Énoncé
Dans tout le problème
1, on désigne par n un entier égal à 2 ou 3 et par A une matrice (n, n) symétrique dont les coecients a
ijsont des entiers naturels non nuls. Les coecients de la diagonale principale de A sont des 1.
On désigne par M la matrice réelle carrée d'ordre n et de coecient m
ijdéni par : m
ij= − cos π
a
ijDans le cas n = 2 , on notera
a = a
12= a
21, m = m
12= m
21= − cos
πaOn désigne par E un espace vectoriel euclidien orienté de dimension n dont le produit scalaire est noté (./.) . On se propose d'étudier les bases B = (e
1, · · · , e
n) telles que :
∀(i, j) ∈ J 1, n K
2
, (e
i/e
j) = m
ijOn dira alors que B vérie la propriété M .
Partie I. Existence d'une famille vériant M . 1. Calculer le déterminant de M pour n égal à 2 ou 3.
2. Montrer que s'il existe une base B vériant M alors a
ij≥ 2 pour tous les couples (i, j) tels que i 6= j .
Dans toute la suite du problème, on suppose a
ij≥ 2 pour tous les couples (i, j) tels que i 6= j .
3. Cas n = 2 . Construire une base directe vériant M .
4. Cas n = 3 . On veut construire une base directe B = (e
1, e
2, e
3) vériant M . Soit (a
1, a
2, a
3) une base orthonormée directe de E , on pose e
1= a
1.
a. Préciser un vecteur e
2∈ Vect(a
1, a
2) tel que
(e
1, e
2, a
3) directe et (e
1/e
2) = m
12b. L'ensemble des vecteurs x de E tels que
( (x/e
1) = m
13(x/e
2) = m
231d'après Centrale Supélec 2 PC 2005
forme une droite ane D .
Quelle est sa direction ? Calculer les coordonnées dans (a
1, a
2) du point d'inter- section D avec le plan Vect(a
1, a
2) . En déduire la distance du vecteur nul à la droite D .
c. Traduire par une propriété géométrique faisant intervenir D l'existence d'un vec- teur e
3tel que (e
1, e
2, e
3) vérie M .
d. Montrer que si det M > 0 il existe une base B vériant M . 5. Cas particulier n = 3 et
A =
1 3 2 3 1 4 2 4 1
Préciser M et montrer qu'il existe une base B vériant M . Partie II. Famille de réexions.
Dans cette partie, B = (e
1, · · · , e
n) est une base directe vériant M . On désigne par σ
ila réexion telle que
σ
i(e
i) = −e
i1. On considère deux vecteurs x et y de E admettant pour coordonnées dans B respecti- vement (x
1, · · · , x
n) et (y
1, · · · , y
n) . Comment peut-on traduire matriciellement qu'ils sont orthogonaux ?
2. Cas n = 2 .
a. Former les matrices S
1, S
2, T dans B de σ
1, σ
2et τ = σ
1◦ σ
2. Pour trouver S1 , on pourra par exemple considérer le vecteur me
1− e
2qui est orthogonal à e
1. b. Soit C = (a
1, a
2) une base orthonormée directe avec a
1= e
1. Former les matrices
dans C de σ
1, σ
2et τ . En déduire la nature et les éléments géométriques de τ . 3. Cas n = 3 . Former les matrices S
1, S
2, S
3dans B de σ
1, σ
2, σ
3. On pourra par exemple
considérer les vecteurs m
12e
1− e
2et m
13e
1− e
3qui sont orthogonaux à e
1. 4. Cas particulier n = 3 et
A =
1 3 2 3 1 4 2 4 1
a. Former la matrice T de τ = σ
1◦ σ
2◦ σ
3dans B .
b. Déterminer un vecteur unitaire u tel que τ(u) = −u puis une base orthonormée
directe D = (u, v, w) . On choisira un vecteur v combinaison linéaire de e
1et e
3.
c. Former la matrice de τ dans D . En déduire sa nature et ses éléments géométriques.
