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Article p.1 du Vol.29 n°315 (2010)

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BIOFUTUR 315 • NOVEMBRE 2010 11

«Un autre continent vivant reste pourtant encore à découvrir, non pas au niveau du sol, mais de cent à deux cents pieds au-dessus, sur des milliers de kilomètres carrés. Une riche récolte attend là le naturaliste qui surmontera les obstacles, tels la pesanteur, les fourmis, les épines et les troncs pourris, et montera aux sommets des arbres de la jungle. »

Charles William Beebe,Tropical wild life in British Guiana, 1917

Depuis quelques années, le grand public à découvert, sur des images réalisées à l’occasion d’expéditions en forêt tro- picale, ce continent vivant et sa vie foisonnante dont rêvait déjà le naturaliste américain Charles Beebe : les canopées forestières. Leur difficulté d’accès explique en partie seulement l’intérêt assez tardif des scientifiques car, après tout, atteindre la cime des arbres ne fait pas appel à des technologies très complexes. L’engouement pour la canopée tient plus à une prise de conscience de son importance, que ce soit en termes de diversité biologique ou en tant que lieu où se déroulent nombre de processus écologiques fondamentaux pour les forêts.

Ce dossier est notamment l’occasion de nous rappeler comment, en utilisant une technique de fumigation, un entomologiste américain a complètement revisité notre perception de la diversité biologique planétaire. Celle des arthropodes atteint en effet des niveaux inégalés dans les forêts des basses latitudes, la plupart des espèces restant à découvrir. Une diversité sans doute à relier aux interactions que les arthropodes établissent avec les végétaux. C’est par exemple en établissant des relations particulières avec les plantes que les fourmis ont pu coloniser avec tant de succès le milieu arboricole.

La canopée n’est pas seulement un lieu où s’exprime à foison la vie animale. De nombreuses espèces de végétaux vivent aussi dans les cimes des arbres. C’est le cas des épiphytes qui, pour vivre en canopée, présentent des modi- fications anatomiques et physiologiques qui prennent souvent en compte la présence des espèces animales avec lesquelles ils interagissent. En raison de la quantité extraordinaire de feuilles qu’elles représentent, les canopées sont également le lieu où les échanges entre la biosphère et l’atmosphère sont les plus intenses, via des composés orga- niques volatils, un aspect mal connu du public. En permettant la formation d’aérosols, ces molécules ont, semble-t-il, un rôle primordial dans la formation des nuages et donc la genèse du climat en Amazonie.

Au-delà de ces composés volatils, les feuilles produisent et stockent dans leurs cellules quantité d’autres molé- cules. En réponse aux agressions des nombreux arthropodes herbivores, les plantes ont mis au point des défenses chimiques basées sur certaines de ces dernières. Pour cette raison, la canopée est une source de molécules à poten- tiel pharmaceutique. Francis Hallé, qui a consacré une grande partie de sa vie scientifique à étudier les canopées, clôt ce dossier par un plaidoyer pour la sauvegarde des forêts tropicales, en nous rappelant que leur disparition s’ac- compagne inexorablement de celle de nombreuses espèces végétales potentiellement utiles pour l’homme. l

Bruno Corbara

Laboratoire Microorganismes génome & environnement Président d’Opération Canopée de 2003 à 2010, Co-initiateur des programmes IBISCA Pour vos réactions et vos commentaires, une seule adresse : biofutur@lavoisier.fr

ÉDITO

© J. ORIVEL

Réserve des Nouragues, Guyane française

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur biofutur.revuesonline.com

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