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(1)

ui GEHEYA 22

Programme des entreprises multinationales Documents de travail

Recherches sur les effets des entreprises multinationales sur l'emploi

Document de travail n0 26

Les entreprises multinationales et l'emploi

dans les zones franches d'exportation des pays d'Asie

par Rudy Maex

Equipe regionale asienne pour la promotion

de 1 'emploi , Bangkok

-Genève, I Travai 1, 198-4

(2)
(3)

iii

TABLE DES MATIERES

Paye

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : INDUSTRIALISATION A VOCATION EXPORTATRICE, INVESTISSEMENTS ETRANGERS DIRECTS ET ZONES

FRANCHES D'EXPORTATION 3

1. L'exportation de produits nianufacturés

par les pays en développement 3

2. Les investissements étrangers directs et les exportations de produits manu-

facturés 11

3. Le role des zones franches d'expor-

tation 16

CHAPITRE II : EFFETS DES ENTREPRISES MULTINATIONALES SUR L'EMPLOI DANS LES ZONES FRANCHES

TATION DES PAYS. D.'ASIE. ... 29

1. La structure des investissements dans

les zones franches d'exportation 29 a) Appartenance des entreprises eta-

blies dans les zones franches

d'exportation et origine des inves-

tissements étrangers 29

b) Repartition sectorielle des entre- prises dans les zones franches

d'exportation '. 31

c) Caractéristiques des investissements étrangers dans les zones franches

. 33

2. Effets directs des entreprises multi- nationales sur l'eniploi dans les zones

franches d'exportation en Asie 36

3. Effetsindirects des entreprises multi- nationales sur l'emploi dans Fes

franches d'exportation en Asie 41

(4)

- iv -

Page

CHAPITRE III : CARACTERISTIQUES BE L'EMPLOI LES ZONES FRANCHES D'EXPORTATION DES PAYS

D'ASIE 56

1. Caractéristiques des travailleurs em- 4 ployés dans les zones franches d'expor-

tation 57

2. Conditions de travail dans les zones

franches d'exportation 61

CHAP ITRE IV : RESUME ET CONCLUSIONS 73

ANNEXE : Tableau 1 80

Tableau 2 81

Tableau 3 82

Tableau 4 87

ANNEXE : Documents de travail du Programme des entre-

prises multinatioriales du BIT (MULTI) 90

(5)

INTRO DUCT 10 N

Le present document contient une étude analytique des in- vestissements des entreprises multinationales (EM) dans les principaux pays d'Asie oü 11 existe des zones franches d'expor- tation ainsi qu'une evaluation de 1 'impact direct et indirect de ces investissements sur l'emploi. On y trouve egalement une estimation du nombre des emplois qui ont été créés dans ces zones ainsi qu'un examen des types d'emploi qui se sont développés et des divers problèmes auxquels us ont donné lieu.

Ii

s'agit essentiellement de l'experience de quatre pays

asiens, a savoir la Malaisie, Singapour, les Philippines et

Sri Lanka. Dans les trois premiers pays, les entreprises multi- nati onales exi sterit depui s le debut des années sol xante-di x.

Ii

s'est donc écoulé suffisarnment de temps depuis cette date pour que l'on puisse évaluer leurs activités dans les zones franchesd'eportation

de ces pays et savoir si, par le fait

d'avoir apportC des capitaux etrangers considérables aux indus- tries a haute intensité de main-d'oeuvre, les entreprises multi- nationales ne sont pas devenues par là d'importants facteurs de promotion de l'industrialisation et de l'emploi dans les pays

concernés. Dans le quatrième pays précité, Sri Lanka, l'exis- tence d'une zone franche d'exportation est plus rCcente; l'acti- vité de cette zone n'a débuté qu'en 1978. L'expérience de ce pays n'en est pas moms fort intéressante pour la raison que

les circonstances y sont assez différentes de celles qui pre-

valaient ailleurs,

a la fin des années soixante et au debut des

années soixante-dix, lorsque les premieres zones franches ont été créées dans la region.

Actuellement et depuis déjà années, une réces-

sion affecte les economies de la plupart des pays industriali- ses qul constituent pratiquement le seul débouché commercial pour les marchandises fabriquées ou assemblêes dans les zones

franches d'exportation.

Il

n'est donc pas étonnant que les entre- prises installées dans ces zones subissent de plus en plus les effets d'un marché en stagnation en méme temps que les inconvé- nients d'une concurrence grandissante. Les perspectives a long terme d'une augmentation de la production dans les zones franches

sont également hypothequées par les tendances protectionnistes croissantes qui se font jour dans les pays industrialisés. En outre, les nouvelles technologies qui .se sont développées dans

les applications de la micro-électronique risquent de redonner l'avantage aux pays industrialisés pour ce qui concerne la pro- duction dans ce domaine, production qul, a l'heure actuelle, est fortement concentrée dans les zones franches.

Il n'empéche que le nombre des zones franches d'exporta- tion n'a cessé de dans la region asienne. En 1981, on

(6)

— 2-

comptait 26 zones d'exportation au sens propre de ce terme1. A ce chiffre, ii convient d'ajouter au moms les 27

"domaines industriels"(Industrial Estates) de la République de Corée, de Hong-kong et de Singapour dont le rOle est simi- laire a celui des zones franches. Par ailleurs, dans plu- sieurs autres pays d'Asie, des zones sont en construction ou en projet.

Ii

est prévu que, vers la fin de 1 'année 1982,

sept nouvelles zones franches entreront en activité.

En analysant cette croissanceininterrompue des zones franches d'exportation, on ne doit pas perdre de vue qu'il ne s'agit pas dun phénomene isolé. En fait, ces zones font sou- vent partie integrante d'un vaste effort concerté de plusieurs gouvernements de la region pour mettre en oeuvre des politiques économiques plus largement orientées vers l'extérieur et qui dependent de l'investissement direct de fonds étrangers,ainsi qu'on le démontrera ci-après au chapitre I. Cette politique contraste singulièrement avec celle qui avait cours dans beau- coup de pays dans les années soixante et même assez souvent encore dans les années soixante-dix, lorsque l'on ne concevait

Ia réalisation de l'industrialisation qu'à travers une stratégie

de simple substitution des importations. Actuellement, mérne

1 es pays qul ont été 1 es plus ardents protagoni stes de cette

stratégie (tels

1 'Inde ou le Pakistan), et qul continuent a sly tenir, se sont rallies a cette politique de developpement accru des exportations et considèrent fréquemment les zones franches d'exportation comme un moyen initial d'y parvenir.

