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Preprint submitted on 12 Jul 2015
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Feuilletage à feuilles compactes
Daniel Barlet
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Daniel Barlet. Feuilletage à feuilles compactes. 2015. �hal-01175721�
Feuilletage ` a feuilles compactes.
Daniel Barlet
∗. 12/07/15
Abstract. We describe any complex rank n foliation F of a reduced complex spaceM in the case where through each point there exists a compactn−dimensional cycle tangent toF.
AMS Classification 2010. 32 C 25- 32 G 10- 32 L 99.
Key words. Complex Foliation- Cycle tangent to a Foliation-
Contents
1 Introduction. 1
2 Cycle tangent `a un feuilletage. 2
3 D´emonstration du th´eor`eme et de son corollaire. 4
4 R´ef´erences. 7
1 Introduction.
La pr´esente note r´epond `a une question que m’a pos´e Fr´ed´eric Campana et je tiens
`a l’en remercier. La question est d’essayer de d´ecrire un feuilletage complexe de rang n d’une vari´et´e complexe admettant par chaque point une feuille compacte de dimension n. Le r´esultat assez g´en´eral suivant donne un corollaire qui r´epond essentiellement `a la question pos´ee.
∗Barlet Daniel, Institut Elie Cartan UMR 7502
Universit´e de Lorraine, CNRS et Institut Universitaire de France, BP 239 - F - 54506 Vandoeuvre-l`es-Nancy Cedex.France.
e-mail : daniel.barlet@univ-lorraine.fr
Th´eor`eme 1.0.1 Soit M un espace complexe irr´eductible de dimension m, et soit F ⊂ TM un feuilletage ´eventuellement singulier de rang g´en´eriquen. Supposons que par chaque point deM il passe au moins unn−cycle compact irr´eductible (donc non vide) tangent `aF. Alors il existe un ferm´eF deM de(2m−1)−mesure de Hausdorff nulle, une application holomorpheπ :G→M d’un espace complexe irr´eductible G, qui est un isomorphisme au dessus deM \F et une application holomorphe propre, surjective et n−´equidimensionnelle pr: G→Γ sur un espace complexe irr´eductible Γ telle que pour chaque x ∈ M \F la fibre ensembliste pr−1(pr(x)) soit compacte, g´en´eriquement irr´eductible et tangente au feuilletage π−1(F) de G.
Remarque. Comme l’application holomorphepr:G→Γ est ouverte, l’application holomorphe
pr:M \F →Γ
est holomorphe etn−´equidimensionnelle sur un ouvert de Γ. Ses fibres sont g´en´eriquement des ouverts denses dans des sous-ensembles analytiques compacts g´en´eriquement irr´eductibles de dimension n deM qui sont tangents au feuilletage F.
Ce dernier apparaˆıt donc comme un prolongement `a M du fibr´e tangent vertical `a un morphisme n−´equidimensionnel sur un ouvert dense deM.
Le r´esultat plus pr´ecis suivant s’applique en particulier quand M est lisse et F est de rang constant.
Corollaire 1.0.2 Supposons, dans la situation du th´eor`eme, que, de plus, M ad- mette un ouvert non videΩqui soit r´eunion de feuilles compactes connexes de dimen- sion n de F qui ne rencontrent ni le lieu singulier de M ni le sous-ensemble analy- tique singulier deF1. Alors il existe un sous-ensemble analytique ferm´eT d’int´erieur vide deΓ tel queG\pr−1(T)soit isomorphe via π `a un ouvert dense deM. Dans ce cas, la restriction deπ−1(F)`aG\pr−1(T)s’identifie g´en´eriquement au fibr´e tangent vertical du morphisme propre et n−´equidimensionnel pr :G\pr−1(T)→Γ\T.
2 Cycle tangent ` a un feuilletage.
Pour les pr´ecisions sur les ´ecailles adapt´ees, les graphes multiformes et le lien avec les familles analytiques de cycles on pourra consulter [B.75] ou [B-M 1].
Pour les pr´ecisions sur les classifiants isotropes on pourra consulter [B.75] en atten- dant [B-M 2].
Commen¸cons par la d´efinition d’un cycle tangent `a un feuilletage (l’int´egrabilit´e ne semble mˆeme pas utile ici !).
1c’est-`a-dire le sous-ensemble analytique ferm´e minimal en dehors duquelFest localement libre de rangn.
