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RENiO3 (RE=Sm, Nd) élaborés par MOCVD
Cécile Girardot
To cite this version:
Cécile Girardot. Structure et propriétés physiques de films minces RENiO3 (RE=Sm, Nd) élaborés
par MOCVD. Matériaux. Institut National Polytechnique de Grenoble - INPG, 2009. Français. �tel-
00413590�
INSTITUT POLYTECHNIQUE DE GRENOBLE
TH` ESE
pour obtenir le grade de
Docteur de l’Institut Polytechnique de Grenobl e
Sp´ ecialit´ e : Mat´ eriaux M´ ecanique, G´ enie Civil, ´ Electrochimie pr´ epar´ ee au Laboratoire des Mat´ eriaux et du G´ enie Physique (LMGP)
en partenariat avec Schneider Electric dans le cadre de l’ Ecole Doctorale : ´ I-MEP
2“Ing´ enierie, Mat´ eriaux, M´ ecanique, Environnement, ´ Energ´ etique, Proc´ ed´ es, Production”
Titre :
'
&
$
%
Structure et Propri´et´es Physiques
de Films Minces RE NiO 3 (RE = Sm, Nd)
´elabor´es par MOCVD
Directeur de th` ese : Fran¸ cois Weiss - Co-directeur : St´ ephane Pignard
Th` ese pr´ esent´ ee et soutenue publiquement par
C´ ecile Girardot
Le 5 Juin 2009
Jury
Jean-Michel Kiat Pr´ esident
Patrick Laffez Rapporteur
Agn` es Barth´ elemy Rapporteur
Jens Kreisel Examinateur
Fran¸cois Weiss Directeur de th` ese
St´ ephane Pignard Co-directeur de th` ese
Nathalie Caillault Invit´ ee
Remerciements 3
Cette th` ese s’est d´ eroul´ ee comme un concerto pour flˆ ute et orchestre en trois mouvements.
Le tempo inhabituel adopt´ e dans le premier mouvement : presto, et mˆ eme prestissimo, ´ evoque une grande quantit´ e de th` emes m´ elodiques que constituent les multiples ´ echantillons que j’ai synth´ etis´ es. Le deuxi` eme mouvement d´ eveloppe dans un tempo lent les th` emes les plus r´ eussis et nous am` ene ` a comprendre la structure et la composition des principales m´ elodies. Le troisi` eme mouvement est un adagio qui am` ene l’auditeur vers une cadence o` u le soliste peut mettre en valeur les airs principaux constituant le concerto, ce manuscrit en est la partition.
Ces quelques pages sont d´ edi´ ees ` a toutes les personnes qui ont particip´ e de pr` es ou de loin
`
a la composition de ce morceau.
La transposition du concerto en une sonate pour flˆ ute seule a ´ et´ e donn´ ee le 5 juin 2009 devant un public attentif, en particulier devant trois auditeurs qui se sont d´ eplac´ es sp´ ecialement de la r´ egion parisienne et de Tours. Je remercie donc Jean-Michel Kiat d’avoir accept´ e de pr´ esider mon jury, ´ egalement Agn` es Barth´ el´ emy et Patrick Laffez ; je tiens ` a vous exprimer toute ma gratitude pour avoir accepter de rapporter cette th` ese.
La musique fait g´ en´ eralement appel ` a un chef d’orchestre. Pour ma part, je n’en ai pas manqu´ e. Ils m’ont tous permis d’am´ eliorer mon son, ma technique et ma musicalit´ e. Merci
– ` a Fran¸cois Weiss et Nathalie Caillault pour avoir ´ et´ e ` a l’origine d’un travail qui a occup´ e ces quatre ann´ ees.
– ` a St´ ephane Pignard et Jens Kreisel qui se sont relay´ es le plus souvent chacun leur tour au pupitre de chef, merci d’avoir d´ egag´ e un peu de temps pour m’aiguiller lorsque les mesures devenaient trop compliqu´ ees ` a ex´ ecuter, mais ´ egalement d’avoir su m’expliquer des accords qui apparaissaient inaudibles aux premi` eres ´ ecoutes ` a mes oreilles profanes.
Schneider Electric a dans ses effectifs plusieurs m´ elomanes qui ont pris part ` a la r´ ealisation de ce concerto, les ´ echanges et discussions que j’ai pu avoir avec chacun m’ont beaucoup apport´ e, j’ai vraiment appr´ eci´ e le travail au sein de cette entreprise. Je tiens donc ` a remercier :
– toute l’´ equipe du projet Botero : Nathalie, Laurent, Daniel, Elise, Jeremy et C´ edric.
