FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1902-1903 »° 34
DE
L'ÉRYTHÈME POLYMORPHE
Récidivant.
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
Présentaet soutenuepubliquementle 10 décembre 1902 Marius Jean-Etienne GENSOLLEN
Né à Toulon(Var), le 28 mal 1878.
ÉLÈVE DU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE
MM. ARNOZAN, professeur, président.
Examinateurs de laThèse:
| BOURSIER, professeur, j
DUBREUILH, agrégé.
j Juges.
GENTÉS, agrégé.
)
Le Candidatrépondraaux questions qui lui seront faitessurles diverses parties del'Enseignement médieal.
BORDEAUX
Imprimerie J. DURAND, 20, rue Condillac
1902
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M.
PITRES.... Doyen honoraire.
PROFESSEURS :
MM. MICÉ ....
DUPUY
Professeurs honoraires.
MOUSSÔÙS". !!!.!!.!!!.!.. !... 1
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PICOT. Physiquebiologiqueet
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PITRES. cité médicale
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LeSecrétaire de laFaculté:LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que
les opinions émises dans les
Thèmesquilui sontprésentées doivent être
considérées
commepropres à leurs auteurs, et
quellen'entend leurdonner
ni approbation ni improbation.
A MA
MÈRE
Faibletémoignage de mon amoui'etdemon entière reconnaissance.
A MA
GRAND'MÈRE
A MES
FRÈRES
ET A MA SŒUR«
A MES ONCLES
Marius et Charles GENSOLLEN
thèse gensoli.en. 1
M El S ET AM1CIS
A MES MAITRES DE LA MARINE ET DE LA
FACULTÉ
A MES
CAMARADES
DU CORPS DE SANTÉ DE LA MARINE ET DE L'ARMÉE COLONIALE
A Monsieur le Docteur William DUBREUILH Professeur agrégéàla Faculté demédecine deBordeaux, Chargé de cours des maladies syphilitiques et cutanées,
Médecin desHôpitaux, OfficierdeVInstructionpublique.
A Monsieur le Docteur
A. GUÈS
DirecteurduServicedeSanté delaMarine, Officier dela
Légion d'honneur.
OfficierdeVInstruction
publique.
A MON
PRESIDENT
DETHÈSE
Monsieur le Docteuh ARNOZAN
Professeurde Thérapeutique àla Facultéde Médecine de Bordeaux.
Médecin des Hôpitaux, Officier deVInstructionpublique.
- . '
AVANT-PROPOS
Au moment de terminer nos études
médicales,
noussommes heureux de trouver dans ce modeste travail l'occa¬
sion d'adresser nos sincères remerciements à ceux
qui s'inté¬
ressèrent à nous durant notre vied'étudiant.
Et
d'abord,
c'est à la mémoire de notre cousin B.Cunéo, inspecteur général du
service de santé de lamarine,
que nos souvenirs nous reportent. Homme debien,
il nouscombla deses bontés. Qu'il reçoive le
témoignage
ému denotrevive gra¬titude. Puisse ce souvenir montrer à ses parents que
ni
notre mémoire ninotrecœur n'ont oublié cequ'il fit
pour nous.Denotre première année de médecine
àToulon,
desmaîtresqui guidèrent
nos premiers pasdans
notre carrière médicale etplus particulièrement
deMM. les docteurs BoulinetGirard,
nous
garderons
unsympathique
souvenir.Enversnos maîtres de la
Faculté,
desHôpitaux, delaMarine,
nous avons unedette de reconnaissance. Qu'ils veuillent bien agréer nos remerciements les
plus
respectueux; nous remer¬cions surtout M. le
professeur
W.Dubreuilh, qui
abien
voulu pour l'élaboration de notrethèse,
mettre à notredisposition
sesobservations personnelles et
qui,
pour mener à bonne fince
travail,
nous atoujours prodigué,
avec une extrême bien¬veillance,
sontemps,
sesconseils,
sa science.Nous ne voulons pas
quitter
cette Ecole deBordeaux,
oùse sont écoulées trois années de notrevie,
sans adresser un motd'adieu àceux
qui furent
nos camarades. Parmi eux, il en est dont l'amitié nous fut et nous restera précieuse. Nous lesquittons
à regret, mais en emportant la douce certitude queni letemps,
ni l'éloignement ne pourront effacer de nos coeurs
lesouvenirdes bonnes
heures vécues ensemble. Merci à notre
camarade et
ami le docteur Ouzilleau, médecin de l'armée
coloniale, pour
la gracieuseté avec laquelle il aida à l'élabora¬
tion de ce travail, en nous
donnant quelques observations.
M. le
professeur Arnozan nous fait le grand honneur d'ac¬
cepter
la présidence de notre thèse ; qu'il soit assuré de notre
gratitude et de notre profonde reconnaissance.
Bordeaux novembre
1902.
M. G.
CHAPITRE PREMIER
Historique.
—Division du sujet.
