FACULTÉ
DEMÉDECINE
ETDE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1902-1903 Mo ||5
EXTRAIT HÉPATIQUE
ET
AFFECTIONS DU FOIE
(Cirrliose atroplip, HprtropMp, Foie cardiaque)
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 20
Avril 1903
PAR
Ernest-Jean-Félix BARRIÈRE
Né à Bordeaux (Gironde), le 24 Juin 1876.
/ MM. FERRE professeur Président.
Examinateursde la Thèse •
S
ARNOZAN professeur....)
) RONDOT agrégé
|
Jwies.CASSAET agrégé.
6Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur le diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI, PAUL GASSIGNOL
91, Rue Porte-Dijeaux, 91
1 9 O S
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
I»UOFU$SJtiUltS
MM. M1GÉ )
DUPUY MOUSSOUS.
MM.
Pl. • . \ PICOT.
Clinique interne ^ PITRES DEMONS.
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Clinique externe....
Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
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ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
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histologie VJAULT.
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section demédecine (Pathologie intérim et Médecine
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Professeurs honoraires.
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Histoire naturelle ... GU1LLAUD Pharmacie FIGUIER.
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tale FERRÉ.
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Physique pharmaceu-
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Pathologie exotique. LE
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section des sciencesanatomiques et physioi.ouiquks „
JMM. GENTES. | Physiologie
MM- paohud
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HistoirenaturelleBh.lL.bh
section des sciences physiques .tdYitiy
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M. UUFUUi.
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MM. DUBREU1LH.
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Clinique desmaladiescutanées et
syphilitiques
Clinique des maladiesdes voies urinaires
Maladiesdu larynx, desoreilles etdu nez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements
Physiologie
pRINCETEAU
omT fi
Ophtalmologie nAPiFSlagrange.
HydrologieetMinéralogie
^
Le Secrétairede la Faculté:
LEMAIRE.
^Par délibération du 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les
opinions .^'^teurs,
Thèses nui lui sont présentéesdoiventêtre considérées commepropres a
qu'elle n'entendleur donner niapprobation ni improbation
A LA
MÉMOIRE
DE MESGRANDS-PARENTS
A MON
PÈRE
— AMA MÈRE
METS ET AMICIS
A mon Maître
MONSIEUR LE DOCTEUR
RONDOT
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHARGÉDU COURSCOMPLÉMENTAIRE DE PATHOLOGIE INTERNE
MÉDECIN DE L'HOPITAL SAINT-ANDRÉ
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A MONSIEUR LE DOCTEUR PICOT
PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DEL'INSTRUCTIONPUBLIQUE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE
DOCTEUR G. FERRÉ
PROFESSEUR DE MÉDECINE EXPÉRIMENTALE A LA FACULTÉ DE
MÉDECINE
DE BORDEAUX
DIRECTEUR DE L'iNSTITUT PASTEUR DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT-PROPOS
Au termede nos études médicales,,ce nous est un
plaisir
etundevoir de rendre ici hommage aux
maîtres qui
nousonttémoigné tant de sollicitude
et
nousont fait
ce quenous
sommes.
M. leDrDubourg nous reçut
dans
sonservice lors de notre
entrée à l'hôpital. Par lui, nous avons
aimé et compris la chirurgie.
Nous lui adressons nosplus vifs remerciements.
Tousceux qui ont passé
quelque temps auprès de M. le
Prof. Picot savent la valeur de ses savantes leçons
cliniques.
Nous serons bien loin d'être quitteenvers
réminent profes¬
seurlorsque nous l'aurons
assuré de notre profonde recon¬
naissance.
Nous garderons toujoursle
souvenir des mois passés dans
le service de M. le Prof. Démons. C'est avec le plus
grand
intérêtque nous avons suivi son haut
enseignement. Qu'il
veuille bien croire à toute notre
gratitude.
M. le Dr Moure nous a initié à l'étude de la
laryngologie.
Nousnepouvons quel'assurer
de notre entier attachement.
QueM. le Prof. Denigès accepte nos
remerciements pour
les conseils éclairésqu'il nous a
donnés et qui nous ont
permisde menerà bien une partie
de
cetravail.
M. le Prof, agrégé Rondot a été pour nousun
maître et un
ami. Parses avis, il a, dans une large
part, contribuéà notre instruction
médicale. C'est lui qui nous ainspiré le sujet
ée cette thèse inaugurale. Avec une
extrême bonne grâce,
ilnous a
toujours prodigué ses
conseils. Nous ressentons
Profondément ceque nous lui
devons.
L'affabilité de M. le Prof,
agrégé
Cabannes laisseradans notre espritune traceineffaçable.
Nous remercions sincèrement M. le Prof. Arnozan et M. le Prof, agrégé Cassaët d'avoir bien voulu fairepartie de notre
jury.
Pour la partie expérimentale de notre travail, M. leProf.
Ferré nous a ouvert les portes de son laboratoire; cen'est pas à ce point de vue seulement que nous lui rendons toute la reconnaissance due : c'est un grand honneurpour nous de lui voir accepter la présidence de notrethèse. Que M. le Prof. Ferréveuille bien croire quejamais nous n'oublierons cette marque debienveillante sympathie.
