HAL Id: jpa-00208193
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Submitted on 1 Jan 1974
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Structure électronique des surfaces (110) des
semiconducteurs de type zinc-blende par une méthode de liaisons fortes
D. Lohez, M. Lannoo
To cite this version:
D. Lohez, M. Lannoo. Structure électronique des surfaces (110) des semiconducteurs de type zinc-blende par une méthode de liaisons fortes. Journal de Physique, 1974, 35 (9), pp.647-657.
�10.1051/jphys:01974003509064700�. �jpa-00208193�
STRUCTURE ÉLECTRONIQUE DES SURFACES (110)
DES SEMICONDUCTEURS DE TYPE ZINC-BLENDE
PAR UNE MÉTHODE DE LIAISONS FORTES (*)
D. LOHEZ et M. LANNOO
Physique
des Solides(**),
I. S. E. N.3,
rue F.Baës,
59046 LilleCedex,
France(Reçu
le 1 er mars1974)
Résumé. 2014 On étudie dans un modèle simple de liaisons fortes la structure électronique des
surfaces (110) des cristaux du type de la blende. Comparant avec les résultats obtenus par la méthode des fonctions de Green, on montre qu’il est possible de déterminer de façon satisfaisante les énergies
des états liés en diagonalisant l’hamiltonien dans les plans les plus voisins de la surface. Ce
procédé,
par sa simplicité, semble
susceptible
d’extension à des modèles plus élaborés, incluant des interactionsplus lointaines ainsi que les effets de self-consistence. On montre enfin que dans le modèle utilisé,
les résultats peuvent s’interpréter simplement en fonction de l’ionicité de Phillips.
Abstract. 2014 The electronic structure of the (110) surface of zinc-blende crystals is studied in a
simple tight-binding model. By comparison with the results obtained by the Green’s function method it is shown that a good approximation to the bound states energy levels can be obtained by diago- nalizing the hamiltonian in a few planes near the surface. This process, owing to its simplicity, can easily be extended to more realistic models including further interactions and self-consistency effects.
Finally it is shown that, in this model, the results can be interpreted in terms of Phillips’ ionicity.
Classification Physics Abstracts
8.322
Introduction. -
Depuis quelques années,
l’étude des étatsélectroniques
des surfaces des semiconduc- teursIV, III-V,
II-VI a connu undéveloppement
considérable
[1-5]. Pourtant,
bien que lespropriétés
de volume de ces
composés
soient bien connues et correctement décrites[5-8]
peu d’étudessystématiques
ont été faites pour
dégager
l’influence de l’ionicitésur la distance et la
largeur
des états de surface. Parailleurs,
il existe à notreconnaissance,
peu de calculs self-consistents de ces états[20]
car leur mise en0153uvre est
complexe.
Nous nous proposons de décrire un calcul des états de surface
(110)
des semiconducteurs du type de lablende,
àpartir
d’une méthode de liaisons fortes.Nous utilisons le modèle le
plus simple capable
derendre compte de l’ionicité en volume ainsi que de
l’élargissement
des niveaux en bande de valence et de conduction. Nous pensons doncqu’il
décrira defaçon
raisonnable l’influence de l’ionicité sur les états de surface. Sasimplicité
nous permettra d’utiliser la méthode des fonctions de Greenqui
conduit auxrésultats exacts. Ceci nous donnera en
plus
lapossi-
bilité de mettre au
point
et de tester une méthodeapproximative qui présente l’avantage
depermettre
l’extension à des modèlesplus
réalistes.Nous détaillerons tout d’abord le modèle utilisé pour décrire le cristal
parfait
et nous montreronsqu’il
permetmalgré
son apparence trèsgrossière
de rendrecompte des aspects les
plus importants
de la structurede bande. Nous décrirons ensuite les
propriétés
desymétrie
de la surface(110)
des cristaux du type de la blende. Cette surface est neutre, cequi
diminuel’influence des
phénomènes électrostatiques.
Elle nesemble pas
reconstruite,
cequi
permet d’éviter l’étude délicate des instabilitésqui
peuvent seproduire
auvoisinage
de la surface. Dans la troisième sectionnous
rappellerons
leprincipe
de la méthode des fonc- tions de Green et nousl’appliquerons
à notre cas.La
quatrième
section sera consacrée à ladescription
de la méthode
approchée
que nous avonsemployée.