Les auteurs
qui
ontparlé des récidives de l'érythème poly¬
morphe
sont peunombreux,
etl'histoire de
cetteaffection
remonte à
peine
àquelques années. Dans
aucuntraité clas¬
sique des maladies
cutanées, il en est faitmention,
etc'est
àpeine si
nous avons pu, enfouillant la littérature médicale,
relever deux observations ayant
trait à
cettequestion. Nous
sommes étonné que
la possibilité
etla fréquence de
cesréci¬
dives ne soient pas
signalées,
car, audemeurant,
cesfré¬
quentes
récidives
n'ont rienqui doivent
noussurprendre, puisque les
causesauxquelles l'érythème polymorphe est
at-tribué sont de nature à
persister
et àoffrir des recrudes¬
cences
qui
setraduisent
pardes poussées successives;
ces faits ontquelque analogie
avecla pelade dont les récidives
sont connues mais à
peine signalées.
Au cours de nos recherches
bibliographiques,
nous avonsremarqué
quela première publication traitant de
cesujet
est d'Hutchinson. On a trouvé dans les " Archives of clinicalSurgery " de 1893. Cependant,
avant cetteépoque,
onavait
observé des anomalies de cegenre, comme en
font foi deux
des
observations,
que nousreproduisons plus loin
etqui
datent l'une de
1891,
l'autre de 1893.En
1896, Brault publia dans
lesAnnales de Dermatologie,
l'observation d'un
jeune soldat qu'il examina dans
son ser¬vice,
curieuseégalement
parles récidives qu'elle relate.
Nous ne mentionnerons pas
l'article d'Hallopeau, publié
en
1894,
dans les mêmesAnnales;
sous le titre deItécidive in
i
— 10 —
situ d'un
érythème polymorphe. L'auteur, ayant lui-même
reconnu dans la suite que
les éruptions étaient dues à l'injec¬
tion
d'antipyrine prise
parla malade
pourconjurer
unemigraine coincidant
avecchaque époque menstruelle.
Enfin, dans le
service de M. le professeur agrégé W. Du- breuilh,
nous avons eula bonne fortune d'observer de très, près l'évolution de plusieurs
casd'érythème polymorphe réci¬
divant,
déjà remarqué les années précédentes. Les observa¬
tions recueillies par
M. le professeur Dubreuilh, et notre
cama¬rade le docteur Ouzilleau, forment
aujourd'hui
unlot
assezimportant. Les rassembler,
pourdonner
une vued'ensemble
sur cesrécidives
fréquentes, tel
aété notre but.
Nousavons divisé notre travail en
quatre chapitres.
Le
premier comprend les observations relatives à cette
affection.
Dans le second
chapitre,
nousdonnerons
unedescription
succincte de
l'aspect classique
souslequel
seprésente la
malade.
L'étiologie et la discussion du diagnostic feront l'objet du chapitre troisième.
Enfin,
précédant,
nosconclusions
undernier chapitre
rou¬lera sur le traitement.
Observation I.
Érythème
polymorpherécidivant.
(Dueà l'extrême obligeance deM. le professeur W.
Dubreuilh.)
H..., 42ans, ébéniste.
Antécédentspersonnels. —Le
malade
a euautrefois
uneatta¬
que de
rhumatisme aigu pendant
sajeunesse. Puis il
afait la
guerre dans
l'armée de Faidherbe. A la suite de cela il
aeu une sciatique avecpoint douloureux dans la fesse gauche et quel¬
quefois dans la
cuisse. Cette sciatique
adisparu depuis
un an.Il
n'a jamais eu d'autres
manifestations rhumatismales. Pas de
symptômes d'arthritisme,pas d'engelures. Ledébutde l'affection actuelle remonte à unevingtaine d'années.
L'éruption
apparaît deux à trois fois par an, une poussée en été etune en hiver; elle dure environ trois semaines et se faitquelquefois
en deux pous¬sées subintrantes. Elle n'apparaît jamais qu'aux mains et aux
pieds, rarement il y a eu quelques ébauches auxgenoux.
L'éruption débute par de petites taches rouges de la grandeur d'une lentille qui s'étendent graduellement en devenant plus blanches et déprimées au centre Elles atteignent rarement
2 centimètres dediamètre. Ceslésions sontunpeuprurigineuses
etassez douloureuses. Elles le gênent pourmarcher et pour se servir de ses outils, surtout le matin.
Étatactuel
(25
janvier 1891). — On trouve sur le dos des deux mains des lésions de dimensions variables; les unes sont de sim¬ples taches lenticulaires rouges, à peine saillantes; les autres sont des plaques variant de 10 à 15millimètres, arrondies, dont le bord est saillant, d'une blancheur
anémique,
assez dures sur¬tout à la
périphérie.
Au dehors la saillie s'abaisse brusquementet laplaque est entouréed'unelégère auréole rouge quiestplus marquée pendant la période
d'augmentation.
En dedans elle s'abaisse très graduellement vers le centre qui est rose très pâle. Plusieurs plaques sont situées sur les faces latérales desdoigts etse traduisent sur lapartie palmaire de la peau par une
induration, sur lapartie dorsale parunsegment de circonférence analogue à ce qui vient d'être décrit.
Sur la facepalmaire de la main et des doigts on trouve quel¬
ques lésions analogues mais qui se traduisent par desplaques indurées de la peau sans épaississement
épidermique,
dures et mal limitées, presque sans rougeur appréciable. Il n'y a nulle part de vésicules ni dedesquamation,
pas depigmentation
ni de tachespurpuriques.
La douleur est souventprononcée le soir, au lit, où il éprouve alors dans les mains une sensation de brûlure très vive, et pen¬
dant la période d'augmentation des lésions
(période
quiest pas¬séequand nous voyons le malade).