INTRODUCTION
«Extraire des liquides
de divers tissus, employer ces
liquides comme moyen
thérapeutique, voilà, dit Brown-
Séquard,
unevoie nouvelle, aride peut-être, mais au bout de
laquelle estun
but magnifique.
»Sinous marchons
courageusement dans cette voie, nous
arriverons à donner à ceux
qui souffrent
unmoyen de
défense de plus,
malgré les difficultés à plaisir accumulées
par les détracteurs que
rencontre toujours une tentative
première.
» Lechamp est immense,
offert à ceux qui porteront leur
effort dansce sens. »
Les expressions du
Maître témoignent d'un grand enthou¬
siasme pour la
méthode qu'il créa et, s'il est permis d'être
plus réservé,on peut,
toutefois,
penseravec juste raison que
l'opothérapie
seferafacilement
uneplace dans le traitement
de bien des maladies.
Les résultats des
expériences, résultats le plus souvent
favorables,donnerontpeu à peu
pleine confiance en la théra¬
peutique nouvelle.
Les élèves de la Faculté de médecine
de Bordeaux ont
toujoursété encouragés par
leurs maîtres à aller de l'avant.
Plusieurs d'entre eux se sont déjà
lancés dans la voie
signalée par
Brown-Séquard. Citons les noms: MM. les
Drs Brunet, étudiant le suc
pulmonaire
;J. Oraison, le suc prostatique;
Bestion, le sucovarien; Roques, le suc hépa¬
tique; Pouzol, ajoutant une
nouvelle contribution à l'étude
dusucpulmonaire, ont donnédes travaux
dont Futilité est
indiscutable,
Ces exemples étaient bons à
suivre.
- 12 —
M. le Dr Roques avait présenté des considérations sur
« l'extrait
hépatique
dansle diabètesucré». Cetextraitayant déjà
étéemployé
comme moyenthérapeutique
des maladies de foie, nous avons, conseillé par M. leProf, agrégé Rondot, entrepris des recherches complémentaires au sujet de l'action del'hépatine
dans le traitement des cirrhosesatrophique, hypertrophique,
et du foiecardiaque
Certes, la question a intéressé d'autres que nous. Ce sont MM. Gilbert,
Carnot, Spillmann, Démangé,
Galliard, Noëlet nos maîtres de la Faculté de médecine de Bordeaux :MM. Ferré, Arnozan, Rondot, Cassaët.
Cependant,
encouragé par nos professeurs, comptant sur leur appui, nous avons, malgré notreinexpérience,
écrit les pages qui vont suivre. En composantce travail, nous avonstoujours eu en vue l'intérêt supérieur du malade. Et si on
peut tirer
quelque
fruit de notre étude, nous serons pleine¬mentheureux et
récompensé
de nosefforts.DIVISION DU TRAVAIL
Notes
historiques.
Partieexpérimentale:
Chapitre
I. — Préparations de l'extrait de foie. Les pro¬priétés des diverses préparations. Considérations surleur emploi.
Chapitre
II. — Toxicité de l'extrait de foie.Chapitre
III. — Pouvoirthermogène
de l'extrait defoie.
Action de
l'extraitglycériné
sur l'hommesain.Partie
clinique.
Chapitre
I. — Observations.Chapitre
II. —Analyse
des observations. Action du traite¬ment. Résultats obtenus.
En somme,deuxparties formant ensemble cinq
chapitres,
le tout suivi des:
Conclusions.
HISTORIQUE
Hélait nécessaire, dans
cette étude, de faire un historique
résumé. La question
n'eut
pasété sinon complètement
traitée, du moins
consciencieusement étudiée, si on oubliait
de mentionner les travaux
marquants des auteurs qui se
sontoccupés
d'opothérapie
aupoint de vue qui nous inté¬
resse. Nous avons donc réuni des
notes brèves, mais, pen¬
sons-nous, suffisamment
complètes à ce sujet; voici ces
notes:
1896
(janvier), Société de thérapeutique, M. le Dr Vidal (de
Blidali).
Troisobservations de cirrhotiques guéris par l'inges¬
tion de foie de porc,
après insuccès du traitement habituel.
(Novembre);
dumême auteur. Une observation sans
résultat définitif. A la fin de la note
accompagnant l'observa¬
tion,le docteur Vidal se
demande si la pulpe de foie agit en
suppléant aux fonctions du
foie
ouamène simplement la
diurèse par action surle
filtre rénal.
1898,Congrès de
Montpellier, MM. Gilbert et Carnot. Rela¬
tant leurs essais
d'opothérapie hépatique, MM. Gilbert et
Carnot donnent les résultats suivants :
1°
uncirrhoti-
que non alcoolique,
ayant du délire, est traité par l'extrait
hépatique
et les troublescérébraux disparaissent; 2° un cirrhotique
est rapidementamélioré
parl'extrait de foie à
1exclusionde toute autre médication.
1899,Congrès de Lille, MM.
Spillmann et J. Démangé (de
Nancy).
Dans cinq casde cirrhose atrophique, trois de
cirrhose
hypertrophique,
unde foie cardiaque, traités par
1extrait de foie, lesauteurs ont
constaté des résultats favo-
râblesentouspointspourla cirrhose
atrophique
et desrésul¬tats moins bons quoique satisfaisants pour la cirrhose
hypertrophique.