L'auteur de ce document a fait de treslarges emprunts aux résultats des travaux menés par 1'Equipe régionale asienne pour la promotion de 1 (ARTEP)2 et consacrés a un

de rëcherche sur les zones franches d'exportation etsur l'in-.

dustrialisation entrainée par l'exportation. En outre, l'auteur aentrepris un certain nombre de recherches additionnelles sur le terrain afin d'ampl.ifier les données de base de la présente

étude.

Notes

Pris dans leur sens strict, les termes "zones franches d'exportation" ou "zones de libre échange" ou "zones pour la

promotion des investissements' ou "industries a régime d'entre- pOt douanier", etc. définissent l'établissement par certains pays (habituellement des pays en developpement) de sites indus- triels qui permettent - entre autres avantages - l'importation en franchise de matières premieres pour 1 'assemblage et la fabri- cation de marchandises destinées en premier lieu a l'exportation.

Les dispositions réglementaires exactes qui régissent l'établis- sement de chaque zone particulière peuvent varier naturellement d'un pays a 1 'autre.

2 Asian Regional Team for Employment promotion.

(7)

-3-

CHAPITRE I

A VOCATION EXPORTATRICE,

ETRANGERS DIRECTS ET ZONES FRANCRES D'EXPORTATION

1. L'exportation de produits manufactures par les pays en développpenient

Durant la période qui couvre environ les dix dernières années, les exportations de produits manufactures ont eu un rOle essentiel et une importance croissante dans la mise en oeuvre des politiques de développement de nonibreux pays du tiers monde, notamment ceux de 1 'Asie de 1 'Est et du Sud. Les avantages

accordés aux exportateurs de rnarchandises nianufacturées et l'af- flux nouveau d'investissenients étrangers dans des activités de production a haute intensité de main-d'oeuvre (phenomenequi, en partie tout au nioins, est dO a 1 'evolution des politiques de produc-

tion des pays industrialisés) ont eu pour consequence que les exportations manufactuCres1 des pays en développement2 sont

passées de 2,5 milliards de dollars USA en 1960 a 32 milliards de dollars USA en 1975 et a 63 niilliards de dollarsUSAen 19783,ce qui

correspond a un taux annuel d'augrnentation de 19,6 pour cent (et même a un taux de 25 pour cent si l'on se réfère uniquement

a la période 1975-1978). Dans le même temps, les exportations de produits manufactures des pays industrialisés auqmentaient beaucoup moms rapidement (14,8 pour cent par an). Ainsi, en 1979, la part des pays en développement dans les exportations de produits manufactures s'élevait a 8,1 pour cent alors que c.e taux n'était que de 3,9 pour cent en 19604.

Dans les pays en développement a économie de marché de 1 'Asie du Sud et de 1 'Est5, la croissance annuelle des expor- tations nianufacturiCres a êté de 19,8 pour cent entre 1960 et

1979, ce taux étant a peu prés iden.tique pour l'ensemble des pays en développement. Mais, vers la fin de cette

et 1979, le taux d'augmentation annuel a été supé- rieur a 30 pour cent. Passant de 1,6 milliard de dollars USA a 42 milliards, la part des economies en développement du sud et de l'est de 1'Asie dans les exportations mondiales de produits manufactures a augmenté de 2,4 pour cent en 1960 a 5,3 pour cent

en 19786.

Les exportations de produits manufactures des pays en déve- loppenient d'Asie a économie planifiee7(qui ne sont pas incluses dans les totaux ci-aprës indiqués) se sont élevêesseulernent, en

1978, a 5,8 millions de dollars USA8.. Au cours des deux der-niCre-s

(8)

-4

décennies, ces exportations se sont accrues de 11,6 pour cent environ par année. Comme pour les pays d'Asie a économie de marché, on constatequ'une rernarquable accélération s'est pro-

duite (20,1 pour cent d'augmentation annuelle) entre 1975 et

1 978g.

La place de plus en plus grandissante prise par les produits

f

nianufacturés dans les exportations des pays asiens en développe- ment constitue un phénomène important ainsi qu'on peut le cons- tater dans le tableau 1.1 ci-après.

A 1 'exception de 1 'Inde, pour les années qui vont de 1960 a 1975, et de la Birrnanie, de la Malaisie et de Hong-kong, pour la période de 1975 a 1979, on constate que la part relative de la production manufacturière dans le total des exportations a eu une nette tendance a augmenter dans chacun des pays fi gurant au tableau 1.1. Le pourcentage d'augmentation le plus élevé pour 1 'ensemble de la période 1960 a 1973 est celul de la République de Corée (+ 75 pour cent), suivie du Pakistan (+ 29 pour cent) et de Singapour (÷ 25 pour cent). De 1975 a 1979, les augmenta-

tions les plus importantes ont été celles des Philippines

(+ 19 pour cent), du Nepal (+ 16 pour cent) et de 1' Inde (+ 16 pour cent). Des pays tels que le Bangladesh, le Pakistan, le Nepal

et 1' Inde, q1ui pratiquent traditionnellement une politique de substitution °des importations, figurent parmi ceux qul ont les plus forts pourcentages d'exportation de produits manufactures et, pour certains de ces pays, la part du total des exportations est méme plus élevée que celle de Singapour, pays dont la poll- tique est pourtant trés orientée vers l'exportation. Toutefois,

11 ne faudrait pas se laisser induire en erreur par cette image d'orientation vers l'exportation que donne le tableau 1.1, car elle reflète mal la situation des economies prises dans leur

ensemble. Ainsi, bien que les exportations de produits manufac- turés atteignent un pourcentage important du total des exporta- tions, on constate que pour la plupart des pays de 1 'Asie du

Sud ces exportations se situent a un niveau encore trés bas, que ce soit en valeur absolue ou per capita.

Les economies de ces derniers pays demeurent donc large- ment orientées vers le marché intérieur. En Inde et au Pakistan - deux pays considérés comme les grands exportateurs de l'Asie du Sud -'les exportations per capita, en 1978, ont êtè seule- ment de 10,3 dollars USA et 19 dollars USA respectivement. Par

comparaison, dans les pays en développement de l'Asie de l'Est, les chiffres correspondants se situent entre 75,1 dollars USA pour les Philippines et 4 406,1 dollars USA pour Singapour.

L'augmentation de la part relative des exportations manufactu- rières des pays de 1 'Asie du Sud, par rapport au total des expor- tations de ces pays, dolt étre attribuée a la faiblesse de

l'augmentation des exportations autres que celle des produits

(9)

-5-

Tableau 1.1. Pniircentage des produits manufactures dans le

total des exportations des pays en dévelooDement

de l'Asie du Sud et de

l'Est,

1960-1979

Pays 1960 1975 1979

Pays a économie de 21 46 51

Nepal n.a. 12 28

Bangladesh n.a. 63 66

Inde 45 45 61b)

Pakistan 27 55 56

Sri Lanka 1 11 13

Birmanie 1 3 3b)

Indonésie

(.)