Nous
indiquerons
sonprincipe
et nous étudierons la validité de différents niveauxd’approximation
encomparant les
énergies
obtenues avec celles données par le calculprécédent. Enfin,
dans la dernière sectionnous
présenterons
les résultats obtenus pourplusieurs composés
en essayant dedégager quelques
tendancesimportantes
et le sens des améliorations à introduire dans le modèle pour le rendreplus
réaliste.Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01974003509064700
1. Modèle pour le cristal
parfait.
- Le modèle quenous avons
adopté
est leplus simple possible [11, 12] ;
il permet
cependant
de rendre compte des deux aspects lesplus importants
de la structure de bande descomposés : l’ionicité, l’élargissement
en bandes devalence et de conduction. Nous décrirons
rapidement
ce
modèle, puis
nousindiquerons
lesparamètres
choisis et la structure de bande obtenue.
1.1 DESCRIPTION. - La structure cristalline de la blende est formée de la
superposition
de deux réseauxcubiques
à faces centrées décalés l’un parrapport
à l’autre d’un quart de ladiagonale
du cube. Les sites de chacun des réseaux sontoccupés
par des atomes de type différent :chaque
atomeélectropositif
estentouré d’un tétraèdre d’atomes
électronégatifs
etréciproquement.
Dans le cas où les atomes sont iden-tiques,
ce réseau se réduit à celui du diamant.Compte
tenu de laposition
relative des atomes,nous avons choisi comme fonctions
atomiques
debase des orbitales
sp3.
Pour les atomesélectropositifs
nous avons
appelé o X ! i X ! 1 02 >1 1 (P3 >
lesorbitales
pointant respectivement
dans les directions(1, 1, 1), (1,1,1), (1, 1, 1), (l, T, 1).
De même pour les atomesélectronégatifs
ondéfinit 1 (p’ 0 >, 1 (p’ 1 >, 1 (p’ 2 >, 1 ({J;)
lesorbitales sp3 pointant
dans les directions(1, 1, 1), (1, 1,1), (1,1,1), (1, 1, 1).
Ces notations sontdifférentes de celles utilisées par Leman
[11, 12]
notamment : les atomes
adjacents
reliés entre euxpar des liaisons 0-0’ sont contenus dans un même
plan (110).
A
partir
de ces orbitales on peut définir des fonc- tions de Blochavec 1 = 0 à
3,
2 N étant le nombre d’atomes.Reprenant
leshypothèses
de Leman etThorpe
etWeaire
[11, 12, 13]
nous avons admis que l’hamilto- nienHo
n’avait d’éléments de matricequ’entre
orbi-tales d’un même atome et entre orbitales d’atomes
adjacents pointant
l’une vers l’autre. Plusprécisément :
De même pour les orbitales d’atomes
adjacents
si 1 ({JI > et [ ç£ ) pointent
l’une vers l’autre :ç£ 1 Ho 1 ({JI >
= 0 dans tous les autres cas .Enfin les orbitales
atomiques
sont toutessupposées
normées et
orthogonales
entre elles. Dans la basedes fonctions de
Bloch,
l’hamiltonienHo
s’écrit :avec xi =
eik.
ai où les ai sont définis par :et a est le côté du cube.
1.2 CHOIX DES PARAMÈTRES. STRUCTURE DE BANDE.
- Nous allons maintenant
préciser
le choix desparamètres.
Dans le cas leplus général,
81’ 82’ al, a2 et  doivent être déterminés defaçon self-consistente,
compte tenu de lacharge portée
parchaque
atome.Le calcul
complet
est trèscomplexe. Cependant
si elet 82 sont
nuls,
leproblème
sesimplifie beaucoup :
ilse ramène à un calcul moléculaire et
peut
être traité defaçon complètement
self-consistente :Decarpigny
et Lannoo
[5, 8]
ont montréqu’un
tel calculpermet d’interpréter
l’échelle d’ionicité définie parPhillips [6, 7]
et4e
décrire defaçon
satisfaisante les constantesdiélectriques
etcharges
transverses effectives dans lescompbsés.
L’influencede 81
et E2 est faibleet
peut être traitée enperturbation.