Les auteurs insistent sur cefait que le trai¬tement ne doit pas être interrompu pour être efficace.Ils signalent en outre la facilité avec laquellelesmalades absor¬
bent l'extrait
glycériné
hépatique. Ils ajoutent aussi que l'étatgénéral ne doit pas être trop mauvais et le foie trop lésé afin de pouvoir répondre à l'excitation.1901, M. le Dr Mouras
(de Paris).
1° Un malade atteint de cirrhosehypertrophique
entre àl'hôpital
avec symptômes aigus d'ictère grave. Administration d'extrait hépatique : amélioration remarquable. On supprime le traitement:mort du malade qui refait de l'insuffisancehépatique. 2° Une femme
cirrhotique
est rapidement améliorée. Elle sortit del'hôpital
dix-sept joursaprès.1903, M. le Dr Galliard (de Paris). Société médicale des Hôpitaux, séance du 23 janvier: Guérison d'une cirrhose atrophique soumise in extremis à l'opothérapie
hépatique
(foie donné en nature).Tel est le résumé
chronologique
des travaux lesplus mar¬quants sur la
thérapeutique
des affections dufoie
par l'extraithépatique
ou le foie en nature. Dans notrepartie clinique
nous avons fait de larges empruntsà
cestravaux
et mis ainsi à profit les conseils deceux qui,
avant
nous, avaient porté leur effort sur l'étude du sujetqui
nous intéresse.PARTIE
EXPÉRIMENTALE
CHAPITRE PREMIER
Préparations de l'extrait de foie ; Propriétésdes diverses
préparations
;Considérations sur leur emploi.
Un extrait organique
qui
vadevenir médicament doit être
présenté dans les meilleures
conditions possible de garantie
scientifique.
Nousentendons
quel'importance de la prépara¬
tion estconsidérable.
«De celle-ci, écrit le
docteur Brunet, dépend non seule¬
mentlaconservation des
principes contenus dans les liquides
destissus, mais encore le
maintien de leurs qualités. »
Un choix judicieux
de l'animal qui fournira l'organe
nécessaireet une absolue rigueur
dans l'observation delà
technique
reconnue bonneet définitivement adoptée, telles
sontles conditions
indispensables
pourarriver au meilleur
résultat.
Ceciposé, àquel
animal
nousadresserons-nous pour obte¬
nirunextrait de foie
irréprochable ?
Les deux animaux
susceptibles d'être utilisés sont le bœuf
etle porc; lequel choisir
?
Dans la thèse du docteur Roques nous
lisons : « Nous
avonsacceptéle bœuf
employé
parles hôpitaux pour sim¬
ples raisons économiques
et contre lequel nous n avions
aucune prévention. »
Certes,
il est patent qu'onpeut obtenir de bonnes prépara-
tionsavec le foie de bœuf. Nous avons préféré le porc pour les raisons suivantes : un bœuf peut présenter toutes les apparences de la meilleure santé et cependant être tuber¬
culeux. « L'examenle plus attentif, dit le docteurBrunet, ne décèle pas ces tares tuberculeuses et il faut l'épreuvede la tuberculine pour révéler cette affection
chez l'animal».Ilest donc sage, a notre sens,
d'employer
un autre animal quele bœutpuisque
la chose est possible. On élimine ainsi la crainte de la terrible maladie qu'engendre le bacille de Koch.Le porc, en effet, est peu sujet à la tuberculose. Ses mala¬
dies les plus communes sont la ladrerie et lerouget, facile¬
ment mises à l'index par le service de
l'inspection
des viandes. Il n'y a guère de chances (du moins, dans les grandesvilles)
pour qu'un porc atteint des deux affectionsprécédentes puisse passer
inaperçu;
donc voiciunepremièreraisonjustificative de notre choix.
Le porc est omnivore ; son foie travaille forcément beau¬
coup etla sécrétionse trouveactivée. Par suite,un extrait de cet organe
doit, semble-t-il,
êtredouédepropriétéstrèsactives.Telles sont les raisons qui nous ont fait accepter leporc.
Nous avons l'animal ; comment, maintenant,
prélèverons-
nous
l'organe
qui nous est nécessaire?On recommande, en général, la plus grande
asepsie
:« Recueillir
l'organe
dans un vase aseptique,aseptiquement
bouché, laver le foie à l'eau stérilisée sitôt l'arrivéeaulabo¬ratoire ». Evidemment les précautions ne sauraientnuire;
l'asepsie
du vase est chose très utile, mais est-il bien néces¬saire de laver
l'organe
? Nous ne le croyons pas et pensons qu'en somme il suffit de mettre le foie dans un flacon stériliséetbouché,
puis de porter le toutau laboratoiresitôtque possible et là d'utiliser
l'organe
dans le plusbref délai.
La préparation
hépatique
peut être présentée soustrois
tormes : 1° extrait
glycérinê
; 2» extrait aqueux ;3° poudre
desséchée. Voici la
technique
que nous avons suivie pouî obtenirces différentes variétés.а)
Extrait glycérine.
