M. le professeur Arnozan,
qui
abien voulu
accepter la présidence
de
notrethèse,
nouspermettra de lui
adresser icinos sincèresremerciements.
Nous remercions aussi M. le professeur
agrégé Rondot qui,
noncontent de nous avoir prodigué
pendant
uneannée d'exter¬
natpassée dansson
service les notions les plus précieuses de la
thérapeutique, abien
voulu
nousdonner l'idée de ce travail.
Nous avons fait à son excellent livre « Le
régime lacté
»de
larges emprunts dans la
seconde partie de cette thèse.
Que M. le professeur
agrégé Rousseau-Saint-Philippe, qui
nous a familiarisé avec la médecine des enfants; que
M. le doc¬
teur Verdalle, que M. le docteur
Mandillon, médecins des hôpi¬
taux, a qui nous devons
deux observations inédites, reçoivent
aussi l'expression de notre
gratitude.
Enfin, nous n'oublions point
M. le professeur agrégé Rivière,
MM. les docteurs Davezac et Durand,
médecins des hôpitaux,
M. le docteur Chavannaz, chirurgien
des hôpitaux, qui ont été
nos maîtrespendant notre trop
court séjour dans le délicieux
asile de Pellegrin.
m, :
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CONTEIBUTION A
L'ÉTUDE
DU TRAITEMENTDES
CIRRHOSES VEINEUSES DU FOIE
PAR LE RÉGIME LACTÉ ET LES IODURES ALCALINS
INTRODUCTION
Le traitement des cirrhoses veineuses du foie est encore à
l'étude. De nombreux cas de guérison ont été publiés;
mais la
plupart se rapportent à laforme hypertrophique, le type de
cirrhose à foie atrophié étant généralement
considéré
commeincurable.
Nous avons essayé dans ce travail
d'appliquer
autraitement
de ces deux formes, de cirrhose veineuse le régime lacté etles
iodures alcalins qui nous ont paru
avoir, d'après l'expérience
de nos maîtres et les observations publiées
jusqu'ici, le plus
d'efficacité dans ces affectionsdufoie. Mais nous avons spéciale¬
ment insisté sur le traitement du type atrophique à cause
de
l'intérêtqu'il présente;et,sans
espérer guérir toutes les cirrhoses
àfoie petit, nous citons quelques
observations de cirrhoses atro-
phiques améliorées ou cliniquement
guéries
par cetraitement.
Nous nous croyons donc en
droit de
penserqu'il
nefaut point
désespérer d'obtenir une
réelle amélioration équivalant à une
guérison de la cirrhose atrophique,et
quela distinction établie
par Semmola à l'Associationbritannique de 1892 en cirrhoses à
typehypertrophique curable, et cirrhose atrophique incurable,
est un peutrop absolue.
Nous serons trop heureux si les observations, malheureuse¬
ment peu nombreuses que nous avons pu recueillir dans les
notes de nos maîtres, trouvent un écho qui permette de croire
que les cirrhoses à forme atrophique, sans être d'un pronostic
aussi favorable que les cirrhoses à forme hypertrophique, ne sont cependant pas rebelles à tout traitement et que dans quel¬
ques casdumoinsonpeuts'attendreàuneaméliorationdurable.
Nous diviserons cetravail entrois parties. Dans la première,
nous ferons une étude de la curabilité des cirrhoses et nous
essayerons de déterminer dans quelle acception doit être pris
le terme de curabilité dans les cirrhoses veineuses; nous dirons
aussi quelques mots des moyens employésjusqu'icipour guérir
les lésions du foie.
La seconde partie contiendra les indications thérapeutiques qui se posent dans ce traitement et une étude du lait et des iodures alcalins à ce point de vue.
Enfin, dans la troisième partie, nous avons réuni des obser¬
vations lesunes déjà publiées et quinousontparu intéressantes,
les autres inédites et dues à l'obligeance de nos maîtres.
PREMIÈRE PARTIE
DE LA CURABILITÉ DES CIRRHOSES VEINEUSES
Depuis que Laennec a
donné la première description du foie
sclérosé, le cercle des cirrhoses s'est
considérablement élargi.
Rien avant l'unique mais précise
description du maître, même
dans la médecine grecque et romaine, on
connaissait l'action
nocive de l'alcool surle foie; mais toute
l'étiologie s'arrêtait là,
et quant auprocessus, personne
n'avait tenté de l'expliquer.
