FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
ANNÉE 1897-1898 Mo.
DANS LES
IMPOTENCES DU MEMBRE INFÉRIEUR
— OOO
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement
le 22 Décembre 1897PAR
Louis-Marc-Maurice^Delocque FOURCAUD
Né à Eynesse (Gironde), le 5 avril 1873
/ MM.LAN'ELONGUE professeur Présidi
Examinateursde la Thèse :< professeur j VILLAR agrege Juges.
RIVIERE agrégé.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE -DIJEAUX — 91
1897
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
MM. M1CE...
AZAM..
DUPUY.
M. PITRES Doyen.
PROFE§§ËI]l(§
> Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne
MM. MM.
\ PICOT. Physiologie
JOLYET.
/ PITRES. Hygiène
LAYET.
\ DEMONS. Médecinelégale MORACHE.
Clinique externe
)
LANEi,ONGUE. PhysiqueBERGON1É.
Pathologie interne... N.
Chimie BLAREZ.
Pathologie et théra-
Histoire naturelle
...GIJ1LLAUD.
peutique
générales. VERGELY. Pharmacie FIGUIER.
Thérapeutique
ARNOZAN. Matière médicale
... .de NABI AS.
Médecineopératoire.
MASSE. Médecine expérime.:-
^ ^Clinique d'accouché-
taie FERRE.
ments MOUSSOUS. Clinique
ophtalmolo-
Anatomie pathologi-
gique BADAL.
qUe
COYNE. Clinique des maladies
Anatomie BOUCHARD.
chirurgicales des
en-Anatomie générale et
tants P1ECHAI D.
histologie
VIAULT. Clinique gynécologique BOURSIER.
AGUÉGÛM ISN IIXFRCICI! :
section ue médecine(Pathologie interneet
Médecine légale.)
MM. MESNARD. 1 MM.
SABRAZÈS.
CASSAET. | Le DANTEC.
AUCHn,.
sectionde chuujkoie et accouchements (MM. VILLAR.
Pathologie
externe| BINAUD.
Accouchements.. .\MM. RIVIERE.
Anatomie
/ CHAMBRELENT BRAQUEHAYE 1
SECTIONDES SCIENCESANATOMIQUES ETPHYSIOl.OGIQUliS
SMM. PRINCETEAU | Physiologie
MM. PACIION
BEILLE.
'•'I CANN1EU. | Histoire naturelle
SECTION DESSCIENCES PHYSIQUES
Physique
MM. S1GALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
Chimie etToxicologie
DENIGES. |
( OIRH C ©
III*lil'fiII15'ÉTA
IUUS :Clinique interne des entants
MM. MOUSSOUS.
Clinique desmaladies
cutanées et syphilitiques
Clinique des
maladies des voies urinaires
Maladiesdu larynx, desoreilles et
du
nez Maladies mentalesPathologie externe Accouchements Chimie
DUBREU1LH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
DENUCÉ.
RIVIÈRE.
DENIGES LeSecrétaire dela Faculté: LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que
les opinions émises dans lei
Thesesquiluisontprésentéesdoivent
être considérées
commepropresà leurs auteurs, et
qu'elle n'entendleurdonnerni
approbation ni improbation.
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR M. LANELONGUE
PROFESSEUR DE CLINIQUE CHIRURGICALE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE BORDEAUX
PRÉFACE
J'avais rêvé d'offrir à mon vénéré maître, comme preuve de ma reconnaissance, un travail digne
de lui.
Cet idéal était trop haut sans
doute
pourl'atteindre d'un
coup, et mon
effort s'est brisé
enroute à unécueil imprévu.
Je n'ai pas
voulu livrer à
uneargumentation prématurée les
résultatsdéjà intéressants
de
matentative,
carj'ai l'espoir
du triomphe,
instruit
parmapremière expérience. Dans ma
croyance
la défaite d'hier
apréparé la victoire de demain.
Leprofesseur
Lanelongue m'a prouvé
quel'engagement
pris est un
puissant levier d'action et que pour d'autres on
fait souventcequ'on ne
saurait accomplir
poursoi-même.
C'est donc plein de
confiance
queje viens lui dire ici :
J'espère mon
cher maître pouvoir
unjour, de l'autre
bout de l'Europe, vous
adresser l'œuvre promise, remer¬
ciement des années d'études fécondes et
de l'honneur
quevous me faites
aujourd'hui
enacceptant de présider à la
soutenance de ma thèse.
A qui donc, en
effet,
enoffrir l'hommage puisque je suis
fier devenir affirmer iciquejevous
dois tout du
peu queje
sais. Maître profond
qui passionnez
parla sûreté de la logi¬
que et
la limpidité du raisonnement, votre merveilleux
enseignementsi
large, si compréhensif
aformé mon esprit.
Semeur de
pensées, c'est le meilleur éloge que l'on
puisse
faire du professeur. D'autres cherchent à étonner, à
éblouir parle
scintillement des mots,
oul'étincellement du
geste; d'autres
prêchent d'exemple la confiance absolue en
soi-même et sèment autour d'eux
les désastres futurs en
- 8 -
faussantdejeunes esprits trop enclinsà la suffisance. Débu¬
tant, nous comprenons difficilement que si l'expérience et le succès peuvent excuseret absoudre un vieux praticien, la conscience du devoir professionnel doit imposer à un novice
une loi sévère. Etre consciencieux, voilà à mon sens le haut idéal du chirurgien. Faire naître ce sentiment dans une âme jeune ne doit-il pas être le principal effort d'un maître? Et je
ne sache pasqu'un seul de ceux qui sont heureux de se dire
vos élèves vous ait quitté sansl'avoir senti s'éveiller en lui.
