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Imagerie scintigraphique des tumeurs neuroendocrines digestives et bronchiques

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La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 2 - février 2017 | 59

DOSSIER

Les tumeurs neuroendocrines

I. El Esper

Imagerie scintigraphique

des tumeurs neuroendocrines digestives et bronchiques

Scintigraphic imaging of digestive and pulmonary neuroendocrine tumors

I. El Esper*, J. Morvan*

* Médecine nucléaire, CHU d’Amiens.

O

n dispose actuellement en France de 3 radio- pharmaceutiques titulaires d’une autori- sation de mise sur le marché (AMM) pour l’exploration des tumeurs neuroendocrines (TNE) digestives et bronchiques : l’octréotide marqué à l’indium 111, la 3,4-dihydroxyphénylalanine marquée au fluor 18 (F-DOPA) et le désoxyglucose marqué au fluor 18 (FDG). Ces 3 radiopharmaceutiques ciblent 3 caractéristiques fonctionnelles communes aux TNE, mais présentes à des degrés variables selon le type et le grade :

la surexpression de récepteurs membranaires de la somatostatine (RSS) ;

l’aptitude à capter et à stocker des précurseurs d’amines biogènes ;

la possibilité, pour ces tumeurs le plus souvent indolentes, de manifester une agressivité se tradui- sant par un hypermétabolisme glucidique.

Dans un avenir proche, la scintigraphie à l’octréotide- indium 111 sera très probablement remplacée par la tomographie par émission de positons (TEP) aux analogues de la somatostatine (ASS) marqués au gallium 68, déjà mise en œuvre dans quelques centres français.

Scintigraphie des récepteurs de la somatostatine

Scintigraphie à l’octréotide-indium 111 (OctréoScan®)

L’octréotide est utilisé pour le traitement sympto- matique des adénomes hypophysaires et des TNE fonctionnelles en raison de sa forte affinité pour les RSS de sous-type 2 (RSS2) exprimés par la plupart de ces tumeurs. Son marquage par l’indium 111,

bien qu’il induise une modification de structure responsable d’une diminution significative de l’affi- nité pour les RSS2, en fait un radiopharmaceutique spécifique de ces récepteurs, accessible à tous les services de médecine nucléaire.

Les images sont le plus souvent acquises en 2 temps, 24 et 48 heures après l’injection du radiopharma- ceutique, afin de différencier une “fixation” intes- tinale en rapport avec l’élimination physiologique du radiopharma ceutique d’une fixation tumorale intestinale. On réalise des images planaires du corps entier (pour une exploration exhaustive, notamment du squelette) et des images tomoscintigraphiques (pour augmenter la détectabilité des petites lésions).

L’utilisation largement répandue de gamma- caméras

“hybrides”, permettant l’acquisition simultanée d’images tomoscintigraphiques et d’images tomo- densitométriques, augmente significativement la spécificité de l’examen et la reproductibilité inter- opérateurs de son interprétation, notamment grâce à une localisation anatomique plus précise des sites de fixation du radiopharmaceutique. L’irradiation du patient occasionnée par ces scanners “de repé- rage” est 2 à 3 fois plus faible qu’avec les scanners

“diagnostiques”.

Les 2 causes possibles de faux négatif sont, d’une part, la petite taille de la tumeur, du fait de la faible résolution spatiale des images, et, d’autre part, la faible expression des RSS2 par la tumeur, qui se traduit par une faible fixation du radiopharma- ceutique. Il est impossible de déterminer une taille seuil de tumeur en dessous de laquelle la scinti- graphie ne sera pas contributive : une tumeur infracentimétrique peut être détectée si elle fixe intensément le radiopharmaceutique, et, inverse- ment, une tumeur nettement supracentimétrique peut passer inaperçue ou bien être vue sur le scanner

© Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition 2016;XX(7):179-83.

