M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
G. H EUZÉ
Sur les corps finis
Mathématiques et sciences humaines, tome 47 (1974), p. 57-59
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SUR LES CORPS FINIS
par G.
HEUZÉ
RÉSUMÉ
La théorie des corps
finis
a étéfaite
il y alongtemps
et necomporte plus
deproblèmes
ouverts.Toutefois, quand
l’utilisateur cherche à déterminer
effectivement
un corpsfini
d’ordredonné,
il rencontre desdifficultés : après
avoir eu
beaucoup
de mal pour obtenir unpolynome
irréductible unitaire dedegré convenable,
il constate souvent que les racines de cepolynome n’engendrent
pas le groupemultiplicatif
des éléments nonnuls,
d’où descompli-
cations pour obtenir la table
multiplicative
du corps. Leprésent papier
met en lumièrel’origine
de cette situationet donne des tables pour tous les corps non
premiers
d’ordreinférieur
à 1000.SUMMARY
The
theory of finite fields
was establishedlong
ago and nolonger presents
any openproblems. Nonetheless,
theperson who
attempts
to determineeffectively
afinite field of
agiven order,
encountersdifficulties: after having painstakingly
obtained an irreducible unitpolynomial of
a convenientdegree,
heoften finds
that the rootsof
this
polynomial
do notgenerate
themultiplicative
groupof
non-zeroelements ; hence,
thecomplications
whicharise in
obtaining
amultiplication
tablefor
thisfield.
Thepresent
paper sheds somelight
on theorigins of
thissituation and
provides
tablesfor
allnon-prime fields of
an order less than 1 000.Rappelons
d’abord les résultatsclassiques (voir
parexemple [1], [2], [3]
ou[4]).
(1 )
Tout corpsfini
est d’ordrep",
p étant un nombrepremier.
(2)
Tout corpsfini
d’ordrep"
contient un sous-corpsidentifiable
au corpsFp
des entiers modulo p.(3)
Tout corpsfini
estcornmutatif.
(4)
Deux corpsfinis
de même ordrep"
sontisomorphes (dans
unisomorphisme
laissant invariants les éléments deFp).
(5) Quels
que soient le nombrepremier
p et l’entier n il existe un corps d’ordrep" (ce
corps,unique
en vertude
(4),
est notéFp").
(6)
Le groupelnultiplicatif Fpn
-{0}
estcyclique (nous
noterons ce groupeF*).
Fpn
est donc une extensionalgébrique simple
deFp,
c’est-à-direqu’il
existe au moins unpolynome f (X)
irréductible unitaire de
degré n
deFp [X]
tel queFpn
soitisomorphe
àFp [X] j( f (X )).
Toute racine d’un tel
f (X ) engendrant F2n,
la connaissance def (X) permet
la détermination effec- tive deFp"
defaçon rapide.
En effet sif (X) -
X" -+- a"_ 1 >Yn-1 -f - ... +a i X
-+- a o et si xdésigne
une racine de
f (X )
on sait que tout élément deFpn
s’écrit ~"(où 0 h p"
-2)
etque .r" = 2013~~~i ~’n-1 - ... -- al ae ----.. ao. D’où la table de
multiplication
deFp" (la
table d’additionétant
immédiate).
58
Montrons alors la
proposition :
(7)
Le nombre 00"(n)
despolynomes
irréductibles unitaires dedegré
n deF, [XI
dont les racinesengendrent
Fp
estégal où (p désigne
l’iiidicateur d’Euler.En effet
F,*n
a cp(p"
-1) générateurs
et, si unpolynome
irréductible dedegré n
a pour racineun de ces
générateurs,
il en est de même de ses(n
-1)
autres racines.Malheureusement tout
polynome irréductible
dedegré n
deFp [X]
n’a pas nécessairement des racinesengendrant Fpn.
Ainsi X2+
1 est irréductible deF3 [X]
mais ses racinesn’engendrent
pasF 9 (elles
ne sont que d’ordre
4).
Pourpréciser
cette différence montrons :z
(8)
Le nombreBfi" (n)
despolynomes
irréductibles unitaires dedegré
n deFp [X]
estégal
àoù p désigne
laf onction
de Mobius.Cela tient au fait que
Fpn
est l’ensemble des racines dupolynome Xpn
- X deFp [X].
Par ailleurs l’ensemble des facteurs irréductibles unitaires deXp~
- X s’identifie à l’ensemble despolynomes
irréduc-tibles unitaires de
degré d
oùdl n (conséquence
du résultatclassique : Fpd
est sous-corps deFpn
si et seulement1
si dl n).
On a doncp" = E d dn VI’ (d).
D’où(8)
par « inversion ».Le tableau donne les valeurs
de 4t, (n)
et W p(n)
pour tous les nombrespn
inférieurs à 1000 avecn > 2. Dans la dernière colonne
figure
unexemplaire
depolynome
irréductible unitairedont chaque
racineengendre Fpn ([I],
table deBussey).
Bien entendu les coefficients de cespolynomes
sont des entiers modulo p.59
On remarquera que,
quand p"
- 1 estpremier,
on a nécessairement p - 2 et1 z
(Ù2
(n)
- -(2"
-2). (6) impose
alors :2 (n)
- 6)2(n)
et npremier.
C’est le cas pour n = 2, 8,n
5, 7, mais pas pour n = 11
(en
effet 211 - l =28.89, ~2 (11) = 186,
6)2(11) - 176).
BIBLIOGRAPHIE