– les ´ equipes Mat´ eriaux et Projet dans leur ensemble et en particulier les responsables de ces
´ equipes Juan Aymami, Marie-Jo Francillon et Christian Petit pour m’avoir fait confiance du d´ ebut ` a la fin.
– Marie pour ces quelques notes suppl´ ementaires que j’ai pu ajouter ` a la partition grˆ ace
`
a ses mesures ATG sur mes pr´ ecurseurs et V´ eronique dont le dynamisme m’a beaucoup
impressionn´ e.
L’institut N´ eel compte ´ egalement des musiciens qui ont apport´ e des airs suppl´ ementaires non n´ egligeable ` a la m´ elodie. Merci
– ` a Jacques Marcus, Bartosh Zawilski et Philippe Plaidoux pour m’avoir permis d’utiliser seule les ´ equipements de mesures ´ electriques. Je reconnais que le “clac-clac” du banc de mesure haute temp´ erature pouvait paraˆıtre un peu r´ ebarbatif, mais les r´ esultats obtenus valaient la peine de tenter ces exp´ eriences de musique contemporaine !
– ` a ´ Eric Doryhee et Jean-Louis Hodeau qui ont montr´ e un enthousiasme communicatif face
`
a des analyses qui me laissaient plutˆ ot perplexes.
Une collaboration avec des instrumentistes de Limoges a permis d’approfondir nos analyses par diffractions aux rayons X. Les r´ esultats obtenus avec le diffractom` etre haute r´ esolution du SPCTS coupl´ es ` a ceux obtenus au synchrotron peuvent se comparer ` a la qualit´ e du son ´ emis par les orgues de Notre Dame, il fallait donc des oreilles averties telles que les leurs pour savoir appr´ ecier cette musique ` a sa juste valeur.
– Merci ` a Florine Conchon, Alexandre Boulle et Ren´ e Guinebreti` ere.
Certains passages ont n´ ecessit´ e l’intervention de sp´ ecialistes pour leur ex´ ecution, ainsi le CMTC a apport´ e une large contribution dans ce travail, je tiens donc ` a remercier :
– Florence Robaut et Alexandre Crisci pour les analyses microsondes,
– Francine Roussel et Fr´ ed´ erique Charlot pour les apr` es-midis pass´ es ` a d´ echiffrer des parti- tions parfois illisibles aux microscopes ´ electroniques ` a balayages,
– Herv´ e Roussel et St´ ephane Coindeau pour les analyses par diffraction aux rayons X.
Je remercie ´ egalement Olivier Renault et Val´ erio Scagnoli pour les analyses exploratoires r´ ealis´ ees par XPS et par diffraction neutronique sur quelques-uns de mes ´ echantillons.
Je n’oublie pas Claude Bernard, merci d’ˆ etre venu ´ ecouter une r´ ep´ etition o` u les canards n’ont pourtant pas manqu´ e !
Cette th` ese s’est essentiellement d´ eroul´ ee au sein du LMGP, v´ eritable orchestre sympho- nique de grand talent. Chaque instrumentiste a donc jou´ e un rˆ ole pour permettre ` a la musique d’exprimer toute sa richesse. Leur intervention autour de la flˆ ute a toujours permis de mettre en valeur sa m´ elodie. Merci
– ` a Bernard de m’avoir accueilli dans le laboratoire durant toute la dur´ ee de cette th` ese, et ` a Virginie, Josiane et Anne-Marie, vous nous sauvez quotidiennement des tracas admi- nistratifs avec c´ el´ erit´ e et brio, bravo.
– ` a Laetitia pour ces fabuleuses images TEM, mais aussi ` a Patrick, Jean-Edouard, Arnaud, Carmen et Joseph.
– ` a Michel Boudard pour son enthousiasme et ses conseils vis ` a vis de mon travail, les
cartographies du r´ eseau r´ eciproque et l’aide apport´ ee pour la compr´ ehension de certaines
subtilit´ es de l’espace r´ eciproque, ` a Etienne pour son aide ` a l’AFM et celui, crucial, qu’il
m’a apport´ e lors de mon d´ em´ enagement, et ` a tous les autres membres permanents du
laboratoire qui ont toujours r´ epondu pr´ esent lorsque je sollicitais un conseil ou un moment
d’´ ecoute dans les moments de doutes.