1 3

Thailande 2 23 25

Philippines 4 17 35

Malaisie . 6 18 18

RCpublique de Corée 14 82 89

Hong-kong 80 97 97

Singapour 26 43 51

Pays a économie 38 41 48

Chine n.a. n.a. 49

a) Aux pays a économie de marché mentionnés dans le tableau,

il

faut ajouter les pays et

territoires

tels que Macao, Brunéi, les Maldives, le Laos, le Kampuchea et le Bhoutan, etc.

b) Chiffres de 1978.

c) Y compris (a part la Chine) la Mongolie, le Viet Nam et la République democratique de Corée.

Sources: Calculé a

partir

de donnCes de la Banque mondiale Rapport sur le développement mondial, 1978 et 1982;

Niohs

Uniës : des statistiques du commerce

international , l979;et Nations Uni es : Annuaire des stati 5-

tiques du commerce international, 1979.

(.) =

insignifiant.

n.a. =nondisponible.

(10)

-6

manufactures plutOt qu'à une quelconque dynamique de leurs expor- tations manufacturiCres. Cela ressort du tableau 1.2 oU appa- raissent les énormes differences entre pays du sud et pays de 1 'est de 1 'Asie pour ce qui est des exportations manufacturières, tant en chiffres absolus que per capita. C'est ainsi que l'on peut constater que, per capita, les exportations de Singapour sont

3 400 fois plus importantes que celles de la Birmanie, la lanterne rouge de ce palmarès. Si l'on prend l'ensemble des sous-régions, on s'aperçoit qu'avec une population trois fois plus nonibreuse que celle de 1 'Asie de 1 'Est, 1 'Asie du Sud n'arrive a exporter qu'environ le dixième des exportations de la premiere. 11 ap- parait en outre que les exportations de troi s petits pays de

1 'Asie de 1 'Est (a savoir Hong-kong, la République de Corée et Singapour) atteignent a elles seules 35 pour cent des exporta- tions de la production manufacturière des pays en développement

de 1 'Asie du Sud et de 1 alors que les trois pays en ques- tion ont une population qui egale 2,2 pour cent a peine du total de la population de 1 'Asie de 1 'Est.

Il

est vrai que ces pays ont été les premiers de la region a se lancer dans la voie de 1 'in-

dustrialisation a vocation exportatrice : c'est sans doute la raison pour laquelle ils ont abondaminent moissonné les bénéfices du boom qu'ont connu les exportations manufacturières des pays en développement au cours des années soixante-dix.

Leur stratégie qui est considérée actuellement comme ayant été éminemment payante a consisté a créer une économie de marché

libre qui s'est spécialisée dans des secteurs particuliers en tenant cornpte des avantages qu'ils offraient. Cela impliquait l'abandon de pratiques interventionnistes telles que les restric- tions a l'importation, le contrOle des changes, les taux de change artificiels et certaines subventions ou taxes douanières, etc.

dont usaient et abusaient a 1 'époque la plupart des pays en déve- loppement pour tenter d'édifier une industrie nationale basée sur une politique de remplacement des importations.

Une fois passée la premiere phase, que l'on a appeiée la

"phase defacilité", de cette politique de substitution des im- portations, l'on s'est vite rendu compte que l'existence de barrières protectionnistes par trop élevées engendrait des pro- bièmes économiques structurels caractérisés par la pénurie chro- ni que de devises étrangéres, la fai blesse du potentiel I ndustriel le développement d'industries de grande envergure et a haute con-

centration de capital et 1 'exiguité de la demande de travail.

Les trois pays précités, ainsi que certains autres, n'ont pas souffert de tous ces incorivénients. Bien au contraire, en plus d'avoir enregistré une rapide croissance de leurs exportations de produits manufactures, us ont egalement connu un remarquable développement de l'ensemble de leur économie,ainsi que le reflCte

(11)

—7

Tableau 1.2. Exportations de produits manufactures dans les

pays en développement de 1 tAsie du Sud et de 1 Est,

1979

Pays Population Exportations Exportations (en mu- de produits de produits lions) manufactures rnanufacturés

(en millions per capita de dollars (en dollars US)

US)

Total pour l'/\sie du SUda) 890,5 5 485 6,2

Nepal 14,0 28 2,0

Bangladesh 88,9 437 4,9

Inde 659,2 3 729 5,7

Pakistan 79,7 1 140 14,3

Sri Lanka 14,5 122 27,1

Birmanie 32,9 28 0,9

Total pour 1'Asie de 308,6 50 410 163,4

Indonésie 142,9 488 3,4

Thailande 45,5 1 327 29,2

Philippines 46,7 1 596 34,2

Malaisie 13,1 1 966 147,8

République de Corée 37,8 13 299 741,1

Hong-kong 5,0 10 804 2 160,8

Singapour 2,4 7 372 3 071,6

Total pour les pays d'Asie

a économie

planifiéed

1 036,5 5 883 5,7

Chine 964,5 5 311 5,5

Viet Nam 52,9 297 5,6

TOTAL POUR L'ASIEDU SUD, ET DE L'EST ET LES PAYS A

ECONOMIE PLANIFIEE 2 235,6 61 776 27,6

a) Y compris le Bhoutan et les Maldives.

b) Y compris Brunéi, le Laos, le Kampuchea, Macao, etc.

c) Y cornpris la Mongolie et la Republique démocratique de

Corée. - -

Banque mondiale : Rapport sur le développement mondial, 1981 et 1982,et Far Eastern Economic Review's Asia 1981 Year Book.

