FACULTE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
iVISriSTEE 1901-1902 N° 15
HERPÈS RÉCIDIVANT DE LA PEAU
THESE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 22 Novembre 1901
X
Félix-Vincent-Marie DORSO
Elève de l'Ecole principale du Service de Santéde la Marine Né àVannes(Morbihan), le15décembre1877.
examinateurs delaThèse
MM. ARNOZAN, professeur.... Président.
LAYET, professeur.... i DUBREU1LH, agrégé n Juges.
MONGOUR, agrégé \
Le Candidat répondra aux questions qui lui serontfaites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
imprimerie y. cadoret
17, Hue Poquelin-Molière, 17
(ancienne ruemontméjan)
1901
FACULTE I)E
MÉDECIN!
ET DE PHARMACIE DEBORDEAUX
M. de: NABIAS Doyen. | M. PITRES.... Doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MICÉ )
DUPUY [ Professeurs honoraires.
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tique générales Thérapeutique
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LE DANTEC.
LeSecrétaire dela L'acuité: LEMA1KE.
Pardélibérationdu 5 août 1S«9, la L'acuitéaarrêté queles opinions émisesdans lesThèsesqui
soqt présentées doivent être considéréescomme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
A LA MÉMOIRE DE MES
FRÈRES FRANÇOIS ET JULES
A MON PÈRE ET A MA
MÈRE
Bienfaibletémoignagede maprofonde
reconnaissance pourleurbonté,pour leur
amouret pourtoutce qu'ils ont faitpour moi.
A MA SOEUR
A MON FRÈRE ET A MA BELLE-SOEUR
A MES AMIS
ET A TOUS CEUX QUI M'ONT TÉMOIGNÉ DE L'AFFECTION
A MES CAMARADES DE LA MARINE ET DES
COLONIES
A Monsieur le Docteur BOURRU
DirecteurcluService deSantéde la Marine,
Directeur de l'Ecole principale du Service de Santé de la Marine,
Officier delaLégiond'honneur, Officierde l'Instructionpublique.
A MES MAITRES DE LA MARINE ET DE LA
FACULTÉ
A Monsieur le Docteur William DUBREUILH
Professeuragrégé àlaFaculté deMédecine deBordeaux
Chargé du cours des maladies syphilitiques et cutanées,
Médecin desHôj itaux, Officier del'Jnstructijnpublique.
A mon Président de Thèse,
Monsieur le Docteur ARNOZAN
ProfesseurcleThérapeutiqueà la Faculté de Médecine de Bordeaux Médecin desHôpitaux,
Officier de l'Instructionpublique.
avant-propos
Au moment de terminer nos études, il nous est un agréable
devoir à remplir, celui de nous
souvenir de
nosmaîtres, qui,
depuis notre entrée dans la vie
médicale, ont guidé
nos paset
éclairé notrejugement.
Ils nous ont prodigué généreusement
leurs conseils et leur
science, ils nous ont communiqué cet
enthousiasme profes¬
sionnel qui sait joindre au
remède qui guérit la parole qui
console.
A tous, nous adressons le témoignage ému
de
notre recon¬naissance.
Merci à nos maîtres de Bordeaux : MM. les professeurs Arno-
zan, Picot, dont nous avons toujours suivi avec
grand intérêt
les cliniques magistrales; MM. les
professeurs agrégés Cassaët
etLagrange, M. le professeur Moure.
Nos maîtres dela Marine, ceuxde Brestetceux de Bordeaux,
ont droit aussi àtoute notre gratitude.
Nous remercions particulièrement M. le
professeur agrégé
Dubreuilli, dont les savantes leçons nous ont toujours
attiré, et
qui ne nous a épargné ni sontempsni
sesconseils.
Nous n'avons garded'oublierMM. les D1S
Letoux
etLe Cadre,
chirurgiens chef et adjoint de l'hôpital civil de
Vannes, dont
nous suivons chaque année auxvacances
les aimables leçons.