—Prendre 20 grammes d'organe;
diviser en menus morceaux avec
des ciseaux stérilisés;
laissermacérer quinze
heures dans 60
grammesde glycérine
neutre à30°. Celaps
de
tempsécoulé, ajouter 120 grammes
d'eau stérilisée et laisser encore
macérer pendant demi-
heureou une heure. Onjette alors
liquide et
organe surun
linge qu'on exprimefortement
;le fîltratum coule dans le
filtre Chamberland auquel on a
adapté
unebougie F, à pores
moins serrés queceux
de la bougie B. L'extrémité de la bou¬
gie est
engainée
par untube de
verrestérilisé où devra
couler le
liquide
; onétablit
parla
pompeà air une pression
de6
atmosphères
;dans le ballon adapté au tube de verre
s'écoule leliquide.
б)
Extraitaqueux. — Lemodus operandi est à peu près le
même pour l'extrait aqueux;
seulement
onplonge directe¬
mentlesmorceauxde foie dans l'eau
stérilisée (120
grammespour20grammes d'organe) et on
laisse macérer seulement
uneheure, l'eau n'étant, pas comme
la glycérine un milieu
antiputrescible. Le produit
de la macération sera traité
exactement comme
précédemment le produit de la macéra¬
tion glycérinée.
y)
Poudresèche. —L'organerecueilli dans
unrécipient
stérilisé est finement divisé; la
pulpe ainsi obtenue est
mélangée
à du charbon végétal enpoudre,
enquantité suffi¬
sante pour foire une pâte
homogène qui est desséchée dans
le vide sulfurique. Le produit
desséché est pulvérisé et
tamiséau tamis no100,puis
mélangé à quantité suffisante de
lactoselavéeà l'alcool pour
obtenir le poids de l'organe frais
traité.On a ainsi une poudre
hépatique qui représente son
Poids de foie frais. Cette poudre
peut être présentée sous
tormede pilules enrobéesdans du
baume de Tolu, de com¬
primés ou de cachets quel'on
dose à 0
gr.25.
bisons ici que l'extrait
glycériné
etl'extrait aqueux, pré¬
parésainsi que nous l'avons dit,
représentent des solutions
au
dixième,
c'est-à-dire que 10 grammesde la solution
contiennent 1 gramme d'extrait. Le
mode de préparation de
- 18 —
la
poudre
sèche de foie nous aétéindiqué
par M. E. Bazin, pharmacienà Bordeaux.
Nous lui adressonsnos remercie¬ments à cetteoccasion, ainsi d'ailleurs qu'au sujet des indi¬
cations diverses qu'ilnous a données.
Nous venons de passer en revue les moyens d'obtenir les trois formes dela préparation
hépatique.
Etudions mainte¬nant ces trois variétés :
a)
Extrait hépatique glycérine.
— C'est un liquide deconsistance sirupeuse
(consistance
due à laglycérine)
et de couleurjaune orangé. L'extraitglycériné
est inodoreetdesaveur sucrée. La réaction est acide; la densité à -f-15o égale 1,0049.
Le docteur Noël (de
Nancy)
prétend que l'extraitglycériné
coagule à l'ébullition et que les matièresalbuminoïdes
coagulées sont de la sérine et des composés protéiquesana¬logues aux globulines,quele sulfatede
magnésie insolubilise
à froid.
Nous avons demandé à M. le Prof. Denigès de
reprendre
les expériences du
docteur Noël
et devoir si les résultats
obtenus corroboreraient ceux du docteur Noël. M.
Denigès
n'a pas obtenu les
matières albuminoïdes précédemment
signalées ; néanmoins, pour être complet, nousavons
tenu
à rapporter les
considérations du
docteurNoël.
Qu'on nous permette ici une courte
parenthèse
;nous
adressons nos meilleurs remerciements à M.
Denigès
pourl'amabilitéavec laquelle il a accepté de nous
aider dans les
recherches chimiques nécessitées par cette
partie de notre
travail,
Nous aurions voulu donner une analyse
complète de
l'extrait
glycériné analogue à celle
que nousdonnons plus
loin pour
l'extrait
aqueux. Nous avonsdû
yrenoncer a
cause desdifficultés que présentait cette
analyse, difficultés
dues à la
glycérine
qui masqueles réactions. Cependant
M. Denigèsa pu doser le glucose dans
l'extrait glycériné. La
proportionest de 0gr.
50
parlitre.
b) Extraitaqueux. —
Cette préparation est de consistance
— 19 —
absolumentliquide;
l'extrait est inodore et de couleur jaune
orangé; aucun goût (lasaveursucrée ayant forcément dis¬
paru);
réaction légèrement acide; densité à -f- 15o égale
1,0046.L'analyse
quantitative donne :résidu
sec,10
gr.40
par litre; — résidu fixe corrigé de la perte encholine,
1 gr.75
parlitre. Cerésidu fixe est formé de : chlorures en NaCl, Ogr.35 par litre;—
phosphates
etcarbonates, 1
gr.40
par litre. Le suc aqueux renferme en outre:urée, 0
gr.34
par litre; — sérine et globuline, 1 gr. 05. La réaction des sels biliaires est positive.L'analyse
que nous venons de donner estdue à M.Denigès;
cedernier a obtenu de plus des
cristaux de choline libre.
c)
Poudre desséchée. — Poudre jaune rouge lorsqu'ellen'est pas mélangée au charbon ; poudre noire quand le
mélange
a été fait; inodore et de saveur fade. Nous n'avonspas de renseignements au pointdevue
quantitatif
;les diffi¬
cultés
d'analyse
étaient plus grandes encore quecelles
ren¬contrées
lorsqu'il
s'agissait d'analyser l'extraitglycériné;
nous n'avons pu obtenir aucunedonnée
précise.
