PREPA COURCELLES DEUXIEME ANNEE
1
Démonstrations classiques autour de Ker et Im
1. Rappels de cours
a. Noyau
Soit f une application linéaire de E dans F. Le noyau de f est le sous-ensemble de E défini par : Ker𝑓 = 𝑥∈𝐸,𝑓 𝑥 =0𝐹
Ker𝑓 =𝐸⟺dimKer 𝑓 =dim𝐸⟺ 𝑓=0 Ker𝑓 = 0! ⟺𝑑𝑖𝑚𝐾𝑒𝑟 𝑓 =0⟺𝑓 injective
b. Image
Soit f est une application linéaire de E dans F. L’image de f est le sous-ensemble de F défini par : Im𝑓 = 𝑦∈𝐹,∃𝑥∈𝐸,𝑦=𝑓 𝑥
Im𝑓 =𝐹⟺dimIm 𝑓 =dim𝐹⟺ f surjective Im𝑓 = 0! ⟺𝑑𝑖𝑚𝐼𝑚 𝑓 =0⟺𝑓=0
c. Ensemble des applications linéaires de E dans F : ℒ(𝐸,𝐹)
− ∀𝑓,𝑔 ∈ ℒ 𝐸,𝐹 ,∀𝜆∈𝑅,𝜆𝑓+𝑔∈ ℒ 𝐸,𝐹
− ∀𝑓∈ ℒ 𝐸,𝐹 ,∀𝑔∈ ℒ 𝐹,𝐺 𝑔o𝑓∈ ℒ 𝐸,𝐺
− f est un isomorphisme de E dans F ⇒𝑓!! est un isomorphisme de F dans E
− 𝑔o𝑓 !!=𝑓!!o𝑔!!
d. Démonstration d’une inclusion
Pour démontrer que 𝐴⊂𝐵, on pose 𝑥∈𝐴 et on utilise la définition de A (par exemple 𝐴=𝐾𝑒𝑟𝑓, et dans ce cas, 𝑥∈𝐾𝑒𝑟𝑓). On démontre alors que : 𝑥∈𝐴
⇒𝑥∈𝐵. Ainsi : 𝐴⊂𝐵
e. Démonstration que 𝐹=𝐺 : si 𝐹⊂𝐺 et si 𝑑𝑖𝑚𝐹=𝑑𝑖𝑚𝐺 alors 𝐹=𝐺
PREPA COURCELLES DEUXIEME ANNEE
2 2. Exemples
a. Soit E un espace vectoriel sur R, f un endomorphisme de E et g une application linéaire définie sur E par : ∀𝒙∈𝑬,𝒈𝒙 =𝒙−𝒇 𝒙
i. Vérifier que 𝒈∈𝓛(𝑬)
Il s’agit de démontrer g est un endomorphisme de E.
𝑔𝑥 =𝑥−𝑓𝑥 = 𝐼𝑑−𝑓 𝑥.
g est donc une combinaison linéaire d’endomorphismes de E.
Or, la combinaison linéaire d’endomorphismes est un endomorphisme Donc : 𝑔∈ℒ(𝐸)
ii. Montrer que : 𝑲𝒆𝒓 𝒈 ⊂𝑰𝒎 𝒇 Soit : 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑔 ⇒𝑔 𝑥 =0
Or : 𝑔𝑥 =𝑥−𝑓 𝑥 ⇒𝑥−𝑓 𝑥 =0⇒𝑓𝑥 =𝑥⇒𝑥∈𝐼𝑚 𝑓 Comme : 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑔 ⇒𝑥∈𝐼𝑚 𝑓, on en déduit : 𝐾𝑒𝑟 𝑔 ⊂𝐼𝑚 𝑓 iii. Montrer que : 𝑲𝒆𝒓 𝒇 ⊂𝑰𝒎 𝒈
Soit : 𝑥∈𝐾𝑒𝑟𝑓 ⇒𝑓𝑥 =0⇒𝑔 𝑥 =𝑥⇒𝑥∈𝐼𝑚 𝑔 Comme : 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓 ⇒𝑥∈𝐼𝑚 𝑔, on en déduit : 𝐾𝑒𝑟 𝑓 ⊂𝐼𝑚 𝑔
b. Soit E, F et G des espaces vectoriels sur R, 𝒇∈𝓛𝑬,𝑭 et 𝒈∈𝓛𝑭,𝑮
i. Montrer que : 𝑲𝒆𝒓 𝒇 ⊂𝑲𝒆𝒓 (𝒈𝐨𝒇)
Soit 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓 ⇒𝑓 𝑥 =0⇒ 𝑔𝑜𝑓 𝑥 =𝑔𝑓 𝑥 =𝑔 0 =0 Or : 𝑔𝑜𝑓 𝑥 =0⇒𝑥∈𝐾𝑒𝑟 (𝑔𝑜𝑓)
Comme : 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓 ⇒𝑥∈𝐾𝑒𝑟 (𝑔𝑜𝑓) , on en déduit : 𝐾𝑒𝑟 𝑓 ⊂𝐾𝑒𝑟 (𝑔𝑜𝑓)
ii. Montrer que : 𝑰𝒎 𝒈𝐨𝒇 ⊂𝑰𝒎 𝒈