Corrigé
Partie I. Existence d'une famille vériant M . 1. Calcul du déterminant de M pour n = 2 .
M =
1 m m 1
avec m = − cos π a On en déduit
det M = 1 − m
2= sin
2π 2
Pour n = 3 , le calcul se fait en développant selon la première ligne. On conserve l'expression en m
i,j. Après calculs cela donne
det M =
1 m
12m
13m
211 m
23m
31m
321
= 1 − m
223− m
212− m
213+ 2m
12m
13m
232. Si B = (e
1, · · · , e
n) vérie M alors chaque e
iest unitaire car (e
i/e
i) est un terme diagonal (égal à 1 ). De plus pour i et j distincts, d'après l'inégalité de Cauchy-Schwarz :
|m
ij| = |(e
i/e)| ≤ |e
i||e
j| = 1
L'égalité dans Cauchy-Schwarz se produit seulement si les vecteurs sont colinéaires. Ici les vecteurs de la base sont non colinéaires deux à deux donc |m
ij| < 1 . Comme
m
ij= − cos π a
ijavec a
ijentier, cela entraine a
ij≥ 2 .
3. Construction d'une base directe vériant M dans le cas n = 2 . On se xe une base orthonormée directe (a
1, a
2) et on pose :
e
1= a
1e
2= ma
1+ p
1 − m
2a
2alors (e
1, e
2) répond bien à la question car :
(e
1/e
2) = m det
(a1,a2)
(e
1, e2) =
1 m
0 √ 1 − m
2= p
1 − m
2> 0
4. a. Comme dans la question précédente, on peut poser e
2= m
12+
q
1 − m
212a
2ainsi (e
1/e
2) = m
12et
det
(a1,a−2,a3)
(e
1, e
2, a
3) =
1 m
120
0 p
1 − m
2120
0 0 1
= q
1 − m
212> 0
b. La droite D est l'intersection de deux plans anes respectivement orthogonaux à e
1et e
2. Ces deux vecteurs sont dans Vect(a
1, a
2) qui est le plan orthogonal à a
3. La direction de D est donc Vect(a
3) .
Soit x = x
1a
1+ x
2a
2∈ Vect(a
1, a
2) ∩ D . Alors : (x/e
1) = m
13= x
1(x/e
2) = m
23= m
12x
1+ q
1 − m
212x
2On en déduit :
x
1= m
13x
2= m
23− m
12m
13p 1 − m
212Comme D est orthogonale à Vect(a
1, a
2) , la distance de 0
Eà D est la norme du vecteur d'intersection x que l'on vient de calculer. On en déduit :
d(0
E, D) = s
m
213+ (m
23− m
12m
13)
21 − m
212= 1
1 − m
212m
213+ m
223− 2m
12m
13m
23c. Les conditions que doivent satisfaire un vecteur e
3pour que la famille (e
1, e
2, e
3)
vérie M sont :
ke
3k = 1 . C'est à dire que e
3est sur la sphère de rayon 1 et centrée à l'origine.
(e
3/e
1) = m
13et (e
3/e
2) = m
23. C'est à dire que e
3est sur la droite D . La condition géométrique assurant l'existence d'un tel vecteur e
3est donc que la droite D coupe la sphère unité.
d. D'après la question 1., la condition det M > 0 entraine det M > 0 ⇒ 1 − m
212> m
223+ m
213− 2m
12m
13m
13⇒ m
223+ m
213− 2m
12m
13m
131 − m
212< 1 ⇒ d(0
E, D) < 1
Ce qui signie que D coupe la sphère en deux vecteurs c et c
0symétriques par rapport au plan Vect(e
1, e
2) . Les deux familles (e
1, e
2, c) et (e
1, e
2, c
0) vérient M . Une seule est directe car la réexion par rapport au plan change l'orientation.
5. Cas particulier. Le calcul des cos conduit à :
A =
1 3 2 3 1 4 2 4 1
M =
1 − 1
2 0
− 1
2 1 − 1
√ 2 0 − 1
√ 2 1
Le calcul du déterminant conduit à
det M = 1 4 > 0
Il existe donc, d'après la question d. une base vériant M . Partie II. Famille de réexions.
