Dénition 1.1. Une équation aux dérivées partielles (EDP) est une équation impliquant
une fontion inonnue
u : Ω → R
, oùΩ ⊂ R d est un ouvert de dimension d ≥ 2
, et
ses dérivées. En d'autres mots, le problème le plus général de la théorie des équations aux
dérivées partielles est d'étudier les solutions d'une équation de la forme
F (x, Du(x), D (2) u(x), · · · , D (n) u(x)) = 0 ∀ x ∈ Ω.
Ii lanotation
D (n) u
signie simplementl'ensemble des dérivées partiellesd'ordren
. Parétudier les solutions onentend plusieurs hoses. Par exemple:
(1) Donner une formuleexpliite pour une solution. Cei est souvent impossible.
(2) Prouverl'existene d'unesolution.
(3) Déider de l'uniitéde la solution. Cei ne sera en généralpossible que sides ondi-
tions supplémentaires sont imposées.
(4) Étudierla stabilitédes solutions.
(5) Étudierla régularité des solutions. Sont-t-elleslisses ?
L'ordre d'uneEDP est l'ordre de la dérivée laplus haute de la fontion inonnue y appa-
raissant. Si la fontion
F
est linéaire par rapport àu
et à ses dérivées, ondit de l'équationqu'elle est linéaire.
1.1. Quelques exemples. Danseours,
Ω
seratoujoursundomainedel'espaeEulidienR d susement régulierpour que la formulede divergene-ux soitvériée
1
.
1.1.1. Équation de Laplae. L'équation de Laplaesur
Ω
est∆u = 0.
Une fontion qui vérie ette équation est dite harmonique. Étant donnée une fontion
f : ∂Ω → R
, leproblème de Dirihlet est∆u = 0
surΩ,
(1.1)u = f
sur∂Ω.
End'autres mots, onherhe une extensionharmonique d'unefontionpresrite sur lebord
du domaine onsidéré.
L'équationde Laplaeest elliptiqued'ordre deux.
1.1.2. Équation des ondes. Soit
Ω
un domaine deR 2. Sur l'ouvert Ω × (0, ∞ )
de R 3 on
onsidère une fontion (t, x) 7→ u(t, x)
dont on imagine qu'elle représente le déplaement
(t, x) 7→ u(t, x)
dont on imagine qu'elle représente le déplaementvertialdu point
x ∈ Ω
autempst > 0
. L'équation des ondes est∂ tt u = ∆u.
Si on pense à
Ω
omme à la membrane d'un tambour, ilest naturel d'imposer la onditionaubord
u(t, x) = 0
pourx ∈ ∂Ω.
1
VoirExerie1.
initialeet une vitesse initiale
u(0, x) = f (x)
pourx ∈ Ω,
(1.2)u t (0, x) = g(x)
pourx ∈ Ω.
(1.3)L'équationdes ondes est hyperbolique d'ordredeux.
1.1.3. Équation de la haleur et de la diusion. Cette fois, on pense audomaine
Ω
en tantqu'un milieu oùun produit himique se propage. Pensez par exemple à une goutte d'enre
dans de l'eau. Une onentration initiale
f : Ω → R
est donnée. L'évolution dans le temps est alors presrite par l'équationde lahaleur :∂ t u = ∆u.
(1.4)Cette fois enore, pour que la solution soit déterminée, il faudra donner une ondition au
bord. Par exemple, si on imagine que la diusion à lieu dans une région hermétique, on
imposera
u(x, t) = 0
pour haquex ∈ ∂Ω
et haquet
. L'équation (1.4) est aussi un modèlepour la propagationde lahaleur. Dans e as, lafontion
u
représente la température.L'équationde lahaleurest paraboliqued'ordre deux.
1.1.4. Équations de CauhyRiemann. Soit
Ω ⊂ C
un ouvert. Une fontionf = u + iv : Ω → C
estditeanalytiquesipourhaquepoint
p ∈ Ω
,ilexisteunebouleB(p, r) ⊂ Ω
oùf
s'exprimepar une série entière :
f(z) =
∞
X
k=0
c k (z − p) k .
La fontion
f
est analytique si etseulement sielle vérie les équationsde Cauhy-Riemannu x = v y , u y = − v x .