Auxpieds on trouve une éruption analogue bien moins carac¬
térisée; on ne trouve que des plaques assez diffuses, rougeâtres»
unpeuindurées, siégeant surles orteils ou en arrière du talon.
Elles sont difficilesà apercevoir.
— 12 —
Observation II.
Erythème
papuleux récidivant.
(Due à l'obligeance
de M. le professeur Dubreuilh.)
Etienne L...,vingt-sept ans,
exerçant la profession de garçon
de
magasin
àBordeaux.
Dès son enfance, il se
rappelle avoir présenté des éruptions
analogues
toujours
avecle même aspect, la même localisation.
D'aussi loin qu'il se
souvienne il
a vul'éruption apparaître
presque tous les ans au
printemps, à l'automne et disparaître au
bout de quelques
jours. Il habite Bordeaux depuis un an, et
depuis
leprintemps dernier l'éruption s'est montrée sept à huit
fois. Elleoffretoujours
les mêmes caractères, occupe toujours
le dos de la main etlanuque,
et quelquefois la face. Elle est
formée d'élevures de
même dimension. Cette éruption n'est
accompagnée ou
précédée d'aucun malaise ou trouble général,
jamais de troubles articulaires. Elle se produit en un ou deux
jours
et disparaît
aubout de huit à dix jours ; les lésions érupti-
ves ne sont pas
douloureuses mais sont assez prurigineuses. Il a
été soigne à
la clinique, il
y atrois mois, par l'iodure de potas¬
sium sans succès.
20septembre 1893.—
L'éruption actuelle date du 18 au matin;
elle occupe la
face dorsale des deux mains et des poignets, sans
remontersur les avant-bras,
la partie postérieure et les faces
latérales du cou.
Elle est formée d'élevures
de 8
à10 millimètres de diamètre,
circulaires, d'un rouge
clair
un peuviolacé, surtout au centre,
sans auréole érythémateuse;
elles font
unesaillie nette avec dépression centrale marquée ; les plis cutanés effacés par la
saillie surle bordsaillant
reparaissent dans la dépression. Cette
dépression centrale naturellement plus marquée sur les lésions
plus
volumineuses, est dessinée sur les plus petites ; du reste
toutesles lésions sont assez
égales. A la palpation
ontrouve que
lessaillies siègent sur une
infiltration dure, diffuse, modérément
accusée et qu'ellessont elles-mêmes constituéespar uneinfiltra¬
tion superficielle très ferme et
élastique.
Pas d'altération de l'épiderme.Les lésions ne sont pas douloureuses mais plutôt prurigineu¬
ses. Pas de vésicules ni de croûtes au centre de la lésion, pas de pigmentation appréciable en anémiant la peau par la pression.
Observation III
Recueille dans les Archives of clinicalSurgery 1895(Hutchinson).
Sur un casd'érythème multiformesiégeantsur le dosdes mains d'unjeune homme. Attaques d'abord annuelles, devenant beau¬
coup plus fréquentes durant septannées. Excellente santé.
Un monsieurnommé H. T nous offrit un très bon exemple
de la maladie. Il fut assez aimable pour assister à une de mes
leçons oùje montrai ses mains. Il était âgé de
vingt-cinq
ans, et avait été sobre toute savie. Satendance à l'érythème multi¬forme avait duré plus de sept ans, et durant tout ce temps il avaitjoui, sous tous les autres rapports, d'une excellente santé.
Au début lesattaques survenaient habituellement en été et une
fois par an. Très souvent il remarqua qu'il les avait durant les vacances, probablement pour ce fait qu'il était plus exposé au soleil et àl'air.
Plus tard elles revinrent habituellement deux fois paran età intervalles réguliers. Uneattaque survint en hiver et c'est pour cette raison qu'il vint me consulter au
printemps.
Il m'assura qu'il se sentait parfaitement bien avant, pendant, et après les attaques. Son plus grand ennui était la situation apparente del'éruption
sur les mains. Lapoussée queje lui vis, était caracté¬ristique.
Le dos des mains était couvert de taches de couleur saumon, quelques unes presque aussi grande qu'un shilling. Il n'avait pasd'éruption
ailleurs, mais ses oreilles étaient rouges et ledémangeaient
quand il n'y avait plus de taches sur les mains. Ces attaques, disait-il, duraient ordinairement quelquessemaines etlaissaient des taches qui restaient plus
longtemps.
La poussée queje lui ai vue, avaitcommencé un dimanche; le
— 14 —
dos des mainsétait enflammé et les
oreilles étaient très chandes
et démangeaient
fortement. Le jour suivant quelques taches
avaient apparu sur
les mains. Le quatrième jour quelques petites
taches étaient confluentes et il y
avait des
marqueslégères de
vésication. Le septièmejour
la légère
rougeur setransforma en
une teinte foncée; peuaprès,
les taches s'aplanirent et perdirent
l'aspect
vésiculeux.
ObservationIY
Recueillieàlaclinique dermatologique de
M. le professeur Dubreuilh.
B..,
dix-huit
anset demi, tonnelier, vient à la consultation du
3juillet 1895.
Depuis septans le
malade
a vuapparaître tous les hivers une
éruptionanalogue qui durait quinze jours. La poussée se fait
successivement
pendant quinze jours
pourdisparaître quinze
jours après.