1. La base B n'est pas orthonormée, la matrice du produit scalaire dans cette base est M . On en déduit que deux vecteurs de coordonnées (x
1, · · · , x
n) et (y
1, · · · , y
n) sont orthogonaux si et seulement si :
x
1· x
nM
y
1...
y
n
= 0
2. a. Calcul de la matrice S
1de σ
1. Par dénition σ
1(e
1) = −e
1. Le vecteur me
1− e
2est orthogonal à e
1donc conservé par σ
1:
σ
1(me
1− e
2) = me
1− e
2⇒ −me
1− σ
1(e
2) = me
1− e
2⇒ σ
1(e
2) = −2me
1+ e
2On en déduit :
S
1=
−1 −2m
0 1
Calcul de la matrice S
2de σ
2. Le raisonnement est le même en considérant le vecteur e
1− me
2orthogonal à e
2donc conservé par σ
2. Après calculs :
S
2=
1 0
−2m −1
On peut calculer le produit matriciel : T = S
1S
2=
−1 −2m
0 1
1 0
−2m −1
=
−1 + 4m
22m
−2m −1
b. Les vecteurs de C et B s'expriment les uns en fonction des autres : ( e
1= a
1e
2= ma
1+ p
1 − m
2a
2⇔
a
1= e
1a
2= − m
√
1 − m
2e
1+ 1
√
1 − m
2e
2On en déduit les matrices de passage
P = P
CB=
1 m 0 √
1 − m
2P
−1= P
BC=
1 − m
√ 1 − m
20 1
√ 1 − m
2
Pour la matrice de σ
1, il est inutile d'utiliser la formule de changement de base car a
2est conservé par σ
1(il est orthogonal à a
1= e
1).
Mat
Cσ
1=
−1 0 0 1
Pour la matrice de σ
2, on utilise la formule de changement de base et m = − cos
πaMat
Cσ
2= P S
2P
−1=
1 − 2m
2−2m √ 1 − m
22m √
1 − m
22m
2− 1
=
− cos 2π
a sin 2π a sin 2π
a cos 2π a
On en déduit la matrice de τ = σ
1◦ σ
2Mat
Cτ =
−1 0 0 1
− cos 2π
a sin 2π a sin 2π
a cos 2π a
=
cos 2π
a − sin 2π a sin 2π
a cos 2π a
Cela signie que τ est la rotation d'angle
2π3.
3. Cas n = 3 . Par dénition, σ
1est la symétrie orthogonale par rapport au plan
(Vect(e
1))
⊥. Donc e
1est transformé en son opposé alors que les vecteurs m
13e
1− e
3et m
12e
1− e
2sont xés par σ
1car ils sont orthogonaux à e
1. On peut exploiter cela pour obtenir les images de e
3et e
2:
σ
1(m
13e
1− e
3) = m
13e
1− e
3⇒ −m
13e
1− σ
1(e
3) = m
13e
1− e
3⇒ σ
1(e
3) = −2m
13e
1+ e
3σ
1(m
12e
1− e
2) = m
12e
1− e
2⇒ −m
12e
1− σ
1(e
2) = m
12e
1− e
2⇒ σ
1(e
2) = −2m
12e
1+ e
2On en déduit la matrice de σ
1:
S
1=
−1 −2m
12−2m
130 1 0
0 0 1
De même, e
2est transformée par σ
2en son opposé alors que m
21e
2− e
1et m
23e
2− e
3sont xés. On obtient comme au dessus :
σ
2(e
1) = e
1− 2m
21e
2σ
2(e
3) = e
3− 2m
23e
2d'où la matrice de σ
2:
S
2=
1 0 0
−2m
12−1 −2m
320 0 1
De même, les vecteurs e
1− 2m
31e
3et e
2− 2m
32e
3sont xés par σ
3et conduisent à la matrice de σ
3.
S
3=
1 0 0
0 1 0
−2m
31−2m
32−1
4. a. On a déjà calculé en I.5. la matrice M .