Je voudrais parler du merveilleux clinicien, du sur opéra¬
teur;hélas! ma plume estinhabile, etje me sens au reste un peu gênépourdire ici tout le bien quej'en pense. Deplus loin je serai plus libre. Mais je veux ajouter encore quetousceux qui étudièrent près de mon maître ont pu à l'occasion
appré¬
cier, commeje l'ai fait moi-même, sa générosité, la bonté de
son cœur, prêt à prodiguer les exhortations, les sages con¬
seils. En dehors même des questions d'étude — et tous nous vivons d'une vie sociale souvent troublée ou difficile —-
l'appui affectueusement amical quel'on est toujours sûr de trouverprès de lui, qui m'a été parfois si précieux, voilà ce
qui le place au premier rang de ceux que j'aime et je vénère.
Et c'est si rare encorecela, malgré qu'à tout propos, dis¬
courset rapports vibrent de ces grands mots si commodes par leur sonorité: « La Famille universitaire! »
J'ai fait un trop court séjour dans les services du docteur Gervais, des professeurs Moussous, Piéchaud et Bergonié pour pouvoir en parler comme il conviendrait. Je ne les remercie pasmoins de la bienveillance dont ils ont toujours fait preuve à mon égard.
Puisque c'est ici un hommage public, je veuxjoindre aux remerciements pour mes maîtres de Bordeaux le souvenir de ceux qui me permirent, à Libourne, de passer une année de service militaire infiniment douce et instructive : MM. les
médecins-majors Médieux etBordes-Pagès et M. le D1-Vitrac, chirurgien de
l'hôpital,
qui m'ouvrit l'entrée de ses salles eteut toujoursl'attention délicatede m'associer àsesbrillantes interventions chirurgicales.
Et pour terminer, je veux écrire ici le nom du docteur Junior Vitrac, je lui dois le sujet de ce"modeste travail etje l'aipensé avec lui ; à mon souvenir amical je joins un vœu bien sincère.
INTRODUCTION
Vousêtes appelé
auprès d'un malade étendu
sur sonlit,
unejambe brisée, arrêté dans sa vie
normale, immobilisé, emprisonné,
presqueretranché du monde; chez lui le scliok
moral, le changement trop brusque
d'habitude, les préoccu¬
pations, l'ennui, ajoutent encore
à la gravité de
sonétat.
Venez lui dire à ceblessé : «Mon ami, dans deuxjours vous
serez sur pied. Vous
irez jusqu'à votre fenêtre, à votre
bureau; la table de famille ne sera plus attristéepar votre place vide ; dans
quelques jours
vousferez
unepromenade
au longdes chemins et
des
rues,vous pourrezreprendre la
direction de vos affaires, vos occupations, sans
arrière-pen¬
sée ». Il vous saluera du nom de Messie, et si vos piomesses
se réalisent, vous aurez à ses yeux
accompli
unvrai
miracle.
.Miracleen effet, ce miracle est
possible et je voudrais
per¬suader autour de moi quelques-uns
d'abord et beaucoup
bientôt d'en tenter la réalisation.
Cette question des
appareils de marche m'a intéressé
unpeu parce
qu'elle était il
yaquelques mois à l'ordre du jour,
surtout parce que
je
mesuis convaincu qu'elle
a ungrand
intérêt pratique. Je ne
suis
pasle premier à
enparler, mais
j'estime qu'il ne
saurait
yavoir trop de partisans
pour enfaire la
propagande. Rendre
auxinfirmes momentanés
l'usage
commode de leurs membres, c'est
unidéal bien
séduisant et qui vaut
qu'on tente de le réaliser. On n'y est
parvenu que pour
quelques
casparticuliers
: enattendant
mieux il est utile de faire connaître les tentatives anciennes
_ 12 —
et les résultats
déjà
trèssatisfaisants d'aujourd'hui. N'ayant pointinventéces appareils,je veux être l'un de leurs apôtres,ma conviction étant qu'elle estgénérale et non point seule¬
mentparticulière, la valeur dece procédé, applicable àl'amé¬
lioration de la plupartdes impotences accidentelles patholo¬
giquesou
thérapeuthiquesdu
membre inférieur; œuvreutile pour l'individu etpour la société, riche de conséquences de toutes sortes.C'est ce que j'essayerai de
démontrer
après avoir faitenquelques pages l'historique de la question, avoir formulé les règlesprécises de l'indication et del'application de l'appareil,
et cité dans le nombre des observations sur cesujet, quiaug¬
mente chaque jour d'importance, deux cas plus particulière¬
ment intéressants, qu'il nous .a étédonné d'observer cet été dans les salles 8 et 17 de l'hôpital Saint-André.
Ainsi se dessinent sixchapitres principaux: I. Historique de la question.
II. Des indications.
III. Technique.
IV.Deux histoires de malades.
V. Discussion générale.
Conclusions.
CHAPITRE PREMIER
Historique de la question.
Jevoudrais, avant de commencerla revue des noms qui se sont attachés à la question des appareils demarche,justifier
ce terme qui sert de titre à mon travail et défendre la langue médicale contre l'envahissement d'une autre expression qui
me parait être à la fois une faute delogique et de
français.
Pourquoi
écrire
appareils « ambulatoires» ? Sans doute,c'est l'exacte reproduction du terme anglais«ambulatory
treat- inent », du terme allemand« ambulatorisch verband ». Mais quelle est donc la valeur d'une simple similitude de terme?Appareil «ambulatoire», c'est unappareil qui progresse lui- mêmeen totalité avec le membre ou se meut indépendam¬
ment du membre, sansque ce terme explique le rôle actif remplidans l'ambulation. L'appareil se
déplace,
se mobiliseavecle membre, voilà tout ce que signifie le motincriminé.