Ce sont les valeurs de al, a2, trouvées par ces auteurs que nous avons retenues.Pour les covalents 4 e est
l’énergie
depromotion
de l’atome considéré :
Ep
etES
étant lesénergies
des états p et s.TABLEAU 1
Pour des raisons de
simplicité
nous avonssupposé
que e, et e2 ne variaient ni avec la
charge atomique,
ni avec la nature de l’élément considéré au sein d’une même
ligne
de la classificationpériodique.
Les valeursdes
paramètres
utilisés ont été rassemblées dans le tableau I. Pour faireapparaître
les caractèresimpor-
tants du
modèle,
il est intéressant de considérer ànouveau le cas où el et e2 sont nuls. La structure de bandes se ramène alors à deux niveaux
EL
etEA
desétats liants et antiliants
[8, 14]
Chaque
niveau est 4 N foisdégénéré.
Le niveauinférieur
EL peut
donc contenir les 8 N électrons dusystème.
Ondispose
donc d’unedescription
trèsgrossière
du semiconducteur en niveaux de valence et de conduction. L’efi’et de 8, et e2 estd’élargir
cesniveaux en bandes de valence et de conduction. La
figure
1 permet de comparer dans le cas du diamantFIG. 1. - Structure de bande du diamant. a) Le modèle que nous utilisons ; b) Le calcul de Herman et al. [21]. Pour cette figure uniquement le niveau T25, a été pris comme origine des énergies.
la structure de bande obtenue dans notre modèle
avec celle calculée par Herman et al.
[21].
On peutconstater que :
- l’allure
générale
de la bande de valence est correctement décrite : on obtient deux bandeslarges
et deux bandes
plates qui correspondent
à des bandesétroites dans la structure de bande réelle. Pour les
composés,
ilapparaît
un gap à l’intérieur de la bande de valence et de la bande deconduction ;
- la forme de la bande de conduction n’est pas
réaliste ;
enparticulier
pour le diamant on inverse laposition
relative des niveauxr 15
etT2.
- la
largeur
de la bande de conduction est tropélevée,
celle de la bande de valence est trop faible.On
peut
remédier à ces divers défauts parl’incorpo-
ration d’interactions
supplémentaires. Cependant
ilest
préférable,
dans unepremière étape,
degarder
lemodèle le
plus simple,
defaçon
à en déduire l’intérêt de raffinements ultérieurs.2. Nature et
symétrie
des surfaces(110).
- Nousallons maintenant décrire la surface
(110)
des cristaux du type de lablende,
sessymétries
ainsi que celles de la zone de Brillouincorrespondante.
Nous défini-rons aussi un nouveau
système
d’axes et une nouvellebase de fonctions d’onde
plus adaptée
à notreproblème.
2. 1 GÉOMÉTRIE ET SYMÉTRIES DE LA SURFACE. -
La surface
(110)
des cristaux du type de la blende[1, 2, 5]
est
représentée
sur lesfigures 2,
3 et 4. On voit que la surface est formée de chaînesparallèles, indépen- dantes,
de directiongénérale (1, 1, 0), disposées
àégale
distance les unes des autres dans desplans parallèles
à la surface. La distance entre deux chaînesest
égale
au côté du cube a.Sur la
figure
3 on voit que la maille de surface estrectangulaire
de côtés a et a/2-/2
et contient unatome de
chaque
type.La
figure
4 enfin montre lespositions
des orbitalesen surface : celle-ci ne laisse que deux orbitales pen- dantes : une sur
chaque
type d’atomes.Les
plans
d’atomesparallèles
à la surface sontneutres et
équidistants.
La distance d entre deuxplans
est a,/2-/4. Chaque plan
est décalé par rapportau
plan
intérieur d’un vecteur Tiégal
à lademi-diago-
nale de la maille. La neutralité des
plans
est essentielle à notre étude. Elle permet denégliger
dans unpremier
temps l’influence des effets
électrostatiques
sur lanature des
états,
alorsqu’une
telleapproximation
neserait pas
légitime
pour des surfacespolaires.
FIG. 2. - Structure cristalline de la surface (110) des cristaux du type de la blende :
- en trait plein : les atomes du plan de surface,
- en pointillé : les atomes du plan inférieur.
FIG. 3. - Maille cristalline de la surface (110) des cristaux du type de la blende.