Soit 𝑦∈𝐼𝑚 𝑔o𝑓 ⇒∃𝑥∈𝐸,𝑦= 𝑔o𝑓 𝑥 =𝑔𝑓(𝑥) Or : 𝑦=𝑔𝑓(𝑥) ⇒𝑦∈𝐼𝑚𝑔
Comme : 𝑦∈𝐼𝑚 𝑔o𝑓 ⇒𝑦∈𝐼𝑚 𝑔 , on en déduit : 𝐼𝑚 𝑔o𝑓 ⊂𝐼𝑚 𝑔 iii. Montrer que : 𝒈𝐨𝒇=𝟎⇔𝑰𝒎 𝒇 ⊂𝑲𝒆𝒓 𝒈
𝑔o𝑓=0⇔∀𝑥∈𝐸,𝑔𝑓 𝑥 =0⇔∀𝑦∈𝐼𝑚 𝑓,𝑔𝑦 =0⇔𝑦∈𝐾𝑒𝑟 𝑔 Comme : 𝑦∈𝐼𝑚 𝑓, on en déduit que 𝐼𝑚 𝑓 ⊂𝐾𝑒𝑟 𝑔
PREPA COURCELLES DEUXIEME ANNEE
3
c. Soit f un endomorphisme d’un espace vectoriel E
i. Montrer que la suite des noyaux itérés est croissante c’est-à-dire que :
∀𝒏∈𝑵∗,𝑲𝒆𝒓 𝒇𝒏⊂ 𝑲𝒆𝒓 𝒇𝒏!𝟏
Soit 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!⇔ 𝑓! 𝑥 =0
Dès lors : 𝑓!!! 𝑥 =𝑓𝑓! 𝑥 =𝑓 0 =0 𝑓!!! 𝑥 =0⇒𝑥∈𝐾𝑒𝑟𝑓!!!
Comme 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!⇒𝑥∈𝐾𝑒𝑟𝑓!!!, 𝐾𝑒𝑟 𝑓!⊂ 𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!
ii. Montrer que la suite des images itérées est décroissante c’est-à-dire que :
∀𝒏∈𝑵∗,𝑰𝒎 𝒇𝒏!𝟏⊂ 𝑰𝒎 𝒇𝒏
Soit 𝑦∈𝐼𝑚 𝑓!!!⇔∃𝑥∈𝐸,𝑦=𝑓!!! 𝑥 =𝑓! 𝑓 𝑥 ∈𝐼𝑚 𝑓! Comme 𝑦∈𝐼𝑚 𝑓!!!⇒𝑦∈𝐼𝑚 𝑓!, 𝐼𝑚 𝑓!!!⊂ 𝐼𝑚 𝑓! iii. On suppose que ∃𝒑∈𝑵∗,𝑲𝒆𝒓 𝒇𝒑=𝑲𝒆𝒓 𝒇𝒑!𝟏.
Montrer que : ∀𝒏≥𝒑,𝑲𝒆𝒓 𝒇𝒏=𝑲𝒆𝒓 𝒇𝒑 Soit 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!!!
𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!!!⇔𝑓!!!!! 𝑥 = 𝑓!!! 𝑓! 𝑥 =0 Dès lors : 𝑓!(𝑥)∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!
Or, d’après l’énoncé : ∃𝑝∈𝑁∗,𝐾𝑒𝑟 𝑓!=𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!
Dans ce cas :
𝑓! 𝑥 ∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!⇔𝑓!𝑓! 𝑥 =0⇔𝑓!!! 𝑥 =0⇔𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!
Comme : 𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!!!⇒𝑥∈𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!, on en déduit que : 𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!!!⊂𝐾𝑒𝑟 𝑓!!! [1]
Or, d’après le résultat de la question (i), 𝐾𝑒𝑟 𝑓!⊂ 𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!. En remplaçant n par 𝑝+𝑘 :
𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!⊂𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!!! [2]
En réunissant les résultats [1] et [2] : 𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!!!=𝐾𝑒𝑟 𝑓!!!. En d’autres termes : ∀𝑛≥𝑝,𝐾𝑒𝑟 𝑓!=𝐾𝑒𝑟 𝑓!
iv. On suppose que ∃𝒑∈𝑵∗,𝑰𝒎 𝒇𝒑=𝑰𝒎 𝒇𝒑!𝟏. Montrer que : ∀𝒏≥𝒑,𝑰𝒎 𝒇𝒏=𝑰𝒎 𝒇𝒑 𝐼𝑚 𝑓!!!=𝐼𝑚 𝑓! 𝑓! =𝑓!𝐼𝑚 𝑓!. Or, d’après l’énoncé, 𝐼𝑚 𝑓!=𝐼𝑚 𝑓!!!.