S'il futjustequand on le créa pour l'appliquer
à
des appa¬reils de contention
(à l'époque où
le traitement se bornait àfaire marcher les malades à l'aide de béquilles, la jambe pendante, inerte,au
lieu de les laisser
aulit), il
estmauvais
aujourd'hui que l'appareil decontention
est en même tempsun point d'appui dans
la progression du malade.
LesAlle¬
mands, d'ailleurs, ont
été
les premiersà
modifier leur termi¬nologie et à dire sensément «
Geh-Verband
», motà
mot«appareil "à
marcher
».Puisque réellement
nosappareils
servent à marcher, sont la condition même indispensable
pour semouvoir,
nul
terme ne sauraitleur convenir
que celui « d'appareils de marche ».Je pense que sans pluson medonnera gain de cause.
Quoique de nos
jours
onait peut-être poussé
un peuloin
le souci de ladocumentation historique, ce point de vue par¬
ticulier n'en reste pas moins fort
intéressant;
nous y sacri¬fierons donc, d'autant plus volontiers que nous ne serons
point tenu de remonter au
déluge.
Eneffet, la
datela plus
lointaine citée par les historiens de la question (Korsch, Pilcher, Lapeyre,
Rieffel, Cestan)
est 1831,date
del'initiative
de Bérard; puis 1834 apporte un nouveau nom, Seutin. La méthode, qui n'étaitencore qu' « ambulatoire », ne fournit
d'ailleurs pas une longue carrière, presque
aussitôt
se faitl'oubli qui devait durer
cinquante
ans.Mais les historiens ont-ils découvert toutes les traces d'une méthode qui,
à
coup sûr, adû à bien
desépoques différentes
tenter l'esprit des praticiens ?...Je
voudrais placer
ici,sans en tirer conclusions, une simple anecdote personnelle. Il y a deuxans, avant donc que lesrécentes
publications eussent chez nous mis fin au règne du silence, chassant un jour enplein pays sauvage
dans les forêts de
B..., un peu égaré parma carte, écrasé de chaleur, je rencontrai dans un chemin
creux un mauvais cabriolet conduit par un beau vieillard
toutchenu, qui
m'offrit
uneplace à côté de lui
pourrejoin¬
dre la grande route et madirection. Je flairai tout de suite
un médecin de campagne et nouscausâmes vite d'art médi¬
cal ; autrefois et aujourd'hui ; il dénigrait un peu lesjeunes
etje les défendais lorsque nous vinmes à parler des empiri¬
ques. Je ne le trouvai point hostile comme je
m'y étais
attendu, il dit au contraire: « Voyez-vous, à mon âge, après cinquante-sept ans declientèle,
on. voit de haut et l'on a acquis beaucoupd'indulgence.
Dans ce pays difficile, loin desvilles, des chemins de fer, les rebouteurs rendent de grands services. Prudents, ils sont d'inappréciables auxi¬liaires, il en est qui font merveille pour réduire les luxa¬
tions. J'en ai connu un qui, lorsque les paysans se foulaient
— 15 —
un pied, se brisaientune
jambe, trouvait
moyen,à l'aide de pièces
d'étoffeet de morceaux debois qu'il taillait et apprê¬
tait lui-même, de remettre ces gens sur pied et
de les guérir
touten leurpermettant de
pouvoir pendant
cetemps tra¬
vailler, sinon aisément et beaucoup, du
moins
assez pour n'être pas unecharge ùleur famille
et gagnermême leur
vie. N'est-ce pasadmirable,
Monsieur?
»Jemetus, très
scep¬tique, et peu
après
nous nousquittions.
Depuis, je me
suis
souvenude cette histoire et j'ai voulu
prendre desinformations
;impossible. Le vieux docteur est
mort et avec lui tout détail est à jamais perdu.
L'anecdote
m'a parupiquante et
telle quelle je la dédie
auxfanatiques
de bibliographie.
Malgré mon « rebouteur »,
il fout arriver jusqu'en 1878,
avec Erichsen,pour retrouver trace
du traitement ambula¬
toire des fractures qu'il ressuscite et
recrée
presque.Cette
même année, Hessing, modifiant
profondément la méthode,
faisait, au Congrès de
Cassel,
unecommunication impor¬
tante et
présentait
unmalade. C'était la phase scientifique et
féconde qui
s'ouvrait. Malgré l'accueil froid qui lui fut fait,
l'idée étaitseméeet devait dès lorschaque
jour tendre
verssa réalisation parfaite.
Vers la même époque, il faut encore
citer les
nomsde
Hamilton, de Raoult
Deslongchamps, de Thomas (de Liver-
pool),qui
seservit d'une attelle
encore enusage parfois et
qui a conservé son nom.
Après Hessing, citons encore Dom-
browsky
(1881), Reliyer (1882), Selenkow (1889), Harbordt
(1889),
Heussner(1890), puis le mouvement s'accentue, les
noms se multiplient; la
méthode
segénéralise
avecSmi-
grodski, Kraûse,
Korsch, Bruns, Dollinger, Bardeleben,
Albers, Lierman, Ellbogen,
Maudruy, Tscherning, Warbase,
Pilcher, Baùer, Bruno
Marchetti, etc., et,
en1895, deux dis¬
cussions ont lieu au sein d'uneSociété savante
d'Amérique,
le Collège ofPhysiciens
of Philadelphie.