Laennec essaya : il s'en fit une idée
fausse, puisqu'il crût à
des productions
néoplasiques. Mais c'était
assezd'avoir appelé
l'attention des anatomo-pathologistes et
des cliniciens
surdes
problèmes aussi importants et,
bien
que nosconnaissances
actuelles sur l'anatomie, la
pathogénie
etla clinique des cir¬
rhoses attendent sans doute de nouveauxapports, elles ont
bien
marché, il faut en convenir, depuis la
description de Laennec.
Aujourd'hui, on distingue, tant
anatomiquement qu'au point
de vue pathogénique, deux
classes bien tranchées de cirrhoses
du foie.
L'une a son point de départ autour
des canalicules biliaires :
c'est la cirrhose hypertrophique
biliaire;
nousn'avons
pasà
nous en occuper.
La seconde forme comprendles cirrhoses
veineuses
:Ici, l'en¬
vahissement scléreux commence autour des vaisseaux, rameaux portes et veine sus-hépatiques
qui véhiculent les agents irri¬
tants. Et si l'on pense queces
derniers, infections, poisons fabri¬
qués dans l'économie ou venus
du dehors sont innombrables;
si l'on conçoitque ces diversescauses
peuvent
secombiner chez
un même sujet, que la cirrhose
alcoolique,
parexemple, peut
— 14 —
s'installer chez un goutteux ou chez un cardiaque; si l'on ajoute
àcela que tous les foies ne réagissent pas de la même façon au même contact irritant, on comprendra pourquoilaphysionomie
des cirrhoses estvariable et l'on s'étonnera moins de rencontrer deux buveurs, l'un à foie atrophié avec gros ventre ascitique qui marche progressivement à une terminaison fatale, tandis
que chez l'autre le foie qui déborde les fausses côtes ne trahit
sa lésion que par des symptômes modérés et qui tendent à dis¬
paraître.
Il y a donc des cirrhoses qui peuvent guérir?... Oui; et si jusqu'à une époque pas très reculée les scléroses hépatiques
étaient réputées incurables, il est permis aujourd'hui, tout en restant dans des limites que nous allons essayer de préciser,
d'affirmer que certaines cirrhoses guérissent et que d'autres
s'améliorent au point de pouvoir être considérées cliniquement
comme guéries.
Ainsi s'explique le mot de Gilbert: « L'heure est donc venue
» de montrer qu'en présence de la cirrhose alcoolique le méde-
» cin n'est pas désarmé et que toute espérance n'a pas cessé de
» luire pour ceux qui sont atteints de cette affection ».
Lapremière observation de cirrhose guérie est celle de Mon-
neret (1852) et le diagnostic ne saurait être mis en doute puis¬
que l'autopsie du malade mort plus tard de pneumonie vint dé¬
montrer que l'on avait bien atfaire à de la cirrhose atrophique.
Mais c'est à Semmola(1879)que l'on doitd'avoir fait,au point
devue de la curabilité des cirrhoses, une distinction trop abso¬
lue peut-être entreles cirrhoses à gros foie, qu'ilprétend guérir
par le régime lacté, etles cirrhosesatrophiques pour lesquelles
il ne tente pas de traitement curatif.
Après lui, Ribeton dans sa thèse (1885), puis Troisier qui rapporte plusieurs cas de guérison à la Société médicale des hôpitaux (1886); Courtray de Pradel, la même année, Lance-
reaux, Le Gall (1887) s'occupenttout d'abord de la question.
L'année suivante (1888), Millard cite trois cas de guérison de
cirrhoses de Laennec par le régime lacté, àla premièrepériode, dit-il, lorsque le foie esthypertrophié.
C'est se ranger à l'ancienne théorie de Frerichs où l'évolution
de la cirrhose alcoolique se fait endeuxtemps; le premier cor¬
respondant à une phase d'hypertrophie
de l'organe, le second
à une période d'atrophie. Mais on est
loin d'être d'accord
surcette évolution en deux stades de la cirrhose des buveurs, et
nous croyons, avecla plupart, que
le
grosfoie
resteratoujours
gros foie et le petit foie, foie atrophié,
du
moinss'ils
ne son^pas modifiés par le traitement.
D'ailleurs, il faut remarquer qu'au point de vue thérapeu¬
tique, la division en forme atrophique et en
forme hypertrophi-
que, sans rien préjuger des relations que ces
deux formes
peu¬vent affecter entre elles, ne présente guère
d'inconvénients.