2.2 CHANGEMENT D’AXES. - Pour
poursuivre
lecalcul nous effectuerons un
changement
d’axes défini de lafaçon
suivante :OX est
dirigé
suivant l’axe deschaînes ;
FIG. 4. - Disposition des orbitales en surface :
- en pointillé : les atomes et orbitales d’un plan parallèle mais
différent du plan considéré,
- les orbitales pendantes sont hachurées
0 Y est
perpendiculaire
à OX dans leplan
desurface ;
OZ est normal à la
surface, dirigé
vers l’intérieur du cristal étudié.Les vecteurs ao, al, a2, a3 s’écrivent dans ce
système :
Les vecteurs de base de la maille sont :
Les vecteurs de base du réseau
réciproque
s’écrivent :FIG. 5. - Zone de Brillouin de surface (110) des cristaux du type
de la blende..
La zone de Brillouin de surface est donc
rectangulaire.
Elle
est représentée
sur lafigure
5. La nota-tion
T, X, X’
est due à Jones[15,16].
Enfin T, s’écrit :2. 3 CHANGEMENT DE BASE. - La surface
présente
une
symétrie
de translation suivant OX etOY;
par contre lasymétrie
de translation suivant OZ seradétruite. On doit donc
décomposer
le cristal enplans
successifs
parallèles
à la surface.Dans chacun de ces
plans,
on peut définir des fonctions de Bloch à deux dimensions[17].
Sichaque plan
contient 2 N’ atomes, on a :kip
est le vecteur d’onde contenu dans leplan (110).
L’indice n caractérise le
plan
situé à une distance nd de la surface. La sommation surl’indice j
s’étend àtoutes les mailles du
plan
n. in est un vecteurparallèle
à la surface
qui dépend
de l’indice n : dans notre casin peut
prendre
deux valeurs :Ces fonctions de Bloch de surface
peuvent égale-
ment être définies à
partir
des fonctions de BlochIl, k >
du cristalparfait
sous la forme :où A est une constante de normalisation.
L’intégrale
est étendue à toutes les valeurs de
kz comprises
dansla zone de Brillouin pour la valeur de
kp
fixée.Kalkstein et Soven
[17]
ont montréqu’on peut toujours
définir la zone de Brillouin du cristalparfait
de la
façon
suivante : les limites pourkx
etkY
sontcelles de la zone de Brillouin de
surface ;
la variationen
kz
est limitée par lalongueur
duplus petit
vecteurdu réseau
réciproque perpendiculaire
à la surface.Cette valeur est
indépendante
dekx
etky.
Dansnotre cas on a :
Posant
ko = 2 n a -,/2 on obtient donc :
Cette relation nous permettra de calculer les éléments de matrice des fonctions de Green en surface.
3. Calcul des états de surface. Méthode des fonc- tions de Green. - Nous allons dans cette section
développer
le calcul des états de surface par la méthode des fonctions de Green. Cetteméthode, rappelons-le, permet
d’obtenir defaçon
exacte lesénergies
des états.Ces valeurs nous serviront de références pour tester la validité des modèles
approximatifs
que nous utili-serons ensuite. Nous
rappellerons
donc tout d’abordle
principe
de la méthode. Nous déterminerons ensuite lepotentiel représentant
laperturbation
créée par la surface. Enfin nousindiquerons
la forme desfonctions de Green et
l’équation
donnantl’énergie
des états liés.
On sait que cette méthode permet d’étudier les états liés ou résonnants dus à la
présence
d’une pertur- bation locale U. Pour cela il faut étudier les états propres de l’hamiltonien dusystème
enprésence
dela surface
où
Ho
est l’hamiltonien du cristalparfait.
Définissant la fonction de Green
la relation donnant les états liés s’écrit
[2, 4, 17, 18] :
C’est cette
équation
que nous devons résoudreaprès
avoir défini le
potentiel perturbateur
et calculé les fonctions de Green.Pour définir cette
perturbation
nous considérerons que la surfacesépare
le cristalparfait
en deux demi-cristaux sans interaction entre eux. Le
potentiel
Udevra donc être
égal
etopposé
aux termes d’interac-tions
qui
existaient dans le cristalparfait.
Deux effetssont à considérer : d’une part, comme nous l’avons
déjà
mentionné et comme l’illustre lafigure 4,
l’intro- duction de la surface crée des orbitalespendantes
detype 2 et 3’ dans un demi-cristal et donc de type 2’
et 3 dans l’autre demi-cristal.