(12)

-8

l'augmentation constante des taux de leur production

turière et de leur produit intérieur brut (PIB) per capita

De 1970 a 1979, par .exemple, la croissance du PIB de ces pays a été pratiquernent plus importante que celle de tous les autres

pays en développement de 1 'Asie. De plus, des institutions

internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds moné- taire international ont rendu hommage a cette experience et recommandé qu'elle soit adoptée par les autres pays du tiers

nionde, qui ont déjà atteint un certain sta-

de de développernent

A la vérité, au cours des années soixante-dix, plusieurs autres pays ont rejoint les rangs des nouveaux exportateurs de produits manufactures. Citons parmi eux la Thailande, dont

les bénéfices dus a l'exportation de ses produits manufactures sont passes de 21 millions de dollars USA en 1968 a 572 mil- lions en 1976 et a 1 372 millions en 1979. Les Philippines et la Malaisie ont vu la valeur de leurs exportations manufactu- rières passer de 57 et de 85 millions de dollars respective-

ment 608 et 824 millions de dollars pour 1 'année 1976 et a

1 596 et 1 966 millions pour 1 'année 1979. Cependant, mêrne

dans ces pays, les exportations per capita sont demeurées trés inférieures en valeur a celles de Singapour, de

Hong-kong et de la République de Corée. Néanmoins, ils pos- sèdent sans doute les meilleures chances de au

groupe des "pays nouvellemerit industrialisés" dans les

dix années qui viennent; on peut d'ailleurs constater qu'ils ont déjà commence a modifier leur ancienne politique de pri-

mauté a 1 'exportation en faveur de la nouvelle politique d'industrialisation a vocation adoptée, de lon- gue date, par les pays pionniers d'Asie

L'êvolution de cette tendance et le nombre de pays appe- lés a faire partie du peloton des "pays nouvellenierit indus- trialisés" dépendront, entre autres, de la rapidité que ces pays mettront a restructurer leurs economies et a améliorer la gamme de leurs exportations en y incluant davantage de

produits a forte intensité de travail qualifié et de capital.

C'est la voie qui permettra a ces pays d'abandonner les mar- chés a forte proportion de niain-d'eouvre et de les laisser a de nouveaux venus dans le cadre de la division internationale du travail. Cependant, on commence a avoir quelques doutes

sur la possibilité pour les pays industrialisés de pouvoir réaliser rapidement ces projets bases sur une

haute intensité de capital et dé travail qualifie et, par

voie de consequence, sur les chances que pourraient avoir les pays les moms développés d'accéder, a leur tour, aux

premiers stades du développement que connurent les pays nou- vehement industriahisés. Ces doutes sont suscités par les perspectives actuelles du marché des produits manufactures, perspectives qui sont loin d'être aussi bonnes qu'elles

(13)

-9-

1'êtaient en 1970. Le fait est que, de plus en plus, 11 appa-

rait que les exportations de marchandises manufacturées niarquent le pas dans plusieurs pays de la region. Ainsi, le

de croissanco de ces exportaLions a considêrablement baissé a Hong-kong, en Malaisie, a Singapour et en République de Corée pour 1 'année 1981 et, pour le premier trimestre de

1982, on a enregistré une nette chute de la des expor- tations manufacturières de certains de ces pays . La specta- culaire croissance des exportations de biens manufactures qui avait permis a plusieurs d'entre eux de se transformer en pays quasi industrialisés semble actuellement stoppée, au

moi ns temporai rement.

Ce sont les politiques protectionnistes adoptées par les pays industrialisés pour certains secteurs de leur économie qui menacent l'essor de ces exportations. A l'heure actuelle,

les restrictions les plus sérieuses imposees aux pays en déve- loppement se produisent dans les secteurs du textile et de l'habillement. L'imposition de quotas et de clausesde sauve- garde a amenuisé les perspectives d'exportation. Hong-kong et la Republique de Corée, deux pays dans lesquels ces secteurs ont constitué 1 'élément essentiel de leur indus-

triàlisation aux fins d'exportation

, ont vu leurs quotas

rarnenés au-dessous des niveaux d'autrefois, tandis que des pays relativement nouveaux venus sur le marché des textiles, tels la Thailande et le Sri Lanka, se sont vu imposer des res- trictions qul leur interdisent d'envisager toute augmentation substantielle de leurs exportations, alors méme que celles-ci ne représentent encore qu'une infime partie de celles de la Republique de Corée et de Hong-kong. Cette situation est illus- tree dans le tableau 1.3 oQ apparaissent les quotas d'importa- tion des pays de la CEE pour les pays d'Asie en ce qui concerne le commerce des principales productions textiles. Par exemple, les quotas accordés a Sri Lanka atteignent grosso modo 3

9 pour cent de ceux de Hong-kong. Dans certaines autres branches de production, les quotas combines afférents aux pays les moms développés d'Asie, tels que Sri Lanka, la Thailande, la

Malaisie, le Pakistan et les Philippines, atteignent seulement une fraction du quota de Hong-kong. Pour les categories de

marchandises qui ne sont pas grevées par 1 'imposition de quotas ou pour lesquelles cette pratique est relativernent peu utilisée, l'êvolution rapide de l'exportation est freinée par des mesures de sauvegarde qui sont habituellement incluses dans les nouveaux contrats commerciaux. La CEE a pris l'initiative de renvoyer les discussions concernant l'accord international multifibres qul devaient s'engager pour le cuir et la chaussure afin preci-

sément de mettre un a l'augmentation du taux des impor-

tations de chaussures . Pour ce qui est de ce dernier -— -

(14)

Tableau 1.3.Quotas d'importation de1 développement et territoi produits textil

a CEE et leur utilisation pour les pays en res asiens concernant cinq categories de 0

es (1979) (en riiilliers de pièces) CategoriedeSri Lanka Thailande Malaisie Pakistani CoréeSinga- pourPhilip- pinesMacao 04 quota10 85424 63812108 1404 4566 841 (% utilisation)(101)(100)(27)(82)(68)(103)11166 (81)8 653 (77)10 362 (83) 05 quota26 24726 5817875 490189313536 1474 7459 473 (% utilisation)(97)(102)(17)(93)(79)(102)(60)(58)(107,) 06 quota4 41344 984176411522 9392 7565 3472 30010 470 (% utilisation)(97)•(87)(86)(95)(61)(38)(95)(95)(96) 07 quota8 49730 6032 833190615972 4355 9772 0954 203 (% utilisation)(98)(99)(77)(86)(80)(73)(95)(80)(101) 08 quota29 30249 0673 1521727n.a.n.a.4 2952 800n.a. (% utilisation)(101)(97)(96)(86)n.a.n.a.(96)(95)n.a. Notes:04 = Chemises, T-shirts, etc. tricotés ou fabriques au crochet. 05 = Jerseys, pullovers, etc. tricotés ou fabriqués au crochet. 06 = Pantalons d'hommes et de femmes, shorts et culottes pour hommes. 07= Blouses de femmes tissées et tricotées. 08 = Chemises d'hommes tissêes. SourceInformations fournies par la Communauté économique européenne (CEE).

(15)

11

des restrictions quantitatives ont déjà été imposées au niveau national en Australie, en France, au Canada et au Royaume-Uni.