Après Millard,Marini dans sathèse,
Huchard, Jaccoud (1889),
Gilbert (1892), apportent de nouveaux matériaux.
A l'Association britannique de 1892,
Semmola reparait
pourse montrer partisan énergique du traitement que nous
préconi¬
sons. Au même congrès, Chealde, de Londres,
affirme
que'ascite d'origine cirrhotique, que l'on
croyait jusque là résister
à toute espèce de traitement et amener
la mort dans
undélai
plus ou moins long n'estpoint incurable,
mais il
necroit guère
aux diurétiques.
Ce qui résulte de ces travaux, c'est que
les cirrhoses à
grosfoiesont généralement curables et dans un
délai
assezbref, les
cirrhoses àfoieatrophié l'étant aussi,
mais plus rarement, puis¬
qu'elles ne donnent, si l'on en croit Ilanot et
Gilbert, qu'un
tiers des guérisons totales.
D'ailleurs, on doit considérer la guérison
d'une cirrhose à
deux points devue assez distincts : la
guérison de la lésion
ana- tomique et celle des symptômes qui latraduisent.
Pour ce quiestde lacurabilité de la
lésion, elle est loin d'être
prouvée. Sans doute, dans une récente
communication
àla
Société médicale des hôpitaux (1896), Hanot a
décrit
uneten¬
dance àla régénération du foie alcoolique. Cette
reconstitution
peut se faire de deux façons : ou bienpar
hyperplasie régulière,
c'est-à-dire par régénération des ilôts
hépatiques, à structure
radiée; oubien irrégulièrement, sans
disposition radiée
ouavecdes rayons plusou moins sinueux.
— 16 —
Mais en admettant la réalité de ce processus de régénération,
il est certain qu'il n'est pas assez généralisé ou assez rapide
pour que l'on puisse compter enpratiquesur la régénération du
foie.
En effet, dans les cas de cirrhoses guéries où l'autopsie a pu êtrefaite, le malade étant mort d'une autre affection, en parti¬
culier dans les cas de Monneret, de Guyot, de Dujardin-Beau- metz, la lésion n'était point guérie et l'étendue du processusde régénération, en admettant qu'il existât, devaitêtre bienlimité.
Aussi, tout en pensant que dans les cas heureux le foie peut
revenir àdes dimensions voisines de ses dimensionsnormales, il
ne faut pas trop compter, croyons-nous, sur une évolution par¬
faite et s'attendre à voir le grosfoie et surtout le foie atrophié, reprendre leur volume primitif.
D'ailleurs c'est une question secondaire pour le malade que le tissu scléreuxne semble point cédersaplace auparenchyme; que les cellules hépatiques, vestiges du lobule bouleversé par les tractus envahisseurs ne se groupent plus en rayonnant au¬
tourde la veine centrale redevenue saine pour reconstituer le
foie primitif. Ce qu'il demande, c'est la disparition des symp¬
tômes.
Quant au clinicien, si les symptômes pénibles ou inquiétants
ont disparu ; si surtout ils n'ont pas tendance à revenir ; en un
mot, si la maladie peut être considérée comme cliniquement guérie, peu lui importera qu'armé du microscope l'anatomiste
vienne lui affirmer queles espaces portes sonttoujours encom¬
brés de tissu conjonctif qui étreintencoreles veines etles lobu¬
les.
D'ailleurs le processus scléreux, arrêté pour un temps, peut reprendre vie à l'occasion d'un excès derégime ou de circons¬
tances analogues. Mais nous citerons des cas assez nombreux où le foie est revenu, imparfaitement, il est vrai, à ses dimen¬
sions normales. Et nous ne parlons pas seulement du foie hypertrophié dont la diminution de volume sous l'influence du traitementest bien admise, mais encore du foie atrophié, ainsi qu'il résulte des observations que nous citons.
— 17 —
Quelles sont doncles médications employées pour arrêter le
processus scléreux, essayer
de le faire disparaître
ettraiter les
symptômes pénibles
qui
l'accompagnent?Toutd'abord, une hygiène appropriée et un régime alimen¬
taire sévère sont les premières indications, quel que soit le trai¬
tement que l'on emploie.
Aussi nous réservons-nous d'en parler à propos de l'étude
du traitement que nous étudions, et nous verrons que le
régime
tient dans notre thérapeutique une place si considérable
qu'il
remplit àlui seul presque toutes lesindications.
