Journal Identification = IPE Article Identification = 1952 Date: May 14, 2019 Time: 1:21 pm
Éditorial
L’Information psychiatrique 2019 ; 95 (5) : 303
Le bien-être des médecins : l’affaire de tou.te.s
Audrey Fontaine
Présidente Association franc¸aise fédérative des étudiants en psychiatrie (Affep) Interne en psychiatrie, Université de Lille
©A. Fontaine
Charge clinique de plus en plus en plus lourde, tâches administratives excessives, sentiment de perte d’autonomie professionnelle, la médecine contemporaine est riche de pressions qui impactent directement la santé men- tale et le bien-être des médecins, les rendant particulièrement sensibles au risque de burn out. Il est ainsi estimé qu’environ 50 % des médecins présen- teront, à un moment de leur vie professionnelle, des symptômes de burn out.
Ce véritable mal professionnel du siècle a des conséquences dramatiques sur la vie des médecins mais également celles de leurs patients. La situa- tion est telle que le monde s’accorde désormais sur l’importance de le prévenir, le dépister et le prendre en charge. Changements d’habitudes pro- fessionnelles, préservation de la qualité de vie au travail, groupes de soutien, développement de stratégies d’adaptation,screeningpsychologique, place plus importante donnée à la médecine du travail. . .de nombreuses pistes sont évoquées. Pourtant, le mal persiste !
Une population qui est particulièrement à risque est celle des jeunes profes- sionnels en formation. En effet, outre la charge clinique à laquelle ils font face comme les seniors, les étudiants en médecine et internes doivent aussi gérer l’incertitude des débuts de carrière, les activités académiques, la productivité scientifique, les recherches de financement, les examens et l’anxiété qui leur est associée, ainsi que les horaires difficilement prévisibles. Certaines études ont même suggéré que les prémices du burn out apparaîtraient dès le début de la formation, et s’amplifieraient au fil du temps. Ainsi, il apparaît essen- tiel de travailler sur un changement de paradigme dans la fac¸on d’aborder l’exercice de la médecine, et d’y travailler avec les professionnels en deve- nir. Pour aller dans ce sens, l’association médicale mondiale a approuvé en 2017 une version révisée du serment d’Hippocrate1. Dans cette version mise à jour, le médecin prend l’engagement non seulement de considérer la santé de son patient comme une priorité et d’exercer sa profession avec conscience et dignité, mais également de veiller à sa propre santé et à son bien-être. Cet ajout, qui peut sembler minime par sa taille (une ligne), est crucial de son effet (voire même vital). Il permet de montrer aux jeunes entrant dans la pro- fession l’importance de préserver leur propre bien-être, et le met au même niveau que la santé de ses patients.
Ce numéro del’Information Psychiatriquenous invite à élaborer ensemble autour de cette problématique du burn out, de ses racines historiques à la situation contemporaine.
Nous y aborderons également différents moyens pour faire face à ce défi majeur de la médecine contemporaine : réflexion sur l’organisation des ser- vices de soins, médiation, travail sur la formation des jeunes. . .Nous sommes tous acteurs du changement de paradigme nécessaire pour stopper ce fléau.
Liens d’intérêt l’auteure déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.
1https://www.wma.net/fr/policies-post/declaration-de-geneve/ (consulté le 6/5/2019).
doi:10.1684/ipe.2019.1952
Correspondance :A. Fontaine
<audreyc.fontaine@gmail.com>
Pour citer cet article : Fontaine A. Le bien-être des médecins : l’affaire de tou.te.s. L’Information psychiatrique 2019 ; 95 (5) : 303 303
doi:10.1684/ipe.2019.1952