Pas de sensation quelconque si ce n'est un peu de
prurit
audébut et
unelégère douleur aux genoux succédant à
l'éruption.
Cette année l'éruption s'est produite en été. Actuelle¬
ment les deux faces dorsales des mains, des
avant-bras, des
coudes et des genoux
sont couvertes de papules, de pseudo¬
vésicules et devésicules. On prescrit
de l'iodure de potassium.
17juillet 1895. —
Gfuérison, quelques macules
rougesper¬
sistent.
4décembre 1895. —Pousséesd'élévures
infiltrées, croûteuses
surlesavant-bras, et surmontées d'une
pustule.
6janvier 1890. —Le malade présente une
nouvelle poussée
datant de
quelques jours. Les plaques sont saillantes, pseudo-
vésiculeuses et occupent les
coudes, les
genouxet la face
dorsale de l'avant-bras droit. Mal de gorge, rougeur
vive du
voile du
palais. Quelques érosions blanches superficielles sur
fond rouge à la
partie postérieure de la
muqueusegénienne
gauche.
24 avril 1896. — Le dos des
mains, les avant-bras sont
couverts de papules
de la grandeur d'un grain de chènevis à
celle d'une pièce
de 50 centimes. Les plus petites sont dures,
légèrement saillantes, de couleur rosée, à peu près hémisphé-
rique
; elles sont tantôt disséminées tantôt agminées; les plusgrosses forment des papules à sommet aplati, circonscrites par
unebordure rose blanc
d'aspect
urticarien etsaillante d'un milli¬mètre et demi environ. Elles sont bien limitées, modérément dures au toucher. La partie centrale est
déprimée,
rouge violacé; la périphérie semble donc former une couronne autour de la partie centrale.Démangeaisons
assez intenses le soir.Les mains sont sèches. Le malade ne sait pas aujuste s'il a présenté des engelures. Iljouit d'une bonne santé habituelle, il n'a ressenti aucune
fatigue,
ni avant, ni pendant, ni aprèsl'éruption.
Traitement àl'iodure depotassium.
28 avril 1890. —
L'éruption
continue, les lésions grandissent et se renouvellent, elles gagnent les coudes et les genoux./C1 février 78.97. — Nouvelle poussée; pommade à
l'eicthyol.
12 mai 1897. — Retour de 1'aflection
depuis
quelques jours;quelques
plaques
sur les poignets, prurigineuses avec aspect d'urticaire.20 août 1897.— Depuis
quelquesjours
nouvellepetitepousséesous forme depetites bulles
disposées
en couronne avec dépres¬sion centrale.Affaiblissement général après la rechute.
23septembre 1897. — Nouvellepoussée sousformedeplaques annulaires, en cocarde, à centre huileux, coïncidant avec
l'appa¬
rition du mauvais
temps.
Pas de douleurs articulaires. Plaquesauxet boitdeux genoux et à la face externe des deuxavant-bras.
Mange beaucoup.
Traitement : diminuer la boisson, pilules
d'ergotine
et de quinine.24 octobre 1898. — Depuis quatre jours nouvelle poussée,
quelques
bulles remplies d'un liquide citrin surle scrotum, les avant-bras, les cuisses. Plaquesérythémateuses,
saillantes,irrégulières,
de la grandeur d'une lentille, centrées par une petite bulle; du côté de la bouche particulièrement à la face interne des joues et de lalangue,
poussée de vésicules qui aujourd'huisontcrevées; ellesétaientrempliesdeliquide
loucheet avaient une légère auréole inflammatoire rouge; aspect diphtéroïde au niveau des lésions anciennes.
Observation Y.
Èrythème polymorphe récidivant.
—Association de formes
papuleuses
et noueuses.
—Papules conionctivales en gros
placards.
(Recueilliedans
les Annales de Dermatologie, 1896.)
G..., soldat au
1er
zouaves,âgé de vingt-deux ans, était culti¬
vateuravant son
incorporation
; sespère et mère sont rhumati¬
sants. Pardeuxfois,
il
aprésenté des atteintes de rhumatisme;
il
prétend
que sesdouleurs articulaires ont coïncide avec des
poussées
à la
peau;une seule fois les yeux ont été atteints.
Aujourd'hui il entre dans notre service pour une nouvelle
récidive.
L'affection adébuté
le 16 février, en même temps que des
douleurs
rhumatoïdes dans les grandes articulations, principale¬
mentles genoux;
le malade voyait survenir une éruption papu-
leuse. Cette
dernière, qui
adébuté derrière l'oreille gauche,
s'est
rapidement étalée sur la nuque.
Aumoment oùnousvoyons
G..., de nombreuses papules agmi-
nées par
placards
semontrent sur la partie postérieure du cou.
La couleur de
l'éruption est violacée ; les plaques les plus
anciennes
commencent à
serecouvrir de squames furfuracêes
Lesjoues
sont absolument couvertes par une éruption sembla¬
ble. Quelques
papules plus discrètes se voient sur le front et le
dos des mains.
Enfin, particularité intéressante, des groupes de
papules de même teinte occupent les deux yeux. En dehors
comme endedans;
les conjonctives bulbaires présentent deux
bandes
qui occupent l'équateur de l'œil et les régions voisines.
Adroite comme à
gauche l'efflorescence est beaucoup plus mar¬
quée à
la partie interne. Grâce à la topographie des lésions,
l'affection simule assez
bien quatre pterygions d'un nouveau
genre.
