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LA MALADIE DE BASEDOW COMPLIQUANT LE TRAITEMENT PAR INTERFÉRON DE L’HÉPATITE CHRONIQUE C

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Academic year: 2022

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Maroc Médical, tome 25 n°3, septembre 2003 197 Résumé : Les interférons sont des protéines induites naturellement par le système immunitaire. Ils ont des manifestations biologiques et parfois cliniques d’auto-immunité. Parmi ces manifestations l’apparition d’anticorps dirigés contre la thyroïde et l’émergence de dysthyroïdies notamment la maladie de Basedow. Nous présentons un cas d’une femme suivie pour une hépatite chronique C sous bithérapie (Interféron et Ribavirine) et qui a développé une hyperthyroïdie avec goitre. L’arrêt du traitement antiviral et l’administration d’antithyroïdiens de synthèse ont été suffisants pour traiter cette affection. Cette maladie peut être favorisée par des facteurs notamment l’âge, le sexe, la présence d’anticorps antithyropéroxydase. Le virus C peut être responsable de dysthyroidie. Le tableau clinique et biologique est proche de la maladie de Basedow spontanée.

Nous insistons sur la surveillance clinico-biologique du traitement par interféron de l’hépatite C.

Mots-clés :hépatite chronique C- interféron - maladie de Basedow.

I. Sassenou, A. Benkirane, N. Amghar, S. Berady, M. Hachim, F. Toulone, M.I Archane.

Abstract :The interferon is naturally induced proteins by the immune system. They have biologic and clinical demonstrations of auto–immunity. Among these demonstrations thyroid anti–body apparition and emergence of dysthyroidism notably the Graves disease.

We presented a case of a woman followed for a chronic hepatitis C. Her treatment was interferon and ribavirine and that developed a hyperthyroidism.The stop of the antiviral treatment and the administration of anti tyhyroid of synthesis were sufficient to treat this affection. It can be encouraged by factors notably age sex and presence of TPO antibody. The C virus can induce dysthyroïdism.

The clinical and biological symptom were similar to the spontaneous Graves disease.

The follow up of interferon therapy for chronic hepatitis C was very important.

Key-words :chronic hepatitis - interferon - graves disease.

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Tiré à part : I. Sassenou, Service de médecine A, Hôpital Militaire d’Instruction Med V, Rabat, Maroc - Email : sassenoui @hotmail.com.

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Fait clinique

La maladie de basedow compliquant le traitement par interféron de

l’hépatite chronique C.

Graves disease secondary to interferon therapy for chronic

hepatitis C.

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198 Maroc Médical, tome 25 n°3, septembre 2003 La maladie de Basedow compliquant le traitement par interféron de l’hépatie chronique C. I. Sassenou et coll.

Introduction

Les interférons sont des protéines produites naturellement par le système immunitaire. Initialement une activité antivirale leur a été reconnue, par la suite plusieurs interférons ont été mis en évidence et de nombreux effets sur le système immunitaire démontrés. Trois familles d’interférons sont connues: alpha, bêta, et gamma, leurs effets immunorégulateurs les ont fait proposer comme agents thérapeutiques dans diverses affections, en particulier cancéreuses et virales [1].

Au cours des traitements par l’interféron, des manifestations biologiques et parfois cliniques d’auto-immunité ont été décrites. Parmi ces manifestations l’apparition d’anticorps dirigés contre la thyroïde et l’émergence des dysthyroïdies tiennent une place importante notamment la thyroïdite de Hashimoto, plus rarement la maladie de Basedow. C’est à ce propos que nous présentons une observation de cette maladie induite par l’interféron α.

Observation

Mme B.N âgée de 42 ans, mariée et mère de cinq enfants.

Dans ses antécédents on notait la notion de transfusion sanguine il y a 10 ans pour avortement, des soins dentaires, des injections par des seringues en verre, et une cholécystectomie pour lithiase vésiculaire il y a 3 ans; mais il n’y avait pas d’antécédents familiaux thyroïdiens.

La malade avait présenté un an avant son hospitalisation une douleur de l’hypochondre droit, des vomissements, une asthénie et des polyarthralgies, dans un contexte d’amaigrissement de 8 kg en 5 mois, ce qui avait fait découvrir une hépatite C pour laquelle elle a été hospitalisée où le bilan était en faveur d’une hépatite chronique C avec présence de l’Acide Ribonucléique virale dans le sang, une cytolyse modérée à deux fois la normale, et une échographie abdominale normale.

La ponction biopsie du foie retrouvait une hépatite chronique active avec un score de Métavir à A2 F1, et un score de Knodell à huit.

Le bilan pré-thérapeutique notamment la fonction rénale et les hormones thyroïdiennes (FT3, FT4 et TSHUS) étaient strictement normales. La malade a été traitée par bi- thérapie : Interféron (α, 2 b) à la dose de 3 millions trois fois par semaine en injection sous cutanée et la Ribavirine 200 mg à la dose de cinq comprimés par jour.

Après 4 mois de traitement, la malade avait présenté une douleur angineuse, une dyspnée stade deux et une douleur cervicale antérieure dans un contexte d’asthénie et de nervosité.