Voici examinées, dans la mesure du possible, les pro¬
priétés
physiques
et chimiques des trois préparationsde
1 extrait de foie. Il nous a paru intéressant de donner
quel¬
quesconsidérations surleur plus ou moins
grande facilité
de conservation.
L'extrait
glycériné
garde très longtempssalimpidité
;c'est
sansdoute à laglycérine,milieuantiputrescible,que
l'extrait glycériné
doit sa résistance à la putréfaction; nous avonseu sous les yèux un échantillon préparé il y a
six mois et
nousavons pu constater qu'il était parfaitement
conservé.
Lextrait aqueux bien préparé est aussi
susceptible de conservation.
Mais il faut apporterdegrands soins à la pré¬
paration ; avec des précautions on doit arriver
à obtenir
unliquide
qui ne setrouble pas.Tant qu'à la préparation sèche, elle est de
conservation
trèsdifficile,
malgré qu'on essaie de mettredeverssoi toutes
— 20 —
les chances; la poudre peut être infectée sans qu'il soit possible de s'en apercevoir
(à
moins de faire descultures).
Cette constatation nous paraît devoir être prise en grande considération, étant donné le danger qu'il yaurait à faire
absorber aux malades des poudres avariées.
Ceci posé, à laquelle des trois préparations allons-nous
accorder la préférence et dans nos expériences surles
ani¬
maux et dans le traitement des affections hépatiques par l'extrait de foie?
Disons de suite que nous avons choisi
l'extrait glycériné.
voici pourquoi :
D'abord, la
glycérine
dissout rapidementtoutes les parties
solubles par son
affinité
pourl'eau. Elle s'empare
avecelle
de tous les principes organiques et de tous
les ferments qui
peuventse trouver dans
le
tissu.Enfin, elle respecte les pro¬
priétés de ces ferments, comme en
témoignent les digestions
artificielles faites avec des extraits
glycérinés de pancréas
cinq ans
après
leur préparation.De plus, l'extrait
glycériné semble offrir toutes les garan¬
ties désirables et
paraît
avoir fait ses preuves ; sonemploi
longtemps
continué n'a donné jusqu'ici
quede bons effets.
Les malades à qui d'autres que nous ont
fait absorber des
préparations
glycérinées
supportentparfaitement cette
médication et s'en trouvent même si bien,
qu'ils n'atten¬
dent pas les conseils de leur médecin et
font d'eux-mêmes
descures d'extrait
glycériné,
non pouréviter des accidents
nouveaux maisla réapparition des
premiers accidents.
L'extrait aqueux exige
de
grandssoins
pourla garantie
desa conservation; il est certainement
inférieur à ce point
de vue à l'extrait
glycériné, l'eau n'étant
pascomme la gly¬
cérine un milieu antiputrescible. Donc,en
admettant que
l'extrait aqueux soit aussi riche en
principes actifs que
l'extrait glycériné,
il
noussemble logique d'accorder la
préférence à
celle des deux préparations qui présente le plus
de chancesde conservation.
Nous avons été amené à rejeter
complètement la p'oudie
— 21 —
defoieen raisonde
considérations qui s'appliquent à toutes
les
préparations de
cegenre.
Ledocteur Oraison écrit
dans le Bulletin de la Clinique de
Saint- Vincent-de-Paul les lignes
suivantes
:«En 1896, Bazy
avait observé des troubles digestifs chez
desmalades à qui il
avait fait absorber pendant un certain
tempsde la
poudre desséchée de prostate
;chez l'un de ces
malades ces troubles furent même assez
intenses
;la pré¬
paration exhalait une assez
forte odeur. Pour ma part, je
n'ai rien observé de semblable; cela tient
probablement à ce
que mes malades, tout en
prenant des doses assez élevées,
n'ont passuivi longtemps
la médication et aussi à ce qu'ils
prenaient des préparations
fraîches.
»Mais deux de ces malades que
j'ai
pusuivre ont présenté
des troublesdigestifs intenses,
consistant
enperte de l'appétit,
digestions
pénibles, diarrhées. L'état de l'un d'eux devint
même trèsalarmant. Il s'agissait
d'un homme de soixante-
cinq
ansqui suivait letraitement opothérapique par le suc
prostatique depuis près d'un an.Il était
assezamélioré. Mais
quandje le vis, il ne mangeait
plus,avait
unediarrhée à peu
prèscontinue depuis un
mois; l'amaigrissement était consi¬
dérable,
la perte de forcess'accentuait tous 'les jours, la ten¬
danceà la syncopeétaitpresque
constante et le malade se
trouvait dansl'impossibilité
d'exercer
sonmétier. Sur nos
conseils, il abandonna la médication et
les troubles dispa¬
rurent.