Puisque
nous n’avonsretenu dans le cristal
parfait
que des interactions entre orbitales d’atomesadjacents pointant
l’une versl’autre,
lapartie U1
dupotentiel
cherchéqui
décritl’introduction de liaisons
pendantes,
n’aura d’élé-ments de matrice
qu’entre
les orbitales de Bloch desurface : 10,2>, 1 0, 3’), 1 1,2’> et T, 3 ).
Entredeux de ces fonctions on aura :
Utilisant
(14)
on peut mettreU1
sous la forme :où l’on a posé :
D’autre part, dans les
composés
les atomes sontchargés
et induisent des interactions àlongue portée
avec tous les électrons du cristal. L’introduction de la surface doit
supprimer
dans un demi-cristal les contributions aupotentiel électrostatique
dues auxcharges
des atomes de l’autre demi-cristal etrécipro-
quement. Nous avons
négligé
lepotentiel U2
corres-pondant
poursimplifier
au maximum le calcul. Cetteapproximation
n’estcependant
pascomplètement
arbitraire car on peut remarquer que :
- d’une part nous avons vérifié que les éléments de matrice de
U2
sontplus
faibles que ceux deU1 ;
- d’autre part, il n’est pas raisonnable de tenir compte de cette
perturbation
et denégliger
les effetsélectrostatiques
de laréorganisation
descharges
auvoisinage
de la surface. Onprendra
donc finalement :CALCUL DES FONCTIONS DE GREEN. - Pour calculer les éléments de matrice de la fonction de Green entre orbitales de
surface,
nous avons utilisél’expression
des fonctions de Green dans la base des fonctions de Bloch du cristal
parfait : partant
de la définition de la fonction de GreenGo
il est
possible
de déterminerGo
defaçon analytique.
Le calcul est détaillé dans
l’appendice
A. Apartir
de ces
expressions
et de la définition des fonctions de Bloch de surface on peut calculer les éléments de matrice deGo
entre de telles fonctions. Notons que,puisque
U n’a d’éléments dematrice qu’entre
lesorbitales 0, 2 >, 0,
3’>, 1 i, 2’ ) et l, 3 )
il noussuffira de calculer les éléments de matrice de
Go qu’entre
ces mêmes fonctions : le calcul montre queGo
peut se mettre sous la forme :Les
expressions
deG1, G2, G3, G4, GS
etG6
sontdétaillées dans
l’appendice
B.L’éq. (19)
donnantl’énergie
des états liés s’écritsous la forme des deux
équations équivalentes :
correspondant
à des étatssymétriques
etantisymé- triques
par rapport à la surface. Nous avons résoluces
équations numériquement.
4. Etude des états de surface. Méthode
approchée.
-L’étude des états de surface par la méthode des fonc- tions de Green bien
qu’ayant l’avantage
de permettreun calcul exact des
énergies
des étatsliés, présente
les limitations suivantes :
- sauf pour des modèles très
simples,
le calculest entièrement
numérique
avec la lourdeur que celaentraîne ;
- il est en
général problématique
de tenir compte d’interactionsélectrostatiques
car, d’une part il est difficile de connaître larépartition électronique
auvoisinage
de lasurface,
d’autre part, le nombre et lacomplexité
deséquations
croissentrapidement
avecle nombre d’orbitales
perturbées.
Avant d’aborder l’étude des états de surface de
façon
self-consistente dans un modèleréaliste,
il était donc nécessaire de mettre aupoint
une méthodemême
approchée qui puisse s’appliquer
à ce cas.Nous allons donc décrire le
principe
d’une méthode de ce genre,puis
étudier sa validité.L’idée fondamentale de la méthode est que la fonction d’onde
correspondant
à un état lié de surfacedécroît
exponentiellement
en fonction de la distance à la surface. L’état de surface ne fera donc intervenir que les fonctions de Bloch desplans (110)
lesplus
voisins de la surface. Il doit donc
apparaître si, négligeant
les interactions avec les orbitalesplus lointaines,
ondiagonalise
l’hamiltonien écrit entreces
quelques
fonctions de Bloch. Si on obtient unétat
lié,
on pourra améliorer le résultat en traitanten
perturbation
les interactions avec le reste du cristal.Le
poids
des différentes orbitales dans l’état de surfacerenseignera
sur la densitéélectronique
sur les différents atomes.L’intérêt de la méthode est
triple :
- Les
équations
à résoudre s’écrivent immédia- tement.- La
détermination,
mêmenumérique,
des éner-gies
ne nécessitequ’une diagonalisation
par valeurde
k
jj considéré.- Le calcul de la
charge atomique
estplus rapide.
