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«Sortir» du nucléaire ?

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Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

30 mars 2011

actualité, info

point de vue

La catastrophe de Fukushima sera- t-elle, un quart de siècle plus tard, pire que celle de Tchernobyl ? A l’heure où nous écrivons ces lignes, rien ne permet de prédire quelle tournure prendront les événements dans cette région du Japon par ailleurs confrontée au double dé- sastre d’un tremblement de terre d’une magnitude extrême et d’un gigantesque tsunami. Rien ne per- met certes de prédire mais rien n’interdit d’observer l’évolution de la situation ; à commencer par les conséquences – réflexes de cette catastrophe dans les opinions pu- bliques des pays qui, au fil du temps, se sont dotés d’une indus- trie nucléaire civile pour assurer une fraction plus ou moins large de leurs besoins énergétiques.

C’est tout particulièrement le cas de la France où la controverse est pour l’essentiel alimentée par les opposants délibérés à cette indus- trie dont beaucoup sont réunis sous la bannière d’un «réseau» in- titulé «Sortir du nucléaire». C’est là une formule qui vaut pour sa clarté mais qui, incidemment, in- cite à se demander comment nous sommes «entrés» dans ce nucléaire.

La question de fond n’est pas sans intérêt qui renvoie à celle de la démocratisation des choix énergé- tiques d’un pays. A dire vrai, cette interrogation est assez neuve et se pose avec d’autant plus d’acuité que l’«atome» et le «nucléaire»

font généralement peur. Qui se souvient des vertus de la radio-

activité utilisée à des fins diagnosti- ques ou thérapeutiques, de la mé- decine nucléaire, quand on apprend qu’une centrale con tamine les hom- mes et l’environnement ? Durant des siècles, personne n’a posé la question de savoir s’il fal- lait associer au plus près le citoyen aux choix énergétiques. On a cons- truit des moulins (à vent ou à eau), échafaudé des barrages, exploité des veines de charbon, pompé des masses considérables d’hydro- carbures sans jamais rien deman- der au peuple. Il en allait de la croissance générale, du dévelop- pement industriel et économique ou, plus généralement, de ce qui était perçu comme étant de l’ordre du progrès. Tel n’est plus le cas avec le nucléaire qui ramène au- jourd’hui l’énergétique dans le champ du politique. On peut s’en réjouir ou le regretter mais c’est une nouvelle donne, de taille, que met clairement en lumière les tristes fumées s’échappant de Fukushima et les courageux «li- quidateurs» dont certains sont sans doute promis à la «maladie des rayons».

Pour l’heure, les partisans du tout nucléaire se font assez rares dans les espaces publics quand leurs adversaires – souvent issus des rangs de l’écologie – ne cessent de claironner la justesse de leurs cer- titudes. A mi-chemin des deux camps, on trouve ceux qui jugent nécessaire, indispensable, l’orga- nisation de débats – des «Etats

généraux» – au cours desquels les citoyens viendraient s’informer, réfléchir aux bénéfices et aux ris- ques, aux multiples enjeux d’un tel dossier. Il y a également ceux, plus radicaux, qui préconisent l’organisation, en urgence, d’un référendum faute de pouvoir dé- cider d’une votation.

Tout cela est bel et bon qui témoi- gne d’une certaine vitalité démo- cratique. Mais comment ne pas voir, d’emblée, les limites d’un tel exercice ? Il faut ici compter avec la durée de vie des centrales aujour-

d’hui en service et de l’ensemble de l’infrastructure des réacteurs de la prochaine génération. Il faut aussi – il faut surtout – réfléchir à ce qui pourrait prendre la place de ce nucléaire dont on estime qu’il comporte plus de risques sanitaires que de bénéfices énergétiques.

Point n’est besoin d’être spécialiste pour connaître les termes de l’équa- tion : ce sera soit le charbon, soit les énergies renouvelables. Or le premier renvoie à la problématique bien connue du réchauffement cli-

matique tandis que les secon des, pour sympathiques qu’elles soient, restent encore à inventer pour se substituer au nucléaire. En toute hypothèse, les experts estiment que faire à court ou moyen terme une croix, même partielle, sur le nucléaire conduira immanquable- ment à augmenter dans des propor- tions majeures le prix de l’énergie.

On pourrait imaginer que tout ceci pourrait (et devrait) faire l’objet d’un véritable débat démocratique ; un débat préalable, pourquoi pas, à un référendum puisque les partis politiques sont en leur sein divisés sur un tel sujet. On peut aussi dou- ter des résultats d’une telle entre- prise au vu de la controverse ré- currente – par exemple – sur les risques inhérents aux OGM ou à la téléphonie mobile. Peut-on vérita- blement débattre quand la science est muette ou inaudible ? Faut-il craindre au contraire que la nature même des convictions et des pré- supposés de nombre de militants écologistes 1 transforme rapidement (si ce n’est déjà le cas) les échan ges en une nouvelle guerre de religion ? Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

«Sortir» du nucléaire ?