Enfin sur les
membres inférieurs, nous voyons de l'érythème
noueux
typique
;les nodules rouge violacé, très douloureux,
occupent surtout les faces antérieure et externe des jambes.
— 17 —
Le malade est soumis autraitement parle salicylate de soude, localement on
applique
des poudres inertes.Au bout de quelques jours, les éléments papuleux du cou et desjouespâlissent; un peu plus tard les nodosités des jambes s'affaissent; aux yeux les papules se décolorent d'abord et conservent pendant longtemps leur aspect grenu.
Ce n'est que le 15 mars que la guérison est complète.
Observation VI
Dueà l'obligeance de notre camarade Ouzilxeau.
C.., vingt ans,
domestique
habitant l'ouest de la France.Antécédents héréditaires : Grands parents morts très âgés. La grand'mêrematernelle vitencore
et]estâgée
dequatre-vingt-dix-
neuf ans. Père mort d'une affection de la poitrine à l'âge de
trente-cinq
ans. Mère vit encore et est très bienportante.Frère âgé de trente-deux ans,cantonnier, très robuste et est très bien portant. Aucun antécédent rhumatismal et arthritique. Personne dans la famille n'a eu d'accidents cutanés de ce genre.Antécédentspersonnels:A eu la varicelle en très bas
âge, en
porte encore quelques marquesauvisage
(front);
à l'âge de huitans, angine peu grave. Rien autre chose du côté des grands appareils; s'esttoujours bien porté, a toujours joui d'un assez bon état général troublé de temps à autre par
d'insignifiants
troubles digestifs qui se manifestaientpar de
l'herpès
labial et des selles plus nombreuses (trois parjour)
et plus molles. Atou¬jours été gros mangeur, goûtant à peu près également tous les aliments, tout en ayant unfaiblepour leslégumes,les choux, les carottesqu'il estimait même crues. Malgré ce gros appétit il
est toujours resté plutôt maigre, pâle.11 appartient à cette classe d'individus qui jouissent d'un état général satisfaisant mais qui
ne sontpas pourcela robustes, quisemaintiennent sans grossir ni
maigrir,
ayant dans la santé des hauts et des bas Les pre¬miersse manifestentpar de la vivacité, de l'entrain, de la bonne
humeur,
les seconds par de la mollesse, de l'abattement, duTHÈSE GENSOLLEN. 2
— 18 —
malaise
général, phénomènes dépendant sans doute de troubles
organiques
du côté de l'appareil digestif.
Histoire de Ici maladie. — La
maladie est
apparue pourla première fois
aumois d'octobre ou novembre 1897. Il était alors
domestique et
faisait les vendanges à la campagne ; il avait
quinze ans.
Subitement l'éruption
aenvahi les mains, les avant-
bras, les pieds,
les jambes, les cuisses, les fesses respectant tout
le reste du corps ;
l'étonnement du malade fut grand, d'autant
qu'il se
demanda
envain
cequi avait pu occasionner cette
éruption à
forme si bizarre, à allures si étranges. Etat général
bon, pas
de fièvre. Démangeaisons
audébut au moment où les
papules se
convertissent
envésicules, puis diminution du prurit
lorsque le
liquide est sorti et
quel'êpiderme tendu et soulevé
s'est affaissé; enfin cessation de
tout phénomène subjectif,
dessication et exfoliation suivie de
taches pigmentaires. Le tout
se passant en
l'espace de huit
oudix jours. On mit sur le compte
de l'absorption
du vin, qu'il buvait cependant en fort minime
quantité, cette première atteinte.
Un an après, en
automne 1898. il était à Bordeaux, domes¬
tique,
et fut repris aussi subitement, d'une façon aussi imprévue
par ces
accidents cutanés. La violence de l'éruption frappa le
malade,
puisqu'il
agarde
unsouvenir particulier de cette
seconde atteinte. Lesmains, les
pieds, les jambes furent couverts,
criblés de vésico-papules
qui disparurent
commela première
fois au bout d'une dizaine de jours.
A cette époque il vint à la
consultation de la clinique
dermatologique où l'on porta le diagnostic d'érvthème polymorphe.
L'année suivanteen 1899, et se
trouvant toujours à Bordeaux
comme domestique,
il eut
unetroisième- atteinte. Cette fois-ci
ses maîtres le
renvoyèrent craignant
quecette éruption de
vilain aspect
d'ailleurs fut contagieuse. Il vint à la clinique des
maladiescutanées où le
diagnostic d'érythème polymorphe fut
conservé. On proposa au
malade de lui donner un certificat
attestant lanon
contagiosité de l'éruption.
En 1900, il était
domestique d'un médecin de Castelnau, quand
il fut
repris
pourla quatrième fois. Il prit de la liqueur de
Fowler. L'éruption
disparut
commeles autres.
Enjuillet 1901,
cinquième atteinte, intéressant toujours les
pieds, les jambes, les avant-bras, le coude et le genou.