D´efinition 2.0.1 Soit M un espace complexe r´eduit et soit F un feuilletage complexe (´eventuellement singulier) sur M. Soit X un cycle de M. On dira que X est tangent au feuilletage F si la condition suivante est v´erifi´ee :
• Pour tout ouvert W de M et tout ω ∈Γ(W,Ω1M) qui v´erifie < ω, σ >= 0 pour tout σ ∈ Γ(W,F), la restriction de ω `a |X| ∩W est de torsion sur
|X|.
Remarques.
i) On notera que cette notion est locale sur le support |X| du cycle X et qu’il suffit de la v´erifier sur un ouvert non vide de chaque composante irr´eductible du cycle.
ii) Si l’on suppose qu’au voisinage d’un point non singulier x0 deM le feuilletage est de rang constant ´egal `a n, alors, sous nos hypoth`eses, F est int´egrable au voisinage dex0 et une condition n´ecessaire et suffisante pour que len−cycle X soit tangent `a F au voisinage de x0 est que |X| soit contenu au voisinage de x0 dans la feuille passant par x0.
Notations. Soient U′ ⊂⊂ U et B des polydisques relativement compacts de Cn et Cp respectivement et fixons un entier positif k. Nous noterons par ΣU,U′(k) l’ensemble analytique banachique qui classifie les morphismes
S×U¯ →Symk(B)
qui v´erifient la condition d’isotropie sur S×U¯′, o`u S d´esigne un ensemble analytique banachique. Rappelons que l’on a un hom´eomorphisme holomorphe
ΣU,U′(k)→H( ¯U ,Symk(B))
et que la condition d’isotropie se traduit par l’holomorphie en s∈S des applications Tmi :S×U′ →L(Λi(Cp),Λi(Cn))⊗ Sm(Cp) m∈[0, k−1]
donn´ees par les traces des formes diff´erentielles (`a valeurs vectorielles) (s, t)7→ T r(Xs/U′)[xm⊗dxi](t) ∀m∈[0, k−1],∀i≤inf(n, p).
On dispose alors pour toute q−forme holomorphe ω sur un voisinage ouvert W de ¯U ×B¯ d’une application holomorphe
T rX/U′ : ΣU,U′(k)→H( ¯U′,ΩqCn) = H( ¯U′,C)⊗Λq(Cn)∗
qui `a X ∈ΣU,U′(k) associe la q−forme holomorphe donn´ee par la trace de ω pour la projection de X sur U.
Proposition 2.0.2 Soient M un espace complexe r´eduit, F un feuilletage sur M ´eventuellement singulier et que l’on ne suppose pas int´egrable. Soit n un entier et soit ZFn le sous-ensemble des n−cycles compacts de M qui sont tangents `a F. Alors ZFn est un sous-ensemble analytique ferm´e de Cn(M) l’espace analytique r´eduit desn−cycles compacts de M.
Remarque. On obtient de la mˆeme fa¸con un r´esultat analogue pour l’espace Cnloc(M), en convenant qu’un sous-ensemble analytique ferm´e de Cnloc(M) est, par d´efinition, un sous-ensemble ferm´e Y tel que pour toute application holomorphe2 f : S → Cnloc(M) d’un espace complexe r´eduit S, l’image r´eciproque f−1(Y) est analytique dans S. Il en va de mˆeme pour l’espace Cnf(M) des n−cycles de type fini introduit dans [B.08].
preuve. Elle est cons´equence imm´ediate du lemme local suivant.
Lemme 2.0.3 Soient U′ ⊂⊂ U et B des polydisques relativement compacts de Cn et Cp respectivement et fixons un entier positif k. Soit W un voisinage ouvert de U¯×B¯ et soit ω une 1−forme holomorphe sur W. Alors le sous-ensemble Zω de ΣU,U′(k) form´e de l’image r´eciproque des X ∈ H( ¯U ,Symk(B)) qui v´erifient que la restriction de ω `a |X| soit de torsion est un sous-ensemble analytique banachique ferm´e de ΣU,U′(k).