Remerciements 5
Un petit mot aussi pour les autres doctorants, les post-docs et les stagiaires que j’ai cˆ otoy´ es tout au long de ces 4 ann´ ees... J’ai pass´ e de tr` es bon moments avec vous et goˆ ut´ e de fabuleux gˆ ateaux...
– David, je te conc` ede la victoire de bonne grˆ ace pour tes souris, elles ´ etaient si mignonnes et autrement plus jolies que mon gˆ ateau ` a la carotte !
– Pour tout les ´ echanges et moments sympas pass´ es ensemble dans la salle de caf´ e, dans un restau, ou au bowling et parfois aussi dans les salles de manip, merci Guillaume, Erwan, Cyril, Claire, Thomas, Mouna, Manu, Rached, Alina, Samir, Nejib, Nabil, Axelle, mais
´ egalement Virginie (la blonde), Vincent et Tristan, les quelques sorties ski que nous avons faites ensemble sont pour moi des moments inoubliables, bonne chance ` a Nicolas, Germain et les autres pour la suite.
– Une petite pens´ ee ´ egalement pour Olivier, Andreas, les deux Fred, Virginie (la brune) et Yann, mes diff´ erents colocataires de bureau, j’esp` ere ne pas avoir ´ et´ e trop insupportable surtout lors de l’´ ecriture du troisi` eme mouvement.
– Merci Mathieu de m’avoir initi´ e ` a lyx mais aussi pour ton amiti´ e, ¸ca a vraiment fait un vide quand toi et Am´ elie ˆ etes partis de Grenoble.
– Merci enfin et surtout ` a Isabelle, ma colocataire permanente de bureau jusqu’` a la fin. Tu as ´ et´ e un v´ eritable soutien, nos discussions professionnelles et personnelles vont beaucoup me manquer et je doute de retrouver une coll` egue aussi sympa ` a l’avenir, tu as vraiment mis la barre haute !
Comment exprimer toute ma gratitude ` a ceux qui me supportent depuis bien plus longtemps et qui ont assist´ e ` a mes premiers pas de musicienne...
Merci
– ` a toutes les personnes qui se sont d´ eplac´ ees depuis la Franche-comt´ e, et qui ont mis la main ` a la pˆ ate pour faire d´ ecouvrir les produits de notre belle r´ egion lors du concert final, mais aussi, j’ai vraiment ´ et´ e touch´ ee de l’int´ erˆ et que vous avez t´ emoign´ e pour mon travail.
– ` a mon papa pour sa patience et sa pers´ ev´ erance pour relire un manuscrit comportant des termes tr` es abscons pour un novice. Je profite de ces quelques lignes pour le remercier de tout mon cœur ainsi que ma maman pour m’avoir permis d’´ etudier toutes ces ann´ ees sans conditions et sans pressions, ce qui pour moi est d’une valeur inestimable.
Il me reste une derni` ere personne sans qui la couleur du ciel serait sˆ urement beaucoup plus terne, et mˆ eme s’il ne prend pas de gant quand il a une remarque ` a faire sur mon travail, (normal pour un guitariste !), il m’a vraiment beaucoup aid´ e tout au long de ces ann´ ees d’´ etudes...
Merci Seb, d’autres concerts avec “flˆ ute-guitare et ... voix” nous attendent et ceux-l` a risquent
dans un premier temps d’ˆ etre souvent en nocturne !...