Parmi cesnoms, on en trouve de presque
toute nationa¬
lité : des Allemands d'abord et surtout,
puis des Russes,
Autrichiens, Anglais,
Américains, Suédois, Italiens, mais
pas encore
de Français. Chez
nous, eneffet, jusqu'en 1894, à
part de rares etvagues
échos de l'étranger qui passent ina¬
perçus, c'est
l'ignorance complète. Mais cette année-là,
nousnotons un article dePorembsky dans
la Semaine médicale,
surtout une thèse inspirée par
le professeur Le Dentu
auDr Lapeyreet portantsur uncas
personnel. Le premier appa¬
reil venait d'être appliqué en France.
Deux
ansaprès, le
Traité de Chirurgieclinique et
opératoire
consacreà la
ques¬tion un long articlede
Rieffel. L'an 1897 voit les publications
se multiplier: c'est
la deuxième édition du Traité de Chi¬
rurgie de Duplay et
Reclus, dans laquelle MM. Ricard et
Demoulinse sont occupés du nouveau
traitement;
unarticle
du Bulletinmédical, du28
février 1897, contient
unecourte
étude critique,
signée du Dr Douhre. réédition d'un impor¬
tant article, fort
hostile du reste, de Hennequin," dans la
Revue
d'orthopédie
;dans la Gazette des hôpitaux, le
D1' E. Cestan publie un
très savant et important article histo¬
rique,
statistique, de défense et de propagande, auquel je
suis heureux de rendre hommage; il nous a
été très pré¬
cieux de le consulter et nous lui ferons
de fréquents
em¬prunts;
puis le Dr Reclus porte la question devant l'Académie
de médecine, sa brillante
Communication est la consécration
de la méthode, desa valeur et
de
sesrésultats. Reclus publie
lui-même le compte rendu
dans la Gazette des hôpitaux.
ABordeauxenfin,citons pour
terminer, dans le courant du
mois de septembre, une
communication du DrJ. Vitrac sur
un descas que nous
rapporterons dans cette thèse.
Ces noms, que
je
viensde citer
enfoule
pourêtre complet,
n'ont pas tous une
égale importance. Je dirai même que mes
prédécesseursont abusé
enfaisant remonter à Bérard, 1831
etSeutin,1834, l'origine des
appareils de marche. Ces auteurs apportèrent, il est vrai, dans le traitement des fractures du
membre inférieur, une
modification profonde
;ils conçurent
et réalisèrentune idée nouvelle;
mais si,
enl'appliquant
avec succès, ilsportèrent
uneatteinte
grave audogme classique
— 17 —
de l'immobilisation absolue, faisant marcher uniquement à
l'aide de béquilles leurs malades dont la jambe pendait inerte et inutile, ils ne préparaientque bien vaguement, il faut l'avouer, les appareils actuels. En 1878 même, lors de la reprise de leur méthode, les progrès furent lents à se
faire, l'idée féconde ne s'étant pas encore nettementréalisée.
Le modèle, la matière des appareils contentifs varient, mais
ce ne sont quedes appareils cle contention; la béquille reste l'auxiliaire indispensable et la jambe n'est qu'un
'
impedi¬menta. Gomment voir dans tout cela desappareilsde marche, malgré leparadoxesoutenuparcertains, qui consiste à assimi¬
ler les béquilles à deux attelles, l'une interne, l'autre externe, 'prenantun point d'appui supérieur !
La première étapede notre méthode aurait donc été carac¬
térisée par un simple changement destation, cannes ou cros¬
ses restant les uniques moyens de progression.
Avec la seconde des historiens, la première à mon sens, adieu béquilles, si ce n'est les premiers jours,pour sefami¬
liariser avec un équilibre nouveau; ce qui la caractérise, c'estl'actionà peu près normale dumembre recouvrée, grâce à des appareils
orthopédiques,
du reste infiniment variés.Tous avaient de graves défauts qui expliquent l'accueil froid que reçut Hessing à
Gassel
:ils étaient lourds,
coûteux etd'une construction assez difficile pour ne pouvoir être con¬
fiéequ'à un habile ouvrier spécialiste. Ces appareils cepen¬
dant donnèrent de réelssuccès.
Kraûse inaugure la troisième période en faisant léger et vite. Tout l'appareil se réduit avec lui
à
un plâtremoulé
quisert à la fois à la contention et à la progression, portant di¬
rectement sur le sol pur l'intermédiaire d'une épaisse se¬
melle
plâtrée. Appareils légers, application rapide, tels
étaient les avantagés du
procédé
de Kraûse qui fut féconden excellents résultats. On y vit cependant l'inconvénientgrave de l'occlusioncomplète
du membre,insuffisamment protégé
contre les violences extérieures; l'appui direct sur le sol
du
membre atteint futaussi critiqué.
F. %
— 18 —
Ilse
préparait
unequatrième phase.
C'est, au reste, la phase
actuelle, dans laquelle
onapplique
en deux temps :
1° Une simple
gouttière contentive postëro-latérale d'un
type
quelconque, mais immobilisant l'articulation tibio-tar-
sienne,
permettant à la fois, la surveillance stricte de tous
les
phénomènes vitaux du membre et l'application locale ou
générale des agentsthérapeutiques
;pansement s'il
ya lieu,
électricité, massage, etc;
2° Deux attelles légères et
résistantes terminées
par unesemelle au-dessous du pied, qui se
trouve ainsi isolé de tout
contact. Elles supportent
seules le tassement dû
aupoids du
corpset
les vibrations de la marche.
Tel est
l'appareil de Reclus, celui de Cestan, et,
avecquel¬
ques
légères modifications à
sonavantage
quenous étudie¬
rons au Chapitre III,
celui de Vitrdc et le nôtre.