Des accords commerciaux caractéristiques de cette tendance ont déjà été négocies par les Etats-Unis20. Les prodüits

ainsi que certaines productions du secteur électronique, tels les postes de télévision en couleurs, ont également fait 1 'objet de mesures ayant pour but de les importations en pro-

venance des pays en

Ii

va sans dire que de telles mesures (queue que soit la validité des raisons qui les motivent)

ne font qu'exacerber les competitions commerciales entre les pays qui en sont au premier stade de développement de leurs exporta- tions; d'autre part, ces mesures restreignent les possibilités d'exportation de la production a forte intensité de travail des pays nouvellement industrialisés vers les pays en développernent dont les economies et le niveau des salaires sont plus faibles.

Si la récessi on économique mondi ale persi ste et si ces tendances au protectionnisme continuent a s'accentuer, c'est toute la stra- tégi e basée sur 1 'industrial i sati on a vocati on exportatri ce qul sera remise en question, car le point faible de cette stratégie, ainsi que certains critiques n'ont pas manqué de le souligner, est précisément qu'elle depend totalement de la croissance écono- mique des pays industrialisés.

Ii

faut mentionner, a cet égard, que le système de monitorage des pays industrialisés pour contrO- ler le régime des quotas laisserait passablement a desirer.

Ii

semblerait donc que les politiques restrictives mises en oeuvre seraient moms efficaces que les quotas imposes ne le laissent paraitre.

Il

est evident que Si les chances de croissance des expor- tations manufacturières des pays du tiers monde continuent de s'amenuiser, les exportations manufacturières des zones franches, dirigées habituellement vers les pays industrialisés, s'en ressen- tiront forcément. Toutefois, le developpement des zones franches d'exportation ne depend pas seulement de la tendance des exporta- tions de produits manufactures en général.

Ii

est aussi fortement conditionné par les tendances mondiales des investissements des entrepri ses multinationales.

2. Les investissements étrangers directs et les exportations de produits manufactures

Dans tout ce qui s'écrit actuellement sur l'industrialisation entrainée par l'exportation, on a tendance a considérer que les investissements directs ont joué un rOle primordial dans la crois- sance rapidedes exportations manufacturières des pays en develop-

pement22.

Ii

ne faut cependant pas perdre de vue que cette con- viction est souvent mnal fondée car les statistiques indispensables

(16)

12 -

ne sont pas habituellement fournies par les pays concernés. Pour ce qui est des investissements étrangers directs (qui sont en relation avec la production destinée tant a l'exportation qu'au

marché domestique), .le tableau 1.4 montre que, de 1960 a 1968, les pays d'Asie qul ont recu le plus d'investissements nets ont été, dans 1 'ordre, la Republique de Corée, la Malaisie et la Thailande. Après 1968, les investissernents etrangers directs se

sont plutOt portés vers Singapour et la Malaisie, alors que

1 'Indonésie, la Thailande et. les Philippines semblent avoir béné- ficié d'un apport important de capitaux privés. Tel n'a pas été

le cas pour les pays de 1 'Asie du Sud, comme 1 'Inde et le Pakistan.

Tableau 1.4. Investissernents étrangers directs nets dans quelques pays d'Asie, par année, 1960-1980

(en millions de dollars USA)

Pays 1960-68 1969-75 1976 1977 1978 1979 1980

Malaisie 65 184 383 481 596 873 928

Singapour 160a 722 348 422 815 1 454

Indonésie 4 113 346 235 272 226 184

République

de Corée 109 67a 173 73 61 17 -5

Thailande 57 68 79 105 53 52 182

Philippines 23 13 127 213 163 75 40

Pakistan 50 11 8 15 36 61 57

Inde 8 -4 -8 - - n.a. n.a.

Sri Lanka

-l

- - -l

Birmanie 1 - - -

-2 47 43

- -

Nepal - - - - - - -

a 1969-1974.

Sources: Fonds monétaire international : Balance of Payments Statistics, (numéros divers); et Banque mondiale World Development Report (numéros divers).

Méme Si les investissements étrangers directs se sont

surtout concentrés dans les pays de 1 'Asie de 1 'Est, ou le déve- loppement des exportations est généralement plus important qu'en Asie du Sud, cela ne signifie pas nécessairement qu'il y ait une

(17)

- 13

relation de cause a effet entre le degré d'activité des entre- prises multinationales et la progression des exportations de produits manufactures. Ii faut remarquer, tout d'abord, que les tendances observées dans les investissements étrangers directs ne reflétent pas entièrement le role des multinationales dans la region, étant donné 1 importance croissante prise par les operations autres que de sirnples prises de participation au capital. (Ces

operations comprennent les ventes de brevets et de marques de

fabrique, le transfert des techniques de fabrication, les accords d'assistance technique, les contrats de construction industrielle, les contrats de livraison des en mains, le franchisage, les con—

trats de gestion et de commercialisation, les accords ge co- production, les services de prêts et de credits, etc.2 .) En

second lieu, les données dont on dispose géneralement sur l'apport net des investissements étrangers directs ne sauraient être corn- parees a celles concernant leflux absolu de ces investissements.

On en trouve un bon exemple dans le cas des Philippines. En 1980,

total des investissements de ce pays a l'étranger a presque dé- passé celui de l'apport des investissements étrangers directs

faits aux Philippines, ramenant ainsi la valeur nette de cet apport

a un minimum, alors que le flux absolu atteignait constamment un

maximum24. En troisième lieu, c'est seulement une partie des investissements étrangers qui va a l'industrie manufacturiêre

(et seulement une fraction des investissements faits dans cette industrie qui va aux industries exportatrices de produits manu- factürés). On constate ainsi que, de 1965 a 1972,

il y

a eu, dans

les pays en developpernent de 1 'Asie et de 1 'Océanie, une rnoyenne

de 33 pour cent seulernent du flux net des investissements étran- gers dans le secteur manufacturier25. Les données concernant

l'ensemble des investissements directs faits dans sept pays asiens sélectionnés (tableau 1.5) offrent une image bien différente.

Il

ressort de ce tableau que la part du secteur manufacturier est nettement plus êlevée : elle se situe entre 48,7 pour cent aux Philippines et 100 pour cent a Hong-kong, en enregistrant des pointes d'augmentation entre les années 1972 et 1976. La valeur relative de ces données (estimations, nornbre limité de pays) em-

pêche d'en tirer des conclusions valables pour l'ensemble de la region asienne.

Enfin, l'orientation de l'industrie manufacturière vers l'exportation est très largement différente d'un pays a l'autre.