»A ce propos, je ne pus
m'empêcher de penser aux
malades deBazy et je me
demandai quelle pouvait être la
causede ces phénomènes; comme,
d'autre part, j'avais trois
nouveaux malades en traitement
depuis
presqueaussi longtemps
que ces deux derniers et que cesmalades pre¬
nant de l'extrait
glycériné
neprésentaient rien d'anormal,
Je pensai à une intoxication due à l'ingestion
de poudre
altérée du fait de sa
préparation ancienne. Le temps me
manqua pour contrôler le fait toutde suite
et je
mebornai
a renoncer momentanément au traitement
organique,
en attendantde pouvoir faire desétudesnouvelles.
- 22 -
» Entre temps le docteur Viala fît des recherches avec M. E.Bazin,
pharmacien,
au sujet de la conservation despréparations
sèches d'organes. Ces recherches vinrent confirmer mon idée d'intoxication parabsorption
de subs¬tances avariées, en démontrant que ces préparations se conservaient un temps très court.Au surplus, tous les tubes ensemencés par les expérimentateurs avec des préparations sèches de fabrications diverses ont cultivé.
» En somme, les malades prenant des préparations sèches
se trouvent dans les mêmes conditions que les gens qui absorbent des mets avariés avec des moisissures et des microbes divers. Il ne peut en résulter qu'une intoxication plus ou moins rapide et plus oumoins grave; ceci justifie l'abandon qu'on doit faire des
préparations
sèches. »Nous avons personnellement
interrogé
M. Bazin au sujet des recherches qu'il avaitfaites sur les poudres organiques.Il nous a confirmé ce qu'écrivait le docteur Oraison et a
ajouté :les poudres
d'organe
qu'on ne doit employerqu'à
défaut des préparations glycérinées ou, au besoin, aqueuses, sont d'une conservation extrêmement difficile. Malgré que j'aieapporté de grands soins dans leur préparation,
je n'ai
pas pu arriver à des résultats dontj'aie lieu d'être
satisfait.
G'estauxproduitsde décomposition
decespoudresplutôt qu'à
la toxicitédel'organequedoivent être attribués les
accidents
qu'elles provoquent.Nous n'ajouterons rien à ce qu'on vient de lire.
Nous
dirons simplement que, appliquantles données
précédentes
à la
préparation hépatique
en tant quepréparation sèche,
nous avons éliminéla poudre de foie de nos
expériences.
CHAPITRE II
Toxicité de l'extrait de foie.
Noussavons maintenant comment on prépare
l'extrait de
foie etquelles sont ses
propriétés physiques et chimiques.
Ces données acquises,
puisque
nouscherchons la valeur thérapeutique
de l'hépatine, uneétude s'impose tout d'abord:
celle de la toxicité. De cette étude, en
effet, résultera
unimportant
renseignement: nousentendons la possibilité de
déterminer plus tard pour nos
besoins cliniques les doses
quipourront être administrées sansdanger pour
le malade
etlui
faciliteront,
si possible,la guérison.
Voicid'abord ceque dit Roger dans sa
communication à
laSociété de
biologie,
en novembre1896. Nous citons textuel¬
lement: « Les extraits de foie se sont montrés toxiques
lorsqu'on
lesa injectés à des doses assezélevées. Ainsi,
avec des extraits de 28 à 42 grammes defoie (14 à 20
parkilo¬
gramme)
les animaux succombent presquetous
enquelques
heures. A la fin de l'injection, ils
semblent
presquetous
anéantisetne se meuventqu'avec
peine. Les pupilles se rétré¬
cissentetdeviennent bientôt
punctiformes. Puis
aubout de
nneheure ou deux se
produit
unediarrhée très abondante ;
larespiration s'accélère. La
prostration augmente et la mort anive,parfois
précédée delégères convulsions
;à l'ouverture
du
thorax,
on constate que le cœurcontinue à battre et que
le^angqu'il renfermeest
liquide.
»V lasuite de ces lignes de Roger,il nous
paraît intéressant
de rapporter les expériences de MM.
Brown-Séquard
et d'Arsonval surle même sujet.1° 13 octobre 1891. Lapin de 1.840 grammes. Injection dansla veine auriculaire du sucdu foie d'unjeune cobaye, délayédans5 centimètres cubesd'eau distillée.
15 octobre. L'état de l'animal injecté le 13octobre est le suivant:
respiration 152, cœur232, poids 1.950 grammes,
17 octobre. Respiration 156, cœur240, poids 1.900grammes.
20 octobre. Respiration 84, cœur 186, poids 1.810grammes.
22 octobre. Respiration 96,cœur192,poids1.720grammes.Diarrhée.
24 octobre. Respiration 96, cœur 192, poids 1.500grammes.Animal
trèsfaible.
2° 13 octobre 1891. Lapin de 2.220 grammes. Injection dans la
veine
auriculaire du suc d'un foiede cobaye de trois mois, délayé dans7cen¬
timètrescubesd'eau distillée avec2centimètres cubes deglycérine.
15 octobre. Respiration 96, cœur 180, poids 2.200 grammes.
17 octobre. Respiration 88, cœur200. poids 2.100.
20 octobre. Respiration 92, cœur 160, poids 2.100grammes.
22 octobre. Respiration 88, cœur208, poids 2.070grammes.
24 octobre. Respiration 88, cœur206, poids 1.858grammes.
Diarrhée
etfaiblesse trèsmarquée.