Ayant
décidé de
ne pas enalourdir inutilement mon tra¬
vail, je ne saurais
mieux faire
quede
renvoyer ausavant
articlede M. Cestan pour tout ce
qui
atrait
auxappareils
antérieurement en usage. Les curieux y
trouveront les
menus détails rétrospectifs de
description, d'application, de
poids, dematière. Plâtre, colle, de menuisier, amidon, fer,
zinc, acier, cuir, treillis
métallique, caoutchouc, attelles infi¬
niment variéesjusqu'à celle qui
remonte
authorax
enl'em¬
brassant, « sitz-ring », ceintures,
bagues, glissières, char¬
nières, étriers, bottines rigides ou
élastiques,
cannes,béquil¬
les,bandes, toile, tubes
élastiques, tarlatane, mulle, ouate,
mousseline, etc... Un vraie musée ! Son
article
vousguidera
avec une sûre méthode etbeaucoupde
clarté dans
cefouillis,
au milieu de tout ce bric-à-brac pittoresque
mais déjà
suranné.
CHAPITRE II
Des Indications.
Chapitre
important, qu'il est sans doute un peu prématuré d'écrire. Les faits nouveauxqui se multiplient déjà, et vontdavantage
encore semultiplier,
permettront à d'autres d'être, preuves en mains, plus catégoriques que nous ne le serons, désireux avant tout, et quoique l'audace d'aujour¬d'hui devienne souvent la règle de demain,
d'échapper
aux reproches de témérité. Absolument affirmatif pour les seuls ordres de faits que nous avons pu étudier, nous pen¬sons qu'il nous est permis de passer en revue les princi¬
pauxcas
d'impotence
du membre inférieur, pour indiquerdansquel sens un traitement nouveau, inspiré du principe
de la marche, pourrait
logiquement
et légitimement leur êtreappliqué,
etdonner les excellentsrésultats,versla réali¬sation desquelstendront par la suite nos efforts. L'avenir se
chargera peut-être de nous
désillusionner,
peut-être aussinous apportera-t-il la douce satisfaction d'avoirprévu juste.
Impossible d'écrire iciun traité d'ensemble; etsi du moins quelques
règles
générales dominent l'infinie variété des faits, préférons-nous neles formuler que commeconclusions decechapitre,
dans lequel nous allons successivement pas¬ser en revue les cas les plus fréquents de la pratique chirur¬
gicale.
I. Segment supérieur du membre inférieur
A l'extrémité supérieure
clu fémur, quelle
quesoit la
lésion, les
appareils de marche
ne nousparaissent
pas indiqués. Lestentatives dans
cesenssont, il est vrai, très
peu
nombreuses, mais
aucunequi puisse jeter
surle sombre
pronostic
habituel
unelueur d'espoir
nouveau.J'ai
puétu¬
dier
particulièrement
un cas.Ii s'agissait d'une fracture intra-capsulàire du col chez
unvieillard. Un bandage plâtré,
puis un
appareil de marche (variété orthopédique, il est vrai)
furent appliqués par
le
DrB... (de Saint-Pétersbourg). Le
résultat fut si peu
favorable,
quele malade dut,
aubout
d'une huitaine, renoncer à l'usage de sa
gouttière
encuir
perforé. Cetappareil très coûteux, dont le moulage et l'appli¬
cation avaient beaucoup fatigué
le malade, était lourd, dou¬
loureux par là
même chez
unvieillard affaibli, et
nefacili¬
tait point du tout
la locomotion,
aucontraire. En définitive,
comme il est d'usage, la fracture ne se
consolida point. Mais
ce qu'il faut
retenir des tentatives de la méthode de marche,
c'est que pour
le traitement de
ces cas,fut violé
pourla
pre¬mière fois le dogme de
l'immobilisation,
etaussi (il
y ade
nombreusesobservations à
l'appui)
quelesmalades
se trou¬vent fort bien de se lever dès les premiers jours et de mar¬
cher avec des béquilles, leur
jambe impotente maintenue
ainsi que nous le montrerons
plus tard,
par unegouttière
plâtréelégère.
Dans toutel'étenduedéla diaphysedu fémur, les fractures, quelle
qu'en soit la variété, réclament l'application des
appa¬reils de marche. Applicationprécoce,qui donne les
meilleurs
résultats,supérieurs à
ceuxde toute autre méthode,
pourvu quel'appareil soit établi et surveillé
avecsoin.
— 21 —
|
II. Segment articulaireA l'extrémité inférieure du fémur l'application est délicate mais toujours utile, avec ou sansimmobilisation de l'article sous-jacent, ce dernier cas devant être, à notreavis, le plus
fréquent,
malgré les contre-indications classiques. Nousavons pu, en effet, nous convaincre en étudiant les malades,
et sur nous-même. que, dans les épanehements articulaires consécutifs à un traumatisme, le meilleur traitement était
encore la mobilisation modérée del'articulation, rappelée à
son fonctionnement à vide d'abord, puis bientôt normal, et que ce moyen donnait d'admirables et définitifs résultats, là où toutes les autres ressources thérapeutiques avaient échoué.