A Singapour et a Hong-kong, par exemple, plus de la moitié de la production industrielle a été exportêe vers la fin des années soixante-dix. A Hongkong, le pourcentage se situe aux alentours de 85 pour cent26 et a Singapour 11 est de 62 pour cent27. Pour

les autres pays de la region, les chiffres sont plus modestes, bien que parfois non negligeables. En Republique de Corée, par exemple, c'est le 25 pour cent de la valeur brute de la produc- tion rnanufacturiëre qui a prisie chemin-des exportations28-Ce -

chlffre a été de 22 pour, cent en Malaisie29 (pour 1 'année 1978),

de 14,3 pour cent aux Philippines30 (pour 1 'année 1974) et de 6,7 pour cent en Inde31 et

(18)

Tableau 1.5.

Montant cumulatif des investissements étrangers directs dans une selection de pays d'Asie en développement par industrie principale etpourcertaines années

PaysAnnéeTotal desPart dedistribution .

I nvesti s- sements (en dollars USA)

. Secteur dustries tives

des in- extrac- Secteur dustries turiêres

des in- manufac-Secteur servicesdesAutres secteurs Hong-kong.197:1759,5100,0 19761952,4100,0 Inde19741682,84,29,23,7 Indonésie1970'1581,474,919,25,5 19767 077,037,557,010,3 Philippines1973146,05,739,252,52,6 1976513,012,648,734,04,7 Rep. de Coréel973582,21,376,921,8 1975926,91,480,118,5 Singapour19711575,047,752,2 19763 729,040,6.59,3 Thailande196970,20,197,32,5 1975174,793,16,8 Source:Nations Unies:Transnational corporations in world development:a re-examination (New York, 1978), p.259. Note:"La region de 1'Asie et du Pacifique a enregistré l'augmentation la plus rapide pour ce qui est du flux des investissements étrangers directs dans les pays en développement durant les années soixante- dix; sa part dans1 'ensemble de ces investissements est passee de 17 pour cent en 1971a27 pour cent vers la fin de la décennie", Issues and programmes in various fields of activity of ESCAP: main issues in the transnational corporations, E/ESCAP/309,11 February 1983,p.1.

(19)

15

Toutefois, 1 'evolution de la repartition des investisse-

ments étrangers directs ne ressemble pas a celle de la produc- tion rnanufacturiêre elle-méme. On s'apercoit que, dans cer- tains pays comme Singapour, Ia République de Corée et Hong-kong, les investissements concernent presque exclusivenient l'industrie nianufacturière d'exportation. Par contre, dans d'autres pays, tels que la Thailande, la Malaisie et les Philippines33, us sont beaucoup plus orientés vers le marché intérieur, bien que cette situation se soit radicalement transformée au cours des toutes dernières années.

Le rOle joué par les investissements etrangers directs et les multinationales dans l'évolution des exportations de

produits manufactures semble avoir été trés different dans chacun des divers pays en developpement de 1 'Asie. Ainsi , a

Singapour, par exemple, l'impact des investissements étrangers dans les exportations de produits manufactures semble avoir été

ênorme : en 1980, plus de 92 pour cent des exportations de mar- chandises manufacturées de ce pays provenaient, en effet, des entreprises ayant une forte participation de fonds etrangers, et 85 pour cent environ des firmes étaient contrOlées entièrement ou majoritairement par des étrangers34. En Malaisie, cette pro- portion atteignait probablement la même ampleur35. Dans la

République de Corée, en 1977, des operations de coproduction menées conjointement par les multinationales et les firmes

locales ont eu a leur actif 31 pour cent environ des exporta- tions mnanufacturiêres de ce pays36 et, a Hong-kong, les multi- nationales sont responsables de 10 a 15 pour cent de ces expor- tations37. Dans la Republique de Corée, 1 'importance relative des exportations manufacturiêres des entreprises multinationales est probablement supérieure a celle qui apparait dans les

chiffres indiques, car la croissance des exportat.ions de produits manufactures des entreprises multinationales est de loin plus forte que celle des firmes domestiques. (La part qui revient aux multinationales dans le total des exportations manufactu- riëres est passée de 1,8 pour cent en 1962 a 13 pour cent en

1969 et a 28 pour cent en .1974.)38 Certaines informations donnent a penser qu'a Hong-kong, a Singapour et en Malaisie,

les entrepri ses multi nationales ont accru leur part relative des exportations manufacturléres au cours de ces dernières

années. Par contre, les estimations qui ant été faites pour 1 'Inde montrent que la part des firmes étrangères demeure insi- gnifiante dans ce

Ii

en va de même au Pakistan.

Ii

est donc clair que l'importance relative des investisse- merits des multinationales dans les exportations manufacturières des pays d'Asie vane d'un pays a 1 'autre, au vu des données por- tant sur l'évolution de ces investissements durant les deux d-er-

niéres décennies. Ces differences sont patentes même pour les

pays communément appelés "pays nouvellement industrialisés". Ainsi qu'on peut s'en rendre compte par ce qui precede, les multina- tionales ont joué un rOle inodeste dans certains pays tandis que

(20)

- 16

dans d'autres elles ont constitué un facteur primordial du déve- loppement des exportations manufacturières. Néanmoins, on peut raisonnablernertt penser qu'au cours des dernières années, ii y a eu, dans presque tous les pays en développement de la region asienne, un apport assez important d'investissements étrangers directs dans les industries manufacturières - quel que soit le

degré de développement de ces pays.

Pour ce qul est de Ia repartition par industrie, onconstate

qu'au cours des deux dernières décennies les investissements étrangers directs lies aux exportations se sont faits pour une bonne part dans les industries alimentaires et dans les produc- tions pétrolières et chimiques. Mais ces investissements ont été plus importants encore dans les industries de l'electronique, du vêtement et du textile, implaritées pour la plupart dans des zones franches d'exportation (ainsi qu'on le verra ci-après).

3. Le rOle des zones franches d'exportation

Ces zones ont été souvent une sorte de continuation des tra- ditionnels ports francs de l'époque coloniale qui furent créés

pour stimuler le commerce hors douane. La creation des zones franches d'exportation4° a constitué, en quelque sorte, un pas

en avant : des activités industrielles ont eu la permission de se dérouler egalement a l'intérieur d'un périmètre hors taxe.

Actuellement, de nombreuses zones franches ont pour activité principale la transformation et l'assemblage de produits indus-

triels.

On peut décrire une zone franche d'exportation comme

étant un site geographiquement isolé oü,sur le territoire d'un pays, certaines categories de marchandises, sous forme de ma- tières premieres, de pièces détachées oU de produits finis et

semi-finis, peuvent être importêes sans payer de droits de douane.

Une fois assemblées, transformées ou manufacturées, ces marchan- dises peuvent être réexportées sans paiement de taxes.

Dans le passé, plusieurs pays ont essayé d'aider les expor- tations manufacturières par le truchement d1un système assez peu commode de remboursenient des taxes douanières et autres rede-

vances aux entreprises individuelles. On peut donc considérer que les zones franches d'exportation ont été également un moyen de simplification de certaines procedures administratives se

rapportant a la promotion des exportations.