Table des mati` eres
Remerciements 3
Table des mati` ere 7
Introduction g´ en´ erale 11
I Les nickelates de terres rares 13
1 Les mat´ eriaux p´ erovskites . . . . 16
1.1 Propri´ et´ es structurales . . . . 16
1.2 Propri´ et´ es physiques . . . . 18
2 Synth` ese des nickelates de terres rares . . . . 20
2.1 Mat´ eriaux massifs . . . . 20
2.2 Films minces . . . . 20
3 Propri´ et´ es physiques . . . . 25
3.1 Avant-propos . . . . 25
3.2 La transition m´ etal-isolant . . . . 26
3.3 La transition magn´ etique . . . . 31
3.4 Cas des solutions solides Sm 1−x Nd x NiO 3 . . . . 33
4 Objectifs de ce travail de th` ese . . . . 35
II ´ Elaboration par MOCVD 37 1 Principe du d´ epˆ ot MOCVD . . . . 40
1.1 La technique CVD et ses variantes . . . . 40
1.2 Processus d’une synth` ese MOCVD . . . . 41
2 Le dispositif exp´ erimental . . . . 45
2.1 L’enceinte de d´ epˆ ot . . . . 45
2.2 Contrˆ ole et commande des param` etres d’´ elaboration . . . . 48
2.3 Avantages du proc´ ed´ e MOCVD ` a injection ”bande-flash” . . . . 51
3 R´ eactifs et substrats . . . . 52
3.1 Les pr´ ecurseurs . . . . 52
3.2 Le solvant . . . . 54
3.3 Les substrats . . . . 55
4 Etude des conditions de synth` ´ ese - ´ Echantillons r´ ealis´ es . . . . 58
4.1 Influence de la temp´ erature de d´ epˆ ot . . . . 58
7
4.2 Influence de la composition de la solution source . . . . 63
4.3 Conditions exp´ erimentales retenues . . . . 64
4.4 r´ ecapitulatifs des ´ echantillons ´ etudi´ es . . . . 64
III Caract´ erisations structurales des films minces RE NiO 3 67 1 Conditions d’´ epitaxie en fonction du substrat . . . . 70
1.1 Diffraction des rayons X en g´ eom´ etrie Bragg-Brentano (mode θ /2θ ) . . 71
1.2 Diffraction des rayons X en g´ eom´ etrie de Schultz . . . . 75
1.3 Cartographies du r´ eseau r´ eciproque des films Sm 0,6 Nd 0,4 NiO 3 . . . . 78
2 Etude de la morphologie de surface ´ . . . . 85
2.1 Influence du substrat . . . . 85
2.2 Influence de l’´ epaisseur . . . . 87
3 Etude des contraintes en fonction de l’´ ´ epaisseur . . . . 90
3.1 Evolution du param` ´ etre de maille a ⊥ avec l’´ epaisseur . . . . 90
3.2 Etudes structurales hautes r´ ´ esolutions des films SmNiO 3 d´ epos´ es sur SrTiO 3 . . . . 94
4 Etudes locales par microscopie ´ ´ electronique ` a transmission . . . 100
4.1 Film mince de SmNiO 3 d´ epos´ e sur SrTiO 3 . . . 100
4.2 Film mince de SmNiO 3 de faible ´ epaisseur d´ epos´ e sur LaAlO 3 . . . 104
4.3 Film SmNiO 3 de 550 nm d’´ epaisseur d´ epos´ e sur LaAlO 3 . . . 113
IV Propri´ et´ es de transport ´ electronique 117 1 Protocole de mesure . . . 120
1.1 Principe de la mesure . . . 120
1.2 Dispositif exp´ erimental . . . 123
2 Propri´ et´ es de transport de films minces NdNiO 3 . . . 126
2.1 Analyse du film NdNiO 3 (25 nm) d´ epos´ e sur LaAlO 3 . . . 126
2.2 Influence des contraintes ` a l’interface sur les propri´ et´ es de transport des films NdNiO 3 . . . 133
3 Propri´ et´ es de transport de films minces SmNiO 3 et Sm 0,6 Nd 0,4 NiO 3 . . . 140
3.1 Influence du substrat et de l’´ epaisseur sur les films SmNiO 3 . . . 140
3.2 Effet de l’´ epaisseur sur les films Sm 0,6 Nd 0,4 NiO 3 d´ epos´ es sur LaAlO 3 . . 142
3.3 Influence de la teneur en n´ eodyme . . . 144
4 Effet de l’oxyg` ene sur les propri´ et´ es de transport ´ electronique . . . 148
4.1 R´ esultats exp´ erimentaux . . . 148
4.2 Discussion . . . 151
V ´ Etude exp´ erimentale par spectrom´ etrie Raman 155 1 La spectroscopie Raman . . . 158
1.1 Principe . . . 158
1.2 Dispositif exp´ erimental . . . 159
TABLE DES MATI ` ERES 9
1.3 Allure des Spectres Raman exp´ erimentaux . . . 161
2 Effet de la terre rare . . . 164
2.1 Comparaison des spectres ` a 25 ° C . . . 164
2.2 Comparaison des spectres ` a -180 ° C . . . 165
3 Evolution des spectres avec la temp´ ´ erature . . . 167
3.1 R´ esultats exp´ erimentaux . . . 167
3.2 Discussion . . . 170
VI ´ Etude prospective de multicouches 175 1 Elaboration ´ . . . 178