1 Sur ce sujet, on peut utilement se reporter à un récent ouvrage dans lequel l’auteur, docteur en philosophie à l’Université Paris I – Panthéon-Sorbonne – (et qui

«dirige une agence de conseil d’entre- prise») – entend explorer «les origines métaphysiques de la crise écologique».

Original, parfois ardu, souvent vivifiant.

Ferret S. Deepwater Horizon ; éthique de la nature et philosophie de la crise éco- logique. Paris : Editions du Seuil, 2011.

ISBN : 978-2-10386668.

lu pour vous

Coordination : Dr Jean Perdrix, PMU (Jean.Perdrix@chuv.hospvd.ch)

Une nouvelle classifica- tion des drogues ?

L’usage de substances psycho- actives comporte des risques de santé pour l’individu, mais aussi pour la société, comme des agres- sions, accidents de la route, crimi- nalité, pauvreté, absence de travail, ou des coûts de santé. Des appro- ches de régulation pour essayer de limiter les conséquences de l’usage de substances existent, en général basées sur une séparation entre drogues licites et illicites (en- suite classées par la Commission des stupéfiants).

Ces approches ont été souvent ju- gées inefficaces pour diminuer la prévalence d’usa ge. Elles tendent par contre à promouvoir la crimina- lité organisée. Dans cet article, le professeur David Nutt propose une classification alternative des subs- tances, basée sur une estimation des méfaits réels pour l’individu et la société.

Un groupe d’experts indépendants (UK) a quantifié, selon une métho de standardisée, les méfaits de l’usa ge de substances, utilisant seize items (neuf concernant l’individu, sept concernant la société) pour vingt substances, sur une échelle

continue de 0 à 100.

Héroïne, cocaïne crack et métam- phé tamine étaient jugés engendrer le plus de méfaits pour l’individu

(scores partiels 34, 37 et 32, res- pectivement) ; alcool, héroïne et cocaïne crack pour la société (46, 21, et 17). Le classement final (mé-

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Revue Médicale Suisse

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5 modules thématiques :

Bases de la nutrition humaine

Activités et inactivités physiques

Nutrition et psychologie

Obésité et diabète – de l’enfant à l’adulte

Nutrition clinique, malnutrition & dénutrition

Public concerné :

Détenteurs (-trices) d’un titre universitaire en médecine, biologie, biochimie,ingénierie en sciences alimentaires, pharmacie ou dans un autre domaine de la santé Certificat de formation

continue universitaire pour les professionnels souhaitant approfondir leurs connaissances en nutrition fondamentale et clinique

Proposé par la Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne Pour plus d’informations : www.unil.ch/formcont

Formation Continue UNIL-EPFL Tél.: +41 21 692 22 90

,

formcont@unil.ch www.unil.ch/formcont

Certificate of Advanced Studies (CAS)

Nutrition Humaine

Octobre 2011 à février 2012

1005678

revue de presse

Expulsions forcées : les médecins doivent refuser leur caution

Le Nigérian de 29 ans décédé le 17 mars 2010 sur le tarmac de l’aéro- port de Kloten, alors qu’il était en train d’être expulsé de force, conti- nue à faire parler de lui. Les résultats de l’autopsie menée par l’Institut de médecine légale de l’Université de Zurich étant contestés, le Ministère public de Winterthour vient de de- mander une deuxième expertise mé- dicale à un institut allemand. Le car- diologue Michel Romanens, président de l’association VEMS (Ethique et Médecine), fait partie des contesta- taires. Il vient de publier un article très critique sur les expulsions for- cées dans Le Bulletin des médecins suisses. (…)

Le Temps : les conditions dans les- quelles les requérants déboutés sont trans portés de force dans l’avion entra vent-elles les gestes médicaux ?

– Clairement. Quand les requérants sont ficelés sur une chaise pour être emmenés dans l’appareil, les liens ne permettent souvent pas de pren- dre le pouls correctement. Et il est impossible de procéder, en cas de gros problème, à une réanimation rapide, car il faut d’abord libérer la personne. Les filets de protection contre les crachats qui recouvrent parfois leur visage ne permettent pas non plus de bien observer la réaction des pupilles. C’est problémati que. De précieuses minutes peuvent être per- dues. Selon le rapport d’autopsie du Nigérian, aucune blessure du thorax n’a été remarquée, ce qui aurait prou-

vé un massage cardiaque efficace.

K. A. est donc mort plus ou moins sans qu’on le remarque et sans as- sistance médicale adéquate. Les autorités chargées de son expulsion sont responsables de ce drame.

– L’Office fédéral des migrations veut qu’un médecin soit présent dans chaque «vol spécial». Un scé- nario auquel vous vous opposez ? – Oui. Les médecins ne peuvent pas cautionner ces expulsions forcées.

Pour des raisons éthico-médicales.