— 19 —
Enfin il revient le lundi6janvier 1902, encore repincé, comme il le dit, par la maladie. D'abord el(e est douloureuse par les vives
démangeaisons
qu'elle occasionne à son début, par la sen¬sation très pénible et très particulière quel'éruption provoqueà la face palmaire. Ce n'estplus du prurit que le malade ressent, mais du fourmillement et unesensation assez semblable à celle que provoqueraient des milliers depiqûres
d'aiguilles, lorsque
la paume de la main et surtout la pulpe des doigts atteints par
l'éruption
touchent ou étreignentun objet. La bouche de notre malade avait été épargnée auxtrois premières atteintes, maisdepuis
1900 il a passé par les sensations pénibles que les vési¬cules de la bouche et surtout les ulcérations qui les remplacent, provoquent. L'air qui pénètre dans la bouche dessèche la muqueuse et larend brûlante, friable, dure; lorsque la bouche entière est envahie
(face
interne desjoues, palais, langue, plan¬cher, piliers, luette, vestibule, gencives,
lèvres),
alors la déglu-tion et même laphonation sont rendues difficiles et douloureu¬
ses. Le malade est
obligé
de prendre des liquides, des soupes, tant le contact des solides est pénible. Les lèvres, lorsqu'ellesne sont pas épargnées, sont le siège de crevasses qui saignent à tout moment. Le matin au réveil, toutes les fausses membranes, les croûtes qui revêtent les ulcérations des lèvres sont collées.
Etat actuel : 6 janvier 1902. — L'éruption a commencé le 4;
elle a été précédée d'une période de malaise et de fatigue de trois ou quatre jours et d'une éruption
d'herpès
labial. Elle occupe la face dorsale etpalmaire des mains s'étendant un peusurla face dorsale des avant-bras. Sur le dos de la main elle est constituée par des élevures lenticulaires rose clair, un peu sail¬
lantes, tendues au toucher. Quelques unes plus petites sont constituéesparune simple papule; d'autres, celles de grandeur moyenne, sont surmontées d'une vésicule miliaire
flasque,
peu saillante. Quelques unes plus grandes présentent autour de la tache blanche centrale une petite zone livide qui leur donne unaspect en cocarde. Sur la facepalmaire ontrouve un grandnom¬
bre de vésiculesprofondes de lagrosseurd'un grain de chènevis peu saillantes mais très tendues, très dures et entourées d'une étroite auréole rosée.
Sur les membresinférieurs un remarque également une érup¬
tion très disséminée sur la face plantaire et dorsale des pieds;
presque
rien
surles jambes ; à noter quelques grosses vésicules
surla face antérieure
des deux
genoux.Rien aux cuisses.
Surla langue se
trouvent quelques petites taches arrondies
de 4 ou 5 millimètres
de large, dépapillées et légèrement
érosives.
15
janvier 1902.
—La face dorsale des deux mains et de tous
les doigts est
criblée de taches variant de 2 à 10 millimètres de
diamètre. Ces taches
sont
rougeset un peu surélevées; elles
portent
enleur centre un point brunâtre. Sur quelques unes
d'entre elles ce
point brunâtre s'élargit, se durcit, devient croù-
telle etse soulèvecomme une
écaille. Si on vient à enlever cette
croûte une surface
d'épiderme
nouveaurosé est mis à découvert.
Laface
palmaire est de même envahie par l'éruption qui revêt
un tout autre aspect.
Ici c'est
uneinfinité de bulles de même
dimension que
les taches de la face dorsale. Chacune de ces
bulles est forméeparun
soulèvement de l'épiderme absolument
blanc,
emprisonnant
unliquide séreux limpide et clair. Ce liquide
remplit la
bulle qui s'atfaisse lorsqu'on la perce avec une épingle.
L'éruption perd
presqueimmédiatement au dessus du poignet
son intensité. A la face
antérieure du bras droit on remarque
une
vingtaine de taches disséminées et remontant environ jus¬
qu'à
l'union du tiers moyen et du tiers inférieur de l'avant-bras.
A partir
de cet endroit il n'y a plus de trace d'éruption. A la face
postérieure du coude, au voisinage de la saillie de l'olécrâne, on
remarque
cinq
àhuit taches. Le bras est indemne. De même, à
gauche, quelques taches à la partie inférieure de l'avant-bras.
Rien au-dessus. Puis, au
coude, quatre ou cinq taches dont une
occupe le
point le plus saillant de l'olécrâne. Rien au bras.
Aux membres inférieurs
l'éruption est disséminée sur la face
dorsale
plantaire et
surles bords du pied droit. (Même différence
dans la
morphologie de l'éruption qu'entre la face palmaire et
dorsale de la
main.)
Ala jambe droite cinq ou six taches dont
uneénorme àla
partie interne, au-dessous de la saillie du jumeau
interne. Cette tache
est brun violacé mesurant 5 centimètres
dans les deux sens. Au
centre la vésicule s'est desséchée. L'épi¬
derme s'est exfolié. La
cuisse porte aussi quelques taches dissé¬
minées formant
placard tout à fait à la partie supéro-interne. Au
membre inférieur
gauche les lésions offrent la même apparence
et la même
dissémination. De loin
enloin on remarque quelques
— 21 —
tachespigmentaires. Dans la bouche on constate sur le dos de la langueune petite tache blanche. Depuis le 10janvier le malade
ne souffreplus lorsqu'il déglutit.
12 février 1902. — La dernière poussée de
l'éruption
est en train de disparaître.Elle n'est, plus marquée que par les macules rougesviolacées, lenticulaires,unpeu saillantes, parfoiscentrées par une petite croûte.Observation VII.