Coord. : R. Dessailloud

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Points forts

mais être déclarée “non fixante” si elle n’exprime que faiblement les RSS2, comme c’est le cas pour les insulinomes et les carcinoïdes bronchiques (moins de 70 % de ces tumeurs expriment les RSS2, et pour celles qui les expriment, la densité membranaire en RSS2 est plus faible que sur les autres TNE). Par ailleurs, une TNE même bien différenciée peut ne pas exprimer les RSS2, ce qui est un facteur de mauvais pronostic. Des fixations pathologiques autres que tumorales neuro endocrines ont été rapportées, notamment sur des lésions granulomateuses, des lésions inflammatoires (du fait de la présence de RSS sur les lymphocytes et les macrophages) ou diverses tumeurs exprimant les RSS à des degrés variables (méningiomes, cancers du sein, lymphomes, etc.).

La scintigraphie à l’octréotide-indium 111, utilisée en routine depuis 20 ans, est restée longtemps sans alternative pour l’exploration scintigraphique des TNE digestives et bronchiques dans différentes circonstances :

localisation de la tumeur primitive en présence de signes clinicobiologiques orientant vers une TNE sécrétante quand l’échoendoscopie ou l’entéro- scanner sont négatifs ;

localisation de la tumeur primitive chez les patients porteurs d’une lésion caractérisée comme métastase d’une TNE, dans le but soit de réséquer cette tumeur et d’augmenter ainsi la survie, soit de guider le choix de la thérapie systémique la plus adéquate ;

aide à la caractérisation d’une tumeur évoquant une TNE sur l’imagerie conventionnelle : la fixation de l’octréotide-indium 111 est un argument fort en faveur d’une TNE bien différenciée et un élément de bon pronostic ;

stadification d’une TNE opérée ou biopsiée ;

surveillance d’une TNE opérée et/ou sous trai- tement ;

sélection des patients susceptibles de bénéficier d’un traitement par ASS marqué par un radio élément émetteur β. Cette approche, dite “théranostique”, est fondée sur le fait que la visualisation de la tumeur sur la scintigraphie signe la présence de RSS2 et plaide donc a priori en faveur d’une réponse au traitement. En revanche, la négativité de la scinti- graphie n’exclut pas formellement la possibilité d’une

réponse au traitement, du fait, d’une part, du risque de faux négatif associé à une lésion de petite taille et, d’autre part, d’une affinité vis-à-vis des RSS plus élevée pour les analogues utilisés en thérapeutique que pour l’octréotide-indium 111.

Il est difficile de quantifier les performances de l’octréotide-indium 111 dans ces différentes situa- tions et pour les différents types de TNE, car les études portent le plus souvent sur des tumeurs de localisations diverses, dans des populations hétéro- gènes, de faible effectif, et mêlent recherche du primitif et bilan d’extension. Cependant, hormis pour les insulinomes, où la sensibilité est médiocre (entre 20 et 60 %), la littérature, jusqu’à ces dernières années, a rapporté des sensibilités certes variables, entre 50 et 100 %, mais le plus souvent excellentes, aux alentours de 90 %. De tels résul- tats sont étonnants pour un examen dont la faible résolution spatiale rend très difficile la détection des lésions de petite taille, ce qui est souvent le cas pour les TNE, et dont il est maintenant avéré qu’il peut être largement surpassé par d’autres examens scin- tigraphiques. Ce que traduisent en fait ces chiffres, c’est que la scintigraphie à l’octréotide-indium 111 détecte nettement plus de lésions que l’imagerie morphologique, et c’est l’absence de gold standard qui lui a permis d’atteindre de telles valeurs de sensibilité, celle-ci étant calculée par le rapport du nombre de lésions détectées par la scintigraphie sur le nombre total de lésions détectées par l’une ou l’autre imagerie.