Dans les expériences de
Brown-Séquard
etd'Arsonval la
quantité et la composition du liquide
injecté n'ont point été
suffisantes pour tuer l'animal, mais l'inoculation a
permis
d'obtenir un état général grave, marqué
surtout
parune
énorme perte de poids en dix jours (450 grammes
chez le
premier lapin; 362 grammes pour le second),
ainsi
quepar
la très grande faiblesse constatée en définitive.
Personnellement,
nous avons institué une séried'expé¬
riences à l'aide de l'extrait
hépatique glycériné et de l'extrait
aqueux. Bien que n'ayant pas employé ce
dernier dans la
pratique, au point devue du traitement des malades,
comme,
en définitive, il est susceptible de pouvoir
être utilisé a
défaut de l'extrait
glycériné,
nous avonsdéterminé
satoxi-
cité. Nous n'avons rien
entrepris
avecla poudre de foie
;nous avons fait justice
de cette dernière dans le précédent
chapitre, et
les raisons
que nousavons données comme
devantdéterminer son abandon nous
semblent suffisantes
pour que nous nous soyons
abstenu de toute expérimenta¬
tionà son sujet.
Détermination de latoxicité de l'extrait
glyeériné.
Dans cetextrait il y a de
l'eau, de la glycérine et des prin¬
cipesorganiques provenant
du foie. Il était nécessaire, par
suite, de faire des expériences
portant
surla toxicité delà
glycérine, carcelle-ci
pouvait parfaitement être la cause de
la toxicité de l'extrait
hépatique* glyeériné. Toutefois, il
fallait,pour que les
recherches fussent probantes, que les
solutionsd'eauglycérinée dont on
allait
seservir renfermas¬
sent unequantité de glycérine
égale à la quantité de glycé¬
rine contenue dans les solutions d'extrait hépatique
glyeé¬
riné. Or ces dernières contiennent 1/10 de
glycérine, donc
nous devions user d'eau
glycérinée contenant 1/10 de gly¬
cérine.
Ceci posé, voici comment nousavons
conduit notre expé¬
rimentation :
Nous instituons deux séries (deux
animaux dans chaque
série). Dans la première série, on
injecte à
uncobaye 10 cen¬
timètres cubes d'eau glycérinée par
500
grammesd'animal,
etàunautre 10 centimètres cubes d'extrait hépatique
glyeé¬
riné pour le mêmepoids d'animal.
Dans la deuxième série, les
quantités de liquide injecté
(eau
glycérinée ou extrait hépatiqueglyeériné) ont été por¬
tées à 20centimètres cubes par 500grammes
d'animal.
Cour les inoculations, nous avons
procédé
commeles doc¬
teurs Brunet et Oraison qui,
dans leur technique, avaient
suivi les conseils de M. le Prof. Ferré.
Nous avons pratiqué toutes nos
injections dans le tissu
titulaire souscutané de la peau
du ventre
avecune serin-
- 26 -
gue etuneaiguille ayant bouilli pendant un quart d'heure.
De plus, on coupait aux ciseaux le poil à l'endroitoù devait porter l'injection etcette place était lavée avec une éponge imbibéede sublimé acide à 10 %• Les
précautions
antisepti¬ques étaient prises pour boucher et déboucherles flacons contenant lesliquides
d'injection
; l'opération dubouchage
et du
débouchage
ne se faisaitqu'à l'aide du bec Bunsen.Les deuxséries instituéesse composent de quatre
cobayes.
Nous
désignerons
ceux-ci par les lettres A, B, C, D.La première série est constituée par les
cobayes
A et C. La seconde parlescobayes
Bet D. Voici les observationscomplè¬tes des animaux : .
SÉRIE
IExpérience I. CobayeA.
29janvier 1903. Poids de l'animal, 600 grammes. Injection de 12
centimètres cubes d'extrait hépatique à trois heures et demie après midi. Température initiale 37,4. L'injection faite, l'animal reste quel¬
ques instants sans bouger, puis reprend son allure normale. Uneheure
etdemieaprès la température estde 37,9.
30 janvier. L'animalest vif; il a mangé parfaitement la nourriture qu'on lui aapportée le matin ; la température est de 37,7 le matin à
dix heures ; à quatre heures et demiesoir, elleest de 37,8.
31janvier. L'animal va très bien. Température : à dixheures
matin,
37,5 ; soir, 37,7.1er février. Excellent état. Température : matin, 37,2;
soir, 37,5,
soit à peu près la température qu'avait le cobaye le jour où
fut faite la
première injection. Ilestà remarquer que l'animal n'aeude
diarrhee
à aucun moment et qu'il n'a jamais manifesté d'inappétence.
Nous
avons observé l'animal pendant quinze jours, à dater du 1er
février; les
températures ont varié entre 37° et 37,5 du matin au soir; aucun
amaigrissement,
aucune eschare à l'endroitopéré.— 27 -
Expérience II. Cobaye C.
Poids del'animal, 400 grammes.
Injection de 8 centimètres cubes
d'eauglycérinée à trois heures et
demie après midi.
L'animal s'ébroue sitôt
l'injection faite
etcourt dans
uncoin de la
cage.Température initiale 37,3. Une heure et
demie après la tempé¬
ratureestde37,4.
30janvier.Température : dix heures matin,
37
o ;soir. 37,5. Animal
vivace.