Dne à l'obligeancede notre camaradeOuzilleau.
Jeanne L..., 30 ans, lingère.
Antécédents porsonnels. —Scarlatine àl'âge devingt ans,puis
fièvre typhoïde. S'estmariée à27 ans. Réglée à partir de 13 ans;
a
beaucoup
souffert à cette époque(migraine,
coliques,vomisse¬ments). A partir de son mariage a un peu moins souffert. Les règles ont toujours été abondantes et durent une huitaine de jours. Pas de douleurs rhumatismales, pas de nervosisme, pas de troublesdigestifs.
Antécédents héréditaires. — Ni rhumatisants, ni nerveux.
Histoirede la maladie, avril 1900. —L'éruption débute pour lapremière fois au
printemps
1900. La malade croit se rappeler que l'éruption coïncidaitavec ses règles. Elle n'eut lieu que sur le dos des mains et n'apparut pas au-dessus du poignet. La malade vint alors à la consultation de la clinique dermatolo¬gique. On prescrit de l'iodure de potassium et l'éruption dispa¬
raît au bout d'une dizaine dejours. A cette époque, l'éruption
était en tout point semblable àcelle d'aujourd'hui
(28
mai 1902).Elle est constituée par de petites papules qui grandissent, puis
sevésiculisent. Sensation de prurit.La maladese gratte et crève les vésicules d'où
s'échappe
un liquide clair. Il se forme, alors,une petite croûte, puis la vésicule s'affaisse, se dessèche, dispa¬
rait, laissantdes taches d'épiderme nouveau rose.
Janvier1902. — La malade pendant deux ans, n'avait rien eu,
lorsqu'en
janvier 1902, elleestreprise d'une très légère éruption d'éléments nedépassant
pas la grosseur d'une tète d'épinglenoire. Elle ressent à ce moment un
malaise général, peut-être
unpeu
de grippe
;la paupière supérieure des deux yeux s'enfle
un peu.
L'éruption dure
unequinzaine de jours et disparait sans
aucuntraitement.
Dans les
premiers jours de mai 1902 l'éruption se localise aux
mains etremonteunpeu
au-dessus du poignet. Elle n'atteint pas
l'œil. Elle dure une
quinzaine de jours. La malade vient à la
consultation, où on lui ordonna
de l'iodure de potassium qu'elle
ne put
prendre
àcausede la violence des accidents d'iodisme.
28mai 1902. —On voit encore surlamain lestaches roses
qui
ont remplacé les
éléments érythémateux disparus de l'éruption
des
premiers
joursde mai. Aujourd'hui, l'éruption est plus
généralisée. Elle atteint le dos des mains et des doigts tant à
droite qu'à
gauche. Elle
adébuté dans la nuit du24
au25 mai par
de
petites macules qui sont devenues papules,
sesont agrandies
et,
aujourd'hui, quelques
unesont le diamètre d'une pièce de cinquante centimes. L'éruption atteint aussi l'avant-bras et
remonte
jusqu'au coude. Pille est localisée aussi bien
auxmains
qu'aux
avant-bras, du côté de l'extension. Rien
surla paume des
mains.
Ducôté des membresinférieurs,onremarqueaux
deux
genoux la présencede deux
outrois petits éléments de la grosseur d'une
tête d'épingle
noire. Rien à signaler du côté des jambes et des
pieds. La
malade
accuse unesensation de prurit pénible, sur¬
tout le soir.
Enfin, dernière
localisation de l'éruption actuelle
;la face elle-
mêmeest prise,
mais ici,
pasde prurit. Les papules sont
con- fluentes autour des yeuxetforment de'*grands placards
rouges.Observation VIII.
Erythème polymorphe
récidivant.
Dueà l'obligeancedenotrecamarade Ouzjlleau
F. 0..., élève du
service de Santé de la Marine, 24
ans.Antécédentshéréditaires. — Père de santé
très robuste. Mère
— 23 —
nerveuse et faible, morte à 35 ans d'unefluxion de poitrine :•
deux frères et une sœur en bonne santé.
Antécédentspersonnels.—Rougeole et varicelle dansl'enfance scarlatine à 13 ans ; a toujoursprésenté auxyeuxdes orgelets et de lablépharite de la paupière inférieure—
Blennorrhagie
à forme subaiguë. Il y a quinze jours environ, a étépris d'une grippe quil'a beaucoup fatigué ; au bout de dixjours, les symp¬tômes ontdisparu. Seule, la toux persiste.
Histoire de Ici maladie. —Le 26 mars 1901, le malade sent en
s'éveillant que les paupières de l'œil gauche sont collées. Dans
l'après-midi, quelques picotements, surtout à l'œildroit, puis, apparaît unœdèmeléger despaupières supérieures avec unpeu de rougeur de la conjonctive palpëbrale. Le lendemain, les symptômes augmentent d'intensité : yeux injectés, filaments purulents dans les culs-de-sac, ganglion préauriculaire engorgé, puis photophobie. Le malade se présente alors à l'infirmerie de l'Ecole où il estdispensé de service.