De noscamarades de l'Ecole, nous prenons congé; nous em¬
portons de notre séjour parmi eux bien
des souvenirs inalté¬
rables.
M.le professeur Àrnozannousfait le
grand honneur d'accepter
laprésidencede notre thèse; nous lui en exprimons toute
notre
reconnaissance.
HERPÈS RÉCIDIVANT DE LA MAL
INTRODUCTION
L'idée première de ce travail revient à M. le professeur agrégé Dubreuilh. Quand nous sommes entré dans son service,
au début de la dernière annéescolaire, nous avons eu la bonne fortune d'observer de très près l'évolution d'un cas d'herpès
récidivant de la peau, déjà remarqué l'année précédente. Ayant
eu, peu de temps après, l'occasion de rencontrer un cas identi¬
que, nous nous sommes mis à l'œuvre, encouragé par les con¬
seils et la science éclairée de M. le professeur Dubreuilh.
Depuis le travail de Bertholle, en 1876, il a été publié un certain nombre d'observations d'herpès récidivant de la peau,
mais il n'a été fait, à notre connaissance, aucuntravaild'ensem¬
ble sur laquestion. Il nous a paru intéressant de réunir les cas observés à la clinique dermatologique et de les comparer aux
quelques observations disséminées que l'on trouve chez les
auteurs.
Ces observations forment deux groupes naturels, différant
non seulementpar le siège de l'éruption, mais encore par les phénomènes qui les accompagnent et par la marche générale
de la maladie.
Ces deux
groupes sont l'herpès récidivant de la face et l'her¬
pès récidivant de la fesse. On pourrait y joindre un troisième,
aux caractères encore peu connus, l'herpès
récidivant de la
main.
C'est cette division naturelle que nous avons suivie dans le
cours de ce travail.
Nous avons jugé utile de faire précéder cette
étude de consi¬
dérations générales sur les diverses sortes
d'herpès. L'exposé
des particularitéspropres à chacun
d'eux fera ressortir davan¬
tage les différences qui caractérisent
les herpès récidivants de
lu peau.
CHAPITRE PREMIER
l'herpès en général
Le mot d'herpèsa autrefoiscompris la
moitié de la pathologie
cutanée et il est encore dans le langage populaire, reflet des
anciennes doctrines médicales, extrêmement compréhensif. Son étymologie vraiment curieuse explique bien
les lésions aussi
diverses que nombreuses qu'on a rangées
de
touttemps
sousson nom, et la fortune dontil a joui n'a peut-être pas peu con¬
tribué à cette sorte d'imprécision dont l'a revêtu
le langage
médical actuel.
Herpèsestunmotgrecformédela racine herp
qui,
parnature,
exprime l'acte de harponner, de cramponner,d'agripper
;la
terminaison ès signifie l'agent.Herpès veutdire ver
qui s'accro¬
che à une surface dirigée d'une façon quelconque, en
tirant
sursescrampons, ses anneaux ou ses
vertèbres armées de côtes.
Or l'idée de ver s'associe intimement avec l'idée de déman¬
geaison et avec l'acte de piquer et ronger;
ainsi l'animalcule
grimpeur, grâce à ces actes qui lui sont propres,devient
syno¬nyme d'érosion, d'ulcération.
On peut donc affirmer que herpès veut
dire, selon
sesdéve¬
loppements successifs : cramponneur, grimpeur, ver;
puis
ver quicause desdémangeaisons, d'où,parmétonymie, prurit, et
par métaphore herpès, maladie de la peau;ensuite
verqui
ronge, d'où, par les mêmes figures, érosion etulcération
ouherpès.
Les anciens étymologistes paraissent
avoir négligé
cepoint de
vue dans leurs définitions; ils mettentau premierrangun carac¬
tère tout étranger à l'idée première : la
vésicule.
Willan définit l'herpès une maladie
vésiculeuse à caractères
particuliers. A moins qu'il ne les relègue
parmi
cescaractères
Dorso 2
— 18 —
particuliers,il n'y atrace,dans cet
énoncé, ni de
ramperà la
sur¬face, ni de causer du prurit, ni de devenir véreux,
de s'ulcérer.