Parmiles médicaments, les uns s'adressent à l'évolution de
la lésion, d'autres aux symptômes, d'autres enfin aux
deux
àla
fois.
Les premiers comprennent eux-mêmes
les
moyensexternes
ou révulsifs et les agents dits altérants qui
tendent
à amenerla
résorption du tissu scléreux.L'action des révulsifs se comprend facilement dans
la forme
de cirrhose désignéepar Marini sous le nom
de cirrhose inflam¬
matoire qui se crée sans doute, dit
l'auteur,
parle mécanisme
de la diapédèse, et où une
hypertrophie du foie due à la
conges¬tion et à l'accumulation de cellules embryonnaires dans les
espacesportes précède
l'atrophie de l'organe. Mais dans les cir¬
rhoses adultes d'emblée, créées par dystrophie
simple et où la
rétraction du foie arrivesanspériode
préalable d'hépatomégalie,
l'action des révulsifs est plus difficile à
saisir.
En tout cas, les cas de guérison de cirrhoses par
les révulsifs
appartiennent à des cirrhoses àgros
foie.
Dujardin-Beaumetz a publié un cas
de guérison de cirrhose
hypertrophique veineuse par
l'application de vésicatoires
surla
région hépatique. Onaaussi
utilisé l'action révulsive des pointes
de feu et du cautèrechimique.
Les médicaments altérants comprennent les
iodures alcalins
dontnous nous occuperons plus
loin
;puis le calomel, vanté
parles Anglais, qui le donnentsous la forme
de pilules bleues. Bou¬
chard lui doit quelques succès.
A la suite de ces médicaments, nous pourrions
citer les anti-
Garrau 2
- 18 —
septiques : salol, salicylate, naphtol, qui ne s'attaquent point à
la lésion, mais sont précieux en diminuant la quantité d'agents
microbiens et, parsuite, les chances d'irritation du foie.
D'ailleurs, le plus souvent, on combat directement les symp¬
tômes, troubles digestifs, ascite et œdèmes, pour peu qu'ils
soient prononcés.
Le liquide ascitique peut être évacué par trois voies : par la ponction, c'est la voie directe; ou, indirectement, en provoquant
une déplétion séreuse par le foie ou l'intestin.
La ponction doit être faite chaque fois que, par son abon¬
dance, l'ascite compromet le fonctionnement d'organes impor¬
tants; ellene reconnaît alors de contre-indication que l'état de
débilité trop grande du malade, ce qui est malheureusement
assez fréquent à cette période.
Nous n'adresserons pas à la ponction les reproches qu'on lui
a faits quelquefois de pouvoir être l'occasion d'une péritonite,
oud'épuiser, véritable saignéeblanche, un malade déjà affaibli.
Faite aseptiquement, elle est sans danger et, si elle n'est pas trop répétée, si le sujet n'est pas trop faible, elle ne le fatigue
pas outre mesure. D'ailleurs, ne pourrait-on pas adresser le
même reproche aux purgatifs ?
Mais nous ne croyons pas non plus qu'elle n'ait d'autre but
que de soulager le malade etde nombreux exemples permettent
de penser qu'elle est un utile adjuvant des diurétiques.
Nous relevons, en effet, dans la thèse de Lenoir, trois obser¬
vations intéressantes à ce point de vue.
Dans la première (obs. III), il s'agit d'un cirrhotique récidi¬
vant à foie hypertrophié, présentant un œdème très prononcé
des membres inférieurs et de l'ascite. Après une amélioration
par le laitet l'iodure, lemalade, qui s'était remisàboire, rechuta.
La caféine, administrée pendant six jours et la digitale pendant cinq jours, ne donnèrent aucun résultat et le volume des urines
était seulement de 750 centimètres cubes. On fit alors une ponc¬
tion qui évacua 9 litres de liquide et onprescrivit 60 gr. de vin
de la Charité et le régime lacté mixte. Le lendemain une diurèse
abondante survint et l'améliorations'ensuivit.
La seconde observation (obs. IV), a traità un
alcoolique dont
lacirrhose se manifestait par
l'hypertrophie du foie, de l'ascite
et de l'œdème. Le lait, J'iodure et le salicylate de
soude don¬
nés pendant quinze
jours n'amenèrent
pasd'amélioration. On fit
alors une ponction. Le
lait
etles diurétiques eurent alors
uneaction bienmarquée; l'épanchementse
résorba et
unmois après
le liquidene s'était, pas
reproduit.