preuve. Montrons que Zω co¨ıncide avec le lieu des z´eros de l’application suivante:
Soit V l’espace vectoriel des polynˆomes de degr´es ≤k−1 sur Cp, et soit g1, . . . , gQ une base de cet espace vectoriel form´ee de puissances de formes lin´eaires. Posons alors
⊕Qq=1 T r/U′(gq.ω) : ΣU,U′(k)→H( ¯U′,Ω1Cn⊗CQ) =H( ¯U′,C)⊗(Cn)∗⊗CQ l’application donn´ee par les traces des formes gq.ω. Si X s’envoie sur 0 par cette application, consid´erons une forme lin´eaire l sur Cp qui s´epare g´en´eriquement les points des fibres de la projection de |X| sur U. Alors l’annulation des traces sur X des formes lq.ω, q ∈[0, k−1] entraine l’annulation de ω sur un ouvert dense de |X|. Donc X est bien dans Zω. La r´eciproque est ´evidente, puisque la trace d’une forme de torsion sur X est nulle sur U. Il nous suffit alors de montrer que l’application consid´er´ee est holomorphe, ce qui est d´emontr´e dans [B. 75] chapitre
III et aussi dans [B-M 1] ch.IV th. 5.1.4.).
Remarque. Ce lemme est encore vrai pour une q−forme ω holomorphe sur W pour tout q∈[0, n].
3 D´ emonstration du th´ eor` eme et de son corol- laire.
Donnons deux lemmes simples qui seront utiles pour la d´emonstration du th´eor`eme.
Lemme 3.0.1 SoitM etN deux espaces complexes irr:’eductibles de mˆeme dimen- sion. SupposonsN normal et soit π:M →N une application holomorphe injective.
Alorsπ est un plongement ouvert de M dans N.
2Ceci correspond `a la notion de famille analytique introduite dans [B. 75].
Preuve. Montrons que π est ouverte. Comme π est localement propre (et finie), l’´egalit´e des dimensions permet de conclure. La normalit´e deN implique queπ est
un isomorphisme de M sur l’ouvert π(M) de N.
Lemme 3.0.2 Soit M un espace complexe irr´eductible de dimension m et soit F un ferm´e de M qui est de (2m−1)−mesure de Hausdorff nulle. Alors M \F est irr´eductible.
Preuve. Ce r´esultat est cons´equence du lemme 8 de [Bishop] et de ce lemme en dimension complexe 1 qui est un exercice ´el´ementaire (il s’agit de voir qu’un ferm´e totalement discontinu ne disconnecte pas un disque ouvert).
D´emonstration du th´eor`eme. Soit S la r´eunion du lieu non normal de M et du sous-ensemble analytique ferm´e de M en lequel les fibres de F ne sont pas de rang n. Alors pour s ∈ M \S on a unicit´e du n−cycle compact irr´eductible X(x) tangent `aF et passant parx. On a donc une application X :M\S → Cn(M).
Soit ∆ le sous-ensemble analytique ferm´e (voir la proposition 2.0.2) deCn(M) form´e desn−cycles compacts deMtangents `aF et soit (∆ν)ν∈N la famille d´enombrable des composantes irr´eductibles de ∆ dont le cycle g´en´erique est irr´eductible. Notons que l’applicationX d´efinie ci-dessus prend ses valeurs dans∪ν∈N ∆ν. SoitGν ⊂∆ν×M le graphe de la famille tautologique den−cycles compacts deM param´etr´ee par ∆ν. La projection πν :Gν →M est alors `a fibres discr`etes au dessus de l’ouvert M \S, puisque nous avons suppos´e que pour chaquex ∈M il existe au moins un n−cycle compact irr´eductible tangent `a F et que pour x ∈ M \S ce cycle est unique et
´egal `a X(x). On en d´eduit l’alternative suivante pour ν ∈ N, et nous noterons N1 l’ensemble desν ∈N correspondants au cas 1 et N2 celui correspondants au cas 2 : 1. ou bien l’ouvert G′ν := π−ν1(M \S) est de dimension m := dimCM et la
restriction de πν `a G′ν est l’inclusion d’un ouvert dans M\S;
2. ou bien l’image Fν′ par πν de l’ouvert G′ν := πν−1(M \ S) est une r´eunion d´enombrable de sous-ensembles analytiques localement ferm´es et d’int´erieur vide dansM \S.
En effet, dans le premier cas on a un morphisme injectif d’un espace complexe irr´eductible dans un espace complexe normal de mˆeme dimension, ce qui est n´ecessairement l’inclusion d’un ouvert d’apr`es le lemme 3.0.1; dans le second cas le fait que l’application soit injective montre que localement en haut on a un morphisme propre et in- jectif dans un ouvert. Donc on peut recouvrir G′ν par une famille d´enombrable d’ouverts dont l’image par πν est un sous-ensemble analytique localement ferm´e et d’int´erieur vide dans M \S. Notons qu’il en r´esulte que chaque Fν′ pour ν ∈ N2 a une (2m−1)−mesure de Hausdorff nulle.