TEP aux analogues de la somatostatine Les avantages de la TEP par rapport à la scintigraphie gamma “classique” sont multiples : la sensibilité de détection du rayonnement et la résolution spatiale des images sont nettement supérieures ; elle offre de plus la possibilité de quantifier l’intensité de fixation du radiopharmaceutique avec le calcul de la SUV (Standard Uptake Value) des lésions. La SUV reflétant l’expression des RSS2, une valeur élevée lors de la découverte d’une TNE est de bon pronostic (1) ; à l’inverse, sa diminution au cours du suivi peut être péjorative, traduisant une diminution de la densité

» La TEP à la F-DOPA est l’examen scintigraphique de première intention pour l’exploration des TNE bien différenciées du grêle.

» Dans les autres TNE bien différenciées, l’OctréoScan® (ou la TEP aux analogues de la somatostatine, plus performante mais d’accès difficile) est incontournable pour la recherche du primitif, le bilan d’extension et la prédiction de la réponse au traitement par les analogues radiomarqués.

» La TEP-FDG est l’examen de référence pour l’exploration des TNE peu différenciées.

» Pour une TNE bien différenciée, la positivité de la TEP au FDG et la négativité de la scintigraphie aux analogues de la somatostatine sont des facteurs de mauvais pronostic.

Mots-clés

Octréotide marqué à l’indium 111 Analogues

de la somatostatine marqués au gallium 68 F-DOPA

FDG Tumeurs neuroendocrines digestives Carcinoïdes bronchiques

Highlights

»F-DOPA PET is the first-line scintigraphic examination for well differentiated NET of the small intestine.

»Concerning the other well differentiated NET, indium111-octreotide scinti- graphy (or gallium68-soma- tostatin analogues PET, more accurate but more difficult to access) is an essential tool to detect the primary tumor, to evaluate the spread of the disease ant to predict the response to therapy with radio- labeled somatostatin analogues.

»FDG PET is the best suited to investigate poorly differen- tiated NET.

»For a well differentiated NET, the positivity of FDG PET and the negativity of somatostatin analogues scintigraphy are predictors of poor outcome.

Keywords Indium111 Octreotide Gallium68

Somatostatin analogues FDOPA-PET

FDG-PET

Neuroendocrine tumors Bronchial carcinoid

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DOSSIER

des RSS, donc une dédifférenciation de la tumeur. Le protocole est simplifié par rapport à la scintigraphie à l’octréotide-indium 111 : une série unique d’images est réalisée 30 à 90 mn après l’injection du radio- pharmaceutique. L’irradiation du patient, en tenant compte du couplage à un scanner “faible dose” sur la totalité des régions explorées, est du même ordre de grandeur qu’avec l’octréotide- indium 111.

Presque tous les ASS destinés à la TEP sont marqués au gallium 68. Par rapport au fluor 18, qui est le seul radioélément émetteur de positons actuellement utilisé en routine, le gallium 68 présente l’avan- tage, premièrement, de permettre un marquage des ASS plus rapide et avec un meilleur rendement et, deuxièmement, d’être produit dans un généra- teur “domestique”, au sein du service de médecine nucléaire, au fur et à mesure des besoins, tandis que la production du fluor 18 nécessite un cyclotron, structure lourde qui fournit sur commande plusieurs services d’une même région.

Les 3 ASS les plus étudiés sont le DOTATOC (Tyr3- octréotide), le DOTATATE (Tyr3-octréotate) et le DOTANOC (NaI3-octréotide). Malgré des struc- tures chimiques très proches, ils ont des affinités différentes pour les RSS, mais leur affinité pour les RSS2 est toujours supérieure à celle de l’octréotide- indium 111. Ce sont par ailleurs ces analogues qui, marqués avec un radio élément émetteur β, sont utilisés pour la radiothérapie interne vectorisée (le plus étudié, le Lutathera®, est du DOTATATE marqué au lutécium 177), ce qui fait d’eux les plus pertinents pour prédire la réponse à ce type de traitement.

Les études comparant chez les mêmes patients la TEP-ASS et la scintigraphie à l’octréotide-indium 111 démontrent toutes une nette supériorité de la TEP en termes de capacité à détecter la lésion primitive et de nombre de métastases mises en évidence dans les bilans d’extension. Ainsi, dans la plus récente de ces études, chez 53 patients porteurs d’une TNE prouvée histologiquement, le 68Ga-DOTATOC trouve 1 098 lésions, contre 660 pour l’octréotide- indium 111 (sensibilité : respectivement 99,9 % et 60 %) [2].