Son disciple Bateman accepta cette
définition
etdistingua six
espèces, dont l'herpès
phlyeténoïde.
Devergie, tout en conservant ce
qu'il
yavait de
nouveaudans
la définition de Willan, c'est-à-dire la présence caractéristique,
mais arbitrairement choisie, de la vésicule, revenait à l'antique
sensd'herpès : celui demaladie cutanée, à
marche chronique et
rampant pour ainsi dire à la surface
de la
peau.Il appelle her¬
pès toute maladie vésiculeuse de sa nature
qui s'étend
en sur¬face par sa circonférence au moyen
d'un cercle
oubourrelet
morbide.
Il semble qu'aujourd'hui, tout en acceptant le
fond de cette
définition, on enaitencore restreint le sens. L'herpès ne désigne plus qu'un type éruptif caractérisé par desgroupes
de vésicules
miliaires siégeant sur une base rouge. Fournier le
définit
« unedermatose aiguë vésiculeuse, se produisant en bouquet sur une région circonscrite, et évoluant d'une façon cyclique,
rapide et
bénigne ».Il faut avouer qu'actuellement le mot d'herpès tout
seul n'a
aucune signification précise et ne désigne aucune
maladie
en particulier, mais accompagné d'unqualificatif, il représente
encore plusieurs affections bien déterminées et du reste assez disparates.
Un premier type est constitué par l'herpès zoster,
mieux
dénommé zona; il est formé par des groupes herpétiques pré¬
sentant une disposition spéciale, en rapport avec la
distribution
d'un nerf, qui a permis de le différencier depuis longtemps
des
autres formes d'herpès. Maiscen'est pas là leseul caractère
qui
lui soit propre : outre que des phénomènes fébriles s'observent
souvent à son début (d'où le nom de fièvre zoster que Landouzy
a donné au zona), il donne lieu presque constamment à des
cicatrices au niveau desquelles la sensibilité présente des per¬
versions permanentes, et enfin ses récidives sont absolument exceptionnelles.
Le nom d'herpès zoster hystericus a été appliqué par Kaposi
à des éruptions vésiculeuses et gangréneuses disséminées, qui
ne répondent ni à la définition de l'herpès que nous avons
donnée, ni au type clinique duzonaordianire. Ce sontdes érup¬
tionshystériques trèspolymorphes etauxquelles lenomd'herpès
ne saurait s'appliquer.
L'herpès fébrile forme également un type bien distinct, soit qu'il survienne comme épiphénomène au cours d'une maladie générale, le plus souventuneinfection parle pneumocoque, soit qu'il accompagne une angine vésiculeuse, soit enfin qu'il cons¬
titue la seule manifestationobjective d'une pyrexie, comme dans
la fièvre herpétique des anciens auteurs. Occupant presque
toujours les lèvres, au voisinage de leur bord libre, il se repro¬
duit avec une extrême facilité : il est des sujets qui ne peuvent
avoir un mouvement fébrile, un trouble digestif quelconque, qui ne peuvent diner en ville ou se coucher plus tard qu'à l'or¬
dinaire sans avoir leur « bouton » (Thibierge). Mais la récidive
exactement in situ n'est pas le fait ordinaire dans l'herpès fébrile, qui se produit au hasard sur les points les plus divers
des lèvres.
Acôté decepremiergroupe,formé, comme onle voit, detypes
bien différents, et que Fournier range sous le nom d'herpès accidentels, s'en trouve un deuxième qu'il appelle herpès cons¬
titutionnel ou herpès à récidive. Lacaractéristique de cetherpès constitutionnel, sous quelque forme qu'il se manifeste, est en effet de serépéter àintervalles plus ou moins fréquents, et tou¬
jours sur une même région symétrique. C'est ce même herpès
que Bazin et Bertholleappellent herpès successif chronique. On
l'observe à la peau, aux organes génitaux et àla bouche.