Cette observation est suivie d'un cas analogue où
le lait et le
calomel n'ayant pas eu d'influence sur
l'ascite,
onsupprima ce
traitement pendant quelques
jours. Puis
onfît
uneponction qui
amena l'écoulement de 10 litres de liquide. Le
régime lacté et
les diurétiques agirent
alors rapidement et
peuaprès la quan¬
tité d'urines rendues atteignait 2 litres
1/2.
Ces résultats n'étonneront point si l'on se
rappelle
quela
compression des rameaux
portes et des lymphatiques intesti¬
naux gêne considérablement
l'absorption; bien plus, dans la
cirrhose, les rameaux que la
veine porte jette
surl'intestin sont
leplus souvent atteints eux
aussi, et il
nereste comme agents
d'absorption que les
lymphatiques comprimés. La ponction, en
diminuant ou en faisant complètement cesser
cette compression,
joue dans certains cas le rôle
d'un adjuvant précieux.
La compression peut
favoriser aussi la résoption du liquide et
Lenoir l'associe fréquemment à
la ponction.
La seconde classe des médicaments
visant la résorption de
l'ascite comprend les
diurétiques préconisés par Millard. Ce
sont : le lait, la lactose, la
digitale, le vin de Trousseau, le
copahu (Duffin); la
scille, les baies de genièvre et le nitrate de
potasse constituent la
médication de Millard. Lancereaux n'y
croit guère.
Dans ces derniers temps, l'action
diurétique de l'urée a été
mise à profit et Klemperer
(de Berlin) lui doit quelques succès.
Enfin les purgatifs peuvent
aussi être employés pour amener
une élimination de sérositépar
l'intestin. Mais, ainsi que l'a fait
remarquer Bouchard, cette
action est bien moins active que celle
des diurétiques; de plus,
ils fatiguent beaucoup les malades. On
a employé l'aloès, le
jalap, la scammonée, l'eau-de-vie aile-
mande, le calomel, la rhubarbe (Frerichs), la coloquinte, la gomme-gutte (Leudet) et les purgatifs salins.
On peut rattacher à cette liste les cures de raisins dont Gau¬
cher a rapporté un bel exemple.
Les sudorifîques, la pilocarpine par exemple, citée dans la
thèse deLenoir, peuvent contribuer dans une certaine mesure à la déplélion séreuse.
Enfin, notons l'action des lavements froids qui, d'après Kiill
et Chauffard, abaissent la tension dans le système porte et peu¬
vent, parconséquent, devenir un utile adjuvant.
Mais les médicaments que nousvenons de citeront une action spéciale, les uns sur la lésion, les autres sur les symptômes. Il
est deuxagentsqui s'adressent à la fois àla lésion et à sesmani¬
festations cliniques : le calomel, que nous avons vufigurer à la
fois parmi les altérants, les diurétiques et les purgatifs, et le lait
dont nous nous proposons d'étudier l'action.
DEUXIÈME PARTIE
INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES. LELAIT ET LES IODURES ALCALINS
Une cirrhose estinstallée: le doute n'estplus
permis. Le
ven¬tre météorisé et légèrement ascitique,
les sinuosités bleues qui
commencent à se dessiner sur les côtés de
l'abdomen,
un peud'œdème malléolaire, un foie gros ou au
contraire légèrement
atrophié nelaissent aucun
doute.
Quelle estla conduite à
tenir?
Lapremière
indication est tirée de l'étiologie. Le malade est-
il atteint d'une diathèse quia
favorisé
ouprovoqué à elle seule
l'installation de la cirrhose?...A-t-il une maladie
dystrophiante
ou l'interrogatoire nous
permet-il de
penserà
uneirritation
permanente de son foie par
l'alcool
oule plomb?
Telles sont les questions
qui devront
nous occuperà l'examen
d'un cirrhotique et qui
deviendront la
sourced'autant d'indica¬
tions spéciales sur
lesquelles
nousn'insisterons pas. Nous rap¬
pellerons seulement que
l'arthritisme est regardé par Hanot,
comme constituant la base de toutesles
cirrhoses.
