BIOFUTUR 316 • DÉCEMBRE 2010 11
La publication du décret relatif à l’exercice de la télé- médecine vient de donner lieu à une communication contradictoire avec, d’un côté, l’idée que tout devenait possible tout de suite et, de l’autre, des réactions d’hosti- lité devant cette perspective effrayante d’une médecine approximative et déshumanisée. Entre idéalisation et diabolisation il existe un avenir serein pour une bonne intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le domaine de la médecine.
Le Club des acteurs de la télémédecine (CATEL) fédère depuis de nombreuses années divers acteurs (patients, médecins, infirmiers, industriels, institutionnels) dont les expériences pionnières montrent un extraordinaire champ du possible pour autant qu’on y vienne par des démarches méthodologiques prudentes et rigoureuses.
Ce décret est une réelle avancée législative même si certaines questions restent en suspend. C’est un texte rassu- rant qui affirme que la télémédecine est bien de la médecine. Les qualifications professionnelles requises renvoient aux professions médicales et de santé telles qu’elles sont définies dans le Code de la santé publique, donc à un haut niveau de formation initiale et d’entretien des connaissances. Un psychologue peut aussi être présent auprès du patient. C’est donc l’ensemble du champ de la santé physique et psychique qui est concerné. La nature des actes est variée : téléconsultation, télé-expertise, télésurveillance, téléassistance, et les principes généraux de sécu- risation des nouvelles pratiques sont énoncés.
Si le décret vise l’ensemble de la médecine, on sait que certaines disciplines, comme la radiologie, en raison des progrès du transfert d’images, seront plus propices que d’autres à son application. Il faut rappeler que l’acte médical traditionnel comporte plusieurs temps : l’interrogatoire, l’inspection (le regard du médecin), la palpation (le toucher), la percussion, l’auscultation (l’écoute des bruits du cœur et de la respiration). Ces phases de l’examen médical ne sont majoritairement pas réalisables à distance, mais certaines le sont et peuvent être à elles seules suffi- samment contributives de la démarche pour que le recours à un acte traditionnel ne soit pas nécessaire ou puisse être différé.
Il n’est aucun domaine d’exercice de la médecine dont on puisse prédire aujourd’hui qu’il n’intégrera pas utilement les TIC. Dans un premier temps c’est surtout dans le champ des pathologies durables que la télémédecine appor- tera un bénéfice, parce que les patients sont de plus en plus acteurs de leurs soins et qu’ils veulent vivre chez eux et non à l’hôpital. Citons diverses spécialités telles que la gériatrie, la dermatologie, la psychiatrie, la pneumo- logie. On n’est pas ici dans un contexte d’évaluation diagnostique mais en situation de suivre l’évolution d’un trouble connu.
La journée Carrefour de la télésanté et des systèmes d’information en santé, organisée par le CATEL et le Conseil national de l’ordre des médecins, le 4 novembre dernier à l’Assemblée nationale, a été l’occasion d’entendre parler de plusieurs expériences pilotes : Télégéria et Téléclic7 (personnes âgées), Domoplaie (suivi des plaies chroniques à domicile), Altermed (télé consultations médico-psychologiques), Hospitadom (suivi des insuffi- sances respiratoires à domicile). Le député Pierre Lasbordes a conclu cette journée par un appel à un développement rapide de la télémédecine, formidable complément à la médecine d’aujourd’hui pour une meilleure médecine de demain.
Didier ROBIN
Président du CATEL Pour vos réactions et vos commentaires, une seule adresse : biofutur@lavoisier.fr
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