L'herpès récidivant génital, bien étudié par Diday et Doyon,
est principalement caractérisé par son siège, et, bien que les
lésionspuissent se manifester sur la peau des organes génitaux,
ilfaut y reconnaître untype morbide tout à faitdistinct de celui
que nous étudierons spécialement.
L'herpès récidivant buccal, plus rare et quelquefois
isolé,
appartient aumême groupe quel'herpèsgénitalaveclequel il est fréquent de le voir coïncider ou alterner chez le même malade.
la®
.
L'herpcs cataménial siège presque toujours à
la vulve,
aux lèvres et aux ailesdu nez. Il peut quelquefois cependant formerdes plaques aberrantes en d'autres
régions
: surla face, le
cou,la poitrine, et, dans ces cas,
il
serapproche beaucoup,
aupoint
de vue objectif, des faits que nous allons étudier,
mais
sesrela¬
tions constantes avec la menstruation l'en distinguent suffisam¬
ment.
Il nous reste le type des herpès récidivants de la peau,
her¬
pès dont la physionomie clinique est
tellement spéciale qu'ils
méritent une description particulière, bien que leur symptoma- tologie seule nous soit connue et que leur nature ou
leur étio-
logie nous échappe complètement.
Comme nous l'avons déjà dit, ces herpès, qui se localisent en trois points déterminés de la peau : le visage,
les fesses et les
mains, réalisent des types cliniques spéciaux pour chacune
de
ces localisations. C'est celle considération qui nous a fait en scinder l'étude.
CHAPITRE II
herpès récidivant de la face
Observations
Observation I
Publiéeenpartie àlaSociété dedermatologie.Prise àlacliniquedermatologiquede
Bordeaux.
Gabrielle F..., âgéede 15 ans, est une jeune tille
robuste, bien
portante, n'ayantjamaisprésentédetroubles nerveux
d'aucune sorte.
Les parents sont également bien portants et sans lare nerveuse.
Elle est le troisième enfant d'une famille de quatre, les autres ne présentent aucun trouble de la santé générale ni aucune
éruption
analogue.
Depuisl'âge de 5 ans jusqu'à14 ans, il est survenu tous
les
ans,vers leprintemps, et toujours au même
endroit,
unepetite bulle
qui disparaissait en quelques jours et qui a
laissé
unecicatrice
grande comme un haricot sur lapartie moyenne du
bord maxillaire
inférieur gauche. Depuis un an, l'éruplion se montre tous
les
mois ou même davantage, sans relation fixe avec la
menstruation.
Lesboutons ont occupé des sièges un peu différents. Chaque pous¬
sée éruptive laisse à sa suite une cicatrice. On ne peut
incriminer
aucun médicament.
9février 1900 : Actuellementl'éruption date de deuxjours.
Elle
est survenue, comme d'habitude, la nuit, sans cause
occasionnelle
appréciable, sans être annoncée par aucun symptôme
particulier.
Le matin, au réveil, elle aperçoit un petit bouton rouge,
entouré
d une zone érythémateuse, avec sensation de cuisson.
Pendant la
_ 22 —
journée il sedéveloppe une bulle, qui se rompt vers le deuxième jour. L'érythème et la douleur disparaissent, la croûte tombe au bout de quatre oucinq jours, laissantune cicatrice. A la partie infé¬
rieure de lajoue gauche, on trouve un groupe de 3 bulles de 5 à
10 millimètres de large, rondes, peu tendues (elles se sont rompues la nuit dernière), contenant un liquide clair. La voûte est formée
d'une couche cornée, épaisse et infiltrée. Le plancher est blanchâtre
et macéré. Aucun liseré érythémateux, aucune infiltration. Pas de douleurs, pas de troubles de la sensibilité. Les bulles siègent, paraît-il, sur la cicatrice d'éruptions antérieures. Au-dessous, cica¬
trice de 1 centimètre sur 2 centimètres, très superficielle, mais un peu déprimée ettrès limitée, parfaitement souple. C'est le siège des éruptions de la première enfance. En arrière, groupede 7 ou 8 cica¬
trices de 3 à 4 millimètres, très superficielles, apparaissant simple¬
ment commedepetites dépressions bien limitées.