Ces équations formentun système d'EDPd'ordre un.
1.1.5. Surfaes minimales. Soit
Ω ⊂ R 2 un domaineborné. L'aire du graphed'unefontion
f ∈ C ∞ (Ω)
est donnée parA(f ) :=
Z
Ω
q
1 + f x 2 + f y 2 .
Étant donné une fontion
g : ∂Ω → R
on herhe parmi les fontionsf : Ω → R
qui sont égalesàg
sur∂Ω
unefontiondontlegrapheest d'aireminimale. Sif
est unetellefontion,alors pour haque
φ ∈ C c ∞ ( D )
onauraA(f ) ≤ A(f + ǫφ) ∀ ǫ > 0.
En partiulier,
d
dǫ A(f + ǫφ) | ǫ=0 = 0.
Z
D
f x p 1 + k∇ f k 2
!
φ x + f y p 1 + k∇ f k 2
!
φ y = 0.
En utilisantl'intégrationpar partie,on déduit
Z
D
∂ x f x
p 1 + k∇ f k 2
!
+ ∂ y f y
p 1 + k∇ f k 2
!!
φ = 0.
Comme
φ ∈ C 0 ∞ ( D )
est arbitraire, ononlut que∂ x f x
p 1 + k∇ f k 2
!
+ ∂ y f y
p 1 + k∇ f k 2
!
= 0.
(1.5)C'estl'équationdes surfaes minimales. Unesolutionde etteéquation n'estpas néessaire-
ment un minimum de l'aire. C'est plutt un point stationnaire. Cette équation exprime le
fait qu'une surfae minimaleest une surfae dont la ourbure moyenne est nulle. C'est une
équation non-linéaired'ordre deux.
1.2. Classiation des équations linéaires d'ordre deux.
1.3. Séparation des variableset spetrede Dirihlet. Soit
Ω
unouvertbornéduplan.On onsidère le problème suivant :
∂ tt u(t, x) = ∆u(t, x)
pourx ∈ Ω, t > 0, u(0, x) = A(x), ∂ t u(0, x) = B(x)
pourx ∈ Ω,
u(t, x) = 0
pourx ∈ ∂Ω, t ≥ 0,
où
A, B
sont des fontions données. Si ontentede résoudre e problème par séparation desvariables, 'est-à-direen herhant une solution de la forme
u(t, x) = T (t)f (x),
on obtientT ′′ (t)f (x) = T (t)∆f (x).
Il existe don une onstante
λ ∈ R
telle queT ′′ + λT = 0,
∆f + λf = 0 f (x) = 0 ∀ x ∈ ∂Ω.
Un des buts du ours est de démontrer lethéorème suivant.
Théorème 1.2 (Théorème spetral pour leproblème de Dirihlet). Les valeurs propres du
problème de Dirihlet sur
Ω
:( ∆f + λf = 0
surΩ,
f = 0
sur∂Ω,
forment une suite positive divergente (appelée spetre de Dirihlet)
0 < λ 1 (Ω) ≤ λ 2 (Ω) ≤ · · · ր ∞ .
tienne
(f k ) k ∈N de L 2 (Ω)
dont les fontions sont lisses et vérient
∆f k + λ k f = 0.
Pour haque
k ∈ N
,on obtient une famillede solutions de l'équation des ondes :(t, x) 7→ u k (t, x) :=
a k cos p λ k t
+ b k sin p λ k t
f k (x) (a k , b k ∈ R ).
Cette solution orrespond à une vibration de la membrane dont la fréquene est
√ λ k. On
herhera à représenter une solution de l'équationdes ondes sous laforme
u(t, x) =
∞
X
k=1
a k cos p λ k t
+ b k sin p λ k t
f k (x).
En partiulier,on obtiendra dans e as
A(x) = u(0, x) =
∞
X
k=1
a k f k (x),
B (x) = ∂ t f (0, x) =
∞
X
k=1
b k
p λ k f k (x),
les oeients
(a k ) k ∈N et (b k ) k ∈N sont déterminés par les représentations de A
et B
dans la
A
etB
dans labase hilbertienne
(f k ) k ∈N.
Remark 1.3. La méthode que nous venons de présenterdemande bien sûr à être justiée.