L’examen clinique a retrouvé une tachycardie sinusale à 130 battements/minute, un goitre diffus homogène avasculaire, sans adénopathies et sans atteinte oculaire ou dermatologique. La radiographie pulmonaire était normale. L’électrocardiogramme

a retrouvé des ondes T négatives en antérieur étendues et aplaties en inférieur. L’échographie cardiaque a retrouvé des cavités cardiaques de dimensions normales, la contractilité globale et segmentaire du ventricule gauche était correcte, mais avec une hypertrophie modérée symétrique du ventricule gauche.

Le bilan thyroïdien a mis en évidence une hyperthyroïdie avec FT4 à 35 pmol /l (N = 12-22 pmol/l), FT3 à 10 pmol/l (N= 2,80-7,10 pmol) et TSHUS effondrée à 0,005 (N = 0, 27 - 4,20 microU/ml). La scintigraphie thyroïdienne à 123I a objectivé une hypertrophie modérée du corps thyroïdien de contours réguliers, de fixation globalement intense et homogène.

L’échographie thyroïdienne a retrouvé un goïtre avec deux nodules l’un iso-échogène de 1 cm de diamètre et l’autre hypoéchogène de 7 mm de diamètre du lobe droit.

Devant, ce contexte le diagnostic de maladie de Basedow a été retenu. On a donc procédé à l’arrêt de la bi-thérapie et on a commencé le (Basdène®) 5 mg à raison de 12 comprimés associé à l’Avlocardyl 40 mg à raison d’un demi-comprimé deux fois par jour. L’évolution clinique et biologique était émaillée par l’apparition d’une hypothyroïdie contrôlée au bout d’un mois par la L thyroxine (Lévothyrox ®).

Discussion

La fréquence des dysthyroïdies retrouvées dans la littérature est variable, elle est de 5 à 12 % chez les malades traités pour hépatite chronique C [2,3].

Les hyperthyroïdies sont plus rarement retrouvées que les hypothyroïdies. La maladie de Basedow est encore plus rare, en effet dans une étude faite par Jourdain [4] un cas est retrouvé sur 28, alors que dans une autre étude faite par Mekkakia [5] parmi 300 cas d‘hépatite chronique C, huit cas d’hyperthyroïdie et aucun cas de maladie de Basedow.

L’âge moyen de survenue de la maladie de Basedow spontanée est identique à celui des formes iatrogènes. Elle survient exclusivement chez la femme [6,7,8], ce qui est retrouvé dans notre cas. Le tableau clinique est similaire dans la forme spontanée que celle induite par l’interféron, ce qui est le cas de notre patiente. Les délais d’apparition des anomalies thyroïdiennes s’étendent de quatre semaines après le début du traitement par interféron jusqu’à huit mois.

Dans notre cas ce délai était de quatre mois. Les facteurs prédictifs de survenue de ces anomalies sont le sexe, l’âge et la préexistence d’une dysthyroidie et/ou d’anticorps antithyroïdiens en particulier le titre des antithyropéroxydases qui revêt un caractère discriminant; en effet un taux supérieur ou égal à 18 UI/l est associé à un risque significativement accru de survenue de dysthyroidie [9, 1,10]. Le dosage de ces anticorps n’a pu être réalisé chez la malade. Aussi le virus C peut être responsable en lui même d’atteinte

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Maroc Médical, tome 25 n°3, septembre 2003 199 La maladie de Basedow compliquant le traitement par interféron de l’hépatie chronique C. I. Sassenou et coll.

thyroïdienne rentrant dans le cadre de manifestations dysimmunitaires et auto- immunes [11,12]. Par contre le type, la dose et la durée du traitement par l’interféron ne semblent pas influencer la survenue de dysthyroïdie [8].

Sur le plan thérapeutique [13], la maladie de Basedow induite pat l’interféron a impose l’arrêt du médicament et l’introduction des antithyroïdiens de synthèse avec un traitement le plus souvent par 131I dès que possible, vue l’hépatotoxicité des antithyroïdiens de synthèse chez ces malades porteurs d’hépatopathie chronique. Dans notre cas, l’interféron a été arrêté et le (Basdène®) introduit pendant 18 mois. Pour raisons techniques l’irathérapie n’a pu être réalisée.

L’évolution clinique et biologique est généralement favorable, chez notre patiente elle a été marquée par la survenue d’une hypothyroïdie, ce qui a nécessité une réduction de la dose des antithyroïdiens de synthèse et l’introduction de la L thyroxine. La réintroduction de

l’interféron pour traiter l’hépatopathie nécessite une surveillance étroite car il y a risque de réapparition de la thyréotoxicose [14]. Chez notre malade, cette réintroduction a été récusée. Après un recul de trois ans et sous contrôl clinique, biologique et échographique, l’état de l’hépatopathie est resté stationnaire. Dans les cas similaires, l’évolution de l’hépathopathie est indépendante de son association avec une dysthyroidie.

Conclusion

A la lumière de cette observation, il ressort que malgré la rareté de la maladie de Basedow secondaire au traitement par interféron de l’hépatite chronique C, son dépistage, à l’instar des autres dysthyroidies, doit être systématique lors du traitement par interféron, ceci par la réalisation avant le traitement d’un bilan thyroïdien associé au dosage des anticorps antithyropéroxydases.

Références

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14. Huet D, Entremont A, Hautecouverture M. Maladie de Basedow sur interféron pour hépatite C. Rechute sous forme d’ophtalmopathie Basedowienne après réintroduction de l’interféron. Presse Med. 2000 jan 22; 29(2):82.

Références

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