0 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 24 août 2012 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 7 mars 2012 543 Lorsque nos citoyens achètent une
prestation auprès d’un fournisseur, ils se renseignent afin d’avoir le meilleur rapport qualité-prix. Dans le domaine de la santé et des médecins en général, les patients choisissent leur médecin traitant souvent sur la base du bouche-à-oreille ou sur des recommandations d’autres profes- sionnels de la santé. La compétence d’un médecin, et donc la qualité des soins qu’il prodiguera à ses patients, dépend en par- tie de la formation à l’université (lorsqu’il est étudiant en médecine), mais avant tout de la formation postgraduée accomplie en hô- pital. Celle-ci transforme les jeunes méde- cins, fraîchement émoulus des études, en professionnels aptes à soigner notre popu- lation.
La formation postgraduée en Suisse est longue, minimum cinq ans, impose des an- nées en hôpital universitaire, dans plusieurs services différents, et est reconnue par l’ob- tention d’un diplôme de spécialiste (ancien- nement appellation FMH). Nos médecins de premier recours ont donc, dans leur grande majorité, un diplôme de spécialiste en mé- decine générale ou interne et ont donc fait au minimum cinq ans de formation avant de s’installer. Quant aux spécialistes, leur for- mation nécessite le plus souvent entre six et huit ans de pratique dans des établisse- ments hospitaliers.
En 2010, la clause du besoin a été levée
pour les médecins de premier recours. De- puis, Genève, en particulier, a vu déferler des médecins généralistes de l’Union euro- péenne (UE). Ceux-ci ont une formation post graduée bien inférieure en durée à celle exigée en Suisse. Nul doute que ce mouve- ment va s’étendre au reste des cantons suis- ses frontaliers. Ces médecins reçoivent un diplôme de praticien fédéral en vertu des accords bilatéraux, qui obligent la Suisse à reconnaître les formations médicales de l’UE. En 2012, la clause du besoin a été dé- finitivement levée également pour les spé-
cialistes et l’on peut par conséquent s’at- tendre à une forte augmentation du nombre de médecins spécialistes en provenance de l’UE.
Loin de moi l’idée de remettre en cause les bilatérales et la libre admission de ces médecins en Suisse (d’autant plus qu’une pénurie de médecins s’annonce dans notre pays comme chez nos voisins), mais les ha- bitants de ce pays devraient, avant de les choisir, connaître leur niveau de formation postgraduée. Un diplôme de praticien fédé- ral ne correspond qu’à trois ans de pratique postgraduée et un diplôme de spécialiste, décerné en Suisse, correspond au mini- mum à cinq ans de formation postgraduée et dûment vérifiée dans des établissements reconnus par la FMH.
Libre circulation des médecins oui, mais reconnaissance de la valeur de la formation postgraduée suisse aussi. Les habitants de Suisse doivent être des patients éclairés et donc pouvoir connaître le lieu de formation postgraduée de leurs médecins. Etant mé- decin-cadre dans un hôpital universitaire, je ne suis pas concerné directement par cette problématique. En tant qu’élu canto- nal dans une région touchée par cette pro- blématique, j’ai demandé par voie de mo- tion, que le Conseil d’Etat genevois modifie l’article 14 de notre règlement sur les pro-
fessions de la santé afin que les mé- decins exerçant en pratique privée (toutes structu res de soins confon- dues) indiquent expressément le pays d’obtention du diplôme de mé- decin et du titre postgrade initial, notam- ment sur la plaque à l’entrée de leur domi- cile professionnel indiquant leur cabinet.
Cette initiative devrait idéalement s’étendre au reste de notre pays. Elle devrait se faire en concertation avec les associations pro- fessionnelles cantonales concernées, afin de trouver la signalétique appropriée qui per- mette aux patients de connaître facilement le lieu de formation postgraduée des méde- cins. Pas de protectionnisme donc, mais une information claire, qui met en évidence où la formation postgraduée a été effectuée afin de permettre aux résidents de notre pays de choisir leurs médecins de la manière la plus éclairée possible.
Libre circulation des médecins : la formation postgraduée doit être clairement affichée
opinion
P. Saudan
Dr Patrick Saudan
Député PLR au Grand Conseil de Genève
54, route d’Annecy 1256 Genève
patrick.saudan@gc.ge.ch
Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 543
… que les médecins exerçant en pratique privée indiquent le pays d’obtention du diplôme …
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