La difficulté
importante
est de savoir si leprocédé
converge
rapidement
et le nombre deplans qu’il
est nécessaire de considérer. Nous allons donc étudier successivement la structure de bande obtenue en ne
considérant
qu’un puis
deuxplans.
Pour décrire le
procédé
utilisé la manière laplus simple
est departir
du modèle moléculaire. Dans cecas, les orbitales
pendantes correspondent
aux niveauxatomiques
al et a2. Toutes les autres orbitales duplan
de surface et de l’intérieur sont associées par
paires
de manière à former les états liants et antiliants.
Le
problème
est donc d’introduire l’interaction e parétapes
successives. Lapremière
d’entre elles estd’établir cette interaction
uniquement
entre les orbi-tales
pendantes
et cellesqui
se trouvent dans leplan
de surface à l’exclusion de celles
pointant
vers l’in-térieur. C’est ce que nous
appellerons
tenir compte dupremier plan
desurface.
L’hamiltonien H’ s’écrit donc
uniquement
entreles
orbitales 0,
0), I 0,
1), I 0,
2), ) 0,
0’>, 0,
l’), 0, 3’ > :
.Les résultats que l’on obtient à l’aide de cet hamil- tonien ne tiennent pas compte d’un
élargissement
suivant
ky,
car les chaînes sontindépendantes
dansle
premier plan. Cependant
dans la direction OXle modèle
permet
pour les covalents de retrouver exactement, à laprécision
des calculsprès,
la courbede
dispersion E(kX) prédite
par la méthode des fonc- tions de Green. Pour lescomposés
l’accord est moinsbon mais reste assez satisfaisant comme l’illustre la
figure
6 pour BN. L’écart que l’on constate semble dû au fait que les interactions de l’état de surfaceavec la bande de conduction et la bande de valence
ne se
compensent
pas exactement comme c’est lecas pour les covalents.
Pour améliorer la méthode
précédente
et notam-ment essayer de trouver une
dispersion
del’énergie
des états suivant
ky,
il faut donc considérer au moins deuxplans
auvoisinage
de la surface. Nous consi- dérerons donc le cas de deuxplans,
cequi
consiste àtenir compte du
couplage
de type e entre orbitalespendantes
dupremier plan
desurface,
du secondplan
de surface et celles
qui
relient ces deuxplans.
L’hamil-tonien
correspondant
s’écrit de la mêmefaçon
queprécédemment
entre lesorbitales 0, 2 ) et 0,
3’>, [ 0, 0 ) et [ 0, 0’ ), [ 0, 1 ) et [ 0, 1’ ), [ 0, 3 ) et 1, 3’ >, [ 0, 2’ ) et 1 , 2 ), [ 1 , 0 ) et [ 1 , 0’ ), [ 1 , 1 ) et [ 1 , 1 ’ ).
L’analyse
des résultats faitapparaître
que :- Pour les covalents on obtient exactement la
FIG. 6. - Structure de bande de surface de BN :
- en pointillé : méthode des fonctions de Green,
- en trait plein : 1) diagonalisation de H dans un plan ; 2) diago-
nalisation de H dans deux plans.
structure de bande calculée par la méthode des fonc- tions de Green ;
- Pour les
composés
les résultats obtenus sont très voisins des relations exactes dedispersion
donnéespar la méthode des fonctions de Green ainsi
qu’on
peut le constater sur lafigure
6 dans le cas de BN.L’écart résiduel peut être réduit en traitant par la méthode des
perturbations
les interactions avec les orbitales du troisièmeplan
d’atomes.La méthode semble donc constituer une
approxi-
mation commode et
précise
pour étudier les états liés de surface.5. Résultats. - Dans cette section nous allons
indiquer
lespremiers
résultats obtenus par la méthode à deuxplans.
Nous nous sommes bornés dans cepremier
calcul à étudier le cas des semiconducteurs purement covalents et descomposés
formés d’élé- ments d’une mêmeligne
de la classificationpériodique.