Il y a trop d’incertitudes concernant l’état de santé des personnes à ren- voyer et les risques qu’elles encou- rent. Et un médecin, censé surveiller le bon déroulement d’une expulsion, ne peut pas à la fois travailler pour les autorités et en faveur des expul- sés. Une surveillance médicale adé- quate est impossible. (…)

Valérie de Graffenried Le Temps du 25 février 2011

Le ReMed pour les méde- cins en détresse

Surmenage, stress, perte de moti- vation, «burn-out», dépendances, dé- pression, suicide… Les médecins ont parfois le blues, souffrent, eux aussi, de divers maux. Les praticiens en crise représenteraient même – selon des expériences menées à l’étran- ger (Canada, Etats-Unis, Australie, Gran de-Bretagne, Norvège, Espa- gne, France) – 2% du corps médical en exercice. Soit quelque 700 per- sonnes rien que dans notre pays ! Il faut dire que toubib n’est pas un métier de tout repos : horaires longs et irréguliers, grandes responsabili- tés, attentes de plus en plus élevées

des patients, contact constant avec la souffrance et la mort, augmenta- tion de la paperasserie, pression des politiques et des assureurs, senti- ment d’incompréhension, manque de reconnaissance… Il y a largement de quoi être surmené.

Interloquée, la Fédération des mé- decins suisses (FMH), qui compte plus de 35 000 membres, a lancé au printemps 2007 un projet pilote baptisé ReMed (Réseau de soutien pour médecins) dans les cantons de Neuchâtel et de Thurgovie. Buts de l’opé ration : «maintenir la capacité fonctionnelle du médecin, garantir la sé curité des patients et promouvoir la qualité des soins».

Durant cette phase test qui s’est achevée l’automne dernier, quatre- vingts praticiens ont eu recours à ce service, dont un quart de Neuchâte- lois et de Thurgoviens et trois quarts de docteurs venant d’ailleurs. Cette offre répondant bel et bien à une de- mande, a été étendue, comme prévu initialement, à tout le territoire natio- nal.

Quel est le profil type de ces toubibs mal dans leur blouse blanche ? Ce sont des femmes (56%) et des hom- mes (44%) dont la moyenne d’âge oscille autour de 50 ans. Les raisons de leur appel ? Syndrome d’épuise- ment (43%) ; perte de maîtrise dans la gestion du cabinet (32%) ; pro- blèmes d’addiction, essentiellement à l’alcool (13%) ; autres (12%).

«Ce que l’on entend, ce sont essen- tiellement des histoires de vie, pas seulement des récits de personnes

en proie à des problèmes profession- nels», relève la Dr Jacqueline Torgler, membre du comité de direction de ReMed et responsable romande de ce réseau. «La majorité de mes con- frères se porte du reste très bien et ils sont satisfaits de leur travail», ajoute-t-elle.

Alors, pourquoi mettre en place une telle ligne pour praticiens au bord de la crise de nerfs ? «Parce que les médecins ne sont pas des patients comme les autres, répond la géné- raliste et psychiatre genevoise. Beau- coup pensent notamment être suffi- samment formés pour pouvoir se soigner eux-mêmes.»

Autrement dit, nos bons docteurs souf- frent du syndrome du cordonnier mal chaussé ! Pour preuve, seuls 20%

d’entre eux ont un médecin traitant, les autres – une bonne partie en tous les cas – préférant s’autodiag- nostiquer et s’autotraiter plutôt que d’aller consulter un confrère. Avec le risque de déraper, de devenir, par exemple, accros aux médicaments qu’ils se prescrivent.

Sur son site internet, le Programme d’aide aux médecins du Québec (PAMQ) pointe les causes à l’origine de cette situation : «Les médecins ont tendance à nier leur propre mala- die, ont peur de nuire à leur image, craignent le jugement de leurs collè- gues, sont portés à s’isoler plutôt qu’à demander de l’aide.» (…)

Alain Portner Migros Magazine du 21 mars 2011

faits cumulés) est : 1) alcool ; 2) héroïne et 3) cocaïne crack. Le ta- bac se trouve à la sixième place, le cannabis à la huitième.

Commentaire : ces données sou- tiennent des travaux de comités d’experts aux Royaume-Uni et Pays- Bas pour estimer les réels méfaits des substances psychoactives.

La méthode utilisée, avec une meilleure pondération et notation, permet de faire la différence entre les substances les moins et les plus nocives. La corrélation avec la classification actuelle des dro- gues est pauvre. Ces conclusions s’appliquent probablement aussi en Suisse. Elles soutiennent les recommandations d’autres experts proposant de s’attaquer en priorité

aux méfaits de l’alcool et indiquent qu’il s’agit d’une stratégie de santé publique valide et nécessaire.

Dr Barbara Broers HUG, Genève

Nutt DJ, King LA, Phillips LD, on behalf of the Independent Scientific Commit- tee on Drugs. Drug harms in the UK : A multicriteria decision analysis. Lancet 2010;376:1558-65.

van Amsterdam J, van den Brink W.

Ranking of drugs : A more balanced risk-assessment. Lancet 2010;376:

1524-5.

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