Habituellement, les industries manufacturières qui désirent s'installer dans ces zones bénéficient de plusieurs autres avan- tages fiscaux et matériels. Ces stimulants comprennent, entre autres, des

d'infrastructure telles que terrains, élec-

tricité, systèmes de communications, adduction d'eau, égoüts et

(21)

17

bátiments; des exemptions et des subventions diverses parmi les- queues les plus importantes sont les "tréves fiscales" (oti

exemptions fiscales temporaires), la levee des restrictions frappant le droit de propriété des étrangers, le change des de- vises etrangeres et le rapatriement des bénéfices. Bien que

chaque pays puisse avoir, en l'occurrence, ses méthodes particu- lières - par exemple l'admission d'investisseurs nationaux dans les zones42, les facilités accordées pour l'achat de matières premieres produites dans le pays d'accueil et exemptées du pale- ment des taxes a 1'exportation -,ll n'en reste pas moms que

l'éventail des divers stimulants offerts aux investisseurs po- tentiels ne diffère guère d'un pays a 1 'autre et que 1 'octrol de tous ces avantages est étroitement guide par les recommanda-

tions internationales44 en la matière.

Le type de production industrielle que l'on rencontre dans les zones franches d'exportation est identique d'un côté ou de l'autre des frontières nationales.

En fait, les activités in-

dustrielles caractéristiques des zones franches d'exportation

peuvent être décrites comme étant des operations a forte intensité de main-d'oeuvre, dépendant principalement d'apports étrangers (capital, matériaux et personnel de gestion qualifié) et d'un marché d'exportation vers lequel se dirige l'essentiel •de •leur production. La gamme des produits qui sont manufactures dans les zones franches est assez restreinte et les operations manu- facturières de celles-ci se bornent a l'assemblage eta Ta trans- formation de composants importés.

Il

est frappant de constater combien se ressemblent toutes ces zones franches installées dans tant de pays divers. Mais l'on peut se dire que leur rOle est précisément d'éliminer les differences locales spécifiques,

susceptibles de créer des obstacles a un type particulier d'inves- tissernents étrangers directs qui se pratique dans l'industrie

manufacturière a vocation exportatrice des zones franches et que l'on appelle souvent production "offshore" ou "d'origine universelle" ("world wide sourcing"). L'attrait exercé par cette

production offshore sur les EM des pays du tiers monde depend cependant, au premier chef, de leur abondante reserve de tra- vailleurs relativement peu payes et suffisamment qualifies pour executer des operations d'assemblage et de transformation a forte intensité de main-d'oeuvre45.

La production offshore est donc très courante dans les sec- teurs ou les changements technologiques permettent de fractionner le processus de production en diverses phases de travaux a forte intensité de main-d'oeuvre et de capital. Bien évidemment, les zones franches offrent aussi de bons emplacements pour les opé- rations de production qui requierent., debut a Ta fin de leu-r- déroulement, une forte intensité de main-d'oeuvre. En l'occur-

rence, c'est toute la production manufacturière qui pourrait s'y

(22)

- 18 -

installer.

En répartissant ainsi les différentes operations de cette production manufacturière entre pays en développement et pays industrialisés, on peuttirerparti des avantages respectifs offerts par les uns et les autres, par exemple la main-d'oeuvre relativement peu des pays en développement pour ce qui concerne les phases de la production requérant une forte intensité de main-d'oeuvre et les techniques avancées des pays industria- uses pour les phases qui exigent une haute intensité de quali- fications, de technologie et de capital46.

Les secteurs oü, dans le tiers monde, les EM déploient le plus d'activités sont ceux de l'electronique et des industries electriques, ainsi que certaines branches de l'industrie textile47.

Le tableau 1.6 montre que 1 'on peut imputer a cette dernière in- dustrie plus de la moitié en rnoyenne des exportations de produits manufactures des pays en développement de l'Asie du Sud et de 1 'Est.

Ii

existe toutefois des variations pour ce qui est de la repartition des exportations de ces différents secteurs. Ainsi, le secteur du textile et du vètementcompte pour plus de 40 pour cent dans les gains provenant des exportations manufacturières a Hong-kong, en Inde, en Republique de Corée, a Macao, au Pakistan,

a Sri Lanka et en Thailande. La production de materiel élec- trique est assez importante (plus de 10 pour cent des gains a

l'exportation) a Hong-kong, en République de Corée et en Thailande et trés importante (plus de 35 pour cent) en Malaisie et a

Singapour. L'électronique et le textile comptent également parmi les principales productions des zones franches d'exporta- tion. D'autres produits manufactures moms importants, tels que les articles de sport et les jouets, y tiennent aussi une place

non negligeable48.

Evidemment, ces produits manufactures ne proviennent pas

tous des entreprises multinationales et c'est seulement une partie d'entre eux qul est fabriquée dans les zones franches. Dans les

industries du textile et du vêtement notamment, dont les techno- logies sont largement accessibles aux entreprises du tiers monde, une part importante de la production sort des fabriques domes- tiques.

Ii

est vrai que, jusqu'à present, la commercialisation des marchandises produites par ces fabriques est souvent con- trôlée par de grands groupes commerciaux multinationaux tels que Sears Roebuck, J.C. Penney, Montgomery Ward et de nombreuses autres compagnies commerciales étrangères, japonaises pour la plupart49.

Bien qu'une grande partie de la production manufacturière exportée provienne encore d'entreprises nationales et multinatio- nales établies hors des zones franches d'exportation, on constate une nette progression du nombre de ces zones ainsi que du nombre des entreprises multinationales qui y sont implantées50. En 1980, il existait déjà 53 zones franches d'exportation établies dans une trentaine de paysen développement5l.

(23)

- 19 -

Tableau 1.6. Pourcentage des textiles et du vêtement et des

appareils electriques le total des exportations de produits manufactures Dour certaines années, dans les pays sélectionnés

Année Pays Textiles

vêtement et

b)

Appareils Total

electriques c)

1976 Macao 93,8 0,6 94,4

1977 Hong-kong 48,2 15,2 63,4

1980 Malaisie 13,3 45,9 59,2

1976 Rep. de Corée 44,6 12,6 57,2

1977 Pakistan 56,5 0,1 56,6

1977 Thailande 44,4 11,2 55,6

1977 Sri Lanka 54,0 0,5 54,5'

1976 Inde 47,8 3,5 51,3

1979 Singapour 7,2 36,1 43,3

1980 Philippines 35,6 1,6 37,2

a) Standard Industrial Trade Classification (SIIC)

5 a 8 minus SITC 68 (métaux non ferreux).

b) SITC 65 + 84.

c) SIIC 72.