1.1 Protocole op´ eratoire . . . 178
1.2 Description des ´ echantillons . . . 180
2 Caract´ erisations structurales des multicouches . . . 182
2.1 Diffraction des rayons X (mode θ /2θ ) . . . 182
2.2 Etude par spectrom´ ´ etrie Raman . . . 184
3 Propri´ et´ es ´ electriques de multicouches d´ epos´ ees sur LaAlO 3 . . . 189
3.1 Cas des bicouches simples . . . 189
3.2 Cas des multicouches . . . 191
Conclusion g´ en´ erale 193
Bibliographie 209
R´ esum´ e 210
INTRODUCTION G´ EN´ ERALE
Cette th` ese est n´ ee d’un partenariat entre le Laboratoire des Mat´ eriaux et du G´ enie Phy- sique (LMGP) de Grenoble, du r´ eseau d’excellence europ´ een FAME (Functionnalised Advan- ced Materials and Engineering) et Schneider Electric dans le cadre d’une convention CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la Recherche). Schneider Electric est le leader mon- dial dans de nombreux domaines li´ es ` a la gestion de l’´ electricit´ e et les automatismes. Les mat´ eriaux en couches minces correspondent ` a une probl´ ematique nouvelle, d´ evelopp´ ee au sein du pˆ ole recherche de l’entreprise en vue de leur int´ egration dans des produits industriels. Le LMGP poss` ede un savoir-faire de longue date en synth` ese d’oxydes en couches minces. L’in- t´ erˆ et pour les oxydes fonctionnels et multifonctionnels est en plein essor depuis une quinzaine ann´ ees suite aux d´ ecouvertes de propri´ et´ es ayant un fort potentiel applicatif (supraconducteurs haute temp´ erature, mat´ eriaux magn´ etor´ esistifs, ferro´ electriques, multiferro¨ıques...). L’existence de couplages entre plusieurs de ces propri´ et´ es conf` ere tout un panel d’applications potentielles en lien avec les m´ etiers et savoirs-faire de Schneider Electric, motivant ainsi les travaux de cette th` ese.
Un grand nombre de ces oxydes cristallisent dans une structure p´ erovskite (ABO 3 o` u A et B sont deux cations). Cette structure pr´ esente l’avantage de permettre une grande vari´ et´ e de distorsions structurales et peut accueillir un grand nombre d’´ el´ ements chimiques. Notre ´ etude s’est concentr´ ee autour d’une famille de compos´ es p´ erovskites : les nickelates de terre rare. Ces mat´ eriaux poss` edent des propri´ et´ es ´ electriques et magn´ etiques particuli` erement attrayantes avec l’existence d’une transition m´ etal-isolant variant entre 135 K et 597 K selon la terre rare. Dans le cas de SmNiO 3 , cette temp´ erature est au-del` a de l’ambiante. En jouant sur la composition, cette temp´ erature peut ˆ etre ramen´ ee au voisinage de l’ambiante, ce qui permet d’envisager des applications r´ ealisables au niveau industriel. Une autre transition existe de type antiferro/para- magn´ etique avec la temp´ erature. L’existence de ces deux transitions comporte un int´ erˆ et d’un point de vue fondamental car les m´ ecanismes responsables de ces transitions et les liens existant entre elles font encore l’objet de d´ ebats scientifiques.
L’objectif de cette th` ese est d’apporter une meilleur compr´ ehension des liens entre la struc- ture du mat´ eriau et les ph´ enom` enes responsables des propri´ et´ es de transport ´ electronique de
11
ces mat´ eriaux. Nos travaux sont constitu´ es de trois composantes principales : la synth` ese des films minces, leurs caract´ erisations structurales et les mesures des propri´ et´ es de transports.
Ce m´ emoire s’articule en six chapitres.
Le chapitre I pr´ esente les diff´ erentes probl´ ematiques li´ ees ` a cette th` ese. Une description des principales propri´ et´ es structurales et physiques des mat´ eriaux p´ erovskites pr´ ec` ede un ´ etat de l’art relatif aux nickelates de terres rares. Les diff´ erentes m´ ethodes de synth` ese de ces mat´ eriaux sous forme de c´ eramiques massives et de couches minces sont rappel´ ees ainsi que les propri´ et´ es physiques qui les caract´ erisent.