Le tableau 1 et les
figures
7 et 8 rassemblent les différentesgrandeurs énergétiques
intéressantes. OutreFIG. 7. - Extension des bandes pour les covalents.
FIG. 8. - Extension des bandes pour les composés III-V et II-VI.
les valeurs de
paramètres
al, a2,el, Â,
on y a faitfigurer
les valeurs desénergies
des états liants(EL)
et antiliants
(EA).
On aégalement indiqué
les valeurs limites des bandes de conduction(BC)
et de valence(BV)
duvolume,
et surtout les limites des bandes d’états de surfaces(BVS), (BCS).
Cesénergies
corres-pondent
dans notre modèle auxpoints
il etX.
Une constatation
s’impose
tout d’abord.Puisqu’il
y a deux orbitales
pendantes
parmaille,
onpourrait
obtenir au maximum deux bandes d’états liés. En
général
une seule bande d’états de surfaceapparaît
effectivement. L’autre bande obtenue chevauche la bande de conduction.
L’application
de notre méthoden’est évidemment
plus
valable pour des états de cegenre, mais la méthode des fonctions de Green confirme l’existence d’une seule bande d’états liés de surface. Ce résultat est assez
analogue
à celuiqu’obtiennent
Levine et Freeman[2]
dans le cas dela surface
(110)
de ZnS traité comme uncomposé
purementionique.
Il semble que la structure des bandestrop simpliste
utilisée dans leur cas commedans le nôtre
puisse
être mise en cause. Le fait de tenir compte du recouvrement entre orbitalessp’
participant
à une même liaisonaurait,
parexemple,
pour effet de relever les bandes par
rapport
au niveauatomique sp3,
cequi pourrait
faireapparaître
simul-tanément les deux bandes d’états liés. C’est effecti- vement ce
qu’on
a obtenu pour les lacunes dans les covalents.Pour les
composés
une autre raisonimportante
intervient : nous n’avons pas tenu compte de la modi- fication du
potentiel électrostatique
auvoisinage
de la surface. Des calculs
préliminaires
semblentmontrer que cette correction ramène les états de surface à l’intérieur de la bande interdite du volume.
Pour
poursuivre l’analyse
des résultats il est inté- ressant de serappeler
le modèle moléculaire. Dansce cas, et si on ne fait pas un calcul
self-consistent,
on obtient deux états de surface N’ fois
dégénérés.
Les
énergies
de ces états sontégales
auxénergies
desorbitales
atomiques sp3
al et a2. Ces états sont loca-lisés sur les orbitales
pendantes
de l’un et l’autreatome. Dans ces conditions la distance entre ces
états est
égale
à al - a2,quantité
voisine de lapartie ionique
du gap moyen défini parPhillips [6, 7].
L’introduction
de 81
et 82 a pour effet decoupler
les états : les états se
rapprochent
un peu et s’élar-gissent
en bandes d’états desurface,
mais la distance entre ces états reste voisine de oc, - a2 et de toutefaçon
sensiblementproportionnelle,
comme on peut le vérifier sur lafigure
9 : sur cettefigure
on areporté
la distance
Eg"X
entre états de surface aupoint X
enfonction de al - a2. Cette distance est
nulle,
par raisons desymétrie,
pour les covalents et les étatsqui
définissentEgx
sonttoujours
liés. Le rapport dugap moyen de surface ou gap de volume semble donc
proportionnel
àJ5
où F est l’ionicité définie parPhillips.
Ce résultat estqualitativement analogue
àcelui de Louis et Yndurain
[4], qui
ont montré que ceFIG. 9. - Variations du gap en surface au point X en fonction
de al - IX2.
rapport
et Fvariaient dans le même sens. Nous pensons donc que cette tendance restera vraie pour ungrand
nombre de
composés.
Un autre effet
important de E1
et G2 estd’augmenter
l’extension des états de surface. Le
poids
qp2 de l’orbi- talependante 0, 3’ >
dans l’état de surface de valence passe de 1 dans le modèle moléculaire à une valeur d’environ0,78
presqueidentique
pour tous lescomposés
ainsiqu’on
peut le vérifier dans le tableau II.TABLEAU II
Densité
électronique
sur lesdifférents
atomesen volume et en
surface
Dans ce tableau on voit que le
poids
qpl de l’orbitale0, 2 >
dans l’état de conduction de surface passe de 1 à0,49
pour BN et0,29
pour CdTe. Bien que lasignification
de ce coefficient soitambigüe,
ces valeursconfirment la forte interaction de l’état de conduction de surface avec les états du volume.