A la rotule, nous ne pensons pasqu'il faille priver les ma- •
lades des bienfaits généraux de la méthode de marche;
mais, malgré quelques cas cités très favorables, nous ne pensons pas non
plus qu'il faille
attendre du traitement par la marche des résultatssupérieurs,
au point de vue de la ra¬pidité et de
la
puissance de la consolidation, à ceux donnéspar la
méthode
quepréconise
notre maître M. le professeur Lanelongue, soit : l'immobilisation au début et le massage,puis la
mobilisation
précoce du genou. L'atrophiemuscu¬laire consécutive, la raideur articulaire étant atténuées par la méthode de marche, nous la préconisons donc, ainsi que
plusieurs observations paraissent
nous yautoriser formelle¬
ment. Puisqu'aujourd'hui le chirurgien a le droit d'oser, le traitement idéal nous semblerait être en ce moment-ci,pour les fractures transversales avec gros écartement, qui sont seules en cause ici :
i° Sousle couvert et la garantie des méthodes antisepti¬
ques, la suture
métallique des fragments;
2° Réalisantle minimum de deux ou troisjours de litseu¬
lement, l'immobilisation dans une
gouttière plâtrée, l'appli-
— 22 —
cation d'un appareil de marche
permettant
: autriceps, le
jeu fi brilla ire, obstaclepuissant à l'atrophie; à la hanche,
au cou-de-pied, auxmuscles de la jambe et de la cuisse
en général, leur fonctionnement régulier. Audouzième jour, la
cicatrisation de la plaie permettrait le massage
et le
mouve¬ment de l'articulation elle-même, définitivementlibérée, ce¬
pendant que la marche
continuerait jusqu'au trentième jour
à se faire par
l'intermédiaire de l'appareil.
A l'extrémité
supérieure du
tibia,les mêmes considéra¬
tions peuvent intervenir qui ont
déjà été énoncées
pour l'extrémité inférieure du fémur: application techniquement délicate, et difficulté de résoudre si l'articulation doit êtrelibre ou immobilisée. Malgré tout,l'intérêt supérieur du ma¬
lade impose au médecin
l'obligation absolue de joindre la possibilité
de la marche,même
etsurtout à l'immobilisation
articulaire.
§ III. Segment inférieur
Dans toute l'étendue de la diaphyse, tant
du
tibia que du péroné, et dans tousles
cas,indication absolue d'appliquer
un appareil de marche.
A l'extrémité inférieure de ces mêmes os, l'hésitation ne
peut exister que pour les cas
de
fracturebi-malléol'aire et lé¬
sions articulaires concomitantes. Mais là encore la statisti¬
que permet d'affirmer la supériorité de
la méthode de
mar¬che.
Pour les fractures des os du pied, les appareils que nous
préconisonssont nettement
indiqués
dans tousles
cas.Si, en nous résumant et pourcréer une formule générale,
nous pouvons dire que les appareils de
marche,
absolument indiqués dans toutes les fractures simples ou compliquées portant sur le squelettedu
membreinférieur,
ne trouventde contre-indication que dans les cas particuliers, fort con¬
nus d'ailleurs de tous les chirurgiens, où, par suite de gon¬
flement exagéré, de mortification existante ou imminente,
— 23 —
l'application de
l'appareil
plâtré contentif, soit le premier temps del'intervention,
est rendueimpossible— cette contre- indication partielle disparaissant du reste avec l'atténuation et la cessation desphénomènes qui l'avaient un instant légi¬timée, — il nous faut cependant faire quelques réserves. La délicate question d'immobilisation articulaire mérite d'être mise à part. Attendons de nouveaux faits d'où déduire une
règle absolue. Pour la rotule, nous avons nettement formulé notre opinion,que l'avenir nouspermettra
d'appuyer
sur desfaits. A l'extrémité supérieure du fémur,ne pas jusqu'à nou¬
vel ordre, et sans doute l'avenir n'y changera rien, appli¬
quer d'appareil de
marche,
mais préconiser la contention légère et l'ambulation très précoce à l'aide des béquilles. En¬fin, le chirurgien ne doit pas perdre de vue que le succès dé¬
pend du soin jaloux avec
lequel
il aura fait la critique de chaque casparticulier
etappliqué le traitement.
En cas d'échec, si l'habileté et la conscience de l'opérateur pourrontêtreen cause,la
méthode
seratoujours au-dessus du
soupçon.
Quelques lignes encore.
De ce que nous n'avons pas
jusqu'à présent prononcé
d'autre mot que celui de
fracture, il
nes'ensuit
pas queles
indications de la méthode ne dépassent point les limites
de
ce champ déjà vaste. Avec
l'appui de
nosprédécesseurs, le
témoignage de leursrésultats,
au nomde la logique et de la
raison nous préconisons, et
ceci légitime le titre de
cetra¬
vail, l'emploi des
appareils
demarche dans
presquetous les
cas d'impotence du
membre inférieur, les fractures restant
les plus
nombreux, et
ceuxdont les résultats sont relati¬
vement les plus aléatoires. Pourquoi, en
effet,
ne pas enfaire
bénéficier les ostéotomies (ces fractures
ouvertes, asepti¬
ques, comme on
l'a si justement écrit) et toutes les autres
interventions osseuses:
trépanation, résection, suture, etc.
Pourquoi refuser
l'inappréciable
secoursde
cesappareils
aux malades atteints d'affections des jointures.—et
je
pense surtout ici à la tuberculose,— euxauxquels ils apporte-
— 24 —
raient le maximum d'amélioration. Pourquoi
l'immobilisa¬
tion générale, si
préjudiciable à
ceuxqui ont subi
unedes
opérationsarticulaires, tendineuses
ou osseuses,dont les
plusfréquentes resteront toujours la résection du
genouet
l'intervention dansles pieds
bots
Nous exposerons
dans
undes chapitres suivants,
endis¬
cutant des objections,
d'ailleurs purement théoriques
pour la plupart,les principes généraux et les considérations
par¬ticulières quinous
autorisent à venir proclamer ici la valeur
absolue d'une méthode que les faits
déjà constatés permet¬
tentde placer au
premier
rang pourl'amélioration qu'elle
apportedans
les impotences de tous ordres du membre infé¬
rieur, etque
l'avenir,
nous en sommescertain, fera définiti¬
vement triompher.
i
CHAPITRE III
T
echnique.