Le chapitre II est consacr´ e ` a l’´ elaboration des films minces avec un descriptif des principes qui r´ egissent la technique de synth` ese employ´ ee : la MOCVD. Les diff´ erentes composantes du montage exp´ erimental, des mati` eres premi` eres et du protocole op´ eratoire mis en œuvre sont d´ etaill´ ees. Les diff´ erents ´ echantillons ´ elabor´ es au cours de ces travaux sont r´ epertori´ es ` a la fin de ce chapitre.
Le chapitre III pr´ esente les propri´ et´ es structurales et microstructurales ` a temp´ erature am- biante. Nous avons regard´ e si les films sont purs et ´ epitaxi´ es et ´ etudi´ e l’influence des contraintes en fonction de l’´ epaisseur et du substrat par diff´ erentes techniques de diffractions aux rayons X.
La morphologie de surface a ´ et´ e observ´ ee par microscopie ´ electronique ` a balayage. Une ´ etude locale de la structure par microscopie ´ electronique ` a transmission a permis de comprendre le d´ etail de la microstructure.
Le chapitre IV est consacr´ e aux mesures de r´ esistivit´ e en fonction de la temp´ erature. Nos mesures r´ ealis´ ees sur des films NdNiO 3 sont compar´ ees avec les diff´ erents travaux sur films minces et en mat´ eriaux massifs report´ es dans la litt´ erature. Les mesures sur les films poss´ edant d’autres compositions sont ensuite pr´ esent´ ees. L’effet de l’atmosph` ere sur les propri´ et´ es de conduction est d´ ecrit ` a la fin de ce chapitre.
Le chapitre V d´ ecrit l’´ etude r´ ealis´ ee par spectrom´ etrie Raman. Les spectres obtenus sur nos
´
echantillons sont analys´ es ` a temp´ erature ambiante o` u un effet de la composition est mis en
´
evidence. Nous verrons l’´ evolution avec la temp´ erature de ces spectres.
Le chapitre VI aborde une ´ etude prospective r´ ealis´ ee sur des multicouches ` a base de diff´ erents
nickelates de terres rares. La description du protocole de synth` ese et des ´ echantillons r´ ealis´ es
constitue le d´ ebut de ce chapitre. Une analyse par diffraction aux rayons X et par spectrom´ etrie
Raman nous montre l’effet des ´ epaisseurs des couches sur les propri´ et´ es structurales de ces
syst` emes. Des mesures de r´ esistivit´ e compl` etent cette approche.
CHAPITRE I
LES NICKELATES DE TERRES RARES
1 Les mat´ eriaux p´ erovskites . . . . 16
1.1 Propri´ et´ es structurales . . . . 16
1.2 Propri´ et´ es physiques . . . . 18
2 Synth` ese des nickelates de terres rares . . . . 20
2.1 Mat´ eriaux massifs . . . . 20
2.2 Films minces . . . . 20
2.2.1 Proc´ ed´ es d’´ elaboration en films minces . . . . 21
2.2.2 La stabilisation ´ epitaxiale . . . . 23
3 Propri´ et´ es physiques . . . . 25
3.1 Avant-propos . . . . 25
3.2 La transition m´ etal-isolant . . . . 26
3.2.1 Origine de la transition . . . . 26
3.2.2 Evolution de la structure lors de la transition m´ ´ etal-isolant 28 3.2.3 Rˆ ole de l’oxyg` ene . . . . 29
3.3 La transition magn´ etique . . . . 31
3.4 Cas des solutions solides Sm
1−xNd
xNiO
3. . . . 33
4 Objectifs de ce travail de th` ese . . . . 35
13
15
Les nickelates de terres rares appartiennent ` a la famille des oxydes de type “p´ erovskite”
de formule ABO 3 , qui poss` edent bien souvent des propri´ et´ es physiques et structurales hors du commun.
Nous verrons dans une premi` ere partie quelle est cette structure et quelles sont les propri´ et´ es principales pour lesquelles les mat´ eriaux p´ erovskites de type oxydes sont connus.
Nous nous attacherons dans une deuxi` eme partie aux m´ ethodes de synth` ese qui ont ´ et´ e utilis´ ees pour obtenir les nickelates de terres rares sous forme de c´ eramiques massives et en couches minces.