Sousle côté droit du menton, cicatrice déprimée de 1 centimètre
sur 2 centimètres environ, irrégulièrement festonnée, causéeparune seule poussée, celle du mois dernier.
Traitement: Elixir parégorique, 5 gouttes matin etsoir.
12 février: Les deux bulles se sont affaissées. On remarque une croûtellejaunâtre, mince, souple.
16 février: Les deuxbulles sont remplacéespardeuxpetites taches lenticulaires, érythémateuses, sans sailliesetde sensibilité normale.
21 février: Ce matin, en se réveillant, la malade s'estaperçue d'un petit bouton surla joue gauche, qui depuis lors a un peu grandi, et
actuellement (10 heures du matin) on trouve sur lajoue gauche, à
1 cent. 1/2 au-dessus dela lésion, un petitgroupe,grandcommeune lentille, de vésicules miliaires cohérentes, tendues et très dures au toucher, contenant un liquide clair, sans infiltration sous-jacente,
entourées d'une zone rose assez large etdiffuse. Pas de démangeai¬
son, pas de douleur. Sensibilité normale. Pas d'adénopathie.
Cette éruption estde tout point semblable à celles qui l'ont précé¬
dée. Pas de troubles de la santé générale. Aucun médicament ne peut être mis en cause.
7 mars : Les lésions de la joue gauche sont guéries depuis 4 à
3 jours. On aperçoit à l'emplacement des anciennes vésicules une
— 23 —
grande plaque rouge,
irrégulière,
un peusaillante. Depuis la nuit
dernière, apparitiondelésions nouvelles surle
côté droit du menton,
toujoursau niveau des poinls anciennement
atteints. A côté et
endehors des cicatrices anciennes, lésion de la grosseur d'une
lentille
saillante, constituée par depetites vésicules miliaires contenantun liquide louche, entourées d'une aréole
inflammatoire. Les plus
gros¬sesvésicules sont très tendues. Pas de sensation spéciale.
Traitement : Caeodylate de soude : 2 pilules parjour,
2 avril : Récidive depuis hiersurla jouegauche,ausiège
de la
pre¬mière poussée observée. Deux petites
bulles irrégulières paraissent
formées par confluence d'éléments plus petits,
chacune de la
gran¬deur d'une lentille. Au-devant d'elles etcontiguës sont deux petites
taches rouges, probablement des bulles rompues.
Pendant deux
outroisjours avantle débutdela poussée,lamaladea
ressenti quelques
élancements.La poussée du 7 mars n'a laisséaucune trace.
18 avril : Le 15 aumatin, nouvelle poussée aumilieu de la joue
gauche,au-dessusdes éruptionsantérieures.Vers
midi du même jour,
un deuxième groupe estapparu à 2 centimètres
plus bas. L'un et
l'autre groupe estformé de vésicules dela
grandeur d'un grain de
mil à unelentille, actuellement à peu près desséchées et sans
éry-
thème.
Traitement : Iodure de potassium, 0 gr. 50parjour.
16 mai : Nouvelle poussée à mi-chemin entre la
commissure
gau¬che et le lobule de l'oreille. Groupe de bulles de lagrandeur
d'un
grain de mil à un haricot, formé parlaconfluencede
vésicules miliai¬
res. Ilen résulte descavités uniloculairespeu tendues,contenantun liquide louche, s'élevant sur une peau àpeine rosée.
L'éruption est apparuelundi soir (il y a 36
heures),
sans quela
malade ait rien senti dans lajournée. L'éruption s'est
accompagnée
d'élancements; elle était complète le mardi matin.
Traitement : Sinapismes à la nuque.