Ici, aa contraire, l'avenirsechargera peut-être de modifier
profondément
lesrègles
que nousallons énoncer. L'idéal
n'est pas encore atteint;
mais la manière de procéder
quenous préconisons,
réunit tout
unensemble de garanties qui
la rendentdéjà fort estimable. Si
les éléments principaux
nous sontdonnés par
le manuel opératoire Reclus-Cestan et
la modificationVitrac,fort importante à notre
avis, il
nous a paru qu'il étaitbon
de sesouvenir des tentatives plus
an¬ciennes, de cellede Krause en particulier, dont
l'idée peut,
en certains cas, trouver encore
aujourd'hui
sonutile appli¬
cation.
De ces éléments principaux,
dont devra
se composertout
appareil de marche, les uns
sont très
connus :plâtre facile à
se procurerpartout, donnantpar
dessiccation
unecoquetrès
solide, légère, peu coûteuse;
tarlatane
enfeuilles
pourtailler
gouttières, bagues, attelles,bandes..., etc.
;je n'insisterai
pas,
chaque médecin
estfamiliarisé
avec cesutiles auxiliai¬
res journaliers;
d'autres
serontdécrits à leur heure, je
veux parler des
attelles-supports Vitrac. Avant de
passer outre, je voudrais encoredéfinir,
enquelques mots,
ceque
j'appelle leprocédé de Krause. Krause conçut l'idée origi¬
nale et féconde de réaliser, dans les cas fort
nombreux où
pareil traitement estutile, l'extension et la contre-extension
à l'aide des éléments mêmes du membre traumatisé. Un
seul
exemple feracomprendre
saméthode. Il procédait de la
- 26 —
manière suivante : enroulement d'un bandage plâtré sur le
membre ou segment de membre, puis application très intime
du revêtement plastique, non seulement aux téguments, mais surtout auxsaillies osseuses, dont il devait exactement épouser les contours en deuxpoints extrêmes; par exemple,
à la jambe,l'évasement des malléoleset le cône desplateaux
du tibia. L'adaptation était obtenue par uneconstriciionplus marquée en ces points sur 0,05 à 0m 10 de largeur; les mains
ou des tours de bandes en toile en étaient les facteurs;
pendant quel'appareil se desséchait, la jambeétait mainte¬
nue en bonne position, de telle sorte que, la modification achevée, le tube déplâtré rigide, engainant la jambe, main¬
tenait les deux extrémités à la distance maximum où les avait placées l'une de l'autre l'extension mécanique.
On nesaurait prétendre à rédiger un manuel unique pour tous les cas; ceux-ci sont variés, et l'art doit suivre en s'y adaptant leur polymorphisme. Puis les grands segments du
membre entraînent forcément la création de trois classes
principales d'appareils. Nous voici donc obligé de revenir
au plan du
précédent
chapitre et de reprendre les diverseséventualités possibles, indiquant au fur et à mesure les principes généraux qui doivent guider le chirurgien dans l'application d'un appareil approprié à chaque cas.
§1. Segment supérieur du membre inférieur.
Quel que soit
(col excepté)
lesiège
de la fracture pour letraitementde laquelle on voudra faire usage d'un appareil de marche,la technique sera toujours la même: application
d'unegouttière
plâtrée
antéro-interne etpostérieure,
empié¬tant un peu surla face externe, de façon que sasection repré¬
sente uncylindrecreux embrassant les trois quarts de la cir¬
conférence de la cuisse. La limite inférieureseramarquée par la saillie condylienne; la limite supérieure, par l'ischion
en dedans et le grand trochanter en arrière eten dehors. En
— 27 —
haut et en bas, sur une largeur de 0ra10, un enroulement de bandes plâtrées constituera une bague faisant corps avec la gouttière. Notons qu'à l'extrémité supérieure, la direction desjets devra être un peu obliqueen hautet en dehors, un peu en éventail également, de
façon à
ce quelasaillie
du grand trochanter soit tout entière recouverte par la bague.Enhaut eten bas, des tours de bandeen toile, serrés, fixeront contre les saillies osseuses et très exactement .les bagues dont le rôle est destiné à assurer l'extension et la contre- extension Le déplacement des fragments étant si facile ici,
ilserabon de maintenirjusqu'à dessiccation
complète
l'exten¬sion et la contre-extension, et nous recommandons de revê¬
tir le malade d'un corset immobilisateur, permettant la trac¬
tion, établi sur le modèle de celui que nous avons vu
donner
de si bons résultats dans le service de M. le professeur
Pié-
chaud à l'Hospicedes
Enfants-Assistés.
Le lendemain, application des supports
de marche. Pour
ce faire, l'un en dedans, l'autre en dehors sont
placés dans
l'axe du membre(repère
malléolaire), de manière à aboutir,
en haut et en dedans, un peu au-dessous
de l'ischion
; en dehors, au niveau et un peu en avantdu grand trochanter.
Le mode de fixation de ces supportsétant
toujours le même,
nous allons l'indiquer ici : tailler
deux attelles
entarlatane
de 8 doubles et de 0m20sur 0m10; ces
attelles plâtrées sont
appliquées sur la gouttière etles bagues
auxpoints de fixa¬
tion, de manière àdépasser
de la moitié de leur longueur la
limitesupérieure du bandage. Elles
sont fixées
parquelques
tours de bande plâtrée. L'éventail
supérieur du tuteur de
marche est mis soigneusement en position,
fixé
parquel¬
quesjets, puis la
moitié supérieure de l'attelle, tenue relevée jusque-là,
estrabattue, embrassant la tête du support; de la
bouilie plâtrée obture tous
les
creuxet des jets circulaires
solidarisent définitivement, en en rendant
l'aspect plus
esthétique, les divers élémentsde l'appareil. Au niveau de la
bague d'extension quelques
jets de bande, enroulés
enhuit
de chiffre sur les montants et autour du membre,
rendent
— 28 —
absolument fixe laposition
respective de la gouttière et des
supports; il n'ya plus
qu'à laisser sécher vingt-quatre heures
sous bandes de toile cet ensemble silongà décrire, mais
bien
plus simple à exécuter.Le lendemain, la semelle mobile est
fixée
àla hauteur
vou¬lue, etaussitôt le patient peut commencera
marcher.