Dans ce tableau nous avons fait
figurer
un autrerésultat intéressant : on a
désigné
par ql et q2, qsl et qs2,qsl
etqs2
les nombres d’électronsportés
par les atomesélectropositifs
etélectronégatifs
respec- tivement envolume,
dans leplan
de surface et surle
plan
inférieur. Lesquantités
relatives à la surface ont été calculées en supposant le semiconducteurintrinsèque,
àpartir
des fonctions d’onde dans la structure de bande calculée pourkx
=ky
= 0. Lesvaleurs trouvées sont en fait celles
qui correspondent
aux écarts les
plus importants
parrapport
au cristalparfait.
Ces écarts restentcependant
relativement faibles : ilsn’atteignent 0,1
électron par atome que pour le diamant et BN et nedépassent
pas0,05
élec-tron dans tous les autres cas. Le seul aspect
préoccu-
pant est l’existence d’une couchedipolaire
assezimportante
en surface.Cependant
on peutespérer qu’un
calcul self-consistent réduira les écarts de la surface parrapport
au volume et enparticulier
l’ordre de
grandeur
de cette couchedipolaire.
Conclusion. - Nous avons
étudié,
en liaisons fortes, la structure de bande de la surface(110)
dequelques
semiconducteurs du type de la blende. Nous avons pu mettre en évidence le résultat
significatif
suivant :le
rapport
du gap moyen de surface au gap moyen de volume est sensiblementproportionnel
à la racine carrée de l’ionicité. Notons aussi que lalargeur
desbandes d’états de surface décroît
quand
l’ionicitécroît et que les
charges
en surface sont peu différentes de celles obtenues en volume.Cette étude nous a
également permis
de mettreau
point
une méthode de calcul des états liés de surface : celle-ci consiste àdiagonaliser
l’hamiltonien dans les deuxpremiers plans
desurface, puis
à traiterles interactions avec le reste du cristal en
perturbation.
Cette méthode converge assez
rapidement
comme lemontre la
comparaison
avec un calcul exact par la méthode des fonctions de Green. En outre elle ren-seigne
sur larépartition électronique
en surface. Elle permet donc un calcul self-consistent.Elle est en outre suffisamment
simple
pour être étendue à des modèlesplus
réalistes et notammentau cas où l’on tient compte des recouvrements entre orbitales
sp’ participant
à une même liaison.Remerciements. - Nous tenons à remercier P. Len-
glart qui
nous a donné l’idée de ce travail ainsi que J. N.Decarpigny
pour de fructueuses discussions.Appendice
A. - Partant de la définition de la fonction de GreenGo
du cristalparfait :
on peut à
partir
de l’hamiltonienHo
défini en(5)
calculer defaçon analytique Go
dans la base des fonctions de Bloch du cristalparfait.
La méthode estanalogue
à celle utilisée par Lelieur et Leman[19]
pour déterminer les valeurs propres et fonctions propres deHo.
Nous détaillerons à titred’exemple
le calcul des éléments de matrice de lapremière
colonne :On peut alors réécrire les
éq. (A. 1)
sous la forme :On peut alors éliminer
Goo
etGoo,
entre leséq. (A. 3)
et(A. 4)
De même en éliminant
Gon
etGon,
entre leséq. (A. 4) :
En additionnant membre à membre ces
éq. (A. 5)
et(A. 6)
on trouve :Ces
éq. (A. 7)
permettent de calculerG,
G’ et doncGon
etGon,
en utilisant lessystèmes (A. 5)
et(A. 6).
Parune méthode similaire on trouve de
façon générale :
où l’on a
posé :
Appendice
B. - Calcul des fonctions de Green du cristalparfait
entre orbitales de surface.On sait que les éléments de matrice de la fonction de Green entre orbitales de Bloch de surface peuvent
se mettre sous la forme :
où
les jk 1 Go ik >
sont les éléments de matrice deGo
entre les orbitales de Bloch du cristal.Dans le cas où
les jk Go ik >
ont la forme(A. 8)
onpeut
montrer que lesintégrales (B.1) peuvent s’exprimer
en fonction desintégrales
avec
La matrice G cherchée
prend
alors la forme(23)
où l’on aposé :
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