Sources : Nations Unies : Manuel des statistiques du commerce international et du developppement, 1979.

Malaysian Industrial Development Authority (MIDA):

Annual Report 1980, Kuala Lumpur, 1981.

Central Bank of the Philippines: Statistical Bulletin

1980, Manille 1981.

Central Bank of Ceylon: Review of the Economy 1980,

Colombo, 1981.

Singapour, 1982.

(24)

- 20 -

Pour ce qui est de 1'J\sie du Sud etde l'Est, on y dénombrait, en 1981, 26 zones fonctionnant dans huit pays différents. (Ces renseignements ainsi que d'autres informations détaillées figurent au tableau 3 de

l'annexe.) Plus du tiers de ces zones étaient établies en Mal aisle. Les autres pays de la region qui possédaient plus d'une seule zone étaient la Chine (quatre)52, les Philippines (trois), la République de Corée (trois) et l'Inde (deux). A la fin de 1982, on prevoyait l'entrée en activité mimi- nente de cinq autres zones : deux aux Philippines, une au Pakistan, une a Bagdad et une en Thailande. Vingt-neuf autres zones au moms étaient en pro jet53

En un sens, Hong-kong et Singapour peuvent être considérés comme étant intrinsèquement des zones frariches d'exportation. C'est en effet la tota- lité de leur territoire qui fonctionne pratiquement comrne un port franc, avec les mêmes résultats que ceux des zones franches d'exportation spécifiques des autres pays.

L'importance croissante des zones franches d'exportation dans les pays en développement de l'Asie ne dolt pas ètre évaluée uniquement en fonc- tion de l'accroissement du nombre absolu de ces zones. Leur part dans le total des exportations de produits manufactures des pays oQ elles sont eta- blies constitue un indicateur plus précis de cette importance. Ainsi, en République de Corée, les exportations des zones franches se sont élevées, en

1976, 4 pour cent environ du total des exoortations de produits manufac- turés de ce pays54. Aux Philippines55 et a Sri Lanka56, les exportations des zones franches ont atteint, en 1980, respectivement 12,3 pour cent et 25,8 pour cent du total des exportations manufacturières,alors qu'en Malaisie elles étaient de 40,9 pour cent de ce total pour l'année Tant a

Hong-kong qu'à Singapour, la production a haute intensité de main- d'oeuvre des entreprises multinationales atteignait environ 10 pour cent des exportations manufacturières de ces deux pays58.

Ii ressort de ces chiffres que, si ion excepte Singapour, les zones franches d'exportation ont eu relativement davantage d'importance dans les pays les moms engages sur la vole d'une politique d'industrialisation a vocation exportatrice, et pour lesquels, parfois, cette politique n'était même pas prioritaire. En certains cas, l'établissement de zones franches dans un pays peut avoir été la premiere d'une série d'étapes prévues pour pro- mouvoir les exportations manufacturières en général. Bans d'autres cas, les autorités nationales ont créé des zones franches d'exportation dans le seul but d'aboiir, pour un secteur limité de i'économie nationale, ies bar- rières de droit ou de fait dressées devant les politiques d'exportation.

Apparemment, dans plusieurs pays, le désir de protéger i'industrie locale a frequemment constitué un élément de dissuasion envers les tentatives visant a favoriser la croissance et la diversification des exportations de produits

manufactures. Une totale elimination, dans i'ensemble de i'économie natio- nale, de ces obstacles a l'expansion de l'exportation aurait certainement suscité une levee de boucliers de la part des producteurs locaux de niarchan- dises manufacturées. Par contre, ii a été maintes fois prouvé que la

(25)

- 21

creation de zones franches donnait rarement lieu a une résistance organisée de la part des producteurs manufacturiers. Lorsqu'une zone franche d'expor- tation est créée dans un pays, le reste de son économie n'en est pas moms touché pour autant et, le cas ëchéant, on peut introduire dans ce pays des réformes graduelles en vue d'une éventuelle reorientation de l'économie vers 1 'exportation.

Ce dernier scenario s'est apparemment déroulé a Sri Lanka, Cu une zone de libre echange a été créée au tout debut de la libéralisation du système des echanges dans ce pays59. Dans le cas de la Malaisie - ou la plupart des zones franches d'exportation ont de 8 a 10 ans d'existence - le gouvernement a maintenu presque integralement l'ancien régime fonctionnant en dehors des zones franches. Cela est confirmé par une récente étude de la Banque mon- diale dans laquelle on souligne que l'essentiel du système des primes exis- tant en Malaisie est caractérisé par des tendances nettement anti-exportatrices.

Les seuls pays oü l'exportation est devenue aussi intéressante pour les manu- factures locales que leur production pour le marché intérieur sont les trois exportateurs principaux de la region, a savoir Hong-kong, la République de Corée et Singapour. Ainsi qu'on la mentionné précédemment, il est difficile, sinon impossible, de faire une nette distinction entre les établissements industriels des zones franches et les autres établissements industriels du reste du pays. Dans la Republique de Corée, dont la puissance economique dépasse celle des deux autres pays exportateurs précités, la manné des avah- tages et des stimulants a l'exportation a été largement distribuée sur l'en- semble de l'économie, avec pour consequence que les industries exportatrices de ce pays ont eu teridance a se propager hors des zones.

En résumé, les zones franches d'exportation ont servi surtout a attirer les entreprises manufacturléres d'exportation. Parfois, leur creation a constitué un simple effort isolé des gouvernements pour exporter des marchan- dises. Plus frequemment, cependant, l'établissement des zones franches dans un pays a fait partie intégrante d'une politique destinée a donner une im- pulsion a l'exportation des produits manufactures au bénéfice de toute l'éco- nomie nationale. Dans les deux cas, les gouvernements ont escompté que les zones franches d'exportation contribueraient de facon significative a la réalisation de leurs objectifs de développement, notamment la creation de nouveaux emplois, la formation de travailleurs qualifies, l'accroissement des gains dans les echanges avec l'étranger et le transfert de technologie.

Notes

1 Ce chiffre s'applique aux pays en developpement a économie de marché.

- 2

(SIlt) (revise), sec- tions 5 a 9, a l'exclusion de la Division 68 (métaux non ferreux). Les

chiffres ne comprennent pas de nombreux produits de l1industrie alimentaire, boissons, tabacs et certains autres produits d'origine animale, végétale ou minérale pour lesquels les statistiques du commerce ne font pas la distinc- tion entre marchandises industrielles et marchandises non industrielles.

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