Dès lors : 𝐼𝑚 𝑓!!!=𝑓!𝐼𝑚 𝑓!!! =𝐼𝑚 𝑓!!!!!.
En d’autres termes : ∀𝑛≥𝑝,𝐼𝑚 𝑓!=𝐼𝑚 𝑓! Olivier Levyne 13/10/17 08:48 Commentaire [1]:
PREPA COURCELLES DEUXIEME ANNEE
4
d. Soit 𝒇∈𝓛 𝑹𝟐 tel que 𝒇−𝟐𝑰𝒅𝟐=𝟎 et 𝒇≠𝟐𝑰𝒅
i. Montrer que 𝑰𝒎(𝒇−𝟐𝑰𝒅)⊂𝑲𝒆𝒓(𝒇−𝟐𝑰𝒅)
Soit 𝑦∈𝐼𝑚𝑓−2𝐼𝑑 . Dans ce cas, ∃𝑥∈𝑅!,𝑦= 𝑓−2𝐼𝑑 (𝑥) Dès lors : 𝑓−2𝐼𝑑 𝑦 = 𝑓−2𝐼𝑑 ! 𝑥 =0
Donc : 𝑦∈𝐾𝑒𝑟 𝑓−2𝐼𝑑
Par conséquent : 𝐼𝑚𝑓−2𝐼𝑑 ⊂𝐾𝑒𝑟(𝑓−2𝐼𝑑)
ii. Montrer que 𝑰𝒎 𝒇−𝟐𝑰𝒅 =𝑲𝒆𝒓(𝒇−𝟐𝑰𝒅)
Pour montrer cette égalité, comme 𝐼𝑚𝑓−2𝐼𝑑 ⊂𝐾𝑒𝑟 𝑓−2𝐼𝑑 , il convient de montrer que 𝑑𝑖𝑚𝐼𝑚 𝑓−2𝐼𝑑 =𝑑𝑖𝑚𝐾𝑒𝑟(𝑓−2𝐼𝑑)
Or, on sait que : 𝑓≠2𝐼𝑑⇒𝑓−2𝐼𝑑≠0⇒𝐼𝑚(𝑓−2𝐼𝑑)≠ 0 Donc : 𝑑𝑖𝑚𝐼𝑚(𝑓−2𝐼𝑑)≥1
Par ailleurs, d’après le théorème du rang :
dim𝐼𝑚𝑓−2𝐼𝑑 +dim𝐾𝑒𝑟 𝑓−2𝐼𝑑 =𝑑𝑖𝑚 𝑅! =2 Donc, comme 𝑑𝑖𝑚𝐼𝑚𝑓−2𝐼𝑑 ≥1,𝑑𝑖𝑚𝐾𝑒𝑟 𝑓−2𝐼𝑑 ≤1
En d’autres termes, 𝑑𝑖𝑚𝐾𝑒𝑟 𝑓−2𝐼𝑑 =0 ou 𝑑𝑖𝑚𝐾𝑒𝑟 𝑓−2𝐼𝑑 =1.
Or, si 𝑑𝑖𝑚𝐾𝑒𝑟 𝑓−2𝐼𝑑 =0, alors 𝑓−2𝐼𝑑 est injective. De plus 𝑓∈ℒ 𝑅! donc f et 𝑓−2𝐼𝑑 sont des endomorphismes en dimension finie. Par conséquent, dans ce cas, 𝑓−2𝐼𝑑 est bijective. Dès lors :
𝑓−2𝐼𝑑 !=0⇒𝑓−2𝐼𝑑=𝑓!! 0 =0⇒𝑓=2𝐼𝑑 ce qui est absurde car, par hypothèse, 𝑓≠2𝐼𝑑.
Ainsi : 𝑑𝑖𝑚𝐾𝑒𝑟 𝑓−2𝐼𝑑 =1. Et donc : 𝑑𝑖𝑚𝐼𝑚 𝑓−2𝐼𝑑 =1
Finalement, comme d’une part 𝐼𝑚 𝑓−2𝐼𝑑 ⊂𝐾𝑒𝑟(𝑓−2𝐼𝑑), d’autre part 𝑑𝑖𝑚𝐼𝑚 𝑓−2𝐼𝑑 =𝑑𝑖𝑚𝐾𝑒𝑟(𝑓−2𝐼𝑑), alors 𝐼𝑚 𝑓−2𝐼𝑑 =𝐾𝑒𝑟(𝑓−2𝐼𝑑)