11 juillet ; Hier soir,vers4heures, àla suite de petits
picotements
insitu qui avaientcommencé àuneheurede
l'après-midi, il s'est
pro¬duit. sousle menton et autour de lacicatrice ancienne un groupede
huit vésicules du volume d'un grain de mil à un grain de
chènevis,
quisont actuellement remplies d'une sérosité louche et
entourées
— u —
d'une aréole inflammatoire. Un peu de gonflement sous-jacent. La dernière poussée date de deux mois, jamais un temps aussi longne s'était passé entredeux poussées.
Traitement .-Valériane, une tasse de tisane chaque soir.
26 novembre : Hier soirvers 5 heures, la malade a senti quelques
élancements sur lapartie inférieure de la joue gauche, un petit bou¬
ton est apparu, les autres sont apparus dans la nuit, elle a dureste parfaitement dormi. Actuellement, on trouve un groupe de vésicules
mesurant 2 centimètres sur 1centimètre, siégeantsur une base éry- thémateuse,rosevif,légèrement saillante;lesvésiculessontau nom¬
bre d'une douzaine, variant du volume d'un grain de milà unelen¬
tille, plusou moins confluentes, saillantes, dures et tendues. Quel¬
ques élancements de temps en temps, pas de démangeaisons. Cette
poussée est la premièredepuis le mois de juillet.
14 décembre : Lamalade revientce matin avec une poussée qui
s'estproduite dans le courant de la nuit, sans que rien n'ait pula
faire soupçonnerhier.Actuellement,on trouveau milieu de la joueet
sur laligne unissant le lobule de l'oreille à la commissure gauche,
par conséquent un peu plus haut que les éruptions antérieures, un
groupe de 20 ou30 vésicules, de la grandeur d'une tète d'épingleà
un grain de mil, réunies etparfois confluentes, sur une surface qua¬
drilatère d'à peuprès 4centimètres. Ces vésicules sontfermes, blan¬
châtres,siègent sur une surface à peine rosée, mal limitée et sans infiltration. A lapiqûre,ces vésicules laissent écouler un liquide très légèrement louche.
Traitement : Badigeonnages de formol.
16décembre : Les badigeonnages de formol ont déterminé une petite sensationde brûlure. Pas de desquamation. La poussée actuelle
a évidemment avorté. Iln'ya pas eude gonflement de lapeaucomme d'habitudeetlesvésiculessesontséchéessansaboutiràla confluence.
4février 1901 :Vendredi 1erfévrier,à11 heures du matin, estappa¬
rue une plaque rouge quis'est aussitôt couverte de petites vésicules.
La malade a fait un badigeonnage au formol. Le lendemain, toutes lesvésicules étaient desséchées.Actuellement, on trouveau milieu de lajoue, presque sur la ligne allant du lobule de l'oreille à l'aile du
nez, un groupelarge deuncentimètre formé de petites croûtes trans-
— 25 —
parentes, sèches, adhérentes,
isolées. L'éruption
adonc guéri plus
vite qued'habitude.
Observation II
Prise àlacliniquedermatologique deBordeaux.
JVh'eX... estune fillette de 11 ans, bien développée, quoique plutôt
petite, et qui n'ajamais été malade. La
santé générale est parfaite et
toutesles grandes fonctions se font régulièrement.
L'affection actuelle s'est montrée pour la première fois àl'âge de
4 ans, etdepuislors les récidives se sont
succédé
àdes intervalles
variables de 1 à 6mois; unefoiselleestrestéehuit moissanspoussée
et ladernière remonte à4mois. Touteslespousséesse sont produites
delamêmefaçon etaumêmepoint, précédéespardes
démangeaisons,
etse faisant généralementla nuit. La poussée
actuelle
estsemblable
à toutes lesautres, saufqu'elle s'est faite en deux fois.
Quand elle vient se présenterle 8janvier 1901, elle raconte
qu'il
yadeuxjours,dimanchematin, ellea eu unepetite
poussée constituée
par ungroupede vésiculessituéau voisinagede
la commissure buccale
gauche, large de un centimètre; cegroupe est
actuellement desséché
et formé de croûtes jaunâtres,tout à fait semblable à un groupe d'herpès fébrile en voiede guérison.