31janvieret1er février. L'état ne change pas. Les
températures
se maintiennent entre37° le matin et37,5le soir. Aucunediarrhée, aucun amaigrissement.Du 1er au 15 février, le cobaye est
observé
;il continue à
nerien
présenterd'anormal, nemaigritpas et ne porte aucune trace
d'eschare
opératoire.
SÉRIE
IIExpérience III. Cobaye B
Poids,500 grammes. Injection de 20
centicubes d'extrait hépatique
glycériné à trois heuresetdemieaprès midi.
Température initiale 37p.
Sitôt
l'injection
faite, l'animalse tapit dans un coinde
sa cageet
reste 'omplètement immobile, il semble anéanti. Nous essayonsde le faire dianger
deplace : il se meut avec peine, puisreprend
sonimmobilité,
^ousrevenons une heureetdemie
après,
l'animal
esttoujours immo¬
le;lespupilles sont rétrécies; on dirait que le cobaye
est engourdi
i'a! un
narcotique. La température à ce moment est
de 35,5. Nous
quittons1animal que nous revoyonsà six heures
du soir
; satempéra¬
is estalors de 35°. Le lendemain l'animalestmort ; c'était un
cobaye
femelle.A 1autopsie, nous trouvons le foie décoloré, le cœurgros,les
i"Juinonscongestionnés; on a un utérus gravideavec
fœtus
nondécollés,
reinssontdécolorés.
Expérience IY. Cobaye D
Poids, 700grammes. Injection de 28 centimètres cubes d'eau glycé-
rinée. Sitôtaprès l'inoculation, l'animal demeure immobile un temps plus long quele Cobaye C qui a été inoculé à l'eau glycérinée;I) est certainement plus fatiguéqueC, car ila reçu 20 centimètres cubes de solution de plus que C et il a fallu piquer l'animal à deux reprises.
Mais quelques instants après, environ dix minutes, il a repris son allure normale. Température initiale 37,3; une heure et demie après elleestde 37,5.
30janvier matin. Animal vif, mange bien la nourriture qui lui est présentée. Température37o ; soir, 37,2.
31 janviermatin. Température37,1 ; soir, 37,4.
Nous observons l'animal du 1er au 15 février et nous nevoyons à signalerque la production d'une légère eschare auxpoints opérés.
De ces deux séries
d'expériences,
nous pouvionsdéjà
conclure ceci :
1° La glycérine nesaurait être incriminée dans la toxicité
de l'extrait
hépatique
glycérine ; l'animal injectéà l'eau gly¬
cérinée
(20
centimètrescubes par500grammes) n'arien pré¬
senté d'anormal alors que le
cobaye
qui a reçu20 centimè¬
tres cubes' pour 500 grammes d'animal d'extrait
hépatique
glycériné est mort.2o La solution d'extrait
hépatique glycériné
quenous
avons
préparée
est toxique à la dose de 20centimètres cubes
par 500grammes d'animal, soit à 40 centimètres
cubes par
kilogramme ; à 10 centimètres cubes par500 gramme>
d'animal elle n'est pas toxique.
Voulant toutefois être bien sûr que
l'état de gravidité de
l'utérus clu
Cobaye
B n'avait pas été une causeadjuvante
dans la mort de cet animal, nous avons
recommencé 1 expé¬
rience exactement dans les mêmes conditions sur un
autre
cobaye.— 29 —
Expérience V
20centimètres cubespar 500 grammes
d'animal
;poids du cobaye
400 grammes.
Quantité injectée, 16 centimètres cubes. Température
initiale 38°. Les mêmes phénomènes
observés
surle Cobaye B se repro¬
duisent; latempérature, une
heure et demie après l'injection, est tombée
à34,3. A sixheures du
soir, elle n'est plus
quede 33° et, le lendemain,
noustrouvonsl'animalmort. Autopsie :
cavité péritonéale remplie de
liquide; poumons
congestionnés;
cœurcontenant des caillots volumi¬
neux;foiedécoloré,
ainsi
queles reins.
11nepeut y avoir
de doute
;la mort est bien due à l'injec¬
tion d'extraithépatique
glycériné. Nous concluons donc à la
toxicité de cet extrait à 40centimètres
cubes
parkilogramme
d'animal.
Pourlimiter ladose toxique, nous avons
fait l'expérience
suivante.
Expérience YI
Nous avons institué, lé 15février, une
série à 15 centimètres cubes
d'extraithépatique glycérinépar
500
grammesd'animal.
Un cobaye du poids de 350 grammes a
été employé. Nous avons
injecté12centimètrescubes. L'animal a trèsbien
supporté l'inoculation.
Latempérature initialeétait de 38o. Une
heure et demie après on avait
38,4; lelendemain matin37,7; lesoir 38°. Les
jours suivants l'animal
allait bien et mangeait bien.
Cependant, le 25 février, nous avons
constatéunléger amaigrissement;
l'animal
nepèse plus que 335 gram¬
mes en chiffres ronds. Le 4 mars, ilest revenu
à
sonpoids initial, à
1ou2 grammes près.
Détermination de la toxicité de
l'extrait
aqueux.L restait, pour remplir le programme
que nous nous
sommes imposé dans ce chapitre,
à déterminer la toxicité
de 1extrait aqueux. Voici expériences