Dans une troisi` eme partie, nous verrons quelles sont les propri´ et´ es qui caract´ erisent les nickelates de terres rares au niveau de leur structure et de leurs propri´ et´ es magn´ etiques et
´
electriques. Ce bref ´ etat de l’art aura mis en lumi` ere un certain nombre de questions ouvertes
qui a motiv´ e ce travail de th` ese.
1 Les mat´ eriaux p´ erovskites
1.1 Propri´ et´ es structurales
Les mat´ eriaux configur´ es dans une structure p´ erovskite id´ eale ont pour formule g´ en´ erale ABX 3 . Dans le cas des oxydes p´ erovskites, X correspond ` a l’oxyg` ene O. Une de ces repr´ esenta- tions est propos´ ee dans la figure I.1(a) dans le cas du compos´ e SrTiO 3 , les ions le constituant
´
etant repr´ esent´ es par des sph` eres de tailles proportionnelles ` a leurs rayons ioniques r´ eels. Le site du cation A (Sr 2+ ) est de taille similaire ` a celui de l’anion O 2− et est plus grand que celui du ca- tion B (Ti 4+ ). Les ions sont tous en contact. La structure adopt´ ee est cubique suivant le groupe d’espace P m ¯3m. Pour des raisons de clart´ e visuelle, les anions sont g´ en´ eralement repr´ esent´ es avec une taille r´ eduite comme sur la figure I.1(b).
L’agencement des atomes est le suivant : le cation A est situ´ e au centre du cube, ` a l’int´ erieur d’une cavit´ e cubocta` edrique form´ ee par 12 anions O 2− , les cations B sont plac´ es aux sommets du cube, les anions O 2− se trouvent au centre des arrˆ etes du cube, ils forment un octa` edre autour de B. Un r´ eseau tridimensionnel d’octa` edres BO 6 reli´ es par leurs sommets se forme autour des cations A (cf. figure I.1(c)).
Fig. I.1 – Repr´ esentations d’une structure p´ erovskite ABO
3id´ eale (a) avec un rapport entre les rayons ioniques proche de la r´ ealit´ e, (b) en diminuant la taille des ions O
2−pour plus de clart´ e, (c) r´ eseau tridimensionnel form´ e par les octa` edres BO
6.
Dans un grand nombre d’oxydes p´ erovskites, la taille des ions ne permet pas un emboˆıtement
parfait des atomes suivant cette structure id´ eale. La structure r´ eelle r´ esultante s’adapte ` a la
taille des ions formant le compos´ e par des d´ eformations telles que des rotations et des distorsions
de la structure. Selon le rapport des rayons ioniques entre eux (R A , R B et R O ), les ions ont plus
ou moins de degr´ es de libert´ e, et la structure du mat´ eriau se d´ eforme par rapport ` a la structure
id´ eale. Une inclinaison (“tilt”) des octa` edres BO 6 et/ou le d´ eplacement des ions A et/ou B sont
alors observ´ es. La structure r´ esultant de ces distorsions correspond ` a une maille plus grande
que la structure cubique simple et sa sym´ etrie est plus basse. Une structure p´ erovskite primitive
(ou “petite” maille) d´ eform´ ee par rapport ` a la structure id´ eale est alors consid´ er´ ee (cf. figure
I.2).
1 Les mat´ eriaux p´ erovskites 17
Fig. I.2 – (a) Maille p´ erovskite id´ eale ; (b) maille primitive ou “petite”maille de la structure r´ esultant de d´ eformations par rapport ` a la structure id´ eale dans le cas o` u des inclinaisons des octa` edres BO
6sont observ´ ees ; (c) illustration d’une distorsion par d´ eplacement cationique (cation B d´ eplac´ e selon la direction [001] dans un octa` edre BO
6).
Les d´ eformations peuvent ˆ etre quantifi´ ees avec le facteur de tol´ erance “t”, calcul´ e ` a partir des distances de liaison entre les diff´ erents ´ el´ ements (d A−O et d B−O ) constituant le compos´ e :
t = d A−O
√ 2 · d B−O (I - i)
Un assemblage d’ions peut former une structure de type p´ erovskite ` a une pression et une temp´ erature donn´ ee lorsque t est compris entre ∼0,8 et ∼1,2 ; l’unit´ e ´ etant le cas de la structure id´ eale [1]. En-de¸c` a de ses valeurs, la structure p´ erovskite n’est pas stable. Plusieurs diagrammes propos´ es dans la litt´ erature (diagrammes de Roth [2], de Kassan-Ogly [3], ou de Giaquinta [4]) pr´ edisent quelles d´ eformations de la structure sont attendues pour un compos´ e ABO 3 donn´ e.