Hier lundi, elle a éprouvé un peu de démangeaison sur
la joue
gauche, sansdureste, éprouveraucunmalaiseou aucun
dérangement
desasanté générale, la nuits'est passéecomme
d'habitude et le
som¬meil a été normal. Ce matin, au réveil, l'éruption était faite.
Ontrouve aumilieu de lajouegaucheun groupedevésiculesmesu¬
rant 3 centimètres sur 2, bien limité, de forme irrégulière. Il est
formédevésiculesdelà grosseurd'un grain demil,égales,
cohérentes,
rarementconfluentes, blanchâtres, dures etfermes au
toucher,
con¬tenant un liquide clair; l'une d'elles a commencé à se
dessécher
enune croûte jaunâtre, ambrée, épaisse et inégale.
L'ensemble de la
plaque présente à la palpation un légerépaississement
œdémateux
etmou: la peau qui sépare les vésicules et qui entoure
immédiate¬
mentle groupe présente une teinte rosée à peine
plus marquée
quela peausaine duvoisinage.
— 26 —
L'éruptionest tout àfait indolente. Au dire dupère, l'éruption, une fois faite, ne se modifie pas, ne s'agrandit pas, mais, au bout de 24 heures commence à se dessécher et guérit en 3 ou 4 jours, sans laisser de traces. On ne voit pas de cicatrices dans le voisinage.Il n'y a aucun trouble de la santé générale, aucune circonstance exté¬
rieure ne peut être invoquée comme cause occasionnelle de l'érup¬
tion.
Toutesles éruptions se sont produitesde la même façon et ont évolué de même.
Traitement : 1 grammed'analgésine quand elle éprouve la déman¬
geaison prodromique; iodure et bromure de sodium, de chacun 0 gr. 50 parjour, pendant une quinzaine chaque mois.
Observation III (personnelle).
Emile L... estun petit garçon de 5 ans, dont les parentsjouissent d'une parfaite santé et ne présentent aucune tare. L'enfant a eu la diphtérie il y a 3 ans etaété traité parle sérum.D'un tempérament strumeux, il est atteint actuellement d'unelégère blépharite.
Depuisl'âge de 2 ans(aussitôtaprès sa diphtérie), ilest apparu, à
intervalles variant de8jours à 6 mois,uneséried'éruptionsau niveau
de la joue droite,éruptions siégeant seulementen deuxendroits bien limités où elles ont laissé deux cicatrices rosées,légèrement dépri¬
mées, arrondies, larges comme une pièce de 2 fr., l'une située à 4
ou o centimètres enarrière de la commissure labiale et sur la même
ligne horizontale, l'autre à 2 centimètres en arrière et un peuau- dessus de la première.
Chaque éruption débute la nuit, sans cause apparente. Le matin,
au réveil de l'enfant, après un sommeil aussi calme qu'à l'ordinaire,
on constate la présence, sur l'une des cicatrices qui a pris alors une coloration un peu plusfoncée, d'un groupe de petits boutons rouges déterminant unelégère sensation de cuisson. Ces boutons ne tardent pas à se transformer en petites vésicules blanchâtres, arrondies et saillantes, qui se rompentle lendemain ou lesurlendemain, en lais¬
sant échapper un peude liquide tantôt clair, tantôt louche. La ten-
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sion et la cuisson disparaissent alors; sur chaque ancienne
vésicule,
une petite croûte se forme, qui
tombe bientôt, et tout rentre dans
l'ordrejusqu'àla poussée suivante.
14 mai 1901 : La dernière éruption date de six mois.