Géométrie spetrale. D'un point de vue physique, la géométrie spetrale s'intéresse aux
liens qui existent entre la forme d'un domaine
Ω
d'une part, et d'autre part les modes devibration de elui-i. Mathématiquement, onherhera don à déouvrir des liens entre des
quantités géométriques (aire, ourbure, onnexité, et) et les valeurs propres. Pour donner
un exemple onret, itons deux résultats très lassiques que nous démontrerons plus tard
dans e ours.
Théorème 1.4 (H. Weyl). Soit
Ω ⊂ R d un ouvert borné dont le spetre de Dirihlet est
donné par lasuite (λ k )
. Alors
λ k ∼ 4π 2 k 2/d
(c d | Ω | ) 2/d ave k → ∞ ,
où
c d = π d/2 /Γ(d/2 + 1)
est le volume de la boule unitédeR d.
Théorème 1.5 (R. Courant). Soit
Ω ⊂ R 2 un domaine eulidien borné. Soit (f k ) k ∈N une
base de fontions propres pour le problème de Dirihlet. Le nombre de domaines nodaux de
f k ne dépasse pas k
.
Exerie1.Undomaineestunouvertonnexede
R d. Danseours,ontravailleratoujours
ave des domaines Ω
susamment réguliers2 pour que la formule de divergene-ux soit
2
Ceseraleasparexemplesi
Ω
estundomainedontl'adhéreneestompateetlafrontièreestlisseparmoreau.
vériée: pour haque hampde veteurs
V
de lasseC 1 (Ω) ∩ C(Ω)
,Z
Ω
div
V (x) dx = Z
∂Ω
V (z) · ν(z) dz.
(1.6)Lemembrede gauhenepose pas deproblèmepartiulier,il s'agitde l'intégralede Lebesgue
(oudeRiemann). Lemembrededroite estplussubtil,lesensày donnerdépenddu ontexte.
Par exemple si
∂Ω
est une ourbe(d = 2)
ou une surfae(d = 3)
, elle peut être alulée àl'aide del'intégraleurviligne tellequevousl'avez vuedansvotreours d'analysevetorielle.
Soit
u, v ∈ C 2 (Ω)
(1) Montrez la première formule de Green:
Z
Ω
v∆u + Z
Ω ∇ v · ∇ u = Z
∂Ω
v(z)∂ ν(z) u(z) dz.
(1.7)Exerie 2. Trouvez quelques exemplesde fontionsharmoniques.
Exerie 3. Montrez l'uniité de la solution du problème de Dirihlet.
Exerie 4. Soit
g : S 1 → R
une fontion ontinue. PosonsX g = { f ∈ C ∞ ( D ) ∩ C( D ) } .
Supposons que
f ∈ X g minimise la fontion I : X g → R
dénie par
I(f) = Z
D |∇ f | 2 .
En imitant e qui a été fait plus haut, déduisez une EDP qui sera vériée par
f
.Exerie 5. Montrez que
λ > 0
.Exerie 6. Calulez le spetre de Dirihlet d'un intervalle
(0, L)
et vériez la lois de Weyldans e as.
Exerie 7. Soit
Ω ⊂ R d un ouvert. Le support d'une fontion ontinue f ∈ C(Ω)
est
l'ensemble
supp
(f) =
adhn
x ∈ Ω
f (x) 6 = 0 o .
Rappelonsque l'ensembledes fontionslissesà supportompat sur un ouvert
Ω ⊂ R d est
C 0 ∞ (Ω) = n
f ∈ C ∞ (Ω)
∃ K
ompat, supp(f ) ⊂ K ⊂ Ω o .
Unesuitedefontions
(η k ) ⊂ C 0 ∞ ( R d )
estappelée suiterégularisantesipourhaquek ∈ N
, (1)η k (x) ≥ 0
pour haquex ∈ R n,
(2) supp
(η k ) ⊂ B(0, 1/k),
(3)
R
R n η k dx = 1.
Soit
η k une suiterégularisante. Soit f : R n → R
une fontion ontinue. Montrez quepour
haque ouvert O
ontenant l'origine,
k lim →∞
Z
O
f(x)η k (x) dx = f(0).
Exerie 8. Calulez le spetre de Dirihlet d'un retangle