Notons M′ l’ouvert ∪ν∈N1 πν(G′ν) et F := M \M′. Alors F est ferm´e dans M et l’on a F ⊂ S ∪ ∪ν∈N2 Fν′
. Comme S ainsi que chaque Fν′ pour ν ∈ N2 a une
(2m−1)−mesure de Hausdorff nulle,F a une (2m−1)−mesure de Hausdorff nulle.
Ceci implique que l’ouvertM′ de M est dense et connexe d’apr`es le lemme 3.0.2.
Montrons maintenant que N1 a exactement un ´el´ement. Comme on sait que M′ est connexe et r´eunion des ouverts non vides Mν := πν(G′ν) pour ν ∈ N1, il suffit de montrer que ces ouverts sont deux `a deux disjoints pour conclure. Soit donc x∈Mν1 ∩Mν2 o`u l’on supposeν1 6=ν2 avec ν1, ν2 dans N1. Comme Mνi est ouvert pouri= 1,2,Mν1∩Mν2 est un voisinage ouvert dexet il existe alors des ouverts non vides dans ∆ν1 et ∆ν2 au-dessus desquels les fibres de πν1 et πν2 sont irr´eductibles et remplissent un ouvert non vide dansMν1 ∩Mν2 contenu dans M \S.
Ceci montre que pourydans un ouvert non vide deMν1∩Mν2 les fibres deπν1 etπν2 en πν1(y) et πν2(y) (qui sont irr´eductibles et sans multiplicit´es) co¨ıncident comme cycles; on a donc ∆ν1 = ∆ν2 c’est-`a-dire ν1 =ν2. Contradiction.
Donc N1 n’a, au plus, qu’un seul ´el´ement et N1 ne peut ˆetre vide puisque les Mν′, ν ∈ N recouvrent M \S. Si ν1 est l’unique ´el´ement de N1 on a un isomor- phismeπν1 :G′ν
1 ∩πν−1
1 (M′)→ M′ et une application holomorphe propre surjective etn−´equidimensionnelle pr:Gν1 →∆ν1. On conlut la preuve en posant G:=Gν1, π:=πν1, Γ := ∆ν1 etpr:G→Γ la projection de Gν1 sur ∆ν1. . Preuve du corollaire. Soit S la r´eunion du lieu singulier de M et du sous- ensemble analytique ferm´e le long duquelF n’est pas localement libre de rang n. Le sous-ensembleT des points de Γ pour lesquels le cycle correspondant rencontreS ou n’est pas r´eduit est analytique ferm´e (le second ´etant d’int´erieur vide par hypoth`ese).
Comme l’ouvert M \F construit dans le th´eor`eme est dense, il rencontre l’ouvert non vide Ω dont on a suppos´e l’existence dans l’hypoth`ese du corollaire. Au point g´en´erique x de cette intersection, la feuille compacte connexe de F passant par le point x co¨ıncide avec le support du cycle compact irr´eductible pr−1(pr(x)), o`u l’on identifie iciM\F `a son image r´eciproque dansG. Ceci montre que le sous-ensemble analytique ferm´e T de Γ est d’int´erieur vide dans Γ puisque Γ est irr´eductible par d´efinition. Il suffit alors, pour conclure, de constater que la restriction deπ :G→M
`a l’ouvert de Zariski denseG\pr−1(T) est injective, puisque M \S est lisse et que donc le seul sous-ensemble compact connexe passant par un point deM\S tangent
`aF est la feuille compacte connexe deF passant par ce point .
4 R´ ef´ erences.
• [B.75] Barlet, D.Espace analytique r´eduit· · · S´eminaire F.Norguet 1974-1975, L.N. 482 (1975), p.1-158.
• [B.08] Barlet, D. Reparam´etrisation universelle de familles f-analytiques de cycles et th´eor`eme de f-aplatissement g´eom´etrique Comment. Math. Helv. 83 no4 (2008) p.869-888.
• [B-M 1] Barlet, D. et Magnusson, J.Cycles analytiques complexes I : th´eor`emes de pr´eparation des cycles, Cours Sp´ecialis´es 22, Soci´et´e Math´ematique de France 2014.
• [B-M 2] Barlet, D. et Magnusson, J. Cycles analytiques complexes II, livre en pr´eparation.
• [Bishop] Bishop, E.Conditions for the analyticity of certain sets, Mich. Math.
J. 11 (1964) p. 289-304.