Les quelques publications comparant entre eux les 3 ASS-68Ga ne montrent pas de franche supériorité de l’un par rapport aux autres.

Selon une méta-analyse regroupant 22 articles et 2 015 patients, tous analogues et toutes localisations tumorales confondus, la TEP-ASS a une sensibilité de 93 % (c’est-à-dire détecte 93 % de l’ensemble des lésions détectées par la TEP-ASS, la scintigraphie à l’octréotide-indium 111, la TDM, l’échoendoscopie ou l’IRM) et est supérieure à toutes les autres

techniques d’imagerie ; le taux de détection de la tumeur primitive chez des patients porteurs d’une métastase de TNE est d’environ 60 % pour chacun des 3 ASS marqués (3).Ces données sont confirmées par celles d’une équipe londonienne qui a récemment publié le bilan de ses 1 258 TEP au 68Ga-DOTATATE et rapporte des sensibilités de 99,3 % pour les TNE du grêle, 94,5 % pour les TNE pancréatiques, 96 % pour les carcinoïdes bronchiques typiques mais seulement 63,6 % pour les carcinoïdes atypiques (4).

Concernant les insulinomes, la littérature est essentiellement constituée de 2 études publiées en 2016, avec des résultats discordants (sensibilité : 26 et 87 %) [5, 6]. Il semblerait que la TEP-ASS soit plus performante pour les insulinomes malins, qui, paradoxalement, expriment plus les RSS2 et RSS5 que les formes bénignes. Des espoirs se portent maintenant sur la scintigraphie aux analogues du GLP1 (dont les récepteurs sont exprimés spécifique- ment et avec une forte densité par près de 100 % des insulinomes bénins), qui a montré des résultats prometteurs mais est bien loin d’être disponible en routine.

En résumé, il n’est pas une indication où la TEP-ASS ne soit supérieure à la scintigraphie à l’octréo- tide-indium 111. Même les arguments économiques plaident en faveur de cet examen plus rapide, néces- sitant moins de déplacements du patient et limi- tant le nombre d’examens complémentaires du fait de sa plus grande fiabilité. Cependant, aucun des ASS-68Ga ne possède d’AMM, et leur marquage reste délicat, requérant un matériel spécifique dont peu de radiopharmacies sont dotées, de sorte que seuls quelques services de médecine nucléaire en France y ont accès. Ils ne pourront être utilisés en routine que quand une forme pharmaceutique compatible avec un marquage simple aura obtenu l’AMM, peut- être en 2018.

TEP à la

18

F-DOPA

Comme d’autres précurseurs d’amines biogènes, la DOPA pénètre dans les cellules chromaffines grâce à des transporteurs spécifiques (LAT), est décarbo- xylée en dopamine par une aromatase (l’AADC), puis stockée dans des vésicules sécrétoires intra- cellulaires. Les TNE, en particulier celles qui synthé- tisent de grandes quantités de catécholamines ou de sérotonine (cancer médullaire thyroïdien, para- gangliomes, neuroblastomes et certaines TNE diges- tives), surexpriment les LAT et l’AADC et vont donc capter intensément la DOPA.

1. Campana D, Ambrosini V, Pezzilli R et al. Standardized uptake values of 68Ga-DOTANOC PET: a promising prognostic tool in neu- roendocrine tumors. J Nucl Med 2010;51(3):353-9.

2. Van Binnebeek S, Vanbilloen B, Baete K et al. Comparison of diagnostic accuracy of 111In- p e n t e t re o t i d e S P E C T a n d 68Ga-DOTATOC PET/CT. Eur Radiol 2016;26(3):900-9.

3. Geijer H, Breimer LH. Somato- statin receptor PET/CT in neuro- endocrine tumours: systematic review and meta- analysis. Eur J Nucl Med 2013;40(11):1770-80.