Aussi le traitement anti-arthritique est-il
souvent indiqué, et
Lancereaux a vulgarisé
l'emploi, dans la thérapeutique des cir¬
rhoses, de
l'hydrothérapie
soustoutes
sesformes : douches
écossaises, lotions froides, lotions
fraîches suivies ou non de
frictions sèches ou aromatiques et même
douches, lorsque le
malade est en état de les supporter.
On n'oubliera pas non plus
les cirrhoses goutteuse et diabéti¬
que, la cirrhosepaludéenne.
L'alcool, les aliments épicés, les
viandes, les poissons doivent
être bannis de l'alimentation. A ce propos, nous
rappellerons
— °22 —
que ce n'est point surtout l'alcool qu'ilfautincriminer, si l'on en
croit Lancereaux, mais bien les matières colorantes, les éthers,
les aldéhydes, les acétones qu'il contient et l'acide acétique qui
résulte de sa fermentation dans le tube digestif.
Et lorsqu'on aura fixé ces points d'une importance non dou¬
teuse, on se demanderaquelles sont les indications qui relèvent
de la cirrhose elle-même.
Celle quis'impose tout d'abord, c'est la résorption du tissu scléreux qui constitue la lésion et les symptômes disparaissent
enmême temps.
Maisnous savons combien il faut peu compter sur la dispari¬
tion de ce tissu de nouvelle formation; si elle a eu lieu dans la forme hypertrophique, ellene se produitguère dans lefoie atro-
phique où l'on a affaire à du tissu fibreux nettement organisé.
D'ailleurs, à mesure que la lésion rétrocéderait, la veine porte charrierait de nouvelles causes d'irritationparties de l'in¬
testin qui entretiendraient la lésion. Les substances alimentaires
introduisent, en effet, dans l'économie un grand nombre de mi¬
crobes et de toxines, tandis que d'autres poisons se développent
sur place dans le tube digestif. Ces derniers, Boix les a dénon¬
cés dans sa thèse. Le plus toxique pour la cellule hépatique
serait l'acide butyrique; puis les acides acétique, valérianique
et lactique,qui jouiraient du pouvoir de rendre aisément le foie scléreux.
Il faut donc donnerau cirrhotiqueunealimentationqui intro¬
duise dans sonintestin le moins possible de produits capables
d'irriter sonfoie, et dontle résidu, pauvre en matières fermen- tescibles, engendrera peu de poisons.
Il y a plus, le foie malade exerce moins sur les poisons le
rôle destructeur qu'il joue à l'état sain ; l'activité de la phago¬
cytose chimique bienvue parSchiff d'abord, puis parBouchard
etpar Boger est plus ou moins amoindrie et les produits toxi¬
questendentà passer dans l'économie sans êtretransformés.
Que les cellules soient gravement atteintes ; que lacitadelle,
presque réduite à sa charpente, n'ait plus que des défenseurs malades, dégénérés, et l'envahissement se fera ; des accidents
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graves
éclateront témoignant de l'insuffisance du foie, analogue
à l'insuffisance rénale qui se
produit
encore paraccumulation
de produits
toxiques.
Seulement, dans le
premier
cas,les produits toxiques entrent
dans le sang; dans
le second, ils
nepeuvent en sortir.
Qu'il s'agisse du
foie
oudu rein, une double indication se
présente
chaque fois
que cesorganes sont atteints d'une lésion
qui compromet
leur fonctionnement : diminuer la quantité de
poisons
introduits dans le tube digestif ou élaborés sur place et
éliminer ceuxqui sont dans
l'économie afin d'éviter leur accu¬
mulationet, par suite,
de
gravesaccidents.
C'est assez dire que
réduire
auminimum la quantité de poi¬
sons absorbés et fabriqués sur
place, c'est
nonseulement dimi¬
nuer les causes d'irritation du
foie, mais aussi retarder ou
empêcher
l'envahissement de l'organisme à travers l'organe
hépatique
malade,
pardes ennemis trop nombreux.
On va plus loin :
les produits nocifs qui ont pu traverser le
foie, on les élimine par une
diurèse abondante. On éliminera
aussi les produits
d'oxydation inférieure que le foie ne peut plus
transformeren urée; cardans
les cirrhoses, comme il est facile
de s'enconvaincre en lisant
quelques observations, le taux de
l'urée est souvent notablement
diminué.