Il y a deux jours, l'enfant a
ressenti le soir,
sans causeconnue,
une légère démangeaison au niveau de
la cicatrice antérieure. Hier
matin, après un sommeil tranquille, on
apercevait 5
ou6 petits
boutonsrougeâtresqui, dans la même
matinée,
sesont transformés
envésicules arrondies, tendues; en même temps, la
cicatrice s'en¬
tourait d'une zone érythémateuse. Ce matin (10
heures), toutes les
vésicules sont affaissées, elles ont laissé échapper un peu de
liquide
clair. La cuisson a disparu.
Lasensibilité est normalesur la cicatrice. Des croûtes commen¬
cent à se formerà laplace de chaquevésicule.
15 mai: Lescroûtelles sont complètement formées.
Notonsqu'en même temps que cette
éruption apparaissait, la blé-
pharite de l'enfant s'accentuait et
obligeait la mère à le faire traiter
àla cliniqueophthalmologique.
Aucun médicament n'a été essayé jusqu'à présent pour
le traite¬
mentdeséruptions successives.
L'enfanta été revu depuis et n'apas encore eu
de récidive.
Observation IV
Epstein.
PaulJ..., apprenti serrurier, âgé de 17 ans, a
présenté depuis
sapremière enfance une série de rechutes de l'éruption
actuelle.
Lapremière attaque, au dire de la mère, est survenue
quand il
n'avaitpas encore un an, etdepuis lors elle s'est
répétée plusieurs
fois par an, généralementau printemps et en automne.
Les souvenirs du malade remontentjusqu'à sa huitièmeannée et
portentsur 25 ou 30 poussées éruptives. Les attaques,
qui survien¬
nent toujours la nuit, sont précédées, pendant un ou
deux jours, de
violents maux de tète etde douleurs névralgiques dans le
territoire
de la deuxième branchedutrijumeaugauche, etparde
la
rougeurde
lajoue gauche sans gonflement. Le plussouvent, il y a aussi un peu de fièvreavec un léger frisson la veille au soir, puis vient une nuit
de sommeil tranquille, et, le matin, les douleurset la fièvre ont dis¬
paru,mais l'éruption estlà. Elle estformée de petitesvésicules clai¬
res,etguériten neufoudix jours. La localisation habituelle des vési¬
cules est un espace grand comme un thaler au milieu de la joue gauche, parfois elles s'étendentjusqu'à la paupière inférieure. Une
fois seulement,vers sapremièreou sa deuxième année,l'érnption se serait étendueà toutela face, mais c'était peut-être un eczéma.
Souvent il y a eu aussi en même tempsune éruption d'herpèsaux deux narines.Le 2janvier 1885, le malade seprésente àlapolyclini¬
que; on trouve un grand nombre de vésicules d'herpès sur la joue gauche, le côté gauche de la lèvre supérieure et la narine gauche;
quelquesvésicules se trouvent aussi à la commissure labiale droite, il n'y arien sur tout lereste du corps; surla joue gauche, outreles
vésicules récentes, on voit un grand nombre de petites cicatrices blanches, superficiellesetdéprimées; elles sontdisséminées dans un territoirequi s'étend en avantjusqu'à l'aile gauche dunez, enarrière jusqu'à 4 centimètres du tragus, en haut jusqu'à2 centimètres du
bord palpébral, en bas jusqu'à une ligne qui de la commissure buc¬
cale, suit parallèlement le bord inférieur du maxillaire. Cette région correspond au territoire de la deuxième branche du trijumeau. Le
malade n'a ni fièvre ni trouble digestif. Les vésicules guérirent en quelquesjours.
Le malade revient le 2 novembre. Il n'y a pas eu d'autre éruption
dansl'intervalle. Après les prodromes habituels, quelques vésicules
sont apparues ce matin. Ellessiègent aumilieu de la jouegauche,sur
un espace grand comme une prune. Iln'y apasde vésicules ailleurs,
rien sur la muqueuse buccale. L'examen rhinoscopique montre à
droite un gonflement de la muqueuse du cornet inférieur etrien à gauche.
Observation V
Thibierge
Unejeune maladede 16 ans est entrée àl'hôpital pour une érup¬
tion développée surlajoue gauche depuis quatrejours.