4. Skoura E, Michopoulou S, Mohmaduvesh M et al. The impact of 68Ga-DOTATATE PET/

CT imaging on management of patients with neuroendocrine tumours: experience from a national referral center in the United Kingdom. J Nucl Med 2016;57(1):34-40.

5. Sharma P, Arora S, Karunanithi S et al. Somatostatin receptor based PET/CT imaging with 68Ga- DOTA- Nal3-octreotide for localization of clinically and biochemically sus- pected insulinoma. Q J Nucl Med Mol Imaging 2016; 60(1):69-76.

6. Prasad V, Sainz-Esteban A, Arsenic R et al. Role of 68Ga soma- tostatin receptor PET/CT in the detection of endogenous hyper- insulinaemic focus: an explorative study. Eur J Nucl Med Mol Imaging 2016;43(9):1593-600.

Références bibliographiques

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Imagerie scintigraphique des tumeurs neuroendocrines digestives et bronchiques

DOSSIER

Les tumeurs neuroendocrines

La 18F-DOPA détient l’AMM en France depuis 2006, mais elle est beaucoup moins disponible que le FDG, en raison d’une demande moindre (seuls certains cyclotrons industriels en produisent, 1 ou 2 jours par semaine) et surtout d’une synthèse très déli- cate associée à un faible rendement de marquage responsable de défauts de livraison inopinés. Elle reste par ailleurs près de 8 fois plus coûteuse que le FDG. Le protocole d’acquisition des images est similaire à celui de la TEP-ASS.

Parmi les TNE digestives, ce sont les tumeurs bien différenciées dérivées de l’intestin moyen, donc les tumeurs du jéjunum distal, de l’iléon et de l’appen- dice, développées aux dépens de cellules entérochro- maffines sécrétant de la sérotonine, qui sont les plus susceptibles de capter la DOPA. Les données de la littérature le confirment, la TEP-DOPA est nettement supérieure à la scintigraphie à l’octréotide-indium 111 et à l’imagerie morphologique pour les tumeurs du grêle, alors qu’elle s’avère très décevante pour les autres TNE digestives : dans l’étude de F. Montravers et al., sa sensibilité est respectivement de 93 et 25 %, contre 81 et 75 % pour la scintigraphie à l’octréo- tide-indium 111 (7). La positivité de la TEP-DOPA est tributaire de la sécrétion de sérotonine : dans une étude sur 27 patients porteurs d’une TNE sans primitif retrouvé avec la scintigraphie à l’octréo- tide-indium 111 et imagerie morphologique néga- tives, les 12 patients chez qui la TEP-DOPA mettait en évidence des lésions présentaient tous des taux élevés de chromogranine A, alors que ce n’était le cas que pour 20 % des patients DOPA-négatifs (8).

Il n’existe que très peu d’études comparant TEP-DOPA et TEP-ASS chez les mêmes patients, et les effectifs sont trop faibles pour qu’on puisse affirmer la supériorité de l’une ou de l’autre dans les TNE du grêle.

La captation physiologique de la DOPA par le pancréas exocrine est une des causes de sa faible sensibilité dans les TNE pancréatiques. Certains préconisent, pour pallier ce problème, l’adminis- tration avant l’examen de carbidopa, un inhibiteur spécifique de l’AADC qui diminue, voire fait dispa- raître la fixation pancréatique physiologique ; mais, certains ayant rapporté la disparition sous carbi- dopa de fixations tumorales pancréatiques parallè- lement à celle du pancréas sain, son utilisation reste controversée. En revanche, dans le cadre de l’hyper- insulinisme congénital, la TEP-DOPA est l’examen de référence, supérieur à la TDM et à l’IRM pour différencier les formes diffuses et focales, car, chez

le jeune enfant, sans doute en raison de l’imma turité des cellules acineuses, il n’est pas observé de fixation pancréatique physiologique.