Cette conduite pourrait
être
tenueégalement dans les
fracturesdu col,en faisant, par un trajet
oblique, remonter
en dehors la bague de contre-extension
jusqu'au contact de
la crête iliaqueque
dépasserait
encorele bandage fixateur.
Et cet appareil sur
lequel le malade
neprendrait
pas un ap¬pui essentiel
pourrait, concurremment
avecdes béquilles,
faciliter la
progression
enfournissant
untriangle d'appui
sérieuxau momentde la projection en
avant du membre
sain.
§ II. Segment articulaire
Notre conduitesera toujours,dans ces cas
où le chirurgien
peutêtre fortembarrassé
;a)
Pourles fractures des condyles
:application d'un appa¬
reil en toutsemblable à celui décrit au§1; point
d'appui is-
chio-trochantérien pour la bague
de contre-extension
;bague
d'extension qui jouera en
même temps le rôle important
d'immobilisatrice desfragmentsosseux ;
à
sonniveau huit de
chiffresur les supports.
L'articulation du
genou seralaissée
libre, mais au-dessous
d'elle,
auniveau du mollet et du
cou¬de-pied, deux
enroulements
enhuit de chiffre réaliseront
une immobilisation relative de lajambe; suffisante, car
elle
empêcherale ballottement de la jambe et le déplacement
consécutif desfragments
juxta-articulaires
oumême articu¬
laires; commode, en
permettant à volonté la libération
ra¬pide du
segment inférieur et la mobilisation précoce de l'ar¬
ticulation.
p)
Pourla rotule,
nous avonsindiqué déjà notre manière
- 29 —
de voir. Dans cecas, également, le point d'appui de
l'appa¬
reil devra êtreischio-trochantérien.
y)
Pourles fractures des tubérosités, l'application exige
un ensemble de manœuvres qui ne paraîtront cependant jamais exagérées aux malades appelés à en retirerd'inappréciables
bienfaits.
Nous conseillons l'application d'une
gouttière jambière de
Kratise, la baguesupérieure
immobilisant les fragments et
affleurant seulement l'interlignearticulaire,etd'une
seconde
gouttière permetlantd'aller prendre très haut le point d'ap¬
puide l'appareil comme
dans les fractures de cuisse
;cette
gouttière laissant elle-mêmelibre l'interligne articulaire, et
n'étant que modérément serrée. Le genou pourra
ainsi être
toujours mobilisé et
dès les premiers jours. Le membre
sera fixé entre ses supports par unesérie de huit de chiffre.
|
III. Segmentinférieur
Ici triomphe la
méthode de marche. Non point qu'elle
ysoit plus
efficace, mais
parce queles fractures de
cesegment
étant les plus fréquentes,nous avons
le plus de résultats, et
tous
positifs, à enregistrer. La statistique seule est
uneapo¬
logie.
C'est pour ces fractures
qu'a d'abord été imaginée et uti¬
lisée l'attelle-support
à laquelle je donne le
nomde Vitrac,
et que M.
Gendron construit
pourla vente
surses indica¬
tions. Je l'ai fait entrer dans la composition
des appareils précédents,
meréservant de la décrire ici.
Vitrac avait
rapporté
deParis l'appareil de Reclus-Ces tan
qu'ildéfinit lui-même:
unegouttière métallique ordinaire
donton auraitenlevé la face postérieure.
Il reste donc,
en réalité, deux branches et unesemelle;
pourplus de solidité,
unelame de feren forme d'U
allongé, s'applique
pourles
doubler sous les branches et la semelle.
Cet appareil
pre¬nait sur le sol un très large point
d'appui; les branches
— 30 —
montantesétaient larges, disgracieuses; le treillis accro¬
chait et retenait mille débris; c'était d'aspect désordonné, gênant,
rigide, inutilement alourdi
parla superposition du
treillis etd'un cadreen fer plein.
Pourquoi la largeur
exagérée des attelles latérales
; pour¬quoi une si vaste
semelle, si
unsimple étrier, placé
versla
région moyenne
du pied, peut suffire à
assurerl'équilibre
dans tous les cas; pourquoi
le treillis, s'il
y a uncadre de
métal pour le
consolider ? La première modification fut donc
de supprimer la
toile métallique,
negardant
queletrier
en fer, élargi sousle pied, etdont les branches, terminées
en haut par unéventail, furent renforcées.
a. Attelle enLois dur(frêne, noyer), de 0,40delongueur;
0,04
delargeur;
0,004d'épaisseur.
b. Ailette souple de 0,001 d'épaisseur, sur 0,05 de longueur;
0,06
de largeur.c. Etrier mobileentôle de0,003 épaisseur, percé àsoncentred'une fenêtre d'allégementovale de 0,09sur0,05.
cl. Glissière de l'étrier. Ony voit l'attelle engagée etfixée pardeux Lou¬
ions. Au-dessuset au-dessous, le dessin des logements pourles Louions permettantde hausseroubaisserl'étrier.
e. Semelleen cuir.