C'est aussi dans le but de
prévenir l'insuffisance hépatique
résultant de l'altération graisseuse
des cellules que l'on a
recommandéauxcirrhotiques
(Le Gall), d'activer leurs combus¬
tions par
l'exercice respiratoire et le fonctionnement des mus¬
cles.
Enfinl'ascite, les œdèmes et
la circulation collatérale donnent
l'indication d'une déplétion
séreuse qui peut se faire, nous
l'avons vu, par trois
voies
:la ponction, la diurèse et la dériva¬
tion intestinale, cette dernière
étant bien inférieure aux deux
autres, et cependant
précieuse lorsque le rein est fermé, par
exemple dans le cas
de cirrhose du foie chez un brightique.
Telles sont les indications. Pouvons-nous
espérer les remplir
toutes parle lait et
les iodures ?
Toutd'abord, et c'est unechose
capitale lorsqu'il s'agit d'ins-
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tituer un régime, le lait, aliment complet, peut suffire à lui seul à la nutrition du cirrhotique; et, pourvu que ce dernier reste alité et accomplisse peud'exercice musculaire, l'équilibrenutri¬
tif n'est pas rompu et l'alimentation exclusive par le lait peut
être
longtemps
continuée.On n'oubliera pas toutefois que c'est à cette condition seule¬
ment qu'onpeut alimenterun malade, et, lorsqu'un cirrhotique
amélioré ou guéri depuis peu de ses symptômes voudra conti¬
nuer à suivre un régime tout en vaquant àses occupations, c'est
un régime mixte qu'on lui prescrira, de manière à suppléer à l'insuffisance du lait en substances hydrocarbonées ; on évitera ainsi de transformer le régime bienfaisant en « régime d'inani¬
tion ».
A cette condition, le lait estun aliment suffisant, mais aussi
un alimentprécieux; car, d'une digestion facile, il n'entretient point de troubles intestinaux, mais, au contraire, est le plus apte à les faire cesser.
Pris par petites quantités à la fois, il n'impose pas à l'organe hépatique, comme le font la plupart des aliments, des alterna¬
tives de congestion et de déplétion qui ne peuvent que lui être nuisibles.
Convenablement choisi, il introduit peu de principes toxiques
dans l'intestin. Bien plus, et sans doute grâce à la lactose, il
retarde la putréfactiondes albuminoïdesetdiminue laformation
et
l'absorption
de toxines dans le tube digestif. Le résidu qu'illaisse après digestion est minime et engendrepeu de principes
nuisibles au foie.
Cette triple propriété d'introduire peu de principes toxiques
dans l'économie, d'empêcher leur formation et leur absorption
dans l'intestin et de laisser un résidu alimentaire qui en engen¬
dre le moins possible, fait du lait l'aliment de choix dans les
cirrhoses, en même temps qu'il joue jusqu'à un certain point le
rôle
d'antiseptique.
Le travail que doit accomplir le foie dans la destruction des substances toxiques est donc réduit au minimum. C'est ce qu'il exprime sans doute en n'augmentant pas de volume après la
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— 25 —
digestioncomme
il le fait
avecles aliments chargés de toxines.
Malgré ce rôle
indirectement antiseptique du lait (puisque
sans détruire les germes infectieux et
les produits chimiques
nocifsil réduit leur production au
minimum), le foie, s'il est tant
soit peuatteint dansson
élément noble, laisse passer les produits
toxiques qu'il
détruit normalement.
L'insuffisance hépatiqne n'est pas
installée,
carle rein, tant
qu'il est
sain, élimine
cesproduits à
mesurequ'ils arrivent. Mais
que lefiltre
rénal soit
unpeualtéré,
quela quantité de produits
nuisibles s'accroisse rapidement et
des accidents
gravesqu'il
faut prévoir à tout moment
éclateront.
Aussi, bien que l'insuffisance
du foie
nesoit pas déclarée au
moment où nous espérons
guérir la cirrhose (et la guérison est
quelquefoisarrivée
malgré
uneinsuffisance manifeste de l'organe
hépatique), on doit
favoriser même
audébut de l'afiection l'éli¬
mination rénale des produits toxiques.
Ici le lait est encore précieux en
agissant
nonseulement par
son pouvoir diurétique,
mais
encore,comme l'ont démontré
Roger et Surmont, en diminuant
la toxicité des urines toujours
augmentée dansles cirrhoses.