TEP au

18

FDG

Le FDG est un marqueur du métabolisme glucidique dont la très large utilisation en cancérologie est basée sur le fait qu’un grand nombre de tumeurs surexpriment les transporteurs membranaires du glucose (GLUT), ce qui favorise l’entrée dans la cellule du FDG qui s’y accumule, ne pouvant être métabolisé en raison de sa différence structurale avec le glucose.

Contrairement aux ASS et à la DOPA, le FDG n’est donc nullement spécifique des TNE, mais, pour ces tumeurs, la captation du FDG est un signe d’agres- sivité, ce qui en fait le radiopharmaceutique de réfé- rence des TNE peu différenciées.

Le lien entre positivité de la TEP-FDG et critères histologiques d’agressivité tumorale est bien démontré par la littérature, pour les TNE diges- tives comme pour les carcinoïdes bronchiques. Sur 97 TNE bronchiques histologiquement prouvées, la TEP-FDG réalisée avant opération est positive dans 81 % des carcinoïdes atypiques et seulement 60 % des carcinoïdes typiques (9). Sur 83 TNE digestives, la TEP-FDG est positive dans 40, 70 et 93 % des tumeurs de grade 1, 2 et 3, respectivement ; parmi les 14 patients décédés dans les 12 mois, 13 avaient une TEP-FDG positive (10).

Plusieurs auteurs préconisent de coupler TEP-FDG et TEP-ASS. Dans l’étude de F. Lococo et al., la TEP-FDG est positive dans 100 % des 10 carcinoïdes atypiques et seulement 35 % des 23 carcinoïdes typiques, tandis que la TEP-ASS est positive dans 91 % des carcinoïdes typiques et seulement 50 % des carcinoïdes atypiques ; le rapport SUVFDG/SUVASS est un bon facteur discriminant des 2 histologies (11).

I. Kayani et al., sur 28 TNE digestives, trouvent des sensibilités de 82,66 et 92 % respectivement pour le DOTATATE, le FDG et les 2 examens couplés ; sur 115 lésions DOTATATE+ et FDG−, 97 sont de grade 1, tandis que sur les 105 lésions FDG+ DOTATATE−, 72 sont de grade 3 et 33, de grade 2 (12).

Il existe donc des TNE qui, bien qu’elles soient bien différenciées, captent le FDG et n’expriment pas les RSS, ce qui constitue un facteur de mauvais pronostic qu’il faudra sûrement prendre en compte pour opti- miser les choix thérapeutiques. Références

bibliographiques

I. El Esper déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

J. Morvan n’a pas précisé ses éventuels liens d’intérêts.

7. Montravers F, Grahek D, Kerrou K et al. Can F-DOPA PET replace somatostatin receptor scinti- graphy in patients with digestive endocrine tumors? J Nucl Med 2006;47(9):1455-62.

8. Imperiale A, Rust E, Gabriel S et al. 18F-fluorodihydro xy- phenylalanine PET/CT in patients with neuroendocrine tumors of unknown origin: relation to tumor origin and differentiation. J Nucl Med 2014;55(3):367-72.

9. Gasparri R, Rezende GC, Fazio N et al. Fluorodeoxyglucose positron emission tomography in pulmonary carcinoid tumors. Q J Nucl Med Mol Imaging 2015;59(4):446-54.

10. Binderup T, Knigge U, Loft A, Federspiel B, Kjaer A. 18F-fluoro- deoxyglucose positron emission tomography predicts survival of patients with neuroendo- crine tumors. Clin Cancer Res 2010;16(3):978-85.

11. Lococo F, Perotti G, Cardillo G et al. Multicenter comparison of 18F-FDG and 68Ga-DOTA- peptide PET/CT for pulmonary c a rc i n o i d . C l i n N u c l M e d 2015;40(3):183-9.

12. Kayani I, Bomanji JB, Groves A et al. Functional imaging of neuro- endocrine tumors with combined PET/CT using 68Ga-DOTATATE (DOTA-DPhe1,Tyr3-octreotate) and 18F-FDG. Cancer 2008;

112(11):2447-55.

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