M =
1 − 1
2 0
− 1
2 1 − 1
√ 2 0 − 1
√ 2 1
On en déduit les matrices S
1, S
2et S
3S
1=
−1 1 0 0 1 0 0 0 1
S
2=
1 0 0
1 −1 √ 2
0 0 1
S
3=
1 0 0
0 1 0
0 √ 2 −1
puis leur produit
T = S
1S
2S
3=
0 1 − √ 2 1 1 − √
2 0 √
2 −1
b. D'après l'expression de T , un vecteur u de coordonnées (x, y, z) dans B vérie τ(u) = −u si et seulement si
y − √
2z = −x x + y − √
2z = −y
√
2y − z = −z
⇔
x + y − √ 2z = 0 x + 2y − √
2z = 0
√ 2y = 0
⇔
( y = 0 x − √
2z = 0
On choisit donc le vecteur unitaire u = 1
√ 3
√
2e
1+ e
3On choisit un vecteur unitaire v orthogonal à u . Par exemple v = 1
√ 3
e
1− √ 2e
3On ne peut pas complèter la famille (u, v) par w = u ∧ v pour former une base orthonormée directe D = (u, v, w) car, la base B n'étant pas orthonormée directe, le calcul du produit vectoriel n'est pas facile. On va trouver un w en utilisant la condition d'orthogonalité de la question 1.
On cherche donc un w de coordonnées (x, y, z) dans B orthogonal à u et v . Cela se traduit par :
√
2 0 1 M
x y z
= 0
1 0 − √ 2
M
x y z
= 0
Avec l'expression de M de la question I.5, cela donne :
√ 2x − √
2y + z = 0 x + 1
2 y − √ 2z = 0
⇔
x = 1
√ 2 z y = √
2z On en déduit que
(Vect(u, v))
⊥= Vect(e
1+ 2e
2+ √ 2e
3) Le calcul du déterminant
√
2 1 1
0 0 2
1 − √ 2 √
2
= −2
√
2 1
1 − √ 2
= 6 montre que la famille (u, v, e
1+ 2e
2+ √
2e
3) est directe.
Attention, comme la base n'est pas orthonormée, le carré de la norme de e
1+ 2e
2+ √
2e
3n'est pas 7 mais ke
1+ 2e
2+ √
2e
3k
2= 1 + 4 + 2 + 2 × (− 1
2 ) × (1 × 2) + 2 × 0 × (1 × √
2) + 2 × (− 1
√ 2 ) × (2 × √ 2) = 1 On choisira donc comme base orthonormée directe
u = 1
√ 3
√
2e
1+ e
3v = 1
√ 3
e
1− √
2e
3w = e
1+ 2e
2+ √ 2e
3c. On connait la matrice T de τ dans B . Pour obtenir la matrice de τ dans D on utilise la formule de changement de base
Mat
Dτ = P
−1T P avec
P = P
BD=
√ 2
√ 3
√ 1
3 1
0 0 2
√ 1 3 −
√ 2
√ 3
√ 2
Pour obtenir la matrice P
−1, on doit exprimer e
1, e
2, e
3en fonction de u , v , w .
u = 1
√ 3
√
2e
1+ e
3v = 1
√ 3
e
1− √ 2e
3w = e
1+ 2e
2+ √
2e
3⇔
e
1=
r 2 3 u + 1
√ 3 v 2e
2= w − e
1− √
2e
3e
3= 1
√ 3 u − r 2
3 v d'où
e
2= −
√
√ 2
3 u + 1 2 √
3 v + 1 2 w
P
−1=
√
√ 2 3 −
√
√ 2 3
√ 1 3
√ 1 3
1 2 √
3 −
r 2 3
0 1
2 0
On en déduit :
Mat
Dτ = P
−1
0 1 − √ 2 1 1 − √
2 0 √
2 −1
P =
−1 0 0
0 1
2 −
√ 3 2 0
√ 3 2
1 2
La transformation τ est donc une rotation miroir, composée de la rotation d'angle
π
3