Le 28 mars, on trouve sur les deux yeux un chémosis péri-
cornéen. La cuisson intra-oculaire est considérable. L'œdème
palpébral est à son comble. Céphalée intense. Le malade remar¬
que sur laface dorsale et palmaire des deux mains la présence de
vésico-papules
qui soulèvent lapeau. Elles sont rosées, peu élevées, circulaires, de cinq millimètres de diamètre, avec ten¬dance à l'ombilication. Pasde fièvre ni de diarrhée. Lesjours suivantssous l'influence d'un pansement, le chémosis et l'œdème palpébral disparaissent, mais lesyeux sonttoujourstrès rouges, et, l'on retire de dessous la paupière supérieure gauche, non sansdifficulté, une fausse membrane. Pas d'écoulementsanguin.
Les
vésico-papules
sont plus abondantes surles mains; on en noteune dizainetant surlaface dorsale quesur la face palmaire.On en trouve également sur les avant-bras, aux genoux, aux
pieds et, surtout aux fesses ; il en existe deux sur la nuque. Le malade se plaint de douleurs dans la gorge. Gène de la dégluti¬
tion. Àl'examen, on constate à la partie postérieure de la joue droite une ulcération de coloration grisâtre, non sanglante, grosse comme une lentille. Il existe d'autresplaquesde 15 milli¬
mètres de diamètre, de coloration blanc crémeux disséminées
sur lesjoues, les gencives et les lèvres. Œdème du côté gauche de la face. Léger engorgement
ganglionnaire
du groupe sous-maxillaire droit. Le
ganglion' mylo-hyoïdien roulé nettement
sousle doigt. Légère
lièvre.
1er avril 1901.— Les membranes
palpébrales
sesont refor¬
mées; lesyeux sont
toujours injectés; dans la bouche il existe
de nombreuses plaques
ulcérées blanchâtres. Sur les membres
lesvésico-papules se
sont
un peumodifiées dans leur aspect.
Elles sont plus
larges, plus rosées, plus ombiliquées. Le centre
estd'un rouge plus
sombre
quela périphérie. Le malade cons¬
tate une ulcérationrose grisâtre sur
le méat urinaire
; enmême
temps la
blennorrhagie
passeà l'état aigu. L'écoulement devient
plus
abondant qu'il n'avait jamais été.
2avril 1902. — L'état général
s'améliore
;la fièvre disparaît.
Lapousséeà
la
peauest
envoie de régression. La déglutition est
plus
facile. Le malade est envoyé
enconvalescence le 10 avril.
20 septembre 1901. —
Jusqu'à
cejour le malade s'était bien
porté
lorsque le samedi 21, après une longue tournée de chasse
pendant laquelle il n'éprouve aucun malaise ; il ressent une
démangeaison
auxpaupières. La nuit est mauvaise. Le lende¬
main les yeux sont rouges
et très irrités. La muqueuse buccale
est
légèrement sensible à gauche. Sur la face dorsale de la main
droite
apparaissent de petites macules rouges de la grosseur
d'unetête
d'épingle qui grossissent dans la journée. L'attention
du malade est attirée du côté des
membres inférieurs
pardes
fortes
démangeaisons. Il existe
aux genoux uneéruption sem-
blacle àcelle de lamain. Les jours
suivants, la poussée évolue
commela
précédente. Des vésicules remplies d'une sérosité lim¬
pide
apparaissent, en' effet,
surla main gauche et sur les pieds,
mais c'estsurla face antérieure des deuxgenoux
et
surles trois premiers métacarpiens, et la pulpe des trois premiers doigts de
lamain droitequ'elles
sont plus abondantes. Sensation de four¬
millement au bout des doigts. Du
côté des
yeuxlà conjonctive
s'enflamme; pas de fausses
membranes. L'état général est assez
bon,
appétit conservé,
pasde fièvre.
25 septembre. —Les
phénomènes
secompliquent du côté de
la bouche où il existe une stomatite assez
intense. La
muqueusegénienne, la face interne des gencives entourant les. dernières
molaires sont envahiespar des
vésicules semblables à celles de
la peau.
Douleur à la pression. Formation de membranes
diphtéroïdes jaunâtres
surquelques points. Sur la peau le prurit
disparaît; l'éruption se transforme, les vésicules s'élargissent, s'applatissentets'entourentd'un cercle inflammatoire rosé.
26 septembre. — Lenez se prend, la narinegauche est encom¬
brée de fausses membranes. La bouche est toujours très sen¬
sible. L'alimentation est douloureuse. L'airinspiréen désséchant
la muqueuse donne une sensation de brûlure dans toute la bouche.
29 septembre. — Les yeuxvont bien. L'éruption
disparait
sur les mains et les genoux. On noteun léger affaissementde l'orga¬nisme.
Traitement :purgatif, salicylate_.de soude, ioduredepotassium.
6janvier 1902. — Troisième éruption se manifestant par un malaise général, par des démangeaisons sur les poignets et par
l'apparition de macules rouges surles mains, les avant-bras,les cuisses et les jambes. Les jours suivants , le prurit est plus intense surtout aux bras et auxjambes où des papules apparais¬
sent qui grossissent etse transformentbientôt envésicules.
Antiseptiques intestinaux : Iodure de potassium.
11 janvier, l'éruption évolue mais avec moins de vivacité d'allure que les autres. Dans la bouche l'éruption est anodine.
Rien du côté des yeux.
14janvier, tout a disparu.
23 septembre 1902. - Quatrième récidive en tous points
semblable aux autres et se manifestant toujours du côté des
yeux, de la bouche et de la peau. Elle dure jusqu'au 7 octobre.