Mais, lorsque non seulement
le foie est ouvert à l'invasion,
et que de son côté le
rein s'oppose à la sortie des poisons, le
danger est bien plus
grand
etle lait est encore le meilleur
médicamentà opposer à cette
double insuffisance.
Restent à traiterl'ascite et les œdèmes.
Grâce à son pouvoir
diurétique, bien démontré par ce fait
que la quantité d'urines
émises chez
unsujet mis au régime
lacté est supérieure à
la quantité de boissons ingérées, la ré¬
sorption se fait assez rapidement en
même temps que la circu¬
lation collatérale s'efface, que les
trouble digestifs diminuent et
quel'embonpoint tend à
revenir.
Sila cirrhose estde date récente et ces symptômes peu pro¬
noncés, l'amélioration est rapide et,
d'après Millard, d'après les
observations que nous citerons,
elle arrive
entrois semaines ou
un mois, quelquefois plus tôt.
Dans la forme
hypertropliique surtout, il n'y a point de réci-
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dives; mais même dans le type atrophique, on peut rencontrer des améliorations persistantes équivalant à des guérisons.
On a fait des reproches au régime lacté : HuchardetJaccoud,
tout en admettant les succès obtenus par son usage dans le trai¬
tement descirrhoses à ascite modérée, l'accusent de rester sans
effet et même d'être la source
d'inconvénients, lorsque l'épan-
chement est unpeu abondant.
C'est qu'en effet, dans le cas d'ascite assez prononcée, la compression des veines et des chylifères empêche l'absorption;
et, dans les cirrhoses où les origines intestinales de la veine
porte sont le plus souvent atteintes; où, en tout cas, la gêne
dans la circulation porte n'est que trop manifeste, il ne reste
comme agents d'absorption que les
lymphatiques
comprimés.Aussi on devra chercher, autant que le permettra l'état du malade, à provoquer par l'administration de drastiques ou par la paracentèse un commencement de perte séreuse; et, nous l'avons vu, l'action des diurétiques sera considérablement aug¬
mentée.
Si l'ascite se reproduit rapidement après évacuation, il faut douter de la curabilité de la cirrhose; mais le régime lacté n'en
est pas moins indiqué pour nourrir le malade etécarter les dan¬
gers d'auto-intoxication. C'est en faisant allusion à la possibilité
de cette dernière que Chrestien jette ce dilemme aux cirrhoti- ques : « Le lait ou la mort ».
D'ailleurs, le régime lacté, bien qu'on lui ait reproché de
n'être pas toujours accepté par les malades, est généralement
bien toléré.
On l'institue d'emblée, en quantité variant de3 litresà 3 litres et demi par jour (Huchard), ce qui représente à peu près la
ration d'entretien. On doit prendre le lait, dit le même auteur,
par très petite quantité à lafois, 100grammes toutes lesheures, absorbés par
gorgées tous les quarts d'heure. On évite ainsi la formation dans l'estomac d'un volumineux coagulum.
On peut le donner cru ou tiède, stérilisé depréférence, coupé
d'eau minérale ou d'eau de chaux selon les indications, sans apprêt ou aromatisé au gré du malade.
Dans certains cas où l'on voudra
obtenir
unediurèse plus
abondante, on pourra augmenter
la proportion de lactose ou
donner cette dernière en lavements
froids de préférence.
Enfin, pour imposer au
foie le moins de travail possible, il
sera utile de ne pas le sucrer et
de le dépouiller,
enl'écrémant,
des matières grasses qu'il
contient
En mêmetemps que le
régime lacté exclusif, on prescrira un
iodurealcalin dontle pouvoir altérant se
fera bien mieux sentir
s'il s'agitde tissu
embryonnaire.
L'iodure de potassium sera
donné,
non pasà dose massive
comme dans la syphilis, mais à
dose modérée, 0,50 centigr.,
1 gr. ou 2 gr. par
jour.
Ce médicament, utilisé avantLancereaux, a
été vulgarisé par
ce dernier dansletraitementdes
cirrhoses et, bien qu'il paraisse
avoir une réelle action sur
l'évolution du processus scléreux,
quelques auteurs se
sont montrés sceptiques à son égard : on ne
voit pas, en tout cas,
pourquoi
unmédicament qui possède une
action si marquée sur
les scléroses artérielles resterait impuis¬
sant dans les scléroses veineuses.
Pour éviter la toxicité plus
grande des sels
de potasse,
onpourrait, comme le conseille
Bouchard, utiliserl'iodure