Ces pr´ edictions se basent sur le rapport des rayons ioniques et la valeur de “t”, n´ eanmoins ces mod` eles sont souvent incomplets.
Les mat´ eriaux sur lesquels nous avons r´ ealis´ es nos travaux pr´ esentent des d´ eformations par rapport ` a la structure id´ eale qui correspondent ` a des distorsions orthorhombiques suivant le groupe d’espace P nma (´ equivalent ` a P bnm , groupe d’espace #62). La figure I.3(a) montre les relations g´ eom´ etriques entre une maille orthorhombique P nma , caract´ eris´ ee dans un rep` ere ( − → a o , − →
b o , − → c o ) (o` u l’indice “o” se r´ ef` ere ` a orthorhombique) et la “petite” maille pseudo-cubique, caract´ eris´ ee dans un rep` ere ( − a → pc , − →
b pc , − c → pc ) (o` u l’indice “pc” se r´ ef` ere ` a une p´ erovskite pseudo- cubique) avec b o ≈ 2 · a pc et a o ≈ c o ≈ √
2 · a pc et a pc = q
3a
o√
2 × b 2
o× √ c
o2 .
Cette maille orthorhombique P nma peut ´ egalement se d´ ecrire dans une configuration pseudo- monoclinique. Les param` etres de la “petite” maille ne sont, dans ce cas, plus ´ egaux : a pm = c pm > b pm (l’indice “pm” se r´ ef` ere ` a pseudo-monoclinique). Les relations d’orientation entre les param` etres de maille ( − → a o , − →
b o , − → c o ) et ceux de la “petite” maille p´ erovskite pseudo-monoclinique ( −→ a pm , −→
b pm , −→ c pm ) sont indiqu´ ees ´ equation (I - ii) et repr´ esent´ ees figure I.3(b), −→ a pm et −→ c pm sont obtenus par une rotation des param` etres − → a o et − → c o d’un angle θ proche de 45 ° dans le plan ( − → a o , − → c o ). −→
b pm correspond ` a la moiti´ e du param` etre − →
b o .
−→ a pm = − → a
o+ 2 − → c
o−→ b pm =
−
→ b
o2
−→ c pm = −− → a
o2 + − → c
o(I - ii)
Les normes des vecteurs −→ a pm , −→
b pm et −→ c pm de la maille pseudo-monoclinique se calculent
`
a partir des param` etres de maille orthorhombique P nma suivant les relations report´ ees dans l’´ equation (I - iii) :
a pm = c pm = 1 / 2 × c o q 1 + ( a c
oo
) 2 b pm = 1 / 2 × b o
(I - iii)
Fig. I.3 – (a) Relations d’orientation entre la maille orthorhombique et la “petite” maille p´ erovskite d´ eform´ ee pseudo-cubique (b) projection dans le plan ( − → a
o, − → c
o) montrant les relations entre les param` etres de la maille pseudo-monoclinique −→
a
pm, −→
c
pmet ceux de la maille orthorhombique − → a
oet − →
c
o.
1.2 Propri´ et´ es physiques
La particularit´ e des p´ erovskites est leur instabilit´ e face ` a de multiples sollicitations * . La structure p´ erovskite d´ ecrite jusqu’ici ne consid` ere pas l’effet d’un param` etre externe. La struc- ture connue d’un mat´ eriau ABO 3 donn´ e ` a temp´ erature ambiante et sous pression atmosph´ erique peut ´ evoluer vers une autre structure plus ou moins d´ eform´ ee sous l’effet d’un param` etre externe comme des variations de pression, de temp´ erature, mais aussi avec l’application de contraintes, des substitutions chimiques, l’application de champ ´ electrique ou magn´ etique, un environne- ment sous atmosph` ere r´ eductrice ou oxydante etc... Mˆ eme de l´ eg` eres distorsions de la structure p´ erovskite peuvent donner lieu ` a divers changements de propri´ et´ es physiques sous l’effet de ces variations.
La richesse des propri´ et´ es physiques des p´ erovskites d´ ecoulent directement des multiples distorsions possibles de leur structure. Quelques exemples de propri´ et´ es sont rappel´ es dans le
*